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sam bobino

  • Programme complet du 11ème Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule ( 25 au 29 juin 2025)

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    Selon Stendhal, « il faut que la musique commence par nous égarer pour nous faire regarder comme des possibles des choses que nous n'osions espérer. » Voilà ce peut représenter la musique (même si là n'est pas sa seule vertu), et en particulier la musique de film : un doux égarement qui éveille à l'espoir, au rêve, et à la volonté farouche de les réaliser. 

    L'an passé, le Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule célébrait (déjà !) sa dixième édition. Déjà dis-je car je l'ai couvert toutes ces années et j'ai ainsi eu le plaisir de le voir évoluer, changer de saison, mais conserver ses principes fondateurs, celui d'un festival ouvert à tous, qui met en avant la musique de films (trop souvent oubliée des festivals, critiques...et même du Festival de Cannes qui ne lui décerne toujours pas de prix "officiel" car même si elle est mise en avant par le Prix de la création sonore et divers évènements organisés par la SACEM, il n'existe toujours pas de prix attribué à la musique lors de la cérémonie du palmarès) dans un cadre qui est là aussi une invitation au rêve, celui de La Baule et de sa plage légendaire.

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    En 2024, les projections et l’ensemble des événements proposés ont réalisé plus de 28000 entrées (un record) pendant les 5 jours d’avant-premières (plus d’une trentaine en présence des équipes de films et une soixantaine de projections au total), master classes, rencontres et expositions autour de la musique de film et du cinéma francophone. 

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    Le concert de ce 10ème anniversaire qui a mis à l'honneur les musiques de Francis Lai et les films de Claude Leouch, restera un évènement marquant de ce 10ème anniversaire, qui fit tournoyer les souvenirs, la joie, la nostalgie : Dabadabada, Montmartre 1540, la voix veloutée de Trintignant, le bonjour d’Anconina. Comme s'il s'agissait là du scénario, pétri d'émotions, d'un de ses films, Claude Lelouch, a commencé par dédier ce concert à tous ceux qui ne sont plus « Anouk, Jean-Louis, Jean-Paul… » et a terminé sur scène en filmant le public et les musiciens. L’émotion était également au rendez-vous lors de la diffusion de l’extrait des cinq premières minutes du film Les plus belles années d’une vie, le festival ayant eu lieu peu de temps après la disparition d’Anouk Aimée. Elle l'est d'autant plus a posteriori alors que, hier, disparaissait Nicole Croisille.

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    Au fil des ans, ce festival, fondé par Sam Bobino et Christophe Barratier, s'est imposé comme un rendez-vous incontournable, d'abord en novembre puis fin juin, mettant en lumière la musique de films mais aussi des films qui, souvent, ont ensuite connu un succès auprès de la critique et/ou du public. 

    Vous pouvez retrouver ici mon compte-rendu très détaillé de cette dixième édition, de la master class et du concert-hommage à Claude Lelouch aux différents films primés et notamment mes coups de cœur comme Le Fil de Daniel Auteuil ou encore Le roman de Jim des frères Larrieu, mais aussi le documentaire Il était une fois Michel Legrand de David Hertzog Dessites. Retrouvez aussi là, mon compte-rendu de la 9ème édition, et, là, celui de la 8ème édition, et toutes les éditions précédentes dans les archives.

    Cette édition 2024 revêtait une saveur particulière pour moi qui n'en ai manqué aucune puisque j'ai eu le plaisir de dédicacer au festival (merci aux équipes du Cinéma Le Gulf Stream pour le chaleureux accueil) mon roman La Symphonie des rêves qui a en partie cet évènement pour cadre, un roman à l'origine de l'idée duquel était...une musique d'un film qui y fut également primée. Je remercie également à nouveau La Maison de La Presse (devenue La Librairie Les Oiseaux) qui m'a reçue trois fois l'été dernier pour dédicacer ce roman.

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    Photo prise depuis l'hôtel Barrière L'Hermitage de La Baule, cadre d'une partie du roman

    Un festival découvreur de talents

    Les films découverts dans le cadre de ce festival sont souvent les meilleurs de l’année parmi lesquels il y eut : Paterson, À peine j’ouvre les yeux, Tanna, Le Prophète, Demain tout commence, Born to be blue, Jalouse, L’attente, Mr. Turner, Carole Matthieu, Tout nous sépare, Guy, La tortue rouge, Les hirondelles de Kaboul et, rien que pour l’année 2019, en compétition, sans doute les meilleurs films de l’année (Les Éblouis, J’ai perdu mon corps, La Belle époque, La dernière vie de Simon, La nuit venue, Lola vers la mer)…et tant d’autres et aussi de nombreux documentaires comme Abdel Rahman El Bacha - Un piano entre Orient et Occident, ou encore des courts-métrages mais aussi des documentaires comme Ennio de Giuseppe Tornatore, ou encore en compétition les films I love Greece de Nafsika Guerry-Karamounas, Flee de Jonas Poher Ramussen, mais aussi Maria rêve de Lauriane Escaffre et Yvonnick Muller...

    Des concerts mémorables

    Chaque année, le festival propose aussi  des master classes passionnantes et des concerts mémorables comme le furent ceux de Francis Lai, Michel Legrand, Lalo Schifrin, Eric Serra, Gabriel Yared, Vladimir Cosma, Philippe Sarde, Alexandre Desplat, Kyle Eastwood...

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    11ème édition

    La onzième édition du Festival de Cinéma et de Musique de Film de La Baule aura lieu du 25 au 29 juin 2025. Comme chaque année, la soirée de remise de prix sera suivie d'un concert. Cette année, Lambert Wilson sera l'invité d'honneur et donnera un concert hommage aux plus belles chansons de cinéma. Le film d'ouverture sera celui d'une cinéaste indissociable de La Baule, Diane Kurys (qui avait présenté son film Ma mère est folle à La Baule, en 2018, ma critique ici), Moi qui t'aimais (sélectionné à Cannes Classics), et le film de clôture sera le dernier film en tant que réalisateur d'Alex Lutz (également sélectionné à Cannes, dans le cadre de Cannes Première), Connemara, une adaptation d'un livre de Nicolas Mathieu, deux ans après la présentation à La Baule de sa promenade nocturne dans les rues de Paris, Une Nuit.

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    Au programme de cette édition : 41 projections, 21 longs métrages en avant-première, 5 courts métrages, 2 longs métrages classiques, 13 reprises de longs métrages (projections du lendemain), 4 master class, 1 rencontre avec les scolaires, 1 résidence de jeunes compositeurs à l’image, 1 projection solidaire, 1 exposition, 1 opération avec les commerçants et le concert précité.

    Neuf trophées seront décernés : meilleur film 2025, meilleure musique de film 2025, meilleure interprétation 2025, meilleur court métrage 2025 –Transpalux & Program Store, prix du Public 2025 – Groupe Barrière, prix du doc musical 2025, meilleure musique de l’année 2025, révélation Jeune Talent Compositeur 2025, prix d’honneur 2025.

    Le jury sera présidé par l’actrice, réalisatrice, scénariste et metteuse en scène Zabou Breitman. Elle sera accompagnée de l’autrice, compositrice, interprète, réalisatrice, Aurélie Saada, du trompettiste compositeur Ibrahim Maalouf, de l’actrice Mélanie Bernier et de l’actrice Caroline Anglade.

    Pour célébrer l’invité d’honneur, Lambert Wilson, sera ainsi projeté le chef-d’œuvre d’Alain Resnais, On connaît la chanson (dont je vous propose la critique en bas de cet article).

    L’AFFICHE

    Pour cette nouvelle édition les organisateurs ont opté pour une affiche qui symbolise le lien entre le cinéma et la musique de film et la transmission entre les générations, représentés par ses deux mains qui se rejoignent, entre ciel et mer : l’une qui offre et l’autre qui reçoit. Au centre, le trophée du festival, doré et éclatant comme le soleil de La Baule, station balnéaire baignée de lumière toute l’année, où l’art se vit les pieds dans le sable et la tête dans les étoiles.

    UN FESTIVAL INTERGÉNÉRATIONNEL

    Depuis sa création, le Festival de Cinéma et de Musique de Film de La Baule, qui est destiné au grand public comme aux professionnels, met l’accent sur le partage d’expériences. D’une part en accompagnant les étudiants en classe de musique à l’image avec des ateliers créatifs (la factory) et un prix spécial dédié (le prix de la révélation jeunes compositeurs), et d’autre part avec des rencontres dédiées aux scolaires sous forme d’initiation à la musique de film. Avec ces deux mains tendues l’une vers l’autre, c’est aussi cette notion de transmission qu’ont souhaité illustrer avec cette affiche l’artiste Sébastien Dupouey (à l’origine des premières affiches du festival) et Mathilde Huaulmé (studio La Femme assise).

    LAMBERT WILSON INVITÉ D’HONNEUR : UN CONCERT HOMMAGE AUX PLUS BELLES CHANSONS DU CINÉMA

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    © Igor Shabalin

    À l’occasion des 130 ans de la naissance du cinéma (retrouvez ici mon article sur le documentaire de Thierry Frémaux, Lumière, l'aventure continue !), le Festival de La Baule a souhaité célébrer cette date anniversaire en proposant un concert en clôture autour des plus belles chansons du cinéma français : Lambert Wilson Chante.

    Sur la scène du Palais des congrès et des festivals Jacques Chirac - Atlantia de La Baule, Lambert Wilson fera renaître les grandes heures du cinéma en chansons. Il convoquera les mélodies mythiques des films, les airs inoubliables des comédies musicales et rendra un hommage vibrant à Yves Montand. De Renoir à Montand, de Truffaut à Demy, de Prévert à Deneuve, l’interprète d’ On connaît la chanson célèbrera plus d’un siècle de titres qui ont marqué notre imaginaire collectif. Il tissera un pont entre musique, cinéma et mémoire et redonnera vie à ce répertoire riche en émotions. Lambert Wilson nous invitera à revivre le cinéma en musique, à travers ce récital totalement inédit en guise de voyage dans l’histoire du cinéma.

    BRIGITTE BARDOT, UNE FEMME LIBRE : exposition, films, dédicace

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    © Jacques Heripret

    Brigitte Bardot, icône éternelle, sera mise à l’honneur cette année au Festival de La Baule avec cette exposition exceptionnelle, Brigitte Bardot, une femme libre, à l’occasion de son 90ème anniversaire. Photographies rares, objets emblématiques, affiches mythiques et trésors intimes, issus de la collection personnelle de Bruno Ricard, raconteront la légende d’une femme libre, d’une star planétaire et d’un visage devenu symbole de la France, à la fois mannequin, actrice, chanteuse, militante des droits des animaux et écrivaine. Des plateaux de cinéma aux plages de Saint-Tropez, cette exposition retracera le parcours et la vie hors du commun d’une star absolue dont la vie a été faite de passions.

    Elle sera aussi à l’honneur  avec la séance de dédicaces du livre Brigitte Bardot, Internationale BB de et par Vincent Perrot et Bruno Ricard mais aussi avec la projection du film Bardot d’Alain Berliner qui fut projeté au 78ème Festival de Cannes dans le cadre du Cinéma de la Plage (musique de Laurent Perez del Mar, récemment récompensé du Prix de la meilleure musique pour un long métrage 2025 pour Bambi, l’histoire d’une vie dans les bois de Michel Fessler, un prix décerné par l’U2C, Union des Compositrices et Compositeurs de Musique pour l’Image).

    Sera également projeté le film de Roger Vadim, Et Dieu créa la femme.

    LES FILMS EN COMPETITION

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    Marcel et Monsieur Pagnol de Sylvain Chomet

    Météors de Hubert Charuel

    Les Aigles de la République Tarik Saleh

    Classe moyenne de Antony Cordier

    Fils de de Carlos Abascal Peiró

    LES DOCS MUSICAUX EN COMPETITION

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    Becoming Led Zeplin de Bernard MacMahon

    Mistify Michael Hutchence de Richard Lowenstein

    Yael Naim Une nouvelle âme de Jill Coulon

    Madness prince du ska, roi de la pop de Christophe Conte

    LES COURTS METRAGES EN COMPETITION

    Bo Jacquo de Mickaël & Grégory Fitoussi

    Ligne de vie de Hugo Becker

    Le photographe de Christèle Billaut

    Le Colisée de Nabil Kechouhen

    Le Père de Noël de Stanislas Perrin

    FILM D’OUVERTURE HORS COMPETITION

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    Moi qui t’aimais de Diane Kurys (le 25 juin à Atlantia, précédé de la cérémonie d’ouverture)

    FILM DE CLÔTURE HORS COMPETITION

    Connemara de Alex Lutz (le 29 juin au cinéma le Gulf Stream)

    LES LONGS METRAGES HORS COMPETITION

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    Moi qui t’aimais de Diane Kurys

    Bardot de Alain Berliner

    Regarde de Emmanuel Poulain-Arnaud

    Connemara de Alex Lutz

    CINE CLASSIQUE HORS COMPETITION

    Et Dieu créa la femme de Roger Vadim

    COUPS DE PROJECTEUR LONGS METRAGES HORS COMPETITION

    Baise en ville de Martin Jauvat

    L’Épreuve du feu de Aurélien Peyre

    Silver Star de Ruben Amar, Lola Bessis

    LA SEANCE SPECIALE HORS COMPETITION

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    L’homme qui a vu l’ours qui a vu l’homme de, avec et en présence de Pierre Richard

    MASTER CLASS / RENCONTRES

    PIERRE RICHARD ET OLIVIER DEFAYS

    LAMBERT WILSON ET BRUNO FONTAINE

    ZABOU BREITMAN

    SYLVAIN CHOMET

    RENCONTRE DES SCOLAIRES  - Initiation à la musique à l’image

    Cette rencontre aura lieu à Atlantia. Un évènement pour les 800 élèves des écoles primaires de La Baule. Avec Laetitia Pansanel-Garric, compositrice.

    CINE JEUNESSE HORS COMPETITION

    Y’a pas de réseau de Edouard Pluvieux

    Buffalo Kids de Pedro Solis et J.J Garcia Galocha

    Comme le disait l'an passé Claude Lelouch, "on ne meurt pas d'une overdose de rêves", alors ne manquez pas la 11ème édition de ce festival qui ne devrait pas en être avare ...

    Infos & réservations sur : www.festival-labaule.com

    Tarif unique, actuellement en vente sur le site : 50 €

    En soutien à l’association du Festival. Nombre limité. Donne accès de façon prioritaire et garantie à toutes les projections, rencontres et à la cérémonie d’ouverture. (sauf cérémonie de remises de prix et concert)

    Billet individuel : 8 € (plein tarif), 5 € (tarif réduit)*, ouverture des ventes le 16 juin sur le site et sur place à Atlantia ou au Gulfstream à partir du 24 juin.

     * Moins de 18 ans, étudiants jusqu’à 25 ans, personnes en situation de handicap (sur présentation d’un justificatif)

    Exposition « Brigitte Bardot, une femme libre » (du 21 juin au 6 juillet/Espace culturel Chapelle Sainte-Anne) : entrée libre

    CONCERT

    Vente en ligne via le site du Festival : www.festival-labaule.com ou directement sur le site d’Atlantia : https://billetterie.atlantia-labaule.com au 02 40 11 51 51 ou sur place

    LAMBERT WILSON « CHANTE ET ENCHANTE » LE CINÉMA ACCOMPAGNÉ PAR BRUNO FONTAINE Catégorie 1 (parterre) Catégorie 2 (mezzanine et strapontin) 69 €  59 €

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    CRITIQUE DE ON CONNAÎT LA CHANSON de Alain Resnais

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    Toute la malice du cinéaste apparaît déjà dans le titre de ce film de 1997, dans son double sens, propre et figuré, puisqu’il fait à la fois référence aux chansons en playback interprétées dans le film mais parce qu’il sous-entend à quel point les apparences peuvent être trompeuses et donc que nous ne connaissons jamais vraiment la chanson…

    Suite à un malentendu, Camille (Agnès Jaoui), guide touristique et auteure d’une thèse sur « les chevaliers paysans de l’an mil au lac de Paladru » s’éprend de l’agent immobilier Marc Duveyrier (Lambert Wilson). Ce dernier est aussi le patron de Simon (André Dussolier), secrètement épris de Camille et qui tente de vendre un appartement à Odile (Sabine Azéma), la sœur de Camille. L’enthousiaste Odile est décidée à acheter cet appartement malgré la désapprobation muette de Claude, son mari velléitaire (Pierre Arditi). Celui-ci supporte mal la réapparition après de longues années d’absence de Nicolas (Jean-Pierre Bacri), vieux complice d’Odile qui devient le confident de Simon et qui est surtout très hypocondriaque.

    Ce film est pourtant bien plus que son idée de mise en scène, certes particulièrement ludique et enthousiasmante, à laquelle on tend trop souvent à le réduire. À l’image de ses personnages, le film d’Alain Resnais n’est pas ce qu’il semble être. Derrière une apparente légèreté qui emprunte au Boulevard et à la comédie musicale ou du moins à la comédie (en) »chantée », il débusque les fêlures que chacun dissimule derrière de l’assurance, une joie de vivre exagérée, de l’arrogance ou une timidité.

    C’est un film en forme de trompe-l’œil qui commence dès la première scène : une ouverture sur une croix gammée, dans le bureau de Von Choltitz au téléphone avec Hitler qui lui ordonne de détruire Paris. Mais Paris ne disparaîtra pas et sera bien heureusement le terrain des chassés-croisés des personnages de On connaît la chanson, et cette épisode était juste une manière de planter le décor, de nous faire regarder justement au-delà du décor, et de présenter le principe de ces extraits chantés. La mise en scène ne cessera d’ailleurs de jouer ainsi avec les apparences, comme lorsqu’Odile parle avec Nicolas, lors d’un dîner chez elle, et que son mari Claude est absent du cadre, tout comme il semble d’ailleurs constamment « absent », ailleurs.

    Resnais joue habilement avec la mise en scène mais aussi avec les genres cinématographiques, faisant parfois une incursion dans la comédie romantique, comme lors de la rencontre entre Camille et Marc. L’appartement où ils se retrouvent est aussi glacial que la lumière est chaleureuse pour devenir presque irréelle mais là encore c’est une manière de jouer avec les apparences puisque Marc lui-même est d’une certaine manière irréel, fabriqué, jouant un personnage qu’il n’est pas.

    Le scénario est signé Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri et témoigne déjà de leur goût des autres et de leur regard à la fois acéré et tendre sur nos vanités, nos faiblesses, nos fêlures. Les dialogues sont ainsi des bijoux de précision et d’observation mais finalement même s’ils mettent l’accent sur les faiblesses de chacun, les personnages ne sont jamais regardés avec condescendance mais plutôt lucidité et indulgence. Une phrase parfois suffit à caractériser un personnage comme cette femme qui, en se présentant dit, « J’suis une collègue d’Odile. Mais un petit cran au-dessus. Mais ça ne nous empêche pas de bien nous entendre ! ». Tout est dit ! La volonté de se montrer sous son meilleur jour, conciliante, ouverte, indifférente aux hiérarchies et apparences…tout en démontrant le contraire. Ou comme lorsque Marc répète à deux reprises à d’autres sa réplique adressée à Simon dont il est visiblement très fier « Vous savez Simon, vous n’êtes pas seulement un auteur dramatique, mais vous êtes aussi un employé dramatique ! », marquant à la fois ainsi une certaine condescendance mais en même temps une certaine forme de manque de confiance, et amoindrissant le caractère a priori antipathique de son personnage.

    Les personnages de On connaît la chanson sont avant tout seuls, enfermés dans leurs images, leurs solitudes, leur inaptitude à communiquer, et les chansons leur permettent souvent de révéler leurs vérités masquées, leurs vrais personnalités ou désirs, tout en ayant souvent un effet tendrement comique. De J’aime les filles avec Lambert Wilson au Vertige de l’amour avec André Dussolier (irrésistible ) en passant par le Résiste de Sabine Azéma. C’est aussi un moyen de comique de répétition dont est jalonné ce film : blague répétée par Lambert Wilson sur Simon, blague de la publicité pour la chicorée lorsque Nicolas montre la photo de sa famille et réitération de certains passages chantés comme Avoir un bon copain.

    Chacun laissera tomber son masque, de fierté ou de gaieté feinte, dans le dernier acte où tous seront réunis, dans le cadre d’une fête qui, une fois les apparences dévoilées (même les choses comme l’appartement n’y échappent pas, même celui-ci se révèlera ne pas être ce qu’il semblait), ne laissera plus qu’un sol jonché de bouteilles et d’assiettes vides, débarrassé du souci des apparences, et du rangement (de tout et chacun dans une case) mais la scène se terminera une nouvelle fois par une nouvelle pirouette, toute l’élégance de Resnais étant là, dans cette dernière phrase qui nous laisse avec un sourire, et l’envie de saisir l’existence avec légèreté.

    Rien n’est laissé au hasard, de l’interprétation (comme toujours chez Resnais remarquable direction d’acteurs et interprètes judicieusement choisis, de Dussolier en amoureux timide à Sabine Azéma en incorrigible optimiste en passant par Lambert Wilson, vaniteux et finalement pathétique et presque attendrissant) aux costumes comme les tenues rouges et flamboyantes de Sabine Azéma ou d’une tonalité plus neutre, voire fade, d’Agnès Jaoui.

    On connaît la chanson a obtenu 7 César dont celui du meilleur film et du meilleur scénario original. C’est pour moi un des films les plus brillants et profonds qui soient malgré sa légèreté apparente, un mélange subtile –à l’image de la vie – de mélancolie et de légèreté, d’enchantement et de désenchantement, un film à la frontière des émotions et des genres qui témoigne de la grande élégance de son réalisateur, du regard tendre et incisif de ses auteurs, et qui nous laisse avec un air à la fois joyeux et nostalgique dans la tête. Un film qui semble entrer dans les cadres et qui justement nous démontre que la vie est plus nuancée et que chacun est forcément plus complexe que la case à laquelle on souhaite le réduire, moins lisse et jovial que l’image « enchantée » qu’il veut se donner. Un film jubilatoire enchanté et enchanteur, empreint de toute la richesse, la beauté, la difficulté, la gravité et la légèreté de la vie. Un film tendrement drôle et joyeusement mélancolique à voir, entendre et revoir sans modération…même si nous connaissons déjà la chanson !

  • 11ème Festival de Cinéma et de Musique de Film de La Baule - du 25 au 29.06.2025 : programme (premières informations)

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    "Il faut que la musique commence par nous égarer pour nous faire regarder comme des possibles des choses que nous n'osions espérer." Stendhal 

    Voilà ce qu'est la musique (parmi de nombreuses autres vertus), et en particulier la musique de film : un doux égarement qui éveille à l'espoir, au rêve, et à la volonté farouche de les réaliser. 

    L'an passé, le Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule célébrait sa dixième édition, un festival que j'affectionne tout particulièrement, auquel j'assiste chaque année depuis sa première édition, et dont je vous parle également chaque année ici.

    L'an passé, les projections et l’ensemble des événements proposés ont réalisé  plus de 28000 entrées (un record) pendant les 5 jours d’avant-premières (plus d’une trentaine en présence des équipes de films et une soixantaine de projections au total), master classes, rencontres et expositions autour de la musique de film et du cinéma francophone. 

    Au fil des ans, ce festival, fondé par Sam Bobino et Christophe Barratier, s'est imposé comme un rendez-vous incontournable, d'abord en novembre puis en été, mettant en lumière la musique de films mais aussi des films qui souvent ont ensuite connu un succès auprès de la critique et/ou du public.  

    Vous pouvez retrouver ici mon compte-rendu très détaillé de cette dixième édition, de la master class et du concert-hommage à Claude Lelouch aux différents films primés et notamment mes coups de cœur comme Le Fil de Daniel Auteuil ou encore Le roman de Jim des frères Larrieu, mais aussi le documentaire Il était une fois Michel Legrand de David Hertzog Dessites.

    Cette édition 2024 avait une saveur particulière pour moi puisque j'ai eu le plaisir de dédicacer mon roman La Symphonie des rêves qui a en partie le festival pour cadre. Merci à nouveau à La Maison de La Presse (devenue La Librairie Les Oiseaux) qui m'a reçue trois fois l'été dernier pour dédicacer ce roman.

    La onzième édition du Festival de Cinéma et de Musique de Film de La Baule aura lieu du 25 au 29 juin 2025. Comme chaque année, la soirée de remise de prix sera suivie d'un concert. Cette année, Lambert Wilson sera l'invité d'honneur et donnera un concert hommage aux plus belles chansons de cinéma.

    Pour cette nouvelle édition les organisateurs ont opté pour une affiche qui symbolise le lien entre le cinéma et la musique de film et la transmission entre les générations, représentés par ses deux mains qui se rejoignent, entre ciel et mer : l’une qui offre et l’autre qui reçoit. Au centre, le trophée du festival, doré et éclatant comme le soleil de La Baule, station balnéaire baignée de lumière toute l’année, où l’art se vit les pieds dans le sable et la tête dans les étoiles.

    UN FESTIVAL INTERGÉNÉRATIONNEL

    Depuis sa création, le Festival de Cinéma et de Musique de Film de La Baule, qui est destiné au grand public comme aux professionnels, met l’accent sur le partage d’expériences. D’une part en accompagnant les étudiants en classe de musique à l’image avec des ateliers créatifs (la factory) et un prix spécial dédié (le prix de la révélation jeunes compositeurs), et d’autre part avec des rencontres dédiées aux scolaires sous forme d’initiation à la musique de film.

    Avec ces deux mains tendues l’une vers l’autre, c’est aussi cette notion de transmission qu’ont souhaité illustrer avec cette affiche l’artiste Sébastien Dupouey (à l’origine des premières affiches du festival) et Mathilde Huaulmé (studio La Femme assise).

     

    LAMBERT WILSON INVITÉ D’HONNEUR : UN CONCERT HOMMAGE AUX PLUS BELLES CHANSONS DU CINÉMA

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    © Igor Shabalin

    À l’occasion des 130 ans de la naissance du cinéma (retrouvez ici mon article sur le documentaire de Thierry Frémaux, Lumière, l'aventure continue !), le Festival de La Baule a souhaité célébrer cette date anniversaire en proposant un concert en clôture autour des plus belles chansons du cinéma français : Lambert Wilson Chante.

    Sur la scène du Palais des congrès et des festivals Jacques Chirac - Atlantia de La Baule, Lambert Wilson fera renaître les grandes heures du cinéma en chan-sons. Il convoquera les mélodies mythiques des films, les airs inoubliables des comédies musicales et rendra un hommage vibrant à Yves Montand, grande figure du 7e art et de la chanson.

    De Renoir à Montand, de Truffaut à Demy, de Prévert à Deneuve, l’interprète d’ On connaît la chanson célèbrera plus d’un siècle de titres qui ont marqué notre imaginaire collectif. Il tissera un pont entre musique, cinéma et mémoire et redonnera vie à ce répertoire riche en émotion.

    Avec élégance et intensité, Lambert Wilson nous invitera à revivre le cinéma en musique, à travers ce récital totalement inédit en guise de voyage dans l’histoire du cinéma.

    BRIGITTE BARDOT, UNE FEMME LIBRE

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    ©Jacques Heripret

    Brigitte Bardot, icône éternelle, sera mise à l’honneur cette année au Festival de La Baule avec cette exposition exceptionnelle, Brigitte Bardot, une femme libre, à l’occasion de son 90e anniversaire.

    Photographies rares, objets emblématiques, affiches mythiques et trésors intimes, issus de la collection personnelle de Bruno Ricard, raconteront la légende d’une femme libre, d’une star planétaire et d’un visage devenu symbole de la France, à la fois mannequin, actrice, chanteuse, militante des droits des animaux et écrivaine.

    Des plateaux de cinéma aux plages de Saint-Tropez, cette exposition retracera le parcours et la vie hors du commun d’une star absolue dont la vie a été faite de passions.

    À La Baule, station balnéaire elle aussi empreinte de lumière et de charme, cette rétrospective aura comme un parfum d’évidence.

    Un hommage vibrant à une muse indomptable, à l’aube de l’été, comme un souffle de liberté.

     

     

    Infos & réservations sur : www.festival-labaule.com

    INFOS PRATIQUES

    Pass Festival (du 25 au 29/06) : tarif unique 50 €

    Concert « Lambert Wilson Chante » et cérémonie de remise des prix du festival (samedi 28/06 - Palais des congrès Atlantia) : à partir de 59 €

    Exposition « Brigitte Bardot, une femme libre » (du 21 juin au 6 juillet/Espace culturel Chapelle Sainte-Anne) : entrée libre

  • COMPTE-RENDU ET PALMARÈS DES PARIS FILM CRITICS AWARDS 2025

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    La 4ème Cérémonie des Paris Film Critics Awards s’est déroulée ce dimanche 9 mars, à l’Hôtel Le Royal Monceau-Raffles Paris. Créés par Sam Bobino (fondateur et co-président du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule -vous pouvez retrouver ici mon compte-rendu de la dernière édition de ce festival qui célébrait ses 10 ans-, délégué général de la Semaine du Cinéma Positif à Cannes) et inspiré des New York Film Critics Circle Awards ou des Los Angeles Film Critics Association Awards, ces prix, décernés par chaque année par une assemblée de plus d'une centaine de journalistes de cinéma et culture parisiens dont j’ai le plaisir de faire partie, récompensent les meilleurs films français comme étrangers, sortis en salle ou diffusés sur les chaines de télévision et les plateformes en France durant l’année 2024, ainsi que les meilleures séries.

    L’an passé, lors de la troisième édition des Paris Film Critics Awards, en tête des lauréats figuraient  2 films (4 récompenses chacun) pour lesquels j'avais partagé longuement mon enthousiasme ici : Anatomie d’une chute de Justine Triet  (meilleur film, meilleure actrice pour Sandra Hüller, meilleur scénario original, meilleur montage) et Babylon de Damien Chazelle (meilleur réalisateur, Brad Pitt meilleur acteur dans un second rôle, meilleure musique originale, meilleurs décors).

    Cette année, Le Comte de Monte-CristoEmilia Pérez et The Substance figuraient en tête des nominations réparties en 19 catégories (plus trois prix spéciaux ou d’honneur). Avec 11 nominations, le film de Matthieu Delaporte et Alexandre de La Patellière, Le Comte de Monte-Cristo faisait partie des grands favoris dans la course aux Paris Film Critics Awards 2025 au même titre que Emilia Pérez de Jacques Audiard qui obtint 10 nominations, suivis de The Substance de Coralie Fargeat avec 7 nominations.

    Le palmarès de la première édition des Paris Film Critics Awards avait couronné beaucoup de films français et avait ainsi témoigné de la diversité de la production cinématographique française, ce qui fut d'ailleurs à nouveau le cas l’an passé. En 2022, c’est le long-métrage de Xavier Giannoli, Illusions perdues, qui avait reçu le Paris Film Critics Awards du meilleur film tandis que son acteur Vincent Lacoste recevait celui du meilleur second rôle masculin pour cette adaptation magistrale du chef-d’œuvre de Balzac. Vous pouvez retrouver mon compte-rendu complet de cette première édition des Paris Film Critics Awards ainsi que le palmarès, dans mon article, ici. En 2023, La Nuit du 12 avait été élu meilleur film de l’année. Le film de Dominik Moll avait également reçu le prix de la meilleure adaptation et du meilleur second rôle féminin par Anouk Grinberg. Je vous invite à lire mon récit complet de la cérémonie 2023 et le détail du palmarès ici.

    L’an passé, c'était donc à nouveau un film français qui avait reçu le Paris Film Critics Award du film de l'année (retrouvez ici mon compte-rendu et le palmarès complet des Paris Film Critics Awards 2024). Cette cérémonie avait également rendu hommage à deux figures marquantes du cinéma international en attribuant un prix d’honneur à Vincent Lindon et un prix pour l’ensemble d’une carrière à Jerry Schatzberg (à l’issue de la cérémonie avait été également diffusé le documentaire de Pierre FilmonJerry Schatzberg portrait paysage). Un prix de la contribution exceptionnelle au cinéma avait également été attribué au critique de cinéma récemment disparu, Michel Ciment.

    Cette année, lors de la cérémonie présentée avec bonne humeur et professionnalisme par le journaliste Vincent Perrot, l’académie des Paris Film Critics Awards a particulièrement distingué le film de Jacques Audiard Emilia Perez avec 4 awards : meilleur film, du meilleur montage,  meilleur second rôle féminin et meilleure musique. Ce film inclassable constamment inventif, mêlant danse, chansons, drame, comédie, film noir, mélodrame, télénovela etc…tout en étant toujours aussi juste et captivant, nous achève joyeusement avec le dénouement, une procession lors de laquelle est entonnée en espagnol la sublimement mélancolique chanson de Brassens, Les Passantes. Une chanson à l’image du film : une ode aux femmes. Bouleversante.

    The Substance est reparti avec 2 awards (meilleure réalisatrice pour Coralie Fargeat et meilleure actrice pour Demi Moore) tout comme Le Comte de Monte-Cristo (meilleurs décors et  meilleurs costumes). 

    Le récemment césarisé Karim Leklou décroche là aussi le titre de meilleur acteur de l'année pour Le Roman de Jim des frères Larrieu dans lequel il incarne Aymeric, avec beaucoup d’humanité et de gentillesse (« T’es gentil », lui dit ainsi le personnage de Florence. « On me dit souvent que je suis gentil », répond-il), mais aussi d’empathie, celle, aussi, avec laquelle les Larrieu regardent chacun des personnages de ce film qui, tous, exhalent une vraie présence. Aymeric sort de prison pour un larcin dans lequel il s’est laissé embarquer, il a payé pour les autres, sans les dénoncer. Pour tout, d’ailleurs, Aymeric semble se laisser embarquer. Il regarde le monde à travers son appareil photo, toujours avec une profonde gentillesse, avançant avec discrétion. Joie et tristesse, douceur et cruauté des sentiments, tout cela se mêle habilement, sans esbroufe.  Karim Leklou interprète son personnage, si touchant, doux et vélléitaire, avec une infinie délicatesse et une grande générosité. Ce mélo décrit les nouvelles formes de paternité avec beaucoup de subtilité et de pudeur. Elles s’incarnent dans le personnage d’Aymeric, avec sa tendresse tranquille et communicative qui nous bouleverse subrepticement. Le roman de Jim, c’est aussi son histoire à lui, Aymeric, celle de sa renaissance. Moins débridé que leurs autres films, parsemé d’une émotion contenue, avec Le roman de Jim, les Larrieu se sont surtout centrés sur leurs personnages, attachants, cabossés, incarnés par de remarquables comédiens. On ressort du Roman de Jim avec un sentiment de joie et de sérénité, gaiement bouleversés. On se souvient alors de la phrase de Florence au début du film : « C’est assez rare l’amour en fait ». Le roman de Jim est avant tout cela, un roman d’amour(s). Rare.

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    Karim Leklou et Sam Bobino, Crédit photo David Boyer

    Sur ses 11 nominations, Le Comte de Monte-Cristo a récolté deux récompenses, dévolues aux costumes (Thierry Delettre) et aux décors (Stéphane Taillasson). Le Comte de Monte-Cristo (dont vous pouvez retrouver ma critique complète en podcast ici ou dans cet article) est donc à la fois un succès du public (plus de 9 millions d’entrées au box-office français) et de la critique (ici en tête des nominations, 11). Un succès mérité pour ce film spectaculaire comme le cinéma hexagonal n’en faisait plus, qui transporte avec lui les souvenirs de cinéma de l’enfance, quand cet écran géant nous embarquait dans des aventures de héros tourmentés et intrépides, plus grandes que la vie, ou pour les plus rêveurs d'entre nous, à l’image de ce que nous l’imaginions devenir. Trépidante. Périlleuse. Romanesque. Traversée du vertige des grands sentiments. L’interprétation, la photographie, le montage, la musique, les décors et enfin le rythme, parent ce film de la plus belle des vertus : l’oubli du temps qui passe, l'oubli du fait que la vie n’est pas du cinéma, qu’il n’est pas possible de devenir un héros masqué. Ce film témoigne du pouvoir inestimable du cinéma de nous faire renouer avec les vestiges et les vertiges de l'enfance.

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    Thierry Delettre et Stéphane Taillasson, crédit photo David Boyer

    Abou Sangaré a reçu le prix, mérité, de la meilleure révélation masculine pour le remarquable L’histoire de Souleymane ( qui était nommé quatre fois : meilleur film, meilleur réalisateur, meilleure révélation masculine, meilleur scénario original, meilleure photographie) avec sa fin poignante qui nous laisse épuisés et abasourdis comme si nous avions nous aussi vécu ces deux jours de course après le temps. Un film profondément humaniste, haletant, entre documentaire, film social et thriller, porté par un acteur non-professionnel qui est une vraie révélation dont vous n’avez pas fini d’entendre parler.

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    Le Paris Film Critics Award du scénario original a été attribué au film de Mohammad Rasoulof,  Les Graines du Figuier sauvage, qui ausculte brillamment la déshumanisation à l’œuvre dans les régimes totalitaires, et en l’occurrence le régime iranien. En plus d’être formellement époustouflant, remarquablement interprété, ce huis-clos aux frontières du thriller n’a eu « que » le prix spécial du jury à Cannes et aurait mérité la palme d’or. La tension croissante et l’intensité constante du film doivent beaucoup aussi à son scénario parfait. Sans compter le courage exceptionnel de son réalisateur et son équipe pour le tourner.

    Pierre Lottin a reçu le Paris Film Critics Award du meilleur second rôle pour dans le film de François Ozon, Quand vient l'automne. Un film dans lequel règne un sentiment de tension, renforcé par la musique atmosphérique (thème au piano) de Sacha et Evgueni Galperine. Un film ensorcelant et chamarré comme les couleurs de l’automne (magnifique photographie de Jérome Alméras), doux et cruel, savoureusement ambigu, qui célèbre autant l’automne de la vie que cette saison et qui s’achève, comme toujours chez Ozon, par la fin logique d’un cycle, entre trouble et apaisement. Passionnant de la première à la dernière minute. Ce Quand vient l’automne vaut avant tout par ses personnages troubles et troublants, aux couleurs lunatiques comme celles de l’automne (comme Vincent le fils de Marie-Claude qui sort de prison et dont on sait seulement « qu’il a fait des bêtises », incarné par Pierre Lottin, inquiétant, écorché vif), mais aussi pour l’atmosphère automnale, faussement douce. Retrouvez ma critique sur Inthemoodforcinema.com, ici, et en podcast, là.

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    Le Paris Film Critics Award de l’adaptation a été attribué à La Plus précieuse des marchandises, le film de Michel Hazanavicius également nommé comme meilleur film d’animation. Des années après Benigni, Hazanavicius a osé à son tour réaliser un conte sur la Shoah, qui est avant tout une ode à la vie sobre et poignante, qui use intelligemment du hors champ pour nous raconter le meilleur et le pire des hommes, la générosité, le courage et la bonté sans limites (représentées aussi par cette Gueule cassée de la première guerre mondiale incarnée par la voix de Denis Podalydès)  et la haine, la bêtise et la cruauté sans bornes, et qui nous laisse après la projection, bouleversés, avec, en tête, les voix de Grégory Gadebois et Jean-Louis Trintignant, mais aussi cette lumière victorieuse, le courage des Justes auquel ce film rend magnifiquement hommage et cette phrase, à l’image du film, d’une force poignante et d’une beauté renversante  : « Voilà la seule chose qui mérite d’exister : l’amour. Le reste est silence ».

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    Le Paris Film Critics Award du meilleur documentaire a été attribué à Il était une fois Michel Legrand, le documentaire de David Hertzog Dessites. Ce film est passionnant parce que, en plus de montrer, à qui en douterait encore, à quel point la musique est un rouage essentiel d’un film, mais aussi un art à part entière, il évoque la complexité de l’âme de l’artiste, artiste exigeant à l’âme d’enfant, et c’est ce qui rend ce film unique et captivant. Ce n’est en effet pas une hagiographie mais un documentaire sincère qui n’édulcore rien, mais montre l’artiste dans toute l’étendue de son talent, et de ses exigences, témoignages de son perfectionnisme mais sans doute plus encore masques de ses doutes. Il témoigne évidemment aussi magnifiquement de la richesse stupéfiante de l’œuvre de celui qui entre au Conservatoire de Paris à 10 ans et qui ensuite n’a cessé de jouer, jusqu’à son dernier souffle. Du souffle. C’est sans doute ce qui caractérise sa musique et ce documentaire. Un souffle constamment surprenant. Un souffle de liberté. Le souffle de la vie. Le souffle de l’âme d’enfant qui ne l’a jamais quitté. Ce film est aussi un hymne à la musique qui porte et emporte, celle pour laquelle Michel Legrand avait tant d’« appétit ». Il vous enchantera en vous permettant de réentendre ses musiques les plus connues, des films de Demy, de L’Affaire Thomas Crown, de Yentl, mais aussi de découvrir des aspects moins connus comme ses collaborations dans la chanson française, jusqu’à ce ciné-concert de la Philharmonie de Paris en décembre 2018. Son dernier. Un vrai moment de cinéma monté comme tel. Truffaut disait bien que la réalité a plus d’imagination que la fiction, cette séquence palpitante en est la parfaite illustration. Un moment où il est encore question de souffle, le nôtre, suspendu à ce moment qu’il a magistralement surmonté, bien qu’exsangue. Encore une histoire de souffle.  Son dernier. Presque. Il décèdera moins de deux mois après ce concert. En plus d’être le résultat d’un travail colossal (constitué d’images de films, d’archives nationales et privées, d’une multitude de passionnants témoignages et séquences tournées lors des deux dernières années de vie du maestro), c’est aussi le testament  poignant d’un artiste légendaire, aux talents multiples : pianiste, interprète, chanteur, producteur, arrangeur, chef d'orchestre, et compositeur de plus de 200 musiques de films (dont de multiples chefs-d’œuvre à l’image de toutes les musiques des films de Demy) jusqu’à celle du film inachevé d’Orson Welles, De L’Autre Côté Du Vent. De son passage au conservatoire de Paris sous l’occupation alors qu’il avait 11 ans, jusqu’à son dernier concert à la Philarmonie de Paris, le réalisateur nous conte avec passion Michel Legrand, un homme double et complexe comme sa musique.

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    Un prix d’honneur a également été décerné à l’actrice Victoria Abril à l’occasion de ses 50 ans de carrière.

    Le prix de la meilleure contribution à l’art du cinéma a été attribué à La Cinémathèque Française pour la restauration du film Napoléon d’Abel Gance, ce qui nous a permis d'en voir un extrait d'une beauté vertigineuse.

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    Et enfin un prix de la contribution exceptionnelle au cinéma a été décerné à Gilles Jacob. Est-ce possible que personne n'y ait songé avant tant cette contribution est en effet exceptionnelle ? Le Festival de Cannes serait-il aujourd'hui le plus grand festival de cinéma au monde sans sa contribution ? Combien de cinéastes lui doivent d'avoir vu leur talent flamboyer aux yeux du monde ?  Et s''il y avait un prix de l'élégance morale, si rare, Gilles Jacob en serait sans aucun doute le lauréat incontesté, je vous le garantis. En 2014, lorsqu'il quitta la présidence du Festival de Cannes s'afficha sobrement derrière lui sur la scène du festival un discret "Au revoir les enfants", une révérence tout en malice et pudeur qui le caractérisent aussi si bien. Comme le reflétait aussi son discours lu par la talentueuse Dominique Blanc (que vous pouvez visionner sur mon compte instagram). Et comme le reflétait aussi le merveilleux montage de photos de Tim Burton qu'il nous a réservé. J’en profite aussi pour vous recommander son dernier ouvrage dont je vous avais longuement parlé ici, intitulé A nos amours !. Des textes qui se savourent comme autant de petites nouvelles constituent ce livre de 710 pages, comme une invitation à voyager dans le cinéma français, à prendre immédiatement son billet pour les films évoqués avec passion par le biais de leurs acteurs. D’Isabelle Adjani à Roschdy Zem, les trois auteurs (ce livre a été coécrit par Gilles Jacob et les journalistes Marie Colmant et Gérard Lefort) nous proposent ainsi un « florilège des actrices et acteurs français », de la naissance du film parlant à nos jours.

    Pour les films que je regrette de ne pas voir (ou de ne pas voir davantage) figurer parmi les nommés  et donc parmi les lauréats, retrouvez mon article sur les nominations à ces Paris Films Critics Awards 2025 dans lequel je les évoque. Parmi ces oubliés, je ne peux m'empêcher d'évoquer à nouveau ici Sandrine Kiberlain, qui était nommée pour son rôle dans Sarah Bernhardt, la divine. Elle se glisse avec maestria dans la peau de ce personnage aux multiples facettes tout comme Sarah Bernhardt se glissait dans les siens. « Laissez-moi, il faut que je me quitte », déclare-t-elle ainsi avec emphase. Elle fait habilement percer le désespoir et la noirceur derrière les extravagances et les excès. Sa voix, ses gestes, sa démarche : tout contribue à créer ce personnage derrière lequel s’efface Kiberlain pour devenir Bernhardt et c’est magistral et captivant à observer. Nous avions laissé Sandrine Kiberlain, prouvant une nouvelle fois sa puissance comique sous la caméra de Podalydès, dans La Petite vadrouille , dans lequel elle incarnait une Justine forte et fragile. Une fois de plus, ce rôle de Sarah Bernhardt témoigne de sa capacité étonnante à passer d’un registre à l’autre avec des rôles aux antipodes les uns des autres. Difficile de trouver plus différentes que Sarah Bernhardt et la discrète et effacée Mademoiselle Chambon, et pourtant Sandrine Kiberlain est aussi remarquable dans le film de Nicloux qu’elle l’était dans celui de Brizé ou dans Chronique d’une liaison passagère d'Emmanuel Mouret dans lequel elle est solaire et aventureuse, ou encore dans Le Parfum vert de Nicolas Pariser dans lequel était déjà désopilante dans le rôle de Claire, une femme déterminée, obstinée, fantasque, extravertie…qualificatifs qui pourraient aussi s’appliquer à une certaine Sarah Bernhardt. Porté par la musique classique de Reynaldo Hahn, Ravel, Debussy, Chopin, Schubert…, par les costumes chatoyants d'Anaïs Romand, la photographie éclatante d'Yves Cape, par le montage de Guy Lecorne et Karine Prido mais surtout par l’énergie débordante de Sandrine Kiberlain et les savantes nuances dans l’extravagance laissant pointer le désespoir et la clairvoyance derrière la folie, ce film sur Sarah Bernhardt laisse le souvenir d’un voyage détonant à la rencontre d’une personnalité à part, mais aussi avec l’envie d’en savoir plus sur cette femme inspirée et inspirante d’une modernité sidérante. Une ode à la liberté d’être soi et d’aimer. Le film est également nommé pour les costumes et les décors.

    Découvrez ci-dessous la liste des lauréats de l’édition 2025 :

    PALMARÈS PARIS FILM CRITICS AWARDS 2025

    MEILLEUR FILM

    Emilia Pérez - Jacques Audiard, Pascal Caucheteux, Valérie Schermann

    MEILLEURE RÉALISATRICE

    Coralie Fargeat - The Substance

    MEILLEURE ACTRICE

    Demi Moore - The Substance

    MEILLEUR ACTEUR

    Karim Leklou - Le Roman de Jim

    MEILLEURE ACTRICE DANS UN SECOND RÔLE

    Zoe Saldaña - Emilia Pérez

    MEILLEUR ACTEUR DANS UN SECOND RÔLE

    Pierre Lottin - Quand vient l’automne

    MEILLEURE RÉVÉLATION FÉMININE

    Mallory Wanecque - L'Amour ouf

    MEILLEURE REVELATION MASCULINE

    Abou Sangaré - L’Histoire de Souleymane

    MEILLEUR SCENARIO ORIGINAL

    Les Graines du figuier sauvage – Mohammad Rasoulof  Mohammad Rasoulof

    MEILLEURE ADAPTATION

    La plus précieuse des marchandises - Michel Hazanavicius, Jean-Claude Grumberg

    MEILLEURE PHOTOGRAPHIE

    Dune : part. 2 - Greig Fraser

    MEILLEUR MONTAGE

    Emilia Pérez  - Juliette Welfling

    MEILLEURE MUSIQUE ORIGINALE

    Emilia Pérez – Camille, Clément Ducol 

     

    MEILLEURS DÉCORS

    Le Comte de Monte-Cristo - Stéphane Taillasson

    MEILLEURS COSTUMES

    Le Comte de Monte-Cristo - Thierry Delettre

    MEILLEUR PREMIER FILM

    Vingt Dieux - Louise Courvoisier

    MEILLEUR FILM D’ANIMATION

    Flow - Gints Zilbalodis

    MEILLEUR DOCUMENTAIRE 

    Il était une fois Michel Legrand - David Hertzog Dessites 

    MEILLEURE SÉRIE (ou Mini-Série)

    La Fièvre (Canal+) - Éric Benzekri, Ziad Doueiri

    PRIX D’HONNEUR (pour l’ensemble de sa carrière)

    Victoria Abril

    PRIX DE LA CONTRIBUTION EXCEPTIONNELLE AU CINÉMA

    Gilles Jacob

    PRIX DE LA MEILLEURE CONTRIBUTION À L’ART DU CINÉMA

    La Cinémathèque Française pour la restauration du film Napoléon d’Abel Gance

  • Programme du 10ème Festival de Cinéma et Musique de Film de La Baule (26-30.06.2024) : sélection officielle et jury

     

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    Ce lundi 27 mai ont été dévoilés la sélection officielle et le jury du 10ème Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule.

    Selon Kant, "la musique est la langue des émotions". Le Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule, qui n'est avare ni de l'une ni des autres, le prouve chaque année depuis 10 ans.

    10 ans déjà ! Le Festival du Cinéma et de Musique de Film de La Baule auquel j'assiste depuis la première édition et pour lequel je vous partage ici chaque année mon enthousiasme célèbrera en effet déjà ses 10 ans cette année.

    Le jury de cette 10ème édition sera présidé par l'acteur, réalisateur, scénariste, producteur Franck Dubosc. Il sera accompagné de : Leslie Medina (actrice, réalisatrice), Ludovic Bource (compositeur), Samuel Le Bihan (acteur), Audrey Dana (actrice, réalisatrice, écrivaine).

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    Pour fêter cet anniversaire comme il se doit, les organisateurs ne pouvaient trouver meilleure idée qu'un hommage au réalisateur français Claude Lelouch et aux plus belles musiques de ses films !

    En effet, en 2014, Claude Lelouch et son compositeur fétiche Francis Lai avaient été les premiers invités d’honneur du Festival de La Baule. Claude Lelouch avait alors déclaré être « le parrain de cœur du Festival ». Je vous avais longuement parlé ici de cette première édition. Vous pourrez retrouver mon compte-rendu de cette première édition ici.

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    Au fil des ans, ce festival s'est imposé comme un rendez-vous incontournable, d'abord en novembre puis en été, mettant en lumière la musique de films mais aussi des films qui souvent ont ensuite connu un succès auprès de la critique et/ou du public.  Rien que l'an passé, le festival avait ainsi projeté des films tels que les formidables Le Théorème de Marguerite d'Anna Novion, Toni, en famille de Nathan Ambrosioni, Comme par magie de Christophe Barratier, Les Algues vertes de Pierre Jolivet etc. Autant de films que je vous avais vivement recommandés. Retrouvez, ici, mon compte-rendu de l'édition 2023 du festival.

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    Chaque année, le festival met également un compositeur à l'honneur. La 9ème édition fut ainsi portée par les battements trépidants de jazz de Kyle Eastwood. 

    Vous trouverez sur ce blog de très nombreuses critiques de films de Claude Lelouch : L'amour, c'est mieux que la vie, Un + Une, mais aussi le récit du spectacle symphonique pour ses 85 ans en 2022, ici, la critique du film Les plus belles années d'une vie et le récit de la conférence de presse à Cannes, ou encore la critique d'Itinéraire d'un enfant gâté qui avait d'ailleurs été projeté dans le cadre du Festival de La Baule 2016, en présence de Richard Anconina.

    "Dix ans après la première édition du festival, alors que Francis Lai nous a quittés, Claude Lelouch reviendra à La Baule pour recevoir un second trophée d’honneur et pour participer à un grand concert en hommage aux plus belles musiques de ses films. Le samedi 29 juin, à 19 h, sera donné un grand « Concert Hommage aux Musiques des films de Claude Lelouch », sur la scène du Palais des Congrès et des Festivals – Jacques Chirac Atlantia – de La Baule, par l’Orchestre National des Pays de la Loire (ONPL). Ce concert exceptionnel sera dirigé par le chef d’orchestre Nicolas Guiraud, l’arrangeur des musiques des films de Claude Lelouch, en sa présence. L’occasion de célébrer non seulement les 60 ans de carrière de Claude Lelouch et plus de 50 films à son actif, mais également de fêter les 10 ans du Festival de La Baule."

    Claude Lelouch, c’est bien sûr plus de 60 ans de carrière et presque autant de films, en tant que réalisateur, mais aussi comme producteur, scénariste et cadreur, puisque la caméra à l’épaule en est devenue sa marque de fabrique. Claude Lelouch c’est une filmographie à rendre jaloux n’importe quel cinéaste, avec des films aussi emblématiques qu’Un Homme est une femme, – Palme d’Or à Cannes et Oscar du meilleur scénario original et du meilleur film étranger en 1967 –, Un homme qui me plaît, Les uns et les autres, Itinéraire d’un enfant gâté,
    Il y a des jours... et des lunes, La Belle Histoire, L’Aventure c’est l’Aventure, Tout ça... pour ça !, Les Misérables, Hommes, femmes : mode d’emploi, Hasards ou coïncidences, And Now... Ladies and Gentlemen, Roman de Gare, Ces amours-là, Salaud, on t’aime, Un + une, L’Amour c’est mieux que la vie, pour ne citer que quelques films de sa très longue et impressionnante filmographie. 60 ans durant lesquels Claude Lelouch n’a jamais cessé de filmer nos petites histoires, avec nos travers, notre sensibilité et nos défauts d’êtres humains, souvent sur fond de grande histoire. 60 ans de bonheur et autant de nominations et de prix reçus auxquels le Festival de La Baule voulait ajouter sa pierre à l’édifice et récompenser, une fois de plus, cette carrière si singulière et extraordinaire à la fois.

    Le concert événement « Hommage aux Musiques des Films de Claude Lelouch » aura lieu au Palais des Congrès et des Festivals –Jacques Chirac Atlantia – de La Baule, le samedi 29 juin 2024, à 19 h (précédé de la cérémonie de remise des prix du Festival). 

    Un grand concert symphonique totalement inédit, autour des bandes originales lelouchiennes emblématiques signées Francis Lai et Michel Legrand, sera donné sur la scène du Palais des congrès et des festivals Atlantia-Jacques Chirac de La Baule, par l’Orchestre National des Pays de la Loire (ONPL). Il sera dirigé par le chef Nicolas Guiraud, l’arrangeur des musiques des films de Claude Lelouch. Il comptera parmi ses solistes Randy Kerber le grand pianiste, claviériste, compositeur et orchestrateur américain qui a travaillé sur plus de 800 films dont Titanic, Lincoln, Harry Potter et Forrest Gump (le piano au début et à la fin du film c’est lui) ou encore La La Land (c’est lui qui double au piano Ryan Gosling) et qui a été nommé aux Oscars avec Quincy Jones pour la musique du film La Couleur Pourpre (il a également collaboré aux côtés des plus grands artistes de la variété américaine comme Michaël Jackson, Whitney Houston, Barbra Streisand, Céline Dion...)."

    Voici les 5 longs-métrages en compétition parmi lesquels je peux d'ores et déjà recommander Le Fil de Daniel Auteuil et Le roman de Jim d'Arnaud Larrieu et Jean-Marie Larrieu, deux films remarquables vus au dernier Festival de Cannes (section Cannes Première) dont vous pourrez retrouver mes critiques ici dans les jours prochains.

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    Cette année, le festival a également la bonne idée de proposer 4 documentaires musicaux en compétition. Le documentaire My way de Thierry Teston sera également projeté dans le cadre du festival.

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    Comme chaque année, la compétition des courts métrages constituera aussi un des temps forts du festival.

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    Le festival sera aussi l'occasion de découvrir 5 longs-métrages hors compétition parmi lesquels Prodigieuses de Frédéric Potier et Valentin Potier, en ouverture, mais aussi D'un film à l'autre, dont je vous parle en bas de cet article.

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    Sera également projeté le film de Michel Hazanavicius, La plus précieuse des marchandises, qui figurait en compétition du 77ème Festival de Cannes, par ailleurs lauréat du Prix de la Semaine du Cinéma Positif.

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    Sera également projeté le film Seul de Pierre Isoard (avec le président du jury Samuel Lebihan).

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    Trois "coups de projecteur" seront également projetés hors compétition.

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    Le festival proposera trois rencontres et master class : avec Vincent Delerm, Claude Lelouch et Franck Dubosc.

    Les amateurs de frissons et sueurs froides ne seront pas en reste avec la séance de minuit consacrée à Nous les zombies de RKSS.

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    Le festival, comme chaque année, proposera deux films classiques, Les Misérables de Claude Lelouch et Les Parapluies de Cherbourg de Jacques Demy. 

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    Enfin, le jeune (et moins jeune) public pourra se régaler avec Petit Panda en Afrique.

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    J'en profite enfin pour vous dire que, après le Salon Livres et Musiques de Deauville, et le Festival de Cannes, j'aurai le plaisir de dédicacer mon roman La Symphonie des rêves (qui a en partie le Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule pour cadre, une ode à la puissance émotionnelle de la musique, notamment la musique de films), après la séance du film Il était une fois Michel Legrand, le vendredi 28 juin à 18h, dans le hall du cinéma Le Gulf Stream. Et voilà un hasard et une coïncidence qui ne devraient pas déplaire à Claude Lelouch. Dans ce roman, comme fils directeurs figurent en effet les films de Jacques Demy et les musiques de Michel Legrand auxquels sont consacrés deux documentaires projetés dans le cadre de ce Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule 2024. Je vous en dis aussi davantage sur ce roman et ma passion pour les musiques de films dans cette interview.

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    Parmi les films évoqués dans le roman, figurent aussi des films qui furent projetés à La Baule comme La Tortue rouge de Michael Dudok de Wit.

    Pour en savoir plus sur le Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule, et pour réserver vos pass, rendez-vous sur le site officiel du festival.

    CRITIQUE - D'un film à l'autre

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    Lelouch. Prononcez ce nom et vous verrez immédiatement l’assistance se diviser en deux. D'un côté, les adorateurs qui aiment : ses fragments de vérité, ses histoires d’amour éblouissantes, sa vision romanesque de l’existence, sa sincérité, son amour inconditionnel du cinéma, ses aphorismes récurrents, une musique et des sentiments grandiloquents, la beauté parfois cruelle des hasards et coïncidences. De l'autre, les détracteurs qui lui reprochent son sentimentalisme et tout ce que les premiers apprécient, et sans doute de vouloir raconter une histoire avant tout, que la forme soit au service du fond et non l’inverse. Je fais partie de la première catégorie et tant pis si pour cela je dois subir la condescendance des seconds. Le cinéma est pour moi avant tout affaire de passion, de sincérité, d’audace et quoiqu’en disent ses détracteurs, le cinéma de Claude Lelouch se caractérise par ces trois éléments comme le démontre magnifiquement de documentaire « D’un film à l’autre » réalisé à l’occasion des 50 ans des films 13.  Un documentaire qui résume un demi-siècle de cinéma du Propre de l’homme à Ces amours-là.

    Ayant pourtant lu l’autobiographie de Claude Lelouch (Itinéraire d’un enfant très gâté, Robert Laffont) que je vous recommande et ayant vu un grand nombre de ses films, j’ai néanmoins appris pas mal d’anecdotes et en ai réentendu d’autres comme l’histoire de la rencontre de ses parents auquel fera formidablement écho la remise de son Oscar des années plus tard (je vous laisse la découvrir si vous ne connaissez pas l’anecdote). Magnifique hasard à l’image de ceux qu’il met en scène.

    Un parcours fait de réussites flamboyantes et d’échecs retentissants. « C’est plus difficile aujourd’hui de sortir d’un échec, aujourd’hui la terre entière est au courant. A l’époque, cela restait confidentiel. Derrière un échec on peut rebondir autant qu’on veut si on ne demande rien aux autres. Etant donné que j’ai toujours été un spécialiste du système D, j’ai toujours trouvé le moyen de tourner des films » a-t-il précisé lors du débat qui avait suivi la projection lors de laquelle j'avais vu ce documentaire.

     La plus flamboyante de ses réussites fut bien sûr Un homme et une femme, palme d’or à Cannes en 1966, Oscar du meilleur film étranger et du meilleur scénario parmi 42 récompenses … à 29 ans seulement ! Film que Claude Lelouch a, comme souvent réalisé, après un échec. Ainsi le 13 septembre 1965, désespéré, il roule alors vers Deauville où il arrive la nuit, épuisé. Réveillé le matin par le soleil, il voit une femme depuis sa voiture,  elle  marche sur la plage avec un enfant et un chien. Sa « curiosité est alors plus grande que la tristesse ». Il commence à imaginer ce que peut faire cette femme sur cette plage, avec son enfant, à cette heure matinale. Cela donnera Un homme et une femme, la rencontre de deux solitudes blessées qui prouve que les plus belles histoires sont les plus simples et que la marque du talent est de les rendre singulières et extraordinaires.

    Une histoire que vous redécouvrirez parmi tant d’autres comme les derniers instants de Patrick Dewaere,  et une multitude d’autres hasards et coïncidences et d’histoires sur les uns et les autres que Lelouch nous raconte en voix off, avec passion et sincérité, comme un film, celui de son existence, une existence à 100 à l’heure, à foncer et ne rien regretter à l’image de son court-métrage C'était un rendez-vous qui ouvre le documentaire. L’histoire d’une vie et une histoire, voire une leçon, de cinéma. Claude Lelouch souligne notamment l’importance de la musique tellement importante dans ses films : « L’image, c’est le faire-valoir de la musique ». « Chaque nouvelle invention modifie l’écriture cinématographique. Mes gros plans c’est ma dictature, et les plans larges c’est ma démocratie, et pas de plan moyen. » a-t-il précisé lors du débat. « Le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui va très vite et on n’a plus le temps de lire le mode d’emploi alors que de mon temps on avait le temps de lire le  mode d’emploi mais il y a quelque chose qui n’a pas fait de progrès c’est l’amour.  La montée et la descente d’une histoire d’amour  m’ont toujours fasciné. »

    Claude Lelouch est né avec la Nouvelle Vague qui ne l’a jamais reconnu sans doute parce que lui-même  n’avait « pas supporté que les auteurs de la Nouvelle Vague aient massacré Clouzot,  Morgan, Decoin, Gabin », tous ceux qui lui ont fait aimer le cinéma alors qu’il trouvait le cinéma de la Nouvelle Vague « ennuyeux ».

     Quel bonheur de revoir Jean-Paul Belmondo, Jacques Villeret, Yves Montand, Annie Girardot,  Jean Louis Trintignant, Anouk Aimée, Fabrice Luchini Evelyne Bouix, Catherine Deneuve, Lino Ventura, Fanny Ardant,  Francis Huster, Alessandra Martines, tantôt irrésistibles ou bouleversants, parfois les deux, magnifiés par la caméra de Claude Lelouch qui sait si bien, par sa manière si particulière de tourner et surtout de diriger les acteurs, capter ces fameux fragments de vérités. « Les parfums de vérité plaisent au public français. Donner la chair de poule, c’est l’aristocratie de ce métier. » Comment ne pas être ému en revoyant Annie Girardot dans Les Misérables ( film qui lui vaudra ce César de la meilleure actrice dans un second rôle, en 1996, et sa déclaration d’amour éperdue au cinéma ), Jean-Paul Belmondo et Richard Anconina dans Itinéraire d’une enfant gâté (d'ailleurs projeté à La Baule, il y a quelques années) ? Des extraits comme autant de courts-métrages qui nous laissent un goût d’inachevé et nous donnent envie de revoir les films de Lelouch.

    « Il n’y a pas de vraies rencontres sans miracles » d’après Claude Lelouch et chacun de ces miracles en a donné un autre, celui du cinéma.  «L’idée était de raconter l’histoire des films 13 et comment je suis allée d’un miracle à l’autre car un film est toujours un miracle. »

    Alors tant pis si une certaine critique continue de le mépriser (il y est habitué lui dont un critique clairvoyant disait à ses débuts  "Claude Lelouch... Souvenez-vous bien de ce nom. Vous n'en entendrez plus jamais parler.")  voire les professionnels de la profession ( car  comme il le dit lui-même :  « Un seul critique qui compte sur moi, c’est le temps qui passe ».

     Alors si comme moi, vous aimez le cinéma de Claude Lelouch et les fragments de vérité, si vous croyez aux  hasards et coïncidences, fussent-ils improbables, ne manquez pas ce documentaire qui est aussi la leçon d’une vie d’un homme  qui a su tirer les enseignements de ses succès et surtout de ses échecs et d’un cinéaste qui a sublimé l’existence et les acteurs, ce dont témoigne chaque seconde de ce documentaire passionnant, l'itinéraire d'un enfant gâté, passionné fou de cinéma.

  • Palmarès des Paris Film Critics Awards 2024

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    « Telle est la vie des hommes. Quelques joies, très vite effacées par d'inoubliables chagrins. Il n'est pas nécessaire de le dire aux enfants. » Cette phrase de Marcel Pagnol a été citée dans l’introduction du magnifique discours de Vincent Lindon, le récipiendaire du Prix d’honneur des Paris Film Critics Awards 2024 dont a eu lieu hier soir la troisième édition, particulièrement réussie. Des joies, le cinéma m’en a procuré tant, devant et au-delà de l’écran, fiction et réalité s’entrelaçant parfois en un tango endiablé.  Des joies à l’image de celles procurées par les films primés cette année.

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    Damien Chazelle © Paris Film Critics

    En tête des lauréats figurent ainsi 2 films (4 récompenses chacun) pour lesquels j'avais partagé longuement mon enthousiasme ici : Anatomie d’une chute de Justine Triet  (meilleur film, meilleure actrice pour Sandra Hüller, meilleur scénario original, meilleur montage) et Babylon de Damien Chazelle (meilleur réalisateur, Brad Pitt meilleur acteur dans un second rôle, meilleure musique originale, meilleurs décors).

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    Le jury des Paris Film Critics Awards est constitué d’un collège de votants composé de 100 critiques et journalistes professionnels de cinéma et culture basés à Paris (l’académie des Paris Film Critics) dont j’ai le plaisir de faire partie. L’académie en question désigne ainsi les meilleurs longs-métrages (sortis en salles ou sur des plateformes durant l’année 2023) et talents du cinéma français et international en compétition lors de cette 3ème édition des Paris Film Critics Awards.

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    Créés à l’initiative de Sam Bobino (fondateur & co-président du Festival du Film de La Baule -vous pouvez retrouver ici mon compte-rendu de la dernière édition de ce festival-, délégué général de la Semaine du Cinéma Positif à Cannes), les 3èmes Paris Film Critics Awards ont été décernés lors d’une cérémonie qui a eu lieu ce 4 février  au Silencio des Prés, présentée par les journalistes et membres de l’académie, Elodie Suigo (France Info) et Kevin Elarbi (Canal+ / Le Cercle).

    À l’image des New York Film Critics Circle Awards, Los Angeles Film Critics Association Awards ou London Critics Film Awards, les Paris Film Critics Awards récompensent chaque année le meilleur du cinéma mondial.

    Parmi les nouveautés cette année : la création de trois nouveaux prix, celui des meilleurs costumes, de la contribution exceptionnelle au cinéma et celui rendant hommage à une institution majeure du cinéma (cette année, la Warner Bros.).

    Le palmarès de la première édition des Paris Film Critics Awards avait couronné beaucoup de films français et avait ainsi témoigné de la diversité de la production cinématographique française, ce qui fut d'ailleurs à nouveau le cas l’an passé. En 2022, c’est ainsi le long-métrage de Xavier Giannoli, Illusions perdues, qui avait reçu le Paris Film Critics Awards du meilleur film tandis que son acteur Vincent Lacoste recevait celui du meilleur second rôle masculin pour cette adaptation magistrale du chef-d’œuvre de Balzac. Vous pouvez retrouver mon compte-rendu complet de cette première édition des Paris Film Critics Awards ainsi que le palmarès, dans mon article, ici. L’an passé, La Nuit du 12 avait été élu meilleur film de l’année. Le film de Dominik Moll avait également reçu le prix de la meilleure adaptation et du meilleur second rôle féminin par Anouk Grinberg. Je vous invite à lire mon récit complet de la cérémonie 2023 et le détail du palmarès ici.

    Cette année, c'est donc à nouveau un film français qui a reçu le Paris Film Critics Award du film de l'annnée.

    Cette cérémonie a également rendu hommage à deux figures marquantes du cinéma international en attribuant un prix d’honneur à Vincent Lindon et un prix pour l’ensemble d’une carrière à Jerry Schatzberg (à l’issue de la cérémonie a été également diffusé le documentaire de Pierre Filmon, Jerry Schatzberg portrait paysage, dont vous pouvez lire ma critique en bas de cet article).

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    Un prix de la contribution exceptionnelle au cinéma a également été attribué au critique de cinéma récemment disparu, Michel Ciment.

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    « Tout art aspire à la musique », « Il n’y a rien de plus magique qu’un tournage de film ». Ces deux citations extraites de Babylon de Damien Chazelle donnent une idée de l’impression qui subsiste après ce voyage étourdissant, cette épopée à dessein cacophonique et fougueuse qui exhale une fièvre qui nous emporte comme un morceau de jazz échevelé, ce jazz qui parcourt le film avec cette bo remarquable, énergique et entêtante, tantôt lyrique tantôt sauvage, signée Justin Hurwitz. La musique sert aussi de lien dans ce film de désordres assumés.  Un film délicieusement excessif qui trouve indéniablement la musique à laquelle il aspire. Puissante. Envoûtante. Démente.  Un film d’une captivante extravagance, effervescent et mélancolique, un chaos étourdissant aussi repoussant qu’envoûtant, qui heurte et emporte, une parabole du cinéma avec son mouvement perpétuel, dont vous ne pourrez que tomber amoureux si vous aimez le cinéma parce qu’il en est la quintessence éblouissante et novatrice.

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    Avec Anatomie d’une chute, Justine Triet et Arthur Harari (coscénariste) livrent un film palpitant sur le doute, le récit, la vérité, la complexité du couple, et plus largement des êtres. Un film qui fait une confiance absolue au spectateur. Un film dont le rythme ne faiblit jamais, que vous verrez au travers du regard de Daniel, l'enfant que ce drame va faire grandir violemment, comme lui perdu entre le mensonge et la vérité, juge et démiurge d’une histoire qui interroge avec maestria les pouvoirs et les dangers de la fiction. Sandra Hüller, récompensée hier, est impressionnante d’opacité, de froideur, de maitrise, d’ambiguïté dans ce personnage de femme libre à la personnalité retorse. Plus que de vérité, il est question de réécriture de la vérité, de choix de récit et c’est aussi cela, ce questionnement sur l’écriture, qui rend cette histoire passionnante.

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    Si le lauréat du Paris Film Critics Award du documentaire, signé Kaouther Ben Hania, Les Filles d’Olfa interroge aussi la notion de vérité, il nous interpelle également sur le cycle de la violence. Une mise en abyme, une théâtralisation du réel intéressante pour les questions avec lesquelles elle nous laisse et que cela fait émerger, les doutes sur la réécriture de la réalité. Finalement, c’est aussi à une « anatomie d’une chute » que procède Kaouther Ben Hania, presque une enquête pour comprendre comment deux jeunes filles gaies et lumineuses ont pu ainsi se radicaliser, se tourner vers la noirceur, l’obscurantisme et la violence aveugle et inouïe. La musique d’Amine Bouhafa amplifie encore l’émotion. Par ce dispositif, la réalisatrice exalte aussi le rôle de la parole, là où elle n’était plus possible avec celles qui ne voulaient plus entendre que leur vérité, dogmatique. Le dernier regard face caméra nous hantera longtemps et renforce nos interrogations. Ce documentaire qui ne cède jamais au manichéisme, et qui brouille intelligemment la frontière entre réalité et fiction, pour mieux enfanter la vérité, est aussi original que fascinant, citoyen, instructif et poignant.

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    Kaouther Ben Hania, Nadim Cheikhrouha © Rachid Bellak

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    Bravo également à Ella Rumpf pour son prix de la meilleure révélation féminine pour un film dont je vous avais longuement parlé à l'occasion du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule 2023, dans le cadre duquel je l'avais découvert : Le Théorème des Marguerite d'Anna Novion. Un sublime portrait de femme et une brillante dissection métaphorique des effets de la création, de la solitude et de l'abnégation qu'elle implique, mais surtout un film sensible, parfaitement écrit et interprété, passionnant de la première à la dernière seconde.

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    Ella Rumpf © Jérôme Domine

    Le prix d'honneur attribué à Vincent Lindon récompense les quarante ans de carrière d’un artiste complet, prix d’interprétation au Festival de Cannes en 2015 pour La loi du Marché de Stéphane Brizé, suivi d’un César en 2016, un film qu’il a également co-produit tout comme Un autre monde (2021) du même Stéphane Brizé. Mais aussi interprète principal et inoubliable dans des films incontournables du cinéma français comme La Crise de Coline Serreau (1992), Fred et Ma Petite Entreprise de Pierre Jolivet (1997 et 1999), La Moustache d’Emmanuel Carrère (2004), Welcome de Philippe Lioret (2009), Mademoiselle Chambon de Stéphane Brizé (2009), Pater d’Alain Cavalier – dont il est aussi co-scénariste – (2011), Quelques heures de Printemps de Stéphane Brizé (2012), Rodin de Jacques Doillon (2017), En Guerre de Stéphane Brizé (2018) ou plus récemment Titane de Julia Ducournau (Palme d’or à Cannes en 2021), Enquête sur un Scandale d’État de Thierry de Peretti (2021), Un autre Monde – pour lequel il retrouve Stéphane Brizé – (2021) et Avec Amour et Acharnement de Claire Denis (2022). En 2022, il a été président du jury de la 75ème édition du Festival de Cannes où il a succédé à Spike Lee. Vincent Lindon est actuellement à l’affiche de la nouvelle série phare de Canal+, D’Argent et de Sang, créée par Xavier Giannoli et dans laquelle il tient le rôle principal. On le retrouvera prochainement dans les nouveaux films de Nicolas Boukhrief, Delphine et Muriel Coulin, Gilles Bourdos et Quentin Dupieux.

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    Vincent Lindon et Sam Bobino © Jérôme Domine

     

    Quelques oubliés du palmarès (qui figuraient parmi les films en lice, l'occasion pour moi de vous en parler à nouveau afin de vous inciter à les découvrir de même que les films figurant au palmarès) :

    -The Fabelmans : la une déclaration d’amour fou à ses parents et au cinéma de Spielberg. Film mélancolique, flamboyant, intime et universel. Ode aux rêves qu’il faut poursuivre coûte que coûte, malgré le danger, comme on pourchasserait une tornade dévastatrice. Un film sur le pardon, la curiosité. À fleur de peau. À fleur d’enfance. La force du cinéma en un film. Le cinéma qui transcende, transporte, révèle. Qui mythifie la réalité et débusque le réel. Le cinéma qui éclaire et sublime la réalité comme une danse à la lueur des phares. L’art cathartique aussi comme instrument de distanciation. L’art qui capture la beauté, même tragique. 

     - Tár, avec Cate Blanchett, prodigieuse dans cette ode à la polysémie et à la complexité humaines et artistiques, aussi palpitante qu’un thriller dont l’énigme consiste à découvrir qui était Linda Tarr devenue Lydia Tár.  La force du film réside dans le fait de ne pas la lever totalement, donnant juste quelques pistes dans l'alcôve d'une modeste maison d'enfance américaine dans laquelle elle croise un frère dédaigneux.

    Parmi les oubliésn India Hair, magistrale dans le premier long-métrage de Delphine Deloget, Rien à perdre, mais aussi Koji Yakusho, l’acteur de Perfect days, la promenade poétique de Wim Wenders dont on ressort avec l’envie de croire en tous les possibles de l’existence que ce film esquisse avec une infinie délicatesse.

    Je regrette que The Son de Florian Zeller n'ait pas été récompensé pour l'adaptation, seul prix pour lequel ce film était nommé. Un film sur les cœurs déchirés, meurtris, inconsolables, dévorés par la souffrance, l’impuissance ou la culpabilité. Une magistrale tragédie universelle dont la réalisation fait contraster ces espaces gris et déshumanisés de New York avec les jours ensoleillés, épousant l’instabilité des êtres, avec la caméra qui caresse les espaces inertes ou un chapeau qui s’égare dans les flots pour dire les souvenirs broyés, ou encore pour chavirer devant la beauté lumineuse, fugace et renversante d’une danse au son de It’s not unusual de Tom Jones puis de Wolf de Awir Leon, une joie évincée en un éclair comme le sera un personnage par un brillant mouvement de caméra.

    Autre oublié, le long-métrage renversant d’émotions de Charlotte Wells, Aftersun en premier film, un film avec un dernier plan inoubliable. Un dernier plan qui évoque le vide et le mystère que laissent les (êtres et moments, essentiels) disparus, et les instants en apparence futiles dont on réalise trop tard qu’ils étaient cruciaux, fragiles et uniques. Celui du manque impossible à combler. Celui du (couloir) du temps qui dévore tout. Mais Chien de la casse, qui a reçu ce prix, le méritait en effet au moins autant.

    - Le scénario de L’Innocence de Kore-eda (récompensé lors du dernier Festival de Cannes) ne pouvait que figurer parmi les nommés même s'il était sans doute difficile de rivaliser avec celui d'Anatomie d'une chute qui a obtenu cette récompense. Un film qui, là aussi, incarne toute la beauté et la force du cinéma : sonder la complexité des êtres, nous perdre pour mieux nous aider à trouver une vérité, nous trouver aussi parfois, nous éblouir pour nous éclairer (avec ces  plans du début et de fin, enflammé pour l’un et irradié pour l’autre, qui se répondent). Un film doux et poétique sur la rugosité des êtres et de la société japonaise, sur l’enfance et ses cruautés. Un film labyrinthique qui nous ramène à la source du tunnel et du secret qu’il traque comme dans un polar, celui des mystères de l’adolescence et de la fausse innocence des adultes. Un film sur les blessés de la vie, thème cher au cinéaste, comme la famille. Scénario et réalisation magistraux à l’unisson portés par la sublime ultime bo de Ryuichi Sakamoto. 

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    MEILLEUR FILM

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    Marie-Ange_Luciani David Thion © Rachid Bellak

    ANATOMIE D’UNE CHUTE / Justine Triet 
    BABYLON / Damien Chazelle
    JE VERRAI TOUJOURS VOS VISAGES / Jeanne Herry
    KILLERS OF THE FLOWER MOON / Martin Scorsese
    OPPENHEIMER / Christopher Nolan
    L’ENLÈVEMENT / Marco Bellocchio
    THE FABELMANS / Steven Spielberg

    MEILLEUR.E RÉALISATEUR.TRICE

    CHRISTOPHER NOLAN / Oppenheimer
    DAMIEN CHAZELLE / Babylon 
    JUSTINE TRIET / Anatomie d’une chute
    STEVEN SPIELBERG / The Fabelmans
    THOMAS CAILLEY / Le Règne animal
    MARCO BELLOCCHIO / L’Enlèvement
    JEANNE HERRY / Je verrai toujours vos visages

    MEILLEURE ACTRICE

    CATE BLANCHET / Tar
    CATHERINE DENEUVE / Bernadette
    HAFSIA HERZI / Le Ravissement
    LEA DRUCKER / L’Été Dernier
    LILY GLADSTONE / Killers of the Flower Moon
    MARION COTILLARD / Little Girl Blue
    SANDRA HÜLLER / Anatomie d’une chute 

    MEILLEUR ACTEUR

    ARIEH WORTHALTER / Le Procès Goldman 
    BENJAMIN LAVERNHE / L’Abbé Pierre – Une vie de combats
    CILLIAN MURPHY / Oppenheimer
    KOJI YAKUSHO / Perfect Days
    PAUL GIAMATTI / Winter Break
    RAPHAËL QUENARD / Yannick
    VINCENT LACOSTE / Le Temps d’aimer

    MEILLEURE ACTRICE DANS UN SECOND RÔLE

    ADÈLE EXARCHOPOULOS / Je verrai toujours vos visages
    BLANCHE GARDIN / Le livre des solutions
    DA’VINE JOY RANDOLPH / Winter Break
    EMILY BLUNT / Oppenheimer
    INDIA HAIR / Rien à Perdre
    MICHÈLE WILLIAMS / The Fabelmans
    NOÉMIE MERLANT / Tar

    MEILLEUR ACTEUR DANS UN SECOND RÔLE

    BRAD PITT / Babylon 
    LOUIS GARREL / Les Trois Mousquetaires : D’Artagnan
    RAPHAËL QUENARD / Chien de la Casse
    ROBERT DE NIRO / Killers of the Flower Moon
    ROBERT DOWNEY JR. / Oppenheimer
    ROMAIN DURIS / Le Règne Animal
    RYAN GOSLING / Barbie

    MEILLEURE RÉVÉLATION FÉMININE

    CARRIE CROWLEY / The Quiet Girl
    ELLA RUMPF / Le Théorème de Marguerite (Lauréat)
    KIM HIGELIN / Le Consentement
    MAGALIE LÉPINE-BLONDEAU / Simple Comme Sylvain
    MIA MCKENNA-BRUCE / How To Have Sex
    STEPHANE CAILLARD / Flo
    SUZY BEMBA / Le Retour

    MEILLEURE RÉVÉLATION MASCULINE

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    Raphael Quenard © Rachid Bellak

    ARTHUR HARARI / Le Procès Goldman
    DIEGO CALVA / Babylon
    GABRIEL LABELLE / The Fabelmans
    MILO MACHADO GRANER / Anatomie d’une chute
    PAUL KIRCHER / Le Règne Animal
    RAPHAËL QUENARD / Chien de la casse 
    SAMUEL KIRCHER / L’Été Dernier

    MEILLEUR SCÉNARIO ORIGINAL

    ANATOMIE D’UNE CHUTE / Justine Triet, Arthur Harari 
    BABYLON / Damien Chazelle
    JE VERRAI TOUJOURS VOS VISAGES / Jeanne Herry
    LE PROCES GOLDMAN / Cédric Khan, Nathalie Herzberg
    LE RÈGNE ANIMAL / Thomas Cailley, Pauline Munier
    L’INNOCENCE / Yüji Sakamoto
    THE FABELMANS / Steven Spielberg, Tony Kushner

    MEILLEURE ADAPTATION

    KILLERS OF THE FLOWER MOON / Eric Roth, Martin Scorsese 
    LE CONSENTEMENT / Vanessa Fiho, Vanessa Springora, François Pirot
    LES ALGUES VERTES / Pierre Jolivet, Inès Léraud
    LES TROIS MOUSQUETAIRES : D’ARTAGNAN / Alexandre de La Patellière, Mathieu Delaporte
    MON CRIME / François Ozon
    OPPENHEIMER / Christopher Nolan
    THE SON / Christopher Hampton, Florian Zeller

    MEILLEURE PHOTOGRAPHIE

    ANATOMIE D’UNE CHUTE / Simon Beaufils
    BABYLON / Linus Sandgren
    KILLERS OF THE FLOWER MOON / Rodrigo Prieto
    LA FEMME DE TCHAÏKOVSKI / Vladislav Opelyants
    LE RÈGNE ANIMAL / David Cailley
    OPPENHEIMER / Hoyte van Hoytema 
    THE FABELMANS / Janusz Kaminski

    MEILLEUR MONTAGE

    ANATOMIE D’UNE CHUTE / Laurent Sénéchal 
    BABYLON / Tom Cross
    KILLERS OF THE FLOWER MOON / Thelma Schoonmaker
    LE RÈGNE ANIMAL / Lilian Corbeille
    LE LIVRE DES SOLUTIONS / Élise Fievet
    OPPENHEIMER / Jennifer Lame
    TAR / Monika Willi

    MEILLEURE MUSIQUE ORIGINALE

    BABYLON / Justin Hurwitz 
    DISCO BOY / Vitalic
    LE GARÇON ET LE HÉRON / Joe Hisaiishi
    LE RÈGNE ANIMAL / Andrea Laszlo De Simone
    LINDA VEUT DU POULET ! / Clément Ducol
    OPPENHEIMER / Ludwig Göransson
    THE FABELMANS / John Williams

    MEILLEURS DÉCORS

    BABYLON / Florencia Martin 
    BARBIE / Sarah Greenwood
    KILLERS OF THE FLOWER MOON / Jack Fisk
    LES TROIS MOUSQUETAIRES :
    D’ARTAGNAN / Stéphane Taillasson
    MON CRIME / Jean Rabasse
    OPPENHEIMER / Ruth De Jong
    THE FABELMANS / Rick Carter

    MEILLEURS COSTUMES

    BABYLON / Mary Zophres
    BARBIE / Jacqueline Durran
    KILLERS OF THE FLOWER MOON / Jacqueline West
    LA FEMME DE TCHAÏKOVSKI / Dimitri Andreïev
    L’ENLÈVEMENT / Sergio Ballo, Daria Calvelli
    LES TROIS MOUSQUETAIRES : D’ARTAGNAN / Thierry Delettre 
    NAPOLÉON / David Crossman, Janty Yates

    MEILLEUR PREMIER FILM

    AFTERSUN / Charlotte Wells
    BERNADETTE / Léa Domenach
    CHIEN DE LA CASSE / Jean-Baptiste Durand 
    HOW TO HAVE SEX / Molly Manning Walker
    LE RAVISSEMENT / Iris Kaltenback
    RIEN À PERDRE / Delphine Deloget
    VINCENT DOIT MOURIR / Stéphan Castang

    MEILLEUR FILM D’ANIMATION

    INTERDIT AUX CHIENS ET AUX ITALIENS / Alain Ughetto
    LE GARÇON ET LE HÉRON / Hayao Miyazaki
    LINDA VEUT DU POULET ! / Chiara Malta, Sébastien Laudenbach
    MARS EXPRESS / Jérémie Périn 
    MON AMI ROBOT / Pablo Berger
    SPIDER MAN : ACROSS THE SPIDER-VERSE / Joaquim Dos Santos, Kemp Powers, Justin K. Thompson
    SUZUME / Makoto Shinkai

    MEILLEUR DOCUMENTAIRE

    LA RIVIÈRE / Dominique Marchais
    LES FILLES D’OLFA / Kaouther Ben Hania 
    LITTLE GIRL BLUE / Mona Achache
    NOTRE CORPS / Claire Simon
    SUR L’ADAMANT / Nicolas Philibert
    TOUTE LA BEAUTÉ ET LE SANG VERSÉ / Laura Poitras
    VOYAGE AU PÔLE SUD / Luc Jacquet

    MEILLEURE SÉRIE (ou Mini-Série)

    D’ARGENT ET DE SANG / Xavier Giannoli 
    LA NUIT OU LAURIER GAUDREAULT S’EST RÉVEILLÉ / Xavier Dolan
    POLAR PARK / Gérald Hustache-Mathieu
    SAMBRE / Alice Géraud, Marc Herpoux
    SUCCESSION / Jesse Armstrong
    TAPIE / Tristan Séguéla, Olivier Demangel
    TOUT VA BIEN / Camille de Castelnau

    PRIX D’HONNEUR / HONORARY AWARD

    VINCENT LINDON

    PRIX POUR L’ENSEMBLE D’UNE CARRIÈRE

    JERRY SCHATZBERG

     PRIX DE LA CONTRIBUTION EXCEPTIONNELLE AU CINÉMA

    MICHEL CIMENT

    PRIX DE LA MEILLEURE CONTRIBUTION À L’ART DU CINÉMA

    WARNER BROS.

     

    CRITIQUE DE JERRY SCHATZBERG, PORTRAIT PAYSAGE de PIERRE FILMON

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    Je vous avais déjà parlé de Pierre Filmon, l’an passé, à l’occasion de la sortie de Entre deux trains (Long Time No See), son deuxième long-métrage et son premier long-métrage de fiction pour lequel j’avais eu un énorme coup de cœur. Je vous le recommande à nouveau vivement. Il est désormais disponible en DVD chez Tamasa éditions. Il a d’ailleurs reçu de nombreux prix dans le monde. Il a ainsi parcouru 35 festivals internationaux et 17 pays. Pierre Rochefort a obtenu le prix du meilleur acteur en Espagne. Au Chili, le film a obtenu le prix du Best fiction film. En Inde, au Rajasthan IFF, Pierre Filmon a obtenu deux prix : honorary Award et best directeur. Au Kosovo, le film a obtenu le prix du meilleur film… Et si cela ne suffisait pas pour vous convaincre de le découvrir, vous trouverez à nouveau ma critique ci-dessous.

    Pierre Filmon a réalisé plusieurs courts-métrages et son premier long-métrage, Close encounters with Vilmos Zsigmond, était en Sélection officielle au Festival de Cannes 2016 dans le cadre de Cannes Classics. Ce documentaire est consacré à Vilmos Zsigmond, formidable directeur de la photographie qui a travaillé avec les plus grands réalisateurs : Robert Altman, John Boorman, Steven Spielberg, Brian de Palma, Peter Fonda et… Jerry Schatzberg.

    C’est justement à ce dernier que Pierre Filmon a donc consacré ce dernier documentaire : Jerry Schatzberg, portrait paysage, qui se focalise sur « l’univers photographique de Jerry Schatzberg, jeune homme de 95 ans, le dernier des Mohicans du Nouvel Hollywood, photographe et cinéaste qui a réalisé des films avec Al Pacino, Gene Hackman, Meryl Streep, Faye Dunaway et Morgan Freeman et a obtenu une Palme d’Or en 1973 pour L’épouvantail». Le film a été présenté en Première Mondiale à la 79ème Mostra, en septembre dernier.

    Entre deux trains transpirait déjà la passion du cinéma, avec de nombreuses influences, d’Agnès Varda à David Lean. Et c’est cette même passion de l’art du passionné Pierre Filmon que l’on retrouve dans ce documentaire qui s’intéresse au travaille de photographe de Jerry Schatzberg. Même si vous ne connaissiez pas son travail, vous aviez forcément vu une de ses plus célèbres photos, celle, sublimissime, de Faye Dunaway, auréolée de noir, qui avait été mise à l’honneur sur l’affiche du Festival de Cannes 2011, modèle de grâce, d’épure, de sobriété, de sophistication, de mystère, de classe, de glamour, et même pourvue d’une certaine langueur… Cette photo avait été prise par Jerry Schatzberg en 1970.

    Le documentaire de Pierre Filmon qui est le plus beau des hommages au travail remarquable et fascinant de Jerry Schatzberg est un dialogue de ce dernier avec le critique Michel Ciment au gré d’une exposition lors de laquelle il croise des portraits (dont, d’ailleurs, le sien), l’occasion de revenir sur ces fabuleuses rencontres qui ont donné lieu à ces photos singulières et marquantes. Ce plan-séquence permet de découvrir la richesse, la profondeur, la diversité du travail de l’artiste né dans le Bronx en 1927 (un an avec Kubrick au même endroit !) découvert par Pierre Ricient qui s’est battu pour que son premier film sorte en France. Rien ne prédestinait à la photographie et au cinéma celui qui travailla d’abord comme fourreur, comme son père, (ce qu’il détesta) avant de commencer comme assistant photographe pour le New York Times jusqu’ à devenir ce photographe immensément talentueux qui parvient toujours à capter quelque chose de la vérité des êtres (que ce soit de la toute jeune Catherine Deneuve, Aretha Franklin ou un enfant inconnu ou même des photos de nus) même dans des photos plus sophistiquées.

    Michel Ciment a rappelé quel découvreur de talents il a aussi été, ayant notamment à son actif les découvertes d’Al Pacino ou Guillaume Canet qu’il avait fait tourner dès 2001 dans The day the ponies come back. « Ce qui le caractérisé, c'est de faire du mouvement, du presque cinéma dans un décor naturel réaliste» a expliqué hier Michel Ciment. Ce fut «le contraire pour Bob Dylan»  avec des photos en studio dans lesquelles Schatzberg a « capté sa sensibilité, son intelligence et son charisme » a souligné Michel Ciment. Par ailleurs, pour ce dernier, « pas un seul metteur en scène américain n’a fait à la suite trois films aussi extraordinaires ».

    Ce travail en petite équipe, 4 personnes avec Olivier Chambon qui avait déjà été le filmeur de la séquence sur Jerry Schatzberg dans le film de Pierre Filmon sur Vilmos Zsigmond, procure tout son caractère intimiste, sincère et naturel à ce documentaire.

    Michel Ciment a conclu en disant que « le rapport émotionnel avec le sujet est très important » et que Jerry Schatzberg est un « esthète, grand metteur en scène formel mais qui s'intéresse aussi aux émotions, aux rapports humains comme c'est le cas de tous les grands metteurs en scène. Le public vient au cinéma pour ressentir des émotions. C'est ce travail formel qui lui permet d’accéder aux émotions. » C’est sans aucun doute aussi le cas du cinéma de Pierre Filmon qui cherche toujours à saisir l’émotion, par la fiction ou le documentaire.

    Il se pourrait qu’il y ait une suite. Espérons-le tant ce documentaire nous donne envie d’en savoir plus sur Jerry Schatzberg mais aussi de retrouver le regard aiguisé, passionné et enthousiaste de Pierre Filmon sur celui-ci et sur le cinéma en général.

    Pour en savoir plus : http://pierrefilmon.com.

    Et pour le Silencio des Prés : https://lesilencio.com/  

  • PARIS FILM CRITICS AWARDS 2024 : nominations, Prix d'honneur décerné à Vincent Lindon et projection du documentaire de Pierre Filmon

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    Comme chaque année, avec le mois de janvier vient l’heure de l’annonce des nominations pour les Paris Film Critics Awards dont ce sera cette année la 3ème édition et dont j’ai toujours le plaisir de faire partie du jury constitué d’un collège de votants composé de 100 critiques et journalistes professionnels de cinéma et culture basés à Paris (l’académie des Paris Film Critics). L’académie en question désigne ainsi les meilleurs longs-métrages (sortis en salles ou sur des plateformes durant l’année 2023) et talents du cinéma français et international qui seront en compétition lors de cette 3ème édition des Paris Film Critics Awards.

    Pour rappel : créés à l’initiative de Sam Bobino (fondateur & co-président du Festival du Film de La Baule -vous pouvez retrouver ici mon compte-rendu de la dernière édition de ce festival-, délégué général de la Semaine du Cinéma Positif à Cannes), les 3èmes Paris Film Critics Awards seront décernés lors d’une cérémonie qui aura lieu le 4 février prochain à Paris et qui sera présentée par les journalistes et membres de l’académie, Elodie Suigo (France Info) et Kevin Elarbi (Canal+ / Le Cercle).

    Lors de cette cérémonie, l’académie des Paris Film Critics Awards honorera les membres de l’industrie cinématographique qui ont excellé dans leur domaine, durant l’année précédente, et rendra hommage à deux grandes figures du cinéma international avec le prix d’honneur et le prix pour l’ensemble d’une carrière dont les noms seront dévoilés le soir même.

    Parmi les nouveautés cette année, la création de trois nouveaux prix, celui des meilleurs costumes, de la contribution exceptionnelle au cinéma et celui rendant hommage à une institution majeure du cinéma.

    À l’image des New York Film Critics Circle Awards, Los Angeles Film Critics Association Awards ou London Critics Film Awards, les Paris Film Critics Awards récompensent chaque année le meilleur du cinéma mondial.

    Le palmarès de la première édition des Paris Film Critics Awards avait couronné beaucoup de films français et avait ainsi témoigné de la diversité de la production cinématographique française, ce qui fut d'ailleurs à nouveau le cas l’an passé. En 2022, c’est ainsi le long-métrage de Xavier Giannoli, Illusions perdues, qui avait reçu le Paris Film Critics Awards du meilleur film tandis que son acteur Vincent Lacoste recevait celui du meilleur second rôle masculin pour cette adaptation magistrale du chef-d’œuvre de Balzac. Vous pouvez retrouver mon compte-rendu complet de cette prelière édition des Paris Film Critics Awards ainsi que le palmarès, dans mon article, ici. L’an passé, La Nuit du 12 avait été élu meilleur film de l’année. Le film de Dominik Moll avait également reçu le prix de la meilleure adaptation et du meilleur second rôle féminin par Anouk Grinberg. Je vous invite à lire mon récit complet de la cérémonie 2023 et le détail du palmarès ici.

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    Crédit photo : Nick & Chloé

    L’acteur, Vincent Lindon (aussi scénariste et producteur), recevra un Paris Film Critics Award d’honneur récompensant l’ensemble de sa carrière. Ce prix honorifique lui sera décerné par les membres de l’Académie des Paris Film Critics. La récompense lui sera remise lors de la cérémonie qui aura lieu ce 4 février. Ce trophée récompensera les quarante ans de carrière d’un artiste complet, prix d’interprétation au Festival de Cannes en 2015 pour La loi du Marché de Stéphane Brizé, suivi d’un César en 2016, un film qu’il a également co-produit tout comme Un autre monde (2021) du même Stéphane Brizé. Mais aussi interprète principal et inoubliable dans des films incontournables du cinéma français comme La Crise de Coline Serreau (1992), Fred et Ma Petite Entreprise de Pierre Jolivet (1997 et 1999), La Moustache d’Emmanuel Carrère (2004), Welcome de Philippe Lioret (2009), Mademoiselle Chambon de Stéphane Brizé (2009), Pater d’Alain Cavalier – dont il est aussi co-scénariste – (2011), Quelques heures de Printemps de Stéphane Brizé (2012), Rodin de Jacques Doillon (2017), En Guerre de Stéphane Brizé (2018) ou plus récemment Titane de Julia Ducournau (Palme d’or à Cannes en 2021), Enquête sur un Scandale d’État de Thierry de Peretti (2021), Un autre Monde – pour lequel il retrouve Stéphane Brizé – (2021) et Avec Amour et Acharnement de Claire Denis (2022). En 2022, il a été président du jury de la 75ème édition du Festival de Cannes où il a succédé à Spike Lee. Vincent Lindon est actuellement à l’affiche de la nouvelle série phare de Canal+, D’Argent et de Sang, créée par Xavier Giannoli et dans laquelle il tient le rôle principal. On le retrouvera prochainement dans les nouveaux films de Nicolas Boukhrief, Delphine et Muriel Coulin, Gilles Bourdos et Quentin Dupieux.

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    A l'issue de la cérémonie sera projeté le documentaire de Pierre Filmon, Jerry Schatzberg, portrait paysage (cf critique en bas de cet article). Un prix sera également remis à Jerry  Schatzberg.

    Un hommage sera également rendu au grand critique de cinéma, Michel Ciment, récemment disparu.

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    Cette année, en tête des nominations figurent Babylon (10), Oppenheimer (10), Killers of the flower moon (8), The Fabelmans (8).

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    Le cinéma hexagonal est aussi représenté en tête de ces nominations par la palme d’or de Justine Triet, Anatomie d’une chute (7). Des films qui, pour la plupart, interrogent l'art, la vérité et la fiction.

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    Le film de Justine Triet est ainsi un film palpitant sur le doute, le récit, la vérité, la complexité du couple, et plus largement des êtres. Un film qui fait une confiance absolue au spectateur. Un film dont le rythme ne faiblit jamais, que vous verrez au travers du regard de Daniel, l'enfant que ce drame va faire grandir violemment, comme lui perdu entre le mensonge et la vérité, juge et démiurge d’une histoire qui interroge, aussi, avec maestria, les pouvoirs et les dangers de la fiction.

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    Babylon, épopée à dessein cacophonique et fougueuse, exhale une fièvre qui nous emporte comme un morceau de jazz échevelé. Un film d’une captivante extravagance, excessif, effervescent et mélancolique, un chaos étourdissant aussi repoussant qu’envoûtant, qui heurte et emporte, une parabole du cinéma avec son mouvement perpétuel, dont vous ne pourrez que tomber amoureux si vous aimez le cinéma parce qu’il en est la quintessence, une quintessence éblouissante et novatrice.

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    The Fabelmans est une déclaration d’amour fou à ses parents et au cinéma de Spielberg. Film mélancolique, flamboyant, intime et universel. Ode aux rêves qu’il faut poursuivre coûte que coûte, malgré le danger, comme on pourchasserait une tornade dévastatrice. Un film sur le pardon, la curiosité. À fleur de peau. À fleur d’enfance. La force du cinéma en un film. Le cinéma qui transcende, transporte, révèle. Qui mythifie la réalité et débusque le réel. Le cinéma qui éclaire et sublime la réalité comme une danse à la lueur des phares. L’art cathartique aussi comme instrument de distanciation. L’art qui capture la beauté, même tragique. 

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    Je me réjouis aussi des trois nominations de Tár, notamment celle de Cate Blanchett, prodigieuse dans cette ode à la polysémie et à la complexité humaines et artistiques, aussi palpitante qu’un thriller dont l’énigme consiste à découvrir qui était Linda Tarr devenue Lydia Tár.  La force du film réside dans le fait de ne pas la lever totalement, donnant juste quelques pistes dans l'alcôve d'une modeste maison d'enfance américaine dans laquelle elle croise un frère dédaigneux.

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    Ravie d’y voir également figurer les acteurs India Hair, magistrale dans le premier long-métrage de Delphine Deloget, Rien à perdre, mais aussi Koji Yakusho, l’acteur de Perfect days, la promenade poétique de Wim Wenders dont on ressort avec l’envie de croire en tous les possibles de l’existence que ce film esquisse avec une infinie délicatesse.

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    Je regrette qu'il n'y ait qu’une seule nomination (pour l’adaptation) de The Son de Florian Zeller, un film sur les cœurs déchirés, meurtris, inconsolables, dévorés par la souffrance, l’impuissance ou la culpabilité. Une magistrale tragédie universelle dont la réalisation fait contraster ces espaces gris et déshumanisés de New York avec les jours ensoleillés, épousant l’instabilité des êtres, avec la caméra qui caresse les espaces inertes ou un chapeau qui s’égare dans les flots pour dire les souvenirs broyés, ou encore pour chavirer devant la beauté lumineuse, fugace et renversante d’une danse au son de It’s not unusual de Tom Jones puis de Wolf de Awir Leon, une joie évincée en un éclair comme le sera un personnage par un brillant mouvement de caméra.

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    Dans cette même catégorie de l’adaptation figure également Les algues vertes, magnifique portrait d’héroïne contemporaine, mais surtout un film engagé, militant même, qui pour autant n’oublie jamais le spectateur, et d’être une fiction, certes particulièrement documentée et instructive mais qui s’avère prenante de la première à la dernière seconde, tout en décrivant avec beaucoup d’humanité et subtilité un scandale sanitaire et toutes les réalités sociales qu’il implique.

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    Autre réjouissante nomination, celle du long-métrage renversant d’émotions de Charlotte Wells, Aftersun en premier film, un film avec un dernier plan inoubliable. Un dernier plan qui évoque le vide et le mystère que laissent les (êtres et moments, essentiels) disparus, et les instants en apparence futiles dont on réalise trop tard qu’ils étaient cruciaux, fragiles et uniques. Celui du manque impossible à combler. Celui du (couloir) du temps qui dévore tout.

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    Le scénario de L’Innocence de Kore-eda (récompensé lors du dernier Festival de Cannes) ne pouvait que figurer parmi les nommés. Un film qui, là aussi, incarne toute la beauté et la force du cinéma : sonder la complexité des êtres, nous perdre pour mieux nous aider à trouver une vérité, nous trouver aussi parfois, nous éblouir pour nous éclairer (avec ces  plans du début et de fin, enflammé pour l’un et irradié pour l’autre, qui se répondent). Un film doux et poétique sur la rugosité des êtres et de la société japonaise, sur l’enfance et ses cruautés. Un film labyrinthique qui nous ramène à la source du tunnel et du secret qu’il traque comme dans un polar, celui des mystères de l’adolescence et de la fausse innocence des adultes. Un film sur les blessés de la vie, thème cher au cinéaste, comme la famille. Scénario et réalisation magistraux à l’unisson portés par la sublime ultime bo de Ryuichi Sakamoto.

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    Je me réjouis également de la nomination de Ella Rumpf pour Le théorème de Marguerite  : un sublime portrait de femme et une brillante dissection métaphorique des effets de la création, de la solitude et de l'abnégation qu'elle implique, mais surtout un film sensible, parfaitement écrit et interprété, passionnant de la première à la dernière seconde.

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    Enfin, parmi les nommés pour le meilleur documentaire figure le remarquable film de Kaouther Ben Hania, Les Filles d'Olfa, lauréat du Prix de la Citoyenneté du dernier Festival de Cannes, une mise en abyme, une théâtralisation du réel aussi intéressante pour les questions avec lesquelles elle nous laisse et que cela fait émerger, les doutes sur la réécriture de la réalité également. Finalement, c’est aussi à une « anatomie d’une chute » que procède Kaouther Ben Hania, presque une enquête pour comprendre comment deux jeunes filles gaies et lumineuses ont pu se radicaliser, se tourner vers la noirceur, l’obscurantisme et la violence aveugle et inouïe. La musique d’Amine Bouhafa amplifie encore l’émotion. Par ce dispositif, la réalisatrice exalte aussi le rôle de la parole, là où elle n’était plus possible avec celles qui ne voulaient plus entendre que leur vérité, dogmatique. Le dernier regard face caméra nous hantera longtemps et renforce nos interrogations. Ce documentaire qui ne cède jamais au manichéisme, et qui brouille intelligemment la frontière entre réalité et fiction, pour mieux enfanter la vérité, est aussi original que fascinant, citoyen, instructif et poignant.


    Je vous donne rendez-vous le 4 février pour le palmarès. En attendant, retrouvez les nominations complètes ci-dessous et, ici, mon article sur mon bilan de l'année cinéma 2023 dans lequel vous retrouverez la plupart des films nommés…et quelques oubliés.

    NOMINATIONS PARIS FILM CRITICS AWARDS 2024

    MEILLEUR FILM

    ANATOMIE D’UNE CHUTE /Justine Triet

    BABYLON/Damien Chazelle

    JE VERRAI TOUJOURS VOS VISAGES /Jeanne Herry

    KILLERS OF THE FLOWER MOON/Martin Scorsese

    OPPENHEIMER/Christopher Nolan

    L’ENLÈVEMENT /Marco Bellocchio

    THE FABELMANS / Steven Spielberg

     

    MEILLEUR.E RÉALISATEUR.TRICE

    CHRISTOPHER NOLAN/Oppenheimer

    DAMIEN CHAZELLE /Babylon

    JUSTINE TRIET /Anatomie d’une chute

    STEVEN SPIELBERG/The Fabelmans

    THOMAS CAILLEY/ Le Règne animal

    MARCO BELLOCCHIO/ L’Enlèvement

    JEANNE HERRY/Je verrai toujours vos visages

     

    MEILLEURE ACTRICE

    CATE BLANCHET /Tar

    CATHERINE DENEUVE /Bernadette

    HAFSIA HERZI/ Le Ravissement

    LEA DRUCKER/ L’Été Dernier

    LILY GLADSTONE / Killers of the Flower Moon

    MARION COTILLARD/ Little Girl Blue

    SANDRA HULLER/Anatomie d’une chute

     

    MEILLEUR ACTEUR

    ARIEH WORTHALTER/ Le Procès Goldman

    BENJAMIN LAVERNHE / L’Abbé Pierre – Une vie de combats

    CILLIAN MURPHY/Oppenheimer

    KOJI YAKUSHO/Perfect Days

    PAUL GIAMATTI/Winter Break

    RAPHAËL QUENARD/Yannick

    VINCENT LACOSTE / Le Temps d’aimer

     

    MEILLEURE ACTRICE DANS UN SECOND RÔLE

    ADÈLE EXARCHOPOULOS /Je verrai toujours vos visages

    BLANCHE GARDIN/ Le livre des solutions

    DA’VINE JOY RANDOLPH/Winter Break

    EMILY BLUNT /Oppenheimer

    INDIA HAIR/Rien à Perdre

    MICHÈLE WILLIAMS /The Fabelmans

    NOÉMIE MERLANT /Tar

     

    MEILLEUR ACTEUR DANS UN SECOND RÔLE

    BRAD PITT /Babylon

    LOUIS GARREL / Les Trois Mousquetaires: D’Artagnan

    RAPHAËL QUENARD/Chien de la Casse

    ROBERT DE NIRO/ Killers of the Flower Moon

    ROBERT DOWNEY JR./Oppenheimer

    ROMAIN DURIS / Le Règne Animal

    RYAN GOSLING/Barbie

     

    MEILLEURE RÉVÉLATION FÉMININE

    CARRIE CROWLEY/The Quiet Girl

    ELLA RUMPF / Le Théorème de Marguerite

    KIM HIGELIN/ Le Consentement

    MAGALIE LÉPINE-BLONDEAU/ Simple Comme Sylvain

    MIA MCKENNA-BRUCE /How To Have Sex

    STEPHANE CAILLARD/ Flo

    SUZY BEMBA/ Le Retour

     

    MEILLEURE RÉVÉLATION MASCULINE

    ARTHUR HARARI/ Le Procès Goldman

    DIEGO CALVA/Babylon

    GABRIEL LABELLE /The Fabelmans

    MILO MACHADO GRANER/Anatomie d’une chute

    PAUL KIRCHER/ Le Règne Animal

    RAPHAËL QUENARD/Chien de la casse

    SAMUEL KIRCHER/ L’Été Dernier

     

    MEILLEUR SCÉNARIO ORIGINAL

    ANATOMIE D’UNE CHUTE /Justine Triet, Arthur Harari

    BABYLON/Damien Chazelle

    JE VERRAI TOUJOURS VOS VISAGES / Jeanne Herry

    LE PROCES GOLDMAN/Cédric Khan, Nathalie Herzberg

    LE RÈGNE ANIMAL /Thomas Cailley, Pauline Munier

    L’INNOCENCE /Yüji Sakamoto

    THE FABELMANS / Steven Spielberg, Tony Kushner

     

    MEILLEURE ADAPTATION

    KILLERS OF THE FLOWER MOON/ Eric Roth,

    Martin Scorsese

    LE CONSENTEMENT /Vanessa Fiho, Vanessa Springora,

    François Pirot

    LES ALGUES VERTES /Pierre Jolivet, Inès Léraud

    LES TROIS MOUSQUETAIRES : D’ARTAGNAN/Alexandre

    de La Patellière, Mathieu Delaporte

    MON CRIME / François Ozon

    OPPENHEIMER/Christopher Nolan

    THE SON/Christopher Hampton, Florian Zeller

     

    MEILLEURE PHOTOGRAPHIE

    ANATOMIE D’UNE CHUTE / Simon Beaufils

    BABYLON/ Linus Sandgren

    KILLERS OF THE FLOWER MOON/Rodrigo Prieto

    LA FEMME DE TCHAÏKOVSKI/Vladislav Opelyants

    LE RÈGNE ANIMAL /David Cailley

    OPPENHEIMER/Hoyte van Hoytema

    THE FABELMANS /Janusz Kaminski

     

    MEILLEUR MONTAGE

    ANATOMIE D’UNE CHUTE / Laurent Sénéchal

    BABYLON/Tom Cross

    KILLERS OF THE FLOWER MOON/Thelma Schoonmaker

    LE RÈGNE ANIMAL / Lilian Corbeille

    LE LIVRE DES SOLUTIONS / Élise Fievet

    OPPENHEIMER/Jennifer Lame

    TAR/Monika Willi

     

    MEILLEURE MUSIQUE ORIGINALE

    BABYLON/Justin Hurwitz

    DISCO BOY/Vitalic

    LE GARÇON ET LE HÉRON/Joe Hisaiishi

    LE RÈGNE ANIMAL /Andrea Laszlo De Simone

    LINDA VEUT DU POULET !/Clément Ducol

    OPPENHEIMER/ Ludwig Göransson

    THE FABELMANS /John Williams

     

    MEILLEURS DÉCORS

    BABYLON/ Florencia Martin

    BARBIE / Sarah Greenwood

    KILLERS OF THE FLOWER MOON/Jack Fisk

    LES TROIS MOUSQUETAIRES :

    D’ARTAGNAN/ Stéphane Taillasson

    MON CRIME /Jean Rabasse

    OPPENHEIMER/Ruth De Jong

    THE FABELMANS /Rick Carter

     

    MEILLEURS COSTUMES

    BABYLON/Mary Zophres

    BARBIE /Jacqueline Durran

    KILLERS OF THE FLOWER MOON/Jacqueline West

    LA FEMME DE TCHAÏKOVSKI/Dimitri Andreïev

    L’ENLÈVEMENT / Sergio Ballo, Daria Calvelli

    LES TROIS MOUSQUETAIRES : D’ARTAGNAN/Thierry

    Delettre

    NAPOLÉON/David Crossman, Janty Yates

     

    MEILLEUR PREMIER FILM

    AFTERSUN/Charlotte Wells

    BERNADETTE / Léa Domenach

    CHIEN DE LA CASSE /Jean-Baptiste Durand

    HOW TO HAVE SEX/Molly Manning Walker

    LE RAVISSEMENT /Iris Kaltenback

    RIEN À PERDRE /Delphine Deloget

    VINCENT DOIT MOURIR/ Stéphan Castang

     

    MEILLEUR FILM D’ANIMATION

    INTERDIT AUX CHIENS ET AUX ITALIENS /Alain Ughetto

    LE GARÇON ET LE HÉRON/Hayao Miyazaki

    LINDA VEUT DU POULET !/Chiara Malta, Sébastien

    Laudenbach

    MARS EXPRESS /Jérémie Périn

    MON AMI ROBOT /Pablo Berger

    SPIDER MAN: ACROSS THE SPIDER-VERSE /Joaquim Dos

    Santos, Kemp Powers, Justin K. Thompson

    SUZUME /Makoto Shinkai

     

    MEILLEUR DOCUMENTAIRE

    LA RIVIÈRE /Dominique Marchais

    LES FILLES D’OLFA/ Kaouther Ben Hania

    LITTLE GIRL BLUE /Mona Achache

    NOTRE CORPS /Claire Simon

    SUR L’ADAMANT /Nicolas Philibert

    TOUTE LA BEAUTÉ ET LE SANG VERSÉ / Laura Poitras

    VOYAGE AU PÔLE SUD/ Luc Jacquet

     

    MEILLEURE SÉRIE (ou Mini-Série)

    D’ARGENT ET DE SANG/Xavier Giannoli

    LA NUIT OU LAURIER GAUDREAULT S’EST RÉVEILLÉ /Xavier

    Dolan

    POLAR PARK /Gérald Hustache-Mathieu

    SAMBRE /Alice Géraud, Marc Herpoux

    SUCCESSION/Jesse Armstrong

    TAPIE /Tristan Séguéla, Olivier Demangel

    TOUT VA BIEN/Camille de Castelnau

     

    CRITIQUE DE JERRY SCHATZBERG, PORTRAIT PAYSAGE de PIERRE FILMON

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    Je vous avais déjà parlé de Pierre Filmon, l’an passé, à l’occasion de la sortie de Entre deux trains (Long Time No See), son deuxième long-métrage et son premier long-métrage de fiction pour lequel j’avais eu un énorme coup de cœur. Je vous le recommande à nouveau vivement. Il est désormais disponible en DVD chez Tamasa éditions. Il a d’ailleurs reçu de nombreux prix dans le monde. Il a ainsi parcouru 35 festivals internationaux et 17 pays. Pierre Rochefort a obtenu le prix du meilleur acteur en Espagne. Au Chili, le film a obtenu le prix du Best fiction film. En Inde, au Rajasthan IFF, Pierre Filmon a obtenu deux prix : honorary Award et best directeur. Au Kosovo, le film a obtenu le prix du meilleur film… Et si cela ne suffisait pas pour vous convaincre de le découvrir, vous trouverez à nouveau ma critique ci-dessous.

    Pierre Filmon a réalisé plusieurs courts-métrages et son premier long-métrage, Close encounters with Vilmos Zsigmond, était en Sélection officielle au Festival de Cannes 2016 dans le cadre de Cannes Classics. Ce documentaire est consacré à Vilmos Zsigmond, formidable directeur de la photographie qui a travaillé avec les plus grands réalisateurs : Robert Altman, John Boorman, Steven Spielberg, Brian de Palma, Peter Fonda et… Jerry Schatzberg.

    C’est justement à ce dernier que Pierre Filmon a donc consacré ce dernier documentaire : Jerry Schatzberg, portrait paysage, qui se focalise sur « l’univers photographique de Jerry Schatzberg, jeune homme de 95 ans, le dernier des Mohicans du Nouvel Hollywood, photographe et cinéaste qui a réalisé des films avec Al Pacino, Gene Hackman, Meryl Streep, Faye Dunaway et Morgan Freeman et a obtenu une Palme d’Or en 1973 pour L’épouvantail». Le film a été présenté en Première Mondiale à la 79ème Mostra, en septembre dernier.

    Entre deux trains transpirait déjà la passion du cinéma, avec de nombreuses influences, d’Agnès Varda à David Lean. Et c’est cette même passion de l’art du passionné Pierre Filmon que l’on retrouve dans ce documentaire qui s’intéresse au travaille de photographe de Jerry Schatzberg. Même si vous ne connaissiez pas son travail, vous aviez forcément vu une de ses plus célèbres photos, celle, sublimissime, de Faye Dunaway, auréolée de noir, qui avait été mise à l’honneur sur l’affiche du Festival de Cannes 2011, modèle de grâce, d’épure, de sobriété, de sophistication, de mystère, de classe, de glamour, et même pourvue d’une certaine langueur… Cette photo avait été prise par Jerry Schatzberg en 1970.

    Le documentaire de Pierre Filmon qui est le plus beau des hommages au travail remarquable et fascinant de Jerry Schatzberg est un dialogue de ce dernier avec le critique Michel Ciment au gré d’une exposition lors de laquelle il croise des portraits (dont, d’ailleurs, le sien), l’occasion de revenir sur ces fabuleuses rencontres qui ont donné lieu à ces photos singulières et marquantes. Ce plan-séquence permet de découvrir la richesse, la profondeur, la diversité du travail de l’artiste né dans le Bronx en 1927 (un an avec Kubrick au même endroit !) découvert par Pierre Ricient qui s’est battu pour que son premier film sorte en France. Rien ne prédestinait à la photographie et au cinéma celui qui travailla d’abord comme fourreur, comme son père, (ce qu’il détesta) avant de commencer comme assistant photographe pour le New York Times jusqu’ à devenir ce photographe immensément talentueux qui parvient toujours à capter quelque chose de la vérité des êtres (que ce soit de la toute jeune Catherine Deneuve, Aretha Franklin ou un enfant inconnu ou même des photos de nus) même dans des photos plus sophistiquées.

    Michel Ciment a rappelé quel découvreur de talents il a aussi été, ayant notamment à son actif les découvertes d’Al Pacino ou Guillaume Canet qu’il avait fait tourner dès 2001 dans The day the ponies come back. « Ce qui le caractérisé, c'est de faire du mouvement, du presque cinéma dans un décor naturel réaliste» a expliqué hier Michel Ciment. Ce fut «le contraire pour Bob Dylan»  avec des photos en studio dans lesquelles Schatzberg a « capté sa sensibilité, son intelligence et son charisme » a souligné Michel Ciment. Par ailleurs, pour ce dernier, « pas un seul metteur en scène américain n’a fait à la suite trois films aussi extraordinaires ».

    Ce travail en petite équipe, 4 personnes avec Olivier Chambon qui avait déjà été le filmeur de la séquence sur Jerry Schatzberg dans le film de Pierre Filmon sur Vilmos Zsigmond, procure tout son caractère intimiste, sincère et naturel à ce documentaire.

    Michel Ciment a conclu en disant que « le rapport émotionnel avec le sujet est très important » et que Jerry Schatzberg est un « esthète, grand metteur en scène formel mais qui s'intéresse aussi aux émotions, aux rapports humains comme c'est le cas de tous les grands metteurs en scène. Le public vient au cinéma pour ressentir des émotions. C'est ce travail formel qui lui permet d’accéder aux émotions. » C’est sans aucun doute aussi le cas du cinéma de Pierre Filmon qui cherche toujours à saisir l’émotion, par la fiction ou le documentaire.

    Il se pourrait qu’il y ait une suite. Espérons-le tant ce documentaire nous donne envie d’en savoir plus sur Jerry Schatzberg mais aussi de retrouver le regard aiguisé, passionné et enthousiaste de Pierre Filmon sur celui-ci et sur le cinéma en général.

    Pour en savoir plus : http://pierrefilmon.com.

    Et pour le Silencio des Prés : https://lesilencio.com/  

  • Compte-rendu et palmarès du 9ème Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule

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    Cet article sera complété au fur et à mesure des visionnages des films programmés dans le cadre du festival que je n’ai pas encore eu la possibilité de découvrir.

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    « J'étais très angoissée par l'infini, l'idée que l'univers n'avait pas de fin. Goldbach, c'était un moyen de mettre de l'ordre dans l'infini. » Cette phrase extraite du film Le Théorème de Marguerite d'Anna Novion, lauréat du prix de la meilleure musique de film, pourrait être aussi une magnifique définition du cinéma, et de l'art en général : une tentative de mettre de l'ordre dans l'infini, et de dompter les angoisses qu'il engendre. Et donc de maîtriser le temps. Le temps et la volonté de le maîtriser ou distordre étaient aussi au centre de plusieurs films de cette édition (Une nuit, Les Promesses). Cela tombe bien, un festival, et celui-ci en particulier, est avant tout un moyen d'en suspendre le vol ou d'en savourer chaque poussière de seconde.

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    « La fiction est le mensonge par lequel nous disons la vérité » écrivit Albert Camus. En attendant de vous livrer ma vérité en mensonge avec mon roman La Symphonie des rêves, en librairie le 5.10.2023 (Editions Blacklephant), qui a en partie pour cadre le Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule et au centre duquel se trouve la musique et en particulier la musique de film, je vous propose un récapitulatif de mes trois jours au festival au cours desquels la fiction, justement, fut à l’honneur. « Seule la musique est à hauteur de la mer » disait encore Albert Camus. Au Festival de La Baule, musique et mer s’enlacent ainsi dans une valse joyeuse…Chaque année, le festival est synonyme de réjouissantes et surprenantes découvertes cinématographiques, cette 9ème édition n’a pas dérogé à la règle. Elle fut portée par les battements trépidants de jazz de Kyle Eastwood. Le musicien, compositeur et arrangeur de musiques de film était en effet l’invité d’honneur de cette année. Le point culminant de sa présence fut un concert hommage aux plus belles musiques des films de son père, l’acteur et réalisateur Clint Eastwood, dont certaines qu’il a composées lui-même, un concert inédit intitulé Eastwood by Eastwood pour lequel il fut entouré de son quintet. Fils de Clint (à qui l'affiche de cette édition 2023 du festival rendait hommage), mais avant tout talentueux contrebassiste de jazz et compositeur ou arrangeur de musiques de film dont Gran Torino, Mystic River, Million Dollar Baby, Lettres d’Iwo Jima et Invictus, Kyle Eastwood est l’auteur de huit albums dont le dernier, Cinematic, est une variation sur des thèmes cultes du cinéma : Gran Torino, Pink Panther, Skyfall...

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    Le Festival de Cinéma et de Musique de Film de La Baule, auquel j'ai le plaisir d'assister depuis sa première année, revenait ainsi pour une 9ème édition qui eut lieu du 28 juin au 2 juillet 2023 avec, comme toujours, une sélection de longs et courts-métrages français en avant-première, en compétition ou hors compétition et, notamment, le dernier film du cofondateur du festival, Christophe Barratier, tourné en partie à La Baule, Comme par magie, en ouverture, présenté hors compétition pour la première fois au public en présence du réalisateur et de Gérard Jugnot. Cette comédie produite par M.E.S Productions, marque ainsi les retrouvailles entre Christophe Barratier et Gérard Jugnot, 20 ans après Les Choristes et 15 ans après Faubourg 36. 

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    Kev Adams incarne Victor, un jeune magicien en pleine ascension. Cela commence par une scène d’ouverture trépidante : un numéro de magie drôle et étourdissant interrompu par l’annonce de la naissance imminente de la fille du magicien. Seulement, rien ne se passe comme prévu et la tragédie succède rapidement à l'euphorie : la mère décède lors de l'accouchement. Victor doit alors élever seul sa fille qu’il prénomme Lison. Jacques (Gérard Jugnot), son fantasque beau-père, se mêle contre son avis de l’éducation de la petite auprès de laquelle il retrouve une seconde jeunesse. Ce tandem improbable aura pour arbitre Nina (Claire Chust), l’amie d’enfance de Victor…

    Christophe Barratier travaillait sur un autre projet quand le producteur Marc-Etienne Schwartz lui a proposé ce scénario, écrit à l’origine par Serge Lamadie et Cyril Gelbat, rejoints par Fabrice Bracq. Après quelques réussites en tant que producteur délégué et en tant que réalisateur de courts-métrages, Christophe Barratier, en 2004, connaissait un succès retentissant avec Les Choristes et ses 8,5 millions d’entrées puis ses deux César et ses deux nominations aux Oscars (meilleur film en langue étrangère et meilleure chanson pour Vois sur ton chemin). Vinrent après Faubourg 36 en 2008 et La Nouvelle guerre des boutons en 2011, des films nostalgiques dont l'action se déroulait dans les années 30, un cinéma populaire (au sens noble du terme) et de beaux hommages au cinéma d’hier.

    Faubourg 36 regorgeait ainsi de réjouissantes références au cinéma d’entre-deux guerres. Clovis Cornillac y ressemblait à s’y méprendre à Jean Gabin dans les films d’avant-guerre, Nora Arnezeder (la découverte du film comme Jean-Baptiste Maunier l'avait été auparavant dans Les Choristes) à Michèle Morgan : tous deux y faisaient penser au couple mythique Nelly et Jean du Quai des Brumes de Marcel Carné auquel un plan se référait d’ailleurs explicitement. Bernard-Pierre Donnadieu, quant à lui, rappelait Pierre Brasseur (Frédérick Lemaître) dans Les enfants du paradis de Carné et Jules Berry (Valentin) dans Le jour se lève du même Carné dont j’avais même cru reconnaître le célèbre immeuble dessiné par Alexandre Trauner dans le premier plan du film. Les décors du film entier paraissaient d’ailleurs rendre hommage à ceux de Trauner, avec cette photographie hypnotique et exagérément lumineuse entre projecteurs de théâtre et réverbères sous lesquels Paris et les regards scintillent de mille feux incandescents et mélancoliques. Et l'amitié qui unissait les protagonistes de ce Faubourg 36 résonnait comme un clin d’œil à celle qui unissait les personnages de La belle équipe de Duvivier.  Bref, Christophe Barratier est un cinéaste cinéphile. D'ailleurs, Les Choristes déjà était une adaptation du film de 1945 de Jean Dréville, La Cage aux rossignols.

    En 2016, il changea de registre avec le remarquable L’Outsider, thriller financier contemporain, très différent des films précités, une adaptation du livre écrit par Kerviel lui-même et publié en 2010, L'Engrenage : mémoires d'un trader, l’histoire d’un anti-héros pris dans une spirale infernale, dans l’ivresse de cette puissance de l’argent qui le grise et l’égare, et dans laquelle il se jette comme d’autres se seraient plongés dans la drogue ou l’alcool.  Barratier a réussi non seulement à vulgariser cet univers mais aussi à le rendre aussi passionnant et palpitant qu’un thriller. Ce film pourrait d’ailleurs illustrer un cours de scénario : ellipses à-propos (Kerviel sous le feu des blagues méprisantes qui deux ans plus tard en est l’auteur et répond avec aplomb aux sarcasmes), dialogues percutants, répliques et expressions mémorables, touche sentimentale (très bon choix de Sabrina Ouazani) sans qu'elles fassent tomber le film dans le mélo, caractérisation des personnages en quelques plans et répliques (le père, pas dupe), rythme haletant et personnage victime d'un système et d'une obsession et une addiction qui le dépassent et donc attachant malgré tout. Un film fiévreux, intense, captivant, et même émouvant, et très ancré dans son époque et dans le cinéma contemporain tout en s'emparant du meilleur des films d'hier qui ont forgé la culture cinématographique du réalisateur.

    Ensuite, en 2021, il sortit l’excellent Envole-moi, avec Victor Belmondo (quelle révélation !) et Gérard Lanvin puis, en 2022, Le Temps des secrets, magnifique adaptation du roman éponyme, troisième tome des Souvenirs d'enfance de Marcel Pagnol, paru en 1960. 

    Comme dans ses précédents films, avec ce Comme par magie, Christophe Barratier révèle un acteur (il y eut Jean-Baptiste Maunier, Nora Arzeneder...) ou fait éclater le talent d’un comédien déjà un peu connu (Arthur Dupont, Victor Belmondo) ou révèle l’étendue de la palette de jeu d’un acteur déjà renommé comme c’est le cas ici avec Kev Adams qui joue pour la première fois un rôle de père, oscillant entre drame et comédie, et dévoilant plus de nuances dans son interprétation. A nouveau, Christophe Barratier met également en scène un duo improbable et attachant, celui formé par Victor et son beau-père sous les traits de Gérard Jugnot que le cinéaste retrouve ici pour la quatrième fois, toujours aussi juste et sachant faire passer une émotion dans un silence, un geste ou un regard.

    Mais la révélation du film est pour moi Claire Chust (dont le visage est malheureusement absent de l'affiche...) qui incarne Nina, une jeune femme qui a grandi avec Victor, élevée d’abord en foyer comme lui, deux enfants nés sous X dont l’amitié est aussi ancienne qu’indéfectible. Elle dégage un charme enfantin et une grâce ingénue, et son personnage évolue joliment. La femme-enfant fragile se mue ainsi progressivement en femme qui s’assume davantage. Comme Victor, elle grandit. Quand l’un va vers l’enfant qu’il a et devient peu à peu père, l’autre pour évoluer doit aller vers ses origines et renouer avec l’enfant qu’elle fut sans doute pour se débarrasser du manteau encombrant de l’enfance blessées.

    Contrairement à ses précédents films, ce n’est pas Philippe Rombi  (et avant lui Bruno Coulais et Reinhardt Wagner) qui a écrit la bande originale mais Bertrand Burgalat, une bo teintée de notes jazzy qui accompagne judicieusement ce film tendre et drôle, avec mélancolie et malice, entre piano, guitare et flûte.

    Je déplore simplement qu'il n'y ait pas plus de tours de magie à l’image de celui final, réjouissant, qui n’est pas sans rappeler celui vertigineux du Prestige de Christopher Nolan. 

    Ce qui se dégage de ce film, entre rires et larmes, c’est donc avant tout une énorme tendresse. En résulte aussi une réflexion intéressante et pleine d'espoir sur la filiation, la transmission et la (re)construction malgré le deuil ou l’absence, sur la famille aussi, celle que l’on bâtit, en dépit des aléas de l'existence. Victor, Nina, Jacques et Lison sont finalement tous victimes de l’abandon, et vont aller de l’ombre vers la lumière, grâce aux liens qui se tissent entre eux. Si les derniers plans les montrent isolés les uns des autres, c'est parce qu'ils se sont certes trouvés une famille mais aussi parce qu'ils ont trouvé qui ils étaient vraiment ou voulaient être.

     Un film délicat, ludique, drôle et tendre qui ne juge pas ses personnages et ne tombe jamais dans le cynisme, sans doute la raison pour laquelle la critique l’a (injustement) snobé. Je vous le recommande. En ces temps troublés, cette douce mélodie qui se fraie un chemin vers l'harmonie n’est jamais larmoyante, et cela fait un bien fou ! On quitte même à regret ce quatuor particulièrement attachant dont on aimerait connaître la suite des aventures...

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     Au programme comme chaque année figuraient : un panorama de films internationaux singuliers (les “coups de projecteur’’, en partenariat avec Universciné parmi lesquels, comme chaque année, des pépites à découvrir), l’organisation de rencontres et d’échanges avec les artistes (les masters class : cette année Radu Mihaileanu, Ariane Ascaride, mais aussi celle de Ludovic Bource, Jean-Michel Bernard, Sacha Chaban à laquelle j’ai eu le plaisir d’assister, passionnante et sans langue de bois, un échange instructif sur les différences de traitement du compositeur en France et aux USA), des projections de classiques (The Artist de Michel Hazavanicius, en présence de son compositeur Ludovic Bource, à l'occasion des 100 ans de la Warner Bros -photo anniversaire ci-dessus-, dont vous trouverez ma critique ci-dessous), une grande exposition intitulée Music & Iconic et des animations…sans oublier l'incontournable concert précité lors de la soirée du palmarès, celui de Kyle Eastwood qui a également donné une passionnante master class.

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    24 films furent présentés dont 22 en avant-première (19 longs métrages dont 5 en compétition et 5 courts métrages également en compétition). Au total, ce sont 34 projections qui ont été organisées durant 5 jours (avec les reprises des films durant le week-end).

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    Le jury présidé par le réalisateur Radu Mihaileanu et composé d’Amanda Sthers, Victoria Bedos, Irène Dresel et Stéphane de Groodt a récompensé les films suivants.

    Prix du Meilleur Film 2023 : Le syndrome des amours passées, d’Ann Sirot et Raphaël Balboni (en salles le 25 octobre 2023)

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    « Rémy et Sandra n’arrivent pas à avoir d’enfant car ils sont atteints du “Syndrome des Amours Passées”. Pour guérir, il n’y a qu’une seule solution : ils doivent recoucher une fois avec tou.te.s leurs ex. » Tel est le prosaïque pitch officiel (écriture inclusive comprise, au risque de chagriner les amoureux de l’orthographe dont je suis…) de ce film projeté en séance spéciale de la Semaine de la Critique et couronné par cette 9ème édition du festival. Une Vie Démente, le premier long métrage du duo/couple avait été multi primé. Le jury de La Baule a lui aussi visiblement été charmé par cette comédie loufoque qui préfère la fantasmagorie, le ton décalé, la fantaisie et l’absurde au réalisme pour disséquer les méandres de la vie de couple. Une comédie portée par deux remarquables acteurs en lesquels réside la richesse du film et sur lesquels se centre entièrement la mise en scène : Lucie Debay et Lazare Gousseau, la première incarnant (au départ) un personnage aussi libéré et terre-à-terre que le second est coincé et romantique.  Au gré des retrouvailles, leurs certitudes vont voler en éclat et leur relation qui semblait d’une solidité inaltérable va peu à peu se détériorer. D’une inventivité indéniable, laissant une large part à l’improvisation qui met en exergue le talent de ses interprètes, ce film sur les fragilités et atermoiements du couple, traite par le burlesque le désir d’enfant et se conclut d’une manière aussi politiquement correcte que son postulat de départ revendiquait de ne pas l’être. Les saynètes avec les seconds rôles incarnés par Laurence Loiret-Caille (surtout), Nora Hamzawi, Alice Dutoit sont néanmoins un régal et méritent le déplacement.

    J’avoue cependant avoir été davantage transportée par Le Théorème de Marguerite d’Anna Novion.

    Prix de la Meilleure Musique de film : Pascal Bideau avec Le Théorème de Marguerite d’Anna Novion (en salles le 1er novembre 2023)

    Ce film, présenté en séance spéciale du Festival de Cannes, a reçu le prix de la meilleure musique de ce 9ème Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule mais aurait aussi mérité celui du meilleur film.

    La Marguerite du théorème est une brillante élève en Mathématiques à l'ENS, dont le destin semble tout tracé. Seule fille de sa promo, elle termine une thèse qu’elle doit exposer devant un parterre de chercheurs. Le jour J, une erreur bouscule toutes ses certitudes et l’édifice s’effondre. Marguerite décide de tout quitter pour tout recommencer.

    Résumé ainsi, ce film pourrait s’annoncer comme particulièrement rébarbatif. Il ne l’est aucunement, pas une seule seconde. Quand on demande à Marguerite ce qu’elle aime dans les mathématiques, elle répond : « Je ne pourrais pas vivre sans. » Le Théorème de Marguerite est avant tout cela, une histoire de passion, de solitude face à l’engagement qu’elle implique. « Les mathématiques ne doivent souffrir d'aucun sentiment » lui assène son mentor, pourtant pour Marguerite ce n’est que cela. Un moyen aussi d’affronter les mystères du monde et la vanité de l’existence : « J'étais très angoissée par l'infini, l'idée que l'univers n'avait pas de fin. Goldbach, c'était un moyen de mettre de l'ordre dans l'infini. »

    Si vous êtes hermétique aux mathématiques, rassurez-vous, ce film vous parlera malgré tout, a fortiori si vous connaissez cet état second dans lequel vous plonge une passion ou les affres de la création. Les mathématiques sont presque un prétexte, poétique, comme ces murs recouverts de formules qui en deviennent soudain abstraits et admirables. Le parallèle est évident avec l’engagement que nécessite un film, cette formule complexe qui aboutit à la magie, ce travail acharné au résultat incertain.

    C’est avant tout le (magnifique) portrait d’une femme moderne, singulière, qui ne tombe dans aucun cliché (et cela fait un bien fou). Froide, fermée, à l’image de son prénom suranné, Marguerite n’est pas de prime abord sympathique. Les lignes cliniques et l’âpreté des décors reflètent son état d’esprit et, comme elle, ils chemineront progressivement vers la lumière, le désordre, l’asymétrie.

    Jean-Pierre Darroussin, faussement dur et autoritaire, mais surtout blessé dans son orgueil, est parfait dans le personnage du directeur de thèse et mentor, Werner. Ella Rumpf, découverte dans Grave de Julia Ducournau, se glisse totalement dans la peau de Marguerite, renfermée sur sa passion et sur elle-même, combattive, et s’ouvrant peu à peu aux autres. Elle procure toute sa force captivante au film. Celle qu’on surnomme « la mathématicienne en chaussons », le corps recroquevillé, le regard frondeur, n’est pas là pour se distraire mais dévouée corps et âme à la conjecture de Goldbach, problème irrésolu et en apparence insoluble de la théorie des nombres. Quelle intelligence dans l’écriture du scénario pour transformer ce qui aurait pu être ennuyeux et abscons en véritable thriller des émotions, palpitant. Il faudra l'arrivée d'un nouvel étudiant particulièrement brillant (Julien Frison de la Comédie Française) pour faire s’écrouler tout son édifice et la faire renaître, s’abandonner.

    Clotilde Courau dans le rôle de la mère fascinée par le « don » de sa fille et dépassée par sa mue, est une nouvelle fois d’une justesse remarquable. La magnifique Sonia Bonny incarne la lumineuse et sensuelle colocataire de Marguerite. Grâce à elle, Marguerite découvre un autre univers, celui des joueurs de Mahjong du quartier chinois de Paris et des virées nocturnes. Marguerite va peu à peu (re)naitre au monde, à la vie, à la lumière, aux désirs autres que ceux suscités par l’envie de trouver des solutions aux formules mathématiques. Elle se relève et se redresse dans tous les sens du terme, et l’environnement s’illumine.

    Un sublime portrait de femme et une brillante dissection métaphorique des effets de la création, de la solitude et de l'abnégation qu'elle implique, mais surtout un film sensible, parfaitement écrit et interprété, passionnant de la première à la dernière seconde, porté par la musique inspirée de Pascal Bideau.

    Si Ella Rumpf aurait aussi mérité un prix d’interprétation tant elle donne corps, vie et âme à Marguerite, c’est à deux autres comédiens que le jury a choisi d’attribuer le prix d’interprétation, ex-aequo.

    Prix de la Meilleure Interprétation : Alex Lutz & Karin Viard (ex-æquo) pour La Nuit, d’Alex Lutz

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    Ce dernier film d’Alex Lutz fut auparavant présenté en clôture de la section Un Certain Regard au Festival de Cannes 2023.

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    Paris, métro bondé, un soir comme les autres.
    Une femme bouscule un homme, ils se disputent. Très vite le courant électrique se transforme… en désir brûlant. Les deux inconnus sortent de la rame et font l’amour dans la cabine d’un photomaton.
    La nuit, désormais, leur appartient.
    Dans ce Paris aux rues désertées, aux heures étirées, faudra-t-il se dire au revoir ?

    On songe évidemment à Before Sunrise de Richard Linklater mais aussi au moins connu et non moins excellent After, avec Raphaël Personnaz et Julie Gayet, de Géraldine Maillet qui explorait également déjà cette idée de la nuit comme vecteur de rencontre et comme instrument de suspension de vol du temps. La nuit, le temps semble en effet s’étirer, et être le moment de tous les possibles (ceux de la jeunesse retrouvée), toutes les libertés et de toutes les audaces, de l’oubli de la rude réalité et des drames que le jour viendra réveiller de sa lumière crue. Entre maladresse et audace, ces deux-là vont se livrer comme ils ne l’ont jamais fait, réécrire et réinventer leur nuit, laisser affleurer leurs fragilités, mais surtout disserter sur leur couple et faire le bilan de leur vie. Peu à peu, ils se dépouillent du masque des apparences (au propre comme au figuré : ils empruntent des vêtements à des étudiants, se débarrassent de leurs portables, perdent leurs portefeuilles…). Parfois l’incongruité s’en mêle, ou la poésie le temps d’une rencontre avec un cheval. Même au milieu des autres, ils semblent couper du monde, dans leur bulle onirique, que ce soit dans un parc, un magasin de meubles ou une soirée étudiante. La caméra filme au plus près leurs visages, leur fugue et leur fouge. Les logorrhées désordonnées du personnage incarné par Alex Lutz font penser à Woody Allen comédien dans ses propres films, de même que leurs conversations pseudo-psychanalytiques débridées sur le couple rappellent évidemment les longs-métrages du cinéaste américain. Le « twist » final que de multiples indices disséminés dès le début mais aussi le jeu des deux comédiens auront permis aux plus attentifs de deviner, apporte un autre éclairage, romantique et dramatique, à cette histoire. Si elle n’a pas l’inventivité de Guy, cette promenade nocturne dans les rues de Paris n’en est pas moins émouvante et la nuit parisienne le terrain de jeu de deux talentueux comédiens dont le plaisir à écrire et jouer ensemble transpire dans chaque plan.

    Prix Spécial Coup de Projecteur – Universciné : Les Meutes de Kamal Lazraq

    Prix du Public – Groupe Barrière : Sous le tapis de Camille Japy

    Prix de la Meilleure Musique de l’année : Delphine Malausséna pour En plein feux de Quentin Reynaud

    Prix de la Révélation Jeune Talent Compositeur : Thibault Duclos Malidor

    Prix du Meilleur Court-Métrage : Boussa the Kiss de Azedine Kasri

    Prix d’Honneur : Kyle Eastwood

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    En clôture du festival, fut projeté le film d’une des membres du jury de cette 9ème édition, Amanda Sthers, Les Promesses, adapté de son roman éponyme, à découvrir au cinéma le 9 août 2023.

    Synopsis : La vie, en général, n’en finit pas de faire des promesses qu’elle prend plaisir, ensuite, à ne pas tenir. L’histoire d’amour inachevée entre Alexander et Laura …

    Ce film, dont je vous parlerai ultérieurement plus longuement, est à l’image de la musique signée Andrea Lazslo de la Simone, d’une lumineuse mélancolie et d’une réconfortante nostalgie. Les 4 saisons d’Alexander. Les 4 saisons de la vie d’un homme incarné par trois acteurs mais surtout Pierfrancesco Favino, magistral, de 40 à 77 ans. Une magnifique histoire d’amour impossible et un film sur lequel plane l’ombre de Visconti, en ce qu’il raconte la déliquescence d’un monde, et la solitude abyssale d’un homme. C’est avant tout cela, un magnifique portrait d’homme sur lequel Amanda Sthers porte un regard attendri, compatissant, un homme écartelé, perdu, à la dérive dont la seule bouée semble être cette femme inaccessible et fascinante dont le portrait apparaît en pointillés comme si elle n’était qu’un rêve évanescent (sublime Kelly Reilly). Entre passé et présent, enfance et âge adulte, premier et dernier amour, France et Italie, la toile se tisse peu à peu, la peinture devient plus précise et le personnage plus attachant, et surtout l’émotion plus prégnante, jusqu’à nous saisir au dénouement. Un film bouleversant qui entremêle subtilement passé et présent.

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    Le dernier film de Pierre Jolivet figure parmi les projections marquantes de cette édition, il fut projeté dans la section "Coups de projecteurs". 

    Il y a un peu plus d’un an, je vous parlais ici du film Goliath de Frédéric Tellier qui se penchait sur la lutte contre le glyphosate qui est, depuis 2015, considéré comme « cancérogène probable » par l’OMS. Un film percutant sur un sujet essentiel dont je pensais naïvement qu’il recevrait davantage d’échos médiatiques et de soutiens dans le combat qu'il met en exergue. De nombreux films engagés, à l’image de celui précité, évoquent des combats de David contre Goliath. Ceux de Costa-Gavras, Loach, Boisset, Varda ou des films comme L’affaire Pélican de Pakula ou Effets secondaires de Soderbergh.  Si le cinéma ne change pas toujours le monde, il peut y contribuer, et en tout cas la fiction sans aucun doute peut permettre que les projecteurs soient braqués sur des réalités révoltantes. J’en suis intimement persuadée et plus encore après voir vu le passionnant et édifiant dernier film de Pierre Jolivet que je vous recommande d’emblée. Vous avez tout le temps d’aller voir le dernier volet de Mission impossible (que je vous recommande aussi) mais ce film-ci est fragile, restera forcément moins longtemps à l’affiche, alors allez le voir en premier lieu, et ne tardez pas.

     Pierre Jolivet a co-écrit ce film avec la journaliste Inès Léraud, un film inspiré d’une BD vendue à plus de 130000 exemplaires. En 2019, Inès Léraud publiait ainsi avec Pierre Van Hove Algues vertes, l’histoire interdite aux éditions La Revue dessinée - Delcourt, une BD qui remporta 6 prix dont le grand prix du journalisme et le prix de la BD bretonne. Ensuite, en 2021, elle co-fonda le média d’investigation indépendant Splann ! avec d'autres journalistes travaillant en Bretagne.

    Synopsis : À la suite de morts suspectes, Inès Léraud (Céline Sallette), jeune journaliste, décide de s’installer en Bretagne pour enquêter sur le phénomène des algues vertes. À travers ses rencontres, elle découvre la fabrique du silence qui entoure ce désastre écologique et social. Face aux pressions, parviendra-t-elle à faire triompher la vérité ?

    « On doit des égards aux vivants ; on ne doit aux morts que la vérité. » Le long-métrage commence par cette citation de Voltaire, judicieusement choisie, reflétant le double discours du film qui est à la fois une déclaration d’amour à la Bretagne (celle des vivants à qui on « doit des égards ») et un combat légitime et acharné contre le silence retentissant et aberrant qui entoure les algues vertes (la vérité due aux morts qui en furent victimes).

    La première scène du film nous montre le rivage vu d’en haut. Indistinctes tout d’abord, les algues vertes dessinent un tableau abstrait presque fascinant. En se rapprochant, on découvre leurs ramifications tentaculaires. Le scandale est flagrant, indéniable… Et pourtant le silence règne face à l’évidence de la prolifération des algues. Bien sûr, rien dans cette image ne traduit encore leur dangerosité que le film démontre ensuite de manière magistrale.

    Ce film a ainsi l’intelligence d’être autant une déclaration d’amour à la Bretagne qu’une déclaration de guerre aux algues vertes (et au silence qui entoure ce fléau), et de mettre en parallèle l’histoire personnelle d’Inès (son histoire avec sa compagne Judith et son histoire d’amour avec la Bretagne où elles finiront par s’installer) et son combat. Il commence véritablement au moment du décès de Jean-René Auffray, joggeur retrouvé mort dans une vasière remplie d’algues vertes, dans la baie de Saint-Brieuc, en septembre 2016. Inès ne va avoir de cesse de lutter contre « la fabrique du silence qui entoure l’agroalimentaire breton », en enquêtant inlassablement et en y consacrant toutes ses chroniques radiophoniques, malgré les pressions, les menaces de morts et le silence obstiné des personnes qu’elle sollicite.

    Céline Sallette incarne subtilement l’opiniâtreté d’Inès, son courage, son investissement, son empathie, son intégrité, qui ne fléchissent pas, que ce soit face à la virulence d’un représentant de la FNSEA (qui ne réfutera pas l’importance du syndicat dans cette exploitation de la terre à outrance, pas même quand elle dira que la « FNSEA choisit le Ministre de l’Agriculture » et pour qui la vraie violence c’est « le prix du lait à cause des consommateurs qui ne veulent pas payer le prix »), ou face à  la couardise d’un vice-président de Conseil Régional devenu député (incarné par Jonathan Lambert) qui reconnaîtra l’ingratitude de sa profession et arguera des intérêts contradictoires qu’il doit gérer. L’agro-alimentaire est « un État dans l’État » et c’est à ce mastodonte invincible que se confronte Inès. Certains chiffrent donnent le tournis. Imaginez :  on dénombre 14 millions de cochons en Bretagne, soit 4 fois plus que d’habitants !

    Le film ne cède jamais au manichéisme. Inès ne fait pas de son combat une lutte contre les agriculteurs, bien au contraire, rappelant qu’ils ne sont que des pions dans cette surexploitation de la terre, des victimes de cette guerre et d’intérêts économiques supérieurs, et que deux agriculteurs par jour se suicident. Ce développement des algues vertes est en effet la conséquence de l’industrie agroalimentaire et notamment des rejets de nitrates provenant de l’élevage intensif. En cas d’accumulation importante, leur décomposition au soleil produit des gaz dangereux pour l’humain comme pour l’animal, notamment l’hydrogène sulfuré (H2S) qui « peut tuer aussi rapidement que du cyanure ».

     Il était tout aussi courageux de la part de Pierre Jolivet de s’attaquer à ce sujet, de dénoncer les complicités politiques (qui nient ou parfois même maquillent la réalité pour préserver les intérêts touristiques et plus largement économiques de toute une région). Tourné essentiellement dans le Finistère-nord, et autour de Saint-Brieuc, là où se concentre une grande partie des algues vertes, le tournage même, en six semaines avec presque 2 décors par jour, fut aussi un véritable défi. Certaines images restent gravées et suscitent forcément notre indignation : ces sangliers morts, ce cours d’eau rouge sang, ces algues vertes à perte de vue.

    Ce n’est pas la Bretagne qu’attaque Inès mais cette aberration écologique qui met en danger les populations qui y vivent. La Bretagne est montrée dans toute sa splendeur avec ses paysages d’une rudesse envoûtante. La compagne d’Inès (lumineuse Nina Meurisse dans le rôle de Judith), dira clairement qu’elle tombe amoureuse de la région. Et les baignades d’Inès constituent une respiration dans son quotidien éprouvant, mais aussi pour le spectateur qui suit comme un thriller son haletante et périlleuse enquête.

    Céline Sallette est entourée d’une pléiade de remarquables acteurs qui incarnent des personnages parfois bruts mais souvent très attachants : Hervé Mahieux, Françoise Comacle, Eric Combernous. Le personnage de Rosy Auffray (Julie Ferrier) représente magnifiquement, à la fois l’aveuglement, le scepticisme, les choix cornéliens (préserver sa tranquillité ou combattre) en lesquels chacun peut se reconnaître et contribue à l’émotion qui nous emporte totalement à la fin avec l’espoir que, enfin, David l’emporte contre Goliath, nous donnant envie de nous intéresser encore plus au sujet et de savoir ce que donnera l’appel de la vraie Rosy (en cours) dans le procès pour la reconnaissance de la responsabilité des algues vertes dans le décès de son mari.

    Pierre Jolivet signe là un magnifique portrait d’héroïne contemporaine, mais surtout un film engagé, militant même, qui pour autant n’oublie jamais le spectateur, et d’être une fiction, certes particulièrement documentée et instructive mais qui s’avère captivante et prenante de la première à la dernière seconde, tout en décrivant avec beaucoup d’humanité et subtilité un scandale sanitaire et toutes les réalités sociales qu’il implique. Ajoutez à cela la subtile musique originale d’Adrien Jolivet et vous obtiendrez un film marquant à la hauteur du sujet, des victimes d’hier et des personnes qui pourraient en être demain, qui rend aussi un vibrant hommage à la beauté renversante de la Bretagne.

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    Ce festival demeure un évènement unique et rare tant par la qualité des films projetés, la symbiose entre cinéma et musique que la convivialité qui y règne. Le tout dans le cadre majestueux de la Baie de La Baule qui sert d’écrin à ce festival qui, en 9 ans, a réussi à s’imposer comme un évènement cinématographique et musical indispensable avec, à son générique, des films majeurs, mais aussi des concerts marquants des plus grands compositeurs de musiques de films à l’image de ce que sera sans aucun doute celui de cette année.

    Il y a trois ans, les organisateurs de ce festival (créé et dirigé par Sam Bobino, notamment fondateur des Paris Film Critics Awards -vous trouverez ici mon compte-rendu détaillé et le palmarès de l'édition 2023 -  et le cinéaste Christophe Barratier) avaient eu la judicieuse idée d’inaugurer une nouvelle formule mettant l’accent sur le cinéma français.  Le festival devient ainsi une fenêtre d’exposition pour les films qui sortent pendant l’été, une idée lumineuse quand certains films à l’affiche en juillet-août ne bénéficient pas de la visibilité qu’ils mériteraient. 

    Les films découverts dans le cadre de ce festival sont souvent les meilleurs de l’année parmi lesquels il y eut : Paterson, À peine j’ouvre les yeux, Tanna, Le Prophète, Demain tout commence, Born to be blue, Jalouse, L’attente, Mr. Turner, Carole Matthieu, Tout nous sépare, Guy, La tortue rouge, Les hirondelles de Kaboul et, rien que pour l’année 2019, en compétition, sans doute les meilleurs films de l’année (Les Éblouis, J’ai perdu mon corps, La Belle époque, La dernière vie de Simon, La nuit venue, Lola vers la mer)…et tant d’autres et aussi de nombreux documentaires comme Abdel Rahman El Bacha - Un piano entre Orient et Occident, ou encore des courts-métrages. L'édition 2022 n'avait pas dérogé à la règle notamment avec la projection du documentaire Ennio de Giuseppe Tornatore, ou encore en compétition les films I love Greece de Nafsika Guerry-Karamounas, Flee de Jonas Poher Ramussen, mais aussi Maria rêve de Lauriane Escaffre et Yvonnick Muller... Retrouvez, ici, mon compte-rendu détaillé de l'édition du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule 2022.

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    Chaque année, le festival propose aussi  des master class passionnantes et des concerts mémorables comme le furent ceux de Francis Lai, Michel Legrand, Lalo Schifrin, Eric Serra, Gabriel Yared, Vladimir Cosma, Philippe Sarde et Alexandre Desplat l’an passé.

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    J’ai consacré il y a quelques jours, ici, un article aux 100 ans de la Warner. Le Festival de La Baule a eu l’excellente idée de les célébrer également avec la projection  du film The Artist que viendra présenter son compositeur Ludovic Bource. 

    Critique de The Artist de Michel Hazanavicius - et souvenir de projection au Festival de Cannes 2011, ma critique ci-dessous fut intialement publiée suite à cette projection -

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    C’était un dimanche matin de mai 2011, le début du Festival de Cannes encore, en projection presse. Pas encore vraiment l’effervescence pour le film qui obtint la palme d’or mais un joli bruissement d’impatience parmi les regards déjà las, ou obstinément sceptiques. 1H40 plus tard, la salle résonnait d’applaudissements, pendant dix minutes, fait rare en projection presse. Le soir même, j'étais retournée le voir en projection officielle. L’émotion fut la même, redoublée par la présence de l’équipe du film, terriblement émue elle aussi par les réactions enthousiastes du public, par les rires tendres, par cette cavalcade d’applaudissements qui a commencé lors de la dernière scène et ne s’est plus arrêtée pour continuer pendant un temps qui m’a paru délicieusement long. Un beau, rare et grand moment du Festival de Cannes.

    Le pari était pourtant loin d’être gagné d’avance. Un film muet (ou quasiment puisqu’il y a quelques bruitages). En noir et blanc. Tourné à Hollywood. En 35 jours. Par un réalisateur qui jusque là avait excellé dans son genre, celui de la brillante reconstitution parodique mais très éloigné de l’univers dans lequel ce film nous plonge. Il fallait beaucoup d’audace, de détermination, de patience, de passion, de confiance, et un peu de chance sans doute aussi, sans oublier le courage -et l’intuition- d’un producteur (Thomas Langmann) pour arriver à bout d’un tel projet. Le pari était déjà gagné quand le Festival de Cannes l’a sélectionné d’abord hors compétition pour le faire passer ensuite en compétition, là encore fait exceptionnel.

    Le film débute à Hollywood, en 1927, date fatidique pour le cinéma puisque c’est celle de l’arrivée du parlant. George Valentin (Jean Dujardin) est une vedette du cinéma muet qui connaît un succès retentissant mais l’arrivée des films parlants va le faire passer de la lumière à l’ombre et le plonger dans l’oubli. Pendant ce temps, une jeune figurante, Peppy Miller (Bérénice Béjo) qu’il aura au départ involontairement  placée dans la lumière, va voir sa carrière débuter de manière éblouissante. Le film raconte l’histoire de leurs destins croisés.

    Qui aime sincèrement le cinéma ne peut pas ne pas aimer ce film qui y est un hommage permanent et éclatant. Hommage à ceux qui ont jalonné et construit son histoire, d’abord, évidemment. De Murnau à Welles, en passant par Borzage, Hazanavicius cite brillamment ceux qui l’ont ostensiblement inspiré. Hommage au burlesque aussi, avec son mélange de tendresse et de gravité, et évidemment, même s’il s’en défend, à Chaplin qui, lui aussi,  lui surtout, dans « Les feux de la rampe », avait réalisé un hymne à l'art qui porte ou détruit, élève ou ravage, lorsque le public, si versatile, devient amnésique, lorsque le talent se tarit, lorsqu’il faut passer de la lumière éblouissante à l’ombre dévastatrice. Le personnage de Jean Dujardin est aussi un hommage au cinéma d’hier : un mélange de Douglas Fairbanks, Clark Gable, Rudolph Valentino, et du personnage de Charles Foster Kane (magnifiques citations de Citizen Kane) et Bérénice Béjo, avec le personnage de Peppy Miller est, quant à elle, un mélange de Louise Brooks, Marlène Dietrich, Joan Crawford…et nombreuses autres inoubliables stars du muet.

    Le cinéma a souvent parlé de lui-même… ce qui a d’ailleurs souvent produit des chefs d’œuvre. Il y a évidemment La comtesse aux pieds nus de MankiewiczLa Nuit américaine de Truffaut, Sunset Boulevard de Billy Wilder, Une étoile est née de George Cukor et encore Chantons sous la pluie de Stanley Donen et Gene Kelly auxquels The Artist, de par son sujet, fait évidemment penser. Désormais, parmi ces classiques, il faudra citer The Artist de Michel Hazanavicius. Ses précédents films étaient d'ailleurs déjà des hommages au cinéma. On se souvient ainsi des références à Sueurs froides ou La Mort aux trousses d'Hitchcock dans OSS 117 : Rio ne répond plus.

    Hazanavicius joue ainsi constamment et doublement la mise en abyme : un film muet en noir et blanc qui nous parle du cinéma muet en noir et blanc mais aussi qui est un écho à une autre révolution que connaît alors le cinéma, celle du Numérique.

    Le mot jubilatoire semble avoir été inventé pour ce film, constamment réjouissant, vous faisant passer du rire aux larmes, ou parfois vous faisant rire et pleurer en même temps. Le scénario et la réalisation y sont pour beaucoup mais aussi la photographie (formidable travail du chef opérateur Guillaume Schiffman qui, par des nuances de gris, traduit les états d’âme de Georges Valentin), la musique envoûtante (signée Ludovic Bource, qui porte l’émotion à son paroxysme, avec quelques emprunts assumés là aussi, notamment à Bernard Herrmann) et évidemment les acteurs au premier rang desquels Jean Dujardin qui méritait amplement son prix d’interprétation cannois.

    Flamboyant puis sombre et poignant, parfois les trois en même temps, il fait passer dans son regard une foule d’émotions, de la fierté aux regrets,  de l’orgueil à la tendresse, de la gaieté à la cruelle amertume de la déchéance.  Il faut sans doute beaucoup de sensibilité, de recul, de lucidité et évidemment de travail et de talent pour parvenir à autant de nuances dans un même personnage (sans compter qu’il incarne aussi George Valentin à l’écran, un George Valentin volubile, excessif, démontrant le pathétique et non moins émouvant enthousiasme d’un monde qui se meurt). Il avait déjà prouvé dans Un balcon sur la mer de Nicole Garcia qu’il pouvait nous faire pleurer.  Il confirme ici l’impressionnant éclectisme de sa palette de jeu et d'expressions de son visage.

     Une des plus belles et significatives scènes est sans doute celle où il croise Peppy Miller dans un escalier, le jour  du Krach de 1929. Elle monte, lui descend. A l’image de leurs carrières. Lui masque son désarroi. Elle, sa conscience de celui-ci, sans pour autant dissimuler son enthousiasme lié à sa propre réussite. Dujardin y est d’une fierté, d’une mélancolie, et d’une gaieté feinte bouleversantes, comme à bien d’autres moments du film. Bérénice Béjo ne démérite pas non plus dans ce nouveau rôle de « meilleur espoir féminin » à la personnalité étincelante et généreuse, malgré un bref sursaut de vanité de son personnage. Il ne faudrait pas non plus oublier les comédiens anglo-saxons : John Goodman, Malcolm McDowell et John Cromwell (formidablement touchant dans le rôle du fidèle Clifton).

    Il y eut bien quelques cyniques pour dire que ce mélodrame  est plein de bons sentiments, mais Hazanicius assume justement ce mélodrame. The Artist est en effet aussi une très belle histoire d’amour simple et émouvante, entre Peppy et Georges mais aussi entre Georges et son cabot-in Uggy : leur duo donne lieu à des scènes tantôt drôles, tantôt poétiques, tantôt touchantes, et là encore parfois au trois en même temps. Hommage aussi à ce pouvoir magique du cinéma que de susciter des émotions si diverses et parfois contradictoires.

    Michel Hazanavicius  évite tous les écueils et signe là un hommage au cinéma, à sa magie étincelante, à son histoire, mais aussi et avant tout aux artistes, à leur orgueil doublé de solitude, parfois destructrice. Des artistes qu’il sublime, mais dont il montre aussi les troublantes fêlures et la noble fragilité.

    Ce film m’a éblouie, amusée, émue. Parce qu’il convoque de nombreux souvenirs de cinéma. Parce qu’il est une déclaration d’amour follement belle au cinéma. Parce qu’il ressemble à tant de films du passé et à aucun autre film contemporain. Parce qu’il m’a fait ressentir cette même émotion que ces films des années 20 et 30 auxquels il rend un vibrant hommage. Parce que la réalisation est étonnamment inspirée (dans les deux sens du terme d’ailleurs puisque, en conférence de presse, Michel Hazanavicius a revendiqué son inspiration et même avoir « volé » certains cinéastes). Parce qu’il est burlesque, inventif, malin, poétique, et touchant.  Parce qu’il montre les artistes dans leurs belles et poignantes contradictions et fêlures.

    Il ne se rapproche d’aucun autre film primé jusqu’à présent à Cannes…et en sélectionnant cet hymne au cinéma en compétition puis en le  primant,  le Festival de  Cannes a prouvé qu’il était avant tout le festival qui aime le cinéma, tous les cinémas, loin de la caricature d’une compétition de films d’auteurs représentant toujours le même petit cercle d’habitués dans laquelle on tend parfois à l’enfermer.

     Un film à ne manquer sous aucun prétexte si, comme moi, vous aimez passionnément et même à la folie, le cinéma. Rarement un film aura aussi bien su en concentrer la beauté simple et magique, poignante et foudroyante. Oui, foudroyante comme la découverte  de ce plaisir immense et intense que connaissent les amoureux du cinéma lorsqu’ils voient un film pour la première fois, et découvrent son pouvoir d’une magie ineffable, omniprésente ici.

    Gran Torino de Clint Eastwood - Critique

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    Walt Kowalski ( oui, Kowalski comme Marlon Brando dans Un tramway nommé désir), Walt Kowalski (Clint Eastwood) donc, ancien vétéran de la guerre de Corée et retraité de l’usine Ford de Détroit, a tout pour plaire : misanthrope, raciste, aigri, violent, cynique, irascible, intolérant. Et  très seul. D’autant plus que lorsque débute l’intrigue, il enterre sa femme méprisant autant ses enfants et petits-enfants que ceux-ci le dédaignent.  Enfin, seul… ou presque : il est toujours accompagné de la fidèle Daisy, son labrador,  de son fusil, de sa voiture de collection, une splendide Gran Torino qu’il ne se lasse pas d’admirer depuis la terrasse de son pavillon de Détroit,  de ses bières et ses douloureux souvenirs. La dernière volonté de sa femme était qu’il aille se confesser mais Walt ne fait confiance à personne ni à un prêtre (Christopher Carley) qui va le poursuivra inlassablement pour réveiller sa bonne (ou mauvaise) conscience pour susciter sa confession, ni à sa famille et encore moins ses voisins, des immigrants asiatiques qu’il méprise et qui lui rappellent de cruelles blessures. Jusqu’au jour où, sous la pression d’un gang, un adolescent Hmong, le fils de ses voisins,  le jeune, timide -et lui aussi solitaire et incompris- Thao (Bee Vang),  tente de lui voler sa voiture, ce à quoi il tient le plus au monde. Et lorsque le gang s’attaque à Thao,  Walt s’attaque au gang non pas pour le défendre mais pour les chasser de son jardin.  Sur ce malentendu, ayant ainsi défendu Thao, malgré lui, il devient ainsi le héros du quartier. Sue (Ahney Her), la sœur aînée de Thao, insiste pour que ce dernier se rachète en travaillant pour Walt. Ce dernier va alors lui confier des travaux d’intérêt général. Et peu à peu,  en apprenant à se comprendre, le timide adolescent aux prémisses de son existence, et le misanthrope, aux dernières lueurs de la sienne, vont révéler un nouveau visage, et emprunter une nouvelle route…

    Gran Torino est un film multiple et fait partie de ces films, rares, qui  ne cherchent pas l’esbroufe et à vous en mettre plein la vue mais de ces films qui vous enserrent subrepticement dans leur univers pour vous asséner le coup de grâce au moment où vous y attendiez le moins, ou plutôt alors que vous vous y attendiez. Mais pas de cette manière. Oui la grâce. Coup de grâce dans tous les sens du terme.

    Multiple parce qu’il est aussi drôle que touchant, passant parfois de l’humour à l’émotion, du comique au tragique  en un quart de seconde, dans une même scène. La scène où son fils et sa belle-fille viennent fêter son anniversaire est à la fois redoutablement triste et drôle.

    Multiple parce qu’il réunit tous les clichés du film manichéen pour subtilement et mieux s’en départir. Et après le justement très manichéen et excessivement mélodramatique L’Echange on pouvait redouter le pire, surtout que ce sujet pouvait donner lieu aux pires excès.

    Multiple parce que derrière cette histoire de vétéran de la guerre de Corée, c’est aussi celle d’un mythe du cinéma américain qui fait preuve d’autodérision, répondant à ses détracteurs, exagérant toutes les tares qui lui ont été attribuées et les faisant une à une voler en éclats mais créant aussi un personnage, sorte de condensé de tous ceux qu’il a précédemment interprétés. Souvent des hommes en marge, solitaires, sortes de cowboys intemporels. Et ce Kowalski  ressemble  un peu à l’entraîneur de  Million Dollar Baby, lui aussi fâché avec sa famille et la religion. Mais aussi à l’inspecteur Harry. Ou même au Robert Kincaid de Sur la route de Madison dont il semble pourtant de prime abord être aux antipodes.

    Multiple parce que c’est à la fois un film réaliste (les acteurs Hmong sont non professionnels, Gran Torino est ainsi le premier scénario de Nick Schenk –coécrit avec Dave Johannson- qui a travaillé longtemps dans des usines au milieu d’ouvriers Hmong, peuple d’Asie répartie dans plusieurs pays  avec sa propre culture,  religion, langue) et utopique dans son sublime dénouement. C’est aussi  à la fois un thriller, une comédie, un film intimiste, un drame, un portrait social, et même un western.

    Evidemment nous sommes dans un film de Clint Eastwood. Dans un film américain. Evidemment nous nous doutons que cet homme antipathique va racheter ses fautes, que la Gran Torino en sera l’emblème, qu'il ne pourra rester insensible à cet enfant, à la fois son double et son opposé, sa mauvaise conscience (lui rappelant ses mauvais souvenirs et ses pires forfaits) et sa bonne conscience (lui permettant de se racheter, et réciproquement d'ailleurs),  que la morale sera sauve et qu’il finira par nous séduire. Malgré tout. Mais c’est là tout l’immense talent de Clint Eastwood : nous surprendre, saisir, bouleverser avec ce qui est attendu et prévisible, faire un film d’une richesse inouïe à partir d’une histoire qui aurait pu se révéler mince, univoque et classique, voire simpliste.  D’abord, par une scène de confession qui aurait pu être celle d’un homme face à un prêtre dans une Eglise, scène qui aurait alors été convenue et moralisatrice. Une scène qui n’est qu’un leurre pour que lui succède la véritable scène de confession, derrière d’autres grilles. A un jeune garçon qui pourrait être le fantôme de son passé et sera aussi le symbole de sa rédemption.  Scène déchirante, à la fois attendue et surprenante. Ensuite et surtout,  avec cette fin qui, en quelques plans, nous parle de transmission, de remords, de vie et de mort, de filiation, de rédemption, de non violence, du sens de la vie. Cette fin sublimée par la photographie crépusculaire de Tom Stern (dont c’est la septième collaboration avec Clint Eastwood, cette photographie incomparable qui, en un plan, vous fait entrevoir la beauté évanescente d'un instant ou la terreur d'un autre) qui illumine tout le film, ou l’obscurcit majestueusement aussi, et par la musique de Kyle Eastwood  d’une douceur envoûtante  nous assénant le coup fatal.

    Vous quitterez ce film encore éblouis par sa drôlerie désenchantée,  à la fois terrassés et portés par sa sagesse, sa beauté douloureuse, sa lucidité, sa mélancolie crépusculaire, entre ombre et lumière, noirceur et espoir, mal et rédemption, vie et mort, premières et dernières lueurs de l'existence. Le tout servi par une réalisation irréprochable et par un acteur au sommet de son art qui réconciliera les amateurs de l’inspecteur Harry et les inconditionnels de Sur la route de Madison et même ceux qui, comme moi, avaient trouvé Million dollar baby et L’Echange  démesurément grandiloquents et mélodramatiques. Si, les premières minutes ou même la première heure vous laissent vous aussi parfois sceptiques, attendez…attendez que ce film ait joué sa dernière note, dévoilé sa dernière carte qui éclaireront l’ensemble et qui  font de ce film un hymne à la tolérance, la non violence (oui, finalement) et à la vie qui peut rebondir et prendre un autre sens (et même prendre sens!) à chaque instant.   Même l'ultime. Même pour un homme seul, irascible, cynique et condamné à mort et a priori à la solitude. Même pour un enfant seul, timide, a priori condamné à  une vie terne et violente. 

    Un film qui confirme le talent d’un immense artiste capable de tout jouer et réaliser et d’un homme capable de livrer une confession, de faire se répondre et confondre subtilement cinéma et réalité, son personnage et sa vérité, pour nous livrer un visage à nu et déchirant. Une démonstration implacable. Un film irrésistible et poignant.  Une belle leçon d’espoir, de vie, d’humilité. Et de cinéma…

    Ma vision romanesque du festival

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    En attendant de pouvoir vous parler de mon nouveau roman qui a en grande partie le festival pour cadre, je vous invite également à écouter ma nouvelle qui se déroule intégralement au Festival de La Baule, Un Certain 14 novembre, publiée dans le recueil de 16 nouvelles sur le cinéma Les illusions parallèles (Editions du 38 - 2016) que j'avais eu le plaisir de dédicacer au festival, une nouvelle enregistrée dans mon podcast In the mood for cinema, composé de 13 fictions littéraires, la plupart lauréates de concours d'écriture. A écouter ici sur Spotify mais aussi sur Deezer, Amazon Music, Google podcasts...

    Pour en savoir plus sur le festival

    Pour en savoir plus sur le Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule , rendez-vous aussi sur le site officiel du festival, ainsi que sur le compte Instagram du festival (@festivallabaule).

    Mes bonnes adresses

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    Retrouvez mes articles sur mes bonnes adresses bauloises, le Castel Marie-Louise, L'hôtel Barrière L'Hermitage et l' Hôtel Royal Thalasso Barrière.

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