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FESTIVAL DU CINEMA AMERICAIN DE DEAUVILLE 2011

  • Bilan du Festival du Cinéma Américain de Deauville 2011

     

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    Déjà la vie normale est censée avoir repris son cours, pourtant mes pensées vagabondent encore vers Deauville, vers ces 10 jours de parenthèse festivalière que ce compte rendu me permet de revivre un tout petit peu afin de ne pas céder tout à fait à la nostalgie, pas tout à fait car elle est aussi rassurante dans cette course frénétique à l’information qui déjà a dévoré et ingurgité ce festival dans les souvenirs duquel je me replonge avec délice, délice nostalgique donc. Ce Festival du Cinéma Américain de Deauville n’a pas dérogé à la règle des 17 qui, pour moi, l’ont précédé, ressemblant à un véritable film riche en émotions aussi diverses et excessives que le meilleur (ou le pire, la frontière est parfois floue) des blockbusters nécessitant quelques jours pour en appréhender l’enrichissante complexité (là, plutôt à l’image d’un film indépendant que d’un blockbuster).

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    Quoiqu’il advienne, je perdrai toujours toute objectivité quand il s’agira d’évoquer ce festival (bonheur du blog que de n’être soumise à aucune censure ou à aucun rédacteur en chef et que de pouvoir revendiquer sa mauvaise foi), à jamais indissociable de tant de souvenirs et d’émotions cinématographiques, et heureux coupable de l’exacerbation de ma passion irrépressible pour le cinéma, qui le condamnent à la première place dans mon panthéon festivalier, la pluie et quelques déceptions cinématographiques fussent-elles au rendez-vous, comme cette année. J’avoue que j’ai un peu l’impression quand on critique ce festival que les critiques me sont destinées tant la douce mélancolie deauvillaise m’enchante, me porte, et me plonge dans une joie extatique totalement irrationnelle que j’aimerais à tout prix partager avec quiconque (tristes prosaïques) n’arrive à s’émerveiller devant les derniers feux de l’été, souvent les plus brillants et intenses, et rares, qui auréolent les Planches d’une luminosité incomparable, comme sortie d’un songe d’une nuit d’été, et devant ce festival qui concilie si bien les paradoxes et appréhende le cinéma américain dans sa globalité, voire ses contradictions, passant d’une comédie romantique réjouissante comme « Crazy, stupid, love » ou plus nuancée comme « Bringing up Bobby » de Famke Janssen à un film indépendant relevant du périlleux exercice de style comme « Jess+Moss » de Clay Jeter, de l’hommage à Shirley MacLaine à celui rendu à  Todd Solondz, de l’atmosphère feutrée des projections du matin en semaine à l’effervescence électrique des avant-premières du week end, des trophées du Nouvel Hollywood décernés cette année à Jessica Chastain et Ryan Gosling (malheureusement en leur absence) à l’émotion communicative de  l’hommage à Danny Glover ou Naomi Watts sans oublier l'instructive rencontre de Francis Ford Coppola avec les festivaliers (vidéos et ).

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    Je ne suis pas (encore) allée aux Etats-Unis et pourtant j’ai l’impression d’en connaître les mille visages si contrastés tant ce festival et les films qui y sont projetés en reflètent la diversité, la richesse, les blessures malgré une étonnante homogénéité des thématiques dans la compétition. Plus que jamais, cette année, Deauville s’est positionné comme le festival du cinéma indépendant avec une compétition d’un remarquable niveau et, certes, avec moins de ces avant-premières évènementiels qui ont contribué à la notoriété du festival. Un cinéma indépendant et libre qui a donné raison à Francis Ford Coppola qui, lors de sa master class, (passionnante, le grand moment de cette édition) a déclaré : « Quand le cinéma est libre, il peut donner des fruits superbes » ; « Ce qui compte, c’est faire un cinéma indépendant et personnel. » ; « Aujourd’hui, c’est le film indépendant qui incarne le cinéma, certainement pas le cinéma commercial car il répète sans arrêt les films ; c’est le même film. » Olivier Assayas, président de ce jury 2011, a d’ailleurs souligné la « richesse » des films en compétition (9 premiers films sur 14) malgré « souvent des budgets minuscules », ce qui ne les empêche pas de conserver leur « liberté d’écriture et de ton ».

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     « La meilleure chose du cinéma, c’est d’être tous ensemble et d’apprendre des choses » a déclaré Matthew Gordon, prix du jury 2011 pour « The dynamiter ».  En nous donnant à voir cet autre visage de l’Amérique, Deauville fait figure de sociologue.  Le visage qu’ont dessiné ces films en compétition était étonnamment uniforme : uniforme dans la noirceur, dans l’âge de ses protagonistes (des adolescents ou des enfants) souvent meurtris, livrés à eux-mêmes, victimes d’un manque de communication ou d’une société qui n’a jamais eu autant les moyens matériels de communiquer mais n’a jamais été aussi sourde et aveugle, délaissés par des parents fantomatiques, démissionnaires, désemparés, des mères absentes et des pères velléitaires. Une Amérique orpheline qui suffoque, paranoïaque (alors qu’on commémorait les 10 ans du 11 septembre), succombe à la folie et à des peurs irrationnelles, qui cherche un second souffle, une lueur d’espoir, sans oser l’aborder tout à fait (particulièrement significatifs étaient les dénouements des films en compétition presque tous ouverts, laissant à l’appréciation du spectateur cette lueur d’espoir, à peine perceptible), bien loin des films au dénouement desquels flotte insolemment la bannière étoilée comme le cinéma américain nous y a longtemps habitués.

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    Si les lieux et paysages (beau et instructif voyage à travers les Etats-Unis) et libertés diffèrent, c’est le même mal être que l’on retrouve dans chaque film en compétition, le même désarroi parental, le même sentiment de réalité suffocante à laquelle ces adolescents cherchent des échappatoires périlleux, illicites, le même besoin éperdu et rageur de liberté.  Je vous ai déjà parlé de 4 des 14 films en compétition et de leur traitement, ici : un cynisme tantôt amer, tantôt tendre (« Another happy day »),  une rigueur glaciale et non moins touchante (« On the ice »),  une mise en scène parfois un peu trop clipesque (« En secret ») ou  le souci de mettre en scène une réalité dans laquelle la violence est un engrenage implacable pour survivre (« Yelling to the sky »).  Ces adolescents en apparence si différents révèlent la même réalité étouffante, le même besoin d’ailleurs et d’appui familial, les mêmes personnages de mères broyées ou désemparées qui ont parfois renoncé. Tous présentent aussi le même défaut : un dénouement assez expéditif (un scénario qui s’essouffle vers la fin comme si ces cinéastes s’adonnaient à ce dont ne cessent de rêver leurs personnages pendant toute la durée de leurs films : la fuite.) Manière finalement peut-être plus consciente et habile qu’il n’y paraît de faire coïncider la forme et le fond. 

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    La fuite c’est aussi la solution d’Henry Barthes, le personnage principal de « Detachment » de Tony Kaye qui se retrouve à enseigner dans un lycée difficile de New York.  Henry Barthes est un professeur remplaçant, remplaçant afin de ne pas s’investir avec ses élèves tout comme il s’évertue à ne pas s’investir avec les femmes. Il se rêve en homme désincarné dans une salle vide ; lui qui incarnera pourtant le visage de l’espoir. Avec une poésie sombre, Tony Kaye, dans le fond comme dans la forme, rend hommage à l’art, ici salvateur, et à ces êtres qui ne se comprennent pas mais finalement si proches dans leurs fêlures, leur solitude, leur besoin d’écoute. Adrien Brody lui ne fuit pas son rôle mais est au contraire d’une présence époustouflante, assumant les contradictions de son personnage, bouleversant. « Detachment » a obtenu le prix de la critique et de la révélation Cartier. Et sa présentation par son réalisateur (en musique et guitare à l’appui) restera un des beaux moments de cette édition.

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     Le père de famille incarné par Michael Shannon dans « Take Shelter » de Jeff Nichols (grand prix de cette édition, déjà primé à la dernière Semaine de la Critique), lui, ne trouvera pas vraiment de solution à ses peurs destructrices et irrationnelles, métaphoriques d’une Amérique en crise et paranoïaque d’après 11 septembre, avec la crise économique pour arrière-plan.  Terriblement efficace, la réalisation nous plonge dans ses terreurs et son désarroi avec précision et sobriété. Redoutant de devenir schizophrène comme sa mère au même âge, il est hanté par des cauchemars de plus en plus effrayants qui vont le conduire à construire un abri pour protéger sa femme (la douceur de Jessica Chastain s’oppose à ses visions apocalyptiques, une folie plus destructrice qu’un ouragan, une folie qui balaie tout sur son passage dont les images ne sont pas dénuées de force poétique) et sa fille.  Un film efficace (entre drame  social et thriller) mais un choix peut-être de facilité du jury.  Reste la fin intelligemment elliptique et mystérieuse et un vrai don du suspense du réalisateur.  Une judicieuse parabole d’une Amérique d’après 11 septembre qui n’est plus invulnérable, à l’image du père de famille, ébranlé par une tempête incontrôlable. Seul film de cette compétition dont le personnage principal est un adulte, au comportement et aux frayeurs certes enfantins.

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    Autre thriller psychologique et social avec « Without » de Mark Jackson qui là aussi mêle donc les genres et laisse au spectateur l’appréciation de ce qui relève de la réalité ou de la folie du personnage. Ainsi, sur une île boisée très isolée, Joslyn devient à 19 ans aide à domicile auprès d’un vieil homme en état végétatif, cloué sur son fauteuil roulant.  Isolée, se relevant d’une difficile épreuve personnelle, la solitude va peu à peu la faire basculer… Un peu comme dans « Take Shelter » avec peu d’éléments, Mark Jackson instille la peur, la suspicion, dans l’esprit de son personnage principal mais aussi dans celui du spectateur. Une peur souvent irrationnelle qui, là aussi, fait écho à celle de l’après 11 septembre.

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    Beaucoup plus lumineux, éclairé par la douceur et la chaleur incandescents du Mississipi « The dynamiter » dont le centre est le personnage du jeune Robbie (William Ruffin) qui porte le film et sa famille sur ses épaules. Un film à l’image de son réalisateur (qui a enchanté les festivaliers en conférence de presse, en parlant en Français) pudique, sobre, sensible, touchant, et lumineux.

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    Dans « Another Earth » de Mike Cahill (primé à Sundance), une jeune étudiante (fantastique Brit Marling également co-scénariste du film) est en quête de rédemption après avoir provoqué un accident de voiture mortel tandis qu’une planète miroir de la terre apporte l’espoir d’un ailleurs meilleur.  Mike Cahill réussit l’exploit d’un cinéma fantastique sans grands effets spéciaux (troisième film de la compétition dans lequel le surnaturel fait une subtile immersion). Cette poésie fantastique contrebalance la dureté du sujet. On retrouve le thème de la culpabilité déjà présent dans « On the ice » et « Without ».

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    « Jess + Moss » mettait aussi en scène des enfants là aussi confrontés à eux-mêmes, tout l’un pour l’autre, un film en forme de conte initiatique qui relevait plus de l’exercice de style néanmoins illuminé d’une touchante innocence. Eveil à l’amitié, aux premiers émois que l’on retrouvait également dans le maladroit « Terry ».

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    Dommage que le jury ait oublié « Another happy  day », ironique à l’image de son titre, une comédie acide et parfois tendrement cruelle (tendrement parce que Sam Levinson porte un regard finalement plein de compréhension sur ses personnages sans toutefois les épargner) dans laquelle un mariage devient le révélateur des rancœurs et des fêlures des différents membres d’une famille sans oublier le personnage attachant interprété par Ezra Miller qui crève l’écran. Un film qui fait preuve, à l’image de son personnage principal, d’une belle maturité pour un réalisateur de seulement 26 ans.

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    Dans « Trust », David Schwimmer ( sans doute une des personnalités les plus ovationnées de ce festival) suit une adolescente de 14 ans qui se laisse séduire par un homme rencontré sur internet, en réalité un pédophile. Très différent dans la forme de « Michael », en compétition au dernier Festival de Cannes, qui décrivait de façon presque clinique le quotidien d’un enfant séquestré par un pédophile, il montre néanmoins aussi ce dernier dans sa froide et terrifiante normalité apparente. C’est parce qu’il a « rencontré des victimes par le biais d’une association », que  ce sont ces rencontres et ces histoires qui l’ont choqué qui lui ont donné « envie de réaliser un film sur ce sujet »  que David Schwimmer a fait ce film qui, en effet, fait preuve d’une certaine finesse dans la psychologie  de l’adolescente (interprétée avec beaucoup de justesse par Liana Liberato) qui passe de la fascination, au déni, à la colère, au rejet. David Schwimmer stigmatise la publicité qui met en scène des enfants ou des adolescents dans des poses plus que suggestives ou dans sa sexualisation à outrance, mais aussi le caractère virtuel de la communication (notamment avec les parents incarnés par Clive Owen et Catherine Keener) dans une société qui la glorifie et n’en a jamais eu autant les moyens matériels qui isolent finalement plus qu’ils ne rassemblent. Dommage que la scène du générique de fin soit aussi lourde et fasse ressembler à un très mauvais gag ce qui est dramatiquement réaliste. David Schwimmer fait néanmoins passer son message avec beaucoup d’efficacité.

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    Parmi les bonnes surprises, « Restless » de Gus Van Sant, conte poétique sur la mort. Très différent dans la forme du film qui lui valut la palme d’or en 2003, « Elephant », il y regarde cependant à nouveau l’adolescence avec gravité, une adolescence à nouveau confrontée à la mort mais avec moins de violence et plus de poésie. Le sujet, particulièrement mélodramatique, pouvait pourtant susciter quelques réticences ; l’histoire d’amour entre un jeune homme de 20 ans, Enoch, interprété par Henry Hopper (le fils de Dennis) qui, depuis la mort de ses parents dans un accident, fuit (la fuite à nouveau donc mais sous une autre forme) son existence en assistant à des enterrements où il rencontre Annabel, jeune femme en phase terminale d’un cancer. Avec un sujet qui aurait pu se prêter à un film lourd et pesant, Gus Van Sant distille du surnaturel et de la poésie (Enoch est toujours accompagné de son ami imaginaire Hiroshi, fantôme et pilote japonais kamikaze) qui en font un hymne doux et poignant à la beauté fugace de l’existence (comme celle d’un corps tracé à la craie), qui fait rimer premier amour et dernier  jour avec beaucoup de fantaisie, de tendresse et de pudeur.

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    Autre bonne surprise, le film qui a reçu le prix Michel d’Ornano (dont je vous reparlerai ultérieurement), « 17 filles » de Muriel et Delphine Coulin inspiré d’une histoire vraie arrivée aux Etats-Unis : 17 filles américaines avaient décidé de tomber enceinte en même temps.  Très beau film sur l’utopie, l’inconscience, l’énergie mais aussi l’ennui de l’adolescence qui filme la province comme elle l’a rarement été, avec une tranquille mélancolie.

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    Egalement très attendu, « The Conspirator » de Robert Redford, film sur Mary Suratt, complice présumée de l’assassinat de Lincoln, accusée de complicité pour avoir hébergé l’auteur du crime, John Wilkes Booth. Un jeune avocat, Frederick Aiken,  accepte de défendre Mary Surratt. Il prend alors conscience que sa cliente serait innocente et qu’elle ne serait qu’un appât dans le but de capturer le seul conspirateur qui ait échappé à une redoutable chasse à l’homme : son propre fils. Si la réalisation est très académique (l’autochrome, le procédé photographique utilisé, en a décontenancé plus d’un mais nous replonge dans l’ambiance de l’époque), elle sert plutôt le propos, montrant l’intemporalité des tensions politiques et de ce que le film dénonce : la peine de mort, dans toute son impitoyable froideur et sa glaciale et glaçante absurdité. Le personnage de Frederick Aiken, intègre, épris de justice, envers et contre tous, rappelle les personnages incarnés par Robert Redford lui-même épris de loyauté. L’émotion est retenue pendant tout le film mais explose brillamment lors de la scène de la fin, donnant toute sa force à son message et ce qui précède.

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    Parmi les déceptions, « Drive », dont je vous ai parlé en détails ici,  malgré ses évidentes qualités de mise en scène, flamboyante et crépusculaire, et malgré sa bo remarquable alliée à des scènes plus calmes d’une beauté saisissante (face-à-face dans son appartement entre Irène et The Driver dans laquelle le temps est suspendu et dans laquelle les échanges évasifs de regards et les silences d’une douce sensualité en disent tellement). Nicolas Winding Refn a ravi le prix de la mise en scène à Pedro Almodovar à Cannes qui, à mon avis, l’aurait davantage mérité, ne serait-ce parce qu’il a brillamment raconté une histoire cruelle, terrible, effroyable où toute la finesse de la mise en scène réside justement dans ce qui n’est pas montré et qui n’en a que plus de force… Pour les amateurs de séries B avant tout auxquelles le film rend hommage.

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    Enfin la soirée du palmarès s’est terminée avec « The Artist », bouclant la boucle puisque la « Couleur des sentiments » rendait hommage au pouvoir salvateur de l’écriture, tandis que « The Artist » sublime les artistes dont il montre aussi les troublantes fêlures et la noble fragilité, leurs belles et poignantes contradictions. Un film qui concentre la beauté simple et magique, poignante et foudroyante du cinéma et rend hommage à son pouvoir d’une magie ineffable, omniprésente ici. (Cliquez ici pour lire ma critique du film « The Artist »).

     Finalement le pouvoir de l’art était à l’honneur dans « The Artist », « La Couleur des sentiments », « Detachment », belle mise en abyme qui fait écho à cette phrase de Shirley MacLaine lorsqu’elle a reçu son prix (pour son rôle d’actrice mais aussi d’écrivain) : « Les deux sont des réflexions sur qui on est. J’ai été tous ces personnages, on est tous plusieurs personnes à la fois. Un des bonheurs de ma vie est cette quête de mon identité que j’ai menée  à la fois dans l’écriture et l’art dramatique. »

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    Comme chaque année, je quitte Deauville avec un peu de nostalgie, de mélancolie, la certitude et le désir d’y revenir très vite et de belles images comme celle de la chanson interprétée par Tony Kaye  lors de la clôture en hommage à une ville de New York meurtrie mais toujours belle et débout et  qui montre tout ce qui fait la richesse d’un festival, et souvent de celui-ci, la magie ensorcelante de l’imprévu :

    Histoire de vous replonger dans l’atmosphère du festival, la "BO" du CID:

    Inthemoodfordeauville à nouveau à l’honneur cette année :

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    Cette année, vous pourrez me suivre en direct de nouveaux festivals (Lyon, comme intervenante dans deux débats ou encore Saint-Tropez et bien sûr toujours à Cannes et à Deauville en mars et septembre) mais désormais l’actualité deauvillaise se poursuivra toute l’année sur inthemoodfordeauville. Vous pourrez à nouveau bien sûr suivre le Festival du Cinéma Américain l'an prochain, avec plus de partenariats en perspective mais j'y reviendrai...

     N’oubliez pas que vous pouvez suivre l’actualité de ce blog sur Facebook (http://facebook.com/inthemoodfordeauville  ) et sur twitter (http://twitter.com/moodfdeauville  ).

    Et rendez-vous sur inthemoodforcinema.com pour l’actualité cinématographique quotidienne avec, aussi, cette semaine, des places à gagner pour le Festival de Dinard (Film Britannique) et pour le Festival de Saint-Tropez (Cinéma des Antipodes).

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  • Palmarès du 37ème Festival du Cinéma Américain de Deauville : photos et vidéos de la clôture

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    Je sais: mon compte rendu tarde un peu à venir mais de nombreux évènements arriveront prochainement sur mes différents blogs et je préfère donc prendre le temps (qui me manque actuellement) pour l'écrire et le publier dans ces prochains jours. Pour vous faire patienter, je vous propose donc de retrouver, ci-dessous, le palmarès en photos et vidéos (dont la vidéo de l'émouvante chanson sur New York et le 11 septembre de Tony Kaye, à ne pas manquer) avant de vous donner bientôt mon avis sur celui-ci, sur cette compétition, et sur l'ensemble de cette édition 2011.

    PRIX DE LA CRITIQUE INTERNATIONALE : "DETACHMENT" de TONY KAYE

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    PRIX DE LA REVELATION CARTIER : "DETACHMENT" de TONY KAYE

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    PRIX DU JURY : "THE DYNAMITER"  MATTHEW GORDO

     

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    GRAND PRIX : "TAKE SHELTER" JEFF NICHOLS

     

    La cérémonie du palmarès a été suivie de la projection de "The Artist" de Michel Hazananicius. Retrouvez ma critique du film en cliquant ici.

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  • Compte rendu et palmarès du 37ème Festival du Cinéma Américain de Deauville

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    Dès ce soir, vous pourrez retrouver ici et sur inthemoodfordeauville.com le palmarès et mes vidéos de la clôture de ce 37ème Festival du Cinéma Américain de Deauville et, chaque jour de cette semaine, de nombreux articles sur ce festival (critiques des films, vidéos, photos). J'en profite également pour vous annoncer qu'Inthemoodfordeauville se poursuivra tout au long de l'année désormais pour, évidemment, toujours vous tenir au courant de l'actualité du cinéma et des festivals à Deauville mais également des évènements se déroulant à Deauville. Et évidemment très bientôt le retour du reste de l'actualité cinématographique sur inthemoodforcinema.com avec de nombreux nouveaux évènements à suivre en direct prochainement... Je vous en dis bientôt plus...

     
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  • Critique - The Artist - Film de la soirée du palmarès du Festival du Cinéma Américain de Deauville 2011

    C'est ce samedi soir, à 20H, que sera délivré le palmarès de ce 37ème Festival du Cinéma Américain de Deauville 2011 que vous pourrez bien entendu retrouver commenté ici, au plus tard lundi. Le palmarès sera suivi de la projection de "The Artist" de Michel Hanazavicius dont vous pouvez retrouver ma critique, en avant-première, ci-dessous.

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    Photo ci-dessus : crédits inthemoodforcinema.com . Conférence de presse des lauréats du Festival de Cannes 2011.

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    Photo ci-dessus : crédits inthemoodforcinema.com . Conférence de presse des lauréats du Festival de Cannes 2011.

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    Photo ci-dessus : crédits inthemoodforcinema.com . Conférence de presse du Festival de Cannes 2011 du film "The Artist".

    C’était un dimanche matin de mai 2011, le début du Festival de Cannes encore, en projection presse. Pas encore vraiment l’effervescence pour le film qui obtint la palme d’or mais un joli bruissement d’impatience parmi les regards déjà las, ou obstinément sceptiques. 1H40 plus tard, la salle résonnait d’applaudissements, pendant dix minutes, fait rare en projection presse. Le soir même, je suis retournée le voir en projection officielle. L’émotion fut la même, redoublée par la présence de l’équipe du film, terriblement émue elle aussi par les réactions enthousiastes du public, par les rires tendres, par cette cavalcade d’applaudissements qui a commencé lors de la dernière scène et ne s’est plus arrêtée pour continuer pendant un temps qui m’a paru délicieusement long. Un beau, rare et grand moment du Festival de Cannes.

    Le pari était pourtant loin d’être gagné d’avance. Un film muet (ou quasiment puisqu’il y a quelques bruitages). En noir et blanc. Tourné à Hollywood. En 35 jours. Par un réalisateur qui jusque là avait excellé dans son genre, celui de la brillante reconstitution parodique, mais très éloigné de l’univers dans lequel ce film nous plonge. Il fallait beaucoup d’audace, de détermination, de patience, de passion, de confiance, et un peu de chance sans doute aussi, sans oublier le courage -et l’intuition- d’un producteur (Thomas Langmann) pour arriver à bout d’un tel projet. Le pari était déjà gagné quand le Festival de Cannes l’a sélectionné d’abord hors compétition pour le faire passer ensuite en compétition, là encore fait exceptionnel.

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    Le film débute à Hollywood, en 1927, date fatidique pour le cinéma puisque c’est celle de l’arrivée du parlant. George Valentin (Jean Dujardin) est une vedette du cinéma muet qui connait un succès retentissant…mais l’arrivée des films parlants va le faire passer de la lumière à l’ombre et le plonger dans l’oubli. Pendant ce temps, une jeune figurante, Peppy Miller (Bérénice Béjo) qu’il aura au départ involontairement  placée dans la lumière, va voir sa carrière débuter de manière éblouissante. Le film raconte l’histoire de leurs destins croisés.

    Qui aime sincèrement le cinéma ne peut pas ne pas aimer ce film qui y est un hommage permanent et éclatant. Hommage à ceux qui ont jalonné et construit son histoire, d’abord, évidemment. De Murnau à Welles, en passant par Borzage, Hazanavicius cite brillamment ceux qui l’ont ostensiblement inspiré. Hommage au burlesque aussi, avec son mélange de tendresse et de gravité, et évidemment, même s’il s’en défend, à Chaplin qui, lui aussi,  lui surtout, dans « Les feux de la rampe », avait réalisé un hymne à l'art qui porte ou détruit, élève ou ravage, lorsque le public, si versatile, devient amnésique, lorsque le talent se tarit, lorsqu’il faut passer de la lumière éblouissante à l’ombre dévastatrice. Le personnage de Jean Dujardin est aussi un hommage au cinéma d’hier : un mélange de Douglas Fairbanks, Clark Gable, Rudolph Valentino, et du personnage de Charles Foster Kane (magnifiques citations de « Citizen Kane ») et Bérénice Béjo, avec le personnage de Peppy Miller est, quant à elle, un mélange de Louise Brooks, Marlène Dietrich, Joan Crawford…et nombreuses autres inoubliables stars du muet.

    Le cinéma a souvent parlé de lui-même… ce qui a d’ailleurs souvent produit des chefs d’œuvre. Il y a évidemment « La comtesse aux pieds nus » de Mankiewicz, « La Nuit américaine de Truffaut », « Sunset Boulevard » de Billy Wilder, enfin « Une étoile est née » de George Cukor et encore « Chantons sous la pluie » de Stanley Donen et Gene Kelly auxquels « The Artist », de par son sujet, fait évidemment penser. Désormais, parmi ces classiques, il faudra citer « The Artist » de Michel Hazanavicius. Ses précèdents films étaient d'ailleurs déjà des hommages au cinéma. On se souvient ainsi des références à "Sueurs froides" ou "La Mort aux trousses" d'Hitchcock dans "OSS 117 : Rio ne répond plus".

    Hazanavicius joue ainsi constamment et doublement la mise en abyme : un film muet en noir et blanc qui nous parle du cinéma muet en noir et blanc mais aussi qui est un écho à une autre révolution que connaît actuellement le cinéma, celle du Numérique.

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    Le mot jubilatoire semble avoir été inventé pour ce film, constamment réjouissant, vous faisant passer du rire aux larmes, ou parfois vous faisant rire et pleurer en même temps. Le scénario et la réalisation y sont pour beaucoup mais aussi la photographie (formidable travail du chef opérateur Guillaume Schiffman qui, par des nuances de gris, traduit les états d’âme de Georges Valentin), la musique envoûtante (signée Ludovic Bource, qui porte l’émotion à son paroxysme, avec quelques emprunts assumés là aussi, notamment à Bernard Herrmann) et évidemment les acteurs au premier rang desquels Jean Dujardin qui méritait amplement son prix d’interprétation (même si Sean Penn l’aurait également mérité pour « This must be the place »).

    Flamboyant puis sombre et poignant, parfois les trois en même temps, il fait passer dans son regard (et par conséquent dans celui du spectateur), une foule d’émotions, de la fierté aux regrets,  de l’orgueil à la tendresse, de la gaieté à la cruelle amertume de la déchéance.  Il faut sans doute beaucoup de sensibilité, de recul, de lucidité et évidemment de travail et de talent pour parvenir à autant de nuances dans un même personnage (sans compter qu’il incarne aussi George Valentin à l’écran, un George Valentin volubile, excessif, démontrant le pathétique et non moins émouvant enthousiasme d’un monde qui se meurt). Il avait déjà prouvé dans « Un balcon sur la mer » de Nicole Garcia qu’il pouvait nous faire pleurer.  Il confirme ici l’impressionnant éclectisme de sa palette de jeu et d'expressions de son visage.

     Une des plus belles et significatives scènes est sans doute celle où il croise Peppy Miller dans un escalier, le jour  du Krach de 1929. Elle monte, lui descend. A l’image de leurs carrières. Lui masque son désarroi. Elle, sa conscience de celui-ci, sans pour autant dissimuler son enthousiasme lié à sa propre réussite. Dujardin y est d’une fierté, d’une mélancolie, et d’une gaieté feinte bouleversantes, comme à bien d’autres moments du film. Et je ne prends guère de risques en lui prédisant un Oscar pour son interprétation, ou en tout cas un Oscar du meilleur film étranger pour Hazanavicius.  Bérénice Béjo ne démérite pas non plus dans ce nouveau rôle de « meilleur espoir féminin » à la personnalité étincelante et généreuse, malgré un bref sursaut de vanité de son personnage. Il ne faudrait pas non plus oublier les comédiens anglo-saxons : John Goodman, Malcolm McDowell et John Cromwell (formidablement touchant dans le rôle du fidèle Clifton).

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    Il y aura bien quelques cyniques pour dire que ce mélodrame  est plein de bons sentiments, mais Hazanicius assume justement ce mélodrame. « The Artist » est en effet aussi une très belle histoire d’amour simple et émouvante, entre Peppy et Georges mais aussi entre Georges et son cabot-in Uggy : leur duo donne lieu à des scènes tantôt drôles, tantôt poétiques, tantôt touchantes, et là encore parfois au trois en même temps. Hommage aussi à ce pouvoir magique du cinéma que de susciter des émotions si diverses et parfois contradictoires.

    Michel Hazanavicius  évite tous les écueils et signe là un hommage au cinéma, à sa magie étincelante, à son histoire, mais aussi et avant tout aux artistes, à leur orgueil doublé de solitude, parfois destructrice. Des artistes qu’il sublime, mais dont il montre aussi les troublantes fêlures et la noble fragilité.

    Ce film m’a éblouie, amusée, émue. Parce qu’il convoque de nombreux souvenirs de cinéma. Parce qu’il est une déclaration d’amour follement belle au cinéma. Parce qu’il ressemble à tant de films du passé et à aucun autre film contemporain. Parce qu’il m’a fait ressentir cette même émotion que ces films des années 20 et 30 auxquels il rend un vibrant hommage. Parce que la réalisation est étonnamment inspirée (dans les deux sens du terme d’ailleurs puisque, en conférence de presse, Michel Hazanavicius a revendiqué son inspiration et même avoir « volé » certains cinéastes). Parce qu’il est burlesque, inventif, malin, poétique, et touchant.  Parce qu’il montre les artistes dans leurs belles et poignantes contradictions et fêlures.

    Il ne se rapproche d’aucun autre film primé jusqu’à présent à Cannes…et en sélectionnant cet hymne au cinéma en compétition puis en le  primant,  le Festival de  Cannes a prouvé qu’il était avant tout le festival qui aime le cinéma, tous les cinémas, loin de la caricature d’une compétition de films d’auteurs représentant toujours le même petit cercle d’habitués dans laquelle on tend parfois à l’enfermer.

     « The Artist » fait partie de ces films qui ont fait de cette édition cannoise 2011 une des meilleures de celles auxquelles j’ai assisté, pour ne pas dire la meilleure…avec des films  aussi différents et marquants que  « This must be the place » de Paolo Sorrentino, « Melancholia » de Lars von Trier, « La piel que habito » de Pedro Almodovar.

     Un film à ne manquer sous aucun prétexte si, comme moi, vous aimez passionnément et même à la folie, le cinéma. Rarement un film aura aussi bien su en concentrer la beauté simple et magique, poignante et foudroyante. Oui, foudroyante comme la découverte  de ce plaisir immense et intense que connaissent les amoureux du cinéma lorsqu’ils voient un film pour la première fois, et découvrent son pouvoir d’une magie ineffable, omniprésente ici.

    Sortie en salles : le 12 octobre 2011. Vous pourrez également découvrir ce film lors de la soirée du palmarès du Festival du Cinéma Américain de Deauville, le 10 septembre…et si j’en ai la possibilité, je ne manquerai certainement pas d’y retourner une troisième fois, pour vous en livrer une critique plus précise (celle-ci étant basée sur mes souvenirs « vieux » d’il y a 4 mois).

    Un dernier petit conseil : ne regardez pas la bande-annonce (dont je n’ai pas peur de dire qu’elle m’a émue, comme le film), pour conserver le plaisir de la découverte.

    En bonus :

    - Ma critique de « La Comtesse aux pieds nus » de Mankiewicz

    -Ma critique de « OSS 117 : Rio ne répond plus » de Michel Hazanavicius

    -Ma critique d’ « Un balcon sur la mer » de Nicole Garcia

    -Ma critique des « Feux de la rampe » de Charlie Chaplin

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  • Vidéo - Tony Kaye présente "Detachment" en musique (Festival du Cinéma Américain de Deauville- compétition)

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    L'effervescence était de retour aujourd'hui à Deauville avec la présence de Naomi Watts à qui le festival rendait hommage ce soir (la semaine prochaine, vous pourrez retrouver mon compte rendu de sa conférence de presse et mes vidéos de son hommage), la présence d'Abel Ferrara, l'avant-première de "Crazy, stupid, love.", comédie réjouissante après une semaine de films en compétition particulièrement sombres et néanmoins de qualité à l'image de "Detachment" dont je vous parlerai ultérieurement mais dont vous pouvez découvrir ci-dessus la présentation inédite par son réalisateur Tony Kaye.

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  • Festival du Cinéma Américain de Deauville: en attendant le compte-rendu...

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    Comme vous l'aurez sans doute constaté, ce blog a "subi" une petite et inhabituelle baisse de rythme ces derniers jours. Rassurez-vous, je n'ai pas abandonné le navire, et encore moins le Festival de Deauville, bien au contraire, simplement j'ai décidé d'attendre la fin du festival pour vous en donner une vision globale, aussi exhaustive que possible, et fidèle à mes impressions. 

    Peut-être le manque de coups de coeur cinématographiques cette année fait-il aussi que je n'ai pas eu l'irrépressible envie d'écrire chaque soir comme c'est habituellement le cas, et ce blog est avant tout et plus que jamais guidé par l'enthousiasme, la passion, le souhait de partager mes pérégrinations et découvertes et non de tomber dans une sorte de surenchère frénétique d'articles.

    Vous retrouverez donc tous mes clichés et vidéos du festival la semaine prochaine (hommages, avant-premières etc), mes impressions d'ensemble avec, bien sûr, mon avis sur le palmarès en fin de semaine et sur cette compétition très homogène dans les thématiques abordés, mais très hétéroclite dans les styles et lieux des actions des films. Vous pourrez également retrouver ma critique de "The Conspirator" de Robert Redford présenté en avant-première à Deauville, hier soir.

     Je ne pense pas m'avancer beaucoup en disant que le meilleur film de ce festival sera le film de la soirée du palmarès, "The Artist" de Michel Hazanavicius (même s'il est vrai qu'il est difficilement comparable avec les films de la compétition qui témoignent tous de regards singuliers et d'univers forts, au-delà de leur pessimisme et leur noirceur), un film de soirée du palmarès dont vous pouvez retrouver ma critique, en avant-première, ici et que je vous recommande vivement, et que je retournerai sans aucun doute voir une troisième fois samedi.

    Pour vous faire patienter, retrouvez, ci-dessus, mes vidéos de l'hommage à Danny Glover, très ému. Et en attendant vous pouvez continuer à me suivre en direct sur twitter (http://twitter.com/moodfdeauville ) et à partager vos impressions sur le festival sur la page Facebook du blog (http://facebook.com/inthemoodfordeauville ).

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  • Quatrième et cinquième journées « in the mood for Deauville » : compétition, hommages, premières…

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    C’est déjà mon sixième jour de présence à Deauville et le temps et les séances et les souvenirs s’égrènent si vite que je n’ai pas eu le temps de vous résumer ces deux derniers jours.

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     Pas encore d’énorme coup de cœur cinématographique mais une compétition qui révèle un niveau élevé et des premiers films de qualité…mais Deauville ce sont aussi les Premières à commencer par celle de « Drive » de Nicolas Winding Refn, prix de la mise en scène du dernier Festival de Cannes qui avait créé l’évènement sur la Croisette où je l’avais manqué. Drive est l'adaptation du livre éponyme écrit par James Sallis et c’est  le scénariste Hossein Amini qui a  transformé le roman en scénario. C’est l’histoire d’un jeune homme solitaire, "The Driver",  qui conduit le jour à Hollywood pour le cinéma en tant que cascadeur et la nuit pour des truands. Il a pour « principe » de ne pas participer aux crimes de ses employeurs qu’en conduisant et de n’être jamais armé. Sa  route croise celle d’Irene et de son jeune fils, ses voisins, et il succombe rapidement au charme de l’un et l’autre, et réciproquement. Lorsque le mari d’Irene sort de prison et se retrouve enrôlé de force dans un braquage pour s’acquitter d’une dette, il décide pourtant de lui venir en aide. L’expédition tourne mal… Doublé par ses commanditaires, et obsédé par les risques qui pèsent sur Irene, il n’a dès lors pas d’autre alternative que de les traquer un à un…

    Cela commence sur les chapeaux de roue : une mise en scène époustouflante, flamboyante et crépusculaire, qui nous fait ressentir les sensations trépidantes, périlleuses et vertigineuses de ce chauffeur hors pair et  mutique, au sourire retenu, dans une ville de Los Angeles tentaculaire, éblouissante et menaçante. Mais « The Driver » porte un masque, au propre comme au figuré (symbolisme un peu simpliste) et derrière ce chauffeur mutique d’allure plutôt sympathique va se révéler un vengeur impitoyable pour protéger ceux qu’il « aime ». La violence psychologique s’annonce palpitante : pris dans un étau, il n’a d’autre solution que de commettre un méfait pour le mari d’Irène, pour sauver celle-ci … malheureusement ce qui dans la première partie s’annonçait comme un film à suspense se transforme en règlement de compte sanguinolent dans lequel l’intrigue devient inexistante et simple prétexte à une suite de scènes sanglantes, invraisemblables et vaines. Là où un cinéaste comme James Gray (qui lui aussi sublime une ville, en l’occurrence New York, traite de vengeance et d’amour, sans jamais mettre le scénario de côté, ou sans qu’un de ces aspects prennent le pas sur les autres), Nicolas Winding Refn se laisse entraîner par une sorte de fascination pour la violence (me rappelant ainsi la phrase de Coppola lors de sa master class samedi « Montrer la guerre c’est déjà faire l’éloge de la guerre »), montrant pourtant le temps d’un meurtre sur la plage qu’il savait très bien filmer la mort, avec une force prenante, sans que cela tourne à la boucherie ridicule. Ryan Gosling est époustouflant et derrière sa gueule d’ange dissimule une violence froide, il se transforme en un vengeur impitoyable qu’il est pourtant difficile de prendre en sympathie ou même en empathie. Dommage, cette bo remarquable alliée à des scènes plus calmes d’une beauté saisissante (face-à-face dans son appartement entre Irène et The Driver dans laquelle le temps est suspendu et dans laquelle les échanges évasifs de regards et les silences d’une douce sensualité en disent tellement). Nicolas Winding Refn a ravi le prix de la mise en scène à Pedro Almodovar à Cannes qui, à mon avis, l’aurait davantage mérité, ne serait-ce parce qu’il a brillamment raconté une histoire cruelle, terrible, effroyable où toute la finesse de la mise en scène réside justement dans ce qui n’est pas montré et qui n’en a que plus de force…

    Deauville, depuis 1995, c’est aussi et avant tout la compétition. Si les spectateurs sont moins nombreux sans doute déçus de l’absence de ceux qui étaient les incontournables de Deauville (stars et blockbusters même si le générique reste prestigieux cette année avec, comme toujours des mythes du cinéma américain, des grands cinéastes et les figures montantes du cinéma américian) , le festival continue de ravir les cinéphiles avec une compétition qui, chaque année, révèle de nouveaux talents, mais aussi une facette de l’Amérique, souvent plus sombre et réaliste. Pour ces différents aspects, cette édition ne devrait pas déroger à la règle, les quatre films de la compétition auxquels j’ai assisté pour l’instant, d’ailleurs tous des premiers films, ayant de nombreux points communs, à commencer par une qualité notable.

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    « Another happy day » de Sam Levinson –fils d’un certain Barry-  (avec Ellen Barkin, Ezra Miller, Kate Bosworth, Demi Moore, Thomas Haden Church, George Kennedy, Ellen Burstyn) est ainsi une comédie acide et parfois tendrement cruelle (tendrement parce que Sam Levinson porte un regard finalement plein de compréhension sur ses personnages sans toutefois les épargner) dans laquelle un mariage devient le révélateur des rancœurs et des fêlures des différents membres d’une famille.

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    Dans « En secret » (Circumstance) de Maryam Keshavarz, Atafeh et sa meilleure amie Shireen fréquentent les soirées branchées du Téhéran underground. Elles essaient de profiter au mieux de leur jeunesse quand Mehran, le frère et complice d’Atafeh, devient membre de la police des moeurs. Alors qu’il désapprouve sévèrement leur besoin de liberté, Mehran tombe amoureux de Shireen. Ses sentiments vont vite tourner à l’obsession et mettre à l’épreuve l’amitié des jeunes filles.

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     Dans « On the ice » d’Andrew Okpeaha MacLean, Qalli et Aivaaq, deux adolescents de la communauté Iñupiaq, mènent une vie sans histoire dans une petite ville isolée du nord de l’Alaska. Un matin tôt, ils décident de partir à la chasse aux phoques avec James, un de leurs amis. Une dispute éclate entre les trois garçons et se termine par la mort accidentelle de James. Liés par ce sombre secret, les deux adolescents inventent mensonges sur mensonges afin de ne pas éveiller les soupçons de leur communauté.

    Enfin dans « Yelling to the sky » de Victoria Mahoney, alors que son noyau familial se disloque, l’existence déjà instable de Sweetness O’Hara, une adolescente métisse de dix-sept ans, devient encore plus difficile le jour où elle est prise pour cible par des élèves violents de son lycée. Elle doit dorénavant trouver le meilleur moyen de se défendre et prendre sa vie en main, chez elle, comme à l’école, dans un quartier où sa survie semble incertaine.

    Si j’ai choisi de vous parler de ces quatre films en même temps, c’est parce que leurs ressemblances sont particulièrement frappantes, au-delà du fait qu’il s’agit de quatre premiers films. Quatre premiers films qui se déroulent pourtant dans des lieux très différents, voire opposés : Téhéran, l’Alaska, New York (Long Island), le Maryland. Dans ces quatre lieux, où les paysages et libertés sont pourtant si différents, on retrouve pourtant le même mal être adolescent, les mêmes personnages de mères désemparées, le même sentiment de réalité suffocante à laquelle ils cherchent des échappatoires périlleux et parfois illicites, le même besoin éperdu et rageur de liberté.

     Que cela soit traité avec un cynisme tantôt amer, tantôt tendre (« Another happy day »), avec une rigueur glaciale et non moins touchante (« On the ice »), avec une mise en scène parfois un peu trop clipesque (« En secret ») ou avec le souci de mettre en scène une réalité dans laquelle la violence est un engrenage implacable pour survivre (« Yelling to the sky »), ces adolescents en apparence si différents révèlent la même réalité étouffante, le même besoin d’ailleurs et d’appui familial, les mêmes personnages de mères broyées ou désemparées qui ont parfois renoncé.

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    Malheureusement, tous présentent aussi le même défaut : un dénouement assez expéditif (un changement d’attitude du père assez inexplicable dans « Yelling to the sky ») un scénario qui s’essouffle vers la fin comme si ces cinéastes s’adonnaient à ce dont ne cessent de rêver leurs personnages pendant toute la durée de leurs films : la fuite. Manière finalement peut-être plus consciente et habile qu’il n’y paraît de faire coïncider la forme et le fond. « Another happy day » a récolté l’accueil le plus chaleureux. Il faut dire que son réalisateur qui rêvait de venir en France, et amoureux du cinéma français (et cela se ressent, avec une pointe d’influence « Woodyallenienne » sans évidemment, arriver encore au même niveau de causticité), était particulièrement ému lorsqu’il a présenté le film devant les festivaliers sur la scène du CID. Sans doute, à 26 ans, a-t-il pas mal vécu (et souffert) pour éprouver et faire ressentir les tourments de cette famille presque aussi perturbée que celle du splendide « Melancholia » de Lars Von Trier (dans les deux cas, d’ailleurs le mariage en est le révèlateur). Dommage que « En secret » reste conventionnel, et pâtisse de films remarquables sur Téhéran qui l’ont précédé comme le film éponyme de Nader T.Homayoun (à voir absolument d’ailleurs).

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    Quatre films à voir néanmoins, et je vous en reparlerai à l’occasion du palmarès.  Deauville ce sont bien sûr aussi les hommages. Si Ryan Gosling et Jessica Chastain, qui recevaient les trophées du Nouvel Hollywood dont Deauville inaugurait la première édition, ont malheureusement brillé par leur absence (même si Ryan Gosling a laissé un mot lu par Nicolas Winding Refn, très drôle, dont je mettrai ultérieurement la vidéo en ligne), Shirley MacLaine a en revanche fait une apparition remarqué et remarquable et un très beau discours dont vous pourrez retrouver la majeure partie ci-dessous, visiblement réellement heureuse de recevoir cette distinction consacrant sa longue carrière. C’est « Le tournant de la vie » (« The Turning point »), un film de 1977 de Herbert Ross qui a été projeté pour cet hommage dans lequel elle incarne une ancienne danseuse qui se retrouve confrontée à son passé et au fait d’avoir abandonné sa carrière pour fonder une famille. Un parfait complément au film de clôture (« The Artist ») sur l’orgueil ravageur, les douleurs indicibles, les bonheurs éclatants, l’ingratitude de la vie d’artiste.

    Je vous parlerai ultérieurement de « Bringing up Bobby », le premier film en tant que réalisatrice de l’actrice, Famke Janssen avec Milla Jovovich, Bill Pullman, qui dénote un univers tendre et fantaisiste particulièrement prometteur.

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