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  • Nominations des Paris Film Critics Awards 2023

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    Un collège de votants constitué de 80 critiques et journalistes professionnels de cinéma et culture basés à Paris (l’académie des Paris Film Critics) -dont j'ai le plaisir de faire partie- a désigné les meilleurs longs- métrages (sortis en salles ou sur des plateformes durant l’année 2022) et talents du cinéma français et international qui seront en compétition pour la 2ème édition des Paris Film Critics Awards.

    Le palmarès de la première édition des Paris Film Critics Awards avait couronné beaucoup de films français et avait ainsi témoigné de la diversité de la production cinématographique française en 2021. C’est ainsi le long-métrage de Xavier Giannoli Illusions perdues qui avait reçu le Paris Film Critics Awards du meilleur film tandis que son acteur Vincent Lacoste recevait celui du meilleur second rôle masculin pour cette adaptation magistrale du chef-d’œuvre de Balzac. Vous pouvez retrouver mon compte-rendu complet de cette édition 2021 des Paris Film Critics Awards ainsi que le palmarès, dans mon article, ici.

    Créés à l’initiative de Sam Bobino (co-président du Festival du Film de La Baule -retrouvez, ici, mon compte-rendu de l'édition 2022 du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule-, délégué général de la Semaine du Cinéma Positif à Cannes), les 2èmes Paris Film Critics Awards seront décernés lors d’une cérémonie qui aura lieu le 5 février prochain au cinéma Le Silencio des Prés à Paris.

    Au cours de cette cérémonie, l’académie des Paris Film Critics Awards honorera les membres de l'industrie cinématographique qui ont excellé dans leur domaine, durant l’année précédente, et rendra hommage à une grande figure du cinéma international avec le prix d’honneur pour l'accomplissement d’une carrière dont le nom sera dévoilé le soir même.

    À l’image des New York Film Critics Circle Awards, Los Angeles Film Critics Association Awards ou London Critics Film Awards, les Paris Film Critics Awards récompensent chaque année le meilleur du cinéma mondial. Parmi les nouveautés cette année, la création de deux nouveaux prix, celui des meilleurs décors et de la meilleure série télévisée.

    Découvrez ci-dessous la liste des nominations pour l’édition 2023 en attendant le palmarès que je vous annoncerai ici :

    NOMINATIONS PARIS FILM CRITICS AWARDS 2023

    MEILLEUR FILM


    As bestas - Rodrigo Sorogoyen
    Armaggedon Time - James Gray
    Avatar : La Voix de l'eau - James Cameron
    Decision to Leave - Park Chan-wook
    Eo - Jerzy Skolimowski
    La Nuit du 12 - Dominik Moll
    Pacifiction : Tourment sur les îles - Albert Serra

    Saint Omer - Alice Diop


    MEILLEUR.E RÉALISATEUR.TRICE


    Albert Serra - Pacifiction : Tourment sur les îles
    Dominik Moll - La Nuit du 12
    Gaspard Noé - Vortex
    Jean-Jacques Annaud - Notre-Dame brûle
    James Cameron - Avatar : La Voix de l'eau
    Jerzy Skolimowski - Eo
    Paul Thomas Anderson - Licorice Pizza

    Valéria Bruni Tedeschi - Les Amandiers

    MEILLEURE ACTRICE


    Adèle Exarchopoulos - Rien à Foutre
    Ana de Armas - Blonde
    Guslagie Malanda - Saint Omer
    Laure Calamy - À plein temps
    Noémie Merlant - L’Innocent
    Virginie Efira - Les Enfants des autres
    Virginie Efira - Revoir Paris


    MEILLEUR ACTEUR


    Austin Butler - Elvis
    Bastien Bouillon - La Nuit du 12
    Benoît Magimel - Pacifiction : Tourment sur les Îles
    Colin Farrell - Les Banshees d'Inisherin
    Denis Ménochet - As bestas
    Gérard Depardieu - Maigret
    Louis Garrel - L’Innocent


    MEILLEURE ACTRICE DANS UN SECOND RÔLE


    Angela Bassett - Black Panthers : Wakanda Forever
    Anouk Grinberg - La Nuit du 12
    Carey Mulligan - She Said
    Dominique Blanc - L'Origine du mal
    Isabelle Adjani - Mascarade
    Jamie Lee Curtis - Everything Everywhere All at Once
    Sara Giraudeau - Le Sixième Enfant

    MEILLEUR ACTEUR DANS UN SECOND RÔLE


    Anthony Hopkins - Armageddon Time
    Bradley Cooper - Licorice Pizza
    Bouli Lanners - La Nuit du 12
    Finnegan Oldfield - Coupez !
    Louis Garrel - Les Amandiers
    Roschdy Zem - L’Innocent
    Tom Hanks - Elvis

    MEILLEURE RÉVÉLATION FÉMININE


    Alana Haim - Licorice Pizza
    Guslagie Malanda - Saint Omer
    Kayije Kagame - Saint Omer
    Mallory Wanecque - Les Pires
    Marion Barbeau - En corps
    Nadia Tereszkiewicz - Les Amandiers
    Rebecca Marder - Une jeune fille qui va bien


    MEILLEURE RÉVÉLATION MASCULINE


    Adam Bessa - Harka
    Aliocha Reinert - Petite Nature
    Cooper Hoffman - Licorice Pizza
    Dimitri Doré - Bruno Reidal, confession d’un meurtrier
    Eden Dambrine - Close
    Paul Kircher - Le Lycéen
    Stefan Crepon - Peter von Kant


    MEILLEUR SCENARIO ORIGINAL


    Armaggedon Time - James Gray
    As Bestas - Rodrigo Sorogoyen & Isabel Pena
    La Conspiration du Caire - Tarik Saleh
    Les Banshees d’Inisherin - Martin McDonagh
    Licorize Pizza - Paul Thomas Anderson
    L’Innocent - Louis Garrel & Tanguy Viel
    Saint Omer - Amrita David, Alice Diop & Marie NDiaye


    MEILLEURE ADAPTATION


    Adieu Monsieur Haffmann - Fred Cavayé & Sarah Kaminsky
    Couleurs de L’incendie - Pierre Lemaitre
    Enquête sur un scandale d'État - Thierry de Peretti & Jeanne Aptekman
    La Nuit Du 12 - Dominik Moll & Gilles Marchand
    Le sixième Enfant - Léopold Legrand & Catherine Paillé
    Ouistreham - Emmanuel Carrère & Hélène Devynck
    White Noise - Noah Baumbach

    MEILLEURE PHOTOGRAPHIE


    Armageddon Time - Darius Khondji
    Avatar : La Voie de l’eau - Russel Carpenter
    Elvis - Mandy Walker
    Licorice Pizza - Paul Thomas Anderson
    Pacifiction : Tourment sur les îles - Artur Tort
    Nightmare Alley - Dan Laustsen
    Vortex - Benoit Debie

    MEILLEURE MUSIQUE ORIGINALE


    À plein temps - Irène Drésel
    Eo - Pawel Mykietyn
    Et j’aime à la fureur - Benjamin Biolay
    La Nuit du 12 - Olivier Marguerit
    Nope - Michael Abels
    Pinocchio - Alexandre Desplat
    The Banshees of Inisherin - Carter Burwell

    MEILLEUR MONTAGE


    Athena - Benjamin Weill
    Avatar : La Voie de l’eau - David Brenner, James Cameron, John Refoua, Stephen E. Rivkin & Ian
    Bullet Train - Elisabet Ronaldsdottir
    Decision to Leave - Kim Sang-bum
    Elvis - Matt Villa et Jonathan Redmond
    Everything Everywhere All at Once - Paul Rogers
    Top Gun : Maverick - Eddie Hamilton
    Silverstein


    MEILLEURS DÉCORS


    Avatar : La Voie de l’eau - Dylan Cole & Ben Procter
    Elvis - Catherine Martin & Karen Murphy
    Licorice Pizza - Florencia Martin
    Nightmare Alley - Tamara Deverell
    Notre-Dame Brûle - Jean Rabasse
    Nope - Ruth De Jong
    Pacifiction : Tourment sur les Îles - Sébastian Vogler


    MEILLEUR 1ER FILM


    Bruno Reidal, confession d’un meurtrier - Vincent Le Port
    Falcon Lake - Charlotte Le Bon
    Joyland - Saim Sadiq
    Les Pires - Lise Akora & Romane Gueret
    Le sixième enfant - Léopold Legrand
    Rodeo - Lola Quivoron

    MEILLEUR FILM D’ANIMATION


    Alerte rouge - Domee Shi
    Ernest et Célestine - Stéphane Aubier, Vincent Patar & Benjamin Renner
    Le Petit Nicolas : Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux ? - Amandine Fredon & Benjamin Massoubre
    Le Pharaon, le Sauvage et la Princesse - Michel Ocelot
    Les secrets de mon père - Véra Belmont
    Ma famille afghane - Michaela Pavlatova
    Pinocchio - Guillermo Del Toro

    MEILLEUR DOCUMENTAIRE


    Allons enfants - Thierry Demaizière & Alban Teurlai
    Ennio - Giuseppe Tornatore
    Et j’aime à la fureur - André Bonzel
    Les années super 8 - Annie Ernaux & David Ernaux-Briot
    Michaël Cimino, un mirage américain - Jean-Baptiste Thoret
    Patrick Dewaere, mon héros - Alexandre Moix
    The Beatles : Get Back – The Rooftop Concert - Peter Jackson


    MEILLEURE SÉRIE


    House of the Dragon
    Irma Vep
    Le Monde de demain
    Les Papillons noirs
    Severance
    The White Lotus
    Tokyo Vice

  • Cinéma - Les meilleurs films de l'année 2022

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    Dans mon dernier post Instagram (je vous invite à suivre mon compte @Sandra_Meziere, si ce n'est pas déjà le cas), je vous souhaitais notamment de poétiser chaque poussière de seconde et, en paraphrasant Victor Hugo, de pourchasser la « splendeur du beau ». À l’heure du traditionnel bilan cinématographique, je vous propose 20 films qui m’ont marquée en 2022, certains parce qu’ils correspondaient à cette définition de l’art donnée par Hugo. Aussi, souvent, parce qu’ils répondaient à celle de Chaplin : « L'art est une émotion supplémentaire qui vient s'ajouter à une technique habile. » Ou de Jean Renoir : « L'art du cinéma consiste à s'approcher de la vérité des hommes, et non pas à raconter des histoires de plus en plus surprenantes. » 
     
    Je reconnais le caractère iconoclaste de cette liste. Mais en 2023, plus que jamais, c’est aussi ce que je (me et vous) souhaite : assumer sa voie et sa voix, rester fidèle à soi-même. 
     
    Certains de ces films n’ont reçu quasiment aucun écho médiatique, d’autres ont été méprisés par la critique. Qu’importe ! J’assume ces choix guidés souvent par l’émotion, mais aussi par des critères plus objectifs. Certains, je les ai choisis pour leur interprétation, leur mise en scène, leur audace, leur sujet, leur nécessité, leur musique, leur photographie, leur scénario, ou même pour m'avoir heurtée ou pour un unique plan marquant, parfois pour toutes ces raisons réunies. 
     
    Pas de hiérarchie dans cette liste hétéroclite. Simplement des films que je vous recommande de découvrir. Vous pouvez lire mes critiques de ces films sur Inthemoodforcinema.com.
     
    Je remarque a posteriori qu’il y a une majorité de films français, ce n'est pas un choix délibéré mais je m'en réjouis à l’heure où certains ne cessent de dénigrer le cinéma hexagonal.   
     
    Parmi ces films, beaucoup furent  découverts en festivals : aux Festival de Cannes, Festival du Cinéma Américain de Deauville, Festival du Cinéma et Musique de film de La Baule et au Dinard Festival du Film Britannique. Je vous promets encore des festivals cette année, cinématographiques mais aussi littéraires. Il s'agit après tout toujours d'histoires, à regarder ou raconter, qu’elles nous enchantent, heurtent, stupéfient, glacent, égarent, éclairent ou exaltent, qu'elles cherchent la vérité, la poésie ou le spectacle.
     
    Je complèterai cette liste ici le cas échéant car il me reste à rattraper quelques films qui ont marqué l'année (Revoir Paris, Les enfants des autres, Leila et ses frères, La Conspiration du Caire, Saint-Omer, Novembre...), je vous dirai donc si je les y inclus. J'en profite aussi pour vous recommander d'ores et déjà deux films de 2023 dont vous pouvez lire ici mes critiques : Babylon de Damien Chazelle et Emily de Frances O'Connor, le grand vainqueur du Dinard Festival du Film Britannique 2022 et pour moi le meilleur film vu cette année. Enfin, je pourrais également ajouter à cette liste de 20 films, chacun pour des raisons différentes, deux films pleins de charme qui n'ont pas récolté le succès mérité : Maria rêve de Lauriane Escaffre et Yvonnick Muller et I love Greece de Nafsika Guerry-Karamaounas.
  • Compte-rendu et palmarès du 33ème Dinard Festival du Film Britannique

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    Conte d’été de Rohmer. L’heure zéro de Pascal Thomas (adapté d’Agatha Christie). Deux films tournés à Dinard qui pourraient la résumer. Un décor de cinéma, entre le conte et le film à suspense, surplombé par Hitchcock, statue à la stature démiurgique. Ainsi est-elle aussi dans ma mémoire, kaléidoscopique, mêlant les souvenirs amoncelés là : d’enfance, de festivals, de films. Des souvenirs auxquels il faudra désormais ajouter ceux de cette enthousiasmante 33ème édition du Dinard Festival du Film Britannique.

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    Le panorama dinardais est à l’image du cinéma d’outre-Manche, d’une diversité admirable. Quel sentiment étrange que de se sentir (presque) à l'abri des turbulences glaçantes de l’actualité comme lors de chaque festival, celui-ci tout particulièrement, dans cette alcôve bretonne qui semble en être coupée, et en être aussi la quintessence de la beauté et de la poésie, un peu rugueuse parfois mais non moins envoûtante !

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    Avec son charme suranné, son élégance intemporelle et sa magie mystérieuse, Dinard était l’endroit idéal pour un festival d’où l’idée lancée par Thierry de la Fournière, il y a 33 ans. Hussam Hindi en fut le directeur artistique de 1996 à 2019, remplacé ensuite par Dominique Green.

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    Je vous ai souvent parlé de ce festival dont j’ai eu le plaisir de faire partie du jury en 1999 sous la présidence de la fantasque et fantastique Jane Birkin. Les ans écoulés n’ont rien changé au plaisir d’y retourner à de nombreuses reprises.

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    24 000 festivaliers étaient cette année au rendez-vous pour découvrir une programmation de qualité divisée en cinq sections thématiques : It’s Raining Men, Girl Power,   Cinema – past, present & future, Eccentrics & Free Spirits, Irish Eyes in Dinard.

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    En ces temps si âpres pour le cinéma qui, à mon grand désarroi, tend de plus en plus à devenir une marchandise consommable et jetable, les festivals sont plus que jamais indispensables pour redonner le goût incomparable de la découverte des films en salles. Cette édition était particulièrement prometteuse à cet égard, notamment la compétition, six films parmi lesquels le jury présidé par José Garcia (accompagné de Oulaya Amamra, Georges Blagden, Sofia Essaïdi, Hugo Gélin, Adrian Lester et Alice Pol) a eu la passionnante mission de choisir le Hitchcock d’or 2022.

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    Les six films de la compétition que j’ai eu le plaisir de voir ont été à la hauteur de cette promesse avec, surtout, le film couronné du Hitchcock d’or, du prix du public et du prix d’interprétation féminine (rien que cela !) qui est pour moi un des grands films de cette année 2022 et qui méritait donc cette avalanche de récompenses.

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    « Qui pensons-nous être ? ». Telle était la question posée sur les murs du Palais des arts de Dinard. Question à laquelle devaient répondre les films de cette édition selon les mots de la directrice artistique du festival, Dominique Green, lors de la cérémonie d’ouverture du festival.

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    Tourmentée. Impétueuse. Romanesque. Flamboyante. Rebelle. Étrange. Exaltée. Ainsi pourrait être qualifiée la Manche dont le spectacle incomparable, à Dinard, inonde et ensorcelle le regard. Telle pourrait aussi être qualifiée l’héroïne du film Emily de Frances O’Connor (Emma Mackey). Ce film raconte la vie imaginaire de l’une des romancières les plus célèbres du monde, Emily Brontë, disparue trop tôt, à 30 ans. Un voyage initiatique d’une jeune femme rebelle vers la maturité. Le film explore les relations qui l’ont inspirée : sa relation brute et passionnée avec ses sœurs Charlotte et Anne, son premier amour douloureux et interdit pour Weightman, et l’attention qu’elle porte à son frère Branwell.

    Cette première réalisation de Frances O'Connor dresse un portrait imaginaire de la célèbre romancière, aussi passionnant que bouleversant. Un éloge de la différence, de la liberté (avant tout celle de penser), de la puissance de l'écriture que l'auteure des Hauts de Hurlevent semble puiser autant dans les chagrins (l'amour, la mort, la solitude) que dans la sauvagerie et la rudesse des paysages du Yorkshire pour livrer cette écriture tempétueuse et poétique qui, comme ce film, nous emporte et nous enivre. Comme le panorama dinardais, finalement. La réalisation époustouflante pour un premier film (photographie sublime de Nanu Segal, richesse de la profondeur de champ, utilisation signifiante de la lumière), entre Jane Campion et James Ivory est à la hauteur de son (magnifique) sujet. Un hymne palpitant à la vie que l'écriture permet de sublimer, surmonter, exalter, romancer pour qu'elle devienne intensément romanesque à l'image de ce film qui est aussi enflammé et flamboyant, comme son héroïne, en contraste avec les paysages ombrageux du Yorkshire. Un film au romantisme sombre, envoûtant, parsemé de références au roman mythique d'Emily Brontë (entre embardées dans le genre fantastique - dont une remarquable scène de dîner qui est aussi un hommage à la force poignante et dévastatrice de l’imaginaire - et relation tumultueuse et passionnelle avec son frère) et qui interroge intelligemment les rapports entre la fiction et la vie d'un (ou une) auteur(e), la part de vérité qu’elle ou il y puise pour nourrir son art, qu’il s’agisse de s’y sauver ou de s’y perdre.

    Le président du jury de ce 33ème Dinard Festival du Film Britannique, José Garcia, a ainsi déclaré : « On a été unanimes. Emily est un très grand film, très moderne alors qu'il est sur une base très classique. »  Je vous reparlerai plus longuement de ce film vertigineux de beauté et d’intensité, dont la sortie en France est prévue pour mars 2023.

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    Le jury a tenu à créer un prix spécial pour All my friends hate me de Andrew Gaynord, un prix du « Best ensemble », prix d'interprétation collectif entièrement mérité pour une pléiade d’acteurs sur laquelle repose la réussite de ce long-métrage.

    C’est l’anniversaire de Pete. Sa bande de copains, rencontrés à la fac, lui organise une fête à la campagne. Néanmoins, Pete est de plus en plus troublé par les blagues et les commentaires sarcastiques de ses amis. Alors que l’atmosphère passe de la gêne à la terreur et au surréalisme, Pete frôle le point de non-retour au cours de ce qui était censé être un joyeux week-end de retrouvailles.

    La réussite de ce film repose avant tout sur le jeu polysémique des « camarades » de Pete. (Sont-ils foncièrement immatures ? Cruels ? Lui font-ils subir une mauvaise plaisanterie ? Pete manque-t-il tout simplement d’humour ?) Et sur l’interprétation de ce dernier en lequel la paranoïa s’insinue peu à peu, l’attitude de ses « amis » le renvoyant aux peurs de l’adolescence, celle d’être le mal-aimé, l’exclu. Le cadre ce vieux manoir perdu en pleine campagne hostile est parfait pour créer une atmosphère inquiétante aux accents horrifiques et pour faire perdre ses repères à Pete, objet de tous les reproches et toutes les rancœurs. Toujours à la frontière des genres, entre rire cynique (voire sinistre) et cauchemar, à la fois caustique, mordant, et d’une réjouissante étrangeté, ce film nous captive de la première à la dernière seconde en nous conduisant à essayer de comprendre la « règle du jeu », une partie de chasse nous rappelant d’ailleurs ici celle du film éponyme de Renoir.

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    Également au palmarès, avec un prix spécial du jury : The Almond and the Seahorse de Celyn Jones et Tom Stern, produit par Guillaume Gallienne.

    Pour Gwen (Trine Dyrholm) c’est toujours 1999. Elle ne reconnaît pas le visage qu’elle voit dans le miroir, ni sa compagne Toni Charlotte Gainsbourg), bien qu’elles se réveillent ensemble tous les jours. Le passé de Joe (Celyn Jones), se délite et sa partenaire, Sarah (Rebel Wilson), craint d’être oubliée. Un médecin refuse de les abandonner, déterminé à ne pas les laisser dépérir. Les deux couples se retrouvent dans le service du docteur Falmer, spécialiste du cerveau.

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    Ce film est l’adaptation de la pièce de théâtre que Celyn Jones a écrite avec Kaite O’Reilly, dans laquelle il jouait déjà. Il incarne donc Joe, victime d'amnésie après un traumatisme crânien. Mais ce sont Charlotte Gainsbourg et Trine Dyrholm qui crèvent l’écran, les nuances subtiles de leur jeu atténuant les quelques lourdeurs et facilités scénaristiques.

    L’amande et l’hippocampe sont ainsi deux régions cérébrales responsables de la mémoire. À travers ces destins entremêlés, ce sont les conséquences du traumatisme qui sont évoquées. Crânien pour les victimes. Et moral pour leurs accompagnants. Si le scénario n’évite pas certaines facilités, l’émotion finit par nous emporter, un constat lucide sur la maladie et ses effets dévastateurs sur l’entourage qui doit apprendre à continuer à vivre malgré cette plaie béante à l'âme (la leur et celles de leurs êtres chers). Se dégagent de ce film une profonde mélancolie mais aussi un regard à la fois empathique et sans concessions sur la maladie. La photographie est particulièrement soignée et pour cause puisqu’elle est signée Tom Stern qui a notamment souvent collaboré avec Clint Eastwood.

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    Absent du palmarès mais qui aurait mérité d’y figurer : Winners de Hassan Nazer. Dans une petite ville provinciale iranienne, les enfants travaillent dur pour faire vivre leur famille. Un jour, Yahya, neuf ans, et son amie Leyla trouvent une statuette scintillante dans le désert. Passionné de cinéma, Naser Khan, le patron de Yahya, décide de les aider à retrouver son propriétaire. 

    Alors que depuis la mort de Mahsa Amini les Iraniennes et les Iraniens luttent avec un admirable courage pour leur(s) liberté(s), Winners de Hassan Nazer, film en compétition anglo-iranien rendait un hommage malin et décalé à la puissance du cinéma mais aussi à celle du cinéma des cinéastes iraniens dont Jafar Panahi (et à l'un de ses chefs-d'œuvre, Taxi Téhéran, malicieusement cité) actuellement emprisonné. À travers l'histoire de Yahya, neuf ans, et de son amie Leyla qui trouvent une statuette scintillante dans le désert (un Oscar !), sous forme d'une fable maligne, Hassan Nazer montre les souffrances d’un pays dans lequel les enfants doivent trier les déchets pour (sur)vivre et dans lequel le cinéma représente une évasion merveilleuse, un Cinéma Paradiso (le film de Tornatore est d’ailleurs maintes fois cité). Ce quatrième long-métrage de Hassan Nazer fut primé par le public du festival d’Edimbourg. Tout comme son jeune interprète, Yahya, qui passait ses nuits à visionner des DVD en cachette, Hassan, lui, regardait des VHS. Contrôlé par les autorités iraniennes, il a intelligemment réussi à obtenir leur aval et malgré tout à évoquer l’état de son pays d’origine : « Les réalisateurs iraniens doivent être intelligents pour dire ce qu’ils ont à dire, sourit-il. Par nécessité. C’est cela qui rend les films iraniens uniques. » En sort un grand vainqueur : le cinéma, qui permet de rapprocher les êtres et d’éclairer la réalité.

    Également en compétition, My old school de Jono McLeod. L’étonnante et véritable histoire de l’imposteur le plus célèbre d’Écosse. 1993 : Brandon, 16 ans, est le petit nouveau de l’école. Très vite, il devient le premier de la classe, réussit ses examens, se fait des amis et décroche même le rôle principal dans la comédie musicale de l’école. Il est l’élève modèle, jusqu’à ce que son secret soit révélé.

    Mêlant animation, documentaire et reconstitution (l’imposteur prenant les traits d’Alan Cumming), ce film hybride vaut avant tout pour l’histoire qu’il conte et pour ce mélange des genres. Malheureusement, aussi fascinante soit cette histoire, les multiples répétitions des mêmes moments sous un angle différent finissent par devenir lassantes et insultantes pour l'intelligence du spectateur malgré l’inventivité indéniable de la réalisation.

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    Quant à Pirates de Reggie Yates, sixième film en compétition, il nous emmène un soir du Nouvel An 1999 lors duquel trois amis, jeunes adultes, s’aventurent dans les rues de Londres, déterminés à terminer l’année en beauté avant que leurs vies ne diffèrent irrémédiablement. Au volant d’une petite Peugeot 205, esquivant les petites amies et les gangs, Cappo, Two Tonne et Kidda sont prêts à tout pour se procurer des billets pour la meilleure fête du millénaire.

    Le ton décalé so britisth, l’enthousiasme débridé et communicatif de ses jeunes interprètes (qui auraient eux aussi mérité un prix d’interprétation collectif !), le rythme trépidant, tout cela dégage un charme certain malgré l’immaturité des protagonistes, et parfois du scénario. Reste, comme dans le film précédent, une bande-son extrêmement entraînante, joyeuse et réussie. Pirates est ainsi un hommage à cette musique et à une époque révolue, des cassettes audio et des vieux téléphones portables. Un feel-good movie qui exhale une vitalité rafraîchissante.

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    Enfin, je tenais à évoquer deux films iconoclastes projetés lors de cette 33ème édition, au premier rang desquels Les Banshees d’Inisherin de Martin McDonagh. Un conte funeste et funèbre présenté en avant-première mondiale à la Mostra de Venise 2022 où il a remporté le prix du meilleur scénario et pour lequel Colin Farrell a remporté la Coupe Volpi de la meilleure interprétation masculine.

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    Sur Inisherin - une île isolée au large de la côte ouest de l'Irlande -, entre 1922 et 1923, en pleine guerre civile, deux compères de toujours, Padraic (Colin Farrell)  et Colm (Brendan Gleeson), se retrouvent dans une impasse lorsque Colm décide du jour au lendemain de mettre fin à leur amitié. Abasourdi, Padraic n’accepte pas la situation et tente par tous les moyens de recoller les morceaux, avec le soutien de sa sœur Siobhan et de Dominic, un jeune insulaire un peu dérangé. Mais les efforts répétés de Padraic ne font que renforcer la détermination de son ancien ami et lorsque Colm finit par poser un ultimatum désespéré, les événements s’enveniment et vont avoir de terribles conséquences.

    Après ses deux oscars pour 3 Billboards en 2018, Martin McDonagh retrouve les deux acteurs de son premier film, Bons baisers de Bruges, Colin Farrell et Brendan Gleeson film dans lequel se trouvait déjà ce mélange détonant d’humour et de noirceur. La guerre reste hors-champ mais l’atmosphère lourde qui imprègne l’île est celle d’une violence latente. L’incongruité de la situation et du postulat imposé par Colm à son ex-ami instille un malaise qui va crescendo et, au fil des minutes, le rire caustique se teinte de plus en plus d’angoissante gravité. L’isolement de cette île aux paysages époustouflants instaure un climat d’étrangeté avec ses autochtones peu affables entre un policier qui violente son fils, une épicière un peu trop curieuse et une vieille femme aux airs de sorcière métaphorisant la Mort. Padraic s’occupe de ses animaux (véritables personnages ici) mais le reste de son temps il ne fait pas grand-chose si ce n’est, normalement, bavarder au pub avec Colm (ou plutôt l’abreuver de bavardages abscons selon les dires de ce dernier). Colm préfère désormais écrire de la musique. L’équilibre des lieux semble bien fragile et, par son attitude absurde et résolue, Colm va venir le déstabiliser. Seule Siobhan semble agir avec raison et faire la seule chose qui s'impose : quitter ces lieux nocifs. Le drame prend peu à peu le pas sur la légèreté jusqu’à une certaine radicalité qui confine à la folie. Le film est parfois aussi aux frontières du fantastique. Mais ne rentre finalement dans aucun genre. Cette île est un reflet d’un monde dépassé par la violence forcément aussi absurde que le climat menaçant qui règne sur cette île que symbolise le comportement de Colm qui en devient alors l’allégorie. Le ton si singulier du film en constitue la richesse, portée par des comédiens exceptionnels, des premiers aux secondes rôles. Une fable tantôt caustique, tantôt tragique, constamment déroutante.

    Parmi les incontournables moments forts de cette édition, il ne fallait pas manquer The Gallery de Paul Raschid, une véritable expérience en exclusivité à Dinard, projeté en présence de Paul Raschid et George Blagden. Le film a en effet été projeté pour la première fois en version intégrale dans une salle de cinéma…avec 18 fins possibles ! Une séance interactive particulièrement ludique qui a enthousiasmé les festivaliers et qui, loin d’être vaine, explore astucieusement l’idée du libre-arbitre.

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    Un marchand d'art est pris en otage par un portraitiste qui menace de faire exploser une bombe si ses exigences, qui changent constamment, ne sont pas satisfaites... Le public doit alors choisir entre un protagoniste masculin qui évoluera en 2021, et un protagoniste féminin en 1981. En votant à des instants clés, le spectateur décide de la suite de l’histoire ; la vie du protagoniste en dépend. Les rôles principaux de Morgan et Dorian sont joués par les deux mêmes acteurs dans les différentes versions. Ce film interactif investit un nouveau territoire, entre le cinéma et le jeu.

    L’histoire se déroule ainsi en 1981 puis en 2021 et s’adapte parfaitement aux enjeux de chaque époque. En 1981, l’Angleterre est celle de Thatcher  avec des troubles civils. Le personnage dont le spectateur guide les décisions est la conservatrice Morgan Haynes (Anna Popplewell). Elle s’apprête à exposer le portrait d’une personnalité politique réalisé par une artiste reconnue : Nicki Dryden-Smith (Rebecca Root). La veille, Dorian (George Blagden) s’introduit dans la galerie et la prend en otage. Dans la seconde version, l’Angleterre est celle du Brexit. Le pays est donc à nouveau divisé mais pour d’autres raisons cette fois. L’épidémie de Covid est aussi largement prise en compte. Le conservateur sur les décisions duquel nous influons est Morgan Haynes (George Blagden) qui expose le portrait d’une influenceuse. Cette fois, c’est une femme (Anna Popplewell) qui prend le galeriste en otage. Anna Popplewell et George Blagden. Popplewell sont particulièrement impressionnants, et la réussite de l'expérience tient sur leurs épaules et à la riche palette de leur jeu, aidée par des décors et costumes parfaitement en adéquation avec les différentes époques. Une expérience à vivre en festival !

    L’éloge de l’étrangeté. Ainsi pourrait-on résumer les films de cette édition. Et dans un monde et un cinéma de plus en plus aseptisés, cette irrévérence toute britannique, cette exploration des méandres de l’âme, jusqu’aux frontières de l’irrationnel, fait un bien fou.

    Quitter un festival, c’est toujours pour moi éprouver une foule de sentiments contradictoires, une sorte de joie teintée de nostalgie. Une joie nostalgique alors, doux oxymore. La nostalgie de quitter une sensation de jubilatoire irréalité. Mais c’est aussi la joie de retrouver le cocon de l’écriture, le plaisir inestimable de laisser les mots s’élancer dans le silence et me laisser transporter par leur musique, telle que l’entendait Stendhal :

    « il faut que la musique commence par nous égarer pour nous faire regarder comme des possibles des choses que nous n’osions espérer ».

    Oui, cette musique-là des mots celle qui nous laisse croire en l’impossible et nous égarer avec délices, et être qui l’on peut oser être, peut-être ainsi donc : tourmentée, impétueuse, romanesque, flamboyante, rebelle, étrange, exaltée. Revenir à Dinard c’est toujours plonger dans un bain de cinéma et de souvenirs teintés de nostalgie, et déplorer alors que le temps file comme cette mer couleur émeraude monte : à la vitesse d’un cheval au galop. Mais aussi, entre les volutes du passé et du cinéma, être à Dinard, c’est surtout respirer à pleins poumons l'air malgré tout consolant de la fameuse mer galopante. Et se laisser emporter par la puissance des rêves qu'elle insuffle.

    En complément :

    - le site officiel du festival

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    - une nouvelle intitulée À l'ombre d'Alfred qui a pour cadre le Festival de Dinard, à retrouver dans mon recueil de 16 nouvelles sur les festivals de cinéma, Les illusions parallèles – Editions du 38 – 2016 .  Pour avoir un aperçu de ce recueil, je vous invite à écouter, Un certain 14 novembre, une des 16 autres nouvelles de ce recueil enregistrée en podcast, ici.

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    Photo ci-dessus prise lors de ma séance de dédicaces à la Librairie Nouvelles Impressions de Dinard pendant l'édition 2016 du Festival du Film Britannique.

    - un texte sur mes souvenirs de jurée au festival dans le livre des 20 ans du festival, Flashback, en 2009,

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    - mais aussi, quelques années plus tard, en 2021, dans le livre 125 ans de cinéma au Pays de Dinard.

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    - mon compte-rendu de l’édition 2016 du Festival de Dinard

    - mes nouvelles qui ont pour cadre Dinard enregistrées en podcast, à écouter sur Spotify en suivant les liens ci-dessous :

    Les traits assassins

    Eperdument

    Un remerciement particulier à Gilles Lyon-Caen, attaché de presse du festival, pour l'organisation et l'accueil, parfaits.

    À bientôt pour de nouvelles aventures cinématographiques, réelles ou romanesques…!

    PALMARES du 33ème DINARD FESTIVAL DU FILM BRITANNIQUE

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    PRIX DU JURY | JURY PRIZES

    Hitchcock d’Or Ciné+ | Best Film

    Emily de Frances O’Connor

    Hitchcock de la meilleure interprétation | Best Performance

    Emma Mackey pour Emily

    Prix spécial du jury Barrière | Special Prize

    The Almond and the Seahorse de Celyn Jones & Tom Stern

    Prix d’interprétation collectif | Best Ensemble

    All my Friends Hate Me de Andrew Gaynord

    PRIX DU PUBLIC | AUDIENCE AWARDS

    Hitchcock du public long-métrage | Public Prize Hitchcock, Feature Film

    Emily de Frances O’Connor

    Hitchcock du public shortcuts | Public Prize Hitchcock, Best Short

    Rat de Sarah Gordon

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  • Nominations des Paris Film Critics Awards 2022

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    Je vous en avais déjà parlé, ici, le mois dernier : à l’image des New York Film Critics Circle Awards, Los Angeles Film Critics Association Awards ou London Critics Film Awards, qui sont aujourd’hui des institutions, les Paris Film Critics Awards, créés à l'initiative de Sam Bobino, récompenseront chaque année le meilleur du cinéma.

    Un collège de 50 votants constitué de critiques et journalistes professionnels de cinéma et culture basés à Paris (l’académie des Paris Film Critics) décernera ses prix aux meilleurs longs-métrages (français et internationaux sortis en salles ou sur des plateformes durant l’année 2021) et talents du cinéma. Je me réjouis de faire partie des votants car j'y vois là avant tout un autre moyen de défendre les films que j'aime comme j'essaie de le faire, passionnément, depuis 2003 sur Inthemoodforcinema.com et ponctuellement ailleurs, surtout que le cinéma (plus que jamais !) a besoin d'être ardemment défendu.

    Les Paris Film Critics Awards 2022 seront remis lors d’une cérémonie qui aura lieu le 7 février à 20H à l'hôtel Le Royal Monceau - Raffles Paris. Ils rendront hommage aux membres de l'industrie cinématographique qui ont excellé dans leur domaine ainsi qu’aux grandes figures du cinéma avec le prix d’honneur pour l'accomplissement d’une carrière (Life Achievement Award) dont le nom sera dévoilé lors de la cérémonie.

    Vous trouverez ci-dessous la liste des nommés. Les lauréats seront donc annoncés le 7 février. Pour en savoir plus, je vous invite également à suivre les Paris Film Critics Awards sur instagram (@parisfilmcritics).

    En tête des nominations figurent Annette et Illusions perdues (7 nominations chacun). Vous y trouverez aussi des films que je vous ai recommandés ici tout au long de l'année 2021 comme celui précité de Xavier Giannoli mais aussi The Father (4 nominations), Les magnétiques (2 nominations), L'Etat du Texas contre Mélissa (1 nomination)...

    Je vous détaillerai bien entendu prochainement le palmarès suite à la cérémonie du 7 février. En attendant, je vous invite à découvrir la liste complète des nominations, ci-dessous.

    NOMINATIONS 2022

    MEILLEUR FILM / BEST PICTURE


    ANNETTE
    DRIVE MY CAR
    ILLUSIONS PERDUES
    L’ÉVÉNEMENT
    ONODA, 10 000 NUITS DANS LA JUNGLE
    THE CARD COUNTER


    MEILLEUR RÉALISATEUR / BEST DIRECTOR


    ARTHUR HARARI, Onoda, 10 000 nuits dans la jungle
    AUDREY DIWAN, L’Événement
    DENIS VILLENEUVE, Dune 
    JULIA DUCOURNAU, Titane
    LEOS CARAX, Annette
    XAVIER GIANNOLI, Illusions perdues


    MEILLEURE ACTRICE / BEST ACTRESS


    LADY GAGA, House of Gucci
    MARION COTILLARD, Annette
    PENELOPE CRUZ, Madres Paralelas
    RENATE REINSVE, Julie (en 12 Chapitres)
    VALERIA BRUNI TEDESCHI, La Fracture
    VALERIE LEMERCIER, Aline


    MEILLEUR ACTEUR / BEST ACTOR


    ADAM DRIVER, Annette
    ANTHONY HOPKINS, The Father
    BENOIT MAGIMEL, De son vivant
    OSCAR ISAAC, The Card Counter
    VINCENT LINDON, Titane
    YUYA ENDO, Onoda,10 000 nuits dans la jungle


    MEILLEURE ACTRICE DANS UN SECOND RÔLE / BEST SUPPORTING ACTRESS


    CHARLOTTE RAMPLING, Benedetta 
    CÉCILE DE FRANCE, Illusions perdues
    JODIE COMER, Le Dernier Duel
    MERYL STREEP, Don’t Look Up : Déni cosmique
    OLIVIA COLMAN, The Father
    TOKO MIURA, Drive My Car

    MEILLEUR ACTEUR DANS UN SECOND RÔLE / BEST SUPPORTING ACTOR


    ADAM DRIVER, Le Dernier Duel
    AL PACINO, House of Gucci
    KARIM LEKLOU, Bac Nord
    LAMBERT WILSON, Benedetta
    VINCENT LACOSTE, Illusions perdues
    WILLEM DAFOE, The Card Counter


    MEILLEURE REVELATION FÉMININE / BEST YOUNG ACTRESS


    AGATHE ROUSSELLE, Titane
    AISSATOU DIALLO SAGNA, La Fracture
    ANAMARIA VARTOLOMEI, L’Événement
    DAPHNÉ PATAKIA, Benedetta
    LUCIE ZHANG, Les Olympiades
    ZBEIDA BELHAJAMOR, Une histoire d’amour et de désir


    MEILLEURE REVELATION MASCULINE / BEST YOUNG ACTOR


    ABDEL BENDAHER, Ibrahim
    ALSENI BATHILY, Gagarine
    FILIPPO SCOTTI, La Main de Dieu 
    MAKITA SAMBA, Les Olympiades
    SAMI OUTALBALI, Une histoire d’amour et de désir
    THIMOTÉE ROBART, Les Magnétiques


    MEILLEUR SCENARIO ORIGINAL / BEST ORIGINAL SCREENPLAY


    ADAM McKAY & DAVID SIROTA, Don’t Look Up : Déni cosmique
    ARTHUR HARARI & VINCENT POYMIRO, Onoda, 10 000 nuits dans la jungle
    ASGHAR FARHADI, Un Héros
    BRIGITTE BUC & VALÉRIE LEMERCIER, Aline
    CATHERINE CORSINI, La Fracture
    RON & RUSSELl MAEL, Annette 


    MEILLEURE ADAPTATION / BEST ADAPTED SCREENPLAY


    AUDREY DIWAN & MARCIA ROMANO, L’Événement
    CHRISTOPHER HAMPTON & FLORIAN ZELLER, The Father
    DENIS VILLENEUVE, ERIC ROTH & JON SPAIHTS, Dune 
    JACQUES AUDIARD, CELINE SCIAMMA & LEA MYSIUS, Les Olympiades 
    RYUSUKE HAMAGUCHI & TAKAMASA OE, Drive My Car
    XAVIER GIANNOLI & JACQUES FIESCHI, Illusions Perdues


    MEILLEURE PHOTOGRAPHIE / BEST CINEMATOGRAPHY


    CAROLINE CHAMPETIER, Annette
    CHRISTOPHE BEAUCARNE, IIlusions perdues
    GREIG FRASER, Dune
    JANUSZ KAMINSKI, West Side Story
    RUBEN IMPENS, Titane
    TOM HARARI, Onoda, 10 000 nuits dans la Jungle

    MEILLEUR MONTAGE / BEST FILM EDITING


    CYRIL NAKACHE, Illusions Perdues
    JEAN-CHRISTOPHE BOUZY, Titane
    LAURENT SÉNÉCHAL, Onoda, 10 000 nuits dans la jungle 
    LOURI KARIKH, La Fièvre de Petrov
    NELLY QUETTIER, Annette
    SIMON JACQUET, Bac Nord


    MEILLEURE MUSIQUE ORIGINALE / BEST ORIGINAL SCORE


    ALBERTO IGLESIAS, Madres Paralelas
    ALEXANDRE DESPLAT, The French Dispatch
    HANS ZIMMER, Dune
    RONE, Les Olympiades
    RON MAEL & RUSSELL MAEL / SPARKS, Annette
    WARREN ELLIS, NICK CAVE, La Panthère des Neiges


    MEILLEUR PREMIER FILM / BEST FIRST FILM


    GAGARINE
    LA NUÉE
    LES MAGNETIQUES
    SOUND OF METAL
    PLEASURE
    THE FATHER


    MEILLEUR DOCUMENTAIRE / BEST DOCUMENTARY


    DELPHINE ET CAROLE INSOUMUSES
    INDES GALANTES
    LA PANTHÈRE DES NEIGES
    L’ÉTAT DU TEXAS CONTRE MELISSA
    LEUR ALGÉRIE
    THE BEATLES GET BACK


    MEILLEUR FILM D’ANIMATION / BEST ANIMATED FILM


    ENCANTO
    LA TRAVERSEE
    LE SOMMET DES DIEUX
    LUCA
    OÙ EST ANNE FRANCK !
    TOUS EN SCÈNE 2

     

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  • César 2021 : les films incontournables à voir avant l'annonce des nominations le 10 février

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    En amont de l’annonce des nominations pour les César2021 qui aura lieu ce 10 février tandis que la cérémonie se tiendra le 12 mars, voici (dans un ordre aléatoire) mes 13 films coups de cœur de 2020. Si vous êtes membre votant de l’Académie des César, il est encore temps de les découvrir. Parmi ces films qui témoignent de la vitalité et de la diversité du cinéma français, beaucoup de premiers longs métrages. On y retrouve des thèmes récurrents (deuil, quête d’identité, amours contrariées). Des films souvent bouleversants, beaucoup de drames intimes aux frontières du thriller, portés par des comédiens remarquables et des mises en scène inventives. Tous méritent d’être nommés dans plusieurs catégories.

    Quelques mots en bref sur chacun d’entre eux et les nominations qu’ils méritent :

    MADRE de Rodrigo Sorogoyen

    Le téléphone sonne. Le fils d’Elena, 6 ans, paniqué, perdu, seul, sur une plage des Landes, appelle sa mère, à des kilomètres de là et dit ne plus trouver son père.  C’est par ce plan séquence brillantissime, haletant, qui nous met dans la peau d’Helena, saisie par cette angoisse absolue, que débute ce film captivant, suffocant, déroutant, comme il le sera jusqu’à la dernière seconde. Constamment, il brouille les pistes, les genres même, comme le deuil lui-même abolit toute notion de réalité, aux frontières de la morale et de la folie : savant écho entre le fond et la forme dans ce thriller sur la confusion des sentiments autant que sur l’absence inacceptable. Ajoutez à cela un sens rare du cadre et hors-champ, une interprétation magistrale (de Marta Nieto et Jules Porier) et vous obtiendrez un film palpitant. Et rare.

    ETE 85 de François Ozon

    (Extrait de ma critique complète à lire, ici, sur Inthemoodforcinema.com.) Les premières minutes des films d’Ozon, brillants exercices d’exposition mais aussi de manipulation, sont des éléments incontournables de ses scénarii ciselés, délicieusement retors et labyrinthiques, et sont toujours annonciatrices des thématiques que chacun de ses films explore : deuil, mensonge, désir, enfoui et/ou inavoué et/ou dévorant.  Avec toujours ce sens précis de la mise en scène (maligne, complice ou traitre), riche de mises en abyme. Dès les premières secondes, il happe l’attention et pose les fondations d’un univers dont la suite consistera bien souvent à le déconstruire. « Été 85 » ne déroge pas à la règle. […] Un film fougueux, électrique, malicieusement dichotomique, sombre et lumineux, cruel et doux, tragique et ironique, qui enfièvre la réalité, enragé de fureur de vivre et d’aimer, pour raconter la mort. Ou la défier peut-être... Et une fois de plus, une passionnante réflexion sur le pouvoir des illusions, artistiques ou amoureuses, qui, au dénouement de ce film intense, portent et emportent vers un avenir radieux empreint de la beauté mélancolique d’un vers de Verlaine. Ou d’une danse funèbre, terriblement sublime, à jamais gravée dans nos mémoires de spectateurs. Sélection Cannes 2020. Film lauréat des Prix Lumières de la meilleure image pour Hichame Alaouié et de la révélation masculine pour Félix Lefebvre et Benjamin voisin.

    SOL de Jézabel Marques

    Sol (Chantal Lauby), célèbre interprète de Tango argentin, vit à Buenos-Aires depuis longtemps. Elle ne s’est jamais réellement remise de la perte de son fils unique avec qui elle avait rompu tout lien. Elle revient à Paris dans l’espoir de rencontrer enfin son petit-fils. Elle loue le studio situé sur le palier où vivent sa belle-fille (Camille Chamoux) qu’elle ne connaît pas et ce dernier…Ce premier long métrage possède une grâce ineffable, celle d’une histoire poignante racontée avec une touchante modestie qui fait affleurer l’émotion de la première à la dernière seconde. Un film à l’image de la musique qui le porte et lui donne la note : un tango argentin chaleureux et mélancolique, réconfortant et nostalgique, qui étreint l’âme et entremêle force, délicatesse et sensualité. Un film embrasé de douceur et de lumière malgré l’ombre de l’absence qui, constamment, plane. Un film qui exhale l’innocence inestimable de l’enfance et la force des liens du cœur. Des dialogues savoureux, caustiques et tendres (scénario de Jézabel Marques, Faïza Guène et Vincent Cappello). Chantal Lauby est remarquable en grand-mère fantasque d’une justesse et vitalité communicative qui se fait « adopter » par son petit-fils et sa belle-fille (Camille Chamoux, très sobre, qui traine sa tristesse abyssale). Des solitudes qui s’apprivoisent et dont la rencontre va panser les plaies béantes et culpabilités et qui vont se redonner le goût de vivre et d’aimer comme ce tango envoûtant (musique signée Laurent Perez del Mar) y enjoint. Un petit bijou de simplicité et de sensibilité, d’une tendre drôlerie, à fleur d’âme et de peau.

    LA NUIT VENUE de Frédéric Farrucci

    (Extrait de ma critique complète à lire ici) Les films auxquels nous fait songer cette « nuit venue » ne manquent pas : « Taxi Driver », « Drive », « Collatéral », « Le Samouraï », « In the mood for love » mais ce premier long métrage de fiction de Frédéric Farrucci, notamment grâce au scénario coécrit avec Nicolas Journet et Benjamin Charbit, avec son identité singulière, son propre rythme poétique qui vous emporte dans sa danse tragique ne ressemble finalement à aucun autre. « La nuit venue » a obtenu les prix de la mise en scène et de la meilleure musique originale (signée Rone) au Festival International du Film de Saint-Jean-de-Luz 2019, c’était déjà une bonne raison de le découvrir. Je vous y engage fortement.  […] Peut-être peut-on trouver un dernier point commun avec « Le Samouraï », des plans de début et de fin qui se répondent. Ici, ce sont deux visages en miroir. Là, en revanche, contrairement à ce qui se joue dans le film de Melville, l’espoir est, malgré tout, permis, celui que porte la musique qui électrise et immortalise les émotions dont ce film foisonne à l'image de celle qui, parfois, nous saisit une fois la nuit venue : d'une mélancolie troublante.

    DEUX de FILIPPO MENEGHETTI

    Aux yeux des autres seulement voisines de palier, Nina et Madeleine sont en réalité profondément amoureuses l’une de l’autre. Elles projettent de vendre leurs appartements respectifs et de terminer leur vie à Rome. Mais Madeleine n’a rien dit de cette relation à ses enfants. Jusqu’au jour où elle subit un AVC ... En un instant, pour Nina tout s’effondre. Le palier qui sépare leurs deux appartements devient alors comme une frontière infranchissable. Le symbole de l’enfermement. De l’amour cadenassé, condamné au silence. Prenant et claustrophobique comme un thriller (on songe au brillant « Jusqu’à la garde » où là aussi la quotidienneté se transforme en horreur) et bouleversant comme la sublime histoire d’amour qu’il est aussi, ce film mérite amplement sa sélection comme représentant de la France aux #Oscars2021. Barbara Sukowa et Martine Chevallier sont lumineuses, intenses, infiniment émouvantes dans ces rôles de femmes qui s’aiment envers et contre tout et tous. Là aussi l’émotion affleure du début à la fin. Un premier long métrage incroyablement maitrisé, avec une utilisation judicieuse du cadre, du hors-champ, de l’arrière-plan dès la première seconde. Aussi, un tableau sans concessions et juste de l’infantilisation de ceux qu’on « abrutit de médicaments pour qu'ils vous obéissent ». Ce mélodrame subtil est avant tout une histoire d’amour aux frontières du thriller qui s’achève par une danse d’une beauté renversante. « Deux » vient de recevoir les Prix Lumières du meilleur film et de la meilleure interprétation féminine pour ses deux actrices, en effet exceptionnelles.

    LES CHOSES QU’ON DIT, LES CHOSES QU’ON FAIT d’Emmanuel Mouret

    Un chassé-croisé amoureux délicieusement drôle, infiniment romanesque, sur les rendez-vous manqués et la complexité et la beauté des vertiges de l’amour. Le scénario particulièrement inventif entrelace les histoires avec brio, servi par des dialogues ciselés joués par quatre comédiens d’une justesse admirable : Camélia Jordana, Niels Schneider, Vincent Macaigne et Emilie Dequenne qui irradient de talent. Un film plein de fantaisie qui n’est pas sans rappeler Rohmer ou Woody Allen, l’élégance de la mise en scène comprise. Un film maitrisé (quel sens de la construction du récit !) sur l’inconstance, sur nos conflits intérieurs, des variations auxquelles font écho les musiques de Chopin, Debussy, Vivaldi, Mozart qui accompagnent cette promenade au charme renversant. Une histoire non pas d’amour mais de sentiments qui se déguste sans modération… qui nous dit que « l'amour c'est quelque chose de grave et c'est justement parce que c'est grave que c'est important et que c'est beau », « Pour qu'il y ait une faute il fa utqu'il y ait une règle bien claire mais en amour quelle est la règle ? »,  «Le véritable amour ne s'intéresse qu'au bonheur de l'autre. Il ne se soucie pas de posséder. », « C'est fou comme quelques mots alignés les uns derrière les autres peuvent changer quelque chose en nous. » Sélection Cannes 2020.  

    UN FILS de Mehdi M.Barsaoui

    Farès et Meriem forment avec Aziz, leur fils de 9 ans, une famille tunisienne moderne issue d’un milieu privilégié. Lors d’une virée dans le sud de la Tunisie, leur voiture est prise pour cible par un groupe terroriste et le jeune garçon est grièvement blessé. Le film se déroule en 2011, année d’un tournant politique et social en Tunisie.  Le tsunami provoqué par l’accident sur la famille est aussi celui, politique, qu’a vécu le pays avec la chute de Ben Ali dans une Tunisie où règnent la corruption, les lois iniques, et rigoristes. Cette course contre le temps est haletante et comme dans les premières minutes de « Madre » l’identification est immédiate face à cette douleur absolue : la mise en danger d’un enfant face à laquelle les parents se sentent impuissants. Comme dans « Madre » toujours, le drame indicible fait frôler voire franchir les frontières de la morale et de la folie. Encore un premier long métrage, pour lequel Sami Bouajila a remporté le prix du meilleur acteur à Venise mais aussi aux @prixlumieres (Najla Ben Abdallah aurait aussi mérité d’être récompensée). Un drame intime aux frontières du thriller, là encore. Mais aussi un film politique et une radiographie de la société tunisienne de 2011. Le chaos politique fait ainsi écho au chaos intime, un piège inextricable, et l’exacerbe encore. Un suspense encore accru par la nervosité de la caméra à l’épaule au plus près de la solitude et de l’enfermement des personnages. Un suspense qui s’achève par un dernier plan qui suspend notre souffle au pardon possible.

    POLICE d’Anne Fontaine

    Police est l'adaptation du roman éponyme d’Hugo Boris. On y suit trois policiers parisiens : Virginie, Erik et Aristide, obligés d’accepter une mission inhabituelle : reconduire un étranger à la frontière. Sur le chemin de l’aéroport, Virginie comprend que leur prisonnier risque la mort s’il rentre dans son pays. Face à cet insoutenable cas de conscience, elle cherche à convaincre ses collègues de le laisser s’échapper. Anne Fontaine nous plonge dans l’intimité de ces trois policiers, leurs doutes, leurs fragilités, leurs blessures dissimulés derrière le masque de la fonction. Parfois la même scène est montrée sous trois points de vue différents, mettant ainsi en exergue la polysémie de la vie et de l’âme. L’éblouissante photo d’Yves Angelo nous donne l’impression que la caméra les caresse avec empathie, enfermés dans leurs cas de conscience. Là encore (décidément !), un drame intime aux frontières du thriller interprété par trois comédiens talentueux, Virginie Efira, Omar Sy et Grégory Gadebois. Comme la caméra sur eux, l’étau se resserre, et le portrait de groupe devient un huis-clos oppressant. Passionnant !

    K CONTRAIRE de Sarah Marx

    Quand Ulysse, 25 ans sort de prison, il doit gérer sa réinsertion et la prise en charge de sa mère malade. Sans aide sociale, il lui faut gagner de l’argent et vite. Avec son ami David, ils mettent en place un plan : vendre de la Kétamine. Une drogue.  La même que celle avec laquelle on veut aussi soigner sa mère. D’où le K « contraire ». D’où le paradoxe. Comme celui du fils qui devient finalement le « parent » de sa propre mère. Comme cette vie « en liberté » qui devient finalement synonyme d’enfermement. Là encore un premier long métrage qui vaut d’abord pour sa mise en scène nerveuse et l’éclosion d’un acteur impressionnant (Sandor Funtek) face à une Sandrine Bonnaire qui l’est toujours autant.

    LA DERNIERE VIE DE SIMON de Léo Karmann

    Simon a 8 ans, il est orphelin et rêve de trouver une famille prête à l’accueillir. Mais Simon n’est pas un enfant comme les autres, il a un pouvoir secret : il est capable de prendre l’apparence de chaque personne qu’il a déjà touchée. Ce premier long métrage que j’ai découvert au Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule 2019 est un hommage à Spielberg, Zemeckis, Cameron, à ces films à double lecture souvent, qui font briller autant les yeux des enfants que des adultes. Malgré ses brillantes références, il possède sa propre singularité. Celle d’un drame enchanteur. Un conte sombre, hybride, dans une Bretagne ensorcelante. Un conte merveilleux et cruel sur un amour sacrificiel qui évoque donc des sujets graves (deuil, maladie, quête d’identité, métaphore des mutations de l’adolescence) par le biais du fantastique. Un film à la hauteur de ses ambitions, avec un scénario d’une indéniable originalité, d’une réconfortante naïveté, et pourtant dénué de toute mièvrerie.

    LES PARFUMS de Grégory Magne

    Anne Walberg (Emmanuelle Devos) est « nez » : elle crée des fragrances et vend son incroyable talent à toutes sortes de sociétés. Véritable diva, elle a pour nouveau chauffeur le seul qui n’a pas peur de lui tenir tête, sans doute la raison pour laquelle elle ne le renvoie pas. Ce film rempli de charme vaut avant tout pour son personnage féminin attachant, subtilement (d)écrit, dénué de manichéisme, et pour le formidable duo qu’elle forme avec le tout aussi juste Grégory Montel. Les personnages secondaires sont aussi particulièrement bien écrits. Une comédie délicieuse et séduisante.

    ADOLESCENTES de Sébastien Lifshitz

    Emma et Anaïs sont inséparables et, pourtant, tout les oppose. Adolescentes suit leur parcours depuis leurs 13 ans jusqu’à leur majorité. A travers cette chronique de la jeunesse, le film dresse aussi le portrait de la France de ces 5 dernières années. Quel talent, quelle patience, quelle acuité, quelle sensibilité faut-il pour atteindre un tel niveau d’intimité (sans que cela ne soit jamais impudique), une telle force dans chaque seconde de ce documentaire qui ressemble à une fiction tant la vie « a plus d’imagination que nous ». Ajoutez à cela une réalisation inspirée, la malice, la vitalité de ces deux adolescentes et vous obtiendrez un film fort et délicat où l’émotion est constamment présente. Un tableau saisissant de notre époque ( de ses drames aussi dont on revit toute l’horreur) mais aussi des réminiscences de ce âge, instant suspendu, fragile, fiévreux, où tout se décide, âge de tous les possibles, de tous les émois.  A la fois intime et universel, drôle, vif, émouvant, mélancolique, cruel parfois, ce documentaire est porté par une magie imprévisible, celle de la vie qui éclate sous nos yeux. Fascinant. Prix Louis-Delluc 2021.

    LA FILLE AU BRACELET de Stéphane Demoustier

    Lise (Melissa Guers), 18 ans, vit dans un quartier résidentiel sans histoire et vient d'avoir son bac. Depuis deux ans, Lise porte un bracelet car elle est accusée d'avoir assassiné sa meilleure amie. Cet examen quasi clinique d’un procès est avant tout celui des adolescents d’aujourd’hui dont le procès permet finalement de livrer le portrait, comme des boîtes de gigogne qui délivreraient sans cesse de nouveaux secrets et feraient peu à peu tomber le masque d’impassibilité, sans pour autant lever complètement le mystère de celle qui est une inconnue pour ses proches. Un thriller intime sur une personnalité insaisissable, déstabilisante. Un scénario brillant (de Stéphane Demoustier) et des seconds rôles là aussi ciselés (Anaïs Demoustier en avocate générale, Chiara Mastroianni et Roschdy Zem en parents dépassés). Une démonstration implacable et glaçante.

    Retrouvez la plupart de ces films sur Universcine.com.

    Lien permanent Imprimer Catégories : IN THE MOOD FOR NEWS (actualité cinématographique) Pin it! 0 commentaire
  • Idée cadeau cinéma pour Noël : un abonnement à la Box fait son cinéma

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    A deux jours de Noël, vous manquez d'idées de cadeaux ? Pas de panique. J'ai ce qu'il vous faut. Un cadeau original, pour les amoureux du cinéma, qui en plus s'égrènera tout au long de l'année et auquel vous serez sans doute le seul ou la seule à avoir pensé : un abonnement à la Box fait son cinéma.

    J'ai moi-même la chance de la recevoir chaque mois et c'est à chaque fois une excellente surprise. Je n'ai pas résisté à l'envie de revoir les classiques reçus comme "Taxi driver" ou "Forrest Gump".

    Il s'agit ainsi de la toute 1ère box surprise sur abonnement dédiée à l’univers des plus grands films. Une mine d'or pour cinéphiles! Et un plaisir enfantin que de découvrir les surprises que recèlent la boîte.

    Le principe est simple : les abonnés reçoivent chaque mois à domicile une box surprise composée d’un film qu’il faut avoir vu au moins une fois dans sa vie (format DVD ou Bluray au choix lors de l’inscription) et de produits soigneusement sélectionnés en lien avec le film et/ou sa thématique ainsi qu’un vrai kit clé en main pour plonger dans l’atmosphère du film et organiser son propre ciné club à la maison.

    Cet abonnement mensuel automatiquement renouvelable est au tarif de 17,90€ + 4€ de frais d’envoi.  Mais il est bien sûr sans engagement, les clients peuvent se désabonner à tout moment sur un simple clic dans leur compte client.

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    Chaque boîte contient un livret explicatif aussi instructif que ludique qui fourmille d'anecdotes passionnantes sur le film ou l'époque de celui-ci, des questions, des informations sur les lieux de tournage, des liens qui vous permettent de vous plonger dans l'univers musical du film etc. Bref, rien que pour le livret, cela vaudrait déjà la peine de s'abonner! A ce livret  que vous trouverez dans chaque box, comme dans la box "Nouvelle Vague" vient s'ajouter le DVD du film, en l'espèce "A bout de souffle", La Petite anthologie des Cahiers du cinéma sur la Nouvelle vague (une passionnante mine d'informations sur les films de la Nouvelle Vague), un petit carnet La Box fait son cinéma qui ne me quitte déjà plus (idéal pour griffonner les idées pour mon prochain roman, des bribes de critiques de films ou tout ce que vous voudrez), le célèbre et indémodable T-shirt porté par Jean Seberg dans "A bout de souffle" et même un sachet de popcorn!

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    Vous devinerez aisément à quel film était associé le tshirt ci-dessous ...

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    Voici les films reçus jusqu'à présent:

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    Je vous laisse deviner à quels films étaient associés les cadeaux ci-dessous, en plus des livres:

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    Alors? Vous voulez la commander? Cliquez sur ce lien ou sur l'affiche de "La Box fait son cinéma" dans la colonne de droite du blog ou sur le visuel ci-dessous. Dans quelques jours, je vous présenterai la Box suivante. Je suis déjà impatiente de découvrir quelles surprises elle me réserve !

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    Et pour ceux qui ne seraient pas intéressés par la Box, ou qui souhaiteraient des idées, par exemple de livres en plus de celle-ci, mon éditeur Les Editions du 38  vous donne aussi quelques idées:

    Toutes les infos en cliquant ici.

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  • Top cinéma 2015 : mes 15 films coups de coeur de l'année 2015

     

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    Pourquoi 15 films me direz-vous... Tout simplement parce que je n'ai pu me résoudre à en choisir moins même si vous pouvez voir, ci-dessus, ma première sélection de 9 films publiés sur mon compte instagram. 

     Ci-dessous vous retrouverez mes critiques de ces 15 différents films, parfois juste quelques mots, parfois de longues critiques. Une fois de plus, c'est dans le cadre du Festival de Cannes que j'ai découvert le plus de pépites cinématographiques (11 sur 15!), la preuve, une nouvelle fois, de la richesse et de la diversité de sa sélection. C'est dans un autre festival que j'ai découvert le film que j'ai décidé de placer en numéro un même si l'ordre de ce classement est assez aléatoire et fluctuant (j'avais un temps mis le numéro 11 en numéro 1...). Quelques thèmes ressortent de cette sélection comme le deuil, une année cinématographique à l'image de cette année si rude pour le monde, trop souvent endeuillé par d'effroyables événements...

    Vous pouvez aussi retrouver mon bilan de 2015 en 6 festivals de cinéma en cliquant ici.

    Demain, je vous parlerai à la radio (sur France Bleu Mayenne, à 6H, 7H, 8H et 9H) et ici de ce qui fut peut-être mon plus grand moment de cinéma 2015.

    1. VICTORIA de Sébastian Schipper
    2. LA LOI DU MARCHE de Stéphane Brizé
    3. MIA MADRE de Nanni Moretti
    4. A MOST VIOLENT YEAR de J.C Chandor...
    5.LE FILS DE SAUL de László Nemes
    6. LA TÊTE HAUTE d'Emmanuelle Bercot
    7. A PEINE J'OUVRE LES YEUX de Leyla Bouzid
    8. THE LOBSTER de Yorgos Lanthimos
    9. NOTRE PETITE SOEUR de KORE-EDA
    10. BELIERS de Grímur Hákonarson
    11. VALLEY OF LOVE de Guillaume Nicloux
    12. MOUNTAINS MAY DEPART de Jia Zhangke
    13. NOS FUTURS de Rémi Bezançon
    14.L' HOMME IRRATIONNEL de Woody Allen
    15. YOUTH de Paolo Sorrentino

    et 2 films bonus à découvrir dans l'article ci-joint...et (rectificatif de 13:01 pour ajouter un film dont je ne m'explique pas l'oubli: "L'Hemine" de Christian Vincent).

    CLIQUEZ SUR "LIRE LA SUITE" POUR CONNAÎTRE LES DETAILS DU CLASSEMENT ET LIRE MES CRITIQUES DE CHACUN DE CES FILMS CI-DESSOUS.

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