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CEREMONIE DES LUMIERES 2022 (cinéma)

  • Roman - La Symphonie des rêves (Editions Blacklephant) - premiers épisodes de la belle aventure : critiques et dédicaces

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    Ci-dessus, La Symphonie des rêves à la librairie du Bon Marché Rive Gauche

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    Ci-dessus, La Symphonie des rêves à la nouvelle librairie Albin Michel, Boulevard Raspail, à Paris

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    Ci-dessus et ci-dessous, à la FNAC

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    Ci-dessous, à la librairie Gibert à Paris

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    Il est là. Le rêve qui se concrétise. Au milieu des autres. Un peu intimidé par ce prestigieux compagnonnage. Un peu fier d’y être, enfin. Je me souviens de ce sentiment d’exaltation quand l’idée s’est imposée, obsessionnelle, quand l’envie irréfragable d’écrire ce livre m’a transportée, quand j’ai établi un véritable plan d’attaque pour en bâtir l’univers en six mois alors que j’écris d’habitude à l’instinct, me laissant porter par mes personnages et émotions. L’émotion. C’est toujours la source et le but. Une émotion qui me submerge et m’envahit tant qu’il est vital de la transformer en histoire. Celle que j’espère réussir à vous transmettre, aussi. Je me souviens de cette énergie démente pendant ces six mois, à l’image de l’émotion d’alors qui la guidait. Je me souviens de ce journal intime auquel, à huit ans, j’avais confié le rêve secret, celui de devenir romancière. La voie me semblait impossible mais aussi être la seule possibilité de faire résonner ma voix. Je me souviens de ces livres dits d’adultes (Balzac, Hugo, Stendhal), que je dévorais à l’âge où ce n'était pas "normal", où au cours imposé de lecture à l’école je feignais de lire des BD pour avoir l’air « comme les autres ». Je me souviens que la normalité n’est qu’une invention des êtres sans fantaisie pour claquemurer celles des autres, et se rassurer. Je me souviens que les livres furent les derniers compagnons de vie de mon père qui m'en a transmis la passion, qu’ils nous relient au passé, aux disparus, aux rêves et êtres impossibles. Je me souviens qu’il vaut mieux éviter de se souvenir, parfois. Je me souviens d’une musique qui a tout enclenché, consolante et magnétique. Je me souviens que j’écris, à la fois pour me souvenir et pour oublier, pour une seule personne et pour tous. Et comme l’héroïne sur la couverture, pour regarder vers la mer, l’avenir, l’ailleurs, l’espoir.
    Je me souviens enfin de ces deux phrases déjà citées mais qui évoquent si bien la genèse de ce roman :
    « Écrire est un acte d'amour. S'il ne l'est pas il n'est qu'écriture. » Cocteau
    « Écrire, c'est aussi ne pas parler. C'est se taire. C'est hurler sans bruit. » Duras

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    Je pourrais vous parler des chemins détournés et épineux qu'empruntent les rêves pour se concrétiser. Je pourrais vous parler de tous les hasards et coïncidences, des turbulences et des rebondissements qui ont jalonné ces derniers mois avant et après la publication de ce roman. Je pourrais vous parler de ce qui, profondément, viscéralement, a suscité l'envie irrépressible de raconter cette histoire sur la force des rêves et la puissance émotionnelle de la musique qui, dans ce roman, bouscule et relie les destinées, enfièvre et console. Je pourrais vous parler des désillusions, des drames, des joies, des rencontres, des doutes qui l'ont nourri. Mais au fond je ne "parlerai" jamais aussi sincèrement et aussi bien de tout cela qu'à travers les personnages de La Symphonie des rêves, sorte de kaléidoscope de toutes ces émotions qui vous feront voyager, d'Athènes à Venise, de Trouville à Nice, de Dinard à Cannes, de La Baule à Hydra, de Beaune à Paris, du Festival de Cannes au Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule, au rythme des élans musicaux et de leurs élans du cœur.

    D'autres, aussi, en ont parlé magnifiquement, et je les remercie, tout particulièrement Dan Burcea pour son sublime article et sa magnifique analyse dans la revue littéraire Lettres Capitales, une chronique que vous pouvez lire, ici.

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    Retrouvez également mon interview sur le site littéraire A la lettre pour en savoir plus sur le roman, sa genèse, mes goûts cinématographiques, en matière de musiques de films...

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    Quelques avis de lecteurs, aussi (partagés avec leur accord) :

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    Merci à radio J pour l'invitation, et en particulier à Line Toubiana et Lise Gutman, les premières à avoir parlé de La Symphonie des rêves.

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    Enfin, les premières séances de dédicaces furent un bonheur, à la Librairie du Marché de Deauville, à la FNAC de Laval et à la Librairie du Cinéma du Panthéon de Paris que je remercie pour leur confiance.

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    Photo ci-dessus, copyright Dominique Saint

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    Retrouvez d'autres photos et vidéos des séances de dédicaces sur mon compte Instagram @Sandra_Meziere.

     

  • Critique de L’INNOCENCE de HIROKAZU KORE-EDA

    cinéma, critique, L'innocence, Kore-eda, Festival de Cannes, Festival de Cannes 2023, compétition officielle

    Kore-eda, habitué de Cannes, avec ce 16ème long-métrage, figurait cette année pour la 7ème fois en compétition officielle. Il a reçu également plusieurs fois les honneurs du palmarès avec : Nobody Knows, en 2004 (Prix d'interprétation masculine pour Yûya Yagira), Tel père, tel fils en 2013 (Prix du jury) et Une affaire de famille en 2018 (Palme d'or).

    Dans Une affaire de famille, Kore-eda nous dépeignait les membres d’une famille qui, en dépit de leur pauvreté, survivaient de petites rapines qui complétaient leurs maigres salaires, et semblaient vivre heureux, jusqu’à ce qu’un incident révèle brutalement leurs plus terribles secrets. Ce film représentait la quintessence de son cinéma, clamant dès son titre ce thème présent dans chacun de ses longs-métrages : la famille. Un film d’une sensibilité unique et des personnages bouleversants sur des blessés de la vie que la fatalité, la pauvreté et l’indifférence allaient conduire à la rue et réunir par des liens du cœur, plus forts que ceux du sang. Une peinture pleine d’humanité, de nuance, de poésie, de douceur qui n’édulcore pas pour autant la dureté et l’iniquité de l’existence. Comme un long travelling avant, la caméra de Kore-eda dévoilait progressivement le portrait de chacun des membres de cette famille singulière, bancale et attachante, pour peu à peu révéler en gros plan leurs âpres secrets et réalités. Kore-Eda, plus que le peintre de la société japonaise, est ainsi celui des âmes blessées et esseulées.

    Lors de la conférence de presse d’Une affaire de famille, le cinéaste avait déclaré : « À chaque fois, je reviens avec une nouvelle équipe, à chaque fois c'est une nouvelle expérience, il y a toujours ce plaisir renouvelé d'une expérience qui n'est jamais la même et se prolonge ».

    Après Les bonnes étoiles avec lequel Kore-Eda nous embarquait dans un road-movie entre Busan et Séoul, cadre sublimé par une magnifique lumière (scènes inondées de lumière du bord de mer, magnifiques !), une mise en scène, un souci du cadre toujours très inspirés, dans lequel le cinéaste regardait ses personnages avec une tendresse qui contrebalançait la violence sociale à laquelle ils étaient confrontés, le cinéaste japonais revient dans son pays d’origine et, comme il le disait lors de la conférence de presse d’ Une affaire de famille, chacun de ses films est une nouvelle expérience d’autant plus avec celui-ci pour lequel le producteur Genki Kawamura l’a contacté en 2019 pour un projet de long métrage écrit par Yuji Sakamoto qui souhaitait que le film soit réalisé par Kore-Eda qui, de son côté, a souhaité travailler avec le scénariste estimant ne pas savoir écrire un scénario comme lui.

    Tout cela commence par un incendie, une musique légèrement dissonante (sublime ultime bo de Ryuichi Sakamoto) puis une mère et son fils, Minato, depuis leur balcon, qui observent la scène, complices. Sa mère, qui l’élève seule depuis la mort de son époux, décide de confronter l’équipe éducative de l’école de son fils. Tout semble désigner le professeur de Minato comme responsable des problèmes rencontrés par le jeune garçon. Mais au fur et à mesure que l’histoire se déroule à travers les yeux de la mère, du professeur et de l’enfant, la vérité se révèle bien plus complexe et nuancée que ce que chacun avait anticipé au départ... Le comportement de Minato qui semble dévoré de l’intérieur par un étrange « monstre » semble de plus en plus étrange : il se coupe les cheveux en rentrant de l’école, se met en péril, disparaît…

    C’est la première fois, depuis son premier long métrage en 1995 que Kore-eda réalise un film dont il n’a pas écrit le scénario même s’il a contribué aux recherches sur place pour développer le script dont l’intrigue se déroule à Suwa, dans la préfecture de Nagano. Et quel scénario ! Au-delà de la réalisation, toujours très inspirée, signifiante et juste, c’est ici la grande force du film. D’apparence classique, il se révèle aussi limpide que labyrinthique pour nous ramener à la sortie du tunnel (au sens propre comme au sens figuré), et à la source du secret qu’il traque comme dans un polar, celui des mystères de l’adolescence mais aussi de la fausse innocence de certains adultes.

    Un film qui pose un regard sans concessions sur la société japonaise, sur ses arrangements avec la vérité, sur son hostilité à la différence, sur sa dureté. Mais aussi un portrait tout en nuances de l’enfance et de sa cruauté. Ce film est comme une vague aussi, qui vous emporte, ramène vers le rivage, puis emporte plus loin encore pour vous faire complètement chavirer, d’émotions, et d’admiration devant une telle virtuosité, une telle sensibilité pour aborder la confusion des sentiments, les premiers émois, la complexité de la vérité aussi, sa pluralité même.

    Un film doux sur la rugosité des êtres et de la société japonaise, poétique tout disséquant la réalité, et à nouveau un film sur des blessés de la vie. Un film qui irradie de beauté comme ce dernier plan dont la lueur répond aux flammes du premier. Une perfection d’écriture, d’interprétation, de sensibilité.

    Monster. Tel était le titre de la version originale qui, dans la version française, a été traduit par L’innocence. En la juxtaposition de ces deux titres résident le secret du film et sa richesse. Ces deux titres et leur dualité font écho à cette scène de la directrice d’école qui, d’apparence impassible et stoïque et surtout si inoffensive, fait un croche-pied à un enfant qui court dans un supermarché. 

    Ce film m’a rappelé le film de Lukas Dhont, Close (également présenté en compétition à Cannes, en 2022) là aussi d’une maitrise (de jeu, d’écriture, de mise en scène) rare, empreint de poésie avec ce regard final qui ne nous lâchait pas comme l’émotion poignante, la douce fragilité et la tendresse qui parcourent et illuminent ce film, et qui résonnait comme un écho à un autre visage, disparu, dont le souvenir inondait tout le film de sa grâce innocente.

    C’est cela, la beauté du cinéma que magnifie ce nouveau film de Kore-eda : sonder la complexité des êtres, nous perdre pour mieux nous aider à trouver une vérité, nous trouver aussi parfois, nous éblouir pour nous éclairer. Et nous bouleverser.

    L'Innocence a obtenu le Prix du Scénario ainsi que la Queer Palm au Festival de Cannes 2023.

  • Cinéma - 28ème cérémonie des Lumières de la presse internationale : les nominations

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    Je vous parle chaque année de cette cérémonie avec laquelle est donné le coup d’envoi des récompenses cinématographiques de l’année. Cette cérémonie des Lumières de la presse internationale célèbre ainsi les meilleurs talents et films du 7ème art français.

    Les prix Lumières, qui furent créés par Edward Behr et Daniel Toscan du Plantier, sont décernés par les membres de l’Académie des Lumières, correspondants de la presse internationale issus de 36 pays. Cette 28ème cérémonie aura lieu le lundi 16 janvier 2023 à 20h00 au Forum des images. L’an passé, c’est Audrey Diwan qui avait reçu le prix du meilleur film pour son adaptation du livre de celle qui est devenue depuis le Prix Nobel 2022 de littérature, Annie Ernaux, L’évènement.

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    Avec six nominations, La nuit du 12 de Dominik Moll domine cette année la sélection. Ce film, pourtant particulièrement âpre dans une période qui l’est autant, avait créé la surprise cet été, totalisant presque 500000 entrées.  Chaque année, la police judiciaire ouvre 800 enquêtes pour homicide. 20% demeurent irrésolues. Ce film raconte une de ces enquêtes dans le décor glacial et glaçant des environs de Grenoble. Sans doute son discours féministe explique-t-il aussi le succès de ce film noir qui est avant tout un plaidoyer contre la misogynie.

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    La nuit du 12 devance Pacifiction - Tourment sur les îles d’Albert Serra (cinq nominations), Saint Omer d’Alice Diop et Les enfants des autres de Rebecca Zlotowski (quatre nominations chacun). Ces quatre longs métrages seront en lice pour le Lumière du meilleur film avec Revoir Paris d’Alice Winocour. Quatre nominations aussi pour L’innocent de Louis Garrel et trois pour Vortex de Gaspar Noé.

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    Une seule nomination pour le dernier film d’Emmanuel Mouret, Chronique d’une liaison passagère, pour Vincent Macaigne comme meilleur acteur. Je vous le recommande vivement. La (trompeuse) légèreté de cette fable fait un bien fou et ne rend que plus émouvants la partie finale qui nous cueille savamment et subitement avec ces plans de décors vides où les protagonistes vécurent des moments heureux auxquels la musique apporte une douce mélancolie. Une fantaisie enchantée que nous quittons avec en tête la Javanaise et les sonates de Mozart et l’envie de danser la vie. La mise en scène aurait également mérité d'être nommée, pour son inventivité. La caméra de Mouret virevolte entre les acteurs, les accompagne dans leurs mouvements incessants, dans leur indécision, leur ambivalence, notamment par des plans-séquence magistraux ou les plongeant dans des décors plus grands qu’eux, ceux de la grande aventure de leur vie. Ils sont aussi souvent filmés dans de superbes contre-jours ou de dos. Ces choix de mise en scène incitent ainsi le spectateur à interpréter leurs émotions dans leurs gestes tout en retenue. Sandrine Kiberlain est aussi oubliée des nominations. Solaire et aventureuse, (irrésistible dans des comédies comme Les Deux Alfred récemment mais aussi bouleversante dans un film comme Mademoiselle Chambon en institutrice introverti), elle prouve une nouvelle fois qu’elle est aussi à l’aise dans le drame que dans la comédie (comme elle le sera à nouveau la semaine prochaine dans le réjouissant Parfum vert de Nicolas Pariser), comme l'est Vincent Macaigne.

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    Face à Vincent Macaigne sont nommés Bastien Bouillon,  Louis Garrel, Benoît Magimel mais aussi Denis Ménochet, pour As bestas de Rodrigo Sorogoyen. Dans ce film, un village en déclin et la campagne de Galice, sauvage, grisâtre et monotone, constituent un personnage à part entière, à la fois fascinant et inquiétant, hostile et admirable.  Ajoutez à cela un scénario impeccable ( de Isabel Peña et Rodrigo Sorogoyen), une interprétation de Marina Foïs et Denis Ménochet d’une justesse qui ne flanche jamais, et qui contribue beaucoup au parfait équilibre de l'ensemble, et vous obtiendrez un film là aussi âpre mais remarquable. 

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    As bestas est également nommé comme meilleure coproduction internationale, notamment face à Flee de Jonas Poher Rasmussen, Ce film d’animation a cumulé les récompenses, à juste titre, notamment au Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule 2022 dans le cadre duquel il a reçu le coup de projecteur 2022 Universciné. Il a également gagné le Cristal du long-métrage au festival d'Annecy 2021 et figurait parmi les films de la sélection officielle du Festival de Cannes 2020.  Une histoire vraie racontée avec beaucoup de pudeur alternant les images d’animation et les images d’archives réelles pour souligner la dimension documentaire et les turbulences de l’Histoire. Ce film universel et poignant permet à un homme hanté par son passé gardé secret jusque-là de s’en libérer. L’émotion est d’autant plus présente qu’il entre en résonance avec l’actualité, celle connue par d’autres réfugiés, mais aussi avec le retour des Talibans au pouvoir en Afghanistan. Là où dans une actualité et un zapping carnassier, une information tragique en chasse tristement une autre, Flee, avec beaucoup de subtilité, force en douceur notre regard à s’y attarder. Poignant et indispensable.

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    Une seule nomination également pour ce qui est aussi un des films forts de cette année : En corps de Cédric Klapisch pour lequel est nommée Marion Barbeau comme révélation féminine. Un joyeux élan de vie, de danse, d’espoir. Un film duquel se dégage une grâce énergique qui vous donne envie de croire encore (en corps) et plus que jamais qu’il est toujours possible de faire danser la vie, de se relever, de s’élever même, malgré les chutes et les blessures. Pour moi, il y aura désormais deux films références sur la danse. Un film entrelaçant le noir et le blanc, une quête de perfection obsessionnelle, une expérience sensorielle, une danse funèbre et lyrique, un conte obscur sensuel et oppressant à la beauté hypnotique : Black swan de Darren Aronofsky. Et son exact contraire, En corps. Dans l'un, la passion de la danse détruit. Dans l'autre, elle élève. Alors, n’écoutez pas les critiques vengeresses qui qualifient ce beau film de mièvre. C’est tout sauf cela. C’est tendre, drôle, émouvant, faussement léger, profond, réconfortant, énergique, optimiste. Cela donne envie d’étreindre l’existence.  Rien que son (sublime) générique vaut le déplacement ! Ce film lumineux met le cœur en joie, vous cueille quand vous ne vous y attendez pas, par un flashback et un plan, de loin, d’un père qui enlace sa fille, filmés tout en pudeur.  Comme toujours, Klapisch capte la beauté et le romanesque de Paris mais aussi l’air du temps. Dans le film Paris notamment, il filmait comme nul autre cette ville au cœur battant, insouciante, qui vibre, qui danse, une ville de tous les possibles, une ville et une vie où rien n’empêche personne de « donner une chance au hasard », de faire valser les fils du destin. Et puis il y a Marion Barbeau, danseuse de l’Opéra de Paris, (quelle révélation !), à la fois fragile et forte, si solaire et incroyablement juste !

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    Une seule nomination également aussi comme révélation féminine, pour Rebecca Marder, dans le formidable premier long-métrage de Sandrine Kiberlain, Une jeune fille qui va bien. Un film aux résonances universelles comme l'est le livre le Journal d’Anne Frank, qui doit tout autant être montré aux jeunes générations. Pour ne pas oublier. Que cela fut. Que cela pourrait advenir à nouveau. Que le présent et la liberté sont aussi précieux que fragiles. Cette ode à la vie les célèbre magnifiquement et nous laisse avec leur empreinte, pugnace et sublime. Un grand premier film qui nous rappelle qu’il ne faut jamais oublier, et que l’on n’oubliera pas. Rebecca Marder est une Irène qui irradie de joie de vivre. Avec sa charmante maladresse et sa vitalité contagieuse, elle est absolument irrésistible. Elle vibre de l’amour du théâtre et de la vie, des premiers élans amoureux aussi. Et elle contamine tout le film de la fouge de sa jeunesse. Derrière sa légèreté perce pourtant par moments une gravité qui n’en est que plus ravageuse. Elle apporte toute sa grâce à ce rôle magnifique, délicat, plein de charme et de candeur derrière lesquels elle dissimule la lucidité de ce qui se trame et que son corps lui rappelle. Pensionnaire depuis 2015 de la Comédie-Française, elle avait joué auparavant dans La Daronne, Un homme pressé et Seize Printemps, même si c’est là son premier grand rôle, et probablement pas le dernier. Et autour d’elle, quelle pléiade d’acteurs ! 

    Je regrette pour ma part l’absence d’autres grands films de cette année. Je vous invite à retrouver mes critiques de tous ces films dans la rubrique intitulée Critiques des films à l’affiche en 2022, sur Inthemoodforcinema.com, ici.

    Le lundi 16 janvier 2023, l’Académie des Lumières remettra 13 prix (film, mise en scène, actrice, acteur, révélation féminine, révélation masculine, premier film, animation, documentaire, coproduction internationale, image et musique). Les lauréats recevront un Lumière, trophée créé par la Monnaie de Paris, signé Joaquín Jiménez.

    NOMINATIONS

    MEILLEUR FILM

    LES ENFANTS DES AUTRES de Rebecca Zlotowski

    LA NUIT DU 12 de Dominik Moll

    PACIFICTION – TOURMENT SUR LES ÎLES d'Albert Serra

    REVOIR PARIS d'Alice Winocour

    SAINT OMER d'Alice Diop

     

    MEILLEURE MISE EN SCÈNE

    Valeria Bruni-Tedeschi pour LES AMANDIERS

    Dominik Moll pour LA NUIT DU 12

    Gaspar Noé pour VORTEX

    Albert Serra pour PACIFICTION – TOURMENT SUR LES ÎLES

    Rebecca Zlotowski pour LES ENFANTS DES AUTRES

     

    MEILLEUR SCÉNARIO

    Alice Diop, Marie NDiaye, Amrita David pour SAINT OMER

    Louis Garrel, Tanguy Viel, Naïla Guiguet pour L’INNOCENT

    Christophe Honoré pour LE LYCÉEN

    Dominik Moll, Gilles Marchand pour LA NUIT DU 12

    Rebecca Zlotowski pour LES ENFANTS DES AUTRES

     

    MEILLEUR DOCUMENTAIRE

    LES ANNÉES SUPER 8 d'Annie Ernaux & David Ernaux-Briot

    LA COMBATTANTE de Camille Ponsin

    H6 de Ye Ye

    NOUS d'Alice Diop

    RETOUR À REIMS (FRAGMENTS) de Jean-Gabriel Périot

     

    MEILLEUR FILM D'ANIMATION

    ERNEST ET CÉLESTINE : voyage en Charabie

    de Julien Chheng & Jean-Christophe Roger

    LE PETIT NICOLAS, qu’est-ce qu’on attend pour être heureux ?

    d'Amandine Fredon et Benjamin Massoubre

    LE PHARAON, LE SAUVAGE ET LA PRINCESSE de Michel Ocelot

    LES SECRETS DE MON PÈRE de Véra Belmont

    LES VOISINS DE MES VOISINS SONT MES VOISINS

    de Anne-Laure Daffis & Léo Marchand

     

    MEILLEURE ACTRICE

    Juliette BINOCHE pour OUISTREHAM d'Emmanuel Carrère

    Laure CALAMY pour À PLEIN TEMPS d’Éric Gravel

    Virginie EFIRA pour LES ENFANTS DES AUTRES de Rebecca Zlotowski

    Françoise LEBRUN pour VORTEX de Gaspar Noé

    Noémie MERLANT pour L’INNOCENT de Louis Garrel

     

    MEILLEUR ACTEUR

    Bastien BOUILLON pour LA NUIT DU 12 de Dominik Moll

    Louis GARREL pour L’INNOCENT de Louis Garrel

    Vincent MACAIGNE pour CHRONIQUE D’UNE LIAISON PASSAGÈRE d'Emmanuel Mouret

    Benoît MAGIMEL pour PACIFICTION – TOURMENT SUR LES ÎLES

    d'Albert Serra

    Denis MÉNOCHET pour AS BESTAS de Rodrigo Sorogoyen

     

    RÉVÉLATION FÉMININE

    Marion BARBEAU pour EN CORPS de Cédric Klapisch

    Hélène LAMBERT pour OUISTREHAM d'Emmanuel Carrère

    Guslagie MALANDA pour SAINT OMER d'Alice Diop

    Rebecca MARDER pour UNE JEUNE FILLE QUI VA BIEN de Sandrine Kiberlain

    Nadia TERESZKIEWICZ pour LES AMANDIERS de Valeria Bruni-Tedeschi

     

    RÉVÉLATION MASCULINE

    Adam BESSA pour HARKA de Lotfy Nathan

    Stefan CREPON pour PETER VON KANT de François Ozon

    Dimitri DORÉ pour BRUNO REIDAL de Vincent Le Port

    Paul KIRCHER pour LE LYCÉEN de Christophe Honoré

    Aliocha REINERT pour PETITE NATURE de Samuel Theis

     

    MEILLEUR PREMIER FILM

    BRUNO REIDAL de Vincent Le Port

    HARKA de Lotfy Nathan

    LES PIRES de Lise Akoka & Romane Gueret

    LE SIXIÈME ENFANT de Léopold Legrand

    TOUT LE MONDE AIME JEANNE de Céline Devaux

     

    MEILLEURE COPRODUCTION INTERNATIONALE

    AS BESTAS de Rodrigo Sorogoyen

    LA CONSPIRATION DU CAIRE de Tarik Saleh

    FLEE de Jonas Poher Rasmussen

    R.M.N de Cristian Mungiu

    RIEN À FOUTRE d'Emmanuel Marre & Julie Lecoustre

     

    MEILLEURE IMAGE

    Sébastien BUCHMANN pour LES PASSAGERS DE LA NUIT de Mikhaël Hers

    Benoît DEBIE pour VORTEX de Gaspar Noé

    Patrick GHIRINGHELLI pour LA NUIT DU 12 de Dominik Moll

    Claire MATHON pour SAINT OMER d'Alice Diop

    Artur TORT pour PACIFICTION – TOURMENT SUR LES ÎLES d'Albert Serra

     

    MEILLEURE MUSIQUE

    Benjamin BIOLAY pour ET J’AIME À LA FUREUR d'André Bonzel

    Irène DRESEL pour À PLEIN TEMPS d’Éric Gravel

    Grégoire HETZEL pour L’INNOCENT de Louis Garrel

    Olivier MARGUERIT pour LA NUIT DU 12 de Dominik Moll