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vincent lindon

  • Palmarès des Paris Film Critics Awards 2024

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    « Telle est la vie des hommes. Quelques joies, très vite effacées par d'inoubliables chagrins. Il n'est pas nécessaire de le dire aux enfants. » Cette phrase de Marcel Pagnol a été citée dans l’introduction du magnifique discours de Vincent Lindon, le récipiendaire du Prix d’honneur des Paris Film Critics Awards 2024 dont a eu lieu hier soir la troisième édition, particulièrement réussie. Des joies, le cinéma m’en a procuré tant, devant et au-delà de l’écran, fiction et réalité s’entrelaçant parfois en un tango endiablé.  Des joies à l’image de celles procurées par les films primés cette année.

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    Damien Chazelle © Paris Film Critics

    En tête des lauréats figurent ainsi 2 films (4 récompenses chacun) pour lesquels j'avais partagé longuement mon enthousiasme ici : Anatomie d’une chute de Justine Triet  (meilleur film, meilleure actrice pour Sandra Hüller, meilleur scénario original, meilleur montage) et Babylon de Damien Chazelle (meilleur réalisateur, Brad Pitt meilleur acteur dans un second rôle, meilleure musique originale, meilleurs décors).

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    Le jury des Paris Film Critics Awards est constitué d’un collège de votants composé de 100 critiques et journalistes professionnels de cinéma et culture basés à Paris (l’académie des Paris Film Critics) dont j’ai le plaisir de faire partie. L’académie en question désigne ainsi les meilleurs longs-métrages (sortis en salles ou sur des plateformes durant l’année 2023) et talents du cinéma français et international en compétition lors de cette 3ème édition des Paris Film Critics Awards.

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    Créés à l’initiative de Sam Bobino (fondateur & co-président du Festival du Film de La Baule -vous pouvez retrouver ici mon compte-rendu de la dernière édition de ce festival-, délégué général de la Semaine du Cinéma Positif à Cannes), les 3èmes Paris Film Critics Awards ont été décernés lors d’une cérémonie qui a eu lieu ce 4 février  au Silencio des Prés, présentée par les journalistes et membres de l’académie, Elodie Suigo (France Info) et Kevin Elarbi (Canal+ / Le Cercle).

    À l’image des New York Film Critics Circle Awards, Los Angeles Film Critics Association Awards ou London Critics Film Awards, les Paris Film Critics Awards récompensent chaque année le meilleur du cinéma mondial.

    Parmi les nouveautés cette année : la création de trois nouveaux prix, celui des meilleurs costumes, de la contribution exceptionnelle au cinéma et celui rendant hommage à une institution majeure du cinéma (cette année, la Warner Bros.).

    Le palmarès de la première édition des Paris Film Critics Awards avait couronné beaucoup de films français et avait ainsi témoigné de la diversité de la production cinématographique française, ce qui fut d'ailleurs à nouveau le cas l’an passé. En 2022, c’est ainsi le long-métrage de Xavier Giannoli, Illusions perdues, qui avait reçu le Paris Film Critics Awards du meilleur film tandis que son acteur Vincent Lacoste recevait celui du meilleur second rôle masculin pour cette adaptation magistrale du chef-d’œuvre de Balzac. Vous pouvez retrouver mon compte-rendu complet de cette première édition des Paris Film Critics Awards ainsi que le palmarès, dans mon article, ici. L’an passé, La Nuit du 12 avait été élu meilleur film de l’année. Le film de Dominik Moll avait également reçu le prix de la meilleure adaptation et du meilleur second rôle féminin par Anouk Grinberg. Je vous invite à lire mon récit complet de la cérémonie 2023 et le détail du palmarès ici.

    Cette année, c'est donc à nouveau un film français qui a reçu le Paris Film Critics Award du film de l'annnée.

    Cette cérémonie a également rendu hommage à deux figures marquantes du cinéma international en attribuant un prix d’honneur à Vincent Lindon et un prix pour l’ensemble d’une carrière à Jerry Schatzberg (à l’issue de la cérémonie a été également diffusé le documentaire de Pierre Filmon, Jerry Schatzberg portrait paysage, dont vous pouvez lire ma critique en bas de cet article).

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    Un prix de la contribution exceptionnelle au cinéma a également été attribué au critique de cinéma récemment disparu, Michel Ciment.

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    « Tout art aspire à la musique », « Il n’y a rien de plus magique qu’un tournage de film ». Ces deux citations extraites de Babylon de Damien Chazelle donnent une idée de l’impression qui subsiste après ce voyage étourdissant, cette épopée à dessein cacophonique et fougueuse qui exhale une fièvre qui nous emporte comme un morceau de jazz échevelé, ce jazz qui parcourt le film avec cette bo remarquable, énergique et entêtante, tantôt lyrique tantôt sauvage, signée Justin Hurwitz. La musique sert aussi de lien dans ce film de désordres assumés.  Un film délicieusement excessif qui trouve indéniablement la musique à laquelle il aspire. Puissante. Envoûtante. Démente.  Un film d’une captivante extravagance, effervescent et mélancolique, un chaos étourdissant aussi repoussant qu’envoûtant, qui heurte et emporte, une parabole du cinéma avec son mouvement perpétuel, dont vous ne pourrez que tomber amoureux si vous aimez le cinéma parce qu’il en est la quintessence éblouissante et novatrice.

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    Avec Anatomie d’une chute, Justine Triet et Arthur Harari (coscénariste) livrent un film palpitant sur le doute, le récit, la vérité, la complexité du couple, et plus largement des êtres. Un film qui fait une confiance absolue au spectateur. Un film dont le rythme ne faiblit jamais, que vous verrez au travers du regard de Daniel, l'enfant que ce drame va faire grandir violemment, comme lui perdu entre le mensonge et la vérité, juge et démiurge d’une histoire qui interroge avec maestria les pouvoirs et les dangers de la fiction. Sandra Hüller, récompensée hier, est impressionnante d’opacité, de froideur, de maitrise, d’ambiguïté dans ce personnage de femme libre à la personnalité retorse. Plus que de vérité, il est question de réécriture de la vérité, de choix de récit et c’est aussi cela, ce questionnement sur l’écriture, qui rend cette histoire passionnante.

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    Si le lauréat du Paris Film Critics Award du documentaire, signé Kaouther Ben Hania, Les Filles d’Olfa interroge aussi la notion de vérité, il nous interpelle également sur le cycle de la violence. Une mise en abyme, une théâtralisation du réel intéressante pour les questions avec lesquelles elle nous laisse et que cela fait émerger, les doutes sur la réécriture de la réalité. Finalement, c’est aussi à une « anatomie d’une chute » que procède Kaouther Ben Hania, presque une enquête pour comprendre comment deux jeunes filles gaies et lumineuses ont pu ainsi se radicaliser, se tourner vers la noirceur, l’obscurantisme et la violence aveugle et inouïe. La musique d’Amine Bouhafa amplifie encore l’émotion. Par ce dispositif, la réalisatrice exalte aussi le rôle de la parole, là où elle n’était plus possible avec celles qui ne voulaient plus entendre que leur vérité, dogmatique. Le dernier regard face caméra nous hantera longtemps et renforce nos interrogations. Ce documentaire qui ne cède jamais au manichéisme, et qui brouille intelligemment la frontière entre réalité et fiction, pour mieux enfanter la vérité, est aussi original que fascinant, citoyen, instructif et poignant.

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    Kaouther Ben Hania, Nadim Cheikhrouha © Rachid Bellak

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    Bravo également à Ella Rumpf pour son prix de la meilleure révélation féminine pour un film dont je vous avais longuement parlé à l'occasion du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule 2023, dans le cadre duquel je l'avais découvert : Le Théorème des Marguerite d'Anna Novion. Un sublime portrait de femme et une brillante dissection métaphorique des effets de la création, de la solitude et de l'abnégation qu'elle implique, mais surtout un film sensible, parfaitement écrit et interprété, passionnant de la première à la dernière seconde.

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    Ella Rumpf © Jérôme Domine

    Le prix d'honneur attribué à Vincent Lindon récompense les quarante ans de carrière d’un artiste complet, prix d’interprétation au Festival de Cannes en 2015 pour La loi du Marché de Stéphane Brizé, suivi d’un César en 2016, un film qu’il a également co-produit tout comme Un autre monde (2021) du même Stéphane Brizé. Mais aussi interprète principal et inoubliable dans des films incontournables du cinéma français comme La Crise de Coline Serreau (1992), Fred et Ma Petite Entreprise de Pierre Jolivet (1997 et 1999), La Moustache d’Emmanuel Carrère (2004), Welcome de Philippe Lioret (2009), Mademoiselle Chambon de Stéphane Brizé (2009), Pater d’Alain Cavalier – dont il est aussi co-scénariste – (2011), Quelques heures de Printemps de Stéphane Brizé (2012), Rodin de Jacques Doillon (2017), En Guerre de Stéphane Brizé (2018) ou plus récemment Titane de Julia Ducournau (Palme d’or à Cannes en 2021), Enquête sur un Scandale d’État de Thierry de Peretti (2021), Un autre Monde – pour lequel il retrouve Stéphane Brizé – (2021) et Avec Amour et Acharnement de Claire Denis (2022). En 2022, il a été président du jury de la 75ème édition du Festival de Cannes où il a succédé à Spike Lee. Vincent Lindon est actuellement à l’affiche de la nouvelle série phare de Canal+, D’Argent et de Sang, créée par Xavier Giannoli et dans laquelle il tient le rôle principal. On le retrouvera prochainement dans les nouveaux films de Nicolas Boukhrief, Delphine et Muriel Coulin, Gilles Bourdos et Quentin Dupieux.

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    Vincent Lindon et Sam Bobino © Jérôme Domine

     

    Quelques oubliés du palmarès (qui figuraient parmi les films en lice, l'occasion pour moi de vous en parler à nouveau afin de vous inciter à les découvrir de même que les films figurant au palmarès) :

    -The Fabelmans : la une déclaration d’amour fou à ses parents et au cinéma de Spielberg. Film mélancolique, flamboyant, intime et universel. Ode aux rêves qu’il faut poursuivre coûte que coûte, malgré le danger, comme on pourchasserait une tornade dévastatrice. Un film sur le pardon, la curiosité. À fleur de peau. À fleur d’enfance. La force du cinéma en un film. Le cinéma qui transcende, transporte, révèle. Qui mythifie la réalité et débusque le réel. Le cinéma qui éclaire et sublime la réalité comme une danse à la lueur des phares. L’art cathartique aussi comme instrument de distanciation. L’art qui capture la beauté, même tragique. 

     - Tár, avec Cate Blanchett, prodigieuse dans cette ode à la polysémie et à la complexité humaines et artistiques, aussi palpitante qu’un thriller dont l’énigme consiste à découvrir qui était Linda Tarr devenue Lydia Tár.  La force du film réside dans le fait de ne pas la lever totalement, donnant juste quelques pistes dans l'alcôve d'une modeste maison d'enfance américaine dans laquelle elle croise un frère dédaigneux.

    Parmi les oubliésn India Hair, magistrale dans le premier long-métrage de Delphine Deloget, Rien à perdre, mais aussi Koji Yakusho, l’acteur de Perfect days, la promenade poétique de Wim Wenders dont on ressort avec l’envie de croire en tous les possibles de l’existence que ce film esquisse avec une infinie délicatesse.

    Je regrette que The Son de Florian Zeller n'ait pas été récompensé pour l'adaptation, seul prix pour lequel ce film était nommé. Un film sur les cœurs déchirés, meurtris, inconsolables, dévorés par la souffrance, l’impuissance ou la culpabilité. Une magistrale tragédie universelle dont la réalisation fait contraster ces espaces gris et déshumanisés de New York avec les jours ensoleillés, épousant l’instabilité des êtres, avec la caméra qui caresse les espaces inertes ou un chapeau qui s’égare dans les flots pour dire les souvenirs broyés, ou encore pour chavirer devant la beauté lumineuse, fugace et renversante d’une danse au son de It’s not unusual de Tom Jones puis de Wolf de Awir Leon, une joie évincée en un éclair comme le sera un personnage par un brillant mouvement de caméra.

    Autre oublié, le long-métrage renversant d’émotions de Charlotte Wells, Aftersun en premier film, un film avec un dernier plan inoubliable. Un dernier plan qui évoque le vide et le mystère que laissent les (êtres et moments, essentiels) disparus, et les instants en apparence futiles dont on réalise trop tard qu’ils étaient cruciaux, fragiles et uniques. Celui du manque impossible à combler. Celui du (couloir) du temps qui dévore tout. Mais Chien de la casse, qui a reçu ce prix, le méritait en effet au moins autant.

    - Le scénario de L’Innocence de Kore-eda (récompensé lors du dernier Festival de Cannes) ne pouvait que figurer parmi les nommés même s'il était sans doute difficile de rivaliser avec celui d'Anatomie d'une chute qui a obtenu cette récompense. Un film qui, là aussi, incarne toute la beauté et la force du cinéma : sonder la complexité des êtres, nous perdre pour mieux nous aider à trouver une vérité, nous trouver aussi parfois, nous éblouir pour nous éclairer (avec ces  plans du début et de fin, enflammé pour l’un et irradié pour l’autre, qui se répondent). Un film doux et poétique sur la rugosité des êtres et de la société japonaise, sur l’enfance et ses cruautés. Un film labyrinthique qui nous ramène à la source du tunnel et du secret qu’il traque comme dans un polar, celui des mystères de l’adolescence et de la fausse innocence des adultes. Un film sur les blessés de la vie, thème cher au cinéaste, comme la famille. Scénario et réalisation magistraux à l’unisson portés par la sublime ultime bo de Ryuichi Sakamoto. 

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    MEILLEUR FILM

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    Marie-Ange_Luciani David Thion © Rachid Bellak

    ANATOMIE D’UNE CHUTE / Justine Triet 
    BABYLON / Damien Chazelle
    JE VERRAI TOUJOURS VOS VISAGES / Jeanne Herry
    KILLERS OF THE FLOWER MOON / Martin Scorsese
    OPPENHEIMER / Christopher Nolan
    L’ENLÈVEMENT / Marco Bellocchio
    THE FABELMANS / Steven Spielberg

    MEILLEUR.E RÉALISATEUR.TRICE

    CHRISTOPHER NOLAN / Oppenheimer
    DAMIEN CHAZELLE / Babylon 
    JUSTINE TRIET / Anatomie d’une chute
    STEVEN SPIELBERG / The Fabelmans
    THOMAS CAILLEY / Le Règne animal
    MARCO BELLOCCHIO / L’Enlèvement
    JEANNE HERRY / Je verrai toujours vos visages

    MEILLEURE ACTRICE

    CATE BLANCHET / Tar
    CATHERINE DENEUVE / Bernadette
    HAFSIA HERZI / Le Ravissement
    LEA DRUCKER / L’Été Dernier
    LILY GLADSTONE / Killers of the Flower Moon
    MARION COTILLARD / Little Girl Blue
    SANDRA HÜLLER / Anatomie d’une chute 

    MEILLEUR ACTEUR

    ARIEH WORTHALTER / Le Procès Goldman 
    BENJAMIN LAVERNHE / L’Abbé Pierre – Une vie de combats
    CILLIAN MURPHY / Oppenheimer
    KOJI YAKUSHO / Perfect Days
    PAUL GIAMATTI / Winter Break
    RAPHAËL QUENARD / Yannick
    VINCENT LACOSTE / Le Temps d’aimer

    MEILLEURE ACTRICE DANS UN SECOND RÔLE

    ADÈLE EXARCHOPOULOS / Je verrai toujours vos visages
    BLANCHE GARDIN / Le livre des solutions
    DA’VINE JOY RANDOLPH / Winter Break
    EMILY BLUNT / Oppenheimer
    INDIA HAIR / Rien à Perdre
    MICHÈLE WILLIAMS / The Fabelmans
    NOÉMIE MERLANT / Tar

    MEILLEUR ACTEUR DANS UN SECOND RÔLE

    BRAD PITT / Babylon 
    LOUIS GARREL / Les Trois Mousquetaires : D’Artagnan
    RAPHAËL QUENARD / Chien de la Casse
    ROBERT DE NIRO / Killers of the Flower Moon
    ROBERT DOWNEY JR. / Oppenheimer
    ROMAIN DURIS / Le Règne Animal
    RYAN GOSLING / Barbie

    MEILLEURE RÉVÉLATION FÉMININE

    CARRIE CROWLEY / The Quiet Girl
    ELLA RUMPF / Le Théorème de Marguerite (Lauréat)
    KIM HIGELIN / Le Consentement
    MAGALIE LÉPINE-BLONDEAU / Simple Comme Sylvain
    MIA MCKENNA-BRUCE / How To Have Sex
    STEPHANE CAILLARD / Flo
    SUZY BEMBA / Le Retour

    MEILLEURE RÉVÉLATION MASCULINE

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    Raphael Quenard © Rachid Bellak

    ARTHUR HARARI / Le Procès Goldman
    DIEGO CALVA / Babylon
    GABRIEL LABELLE / The Fabelmans
    MILO MACHADO GRANER / Anatomie d’une chute
    PAUL KIRCHER / Le Règne Animal
    RAPHAËL QUENARD / Chien de la casse 
    SAMUEL KIRCHER / L’Été Dernier

    MEILLEUR SCÉNARIO ORIGINAL

    ANATOMIE D’UNE CHUTE / Justine Triet, Arthur Harari 
    BABYLON / Damien Chazelle
    JE VERRAI TOUJOURS VOS VISAGES / Jeanne Herry
    LE PROCES GOLDMAN / Cédric Khan, Nathalie Herzberg
    LE RÈGNE ANIMAL / Thomas Cailley, Pauline Munier
    L’INNOCENCE / Yüji Sakamoto
    THE FABELMANS / Steven Spielberg, Tony Kushner

    MEILLEURE ADAPTATION

    KILLERS OF THE FLOWER MOON / Eric Roth, Martin Scorsese 
    LE CONSENTEMENT / Vanessa Fiho, Vanessa Springora, François Pirot
    LES ALGUES VERTES / Pierre Jolivet, Inès Léraud
    LES TROIS MOUSQUETAIRES : D’ARTAGNAN / Alexandre de La Patellière, Mathieu Delaporte
    MON CRIME / François Ozon
    OPPENHEIMER / Christopher Nolan
    THE SON / Christopher Hampton, Florian Zeller

    MEILLEURE PHOTOGRAPHIE

    ANATOMIE D’UNE CHUTE / Simon Beaufils
    BABYLON / Linus Sandgren
    KILLERS OF THE FLOWER MOON / Rodrigo Prieto
    LA FEMME DE TCHAÏKOVSKI / Vladislav Opelyants
    LE RÈGNE ANIMAL / David Cailley
    OPPENHEIMER / Hoyte van Hoytema 
    THE FABELMANS / Janusz Kaminski

    MEILLEUR MONTAGE

    ANATOMIE D’UNE CHUTE / Laurent Sénéchal 
    BABYLON / Tom Cross
    KILLERS OF THE FLOWER MOON / Thelma Schoonmaker
    LE RÈGNE ANIMAL / Lilian Corbeille
    LE LIVRE DES SOLUTIONS / Élise Fievet
    OPPENHEIMER / Jennifer Lame
    TAR / Monika Willi

    MEILLEURE MUSIQUE ORIGINALE

    BABYLON / Justin Hurwitz 
    DISCO BOY / Vitalic
    LE GARÇON ET LE HÉRON / Joe Hisaiishi
    LE RÈGNE ANIMAL / Andrea Laszlo De Simone
    LINDA VEUT DU POULET ! / Clément Ducol
    OPPENHEIMER / Ludwig Göransson
    THE FABELMANS / John Williams

    MEILLEURS DÉCORS

    BABYLON / Florencia Martin 
    BARBIE / Sarah Greenwood
    KILLERS OF THE FLOWER MOON / Jack Fisk
    LES TROIS MOUSQUETAIRES :
    D’ARTAGNAN / Stéphane Taillasson
    MON CRIME / Jean Rabasse
    OPPENHEIMER / Ruth De Jong
    THE FABELMANS / Rick Carter

    MEILLEURS COSTUMES

    BABYLON / Mary Zophres
    BARBIE / Jacqueline Durran
    KILLERS OF THE FLOWER MOON / Jacqueline West
    LA FEMME DE TCHAÏKOVSKI / Dimitri Andreïev
    L’ENLÈVEMENT / Sergio Ballo, Daria Calvelli
    LES TROIS MOUSQUETAIRES : D’ARTAGNAN / Thierry Delettre 
    NAPOLÉON / David Crossman, Janty Yates

    MEILLEUR PREMIER FILM

    AFTERSUN / Charlotte Wells
    BERNADETTE / Léa Domenach
    CHIEN DE LA CASSE / Jean-Baptiste Durand 
    HOW TO HAVE SEX / Molly Manning Walker
    LE RAVISSEMENT / Iris Kaltenback
    RIEN À PERDRE / Delphine Deloget
    VINCENT DOIT MOURIR / Stéphan Castang

    MEILLEUR FILM D’ANIMATION

    INTERDIT AUX CHIENS ET AUX ITALIENS / Alain Ughetto
    LE GARÇON ET LE HÉRON / Hayao Miyazaki
    LINDA VEUT DU POULET ! / Chiara Malta, Sébastien Laudenbach
    MARS EXPRESS / Jérémie Périn 
    MON AMI ROBOT / Pablo Berger
    SPIDER MAN : ACROSS THE SPIDER-VERSE / Joaquim Dos Santos, Kemp Powers, Justin K. Thompson
    SUZUME / Makoto Shinkai

    MEILLEUR DOCUMENTAIRE

    LA RIVIÈRE / Dominique Marchais
    LES FILLES D’OLFA / Kaouther Ben Hania 
    LITTLE GIRL BLUE / Mona Achache
    NOTRE CORPS / Claire Simon
    SUR L’ADAMANT / Nicolas Philibert
    TOUTE LA BEAUTÉ ET LE SANG VERSÉ / Laura Poitras
    VOYAGE AU PÔLE SUD / Luc Jacquet

    MEILLEURE SÉRIE (ou Mini-Série)

    D’ARGENT ET DE SANG / Xavier Giannoli 
    LA NUIT OU LAURIER GAUDREAULT S’EST RÉVEILLÉ / Xavier Dolan
    POLAR PARK / Gérald Hustache-Mathieu
    SAMBRE / Alice Géraud, Marc Herpoux
    SUCCESSION / Jesse Armstrong
    TAPIE / Tristan Séguéla, Olivier Demangel
    TOUT VA BIEN / Camille de Castelnau

    PRIX D’HONNEUR / HONORARY AWARD

    VINCENT LINDON

    PRIX POUR L’ENSEMBLE D’UNE CARRIÈRE

    JERRY SCHATZBERG

     PRIX DE LA CONTRIBUTION EXCEPTIONNELLE AU CINÉMA

    MICHEL CIMENT

    PRIX DE LA MEILLEURE CONTRIBUTION À L’ART DU CINÉMA

    WARNER BROS.

     

    CRITIQUE DE JERRY SCHATZBERG, PORTRAIT PAYSAGE de PIERRE FILMON

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    Je vous avais déjà parlé de Pierre Filmon, l’an passé, à l’occasion de la sortie de Entre deux trains (Long Time No See), son deuxième long-métrage et son premier long-métrage de fiction pour lequel j’avais eu un énorme coup de cœur. Je vous le recommande à nouveau vivement. Il est désormais disponible en DVD chez Tamasa éditions. Il a d’ailleurs reçu de nombreux prix dans le monde. Il a ainsi parcouru 35 festivals internationaux et 17 pays. Pierre Rochefort a obtenu le prix du meilleur acteur en Espagne. Au Chili, le film a obtenu le prix du Best fiction film. En Inde, au Rajasthan IFF, Pierre Filmon a obtenu deux prix : honorary Award et best directeur. Au Kosovo, le film a obtenu le prix du meilleur film… Et si cela ne suffisait pas pour vous convaincre de le découvrir, vous trouverez à nouveau ma critique ci-dessous.

    Pierre Filmon a réalisé plusieurs courts-métrages et son premier long-métrage, Close encounters with Vilmos Zsigmond, était en Sélection officielle au Festival de Cannes 2016 dans le cadre de Cannes Classics. Ce documentaire est consacré à Vilmos Zsigmond, formidable directeur de la photographie qui a travaillé avec les plus grands réalisateurs : Robert Altman, John Boorman, Steven Spielberg, Brian de Palma, Peter Fonda et… Jerry Schatzberg.

    C’est justement à ce dernier que Pierre Filmon a donc consacré ce dernier documentaire : Jerry Schatzberg, portrait paysage, qui se focalise sur « l’univers photographique de Jerry Schatzberg, jeune homme de 95 ans, le dernier des Mohicans du Nouvel Hollywood, photographe et cinéaste qui a réalisé des films avec Al Pacino, Gene Hackman, Meryl Streep, Faye Dunaway et Morgan Freeman et a obtenu une Palme d’Or en 1973 pour L’épouvantail». Le film a été présenté en Première Mondiale à la 79ème Mostra, en septembre dernier.

    Entre deux trains transpirait déjà la passion du cinéma, avec de nombreuses influences, d’Agnès Varda à David Lean. Et c’est cette même passion de l’art du passionné Pierre Filmon que l’on retrouve dans ce documentaire qui s’intéresse au travaille de photographe de Jerry Schatzberg. Même si vous ne connaissiez pas son travail, vous aviez forcément vu une de ses plus célèbres photos, celle, sublimissime, de Faye Dunaway, auréolée de noir, qui avait été mise à l’honneur sur l’affiche du Festival de Cannes 2011, modèle de grâce, d’épure, de sobriété, de sophistication, de mystère, de classe, de glamour, et même pourvue d’une certaine langueur… Cette photo avait été prise par Jerry Schatzberg en 1970.

    Le documentaire de Pierre Filmon qui est le plus beau des hommages au travail remarquable et fascinant de Jerry Schatzberg est un dialogue de ce dernier avec le critique Michel Ciment au gré d’une exposition lors de laquelle il croise des portraits (dont, d’ailleurs, le sien), l’occasion de revenir sur ces fabuleuses rencontres qui ont donné lieu à ces photos singulières et marquantes. Ce plan-séquence permet de découvrir la richesse, la profondeur, la diversité du travail de l’artiste né dans le Bronx en 1927 (un an avec Kubrick au même endroit !) découvert par Pierre Ricient qui s’est battu pour que son premier film sorte en France. Rien ne prédestinait à la photographie et au cinéma celui qui travailla d’abord comme fourreur, comme son père, (ce qu’il détesta) avant de commencer comme assistant photographe pour le New York Times jusqu’ à devenir ce photographe immensément talentueux qui parvient toujours à capter quelque chose de la vérité des êtres (que ce soit de la toute jeune Catherine Deneuve, Aretha Franklin ou un enfant inconnu ou même des photos de nus) même dans des photos plus sophistiquées.

    Michel Ciment a rappelé quel découvreur de talents il a aussi été, ayant notamment à son actif les découvertes d’Al Pacino ou Guillaume Canet qu’il avait fait tourner dès 2001 dans The day the ponies come back. « Ce qui le caractérisé, c'est de faire du mouvement, du presque cinéma dans un décor naturel réaliste» a expliqué hier Michel Ciment. Ce fut «le contraire pour Bob Dylan»  avec des photos en studio dans lesquelles Schatzberg a « capté sa sensibilité, son intelligence et son charisme » a souligné Michel Ciment. Par ailleurs, pour ce dernier, « pas un seul metteur en scène américain n’a fait à la suite trois films aussi extraordinaires ».

    Ce travail en petite équipe, 4 personnes avec Olivier Chambon qui avait déjà été le filmeur de la séquence sur Jerry Schatzberg dans le film de Pierre Filmon sur Vilmos Zsigmond, procure tout son caractère intimiste, sincère et naturel à ce documentaire.

    Michel Ciment a conclu en disant que « le rapport émotionnel avec le sujet est très important » et que Jerry Schatzberg est un « esthète, grand metteur en scène formel mais qui s'intéresse aussi aux émotions, aux rapports humains comme c'est le cas de tous les grands metteurs en scène. Le public vient au cinéma pour ressentir des émotions. C'est ce travail formel qui lui permet d’accéder aux émotions. » C’est sans aucun doute aussi le cas du cinéma de Pierre Filmon qui cherche toujours à saisir l’émotion, par la fiction ou le documentaire.

    Il se pourrait qu’il y ait une suite. Espérons-le tant ce documentaire nous donne envie d’en savoir plus sur Jerry Schatzberg mais aussi de retrouver le regard aiguisé, passionné et enthousiaste de Pierre Filmon sur celui-ci et sur le cinéma en général.

    Pour en savoir plus : http://pierrefilmon.com.

    Et pour le Silencio des Prés : https://lesilencio.com/  

  • PARIS FILM CRITICS AWARDS 2024 : nominations, Prix d'honneur décerné à Vincent Lindon et projection du documentaire de Pierre Filmon

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    Comme chaque année, avec le mois de janvier vient l’heure de l’annonce des nominations pour les Paris Film Critics Awards dont ce sera cette année la 3ème édition et dont j’ai toujours le plaisir de faire partie du jury constitué d’un collège de votants composé de 100 critiques et journalistes professionnels de cinéma et culture basés à Paris (l’académie des Paris Film Critics). L’académie en question désigne ainsi les meilleurs longs-métrages (sortis en salles ou sur des plateformes durant l’année 2023) et talents du cinéma français et international qui seront en compétition lors de cette 3ème édition des Paris Film Critics Awards.

    Pour rappel : créés à l’initiative de Sam Bobino (fondateur & co-président du Festival du Film de La Baule -vous pouvez retrouver ici mon compte-rendu de la dernière édition de ce festival-, délégué général de la Semaine du Cinéma Positif à Cannes), les 3èmes Paris Film Critics Awards seront décernés lors d’une cérémonie qui aura lieu le 4 février prochain à Paris et qui sera présentée par les journalistes et membres de l’académie, Elodie Suigo (France Info) et Kevin Elarbi (Canal+ / Le Cercle).

    Lors de cette cérémonie, l’académie des Paris Film Critics Awards honorera les membres de l’industrie cinématographique qui ont excellé dans leur domaine, durant l’année précédente, et rendra hommage à deux grandes figures du cinéma international avec le prix d’honneur et le prix pour l’ensemble d’une carrière dont les noms seront dévoilés le soir même.

    Parmi les nouveautés cette année, la création de trois nouveaux prix, celui des meilleurs costumes, de la contribution exceptionnelle au cinéma et celui rendant hommage à une institution majeure du cinéma.

    À l’image des New York Film Critics Circle Awards, Los Angeles Film Critics Association Awards ou London Critics Film Awards, les Paris Film Critics Awards récompensent chaque année le meilleur du cinéma mondial.

    Le palmarès de la première édition des Paris Film Critics Awards avait couronné beaucoup de films français et avait ainsi témoigné de la diversité de la production cinématographique française, ce qui fut d'ailleurs à nouveau le cas l’an passé. En 2022, c’est ainsi le long-métrage de Xavier Giannoli, Illusions perdues, qui avait reçu le Paris Film Critics Awards du meilleur film tandis que son acteur Vincent Lacoste recevait celui du meilleur second rôle masculin pour cette adaptation magistrale du chef-d’œuvre de Balzac. Vous pouvez retrouver mon compte-rendu complet de cette prelière édition des Paris Film Critics Awards ainsi que le palmarès, dans mon article, ici. L’an passé, La Nuit du 12 avait été élu meilleur film de l’année. Le film de Dominik Moll avait également reçu le prix de la meilleure adaptation et du meilleur second rôle féminin par Anouk Grinberg. Je vous invite à lire mon récit complet de la cérémonie 2023 et le détail du palmarès ici.

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    Crédit photo : Nick & Chloé

    L’acteur, Vincent Lindon (aussi scénariste et producteur), recevra un Paris Film Critics Award d’honneur récompensant l’ensemble de sa carrière. Ce prix honorifique lui sera décerné par les membres de l’Académie des Paris Film Critics. La récompense lui sera remise lors de la cérémonie qui aura lieu ce 4 février. Ce trophée récompensera les quarante ans de carrière d’un artiste complet, prix d’interprétation au Festival de Cannes en 2015 pour La loi du Marché de Stéphane Brizé, suivi d’un César en 2016, un film qu’il a également co-produit tout comme Un autre monde (2021) du même Stéphane Brizé. Mais aussi interprète principal et inoubliable dans des films incontournables du cinéma français comme La Crise de Coline Serreau (1992), Fred et Ma Petite Entreprise de Pierre Jolivet (1997 et 1999), La Moustache d’Emmanuel Carrère (2004), Welcome de Philippe Lioret (2009), Mademoiselle Chambon de Stéphane Brizé (2009), Pater d’Alain Cavalier – dont il est aussi co-scénariste – (2011), Quelques heures de Printemps de Stéphane Brizé (2012), Rodin de Jacques Doillon (2017), En Guerre de Stéphane Brizé (2018) ou plus récemment Titane de Julia Ducournau (Palme d’or à Cannes en 2021), Enquête sur un Scandale d’État de Thierry de Peretti (2021), Un autre Monde – pour lequel il retrouve Stéphane Brizé – (2021) et Avec Amour et Acharnement de Claire Denis (2022). En 2022, il a été président du jury de la 75ème édition du Festival de Cannes où il a succédé à Spike Lee. Vincent Lindon est actuellement à l’affiche de la nouvelle série phare de Canal+, D’Argent et de Sang, créée par Xavier Giannoli et dans laquelle il tient le rôle principal. On le retrouvera prochainement dans les nouveaux films de Nicolas Boukhrief, Delphine et Muriel Coulin, Gilles Bourdos et Quentin Dupieux.

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    A l'issue de la cérémonie sera projeté le documentaire de Pierre Filmon, Jerry Schatzberg, portrait paysage (cf critique en bas de cet article). Un prix sera également remis à Jerry  Schatzberg.

    Un hommage sera également rendu au grand critique de cinéma, Michel Ciment, récemment disparu.

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    Cette année, en tête des nominations figurent Babylon (10), Oppenheimer (10), Killers of the flower moon (8), The Fabelmans (8).

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    Le cinéma hexagonal est aussi représenté en tête de ces nominations par la palme d’or de Justine Triet, Anatomie d’une chute (7). Des films qui, pour la plupart, interrogent l'art, la vérité et la fiction.

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    Le film de Justine Triet est ainsi un film palpitant sur le doute, le récit, la vérité, la complexité du couple, et plus largement des êtres. Un film qui fait une confiance absolue au spectateur. Un film dont le rythme ne faiblit jamais, que vous verrez au travers du regard de Daniel, l'enfant que ce drame va faire grandir violemment, comme lui perdu entre le mensonge et la vérité, juge et démiurge d’une histoire qui interroge, aussi, avec maestria, les pouvoirs et les dangers de la fiction.

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    Babylon, épopée à dessein cacophonique et fougueuse, exhale une fièvre qui nous emporte comme un morceau de jazz échevelé. Un film d’une captivante extravagance, excessif, effervescent et mélancolique, un chaos étourdissant aussi repoussant qu’envoûtant, qui heurte et emporte, une parabole du cinéma avec son mouvement perpétuel, dont vous ne pourrez que tomber amoureux si vous aimez le cinéma parce qu’il en est la quintessence, une quintessence éblouissante et novatrice.

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    The Fabelmans est une déclaration d’amour fou à ses parents et au cinéma de Spielberg. Film mélancolique, flamboyant, intime et universel. Ode aux rêves qu’il faut poursuivre coûte que coûte, malgré le danger, comme on pourchasserait une tornade dévastatrice. Un film sur le pardon, la curiosité. À fleur de peau. À fleur d’enfance. La force du cinéma en un film. Le cinéma qui transcende, transporte, révèle. Qui mythifie la réalité et débusque le réel. Le cinéma qui éclaire et sublime la réalité comme une danse à la lueur des phares. L’art cathartique aussi comme instrument de distanciation. L’art qui capture la beauté, même tragique. 

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    Je me réjouis aussi des trois nominations de Tár, notamment celle de Cate Blanchett, prodigieuse dans cette ode à la polysémie et à la complexité humaines et artistiques, aussi palpitante qu’un thriller dont l’énigme consiste à découvrir qui était Linda Tarr devenue Lydia Tár.  La force du film réside dans le fait de ne pas la lever totalement, donnant juste quelques pistes dans l'alcôve d'une modeste maison d'enfance américaine dans laquelle elle croise un frère dédaigneux.

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    Ravie d’y voir également figurer les acteurs India Hair, magistrale dans le premier long-métrage de Delphine Deloget, Rien à perdre, mais aussi Koji Yakusho, l’acteur de Perfect days, la promenade poétique de Wim Wenders dont on ressort avec l’envie de croire en tous les possibles de l’existence que ce film esquisse avec une infinie délicatesse.

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    Je regrette qu'il n'y ait qu’une seule nomination (pour l’adaptation) de The Son de Florian Zeller, un film sur les cœurs déchirés, meurtris, inconsolables, dévorés par la souffrance, l’impuissance ou la culpabilité. Une magistrale tragédie universelle dont la réalisation fait contraster ces espaces gris et déshumanisés de New York avec les jours ensoleillés, épousant l’instabilité des êtres, avec la caméra qui caresse les espaces inertes ou un chapeau qui s’égare dans les flots pour dire les souvenirs broyés, ou encore pour chavirer devant la beauté lumineuse, fugace et renversante d’une danse au son de It’s not unusual de Tom Jones puis de Wolf de Awir Leon, une joie évincée en un éclair comme le sera un personnage par un brillant mouvement de caméra.

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    Dans cette même catégorie de l’adaptation figure également Les algues vertes, magnifique portrait d’héroïne contemporaine, mais surtout un film engagé, militant même, qui pour autant n’oublie jamais le spectateur, et d’être une fiction, certes particulièrement documentée et instructive mais qui s’avère prenante de la première à la dernière seconde, tout en décrivant avec beaucoup d’humanité et subtilité un scandale sanitaire et toutes les réalités sociales qu’il implique.

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    Autre réjouissante nomination, celle du long-métrage renversant d’émotions de Charlotte Wells, Aftersun en premier film, un film avec un dernier plan inoubliable. Un dernier plan qui évoque le vide et le mystère que laissent les (êtres et moments, essentiels) disparus, et les instants en apparence futiles dont on réalise trop tard qu’ils étaient cruciaux, fragiles et uniques. Celui du manque impossible à combler. Celui du (couloir) du temps qui dévore tout.

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    Le scénario de L’Innocence de Kore-eda (récompensé lors du dernier Festival de Cannes) ne pouvait que figurer parmi les nommés. Un film qui, là aussi, incarne toute la beauté et la force du cinéma : sonder la complexité des êtres, nous perdre pour mieux nous aider à trouver une vérité, nous trouver aussi parfois, nous éblouir pour nous éclairer (avec ces  plans du début et de fin, enflammé pour l’un et irradié pour l’autre, qui se répondent). Un film doux et poétique sur la rugosité des êtres et de la société japonaise, sur l’enfance et ses cruautés. Un film labyrinthique qui nous ramène à la source du tunnel et du secret qu’il traque comme dans un polar, celui des mystères de l’adolescence et de la fausse innocence des adultes. Un film sur les blessés de la vie, thème cher au cinéaste, comme la famille. Scénario et réalisation magistraux à l’unisson portés par la sublime ultime bo de Ryuichi Sakamoto.

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    Je me réjouis également de la nomination de Ella Rumpf pour Le théorème de Marguerite  : un sublime portrait de femme et une brillante dissection métaphorique des effets de la création, de la solitude et de l'abnégation qu'elle implique, mais surtout un film sensible, parfaitement écrit et interprété, passionnant de la première à la dernière seconde.

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    Enfin, parmi les nommés pour le meilleur documentaire figure le remarquable film de Kaouther Ben Hania, Les Filles d'Olfa, lauréat du Prix de la Citoyenneté du dernier Festival de Cannes, une mise en abyme, une théâtralisation du réel aussi intéressante pour les questions avec lesquelles elle nous laisse et que cela fait émerger, les doutes sur la réécriture de la réalité également. Finalement, c’est aussi à une « anatomie d’une chute » que procède Kaouther Ben Hania, presque une enquête pour comprendre comment deux jeunes filles gaies et lumineuses ont pu se radicaliser, se tourner vers la noirceur, l’obscurantisme et la violence aveugle et inouïe. La musique d’Amine Bouhafa amplifie encore l’émotion. Par ce dispositif, la réalisatrice exalte aussi le rôle de la parole, là où elle n’était plus possible avec celles qui ne voulaient plus entendre que leur vérité, dogmatique. Le dernier regard face caméra nous hantera longtemps et renforce nos interrogations. Ce documentaire qui ne cède jamais au manichéisme, et qui brouille intelligemment la frontière entre réalité et fiction, pour mieux enfanter la vérité, est aussi original que fascinant, citoyen, instructif et poignant.


    Je vous donne rendez-vous le 4 février pour le palmarès. En attendant, retrouvez les nominations complètes ci-dessous et, ici, mon article sur mon bilan de l'année cinéma 2023 dans lequel vous retrouverez la plupart des films nommés…et quelques oubliés.

    NOMINATIONS PARIS FILM CRITICS AWARDS 2024

    MEILLEUR FILM

    ANATOMIE D’UNE CHUTE /Justine Triet

    BABYLON/Damien Chazelle

    JE VERRAI TOUJOURS VOS VISAGES /Jeanne Herry

    KILLERS OF THE FLOWER MOON/Martin Scorsese

    OPPENHEIMER/Christopher Nolan

    L’ENLÈVEMENT /Marco Bellocchio

    THE FABELMANS / Steven Spielberg

     

    MEILLEUR.E RÉALISATEUR.TRICE

    CHRISTOPHER NOLAN/Oppenheimer

    DAMIEN CHAZELLE /Babylon

    JUSTINE TRIET /Anatomie d’une chute

    STEVEN SPIELBERG/The Fabelmans

    THOMAS CAILLEY/ Le Règne animal

    MARCO BELLOCCHIO/ L’Enlèvement

    JEANNE HERRY/Je verrai toujours vos visages

     

    MEILLEURE ACTRICE

    CATE BLANCHET /Tar

    CATHERINE DENEUVE /Bernadette

    HAFSIA HERZI/ Le Ravissement

    LEA DRUCKER/ L’Été Dernier

    LILY GLADSTONE / Killers of the Flower Moon

    MARION COTILLARD/ Little Girl Blue

    SANDRA HULLER/Anatomie d’une chute

     

    MEILLEUR ACTEUR

    ARIEH WORTHALTER/ Le Procès Goldman

    BENJAMIN LAVERNHE / L’Abbé Pierre – Une vie de combats

    CILLIAN MURPHY/Oppenheimer

    KOJI YAKUSHO/Perfect Days

    PAUL GIAMATTI/Winter Break

    RAPHAËL QUENARD/Yannick

    VINCENT LACOSTE / Le Temps d’aimer

     

    MEILLEURE ACTRICE DANS UN SECOND RÔLE

    ADÈLE EXARCHOPOULOS /Je verrai toujours vos visages

    BLANCHE GARDIN/ Le livre des solutions

    DA’VINE JOY RANDOLPH/Winter Break

    EMILY BLUNT /Oppenheimer

    INDIA HAIR/Rien à Perdre

    MICHÈLE WILLIAMS /The Fabelmans

    NOÉMIE MERLANT /Tar

     

    MEILLEUR ACTEUR DANS UN SECOND RÔLE

    BRAD PITT /Babylon

    LOUIS GARREL / Les Trois Mousquetaires: D’Artagnan

    RAPHAËL QUENARD/Chien de la Casse

    ROBERT DE NIRO/ Killers of the Flower Moon

    ROBERT DOWNEY JR./Oppenheimer

    ROMAIN DURIS / Le Règne Animal

    RYAN GOSLING/Barbie

     

    MEILLEURE RÉVÉLATION FÉMININE

    CARRIE CROWLEY/The Quiet Girl

    ELLA RUMPF / Le Théorème de Marguerite

    KIM HIGELIN/ Le Consentement

    MAGALIE LÉPINE-BLONDEAU/ Simple Comme Sylvain

    MIA MCKENNA-BRUCE /How To Have Sex

    STEPHANE CAILLARD/ Flo

    SUZY BEMBA/ Le Retour

     

    MEILLEURE RÉVÉLATION MASCULINE

    ARTHUR HARARI/ Le Procès Goldman

    DIEGO CALVA/Babylon

    GABRIEL LABELLE /The Fabelmans

    MILO MACHADO GRANER/Anatomie d’une chute

    PAUL KIRCHER/ Le Règne Animal

    RAPHAËL QUENARD/Chien de la casse

    SAMUEL KIRCHER/ L’Été Dernier

     

    MEILLEUR SCÉNARIO ORIGINAL

    ANATOMIE D’UNE CHUTE /Justine Triet, Arthur Harari

    BABYLON/Damien Chazelle

    JE VERRAI TOUJOURS VOS VISAGES / Jeanne Herry

    LE PROCES GOLDMAN/Cédric Khan, Nathalie Herzberg

    LE RÈGNE ANIMAL /Thomas Cailley, Pauline Munier

    L’INNOCENCE /Yüji Sakamoto

    THE FABELMANS / Steven Spielberg, Tony Kushner

     

    MEILLEURE ADAPTATION

    KILLERS OF THE FLOWER MOON/ Eric Roth,

    Martin Scorsese

    LE CONSENTEMENT /Vanessa Fiho, Vanessa Springora,

    François Pirot

    LES ALGUES VERTES /Pierre Jolivet, Inès Léraud

    LES TROIS MOUSQUETAIRES : D’ARTAGNAN/Alexandre

    de La Patellière, Mathieu Delaporte

    MON CRIME / François Ozon

    OPPENHEIMER/Christopher Nolan

    THE SON/Christopher Hampton, Florian Zeller

     

    MEILLEURE PHOTOGRAPHIE

    ANATOMIE D’UNE CHUTE / Simon Beaufils

    BABYLON/ Linus Sandgren

    KILLERS OF THE FLOWER MOON/Rodrigo Prieto

    LA FEMME DE TCHAÏKOVSKI/Vladislav Opelyants

    LE RÈGNE ANIMAL /David Cailley

    OPPENHEIMER/Hoyte van Hoytema

    THE FABELMANS /Janusz Kaminski

     

    MEILLEUR MONTAGE

    ANATOMIE D’UNE CHUTE / Laurent Sénéchal

    BABYLON/Tom Cross

    KILLERS OF THE FLOWER MOON/Thelma Schoonmaker

    LE RÈGNE ANIMAL / Lilian Corbeille

    LE LIVRE DES SOLUTIONS / Élise Fievet

    OPPENHEIMER/Jennifer Lame

    TAR/Monika Willi

     

    MEILLEURE MUSIQUE ORIGINALE

    BABYLON/Justin Hurwitz

    DISCO BOY/Vitalic

    LE GARÇON ET LE HÉRON/Joe Hisaiishi

    LE RÈGNE ANIMAL /Andrea Laszlo De Simone

    LINDA VEUT DU POULET !/Clément Ducol

    OPPENHEIMER/ Ludwig Göransson

    THE FABELMANS /John Williams

     

    MEILLEURS DÉCORS

    BABYLON/ Florencia Martin

    BARBIE / Sarah Greenwood

    KILLERS OF THE FLOWER MOON/Jack Fisk

    LES TROIS MOUSQUETAIRES :

    D’ARTAGNAN/ Stéphane Taillasson

    MON CRIME /Jean Rabasse

    OPPENHEIMER/Ruth De Jong

    THE FABELMANS /Rick Carter

     

    MEILLEURS COSTUMES

    BABYLON/Mary Zophres

    BARBIE /Jacqueline Durran

    KILLERS OF THE FLOWER MOON/Jacqueline West

    LA FEMME DE TCHAÏKOVSKI/Dimitri Andreïev

    L’ENLÈVEMENT / Sergio Ballo, Daria Calvelli

    LES TROIS MOUSQUETAIRES : D’ARTAGNAN/Thierry

    Delettre

    NAPOLÉON/David Crossman, Janty Yates

     

    MEILLEUR PREMIER FILM

    AFTERSUN/Charlotte Wells

    BERNADETTE / Léa Domenach

    CHIEN DE LA CASSE /Jean-Baptiste Durand

    HOW TO HAVE SEX/Molly Manning Walker

    LE RAVISSEMENT /Iris Kaltenback

    RIEN À PERDRE /Delphine Deloget

    VINCENT DOIT MOURIR/ Stéphan Castang

     

    MEILLEUR FILM D’ANIMATION

    INTERDIT AUX CHIENS ET AUX ITALIENS /Alain Ughetto

    LE GARÇON ET LE HÉRON/Hayao Miyazaki

    LINDA VEUT DU POULET !/Chiara Malta, Sébastien

    Laudenbach

    MARS EXPRESS /Jérémie Périn

    MON AMI ROBOT /Pablo Berger

    SPIDER MAN: ACROSS THE SPIDER-VERSE /Joaquim Dos

    Santos, Kemp Powers, Justin K. Thompson

    SUZUME /Makoto Shinkai

     

    MEILLEUR DOCUMENTAIRE

    LA RIVIÈRE /Dominique Marchais

    LES FILLES D’OLFA/ Kaouther Ben Hania

    LITTLE GIRL BLUE /Mona Achache

    NOTRE CORPS /Claire Simon

    SUR L’ADAMANT /Nicolas Philibert

    TOUTE LA BEAUTÉ ET LE SANG VERSÉ / Laura Poitras

    VOYAGE AU PÔLE SUD/ Luc Jacquet

     

    MEILLEURE SÉRIE (ou Mini-Série)

    D’ARGENT ET DE SANG/Xavier Giannoli

    LA NUIT OU LAURIER GAUDREAULT S’EST RÉVEILLÉ /Xavier

    Dolan

    POLAR PARK /Gérald Hustache-Mathieu

    SAMBRE /Alice Géraud, Marc Herpoux

    SUCCESSION/Jesse Armstrong

    TAPIE /Tristan Séguéla, Olivier Demangel

    TOUT VA BIEN/Camille de Castelnau

     

    CRITIQUE DE JERRY SCHATZBERG, PORTRAIT PAYSAGE de PIERRE FILMON

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    Je vous avais déjà parlé de Pierre Filmon, l’an passé, à l’occasion de la sortie de Entre deux trains (Long Time No See), son deuxième long-métrage et son premier long-métrage de fiction pour lequel j’avais eu un énorme coup de cœur. Je vous le recommande à nouveau vivement. Il est désormais disponible en DVD chez Tamasa éditions. Il a d’ailleurs reçu de nombreux prix dans le monde. Il a ainsi parcouru 35 festivals internationaux et 17 pays. Pierre Rochefort a obtenu le prix du meilleur acteur en Espagne. Au Chili, le film a obtenu le prix du Best fiction film. En Inde, au Rajasthan IFF, Pierre Filmon a obtenu deux prix : honorary Award et best directeur. Au Kosovo, le film a obtenu le prix du meilleur film… Et si cela ne suffisait pas pour vous convaincre de le découvrir, vous trouverez à nouveau ma critique ci-dessous.

    Pierre Filmon a réalisé plusieurs courts-métrages et son premier long-métrage, Close encounters with Vilmos Zsigmond, était en Sélection officielle au Festival de Cannes 2016 dans le cadre de Cannes Classics. Ce documentaire est consacré à Vilmos Zsigmond, formidable directeur de la photographie qui a travaillé avec les plus grands réalisateurs : Robert Altman, John Boorman, Steven Spielberg, Brian de Palma, Peter Fonda et… Jerry Schatzberg.

    C’est justement à ce dernier que Pierre Filmon a donc consacré ce dernier documentaire : Jerry Schatzberg, portrait paysage, qui se focalise sur « l’univers photographique de Jerry Schatzberg, jeune homme de 95 ans, le dernier des Mohicans du Nouvel Hollywood, photographe et cinéaste qui a réalisé des films avec Al Pacino, Gene Hackman, Meryl Streep, Faye Dunaway et Morgan Freeman et a obtenu une Palme d’Or en 1973 pour L’épouvantail». Le film a été présenté en Première Mondiale à la 79ème Mostra, en septembre dernier.

    Entre deux trains transpirait déjà la passion du cinéma, avec de nombreuses influences, d’Agnès Varda à David Lean. Et c’est cette même passion de l’art du passionné Pierre Filmon que l’on retrouve dans ce documentaire qui s’intéresse au travaille de photographe de Jerry Schatzberg. Même si vous ne connaissiez pas son travail, vous aviez forcément vu une de ses plus célèbres photos, celle, sublimissime, de Faye Dunaway, auréolée de noir, qui avait été mise à l’honneur sur l’affiche du Festival de Cannes 2011, modèle de grâce, d’épure, de sobriété, de sophistication, de mystère, de classe, de glamour, et même pourvue d’une certaine langueur… Cette photo avait été prise par Jerry Schatzberg en 1970.

    Le documentaire de Pierre Filmon qui est le plus beau des hommages au travail remarquable et fascinant de Jerry Schatzberg est un dialogue de ce dernier avec le critique Michel Ciment au gré d’une exposition lors de laquelle il croise des portraits (dont, d’ailleurs, le sien), l’occasion de revenir sur ces fabuleuses rencontres qui ont donné lieu à ces photos singulières et marquantes. Ce plan-séquence permet de découvrir la richesse, la profondeur, la diversité du travail de l’artiste né dans le Bronx en 1927 (un an avec Kubrick au même endroit !) découvert par Pierre Ricient qui s’est battu pour que son premier film sorte en France. Rien ne prédestinait à la photographie et au cinéma celui qui travailla d’abord comme fourreur, comme son père, (ce qu’il détesta) avant de commencer comme assistant photographe pour le New York Times jusqu’ à devenir ce photographe immensément talentueux qui parvient toujours à capter quelque chose de la vérité des êtres (que ce soit de la toute jeune Catherine Deneuve, Aretha Franklin ou un enfant inconnu ou même des photos de nus) même dans des photos plus sophistiquées.

    Michel Ciment a rappelé quel découvreur de talents il a aussi été, ayant notamment à son actif les découvertes d’Al Pacino ou Guillaume Canet qu’il avait fait tourner dès 2001 dans The day the ponies come back. « Ce qui le caractérisé, c'est de faire du mouvement, du presque cinéma dans un décor naturel réaliste» a expliqué hier Michel Ciment. Ce fut «le contraire pour Bob Dylan»  avec des photos en studio dans lesquelles Schatzberg a « capté sa sensibilité, son intelligence et son charisme » a souligné Michel Ciment. Par ailleurs, pour ce dernier, « pas un seul metteur en scène américain n’a fait à la suite trois films aussi extraordinaires ».

    Ce travail en petite équipe, 4 personnes avec Olivier Chambon qui avait déjà été le filmeur de la séquence sur Jerry Schatzberg dans le film de Pierre Filmon sur Vilmos Zsigmond, procure tout son caractère intimiste, sincère et naturel à ce documentaire.

    Michel Ciment a conclu en disant que « le rapport émotionnel avec le sujet est très important » et que Jerry Schatzberg est un « esthète, grand metteur en scène formel mais qui s'intéresse aussi aux émotions, aux rapports humains comme c'est le cas de tous les grands metteurs en scène. Le public vient au cinéma pour ressentir des émotions. C'est ce travail formel qui lui permet d’accéder aux émotions. » C’est sans aucun doute aussi le cas du cinéma de Pierre Filmon qui cherche toujours à saisir l’émotion, par la fiction ou le documentaire.

    Il se pourrait qu’il y ait une suite. Espérons-le tant ce documentaire nous donne envie d’en savoir plus sur Jerry Schatzberg mais aussi de retrouver le regard aiguisé, passionné et enthousiaste de Pierre Filmon sur celui-ci et sur le cinéma en général.

    Pour en savoir plus : http://pierrefilmon.com.

    Et pour le Silencio des Prés : https://lesilencio.com/  

  • Critique - EN GUERRE de Stéphane Brizé - et conférence de presse du Festival de Cannes 2018

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    Aux premiers jours du Festival de Cannes, c’était LE film dont il était impensable qu’il ne soit pas au palmarès de cette 71ème édition, la projection officielle s’étant achevée par une standing ovation de 15 minutes. Vincent Lindon était en effet largement pressenti pour le prix d’interprétation (c’était certes avant la projection de Dogman et la prestation remarquable de Marcello Fonte qui a finalement reçu ce prix de la part du jury présidé par Cate Blanchett), un prix qu’il aurait alors reçu pour la deuxième fois à Cannes et pour la deuxième fois pour un film de Stéphane Brizé puisque son rôle dans La loi du marché  lui avait valu le prix d’interprétation du Festival de Cannes 2015. Le film est reparti sans un prix  (qu’il aurait indéniablement mérité), néanmoins la projection officielle et la conférence de presse auxquelles j’ai eu le plaisir d’assister restent parmi les grands moments de ce Festival de Cannes 2018.

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    Synopsis : Malgré de lourds sacrifices financiers de la part des salariés et un bénéfice record de leur entreprise, la direction de l’usine Perrin Industrie décide néanmoins la fermeture totale du site. Accord bafoué, promesses non respectées, les 1100 salariés, emmenés par leur porte‑parole Laurent Amédéo (Vincent Lindon), refusent cette décision brutale et vont tout tenter pour sauver leur emploi.

    Stéphane Brizé, avec ce sujet qui aurait pu être rugueux et même rébarbatif, réalise un film prenant de la première à la dernière seconde. La tension monte d'un cran après La loi du marché comme si le vigile du film en question avait décidé de partir au combat. Beaucoup plus en colère et résolu est ce nouveau personnage de représentants des salariés en lutte incarné par Vincent Lindon que Brizé filme là aussi au plus près comme dans La loi du marché, là aussi souvent de dos, mais cette fois un dos fier et combattif quand celui du personnage qu’il incarnait dans cet autre film était constamment courbé.

    Stéphane Brizé a réalisé En Guerre pour comprendre ce qu’il y a derrière les images des médias qui témoignent de la violence à l’occasion de plans sociaux, pour comprendre les raisons du surgissement de cette violence. Le style documentaire, documentaire  de guerre même, auquel le film emprunte constamment, place d’emblée le spectateur au cœur du combat, la caméra l’encerclant, l’enfermant même, ne laissant pas aux salariés (et aux spectateurs !) le temps de respirer.

    Brizé nous immerge au cœur de l’action là où les médias instaurent une distance, ne prenant pas le temps de savoir ce qui se cache derrière ce qu’ils (dé)montrent avec plus ou moins d’objectivité.  Le film commence et s’achève ainsi par un reportage de BFM TV qui interprète et dramatise à outrance, ou à l’inverse traite avec une froide indifférence des situations humaines terribles. Les derniers plans en sont d’autant plus glaçants. La remarquable musique de Bertrand Blessing d'une puissance rare, qui épouse la colère et les grondements des salariés, place le spectateur au cœur du combat dès les premiers plans. En Guerre a  ainsi été tourné en seulement 23 jours, ce qui contribue aussi à ce sentiment d’urgence, de course contre le temps, de lutte sans répit.

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     Vincent Lindon est une nouvelle fois d’une intensité et d’une implication exceptionnelles et on n'imagine guère qui mieux que lui aurait pu incarner cet homme pour qui ce combat est une question d'honneur et même une raison de vivre.  Stéphane Brizé collabore pour la 4ème fois avec lui après Mademoiselle Chambon, Quelques heures de printemps et La Loi du marché. Cette fois, il incarne un homme plus bruyant, résistant alors que ses précédents personnages dans les films de Stéphane Brizé subissaient davantage et étaient surtout silencieux. Ainsi, dans le petit bijou de délicatesse qu’est Mademoiselle Chambon, son mélange de force et de fragilité, de certitudes et de fêlures, sa façon maladroite et presque animale de marcher, de manier les mots, avec parcimonie, sa manière gauche de tourner les pages ou la manière dont son dos même se courbait et s'imposait, dont son regard évitait ou affrontait : tout en lui nous faisant oublier l'acteur pour nous mettre face à l'évidence de ce personnage. Ici, il est entouré d’acteurs non professionnels, en première ligne du combat, et il est aussi bluffant que dans ces rôles précédemment évoqués, plus effacés. Cette fois, c’est un homme constamment en colère, dévoré par son engagement, sa rage de défendre et de résister.

    Stéphane Brizé et son co-scénariste Olivier Gorce ont rencontré énormément de gens pour bien appréhender tous les rouages de ces situations : ouvriers,  DRH,  chefs d’entreprises, avocats spécialisés dans la défense des salariés ou des intérêts des entreprises. Et cela se ressent tant les discours des uns et des autres sont crédibles, précis, criants de vérité, ce qui permet aussi d’éviter tout manichéisme, et ce qui donne encore plus de force au propos.  Certaines joutes verbales nous font oublier qu’il s’agit d’une fiction tant cela sonne vrai.

    Dialogues précisément écrits, plans séquences époustouflants, musique d’une puissance saisissante, interprétation et direction d’acteurs remarquables, tout cela concourt à ce film d'une force rare qui nous met sous tension de la première à la dernière seconde. Une démonstration implacable. À chacun de ses films, Brizé au-delà des réalités sociales qu'ils reflètent dresse le portrait de personnages qui nous accompagnent bien après le générique de fin.  Et cet Amédéo restera sans aucun doute dans nos mémoires de cinéphiles, de même que ce dénouement qui nous saisit et nous laisse KO d’émotion a contrario de l’analyse clinique de la chaîne d’information qui le relate. Bouleversant.

    Extraits de la conférence de presse

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    Stéphane Brizé : 

    "On amassé une matière du réel très importante pour construire la parole  la plus honnête et objective possible."

    "Le film emprunte  à la dramaturgie du documentaire et surtout pas du reportage puisque la dramaturgie éclaire ce que le reportage ne montre pas. Je ne comprends pas pourquoi on ferme des entreprises rentables en France. La fiction va remplir les trous béants que le reportage ne remplit pas car il ne prend pas le temps".

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    Vincent Lindon :

      "Convoquer ce film à Cannes c'est faire de la politique, c'est montrer qu'on peut aussi éveiller, prévenir, informer, de ce qui passe dans le monde. " 

    "Je suis fier de pouvoir essayer d'aider des gens qui sont plus en difficulté ou en faiblesse que moi. Il y a toujours une tendance de dire aux gens plus puissants "ce n'est pas à toi de t'en mêler".

    "Ma passion c'est le gens. J'aime discuter. Les plus grands musées, les plus grands livres, les plus grands voyages, je les fais en étant auprès des gens."

    "Je n'aime que les gens qui font, qui agissent, qui font avancer le monde. »

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  • Compte rendu du Festival du Cinéma Américain de Deauville 2017

     

     

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    Un moment unique pour tous les amoureux de cinéma. Telle est la judicieuse devise du Festival du Cinéma Américain de Deauville qui figure chaque année sur son affiche. La sublime affiche 2017 rendait ainsi magnifiquement hommage à un des succès cinématographiques de cette année, « La La Land », et à son réalisateur Damien Chazelle qui prit son envol et fut couronné à Deauville en 2014 avec « Whiplash », une affiche  qui cette année nous invitait à la danse, à l’évasion, à faire valser les mouettes et les étoiles, qui invitait le 7ème art à être un pont entre deux pays séparés par l’Atlantique. Séparés aussi par des différences dont les films projetés dans le cadre de la compétition du festival savent, chaque année, si bien éclairer les ombres et les nuances. Le succès de « La La Land » s’explique pour moi par  la nostalgie d’une époque insouciante, l’utopie de revivre une période révolue où les spectateurs allaient au cinéma pour voir des "vedettes" synonymes de glamour interprétant des personnages sans aspérités (dont les noms sur l’affiche suffisaient à inciter les spectateurs à découvrir le film en salles), évoluant dans un monde enchanté et enchanteur à la Demy (sans les nuances de ses personnages), sans doute le besoin de légèreté (dans les deux sens du terme), sans doute la rencontre entre une époque troublée, sombre, cynique, et un mélo coloré, léger, lumineux. Comme un feu d'artifice qui nous éblouirait et, un temps, occulterait la réalité. C’est aussi ce qu’est un festival de cinéma. Ce qu’est CE festival de cinéma. Même si les films projetés nous ramenaient bien souvent à une âpre réalité, le festival, lui, est toujours une savoureuse bulle d’irréalité. Quoi de mieux que de voir ses journées rythmées par des séances de cinéma, a fortiori dans un cadre idyllique comme l’est Deauville ?

     

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    Un moment unique, ce festival l’a pour moi toujours été depuis mon véritable coup de foudre pour celui-ci, pour la ville qui l’accueille, il y a 25 ans de cela. Un coup de foudre pour Deauville et son Festival du Cinéma Américain qui a changé le cours de mon existence. Cette année n’a pas dérogé à la règle. Bien au contraire : cette édition a été particulièrement singulière pour moi. Chaque année, le plaisir est même décuplé de retrouver : la somptueuse et vertigineuse salle du CID au son incomparable (je vous mets au défi de ne pas sursauter lorsqu'y est projeté un thriller ou de ne pas être ému aux larmes en y entendant une musique mélodramatique dont la force est ainsi transcendée), la mélancolie des planches qui toujours me met paradoxalement en joie, cette sensation exquise de voir cinéma et réalité se confondre. Même 25 ans après, c’est toujours cette même réminiscence joyeuse de mon premier festival de cinéma à Deauville.

     

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    Cette édition 2017 avait aussi une saveur toute particulière pour moi puisque j’ai eu le plaisir d’y dédicacer mon premier roman « L’amor dans l’âme » (dont un chapitre se déroule d’ailleurs dans le cadre du Festival du Cinéma Américain de Deauville) et mon recueil de 16 nouvelles sur les festivals de cinéma « Les illusions parallèles » (dont deux nouvelles se déroulent d’ailleurs dans le cadre du festival en question), une dédicace qui a eu lieu à l’hôtel Barrière Le Normandy, là où furent tourner de mémorables scènes du chef-d’œuvre de Claude Lelouch « Un homme et une femme », un lieu et un film dont je parle d’ailleurs aussi dans les livres en question. La mise en abyme était donc parfaite. Etrange, déroutante, réjouissante aussi. L’occasion de belles rencontres (au premier rang desquelles Caroline la libraire de l’incontournable librairie deauvillaise Jusqu’aux lueurs de l’aube que je remercie à nouveau pour son soutien, vous pouvez d’ailleurs toujours y trouver les livres en question). L’occasion de joyeuses retrouvailles et surprises aussi.

    Retrouvez le bilan en images de cette séance de dédicaces en cliquant ici.

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    En préambule de ce compte rendu, je tiens donc à adresser quelques remerciements : aux équipes du CID en particulier Marie-Anne Blossier, Anne-Sophie Vivier et Jacques Belin pour l’accueil chaleureux et si professionnel, aux équipes de l’hôtel Barrière Le Royal au premier rang desquelles son directeur M.Casabo pour l’accueil princier, à la ville de Deauville pour l’écho donné à la dédicace, au groupe Barrière pour l’organisation, et aux médias qui ont donné une belle visibilité à la dédicace : France 3, le Pays d’Auge, Ouest-France, Paris Normandie, Passion Normandie, Radio Cristal, France Bleu Normandie. Je remercie aussi tous ceux qui se sont déplacés (parfois de loin) pour ce moment singulier et dont la présence m’a particulièrement touchée. Je n’oublierai pas non plus le restaurant La Cantine de Deauville -suivez leur page Facebook, ici, et retrouvez mon article au sujet du restaurant, là -, définitivement mon restaurant préféré (accueil et qualité irréprochables et rares) qui, cette année encore, a servi de camp de base et de décor à des débats enflammés et des dégustations toujours exquises et inventives.

     

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    ©Dominique Saint ( Un grand merci au talentueux photographe Dominique Saint pour cette séance photos. Suivez également Dominique sur Instagram @dominique.saint).

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    Au programme  du festival cette année, 60 films dont  14 films en compétition, 15 films en avant-première et  7 Docs de l'Oncle Sam mais aussi le prix d’Ornano-Valenti (qui récompense un scénario de film français), un prix littéraire, des séries, des conférences de presse… La diversité fait le sel de ce festival. Du cinéphile le plus exigeant au « simple » amateur de cinéma, tout le monde peut y trouver son bonheur. Là non plus, cette sélection 2017 n’a pas dérogé à la règle.

     

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    J’espère rattraper  les deux films en compétition que ma dédicace m’a contrainte à manquer mais aussi les documentaires de la section « Docs de l’oncle Sam » aux sujets passionnants et notamment la suite de « Une vérité qui dérange » (« Une suite qui dérange : le temps de l’action » de Bonni Cohen et Jon Shenk) mais aussi celui sur Cary Grant (« Cary Grant : de l’autre côté du miroir » de Mark Kidel). Comme chaque année, le festival nous a proposé une subtile alchimie entre les blockbusters, les films indépendants en compétition, les hommages et un prestigieux générique : Robert Pattinson, Antonio Banderas, Laura Dern, Woody Harrelson, Michelle Rodriguez, Darren Aronofsky, Jeff Goldblum...

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    Comme chaque année également la compétition (14 films étaient en lice cette année) nous permettait de dresser un état des lieux de l’Amérique contemporaine. L’an passé, le festival avait récompensé du Grand Prix « Brooklyn Village », huitième film d’Ira Sachs. En VO le film s’intitule Little Men, et s’il désigne les enfants, ces « petits hommes » désignent aussi les adultes du film, tels qu’ils sont dans le regard de leurs enfants, ou tels que chaque adulte reste finalement à jamais, portant simplement le masque de l’adulte mais demeurant aussi perdu, écartelé, et parfois démuni devant les difficultés de l’existence. Un film pudique, délicat, sensible avec des personnages humains, pas des super-héros mais des êtres faillibles et attachants écrits avec une extrême délicatesse, nuancés comme la vie. Je pourrais en dire tout autant du magnifique « The Rider » de Chloé Zhao couronné du Grand Prix 2017 qui illustrait une des thématiques récurrentes de cette édition : la difficulté de remonter en selle après un drame. La plupart des personnages des films en compétition de cette année étaient en effet hantés par un drame ou la mort, au propre comme au figuré, et en quête : de leur identité, d’un ailleurs, d’un sursaut. Des personnages en quête de repères.  Ce sont d’ailleurs davantage les personnages qui nous restent en mémoire que les scénarii des films, des personnages qui semblent  reliés par le fil invisible d’une douleur et d’une perte indicibles : l’inconsolable fantôme C (« A ghost story »), les pères et fils Bill et Wes Palet (« The Bachelors ») et leur deuil difficilement surmontable, le jeune Frankie (Beach Rats) en quête d’identité alors que son père est à l’agonie, Jerod (« Blueprint ») lui aussi en quête d’identité après le décès de son meilleur ami, la naïve et bienveillante Katie (« Katie says goodbye »), la jeune orpheline « Mary » de Marc Webb, «Dayveon dans « Stupid things » de Amman Abbasi, sans oublier les deux frères de « Gook » Eli et Daniel eux aussi rudement éprouvé… Des personnages attachants broyés par la vie qui, au dénouement des films, bien souvent partiront pour prendre un nouveau départ. Comme si la solution était ailleurs. Loin de cette Amérique blessée portant les plaies béantes de la violence, de l’intolérance, du racisme. Plus que des fictions, les films en lice étaient souvent le témoignage d’une réalité âpre. Ainsi, lors de la présentation de "Blueprint", le réalisateur nous a expliqué que le film était dédié à Curtis Posey, un des acteurs présent dans le film et décédé il y a quelques mois lors d’un règlement de compte entre gangs. «Nous avons tourné ce film dans le South Side de Chicago qui fait aujourd’hui les gros titres à cause du nombre de meurtres. On compte aujourd’hui soixante meurtres par mois. Nous avons tourné dans le ventre de la bête. Et pour vous donner une idée de la situation tragique dans laquelle nous sommes actuellement, depuis que le film a été tourné, nous avons perdu un des acteurs du film», a-t-il ainsi déclaré.

     

     

    Ce Festival du Cinéma Américain de Deauville 2017 nous dressait ainsi le portrait d’une Amérique déboussolée, sans doute a fortiori après l’élection à sa tête d’un personnage déroutant (euphémisme). Au programme cette année, la violence subie par les différentes communautés ou entre communautés qui se replient sur elles-mêmes. Une Amérique communautaire en proie à la violence. Le Festival de Deauville plus que jamais se revendique et se différencie comme le révélateur et l’éclaireur du cinéma indépendant et des jeunes artistes, nous donnant à voir une autre Amérique, moins flamboyante que ce que laissaient autrefois voir les blockbusters qui y étaient projetés, avec la bannière étoilée flottant fièrement dans l’air au dénouement. Plus que jamais cette année, le cinéma nous dévoilait l’envers du décor de l’American dream, et même son échec. Une Amérique qui n’est pas un Eldorado mais au contraire une prison de violence dont les personnages (souvent attachants mais broyés par l’existence) ne rêvent que de s’échapper. Une Amérique pétrie de contrastes et contradictions dont les enfants doivent bien souvent renoncer à leurs rêves pour continuer à avancer. Des enfants confrontés très tôt à des responsabilités d’adultes, délaissés par des parents immatures, à l’image de cette Amérique qui abandonne ceux qu’elle a enfantés, ces rêveurs d’hier confrontés à la rude réalité, à leurs châteaux de verre qui ne sont que mirages ou qui s’écroulent pour reprendre le titre du splendide film de clôture. Si les films présentés en avant-première se distinguaient cette année par leur diversité (de thèmes, de décors, d’époques), ils mettaient souvent en avant le courage face à l’adversité, des destins hors du commun.

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    Ce festival 2017 a débuté par un divertissement réjouissant « Barry Seal : American traffic » de Doug Liman et s’est achevé par le plus beau film de cette 43ème édition : « Le château de verre » de Destin Daniel Cretton.  

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    Revenons d’abord en images sur les hommages et les conférences de presse de cette 43ème édition.

     
    LAURA DERN

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    Le 43ème Festival du Cinéma Américain de Deauville s’est ainsi ouvert avec un hommage à l’actrice Laura Dern qui a précédé la projection en avant-première  de « Barry Seal : American Traffic de Doug Liman . « Je suis très honorée d’être ici. C’est incroyable. La France est mon pays préféré », a déclaré cette dernière que vous avez bien sûr vue dans « Sailor et Lula » de David Lynch, dans « Jurassic Park », "Un monde parfait", "99 homes" (projeté et primé à Deauville) ou encore dans la troisième saison de "Twin Peaks" et  que vous verrez également dans le prochain "Star Wars".

    MICHELLE RODRIGUEZ

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    « Président à vie du festival » (ceux qui ont suivi les précédentes éditions comprendront), pour le plus grand plaisir des festivaliers, Vincent Lindon est revenu cette année rendre hommage à l’actrice Michelle Rodriguez qui, elle aussi, a pris son envol à Deauville. Comment oublier le percutant « Girlfight », Grand Prix de l’édition 1999

     «Je veux particulièrement remercier celle grâce à qui je suis ici. Elle a vu un monde très dur et violent, dirigé par les hommes et, plutôt que de se soumettre, elle a décidé de rejoindre le chaos, pleine d’entrain. Elle a saisi sa chance et affronté toutes ses peurs, avec la tête haute, en n’écoutant qu’elle-même. Cette jeune femme est mon guerrier intérieur - et elle est masculine. Mais elle a désormais décidé de poser les armes. Elle en a fini de combattre - du moins, physiquement. Il est temps d’explorer la profondeur de l’océan de la féminité. C’est quelque chose que j’ai ignorée pendant de nombreuses années mais c’est mon prochain voyage. Et j’espère que tous ceux qui m’appréciaient jusqu’à maintenant, resteront avec moi pour voir où cela nous emmène.»

     

    JEFF GOLBLUM

     

    ROBERT PATTINSON

     

     

    DARREN ARONOKFSY

     

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    WOODY HARRELSON

     

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    Photo ci-dessus ©Dominique Saint

    PRIX D’ORNANO-VALENTI

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     Comme chaque année, le prix d’Ornano-Valenti couronnait un premier film français. Ce prix est souvent l’occasion de découvrir des pépites du cinéma français parmi lesquelles « Le Bleu des villes » de Stéphane Brizé et Florence Vignon en 1999, « La petite Jérusalem » de Karin Albou en 2005, « Angèle et Tony » d’Alix Delaporte en 2010, « Les Garçons et Guillaume, à table ! » de Guillaume Galienne en 2013. Cette année le prix D’Ornano-Valenti a couronné JEUNE FEMME de Léonor Serraille

    Résumé : Un chat sous le bras, des portes closes, rien dans les poches, voici Paula, de retour à Paris après une longue absence. Au fil des rencontres, la jeune femme est bien décidée à prendre un nouveau départ. Avec panache.

    Ce premier long-métrage déjà lauréat de la Caméra d’or du Festival de Cannes 2017 est à l’image de son personnage principal, tantôt attendrissant, tantôt agaçant et en tout cas mené par une énergie folle et communicative (formidable Laetitia Dosch toujours à la frontière qui incarne cette fantasque et décalée Paula).  A l’image de sa première scène, cette jeune femme  hurle sa solitude. Paris sera le décor de son parcours initiatique pour s’y adapter et pour grandir. Un premier film attachant. Et finalement comme un écho aux films américains en compétition dans lesquels les personnages se débattent pour échapper à l’âpreté du quotidien.

     COMPETITION : retour sur les films les plus marquants de la compétition

    A GHOST STORY  de David Lower

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    Un homme décède et son esprit, recouvert d'un drap blanc, revient hanter le pavillon de banlieue de son épouse éplorée, afin de tenter de la consoler. Mais il se rend vite compte qu’il n’a plus aucune emprise sur le monde qui l’entoure, qu’il ne peut être désormais que le témoin passif du temps qui passe, comme passe la vie de celle qu’il a tant aimée. Fantôme errant confronté aux questions profondes et ineffables du sens de la vie, il entreprend alors un voyage cosmique à travers la mémoire et à travers l’histoire.

    INTERPRÉTATION |  Casey Affleck (C), Rooney Mara (M), Will Oldham (le pronostiqueur/the prognosticator)

    Tout festival qui se respecte possède son film qui divise les festivaliers. Certains ont crié au chef-d’œuvre, d’autres au film prétentieux et indigeste. Cette année à Deauville le film qui divise fut « A ghost story ». Ce film illustrait au propre comme au figuré la thématique récurrente de la compétition, celle de personnages hantés par un drame ou un deuil. Il est C. Elle est M. C meurt dans un accident de voiture et devient un fantôme. Le temps passe. Les sentiments persistent. La douleur du manque aussi. Il ne s’agit pas ici d’un film fantastique ou d’un film d’horreur comme pourrait nous le laisser croire le pitch mais d’un conte poétique et philosophique sur le deuil, l’absence, l’éphémère et l’éternel. L’impression d’étirement du temps est renforcée par le format 4/3, par de longs plans fixe, par une utilisation malicieuse des ellipses et de la profondeur de champ comme dans ce plan séquence lorsque M est filmée non pas au centre, mais sur le côté, assise par terre, mangeant une tarte entière, plantant avec virulence sa fourchette dans son assiette, et engloutissant la tarte jusqu’à l’écœurement. M est devenue aussi comme un fantôme d’elle-même, désincarnée, frappée par l’absurdité ineffable du deuil. Les réactions de rejet des festivaliers (certains) illustraient finalement parfaitement ce besoin de zapper, d’oublier, de passer rapidement à autre chose dont le film reflétait la crainte, celle du personnage principal. La photographie d’Andrew Droz Palermo, et la musique signée Daniel Hart procurent une beauté évanescente et envoûtante à certaines scènes et un supplément d’âme à ce film inclassable qui remuera les entrailles de quiconque aura été hanté par un deuil et la violence indicible de l’absence. Quasiment sans dialogue à l’exception d’un long monologue, ce film à défaut de vous séduire « vous hante » comme l’a résumé Danièle Heymann, présidente du jury de la critique.

    Lauréat ex-aequo du Prix du jury de Michel Hazanavicius, du prix de la critique et du prix du jury de la révélation présidé par Emmanuelle Bercot, si « A Ghost story » a divisé les festivaliers, il a emporté l’adhésion des différents jurys. En salles en France le 20 décembre 2017.

    BROOKLYN YIDDISH un film de Joshua Z. Weinstein (1er film)

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    À Borough Park, le quartier juif ultraorthodoxe de Brooklyn. Suite au décès de son épouse, Menashé, un modeste employé d’une épicerie de quartier, tente difficilement de joindre les deux bouts et de se battre pour obtenir la garde de leur jeune fils, Ruben. La tradition hassidique lui interdit de l’élever seul. Quand le grand rabbin lui accorde de passer une semaine avec son fils, Menashé saisit cette occasion pour prouver qu’il peut être un bon père tout en respectant les règles religieuses de sa communauté.    INTERPRÉTATION  Menashe Lustig (Menashé), Ruben Niborski (Ruben), Yoel Weisshaus (Eizik), Meyer Schwartz (le rabbin/the rabbi)

    «Il y a un dicton yiddish qui dit qu’on ne peut pas tuer un cochon de façon casher. Et cela s’applique tellement au film que j’ai fait, d’abord parce que j’ai fait un film sur la foi sans être un homme de foi, ensuite parce que le film parle d’une communauté qui ne veut pas être filmée et, enfin, parce que j’ai fait ce film dans une langue, le Yiddish, que je ne parle pas. Alors il est vrai qu’on ne peut pas tuer un cochon de façon casher mais ce film est ma façon d’essayer» a ainsi déclaré son réalisateur pour présenter le film avant la projection.  Tout comme « A ghost story », « Brooklyn Yiddish » était hanté par une absence, celle de l’épouse de Menashe, la mère de Ruben. Au contraire du théorique et lyrique « A ghost story », « A brooklyn Yidish », avec une rigueur presque documentaire, nous ancre dans une réalité, celle d’une communauté très méconnue et refermée sur elle-même avec ses codes, ses lois, sa hiérarchie. C’est ainsi selon ces codes que Menashe se voit retirer la garde de son fils. Ainsi l’a décidée l’autorité religieuse qui estime qu’une femme doit participer à l’éducation de son fils. Pas de surenchère, pas d’effets, pas de climax ni même de dénouement dans ce film qui est avant tout la chronique d’un homme attachant éprouvé par le deuil et qui doit faire face à un conflit intérieur après le décès de sa femme. Le film a ainsi été tourné dans la langue yiddish alors que le réalisateur n’en connaissait pas un seul mot avec des comédiens non professionnels n’ayant « pas demandé l’autorisation à leurs rabbins pour tourner ».

    GOOK de Justin Chon (2ème film)

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    Eli et Daniel, deux frères d’origine coréenne, gèrent un petit magasin de chaussures pour femmes situé dans un quartier majoritairement afro-américain de Los Angeles. Ils se lient d’une amitié profonde et improbable avec Kamilla, une jeune fille âgée de seulement onze ans. Un jour, les tensions raciales entre communautés atteignent leur paroxysme et des rixes – les tristement célèbres émeutes de 1992 – éclatent dans la ville. En cherchant à protéger le magasin, ce sont les notions mêmes de famille, de rêves et d’avenir que le trio va devoir être amené à reconsidérer.    INTERPRÉTATION  Justin Chon (Eli), Simone Baker (Kamilla), David So (Daniel), Curtiss Cook Jr (Keith), Sang Chon (Mr. Kim), Ben Munoz (Jesus)

    Là aussi, avec une précision quasi documentaire, « Gook » nous immerge dans une autre communauté, cette fois le quartier de Paramount à L.A en avril 1992, le jour où de violentes émeutes éclatent suite à la décision de justice de déclarer les policiers non-coupables d’une agression sur un jeune noir, Rodney King. Ce sont deux frères d’origine coréenne, Eli et Daniel, sur lequel le réalisateur braque sa caméra ainsi qu’une jeune fille noire de onze ans, Kamilla, qui préfère les aider à la boutique plutôt que d’aller à l’école. « Gook » est un film de contrastes. Pas seulement entre le noir et le blanc pour lequel le cinéaste a opté. Contraste entre la candeur, la naïveté des scènes entre Kamilla et les deux frères qui se chamaillent tels des enfants. Et la violence qui les environne. Contrastes entre la gaieté de leurs danses et les agressions verbales. Contrastes entre les rêves (Daniel rêve se rêve en chanteur de RnB) et la réalité (il finira par jeter sa démo car en toile de fond figurent des aboiements de chien). C’est finalement là aussi un deuil du passé qui a divisé ces deux communautés. Un autre les réunira. Entre les deux une tranche de vie et des personnages bouleversants brillamment interprétés.

    KATIE SAYS GOODBYE un film de Wayne Roberts (1er film)

     

    Katie, une jeune serveuse au cœur d’or, habite dans le Sud-Ouest américain et rêve d'une nouvelle vie à San Francisco. Elle vit ses premières amours et se révèle d’une honnêteté désarmante. Son empathie compulsive envers les autres fait d’elle une proie facile, et ce sont ceux qu'elle aime le plus au monde qui mettront à rude épreuve la ténacité et l’innocence qui la caractérisent.    INTERPRÉTATION  Olivia Cooke (Katie), Christopher Abbott (Bruno), Mireille Enos (Tracey), Mary Steenburgen (Maybelle), Jim Belushi (Bear), Chris Lowell (Dirk), Nate Corddry (Mr. Daniels), Natasha Bassett (Sara), Keir Gilchrist (Matty)

    Katie, avec ses boucles blondes juvéniles, son visage souriant, ses grands yeux brillants et naïfs, sa panoplie rose,  elle aussi rêve d’un ailleurs plus coloré malgré l’âpreté de l’univers dans lequel elle évolue. Katie elle aussi continue à croire en l’ « American dream » même si elle en symbolise l’échec. Oui, elle croit  Katie. Elle croit dur comme fer qu’elle va s’en sortir. Que les lendemains seront meilleurs. Elle croit en la bonté de l’être humain, aussi.  La réussite tient avant tout dans ce personnage atypique, attachant (encore), bienveillant, généreux, optimiste envers et contre tout et tous. Katie aussi est un contraste vivant. Elle vit dans un mobile home avec une mère qui passe son temps à boire et à batifoler avec le mari de la voisine. Katie vend son corps. Elle rêve pourtant du coup de foudre et est persuadée de de trouver le grand amour en la personne de celui qu’elle considère comme « le plus bel homme qu’elle ait jamais vu » (Christopher Abbott également en compétition dans « Sweet Virginia », sorte d’armoire à glace impassible qui dissimule un sombre passé et qui a pour seul objectif dans la vie d’ « éviter les ennuis »). Elle vit au milieu de nulle part, dans un lieu anachronique et sans espoir, baignée d’une lumière d’été, d’une douceur mensongère. Elle rêve de refaire sa vie à San Francisco. Olivia Cooke incarne brillamment (elle EST même) cette candide jeune femme au visage enfantin et donne corps et âme à la saisissante dichotomie entre ses rêves et la réalité, sa vie sordide et la bienveillante naïveté avec laquelle elle la regarde, et avec laquelle elle regarde ceux qui l’entourent, allant jusqu’à se sacrifier pour eux. Le dénouement est d’une émotion et d’une force saisissantes et étourdissantes. Celles du fracas entre le rêve et la réalité. Choc brutal et vertigineux. Avant l’au revoir salutaire. Un personnage qui vous « hante » longtemps après le générique de fin.

    SWEET VIRGINIA de Jamie M. Dagg ( 2ème film)

     

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    Sam, un ancien champion de rodéo, mène une vie rangée dans une petite ville de l’Alaska. Il se lie d’amitié avec un nouveau venu, sans savoir que le jeune homme est responsable des récents actes de violence survenus dans la bourgade. L’entourage de Sam, ses proches comme ses employeurs, contribuent à briser l’équilibre qui était celui de cette communauté. Le héros fatigué va alors devoir affronter ses démons d’hier et d’aujourd’hui afin de mettre hors d’état de nuire cet imprévisible prédateur.      INTERPRÉTATION  Jon Bernthal (Sam Rossi), Christopher Abbott (Elwood), Imogen Poots (Lila McCabe), Rosemarie DeWitt (Bernadette Barrett), Odessa Young (Maggie Russell)

    Dans « Sweet Virginia » dans lequel on retrouve aussi Christopher Abbott (là encore dans un rôle pour le moins inquiétant) et la violence latente que son personnage charrie avec lui, certains sont prêts à tout pour échapper à un quotidien étouffant d’une petite ville (filmée comme un cadre oppressant dans lequel chacun joue un rôle et dissimule de sombres secrets. Un film qui vaut avant tout pour son ambiance (une indéniable « gueule d’atmosphère »), sa tension constante, son portrait de l’Amérique profonde où errent des âmes blessées et esseulées, et la première scène impressionnante de maîtrise davantage que pour le dénouement pas forcément à la hauteur de ce film prenant à la frontière des genres entre drame, chronique sociale, western moderne et film noir.

    THE BACHELORS de Kurt Voelker (2ème film)

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    Suite au décès prématuré de son épouse, Bill accepte un poste d’enseignant dans un lycée privé à l’autre bout du pays où il déménage avec son fils de dix-sept ans. Ils vont chacun faire la rencontre d’une femme singulière qui va les aider à reprendre goût à la vie et à l’amour.    INTERPRÉTATION J. K. Simmons (Bill Palet), Josh Wiggins (Wes Palet), Julie Delpy (Carine Roussel), Odeya Rush (Lacy Westman), Kevin Dunn (Paul Abernac

    Là aussi comme dans de nombreux films de cette compétition, la mort rode et hante, en l’espèce Bill et son fils Wes éprouvés par la perte de leur épouse et mère. Aux antipodes de son rôle dans « Whiplash », J.K. Simmons incarne à la perfection ce professeur qui peine de plus en plus à donner le change face à la douleur indicible de la perte de son épouse. Baigné d’une douce lumière, de bienveillance,  et de bons sentiments « the Bachelors » nous saisit par la justesse de l’interprétation et le regard tendre porté sur ceux qui tentent d’avancer malgré les blessures insurmontables de la vie.

    THE RIDER de Chloé Zhao ( 2ème film)

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    Brady, un jeune cow-boy, entraîneur de chevaux et étoile montante du rodéo, voit sa vie basculer après un tragique accident de rodéo. On lui annonce alors qu’il ne pourra plus jamais faire d’équitation. De retour chez lui, il est confronté au vide qu’est devenue sa vie : celle d’un cow-boy qui ne peut désormais ni faire de rodéo ni même monter à cheval. Pour reprendre son destin en mains, Brady se lance alors dans une quête identitaire en cherchant à comprendre ce que c’est vraiment qu’être un homme au cœur même de l’Amérique.     INTERPRÉTATION Brady Jandreau (Brady Blackburn), Tim Jandreau (Wayne Blackburn), Lilly Jandreau (Lilly Blackburn), Lane Scott (Lane Scott), Cat Clifford (Cat Clifford

    Brady lui aussi vit avec une blessure à vif, physique et morale. Lui aussi a vu ses rêves, son « American dream », se briser.  Brady Jandreau, qui joue son propre rôle aux côtés de sa famille et de ses amis est vraiment une jeune star du rodéo qui a vu sa vie basculer suite à un accident et cette véracité renforce bien sûr l’émotion qui émane de chacun des plans.

    Ici pas de super héros, pas de grandiloquence, pas de chevauchées fantastiques aux sanglots longs des violons, mais un homme à terre qui essaie de trouver la voie à emprunter pour se relever et continuer à avancer. Comme il le dit lui-même, là où un animal aurait été abattu lui est « obligé de vivre ». Meurtri mais combattif.  Les scènes d’une beauté et simplicité bouleversantes s’enchainent pour dresser le portrait d’un homme que la réalisatrice regarde avec beaucoup d’humilité et de bienveillance aussi éloignée soit-elle (à l'origine du moins) du Dakota du Sud où le film est tourné.

    Après s’être immergée durant quatre ans dans une réserve amérindienne du Dakota du Sud pour réaliser « Les chansons que mes frères m’ont apprises », la réalisatrice pose ainsi à nouveau sa caméra dans cet Etat, à nouveau dans la réserve indienne de Pine Ridge. Après s’être intéressée aux Indiens, elle se penche cette fois sur ces Cowboys d’une autre Amérique, sans éclat, sans flamboyance, sans rutilance, qui combattent pour survivre. Chloé Zhao elle aussi revisite le western faisant du décor un personnage à part entière. Sa caméra caresse et sublime les corps de ces cowboys qui « chevauchent la douleur », qui bravent la nature.

    A l’image du personnage de Katie dans « Katie says goodbye », Brady doit faire face à un avenir sans espoir, à un parent immature, et lui aussi incarne de nombreux contrastes à l’image de cette Amérique pétrie de contradictions. La violence de l’arène dans laquelle il évolue contraste avec la tendresse dont il fait preuve avec sa jeune sœur handicapée ou son ami victime d’un accident de rodéo (ces scènes ne sont jamais voyeuristes ou larmoyantes mais pleines de sensibilité). Les immenses plaines évocatrices de liberté contrastent avec la blessure et l’arène qui l’enferment. Et c’est en renonçant au rodéo que le cowboy va devenir un homme…

    Chloé Zhao réussit un film plein de délicatesse et de subtilité sur un univers a priori rude et rugueux. Entre documentaire et drame intimiste, son film  dresse le portrait poignant d’un personnage qui apprend à renoncer dont la force vous accompagne bien après le générique de fin et qui vous donnera envie de continuer à avancer et rêver envers et contre tout.

    Le jury qui lui a attribué le grand prix a salué sa poésie et son humanité. Mon coup de cœur de cette compétition 2017.

    LES PREMIERES

    GOOD TIME de Josh & Benny Safdie

     

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    Un braquage qui tourne mal, Connie réussit à s’enfuir mais son frère Nick est arrêté. Alors que Connie tente de réunir la caution pour sortir son frère de prison, une autre option s’offre à lui : le faire évader. Dans les bas-fonds de New York, commence alors une longue nuit sous adrénaline.    INTERPRÉTATION | CAST Robert Pattinson (Connie), Benny Safdie (Nick), Jennifer Jason Leigh (Corey), Buddy Duress (Ray), Barkhad Abdi (Dash), Taliah Webster (Crystal)  

    Suite à l’hommage à Robert Pattinson (cf vidéos en haut de cet article), était projeté en avant-première ce film des frères Safdie, également en compétition du dernier Festival de Cannes où j’avais eu le plaisir de le découvrir. Ce fut d’ailleurs jubilatoire de le revoir à Deauville dans la salle du CID dans laquelle le son est enveloppant et exceptionnel, celui-ci étant finalement l’acteur principal du film. A ceux qui n’auraient pas vu « Cosmopolis » (d'ailleurs projeté à Deauville) et «Maps to the stars » et qui douteraient encore du talent de Robert Pattinson (l’autre acteur principal donc), je leur recommanderais de voir ce film dans lequel, méconnaissable, il crève littéralement l’écran

    Le film démarre fort en nous captivant et en capturant même notre attention. Un jeune déficient mental est ainsi interrogé par un psychiatre, enfermé : dans le cadre, dans son bureau, par les questions que le psychiatre lui assène et qui ne lui laissent pas le temps de respirer. Mais soudain son frère, Connie, débarque et lui ordonne de partir. On les retrouve ensuite lors d’un braquage qui va mal tourner. Connie lui aussi aspire à une vie meilleure, à défaut de vivre un American dream. Et à partir de cette seconde, une fois sortis du cadre du bureau, vous non plus, vous n’aurez plus vraiment le loisir de respirer, embarqués dans cette course contre la montre enivrante.

    Ce film truffé d’influences vaut avant tout le déplacement pour la prestation impressionnante de Pattinson qui incarne ce jeune voyou hâbleur et altruiste, pour une bande sonore et musicale (signée Daniel Lopatin alias Oneohtrix Point Never) omniprésente, obsédante et envoûtante qui accompagne la course folle et effrénée du malfrat, qui exacerbe cette tension constante et ce sentiment d’urgence, pour les personnages cabossés qu’il croise dans sa fuite finalement plus importants que l’enjeu que nous oublierions finalement en chemin.

     Un divertissement vrombissant, un film tragico-comique à voir pour la prestation de son acteur principal, pour se laisser envahir par cette bande son sans répit, et pour cette errance nocturne, ce cauchemar bleuté dans un New York qui devient un labyrinthe inextricable et qui vous hypnotise et scotche à votre siège jusqu’à la respiration finale et un nouvel élan de liberté. Un film de sensations grisantes, une expérience à vivre…

    LA FEMME DU GARDIEN DE ZOO de Niki Caro  | Jeff Abberley

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    Jan et Antonina Zabinski dirigent le zoo de Varsovie quand éclate la Seconde Guerre mondiale. Les animaux sont tués sous les bombardements, envoyés à Berlin ou servent de gibier aux officiers allemands. Jan et Antonina se mettent alors à élever des porcs – officiellement pour les troupes, officieusement pour nourrir les habitants du ghetto. Ils profitent surtout d’un réseau de souterrains reliant les cages entre elles pour y cacher des juifs et les aider à quitter le pays.    INTERPRÉTATION | CAST Jessica Chastain (Antonina Zabinski), Daniel Brühl (Lutz Heck), Johan Heldenbergh (Jan Zabinski), Michael McElhatton (Jerzyk), Iddo Goldberg (Maurycy Fraenkel), Efrat Dor (Magda Gross), Shira Haas (Urszula)

    Dommage que ce film historique poignant et passionnant projeté en avant-première n’ait pas de sortie prévue en salles.  Il est inspiré du livre de Diane Ackerman qui lui-même s’appuie sur les mémoires d'Antonina Zabinska (Jessica Chastain dans le film) et qui raconte comment ce couple de Polonais sauva trois cents juifs de la pendant la Deuxième Guerre mondiale, en les cachant dans un zoo. Le mémorial de la Shoah Yad Vashem à Jérusalem a d’ailleurs honoré le couple Zabinski du titre de Justes parmi les nations.

    Sans doute certains ironiseront-ils sur le classicisme de ce beau film à la mise en scène discrète et élégante. Certaines histoires nécessitent juste d’être racontées sans effets de style parce qu’il est important qu’elles existent, qu’elles soient immortalises, qu’elles échappent  à l’écoulement vorace du temps. D’autres lui ont reproché que la violence et la barbarie restent la plupart du temps hors champ. Mais elle l’est aussi pour Antonina à travers le regard de laquelle nous vivons la majeure partie de cette histoire. Elle n’en est d’ailleurs pas moins forte. Le danger est en effet toujours présent puisque les Allemands sont déployés sur le zoo, au-dessus même du lieu où sont dissimulées les familles juives persécutées.  Lutz Heck incarné par Daniel Brühl, zoologiste allemand qui devient rapidement soumis au régime nazi accepte que le zoo soit converti en ferme porcine pour le charme d’Antonina auquel il est particulièrement sensible. Ce personnage apporte, par sa complexité, de l’épaisseur et de l’ambivalence au film et à chacune de ses scènes avec Antonina nous retenons notre souffle.

    Très éloignés de films beaucoup plus âpres sur l’holocauste comme « Le fils de Saul » ( même si là aussi l’utilisation du son, de la mise en scène étouffante, du hors champ, du flou suggéraient plus l’horreur ineffable –en l’occurrence celle des camps- qu’elle ne la montrait, ce qui nous la faisait d’ailleurs appréhender avec plus de force encore que si elle avait été montrée), « La femme du gardien de zoo » est une belle ode au courage face à la barbarie qu’il est toujours bon de ne pas oublier quand l’amnésie de l’Histoire en menace certains. Et un plan des cendres du ghetto ou un plan d’une petite fille terrorisée sont parfois plus parlants que n’importe quelle violence montrée frontalement. Jessica Chastain est parfaite pour incarner cette femme courageuse et bienveillante pour laquelle : « C’est sans doute pour cela que j’aime autant les animaux. En les regardant dans les yeux on sait exactement ce qu’il y a dans leur cœur ».

    LA PROMESSE de Terry George

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    Alors que la Première Guerre mondiale se profile à l’horizon, le puissant empire ottoman est en plein effondrement. Constantinople, la capitale autrefois prospère et rayonnante des rives du Bosphore, est sur le point d’être anéantie. Michael Boghosian arrive dans cette cité cosmopolite afin d’y suivre des études de médecine et de retourner ensuite dans son village natal de Siroun, au sud de la Turquie. Le reporter Chris Myers est également en ville pour couvrir l’actualité politique, mais aussi pour veiller sur Ana, une artiste arménienne qu’il accompagne depuis Paris et dont il est tombé amoureux. Le jour où Michael rencontre Ana, dont il partage les mêmes origines, l’attirance réciproque est immédiate, créant une rivalité entre les deux hommes. Alors que les Turcs s’allient aux Allemands et que l’empire se retourne violemment contre ses propres minorités ethniques, tous les trois se voient forcés de mettre leurs amours contrariées entre parenthèses afin de pouvoir rester en vie.  INTERPRÉTATION Oscar Isaac (Michael Boghosian), Charlotte Le Bon (Ana), Christian Bale (Chris Myers), Daniel Gimenez Cacho (le père/Father Andreasian), Shoreh Aghdashloo (Marta), Abel Folk (Harut), Andrew Tarbet (le pasteur/Pastor Merril), Angela Sarafyan (Maral), Jean Reno (l’amiral/Admiral Fournet)

    A nouveau ici il est question de guerre, de bravoure et de trio amoureux. Moins que de la rancœur et de la jalousie, il est aussi question du comportement de chacun face à la barbarie. Témoigner ? Fuir ? Rester ? Aider ? Ce film au souffle épique et romanesque indéniable, plus qu’une histoire d’amour, nous raconte la fin d’une époque, d’un monde, un génocide rarement montré à l’écran, a fortiori dans une grosse production hollywoodienne. Et même s’il ne possède pas le génie et la subtilité des épopées romanesques de David Lean, ce drame historique a au moins le mérite de relater ce génocide abominable. Après « Hôtel Rwanda » le réalisateur braque donc à nouveau sa caméra sur un drame historique passé sous silence avec pour objectif de divertir tout en faisant passer un message politique. Le film est parcouru de nombreuses maladresses (dans l’interprétation, dans l’écriture) et même si ce mélo historique, épique et romanesque manque un peu de sel et de nuances pour emporter complètement notre adhésion, il possède tous les ingrédients qui lors du dénouement suscitent notre émotion, au-delà de la raison et de la lucidité sur ses failles et défauts : l’histoire d’amour contrariée par la monstruosité humaine, les faits historiques réels et effroyables, les héros partagés entre amour, intégrité et devoir, la courageuse héroïne, la musique emphatique, les décors grandioses.

    THE MUSIC OF SILENCE de Michael Radford

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    Amos Bardi a reçu un don à la naissance – une voix divine qui lui permet de chanter à merveille – mais il a aussi de très graves problèmes de vue qui le rendent presque aveugle. Malgré de nombreuses opérations, il est contraint de quitter très jeune sa famille pour un institut spécialisé où il va apprendre le braille. Il perd totalement la vue après un coup violent reçu à la tête. Bien que le mauvais sort semble alors s’acharner sur lui, Amos ne renonce jamais. Devenu jeune homme, il se met au piano et commence même à chanter dans un club. Quand Amos se fait remarquer après qu’un grand ténor a accepté de lui donner des cours, les portes du succès semblent enfin lui être grandes ouvertes.  INTERPRÉTATION  Toby Sebastian (Amos Bardi), Antonio Banderas (le maestro), Luisa Ranieri (Mama Edi), Jordi Mollà (Sandro Bardi), Ennio Fantastichini (l’oncle/the uncle Giovanni), Nadir Caselli (Elena), Alessandro Sperduti (Adriano), Francesco Salvi (Ettore)

    The Music of Silence est l’adaptation cinématographique de l’autobiographie du chanteur d’opéra, Andrea Bocelli. Après la Pologne et la Turquie, direction l’Italie.   Changement de décor et d’univers avec ce biopic du ténor Italien. Courage et ténacité sont aussi à l’honneur dans ce film à la réalisation là aussi élégante et sans fioritures. Bocelli est incarné par Toby Sebastian, très convaincant. Ce film possède tous les ingrédients d’un récit initiatique et du mélo bouleversant et universel : la combattivité face à l’injustice du handicap (il devient complètement aveugle à l'âge de 12 ans), son don et son amour salutaires pour la musique, les sacrifices consentis et les multiples obstacles surmontés pour connaître enfin le succès, un destin hors du commun.  S’il vendra plus 80 millions de disques, le film ne se penche pas sur sa carrière mais sur l’avant jusqu’à son envol et devient passionnant à son dénouement mélancolique quand l’artiste pour vivre sa passion doit aussi accepter de renoncer à une part de sa liberté et quand des images d’archives nous montrent le résultat, et que l’homme attachant dont il nous a dressé le portrait cède la place à l’artiste, presque dépossédé de lui-même et de son destin. A voir aussi pour retrouver Antonio Banderas en mentor exigeant et bienveillant. Et pour la musique qui à la fin nous cueille. Là encore le CID était l’écrin idéal pour voir ce film, sans doute en partie responsable de cette émotion qui m’a ravagée au dénouement lorsque la musique emplit la salle et nous déchire l’âme et le cœur.

    LE CHÂTEAU DE VERRE de Destin Daniel Cretton (film de clôture)

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    Jeannette Walls, chroniqueuse mondaine à New York, a tout pour réussir et personne ne peut imaginer quelle fut son enfance. Élevée par un père charismatique, inventeur loufoque qui promet à ses enfants de leur construire un château de verre mais qui reste hanté par ses propres démons, et une mère artiste fantasque et irresponsable, elle a dû, depuis son plus jeune âge, prendre en charge ses frères et sœurs pour permettre à sa famille dysfonctionnelle de ne pas se perdre totalement. Sillonnant le pays, poursuivis par les créanciers, et refusant de scolariser leurs enfants, les Walls ont tout de même vécu une vie empreinte de poésie et de rêve, qui a laissé des marques indélébiles mais qui a su créer des liens impossibles à renier.  INTERPRÉTATION  Brie Larson (Jeannette Walls), Woody Harrelson (Rex Walls), Naomi Watts (Rose Mary Walls), Max Greenfield (David), Sarah Snook (Lori), Robin Bartlett (Erma), Ella Anderson (la jeune/young Jeannette Walls), Josh Caras (Brian Walls), Brigette Lundy-Paine (Maureen Walls), Charlie Shotwell (le jeune/young Brian Walls), Shree Grace Crooks (la jeune/young Maureen Walls)

    Le Château de Verre est l’adaptation cinématographique du livre éponyme de la journaliste américaine Jeannette Walls. Ce film a souvent été comparé à « Captain Fantastic » de Matt Ross présenté en compétition officielle à Deauville l’an passé. Ces deux films ont en effet en commun de brosser le portrait d’un père qui choisit pour ses enfants une autre voie que celle tracée par le système capitaliste avec lequel il est en désaccord et rupture. Le père du « Château de verre » est cependant plus complexe, guidé par des raisons en partie moins nobles, comme échapper à ses propres démons qui ressurgissent sur ses propres enfants. Là où le père de Captain Fantastic campé par Viggo Mortensen prêche les vertus de la communication et de la remise en question, celui du « Château de verre » tait au contraire une véritable meurtrissure qui explique la complexité de son comportement, la violence qui parfois s’empare de lui et se substitue justement à la communication. Pour lui on « apprend en vivant » et la société de consommation est un univers carcéral auquel il faut échapper à tout prix, préférant par exemple acheter et offrir virtuellement des étoiles à ses enfants.

    A l’âge adulte, Jeannette a choisi une vie, une allure, un mari (analyste financier), des dîners mondains, un appartement monotone et grisâtre,  en opposition totale avec cette vie de bohème et de liberté apparente. Loin du manichéisme auquel nous habituent de nombreux films américains, ce film vaut surtout par la subtilité et les nuances avec lesquelles sont racontés les rapports entre ce père et cette fille, écartelée entre son admiration pour ce père hors normes et son rejet de l’éducation qu’il lui a donnée, écartelée entre son admiration et sa peur. Le film est riche des contrastes qui reflètent les sentiments complexes et nuancés de l’héroïne à l’égard de son père vu à travers le regard de l’enfant naïve et admirative qu’elle était puis de l’adulte en colère qu’elle est devenue. De la légèreté avec laquelle sont vues des scènes terribles du début (interrogeant ainsi notre propre regard), le film s’enfonce petit à petit dans la noirceur, révélant la profondeur des cicatrices (au propre et au figuré) de l’enfant qu’elle était et ses répercussions sur l’adulte qu’elle est devenue.

    Woody Harrelson  parvient à être à la fois odieux et fascinant, tendre et cruel, poétique et rude. Il est révoltant et attendrissant dans le rôle de ce colosse blessé, blessant, charismatique et il fait évoluer  son personnage au fur et à mesure que le regard de sa fille s’éclaire sur ses ombres.

    A la fois chronique sociale, familiale et road-movie ce film est surtout un magnifique film sur le pardon, sur l’acceptation de la réalité, le renoncement aux rêves et aux illusions de l’enfance. Le « Château de verre » est cette maison que le père imaginera toue sa vie,  cette maison transparente dont l’objectif sera de laisser entrer le bonheur et la lumière. Cette maison qui ne verra jamais le jour. A l’image de tous ces rêves forgés dans l’enfance de chacun qui, à la lueur de l'écoulement du temps et de la lucidité des adultes que nous devenons, se transforment en cruelles blessures à l’âme. Un film bouleversant. Un grand huit émotionnel. A voir absolument.

    A L'ANNEE PROCHAINE...

    Pour terminer, je vous remercie d’avoir été aussi nombreux à participer aux concours mis  en ligne sur mes différents blogs pour remporter vos pass pour le festival, en partenariat avec le CID. Les réponses seront mises en ligne demain. Je vous rendez-vous pour l’édition 2018 et, en attendant, continuez à suivre mes publications concernant Deauville sur Inthemoodfordeauville.com, twitter (@moodfdeauville et @Sandra_Meziere), Instagram (@Sandra_Meziere) et sur la page Facebook d'Inthemoodfordeauville.com http://facebook.com/inthemoodfordeauville.

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  • Critique de RODIN de Jacques Doillon

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    Cette critique est extraite de mon compte rendu du Festival de Cannes 2017 à retrouver ici.

    Projeté en séance officielle un après-midi (et non à 19h ou 22H comme la majorité des films de la compétition, même si la séance de 16h a notamment aussi eu les honneurs de la palme d’or qu’est « Entre les murs »), ce film était un de ceux du 70ème Festival de Cannes que j’attendais le plus en raison de son sujet mais aussi de son acteur principal, Vincent Lindon, prix d’interprétation à Cannes en 2015 pour « La loi du marché » de Stéphane Brizé. Quelle prestation alors ! Mélange de force et de fragilité, de certitudes et de doutes, sa façon maladroite et presque animale de marcher, la manière dont son dos même se courbe et s’impose, dont son regard évite ou affronte : tout en lui nous faisait oublier l’acteur pour nous mettre face à l’évidence de ce personnage, un homme bien, un homme qui incarne l’humanité face à la loi du marché qui infantilise, aliène, broie. Criant de vérité. Mais revenons à « Rodin ».

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    À Paris, en 1880, Auguste Rodin reçoit enfin à 40 ans sa première commande de l’Etat : ce sera La Porte de L’Enfer composée de figurines dont certaines feront sa gloire comme le Baiser et le Penseur. Il partage sa vie avec Rose, sa compagne de toujours, lorsqu’il rencontre la jeune Camille Claudel, son élève la plus douée qui devient vite son assistante, puis sa maîtresse. Dix ans de passion, mais également dix ans d’admiration commune et de complicité. Après leur rupture, Rodin poursuit son travail avec acharnement. Il fait face et au refus et à l’enthousiasme que la sensualité de sa sculpture provoque et signe avec son Balzac, rejeté de son vivant, le point de départ incontesté de la sculpture moderne. À 60 ans, enfin reconnu, il devient le sculpteur le plus célèbre avec Michel-Ange.

    Oublions le « Camille Claudel » de 1987 et le Rodin alors incarné par Depardieu. Camille en était le personnage principal. Ici, c’est Auguste qui intéresse le cinéaste. « On ne fait pas un film contre un autre film. Le film de Nuytten parle de Camille et Rodin est relégué tout au fond » a ainsi déclaré Doillon, lors de la conférence de presse du film au festival.

    2017 : 100ème anniversaire de la mort d'Auguste Rodin.  Deux producteurs de documentaires ont d’abord proposé au cinéaste de réaliser un documentaire sur Rodin. Rapidement il a imaginé des scènes de fiction…qui ont pris de plus en plus de plus de place avant que s’impose l’évidence. Celle de réaliser un long-métrage.

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    « J'ai eu le vertige en lisant ce scénario...J'ai pensé que je n'aurais jamais le physique de l'intelligence de Rodin » a déclaré Lindon en conférence de presse. Une nouvelle fois, pourtant, il impressionne. Son corps tout entier semble s’imprégner de la personnalité de celui qu’il incarne et se confondre avec celui-ci. Sa force,  sa générosité, ses outrances, son autorité. Sa concentration admirable lorsqu’il ausculte ses modèles et ses sculptures. La précision redoutable de son geste et de son regard, acérés. Une fois de plus, Lindon n’a rien laissé au hasard, prenant des cours pour ne pas être doublé et pour donner à ces gestes cette vérité, cette sincérité, cette assurance troublantes et admirables.  Izia Higelin campe une Camille Claudel à la fois ancrée dans la terre (souvent les bras croisés, fermement attachée au sol) et fantaisiste, sombrant peu à peu dans la folie (peu montrée ici, elle est plutôt terriblement vivante). "Izia joue avec une fougue, une insolence incroyablement précises. On comprend pourquoi Rodin est tombé amoureux immédiatement" a ainsi déclaré Vincent Lindon en conférence de presse.

    La vraie surprise du casting vient de la comédienne Séverine Caneele qui interprète ici Rose Beuret, la compagne de Rodin. Formée en tant qu'ouvrière dans le textile, elle avait obtenu le prix d’interprétation à Cannes pour « L’Humanité » de Bruno Dumont (rôle qu’elle avait obtenu après avoir répondu à une petite annonce). Elle est ensuite retournée travailler en usine. Avant de revenir à la comédie pour 3 films : « Une part du ciel », « Holy Lola » et « Quand la mer monte ». Cela faisait 13 ans qu’elle n’avait pas tourné et, impressionnante, elle interprète son rôle avec autant d’assurance et de justesse qu’elle a répondu aux questions en conférence de presse.

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    Avec Doillon à la manœuvre, nous nous doutions qu’il ne s’agirait pas d’un biopic classique. D’ailleurs, le film ne se déroule que sur un peu plus de dix ans et non sur toute la durée de la vie du sculpteur. La mise en scène se fait discrète pour laisser vivre ses personnages. Leur laisser toute la place. Laisser la matière prendre forme et corps. Célébrer la sensualité de l’acte de sculpter, la poésie de l’œuvre. La beauté de la création artistique. Le tout dans un atelier aux teintes grisâtres qui épousent celles de la matière. Doillon laisse le temps au geste de se former et à notre regard de quérir des informations dans l’espace de l’appréciable profondeur de champ que des plans-séquences nous laissent le temps d’appréhender, nous donnant la sensation d’être un voyeur privilégié observant l’artiste à l’œuvre, à l’affût d’un détail, comme si nous pouvions débusquer des secrets d’Histoire.

    Doillon  encense la beauté du geste de l’artiste « La beauté, on ne la trouve que dans le travail. Sans lui on est foutu. » « C’est un film sur le processus de création » a ainsi expliqué Doillon en conférence de presse. « Rodin n'est pas prévisible et les êtres qui ne sont pas prévisibles me fascinent » a également déclaré Vincent Lindon. C’est, notamment, ce qui m’a rendu ce film passionnant, son caractère imprévisible, fougueux qui nous raconte non seulement Rodin au travail mais aussi sa relation à l’art et aux femmes (qu’elles soient sa femme, ses maîtresses et ses modèles), sculptant ainsi sa personnalité par petites touches.

    Et lorsqu’il est ébloui par la sculpture de Camille (« La Valse ») et que chacun en donne son interprétation : « L’étreinte. Le Vertige. La passion », pour l’un et « L’approche, le tourment, la mort » pour l’autre toute la puissance, la poésie, la polysémie et la portée de l’art, de l’amour contrarié et passionné qu’ils se portent, est résumé dans cet échange et cette séquence magnifiques.

    « Je ne cherche pas à plaire. Moi tout ce que je veux c’est être vrai » dit Rodin dans le film. Sans doute Doillon qui a capté l’âme même de l’artiste pourrait-il faire la même déclaration à propos de ce film à l’image de son objet : rugueux et fascinant. Depuis je n’ai qu’une envie : visiter enfin le musée Rodin et en apprendre encore davantage sur le sculpteur à qui ce film passionnant donne chair et âme.

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  • LA LOI DU MARCHE de Stéphane Brizé le 17 Mai à 21H sur Canal +

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    Avec ce film de Stéphane Brizé,  l'immense acteur qu'est Vincent Lindon voyait enfin son talent couronné par un prix (et quel prix !) et aussi incroyable que cela puisse paraître, comme il l’a lui-même précisé, pour la première fois.

    « La Loi du marché » de Stéphane Brizé nous fait suivre Thierry incarné (ce mot n’a jamais trouvé aussi bien sa justification) par Vincent Lindon, un homme de 51 ans qui, après 20 mois de chômage commence un nouveau travail qui le met bientôt face à un dilemme moral.

    C’était un des films de ce 68ème Festival de Cannes que j’attendais le plus et mes attentes n’ont pas été déçues. Je suis ce cinéaste, Stéphane Brizé, depuis la découverte de son film « Le bleu des villes » (qui avait obtenu le prix Michel d’Ornano au Festival du Cinéma Américain de Deauville), il m’avait ensuite bouleversée avec « Je ne suis pas là pour être aimé » et « Mademoiselle Chambon » . Une nouvelle fois et comme dans ce film précité, le mélange de force et de fragilité incarné par Lindon, de certitudes et de doutes, sa façon maladroite et presque animale de marcher, la manière dont son dos même se courbe et s’impose, dont son regard évite ou affronte : tout en lui nous fait oublier l’acteur pour nous mettre face à l’évidence de ce personnage, un homme bien (aucun racolage dans le fait que son fils soit handicapé, mais une manière simple de nous montrer de quel homme il s’agit), un homme qui incarne l’humanité face à la loi du marché qui infantilise, aliène, broie. Criant de vérité.

    Dès cette première scène dans laquelle le film nous fait entrer d’emblée, sans générique, face à un conseiller de pôle emploi, il nous fait oublier l’acteur pour devenir cet homme à qui son interprétation donne toute la noblesse, la fragilité, la dignité.

    Comme point commun à tous les films de Stéphane Brizé, on retrouve cette tendre cruauté et cette description de la province, glaciale et intemporelle. Ces douloureux silences. Cette révolte contre la lancinance de l’existence. Et ce choix face au destin.

    Brizé filme Lindon souvent de dos, rarement de face, et le spectateur peut d’autant mieux projeter ses émotions sur cette révolte silencieuse.

    Et puis, parce que ça se passe de commentaires, quelques extraits du beau discours de clôture de l’acteur dont voici quelques, un discours dont la dernière phrase m’a ravagée : «  Je vous remercie d’avoir posé un regard aussi bienveillant et avec autant d’émotion sur le travail que Stéphane Brizé a fait avec moi et a fait tout court. » , «  Ils ont contribué à un des trois plus jours de ma vie. C’est un acte politique de choisir un film comme celui-là. Je dédie ce prix à ces gens qui ne sont pas toujours considérés à la hauteur de ce qu’ils méritent et aux acteurs qui ont joué avec moi sans qui je ne serais pas là, j’ai l’impression que ce n’est pas moi qui suis là. », « Une pensée pour ma maman qui n’est plus là et mon père qui n’est plus là, quand je pense que j’ai fait tout cela pour qu’ils me voient et ils ne sont plus là. »

  • Les César 2016 en direct le 26 février : toutes les informations et critiques des films en lice

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     C'est le 26 février prochain, à 21H, que se tiendra la 41ème cérémonie des César, comme chaque année au Théâtre du Châtelet. Comme chaque année également, la cérémonie sera retransmise en direct et en clair sur Canal plus. A 19H10, ce sera le Grand Journal, également en direct et en clair avec, en duplex depuis le théâtre du Châtelet, Laurent Weil qui inaugurera la soirée des César en accueillant les tous premiers invités sur le tapis rouge. A 20H10, ce sera Le petit journal spécial César présenté par Yann Barthès, toujours en direct et en clair. Après les César, vous pouvez retrouver les interviews des vainqueurs de la 41ème cérémonie des César.

    Pour la 9ème année consécutive (tantôt en salle presse, tantôt dans la salle du Châtelet, selon les éditions, une cérémonie que je connais donc bien et dont une scène clef de mon premier roman publié prochainement aux Editions du 38 s'y déroule d'ailleurs et dont je vous révèlerai bientôt la couverture et le titre ), j'aurai le plaisir d'être présente dans la salle pour vous commenter la cérémonie sur twitter (@moodforcinema ), et en amont dès le cocktail à 18H30 et sur instagram pour les photos (@sandra_meziere), cette fois en partenariat avec Canal plus dont je vous recommande également de suivre le compte (@cinemacanalplus ) et de découvrir l'excellent site consacré aux César, véritable mine d'informations. 

    A cette occasion, mes tweets seront mis en avant sur la page internet officielle de Canal + consacrée aux César. Par ailleurs, désormais, chaque mois, Canal plus sélectionnera une de mes critiques et la mettra en avant sur son site. On commence avec "Timbuktu", diffusé actuellement sur la chaîne. Retrouvez le début de ma critique sur le site officiel de Canal + ici.

     L'annonce des nommés aux César 2016 fut l'occasion de se rappeler à quel point la production cinématographique française fut riche et diversifiée en 2015 mais aussi à quel point le Festival de Cannes est un découvreur de grands films et de talents tant sont nombreux les films en lice pour ces César 2016 présentés dans les différentes sélections du Festival de Cannes 2015 et même primés ("La loi du marché", "Dheepan", "Mon roi" etc).

    L'affiche de cette 41ème édition met, comme chaque année, une actrice à l'honneur, cette année Juliette Binoche avec cette photo signée Brigitte Lacombe prise lors du tournage du "Patient anglais" d'Anthony Minghella (qui lui valut l'Oscar de la meilleure actrice dans un second rôle en 1997).

    Le Président de cette cérémonie sera le cinéaste Claude Lelouch, l'occasion pour moi de vous reparler de son excellent dernier film "UN + UNE"(malheureusement absent de ces nominations) dont vous pourrez retrouver ma critique en bas de cet article. Je vous conseille l'interview ci-dessous dans laquelle il annonce la ressortie d'une version restaurée de son chef d'œuvre "Un homme et une femme" dans le monde entier, pour les 50 ans du film.

     

    C'est Florence Foresti qui aura la lourde tâche de succéder à Edouard Baer après une 40ème cérémonie que j'avais trouvée particulièrement réussie parce que s’y entrelaçaient le cinéma d’hier (Truffaut, Resnais) que j’aime tant et celui d’aujourd’hui qui m’enthousiasme, et parce que, Edouard Baer, tout au long de la cérémonie, avait fait preuve d’humour décalé (irrésistible tournage de « Panique aux César » auquel s'étaient pliés plusieurs comédiens), dénué de cynisme, et parce que cette soirée avait été jalonnée de quelques moments de grâce qui nous en avaient fait occulter la longueur (presque 4 heures)… Mais à voir a vidéo ci-dessous, il ne fait aucun doute que Florence Foresti saura insuffler humour et bonne humeur à cette cérémonie.

    Le César d'honneur sera cette année décerné à Michael Douglas (photo ci-dessous prise lors du Festival du Cinéma Américain de Deauville), après Sean Penn l'an passé. Un César d'honneur que Michael Douglas avait déjà reçu en 1998.

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    Cliquez ici pour retrouver mon compte rendu de la cérémonie des César 2015.

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    En tête de ces nominations 2016 figurent "Marguerite" de Xavier Giannoli (11 nominations) à égalité avec "Trois souvenirs de ma jeunesse" d'Arnaud Desplechin (11 nominations aussi donc), "Dheepan" de Jacques Audiard (9 nominations) et  "Mustang" de Deniz Gamze Ergüven (9 nominations) .

    Suivent ensuite: "Mon roi" de Maïwenn (8 nominations), "La tête haute" d'Emmanuelle Bercot  (8 nominations), "Les Cowboys" de Thomas Bidegain (4 nominations), "Fatima" de Philippe Faucon (4 nominations), "Valley of love" de Guillaume Nicloux ( 3 nominations), "Journal d'une femme de chambre" de Benoît Jacquot (3 nominations), "La loi du marché " de Stéphane Brizé (3 nominations).

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    Qui succédera à "Timbuktu"? (diffusé en février sur  Canal plus dont c'est le coup de cœur du mois, prochainement vous pourrez ainsi retrouver ma critique sur le site de la chaîne). Le chef d'œuvre de Sissako avait en effet récolté 7 des 8 statuettes pour lesquelles il était nommé l'an passé. Meilleur film. Meilleur réalisateur. Meilleur montage. Meilleur scénario original. Meilleur son. Meilleure photo. Meilleure musique originale.  Aucun de ces César n’était usurpé.  «Timbuktu » est en effet un film d’une maîtrise époustouflante, d’une beauté flamboyante, étourdissante, un film d’actualité empreint d’une poésie et d’une sérénité éblouissantes, de pudeur et de dérision salutaires, signifiantes : un acte de résistance et un magnifique hommage à ceux qui subissent l’horreur en silence. Sissako y  souligne avec intelligence et retenue la folie du fanatisme et de l’obscurantisme religieux contre lesquels son film est un formidable plaidoyer dénué de manichéisme, parsemé de lueurs d’humanité et finalement d’espoir, la beauté et l’amour sortant victorieux dans ce dernier plan bouleversant, cri de douleur et de liberté  déchirant à l’image de son autre titre, sublime : « Le chagrin des oiseaux ». Le film de l’année 2014. Bouleversant. Eblouissant. Brillant. Nécessaire. 7 récompenses à la hauteur de la grandeur de ce film. « Il n’y a pas de choc de civilisations. Il y a une rencontre de civilisations » avait conclu Sissako en recevant l’une de ses multiples récompenses.

     L'actualité influera-t-elle sur le choix des votants? Préféreront-ils un film en résonance ave les ignominies et  tragédies qui ont assombri l'actualité ou des films ancrés dans la réalité sociale ou encore une histoire d'amour ou de deuil?

    Beaucoup des films en lice, aussi différents soient-ils en apparence, ont en commun de nous parler d'innocence blessée, d'illusions brisées, de libertés entravées et d'envies d'ailleurs.

    Se confrontent ainsi des premiers films et des films de cinéastes confirmés, des acteurs inconnus ou quasiment et de grands acteurs aux carrières impressionnantes et aux multiples nominations (d'ailleurs rarement récompensées comme vous le verrez ci-dessous), très nombreux cette année. Un éclectisme qui rendra cette cérémonie d'autant plus palpitante et le palmarès d'autant plus surprenant.

    Après sa palme d'or, Jacques Audiard, sera-t-il  à nouveau au palmarès après son César du meilleur réalisateur pour "De battre mon cœur s'est arrêté" en 2006 et pour "Un Prophète" en 2010? De cette histoire de trois Sri-Lankais qui fuient leur pays, la guerre civile, et qui se retrouvent confrontés à une autre forme de guerre dans la banlieue française où ils échouent, douloureuse réminiscence pour Dheepan, « le père de famille », Audiard, plus qu’un film politique a voulu avant tout faire une histoire d’amour. Dans ce nouveau long-métrage qui flirte avec le film de genre, il explore un nouveau territoire mais toujours porte un regard bienveillant, et plein d’espoir sur ses personnages interprétés par trois inconnus qui apportent toute la force à ce film inattendu (dans son traitement, son dénouement et en tête du palmarès du Festival de Cannes).

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    Toujours est-il que "Mustang", 9 fois nommé, (présenté à la Quinzaine des Réalisateurs 2015 et qui vient de remporter le prix Lumières du meilleur film) pourrait créer la surprise en remportant des récompenses face à des films de réalisateurs plus confirmés. Portrait sans concession d’une partie de la société turque et de la place qu’elle laisse aux femmes, ce premier film à la fois solaire et terriblement sombre sur ces 5 sœurs condamnées à une existence quasiment carcérale  est d’autant plus marquant qu’il est parfaitement maitrisé dans sa forme comme dans le fond évitant l’écueil du manichéisme et d’une condamnation unanime des hommes turcs puisque c’est aussi grâce à l’un d’eux que viendront l’espoir et la liberté mais aussi à l’éducation qui, en filigrane, apparaît comme LA solution. Un film dans lequel s'entrechoquent fougue de la jeunesse et conservatisme des aînés, porté par des actrices incandescentes et un judicieux décalage entre le forme et le fond.

     

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    Enfin, Arnaud Desplechin (pour le 4ème fois nommé comme meilleur réalisateur) figurera sans aucun doute au palmarès, avec au moins un prix pour Lou Roy-Lecollinet en meilleur espoir féminin, vraie révélation même si Sara Giraudeau, sorte de Pierre Richard au féminin, est absolument irrésistible dans "Les Bêtises".

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