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  • Palmarès des Paris Film Critics Awards 2024

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    « Telle est la vie des hommes. Quelques joies, très vite effacées par d'inoubliables chagrins. Il n'est pas nécessaire de le dire aux enfants. » Cette phrase de Marcel Pagnol a été citée dans l’introduction du magnifique discours de Vincent Lindon, le récipiendaire du Prix d’honneur des Paris Film Critics Awards 2024 dont a eu lieu hier soir la troisième édition, particulièrement réussie. Des joies, le cinéma m’en a procuré tant, devant et au-delà de l’écran, fiction et réalité s’entrelaçant parfois en un tango endiablé.  Des joies à l’image de celles procurées par les films primés cette année.

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    Damien Chazelle © Paris Film Critics

    En tête des lauréats figurent ainsi 2 films (4 récompenses chacun) pour lesquels j'avais partagé longuement mon enthousiasme ici : Anatomie d’une chute de Justine Triet  (meilleur film, meilleure actrice pour Sandra Hüller, meilleur scénario original, meilleur montage) et Babylon de Damien Chazelle (meilleur réalisateur, Brad Pitt meilleur acteur dans un second rôle, meilleure musique originale, meilleurs décors).

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    Le jury des Paris Film Critics Awards est constitué d’un collège de votants composé de 100 critiques et journalistes professionnels de cinéma et culture basés à Paris (l’académie des Paris Film Critics) dont j’ai le plaisir de faire partie. L’académie en question désigne ainsi les meilleurs longs-métrages (sortis en salles ou sur des plateformes durant l’année 2023) et talents du cinéma français et international en compétition lors de cette 3ème édition des Paris Film Critics Awards.

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    Créés à l’initiative de Sam Bobino (fondateur & co-président du Festival du Film de La Baule -vous pouvez retrouver ici mon compte-rendu de la dernière édition de ce festival-, délégué général de la Semaine du Cinéma Positif à Cannes), les 3èmes Paris Film Critics Awards ont été décernés lors d’une cérémonie qui a eu lieu ce 4 février  au Silencio des Prés, présentée par les journalistes et membres de l’académie, Elodie Suigo (France Info) et Kevin Elarbi (Canal+ / Le Cercle).

    À l’image des New York Film Critics Circle Awards, Los Angeles Film Critics Association Awards ou London Critics Film Awards, les Paris Film Critics Awards récompensent chaque année le meilleur du cinéma mondial.

    Parmi les nouveautés cette année : la création de trois nouveaux prix, celui des meilleurs costumes, de la contribution exceptionnelle au cinéma et celui rendant hommage à une institution majeure du cinéma (cette année, la Warner Bros.).

    Le palmarès de la première édition des Paris Film Critics Awards avait couronné beaucoup de films français et avait ainsi témoigné de la diversité de la production cinématographique française, ce qui fut d'ailleurs à nouveau le cas l’an passé. En 2022, c’est ainsi le long-métrage de Xavier Giannoli, Illusions perdues, qui avait reçu le Paris Film Critics Awards du meilleur film tandis que son acteur Vincent Lacoste recevait celui du meilleur second rôle masculin pour cette adaptation magistrale du chef-d’œuvre de Balzac. Vous pouvez retrouver mon compte-rendu complet de cette première édition des Paris Film Critics Awards ainsi que le palmarès, dans mon article, ici. L’an passé, La Nuit du 12 avait été élu meilleur film de l’année. Le film de Dominik Moll avait également reçu le prix de la meilleure adaptation et du meilleur second rôle féminin par Anouk Grinberg. Je vous invite à lire mon récit complet de la cérémonie 2023 et le détail du palmarès ici.

    Cette année, c'est donc à nouveau un film français qui a reçu le Paris Film Critics Award du film de l'annnée.

    Cette cérémonie a également rendu hommage à deux figures marquantes du cinéma international en attribuant un prix d’honneur à Vincent Lindon et un prix pour l’ensemble d’une carrière à Jerry Schatzberg (à l’issue de la cérémonie a été également diffusé le documentaire de Pierre Filmon, Jerry Schatzberg portrait paysage, dont vous pouvez lire ma critique en bas de cet article).

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    Un prix de la contribution exceptionnelle au cinéma a également été attribué au critique de cinéma récemment disparu, Michel Ciment.

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    « Tout art aspire à la musique », « Il n’y a rien de plus magique qu’un tournage de film ». Ces deux citations extraites de Babylon de Damien Chazelle donnent une idée de l’impression qui subsiste après ce voyage étourdissant, cette épopée à dessein cacophonique et fougueuse qui exhale une fièvre qui nous emporte comme un morceau de jazz échevelé, ce jazz qui parcourt le film avec cette bo remarquable, énergique et entêtante, tantôt lyrique tantôt sauvage, signée Justin Hurwitz. La musique sert aussi de lien dans ce film de désordres assumés.  Un film délicieusement excessif qui trouve indéniablement la musique à laquelle il aspire. Puissante. Envoûtante. Démente.  Un film d’une captivante extravagance, effervescent et mélancolique, un chaos étourdissant aussi repoussant qu’envoûtant, qui heurte et emporte, une parabole du cinéma avec son mouvement perpétuel, dont vous ne pourrez que tomber amoureux si vous aimez le cinéma parce qu’il en est la quintessence éblouissante et novatrice.

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    Avec Anatomie d’une chute, Justine Triet et Arthur Harari (coscénariste) livrent un film palpitant sur le doute, le récit, la vérité, la complexité du couple, et plus largement des êtres. Un film qui fait une confiance absolue au spectateur. Un film dont le rythme ne faiblit jamais, que vous verrez au travers du regard de Daniel, l'enfant que ce drame va faire grandir violemment, comme lui perdu entre le mensonge et la vérité, juge et démiurge d’une histoire qui interroge avec maestria les pouvoirs et les dangers de la fiction. Sandra Hüller, récompensée hier, est impressionnante d’opacité, de froideur, de maitrise, d’ambiguïté dans ce personnage de femme libre à la personnalité retorse. Plus que de vérité, il est question de réécriture de la vérité, de choix de récit et c’est aussi cela, ce questionnement sur l’écriture, qui rend cette histoire passionnante.

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    Si le lauréat du Paris Film Critics Award du documentaire, signé Kaouther Ben Hania, Les Filles d’Olfa interroge aussi la notion de vérité, il nous interpelle également sur le cycle de la violence. Une mise en abyme, une théâtralisation du réel intéressante pour les questions avec lesquelles elle nous laisse et que cela fait émerger, les doutes sur la réécriture de la réalité. Finalement, c’est aussi à une « anatomie d’une chute » que procède Kaouther Ben Hania, presque une enquête pour comprendre comment deux jeunes filles gaies et lumineuses ont pu ainsi se radicaliser, se tourner vers la noirceur, l’obscurantisme et la violence aveugle et inouïe. La musique d’Amine Bouhafa amplifie encore l’émotion. Par ce dispositif, la réalisatrice exalte aussi le rôle de la parole, là où elle n’était plus possible avec celles qui ne voulaient plus entendre que leur vérité, dogmatique. Le dernier regard face caméra nous hantera longtemps et renforce nos interrogations. Ce documentaire qui ne cède jamais au manichéisme, et qui brouille intelligemment la frontière entre réalité et fiction, pour mieux enfanter la vérité, est aussi original que fascinant, citoyen, instructif et poignant.

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    Kaouther Ben Hania, Nadim Cheikhrouha © Rachid Bellak

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    Bravo également à Ella Rumpf pour son prix de la meilleure révélation féminine pour un film dont je vous avais longuement parlé à l'occasion du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule 2023, dans le cadre duquel je l'avais découvert : Le Théorème des Marguerite d'Anna Novion. Un sublime portrait de femme et une brillante dissection métaphorique des effets de la création, de la solitude et de l'abnégation qu'elle implique, mais surtout un film sensible, parfaitement écrit et interprété, passionnant de la première à la dernière seconde.

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    Ella Rumpf © Jérôme Domine

    Le prix d'honneur attribué à Vincent Lindon récompense les quarante ans de carrière d’un artiste complet, prix d’interprétation au Festival de Cannes en 2015 pour La loi du Marché de Stéphane Brizé, suivi d’un César en 2016, un film qu’il a également co-produit tout comme Un autre monde (2021) du même Stéphane Brizé. Mais aussi interprète principal et inoubliable dans des films incontournables du cinéma français comme La Crise de Coline Serreau (1992), Fred et Ma Petite Entreprise de Pierre Jolivet (1997 et 1999), La Moustache d’Emmanuel Carrère (2004), Welcome de Philippe Lioret (2009), Mademoiselle Chambon de Stéphane Brizé (2009), Pater d’Alain Cavalier – dont il est aussi co-scénariste – (2011), Quelques heures de Printemps de Stéphane Brizé (2012), Rodin de Jacques Doillon (2017), En Guerre de Stéphane Brizé (2018) ou plus récemment Titane de Julia Ducournau (Palme d’or à Cannes en 2021), Enquête sur un Scandale d’État de Thierry de Peretti (2021), Un autre Monde – pour lequel il retrouve Stéphane Brizé – (2021) et Avec Amour et Acharnement de Claire Denis (2022). En 2022, il a été président du jury de la 75ème édition du Festival de Cannes où il a succédé à Spike Lee. Vincent Lindon est actuellement à l’affiche de la nouvelle série phare de Canal+, D’Argent et de Sang, créée par Xavier Giannoli et dans laquelle il tient le rôle principal. On le retrouvera prochainement dans les nouveaux films de Nicolas Boukhrief, Delphine et Muriel Coulin, Gilles Bourdos et Quentin Dupieux.

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    Vincent Lindon et Sam Bobino © Jérôme Domine

     

    Quelques oubliés du palmarès (qui figuraient parmi les films en lice, l'occasion pour moi de vous en parler à nouveau afin de vous inciter à les découvrir de même que les films figurant au palmarès) :

    -The Fabelmans : la une déclaration d’amour fou à ses parents et au cinéma de Spielberg. Film mélancolique, flamboyant, intime et universel. Ode aux rêves qu’il faut poursuivre coûte que coûte, malgré le danger, comme on pourchasserait une tornade dévastatrice. Un film sur le pardon, la curiosité. À fleur de peau. À fleur d’enfance. La force du cinéma en un film. Le cinéma qui transcende, transporte, révèle. Qui mythifie la réalité et débusque le réel. Le cinéma qui éclaire et sublime la réalité comme une danse à la lueur des phares. L’art cathartique aussi comme instrument de distanciation. L’art qui capture la beauté, même tragique. 

     - Tár, avec Cate Blanchett, prodigieuse dans cette ode à la polysémie et à la complexité humaines et artistiques, aussi palpitante qu’un thriller dont l’énigme consiste à découvrir qui était Linda Tarr devenue Lydia Tár.  La force du film réside dans le fait de ne pas la lever totalement, donnant juste quelques pistes dans l'alcôve d'une modeste maison d'enfance américaine dans laquelle elle croise un frère dédaigneux.

    Parmi les oubliésn India Hair, magistrale dans le premier long-métrage de Delphine Deloget, Rien à perdre, mais aussi Koji Yakusho, l’acteur de Perfect days, la promenade poétique de Wim Wenders dont on ressort avec l’envie de croire en tous les possibles de l’existence que ce film esquisse avec une infinie délicatesse.

    Je regrette que The Son de Florian Zeller n'ait pas été récompensé pour l'adaptation, seul prix pour lequel ce film était nommé. Un film sur les cœurs déchirés, meurtris, inconsolables, dévorés par la souffrance, l’impuissance ou la culpabilité. Une magistrale tragédie universelle dont la réalisation fait contraster ces espaces gris et déshumanisés de New York avec les jours ensoleillés, épousant l’instabilité des êtres, avec la caméra qui caresse les espaces inertes ou un chapeau qui s’égare dans les flots pour dire les souvenirs broyés, ou encore pour chavirer devant la beauté lumineuse, fugace et renversante d’une danse au son de It’s not unusual de Tom Jones puis de Wolf de Awir Leon, une joie évincée en un éclair comme le sera un personnage par un brillant mouvement de caméra.

    Autre oublié, le long-métrage renversant d’émotions de Charlotte Wells, Aftersun en premier film, un film avec un dernier plan inoubliable. Un dernier plan qui évoque le vide et le mystère que laissent les (êtres et moments, essentiels) disparus, et les instants en apparence futiles dont on réalise trop tard qu’ils étaient cruciaux, fragiles et uniques. Celui du manque impossible à combler. Celui du (couloir) du temps qui dévore tout. Mais Chien de la casse, qui a reçu ce prix, le méritait en effet au moins autant.

    - Le scénario de L’Innocence de Kore-eda (récompensé lors du dernier Festival de Cannes) ne pouvait que figurer parmi les nommés même s'il était sans doute difficile de rivaliser avec celui d'Anatomie d'une chute qui a obtenu cette récompense. Un film qui, là aussi, incarne toute la beauté et la force du cinéma : sonder la complexité des êtres, nous perdre pour mieux nous aider à trouver une vérité, nous trouver aussi parfois, nous éblouir pour nous éclairer (avec ces  plans du début et de fin, enflammé pour l’un et irradié pour l’autre, qui se répondent). Un film doux et poétique sur la rugosité des êtres et de la société japonaise, sur l’enfance et ses cruautés. Un film labyrinthique qui nous ramène à la source du tunnel et du secret qu’il traque comme dans un polar, celui des mystères de l’adolescence et de la fausse innocence des adultes. Un film sur les blessés de la vie, thème cher au cinéaste, comme la famille. Scénario et réalisation magistraux à l’unisson portés par la sublime ultime bo de Ryuichi Sakamoto. 

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    MEILLEUR FILM

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    Marie-Ange_Luciani David Thion © Rachid Bellak

    ANATOMIE D’UNE CHUTE / Justine Triet 
    BABYLON / Damien Chazelle
    JE VERRAI TOUJOURS VOS VISAGES / Jeanne Herry
    KILLERS OF THE FLOWER MOON / Martin Scorsese
    OPPENHEIMER / Christopher Nolan
    L’ENLÈVEMENT / Marco Bellocchio
    THE FABELMANS / Steven Spielberg

    MEILLEUR.E RÉALISATEUR.TRICE

    CHRISTOPHER NOLAN / Oppenheimer
    DAMIEN CHAZELLE / Babylon 
    JUSTINE TRIET / Anatomie d’une chute
    STEVEN SPIELBERG / The Fabelmans
    THOMAS CAILLEY / Le Règne animal
    MARCO BELLOCCHIO / L’Enlèvement
    JEANNE HERRY / Je verrai toujours vos visages

    MEILLEURE ACTRICE

    CATE BLANCHET / Tar
    CATHERINE DENEUVE / Bernadette
    HAFSIA HERZI / Le Ravissement
    LEA DRUCKER / L’Été Dernier
    LILY GLADSTONE / Killers of the Flower Moon
    MARION COTILLARD / Little Girl Blue
    SANDRA HÜLLER / Anatomie d’une chute 

    MEILLEUR ACTEUR

    ARIEH WORTHALTER / Le Procès Goldman 
    BENJAMIN LAVERNHE / L’Abbé Pierre – Une vie de combats
    CILLIAN MURPHY / Oppenheimer
    KOJI YAKUSHO / Perfect Days
    PAUL GIAMATTI / Winter Break
    RAPHAËL QUENARD / Yannick
    VINCENT LACOSTE / Le Temps d’aimer

    MEILLEURE ACTRICE DANS UN SECOND RÔLE

    ADÈLE EXARCHOPOULOS / Je verrai toujours vos visages
    BLANCHE GARDIN / Le livre des solutions
    DA’VINE JOY RANDOLPH / Winter Break
    EMILY BLUNT / Oppenheimer
    INDIA HAIR / Rien à Perdre
    MICHÈLE WILLIAMS / The Fabelmans
    NOÉMIE MERLANT / Tar

    MEILLEUR ACTEUR DANS UN SECOND RÔLE

    BRAD PITT / Babylon 
    LOUIS GARREL / Les Trois Mousquetaires : D’Artagnan
    RAPHAËL QUENARD / Chien de la Casse
    ROBERT DE NIRO / Killers of the Flower Moon
    ROBERT DOWNEY JR. / Oppenheimer
    ROMAIN DURIS / Le Règne Animal
    RYAN GOSLING / Barbie

    MEILLEURE RÉVÉLATION FÉMININE

    CARRIE CROWLEY / The Quiet Girl
    ELLA RUMPF / Le Théorème de Marguerite (Lauréat)
    KIM HIGELIN / Le Consentement
    MAGALIE LÉPINE-BLONDEAU / Simple Comme Sylvain
    MIA MCKENNA-BRUCE / How To Have Sex
    STEPHANE CAILLARD / Flo
    SUZY BEMBA / Le Retour

    MEILLEURE RÉVÉLATION MASCULINE

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    Raphael Quenard © Rachid Bellak

    ARTHUR HARARI / Le Procès Goldman
    DIEGO CALVA / Babylon
    GABRIEL LABELLE / The Fabelmans
    MILO MACHADO GRANER / Anatomie d’une chute
    PAUL KIRCHER / Le Règne Animal
    RAPHAËL QUENARD / Chien de la casse 
    SAMUEL KIRCHER / L’Été Dernier

    MEILLEUR SCÉNARIO ORIGINAL

    ANATOMIE D’UNE CHUTE / Justine Triet, Arthur Harari 
    BABYLON / Damien Chazelle
    JE VERRAI TOUJOURS VOS VISAGES / Jeanne Herry
    LE PROCES GOLDMAN / Cédric Khan, Nathalie Herzberg
    LE RÈGNE ANIMAL / Thomas Cailley, Pauline Munier
    L’INNOCENCE / Yüji Sakamoto
    THE FABELMANS / Steven Spielberg, Tony Kushner

    MEILLEURE ADAPTATION

    KILLERS OF THE FLOWER MOON / Eric Roth, Martin Scorsese 
    LE CONSENTEMENT / Vanessa Fiho, Vanessa Springora, François Pirot
    LES ALGUES VERTES / Pierre Jolivet, Inès Léraud
    LES TROIS MOUSQUETAIRES : D’ARTAGNAN / Alexandre de La Patellière, Mathieu Delaporte
    MON CRIME / François Ozon
    OPPENHEIMER / Christopher Nolan
    THE SON / Christopher Hampton, Florian Zeller

    MEILLEURE PHOTOGRAPHIE

    ANATOMIE D’UNE CHUTE / Simon Beaufils
    BABYLON / Linus Sandgren
    KILLERS OF THE FLOWER MOON / Rodrigo Prieto
    LA FEMME DE TCHAÏKOVSKI / Vladislav Opelyants
    LE RÈGNE ANIMAL / David Cailley
    OPPENHEIMER / Hoyte van Hoytema 
    THE FABELMANS / Janusz Kaminski

    MEILLEUR MONTAGE

    ANATOMIE D’UNE CHUTE / Laurent Sénéchal 
    BABYLON / Tom Cross
    KILLERS OF THE FLOWER MOON / Thelma Schoonmaker
    LE RÈGNE ANIMAL / Lilian Corbeille
    LE LIVRE DES SOLUTIONS / Élise Fievet
    OPPENHEIMER / Jennifer Lame
    TAR / Monika Willi

    MEILLEURE MUSIQUE ORIGINALE

    BABYLON / Justin Hurwitz 
    DISCO BOY / Vitalic
    LE GARÇON ET LE HÉRON / Joe Hisaiishi
    LE RÈGNE ANIMAL / Andrea Laszlo De Simone
    LINDA VEUT DU POULET ! / Clément Ducol
    OPPENHEIMER / Ludwig Göransson
    THE FABELMANS / John Williams

    MEILLEURS DÉCORS

    BABYLON / Florencia Martin 
    BARBIE / Sarah Greenwood
    KILLERS OF THE FLOWER MOON / Jack Fisk
    LES TROIS MOUSQUETAIRES :
    D’ARTAGNAN / Stéphane Taillasson
    MON CRIME / Jean Rabasse
    OPPENHEIMER / Ruth De Jong
    THE FABELMANS / Rick Carter

    MEILLEURS COSTUMES

    BABYLON / Mary Zophres
    BARBIE / Jacqueline Durran
    KILLERS OF THE FLOWER MOON / Jacqueline West
    LA FEMME DE TCHAÏKOVSKI / Dimitri Andreïev
    L’ENLÈVEMENT / Sergio Ballo, Daria Calvelli
    LES TROIS MOUSQUETAIRES : D’ARTAGNAN / Thierry Delettre 
    NAPOLÉON / David Crossman, Janty Yates

    MEILLEUR PREMIER FILM

    AFTERSUN / Charlotte Wells
    BERNADETTE / Léa Domenach
    CHIEN DE LA CASSE / Jean-Baptiste Durand 
    HOW TO HAVE SEX / Molly Manning Walker
    LE RAVISSEMENT / Iris Kaltenback
    RIEN À PERDRE / Delphine Deloget
    VINCENT DOIT MOURIR / Stéphan Castang

    MEILLEUR FILM D’ANIMATION

    INTERDIT AUX CHIENS ET AUX ITALIENS / Alain Ughetto
    LE GARÇON ET LE HÉRON / Hayao Miyazaki
    LINDA VEUT DU POULET ! / Chiara Malta, Sébastien Laudenbach
    MARS EXPRESS / Jérémie Périn 
    MON AMI ROBOT / Pablo Berger
    SPIDER MAN : ACROSS THE SPIDER-VERSE / Joaquim Dos Santos, Kemp Powers, Justin K. Thompson
    SUZUME / Makoto Shinkai

    MEILLEUR DOCUMENTAIRE

    LA RIVIÈRE / Dominique Marchais
    LES FILLES D’OLFA / Kaouther Ben Hania 
    LITTLE GIRL BLUE / Mona Achache
    NOTRE CORPS / Claire Simon
    SUR L’ADAMANT / Nicolas Philibert
    TOUTE LA BEAUTÉ ET LE SANG VERSÉ / Laura Poitras
    VOYAGE AU PÔLE SUD / Luc Jacquet

    MEILLEURE SÉRIE (ou Mini-Série)

    D’ARGENT ET DE SANG / Xavier Giannoli 
    LA NUIT OU LAURIER GAUDREAULT S’EST RÉVEILLÉ / Xavier Dolan
    POLAR PARK / Gérald Hustache-Mathieu
    SAMBRE / Alice Géraud, Marc Herpoux
    SUCCESSION / Jesse Armstrong
    TAPIE / Tristan Séguéla, Olivier Demangel
    TOUT VA BIEN / Camille de Castelnau

    PRIX D’HONNEUR / HONORARY AWARD

    VINCENT LINDON

    PRIX POUR L’ENSEMBLE D’UNE CARRIÈRE

    JERRY SCHATZBERG

     PRIX DE LA CONTRIBUTION EXCEPTIONNELLE AU CINÉMA

    MICHEL CIMENT

    PRIX DE LA MEILLEURE CONTRIBUTION À L’ART DU CINÉMA

    WARNER BROS.

     

    CRITIQUE DE JERRY SCHATZBERG, PORTRAIT PAYSAGE de PIERRE FILMON

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    Je vous avais déjà parlé de Pierre Filmon, l’an passé, à l’occasion de la sortie de Entre deux trains (Long Time No See), son deuxième long-métrage et son premier long-métrage de fiction pour lequel j’avais eu un énorme coup de cœur. Je vous le recommande à nouveau vivement. Il est désormais disponible en DVD chez Tamasa éditions. Il a d’ailleurs reçu de nombreux prix dans le monde. Il a ainsi parcouru 35 festivals internationaux et 17 pays. Pierre Rochefort a obtenu le prix du meilleur acteur en Espagne. Au Chili, le film a obtenu le prix du Best fiction film. En Inde, au Rajasthan IFF, Pierre Filmon a obtenu deux prix : honorary Award et best directeur. Au Kosovo, le film a obtenu le prix du meilleur film… Et si cela ne suffisait pas pour vous convaincre de le découvrir, vous trouverez à nouveau ma critique ci-dessous.

    Pierre Filmon a réalisé plusieurs courts-métrages et son premier long-métrage, Close encounters with Vilmos Zsigmond, était en Sélection officielle au Festival de Cannes 2016 dans le cadre de Cannes Classics. Ce documentaire est consacré à Vilmos Zsigmond, formidable directeur de la photographie qui a travaillé avec les plus grands réalisateurs : Robert Altman, John Boorman, Steven Spielberg, Brian de Palma, Peter Fonda et… Jerry Schatzberg.

    C’est justement à ce dernier que Pierre Filmon a donc consacré ce dernier documentaire : Jerry Schatzberg, portrait paysage, qui se focalise sur « l’univers photographique de Jerry Schatzberg, jeune homme de 95 ans, le dernier des Mohicans du Nouvel Hollywood, photographe et cinéaste qui a réalisé des films avec Al Pacino, Gene Hackman, Meryl Streep, Faye Dunaway et Morgan Freeman et a obtenu une Palme d’Or en 1973 pour L’épouvantail». Le film a été présenté en Première Mondiale à la 79ème Mostra, en septembre dernier.

    Entre deux trains transpirait déjà la passion du cinéma, avec de nombreuses influences, d’Agnès Varda à David Lean. Et c’est cette même passion de l’art du passionné Pierre Filmon que l’on retrouve dans ce documentaire qui s’intéresse au travaille de photographe de Jerry Schatzberg. Même si vous ne connaissiez pas son travail, vous aviez forcément vu une de ses plus célèbres photos, celle, sublimissime, de Faye Dunaway, auréolée de noir, qui avait été mise à l’honneur sur l’affiche du Festival de Cannes 2011, modèle de grâce, d’épure, de sobriété, de sophistication, de mystère, de classe, de glamour, et même pourvue d’une certaine langueur… Cette photo avait été prise par Jerry Schatzberg en 1970.

    Le documentaire de Pierre Filmon qui est le plus beau des hommages au travail remarquable et fascinant de Jerry Schatzberg est un dialogue de ce dernier avec le critique Michel Ciment au gré d’une exposition lors de laquelle il croise des portraits (dont, d’ailleurs, le sien), l’occasion de revenir sur ces fabuleuses rencontres qui ont donné lieu à ces photos singulières et marquantes. Ce plan-séquence permet de découvrir la richesse, la profondeur, la diversité du travail de l’artiste né dans le Bronx en 1927 (un an avec Kubrick au même endroit !) découvert par Pierre Ricient qui s’est battu pour que son premier film sorte en France. Rien ne prédestinait à la photographie et au cinéma celui qui travailla d’abord comme fourreur, comme son père, (ce qu’il détesta) avant de commencer comme assistant photographe pour le New York Times jusqu’ à devenir ce photographe immensément talentueux qui parvient toujours à capter quelque chose de la vérité des êtres (que ce soit de la toute jeune Catherine Deneuve, Aretha Franklin ou un enfant inconnu ou même des photos de nus) même dans des photos plus sophistiquées.

    Michel Ciment a rappelé quel découvreur de talents il a aussi été, ayant notamment à son actif les découvertes d’Al Pacino ou Guillaume Canet qu’il avait fait tourner dès 2001 dans The day the ponies come back. « Ce qui le caractérisé, c'est de faire du mouvement, du presque cinéma dans un décor naturel réaliste» a expliqué hier Michel Ciment. Ce fut «le contraire pour Bob Dylan»  avec des photos en studio dans lesquelles Schatzberg a « capté sa sensibilité, son intelligence et son charisme » a souligné Michel Ciment. Par ailleurs, pour ce dernier, « pas un seul metteur en scène américain n’a fait à la suite trois films aussi extraordinaires ».

    Ce travail en petite équipe, 4 personnes avec Olivier Chambon qui avait déjà été le filmeur de la séquence sur Jerry Schatzberg dans le film de Pierre Filmon sur Vilmos Zsigmond, procure tout son caractère intimiste, sincère et naturel à ce documentaire.

    Michel Ciment a conclu en disant que « le rapport émotionnel avec le sujet est très important » et que Jerry Schatzberg est un « esthète, grand metteur en scène formel mais qui s'intéresse aussi aux émotions, aux rapports humains comme c'est le cas de tous les grands metteurs en scène. Le public vient au cinéma pour ressentir des émotions. C'est ce travail formel qui lui permet d’accéder aux émotions. » C’est sans aucun doute aussi le cas du cinéma de Pierre Filmon qui cherche toujours à saisir l’émotion, par la fiction ou le documentaire.

    Il se pourrait qu’il y ait une suite. Espérons-le tant ce documentaire nous donne envie d’en savoir plus sur Jerry Schatzberg mais aussi de retrouver le regard aiguisé, passionné et enthousiaste de Pierre Filmon sur celui-ci et sur le cinéma en général.

    Pour en savoir plus : http://pierrefilmon.com.

    Et pour le Silencio des Prés : https://lesilencio.com/  

  • PARIS FILM CRITICS AWARDS 2024 : nominations, Prix d'honneur décerné à Vincent Lindon et projection du documentaire de Pierre Filmon

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    Comme chaque année, avec le mois de janvier vient l’heure de l’annonce des nominations pour les Paris Film Critics Awards dont ce sera cette année la 3ème édition et dont j’ai toujours le plaisir de faire partie du jury constitué d’un collège de votants composé de 100 critiques et journalistes professionnels de cinéma et culture basés à Paris (l’académie des Paris Film Critics). L’académie en question désigne ainsi les meilleurs longs-métrages (sortis en salles ou sur des plateformes durant l’année 2023) et talents du cinéma français et international qui seront en compétition lors de cette 3ème édition des Paris Film Critics Awards.

    Pour rappel : créés à l’initiative de Sam Bobino (fondateur & co-président du Festival du Film de La Baule -vous pouvez retrouver ici mon compte-rendu de la dernière édition de ce festival-, délégué général de la Semaine du Cinéma Positif à Cannes), les 3èmes Paris Film Critics Awards seront décernés lors d’une cérémonie qui aura lieu le 4 février prochain à Paris et qui sera présentée par les journalistes et membres de l’académie, Elodie Suigo (France Info) et Kevin Elarbi (Canal+ / Le Cercle).

    Lors de cette cérémonie, l’académie des Paris Film Critics Awards honorera les membres de l’industrie cinématographique qui ont excellé dans leur domaine, durant l’année précédente, et rendra hommage à deux grandes figures du cinéma international avec le prix d’honneur et le prix pour l’ensemble d’une carrière dont les noms seront dévoilés le soir même.

    Parmi les nouveautés cette année, la création de trois nouveaux prix, celui des meilleurs costumes, de la contribution exceptionnelle au cinéma et celui rendant hommage à une institution majeure du cinéma.

    À l’image des New York Film Critics Circle Awards, Los Angeles Film Critics Association Awards ou London Critics Film Awards, les Paris Film Critics Awards récompensent chaque année le meilleur du cinéma mondial.

    Le palmarès de la première édition des Paris Film Critics Awards avait couronné beaucoup de films français et avait ainsi témoigné de la diversité de la production cinématographique française, ce qui fut d'ailleurs à nouveau le cas l’an passé. En 2022, c’est ainsi le long-métrage de Xavier Giannoli, Illusions perdues, qui avait reçu le Paris Film Critics Awards du meilleur film tandis que son acteur Vincent Lacoste recevait celui du meilleur second rôle masculin pour cette adaptation magistrale du chef-d’œuvre de Balzac. Vous pouvez retrouver mon compte-rendu complet de cette prelière édition des Paris Film Critics Awards ainsi que le palmarès, dans mon article, ici. L’an passé, La Nuit du 12 avait été élu meilleur film de l’année. Le film de Dominik Moll avait également reçu le prix de la meilleure adaptation et du meilleur second rôle féminin par Anouk Grinberg. Je vous invite à lire mon récit complet de la cérémonie 2023 et le détail du palmarès ici.

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    Crédit photo : Nick & Chloé

    L’acteur, Vincent Lindon (aussi scénariste et producteur), recevra un Paris Film Critics Award d’honneur récompensant l’ensemble de sa carrière. Ce prix honorifique lui sera décerné par les membres de l’Académie des Paris Film Critics. La récompense lui sera remise lors de la cérémonie qui aura lieu ce 4 février. Ce trophée récompensera les quarante ans de carrière d’un artiste complet, prix d’interprétation au Festival de Cannes en 2015 pour La loi du Marché de Stéphane Brizé, suivi d’un César en 2016, un film qu’il a également co-produit tout comme Un autre monde (2021) du même Stéphane Brizé. Mais aussi interprète principal et inoubliable dans des films incontournables du cinéma français comme La Crise de Coline Serreau (1992), Fred et Ma Petite Entreprise de Pierre Jolivet (1997 et 1999), La Moustache d’Emmanuel Carrère (2004), Welcome de Philippe Lioret (2009), Mademoiselle Chambon de Stéphane Brizé (2009), Pater d’Alain Cavalier – dont il est aussi co-scénariste – (2011), Quelques heures de Printemps de Stéphane Brizé (2012), Rodin de Jacques Doillon (2017), En Guerre de Stéphane Brizé (2018) ou plus récemment Titane de Julia Ducournau (Palme d’or à Cannes en 2021), Enquête sur un Scandale d’État de Thierry de Peretti (2021), Un autre Monde – pour lequel il retrouve Stéphane Brizé – (2021) et Avec Amour et Acharnement de Claire Denis (2022). En 2022, il a été président du jury de la 75ème édition du Festival de Cannes où il a succédé à Spike Lee. Vincent Lindon est actuellement à l’affiche de la nouvelle série phare de Canal+, D’Argent et de Sang, créée par Xavier Giannoli et dans laquelle il tient le rôle principal. On le retrouvera prochainement dans les nouveaux films de Nicolas Boukhrief, Delphine et Muriel Coulin, Gilles Bourdos et Quentin Dupieux.

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    A l'issue de la cérémonie sera projeté le documentaire de Pierre Filmon, Jerry Schatzberg, portrait paysage (cf critique en bas de cet article). Un prix sera également remis à Jerry  Schatzberg.

    Un hommage sera également rendu au grand critique de cinéma, Michel Ciment, récemment disparu.

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    Cette année, en tête des nominations figurent Babylon (10), Oppenheimer (10), Killers of the flower moon (8), The Fabelmans (8).

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    Le cinéma hexagonal est aussi représenté en tête de ces nominations par la palme d’or de Justine Triet, Anatomie d’une chute (7). Des films qui, pour la plupart, interrogent l'art, la vérité et la fiction.

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    Le film de Justine Triet est ainsi un film palpitant sur le doute, le récit, la vérité, la complexité du couple, et plus largement des êtres. Un film qui fait une confiance absolue au spectateur. Un film dont le rythme ne faiblit jamais, que vous verrez au travers du regard de Daniel, l'enfant que ce drame va faire grandir violemment, comme lui perdu entre le mensonge et la vérité, juge et démiurge d’une histoire qui interroge, aussi, avec maestria, les pouvoirs et les dangers de la fiction.

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    Babylon, épopée à dessein cacophonique et fougueuse, exhale une fièvre qui nous emporte comme un morceau de jazz échevelé. Un film d’une captivante extravagance, excessif, effervescent et mélancolique, un chaos étourdissant aussi repoussant qu’envoûtant, qui heurte et emporte, une parabole du cinéma avec son mouvement perpétuel, dont vous ne pourrez que tomber amoureux si vous aimez le cinéma parce qu’il en est la quintessence, une quintessence éblouissante et novatrice.

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    The Fabelmans est une déclaration d’amour fou à ses parents et au cinéma de Spielberg. Film mélancolique, flamboyant, intime et universel. Ode aux rêves qu’il faut poursuivre coûte que coûte, malgré le danger, comme on pourchasserait une tornade dévastatrice. Un film sur le pardon, la curiosité. À fleur de peau. À fleur d’enfance. La force du cinéma en un film. Le cinéma qui transcende, transporte, révèle. Qui mythifie la réalité et débusque le réel. Le cinéma qui éclaire et sublime la réalité comme une danse à la lueur des phares. L’art cathartique aussi comme instrument de distanciation. L’art qui capture la beauté, même tragique. 

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    Je me réjouis aussi des trois nominations de Tár, notamment celle de Cate Blanchett, prodigieuse dans cette ode à la polysémie et à la complexité humaines et artistiques, aussi palpitante qu’un thriller dont l’énigme consiste à découvrir qui était Linda Tarr devenue Lydia Tár.  La force du film réside dans le fait de ne pas la lever totalement, donnant juste quelques pistes dans l'alcôve d'une modeste maison d'enfance américaine dans laquelle elle croise un frère dédaigneux.

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    Ravie d’y voir également figurer les acteurs India Hair, magistrale dans le premier long-métrage de Delphine Deloget, Rien à perdre, mais aussi Koji Yakusho, l’acteur de Perfect days, la promenade poétique de Wim Wenders dont on ressort avec l’envie de croire en tous les possibles de l’existence que ce film esquisse avec une infinie délicatesse.

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    Je regrette qu'il n'y ait qu’une seule nomination (pour l’adaptation) de The Son de Florian Zeller, un film sur les cœurs déchirés, meurtris, inconsolables, dévorés par la souffrance, l’impuissance ou la culpabilité. Une magistrale tragédie universelle dont la réalisation fait contraster ces espaces gris et déshumanisés de New York avec les jours ensoleillés, épousant l’instabilité des êtres, avec la caméra qui caresse les espaces inertes ou un chapeau qui s’égare dans les flots pour dire les souvenirs broyés, ou encore pour chavirer devant la beauté lumineuse, fugace et renversante d’une danse au son de It’s not unusual de Tom Jones puis de Wolf de Awir Leon, une joie évincée en un éclair comme le sera un personnage par un brillant mouvement de caméra.

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    Dans cette même catégorie de l’adaptation figure également Les algues vertes, magnifique portrait d’héroïne contemporaine, mais surtout un film engagé, militant même, qui pour autant n’oublie jamais le spectateur, et d’être une fiction, certes particulièrement documentée et instructive mais qui s’avère prenante de la première à la dernière seconde, tout en décrivant avec beaucoup d’humanité et subtilité un scandale sanitaire et toutes les réalités sociales qu’il implique.

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    Autre réjouissante nomination, celle du long-métrage renversant d’émotions de Charlotte Wells, Aftersun en premier film, un film avec un dernier plan inoubliable. Un dernier plan qui évoque le vide et le mystère que laissent les (êtres et moments, essentiels) disparus, et les instants en apparence futiles dont on réalise trop tard qu’ils étaient cruciaux, fragiles et uniques. Celui du manque impossible à combler. Celui du (couloir) du temps qui dévore tout.

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    Le scénario de L’Innocence de Kore-eda (récompensé lors du dernier Festival de Cannes) ne pouvait que figurer parmi les nommés. Un film qui, là aussi, incarne toute la beauté et la force du cinéma : sonder la complexité des êtres, nous perdre pour mieux nous aider à trouver une vérité, nous trouver aussi parfois, nous éblouir pour nous éclairer (avec ces  plans du début et de fin, enflammé pour l’un et irradié pour l’autre, qui se répondent). Un film doux et poétique sur la rugosité des êtres et de la société japonaise, sur l’enfance et ses cruautés. Un film labyrinthique qui nous ramène à la source du tunnel et du secret qu’il traque comme dans un polar, celui des mystères de l’adolescence et de la fausse innocence des adultes. Un film sur les blessés de la vie, thème cher au cinéaste, comme la famille. Scénario et réalisation magistraux à l’unisson portés par la sublime ultime bo de Ryuichi Sakamoto.

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    Je me réjouis également de la nomination de Ella Rumpf pour Le théorème de Marguerite  : un sublime portrait de femme et une brillante dissection métaphorique des effets de la création, de la solitude et de l'abnégation qu'elle implique, mais surtout un film sensible, parfaitement écrit et interprété, passionnant de la première à la dernière seconde.

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    Enfin, parmi les nommés pour le meilleur documentaire figure le remarquable film de Kaouther Ben Hania, Les Filles d'Olfa, lauréat du Prix de la Citoyenneté du dernier Festival de Cannes, une mise en abyme, une théâtralisation du réel aussi intéressante pour les questions avec lesquelles elle nous laisse et que cela fait émerger, les doutes sur la réécriture de la réalité également. Finalement, c’est aussi à une « anatomie d’une chute » que procède Kaouther Ben Hania, presque une enquête pour comprendre comment deux jeunes filles gaies et lumineuses ont pu se radicaliser, se tourner vers la noirceur, l’obscurantisme et la violence aveugle et inouïe. La musique d’Amine Bouhafa amplifie encore l’émotion. Par ce dispositif, la réalisatrice exalte aussi le rôle de la parole, là où elle n’était plus possible avec celles qui ne voulaient plus entendre que leur vérité, dogmatique. Le dernier regard face caméra nous hantera longtemps et renforce nos interrogations. Ce documentaire qui ne cède jamais au manichéisme, et qui brouille intelligemment la frontière entre réalité et fiction, pour mieux enfanter la vérité, est aussi original que fascinant, citoyen, instructif et poignant.


    Je vous donne rendez-vous le 4 février pour le palmarès. En attendant, retrouvez les nominations complètes ci-dessous et, ici, mon article sur mon bilan de l'année cinéma 2023 dans lequel vous retrouverez la plupart des films nommés…et quelques oubliés.

    NOMINATIONS PARIS FILM CRITICS AWARDS 2024

    MEILLEUR FILM

    ANATOMIE D’UNE CHUTE /Justine Triet

    BABYLON/Damien Chazelle

    JE VERRAI TOUJOURS VOS VISAGES /Jeanne Herry

    KILLERS OF THE FLOWER MOON/Martin Scorsese

    OPPENHEIMER/Christopher Nolan

    L’ENLÈVEMENT /Marco Bellocchio

    THE FABELMANS / Steven Spielberg

     

    MEILLEUR.E RÉALISATEUR.TRICE

    CHRISTOPHER NOLAN/Oppenheimer

    DAMIEN CHAZELLE /Babylon

    JUSTINE TRIET /Anatomie d’une chute

    STEVEN SPIELBERG/The Fabelmans

    THOMAS CAILLEY/ Le Règne animal

    MARCO BELLOCCHIO/ L’Enlèvement

    JEANNE HERRY/Je verrai toujours vos visages

     

    MEILLEURE ACTRICE

    CATE BLANCHET /Tar

    CATHERINE DENEUVE /Bernadette

    HAFSIA HERZI/ Le Ravissement

    LEA DRUCKER/ L’Été Dernier

    LILY GLADSTONE / Killers of the Flower Moon

    MARION COTILLARD/ Little Girl Blue

    SANDRA HULLER/Anatomie d’une chute

     

    MEILLEUR ACTEUR

    ARIEH WORTHALTER/ Le Procès Goldman

    BENJAMIN LAVERNHE / L’Abbé Pierre – Une vie de combats

    CILLIAN MURPHY/Oppenheimer

    KOJI YAKUSHO/Perfect Days

    PAUL GIAMATTI/Winter Break

    RAPHAËL QUENARD/Yannick

    VINCENT LACOSTE / Le Temps d’aimer

     

    MEILLEURE ACTRICE DANS UN SECOND RÔLE

    ADÈLE EXARCHOPOULOS /Je verrai toujours vos visages

    BLANCHE GARDIN/ Le livre des solutions

    DA’VINE JOY RANDOLPH/Winter Break

    EMILY BLUNT /Oppenheimer

    INDIA HAIR/Rien à Perdre

    MICHÈLE WILLIAMS /The Fabelmans

    NOÉMIE MERLANT /Tar

     

    MEILLEUR ACTEUR DANS UN SECOND RÔLE

    BRAD PITT /Babylon

    LOUIS GARREL / Les Trois Mousquetaires: D’Artagnan

    RAPHAËL QUENARD/Chien de la Casse

    ROBERT DE NIRO/ Killers of the Flower Moon

    ROBERT DOWNEY JR./Oppenheimer

    ROMAIN DURIS / Le Règne Animal

    RYAN GOSLING/Barbie

     

    MEILLEURE RÉVÉLATION FÉMININE

    CARRIE CROWLEY/The Quiet Girl

    ELLA RUMPF / Le Théorème de Marguerite

    KIM HIGELIN/ Le Consentement

    MAGALIE LÉPINE-BLONDEAU/ Simple Comme Sylvain

    MIA MCKENNA-BRUCE /How To Have Sex

    STEPHANE CAILLARD/ Flo

    SUZY BEMBA/ Le Retour

     

    MEILLEURE RÉVÉLATION MASCULINE

    ARTHUR HARARI/ Le Procès Goldman

    DIEGO CALVA/Babylon

    GABRIEL LABELLE /The Fabelmans

    MILO MACHADO GRANER/Anatomie d’une chute

    PAUL KIRCHER/ Le Règne Animal

    RAPHAËL QUENARD/Chien de la casse

    SAMUEL KIRCHER/ L’Été Dernier

     

    MEILLEUR SCÉNARIO ORIGINAL

    ANATOMIE D’UNE CHUTE /Justine Triet, Arthur Harari

    BABYLON/Damien Chazelle

    JE VERRAI TOUJOURS VOS VISAGES / Jeanne Herry

    LE PROCES GOLDMAN/Cédric Khan, Nathalie Herzberg

    LE RÈGNE ANIMAL /Thomas Cailley, Pauline Munier

    L’INNOCENCE /Yüji Sakamoto

    THE FABELMANS / Steven Spielberg, Tony Kushner

     

    MEILLEURE ADAPTATION

    KILLERS OF THE FLOWER MOON/ Eric Roth,

    Martin Scorsese

    LE CONSENTEMENT /Vanessa Fiho, Vanessa Springora,

    François Pirot

    LES ALGUES VERTES /Pierre Jolivet, Inès Léraud

    LES TROIS MOUSQUETAIRES : D’ARTAGNAN/Alexandre

    de La Patellière, Mathieu Delaporte

    MON CRIME / François Ozon

    OPPENHEIMER/Christopher Nolan

    THE SON/Christopher Hampton, Florian Zeller

     

    MEILLEURE PHOTOGRAPHIE

    ANATOMIE D’UNE CHUTE / Simon Beaufils

    BABYLON/ Linus Sandgren

    KILLERS OF THE FLOWER MOON/Rodrigo Prieto

    LA FEMME DE TCHAÏKOVSKI/Vladislav Opelyants

    LE RÈGNE ANIMAL /David Cailley

    OPPENHEIMER/Hoyte van Hoytema

    THE FABELMANS /Janusz Kaminski

     

    MEILLEUR MONTAGE

    ANATOMIE D’UNE CHUTE / Laurent Sénéchal

    BABYLON/Tom Cross

    KILLERS OF THE FLOWER MOON/Thelma Schoonmaker

    LE RÈGNE ANIMAL / Lilian Corbeille

    LE LIVRE DES SOLUTIONS / Élise Fievet

    OPPENHEIMER/Jennifer Lame

    TAR/Monika Willi

     

    MEILLEURE MUSIQUE ORIGINALE

    BABYLON/Justin Hurwitz

    DISCO BOY/Vitalic

    LE GARÇON ET LE HÉRON/Joe Hisaiishi

    LE RÈGNE ANIMAL /Andrea Laszlo De Simone

    LINDA VEUT DU POULET !/Clément Ducol

    OPPENHEIMER/ Ludwig Göransson

    THE FABELMANS /John Williams

     

    MEILLEURS DÉCORS

    BABYLON/ Florencia Martin

    BARBIE / Sarah Greenwood

    KILLERS OF THE FLOWER MOON/Jack Fisk

    LES TROIS MOUSQUETAIRES :

    D’ARTAGNAN/ Stéphane Taillasson

    MON CRIME /Jean Rabasse

    OPPENHEIMER/Ruth De Jong

    THE FABELMANS /Rick Carter

     

    MEILLEURS COSTUMES

    BABYLON/Mary Zophres

    BARBIE /Jacqueline Durran

    KILLERS OF THE FLOWER MOON/Jacqueline West

    LA FEMME DE TCHAÏKOVSKI/Dimitri Andreïev

    L’ENLÈVEMENT / Sergio Ballo, Daria Calvelli

    LES TROIS MOUSQUETAIRES : D’ARTAGNAN/Thierry

    Delettre

    NAPOLÉON/David Crossman, Janty Yates

     

    MEILLEUR PREMIER FILM

    AFTERSUN/Charlotte Wells

    BERNADETTE / Léa Domenach

    CHIEN DE LA CASSE /Jean-Baptiste Durand

    HOW TO HAVE SEX/Molly Manning Walker

    LE RAVISSEMENT /Iris Kaltenback

    RIEN À PERDRE /Delphine Deloget

    VINCENT DOIT MOURIR/ Stéphan Castang

     

    MEILLEUR FILM D’ANIMATION

    INTERDIT AUX CHIENS ET AUX ITALIENS /Alain Ughetto

    LE GARÇON ET LE HÉRON/Hayao Miyazaki

    LINDA VEUT DU POULET !/Chiara Malta, Sébastien

    Laudenbach

    MARS EXPRESS /Jérémie Périn

    MON AMI ROBOT /Pablo Berger

    SPIDER MAN: ACROSS THE SPIDER-VERSE /Joaquim Dos

    Santos, Kemp Powers, Justin K. Thompson

    SUZUME /Makoto Shinkai

     

    MEILLEUR DOCUMENTAIRE

    LA RIVIÈRE /Dominique Marchais

    LES FILLES D’OLFA/ Kaouther Ben Hania

    LITTLE GIRL BLUE /Mona Achache

    NOTRE CORPS /Claire Simon

    SUR L’ADAMANT /Nicolas Philibert

    TOUTE LA BEAUTÉ ET LE SANG VERSÉ / Laura Poitras

    VOYAGE AU PÔLE SUD/ Luc Jacquet

     

    MEILLEURE SÉRIE (ou Mini-Série)

    D’ARGENT ET DE SANG/Xavier Giannoli

    LA NUIT OU LAURIER GAUDREAULT S’EST RÉVEILLÉ /Xavier

    Dolan

    POLAR PARK /Gérald Hustache-Mathieu

    SAMBRE /Alice Géraud, Marc Herpoux

    SUCCESSION/Jesse Armstrong

    TAPIE /Tristan Séguéla, Olivier Demangel

    TOUT VA BIEN/Camille de Castelnau

     

    CRITIQUE DE JERRY SCHATZBERG, PORTRAIT PAYSAGE de PIERRE FILMON

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    Je vous avais déjà parlé de Pierre Filmon, l’an passé, à l’occasion de la sortie de Entre deux trains (Long Time No See), son deuxième long-métrage et son premier long-métrage de fiction pour lequel j’avais eu un énorme coup de cœur. Je vous le recommande à nouveau vivement. Il est désormais disponible en DVD chez Tamasa éditions. Il a d’ailleurs reçu de nombreux prix dans le monde. Il a ainsi parcouru 35 festivals internationaux et 17 pays. Pierre Rochefort a obtenu le prix du meilleur acteur en Espagne. Au Chili, le film a obtenu le prix du Best fiction film. En Inde, au Rajasthan IFF, Pierre Filmon a obtenu deux prix : honorary Award et best directeur. Au Kosovo, le film a obtenu le prix du meilleur film… Et si cela ne suffisait pas pour vous convaincre de le découvrir, vous trouverez à nouveau ma critique ci-dessous.

    Pierre Filmon a réalisé plusieurs courts-métrages et son premier long-métrage, Close encounters with Vilmos Zsigmond, était en Sélection officielle au Festival de Cannes 2016 dans le cadre de Cannes Classics. Ce documentaire est consacré à Vilmos Zsigmond, formidable directeur de la photographie qui a travaillé avec les plus grands réalisateurs : Robert Altman, John Boorman, Steven Spielberg, Brian de Palma, Peter Fonda et… Jerry Schatzberg.

    C’est justement à ce dernier que Pierre Filmon a donc consacré ce dernier documentaire : Jerry Schatzberg, portrait paysage, qui se focalise sur « l’univers photographique de Jerry Schatzberg, jeune homme de 95 ans, le dernier des Mohicans du Nouvel Hollywood, photographe et cinéaste qui a réalisé des films avec Al Pacino, Gene Hackman, Meryl Streep, Faye Dunaway et Morgan Freeman et a obtenu une Palme d’Or en 1973 pour L’épouvantail». Le film a été présenté en Première Mondiale à la 79ème Mostra, en septembre dernier.

    Entre deux trains transpirait déjà la passion du cinéma, avec de nombreuses influences, d’Agnès Varda à David Lean. Et c’est cette même passion de l’art du passionné Pierre Filmon que l’on retrouve dans ce documentaire qui s’intéresse au travaille de photographe de Jerry Schatzberg. Même si vous ne connaissiez pas son travail, vous aviez forcément vu une de ses plus célèbres photos, celle, sublimissime, de Faye Dunaway, auréolée de noir, qui avait été mise à l’honneur sur l’affiche du Festival de Cannes 2011, modèle de grâce, d’épure, de sobriété, de sophistication, de mystère, de classe, de glamour, et même pourvue d’une certaine langueur… Cette photo avait été prise par Jerry Schatzberg en 1970.

    Le documentaire de Pierre Filmon qui est le plus beau des hommages au travail remarquable et fascinant de Jerry Schatzberg est un dialogue de ce dernier avec le critique Michel Ciment au gré d’une exposition lors de laquelle il croise des portraits (dont, d’ailleurs, le sien), l’occasion de revenir sur ces fabuleuses rencontres qui ont donné lieu à ces photos singulières et marquantes. Ce plan-séquence permet de découvrir la richesse, la profondeur, la diversité du travail de l’artiste né dans le Bronx en 1927 (un an avec Kubrick au même endroit !) découvert par Pierre Ricient qui s’est battu pour que son premier film sorte en France. Rien ne prédestinait à la photographie et au cinéma celui qui travailla d’abord comme fourreur, comme son père, (ce qu’il détesta) avant de commencer comme assistant photographe pour le New York Times jusqu’ à devenir ce photographe immensément talentueux qui parvient toujours à capter quelque chose de la vérité des êtres (que ce soit de la toute jeune Catherine Deneuve, Aretha Franklin ou un enfant inconnu ou même des photos de nus) même dans des photos plus sophistiquées.

    Michel Ciment a rappelé quel découvreur de talents il a aussi été, ayant notamment à son actif les découvertes d’Al Pacino ou Guillaume Canet qu’il avait fait tourner dès 2001 dans The day the ponies come back. « Ce qui le caractérisé, c'est de faire du mouvement, du presque cinéma dans un décor naturel réaliste» a expliqué hier Michel Ciment. Ce fut «le contraire pour Bob Dylan»  avec des photos en studio dans lesquelles Schatzberg a « capté sa sensibilité, son intelligence et son charisme » a souligné Michel Ciment. Par ailleurs, pour ce dernier, « pas un seul metteur en scène américain n’a fait à la suite trois films aussi extraordinaires ».

    Ce travail en petite équipe, 4 personnes avec Olivier Chambon qui avait déjà été le filmeur de la séquence sur Jerry Schatzberg dans le film de Pierre Filmon sur Vilmos Zsigmond, procure tout son caractère intimiste, sincère et naturel à ce documentaire.

    Michel Ciment a conclu en disant que « le rapport émotionnel avec le sujet est très important » et que Jerry Schatzberg est un « esthète, grand metteur en scène formel mais qui s'intéresse aussi aux émotions, aux rapports humains comme c'est le cas de tous les grands metteurs en scène. Le public vient au cinéma pour ressentir des émotions. C'est ce travail formel qui lui permet d’accéder aux émotions. » C’est sans aucun doute aussi le cas du cinéma de Pierre Filmon qui cherche toujours à saisir l’émotion, par la fiction ou le documentaire.

    Il se pourrait qu’il y ait une suite. Espérons-le tant ce documentaire nous donne envie d’en savoir plus sur Jerry Schatzberg mais aussi de retrouver le regard aiguisé, passionné et enthousiaste de Pierre Filmon sur celui-ci et sur le cinéma en général.

    Pour en savoir plus : http://pierrefilmon.com.

    Et pour le Silencio des Prés : https://lesilencio.com/  

  • BABYLON de Damien Chazelle : critique du film (au cinéma le 18.01.2023)

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    « Tout art aspire à la musique », « Il n’y a rien de plus magique qu’un tournage de film ». Ces deux citations extraites de Babylon de Damien Chazelle ne pourraient suffire à résumer cette fresque foisonnante mais elles donnent une idée de l’impression qui subsiste après ce voyage étourdissant, cette expérience de cinéma sur le cinéma à ne voir qu’au cinéma, cette déclaration d’amour démente au septième art !

    Tout cela commence en plein milieu du désert, là où Manny Torres (Diego Calva) est chargé par le magnat d’Hollywood, Don Wallach (Jeff Garlin), de transporter un éléphant pour une fête qui sera donnée dans son imposant manoir. C’est par le truchement du regard de Manny que nous découvrons donc cet univers fantasque. Comme lui, qui vient du Mexique, éberlués, nous observons ce spectacle, à la fois repoussant et fascinant.

    Déterminée à entrer à la fête coûte que coûte parce que là sont ceux qui font et défont Hollywood, Nellie LaRoy (Margot Robbie) arrive en trombe, percutant avec sa voiture une statue devant le manoir du magnat des studios Don Wallach. Alors qu’on lui refuse l’entrée, Manny ment en disant la connaître. Voilà comment tout commence : leur lien indéfectible, et l’entrée de Nellie dans cet univers insensé.

    Cet univers, c’est celui de l'âge d'or d'Hollywood, à Los Angeles, dans les années 1920. Babylon retrace ainsi l’ascension et la chute de différents personnages lors de la création d’Hollywood, une ère de décadence et de dépravation sans limites. Parmi ces personnages, il y a donc Nellie LaRoy (Margot Robbie), qui veut à tout prix réussir en tant qu’actrice, Manny Torres (Diego Calva) qui veut au départ avant tout assister à un tournage, Jack Conrad (Brad Pitt), star du muet, Elinor St. John (Jean Smart), chroniqueuse mondaine, Sidney Palmer (Jovan Adepo), trompettiste virtuose, Lady Fay Zhu (Li Jun Li), notamment chanteuse, James McKay (Tobey Maguire)… Mais aussi Los Angeles qui est ici un personnage à part entière, petite ville poussiéreuse devenue une grande mégalopole après l’extension la plus rapide au monde.

    Le film est en Cinémascope, ce qui sied parfaitement à la nature épique et au gigantisme du cadre et de ce long-métrage dans lequel tout est démesuré et délirant. Et impressionnant. Tant de séquences sont de véritables moments d’anthologie, à commencer par la scène de la fête qui ouvre le film, complètement démentiel par sa forme, sa durée, sa nature. Une frénésie de corps, de musiques, de danses, d’agitation, de débauche, de surenchère en tout, de beauté et vulgarité entremêlées, un cirque fou, un théâtre décadent qui ne s’arrêtera qu’au petit matin, exsangue, et qui semble avoir été écrit et filmé par Fellini. Et au milieu de tout cela, avec la caméra de Chazelle qui épouse cette folie, Nellie qui soudain se fraie un chemin et dont la danse ardente et débridée capte toute l’attention.

    Cette première séquence rappelle celle tout aussi magistrale par laquelle débute La La Land. Rappelez-vous…Le film commence par un plan séquence virevoltant, jubilatoire, visuellement éblouissant. Sur une bretelle d’autoroute de Los Angeles, dans un embouteillage qui paralyse la circulation, une musique jazzy s’échappe des véhicules. Des automobilistes en route vers Hollywood sortent alors de leurs voitures, soudain éperdument joyeux, débordants d’espoir et d’enthousiasme, dansant et chantant leurs rêves de gloire.  La vue sur Los Angeles est à couper le souffle, la chorégraphie millimétrée est impressionnante et d’emblée nous avons envie de nous joindre à eux, de tourbillonner, et de plonger dans ce film qui débute par ces réjouissantes promesses.

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    La séquence de la fête dans Babylon n’est pas la seule à vous en mettre plein la vue. Il y a notamment cette séquence vertigineuse et ébouriffante de tournage, avec la scène de champ de bataille qui à elle seule a nécessité plus de 30 cascadeurs, 10 cavaliers, un orchestre complet de 30 musiciens, une chorégraphie de combat, et de nombreuses explosions conçues et exécutées par le coordinateur des effets spéciaux Elia Popov, tout cela avec 700 personnes dans un environnement étouffant, en plein été à Simi Valley.

    La magie du cinéma, c’est celle qui fait renaître le septième art de ses cendres, encore et encore et encore, lequel s’adapte (notamment au passage au parlant), même lorsque, comme la ville antique à laquelle le film emprunte son titre, sa dépravation, sa folie sulfureuse et sa démesure le conduisent à la ruine.

    Babylon a nécessité 15 années de travail et de recherche pour Damien Chazelle (qui est aussi l’auteur de ce scénario foisonnant). Vous verrez ainsi les années folles comme vous ne les avez jamais imaginées, un monde de sauvagerie, d’outrances et de vacarme. Le tournage s'est déroulé du 12 juillet au 20 octobre 2021, ce qui semble presque court tant le résultat est époustouflant. Tous les corps de métiers se sont surpassés : la cheffe-décoratrice Florencia Martin, le monteur Tom Cross (oscarisé pour Whiplash), le directeur de la photographie Linus Sandgren, (qui a également travaillé avec Damien Chazelle sur First man et La La Land, pour lesquels il a d'ailleurs aussi été oscarisé)…

    Pour que ce film soit une réussite, il fallait une distribution à sa démesure, mais surtout un Manny Torres auquel le spectateur puisse s’identifier puisqu’il est un peu notre double. Choisir un acteur méconnu était donc une excellente idée. Son visage de doux rêveur séduit d’emblée. Une carrière prometteuse s’ouvre certainement à lui après ce rôle marquant dans ce film hors normes. Jack Conrad est une star du cinéma muet au paroxysme de sa gloire, entre Douglas Fairbanks et Rudolph Valentino. Choisir Brad Pitt pour l’incarner, lui qui symbolise aussi cette gloire paroxystique aux yeux du monde entier, était là aussi une judicieuse idée. Il fallait enfin et surtout une actrice de la trempe et de l’audace de Margot Robbie pour jouer la sauvage et excessive Nellie, et sa soif insatiable de regards. Elle dévore et capture littéralement l’écran.

    Les personnages un peu plus « secondaires » ne sont pas négligés pour autant et sont tout aussi passionnants comme le trompettiste virtuose Sidney Palmer notamment dans une scène, terrible, dans laquelle on lui impose de se peindre le visage en noir pour qu'il soit "plus noir". Jovan Adepo montre alors toute l’étendue de son talent, son dégoût, sa révolte muette, et finalement sa résignation forcée. Lady Fay Zhu (Li Jun Li) est aussi un personnage fascinant aux facettes multiples. Chanteuse, elle écrit aussi les cartons pour les sous-titres. James McKay (Tobey Maguire) apparaît seulement à la toute fin du film mais il vous sera difficile de l’oublier tant ce personnage sinistre vous glacera d’effroi. Il faudrait en fait citer toute la distribution, absolument parfaite.

     Babylon est une épopée à dessein cacophonique et fougueuse qui exhale une fièvre qui nous emporte comme un morceau de jazz échevelé, ce jazz qui parcourt le film avec cette bo remarquable, énergique et entêtante, tantôt lyrique tantôt sauvage, signée Justin Hurwitz dont le thème rappelle furieusement celui, inoubliable, de La La Land. La musique sert aussi de lien dans ce film de désordres assumés. Le compositeur et le cinéaste se sont rencontrés lorsqu'ils étaient tous deux étudiants à Harvard. Justin Hurwitz a ainsi composé les partitions de tous les films de Damien Chazelle.

    Dans La La Land, on se souvient aussi de Sebastian (Ryan Gosling), passionné de jazz et talentueux musicien, qui est contraint de jouer la musique d’ascenseur qu’il déteste pour assurer sa subsistance. Mia (Emma Stone) rêve de rôles sur grand écran. Lui de posséder son propre club de jazz. Elle aime le cinéma d’hier, lui le jazz qui, par certains, est considérée comme une musique surannée.  Ces deux rêveurs mènent pourtant une existence bien loin de la vie d’artistes à laquelle ils aspirent… Le hasard les fait se rencontrer sans cesse, dans un embouteillage d’abord, dans un bar, et enfin dans une fête.  Nellie et Manny pourraient être un peu leurs doubles à une autre époque.

    Comme dans La La Land, Damien Chazelle montre et transmet une nouvelle fois sa fascination pour le jazz, mais aussi pour les artistes qui endurent souffrances et humiliations pour tenter de réaliser leurs rêves, comme dans Whiplash dans lequel, déjà, la réalisation s’empare du rythme fougueux, fiévreux, animal de la musique, grisante et grisée par la folie du rythme et de l’ambition, dévastatrice.

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    Revenons à Babylon, parfaite continuité de cette formidable filmographie de Damien Chazelle, film délibérément assourdissant et chaotique qui cite Chantons sous la pluie, Méliès, Buñuel (restez bien jusqu’à la fin, et vous verrez à quel point ce film est une déclaration d’amour fou au cinéma, par un montage que vous n'êtes pas prêts d'oublier, comme un tour de manège étourdissant et unique), et lorgne aussi du côté de Gatsby le magnifique (version Baz Luhrmann, notamment pour le mélange de flamboyance et mélancolie) et Once upon a time in Hollywood de Quentin Tarantino. Mais surtout une œuvre singulière de « grandeurs et décadences à Hollywood » qui, que ses excès vous agacent ou vous emportent, ne pourra vous laisser indifférents.

    Babylon est une déclaration d’amour au cinéma mais aussi de guerre à l’industrie cynique qui le sous-tend et le dévore parfois. Comme un rêve endiablé qui emprunterait à divers genres cinématographiques (c’est fascinant -j’ai employé plusieurs fois cet adjectif à dessein parce que c'est vraiment ce qu'est ce film : fascinant- avec quel brio Chazelle rend hommage aux différents genres cinématographiques en les remaniant brillamment) pour honorer la richesse du cinéma et des émotions qu’il suscite. De véritables montagnes russes que cette plongée dans les années folles qui n’ont jamais aussi bien porté leur nom.

    Le cinéma affectionne la mise en abyme, ce qui a d’ailleurs souvent produit des chefs-d’œuvre. Il y a évidemment La comtesse aux pieds nus de Mankiewicz, Etreintes brisées de Pedro Almodovar,  La Nuit américaine de Truffaut, Sunset Boulevard de Billy Wilder, Une étoile est née de George Cukor, Chantons sous la pluie de Stanley Donen et Gene Kelly, The Artist de Michel Hazanivicius, film sur le difficile passage au muet pour un acteur qui se référait également beaucoup au film de Stanley Donen et Gene Kelly, deux points communs avec Babylon. The Artist est néanmoins aussi sage que Babylon est débridé. Le film de Stanley Donen et Gene Kelly était d’ailleurs aussi largement cité dans La la land. The Artist était aussi un hymne à l'art qui porte ou détruit, élève ou ravage, lorsque le public, si versatile, devient amnésique, lorsque le talent se tarit, lorsqu’il faut passer de la lumière éblouissante à l’ombre dévastatrice. Le personnage de Jean Dujardin était aussi un hommage au cinéma d’hier auquel fait écho le personnage de Brad Pitt dans Babylon. La ressemblance s’arrête là.

    Ce passage du muet au parlant donne lieu à une des plus incroyables séquences de Babylon, lorsque Nellie fait ses premiers pas dans le cinéma parlant, après avoir réussi dans le muet, et rejoue plusieurs fois la même scène.

    Babylon, comme sa bo, nous laisse une forte empreinte une fois la salle quittée. Mais tout art aspire à la musique, non ? Un film délicieusement excessif qui trouve indéniablement la musique à laquelle il aspire. Puissante. Envoûtante. Démente. Rendez-vous le 18 janvier en salles pour découvrir ce cinquième long-métrage de Damien Chazelle, un très grand film pour lequel le mot spectaculaire semble avoir été inventé, un film d’une captivante extravagance, excessif, effervescent et mélancolique, un chaos étourdissant aussi repoussant qu’envoûtant, qui heurte et emporte, une parabole du cinéma avec son mouvement perpétuel, dont vous ne pourrez que tomber amoureux si vous aimez le cinéma parce qu’il en est la quintessence, une quintessence éblouissante et novatrice.