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Bilan cinéma 2023

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Les affiches des films qui figurent ci-dessus sont celles des longs-métrages qui, en 2023, m’ont enchantée, bousculée, bouleversée, et surtout ont laissé une forte empreinte, parfois pour une seule raison, parfois pour de multiples. Bref, les films qui sont des « rêves que l’on n’oublie jamais » pour paraphraser Spielberg dans le sublime The Fabelmans. Vous retrouverez mes critiques de tous ces films ici. Si n’y figurent pas les films de Scorsese, Tran Anh Hung et Kore-eda, et quelques autres incontournables, c’est que je ne les ai pas encore vus mais je ne manquerai pas de vous en parler très bientôt. J’ai en revanche volontairement écarté trois films pour lesquels je n’ai pas partagé l’engouement général : Yannick, Je verrai toujours vos visages  et Barbie. Et comme toujours, je fais le choix de ne chroniquer que les films qui m’enthousiasment. Pas de top car il m’est impossible pour moi de choisir entre :

-la déclaration d’amour fou à ses parents et au cinéma de Spielberg. Film mélancolique, flamboyant, intime et universel. Ode aux rêves qu’il faut poursuivre coûte que coûte, malgré le danger, comme on pourchasserait une tornade dévastatrice. Un film sur le pardon, la curiosité. A fleur de peau. A fleur d’enfance. La force du cinéma en un film. Le cinéma qui transcende, transporte, révèle. Qui mythifie la réalité et débusque le réel. Le cinéma qui éclaire et sublime la réalité comme une danse à la lueur des phares. L’art cathartique aussi comme instrument de distanciation. L’art qui capture la beauté, même tragique. Et pour tant d’autres raisons encore…

- les cœurs déchirés, meurtris, inconsolables, dévorés par la souffrance, l’impuissance ou la culpabilité de la magistrale tragédie universelle de Florian Zeller, The son, ne serait-ce que pour a réalisation qui fait contraster ces espaces gris et déshumanisés de New York avec les jours ensoleillés, et épouse l’instabilité des êtres, la caméra qui caresse les espaces inertes ou un chapeau qui s’égare dans les flots pour dire les souvenirs broyés, ou encore pour chavirer devant la beauté lumineuse, fugace et renversante d’une danse au son de It’s not unusual de Tom Jones puis de Wolf de Awir Leon, une joie évincée en un éclair comme le sera un personnage par un brillant mouvement de caméra.

- Tár pour Cate Blanchett, prodigieuse dans cette ode à la polysémie et à la complexité humaines et artistiques, aussi palpitante qu’un thriller dont l’énigme consiste à découvrir qui était Linda Tarr devenue Lydia Tár.  La force du film réside dans le fait de ne pas la lever totalement, donnant juste quelques pistes dans l'alcôve d'une modeste maison d'enfance américaine dans laquelle elle croise un frère dédaigneux.

-Babylon, épopée à dessein cacophonique et fougueuse qui exhale une fièvre qui nous emporte comme un morceau de jazz échevelé, un film d’une captivante extravagance, excessif, effervescent et mélancolique, un chaos étourdissant aussi repoussant qu’envoûtant, qui heurte et emporte, une parabole du cinéma avec son mouvement perpétuel, dont vous ne pourrez que tomber amoureux si vous aimez le cinéma parce qu’il en est la quintessence, une quintessence éblouissante et novatrice.

- le fascinant, citoyen, instructif et poignant Les Filles d’Olfa, avec ce dernier regard face caméra qui nous hante longtemps, un documentaire qui ne cède jamais au manichéisme, et qui brouille intelligemment la frontière entre réalité et fiction.

-ou encore un autre film avec un dernier plan inoubliable, celui du long-métrage renversant d’émotions de Charlotte Wells, Aftersun. Un dernier plan qui évoque le vide et le mystère que laissent les (êtres et moments, essentiels) disparus, et les instants en apparence futiles dont on réalise trop tard qu’ils étaient cruciaux, fragiles et uniques. Celui du manque impossible à combler. Celui du (couloir) du temps qui dévore tout.

- le duo magnifique et leur improbable « symbiose », dans le film pétri d’humanité, profondément émouvant, tendre, sensible, optimiste de Jean-Pierre Améris, porté par l’amour des mots, des êtres, et du cinéma de son réalisateur. 

- Le cours de la vie de Frédéric Sojcher pour son magnifique scénario coécrit avec Alain Layrac qui nous donne envie d’embrasser (et scénariser) chaque parcelle de seconde de l’existence.

- Past lives, nos vies d’avant, joyau de pudeur, de subtilité, d’émotions profondes,

- la promenade poétique de Wim Wenders dont on ressort avec l’envie de croire en tous les possibles de l’existence que ce film esquisse avec une infinie délicatesse.

- le réquisitoire politique puissant de Jean-Paul Salomé qui réussit le défi d’être aussi un grand film populaire avec une Isabelle Huppert impériale.

Certains des films de cette liste qui m’ont enchantée n’ont pas reçu le succès qu’ils auraient mérité et je vous les recommande aussi vivement :

- Emily :  hymne palpitant à la vie que l'écriture permet de sublimer, surmonter, exalter, romancer pour qu'elle devienne intensément romanesque à l'image de ce film qui est aussi enflammé et flamboyant, comme son héroïne, en contraste avec les paysages ombrageux du Yorkshire, et qui interroge intelligemment les rapports entre la fiction et la vie d'un (ou une) auteur(e), la part de vérité qu’elle ou il y puise pour nourrir son art, qu’il s’agisse de s’y sauver ou de s’y perdre.

- Le prix du passage : dont vous ressortirez le cœur empli du souvenir revigorant et rassérénant de ce plan d'un horizon ensoleillé mais aussi du souvenir de ces deux magnifiques personnages, deux combattants de la vie qui s'enrichissent de la confrontation de leurs différences.

- Un coup de maître :   hymne à l'amitié (et à l'émotion inestimable -au sens propre comme au sens figuré- que procure la peinture, et l'art en général), décalée, burlesque, inventive, tendre, inattendue, incisive, mélancolique, profonde et drôle. Tragi-comédie maligne aussi, qui joue et jongle avec l'art et la réalité. Un film porté par la puissance magnétique de la musique qui accompagne le geste du peintre, et caresse les toiles.

- Second tour : Un film salutairement candide, au rythme trépidant, au scénario brillamment dichotomique, entre fable, comédie et thriller politique, bercé de nobles références dans divers domaines (de Médée à Pakula, de Chaplin à Gilliam ou Pollack), tantôt tendre, tantôt cynique, porté par l’utopie de la prise de conscience de l’urgence écologique que résume parfaitement cette citation de Hannah Arendt citée par Dupontel : « Je me prépare au pire en espérant le meilleur. » 

- Cléo, Melvil et moi : promenade germanopratine, à la fois joyeuse et mélancolique, jalonnée d’escales nostalgiques et gracieuses, que l’on termine à regret avec, en tête, la beauté de Paris, le sourire de Marianne et un parfum de Dolce vita.

- Le théorème de Marguerite  : Un sublime portrait de femme et une brillante dissection métaphorique des effets de la création, de la solitude et de l'abnégation qu'elle implique, mais surtout un film sensible, parfaitement écrit et interprété, passionnant de la première à la dernière seconde…

- Les algues vertes  : magnifique portrait d’héroïne contemporaine, mais surtout un film engagé, militant même, qui pour autant n’oublie jamais le spectateur, et d’être une fiction, certes particulièrement documentée et instructive mais qui s’avère prenante de la première à la dernière seconde, tout en décrivant avec beaucoup d’humanité et subtilité un scandale sanitaire et toutes les réalités sociales qu’il implique.


Et tous les autres dont les affiches figurent ci-dessus…

N’hésitez pas à aller lire mes critiques qui, peut-être, vous donneront envie de les regarder. Des films* que, pour certains,, je n’aurais peut-être pas découverts sans les festivals de cinéma. En 2024, je couvrirai -au moins- à nouveau Cannes, Dinard, Deauville (dont ce sera les 50 ans !), Arras, La Baule, et je dédicacerai même pendant certains de ces festivals. Je vous en dirai bientôt plus…

Je termine par quelques questions extraites de ma critique du palpitant « Tar », plus que jamais d’actualité :

L’art justifie-t-il tout ? 
Selon le précepte de Machiavel, la fin justifie-t-elle toujours les moyens ?  Le pouvoir est-il indissociable d’abus ? L’art et/ou la réussite nécessitent-ils de céder au mensonge, de toujours se réinventer, de claquemurer une part de soi, de manipuler les autres, de perdre une part d’humanité ? Ou au contraire le véritable artiste n'est-il pas celui qui ne se trahit pas et qui ne transige par avec son intégrité ? Ou l'art nécessite-t-il forcément des concessions, y compris jusqu'à y perdre son âme ? L'art véritable ne doit-il pas élever celui qui le reçoit comme celui qui le pratique ?

Et je vous donne rendez-vous en 2024 pour de nouvelles critiques passionnées, et surtout le 31 janvier 2024 pour la sortie de ce qui fut mon plus grand choc cinématographique de ces dernières années, La zone d’intérêt, dont vous pouvez déjà lire ma critique ici.


( *Beaucoup de films qui interrogent l'art, la vérité et la fiction auxquels il faut évidemment ajouter le film de Justine Triet, film palpitant sur le doute, le récit, la vérité, la complexité du couple, et plus largement des êtres. Un film qui fait une confiance absolue au spectateur. Un film dont le rythme ne faiblit jamais, que vous verrez au travers du regard de Daniel, l'enfant que ce drame va faire grandir violemment, comme lui perdu entre le mensonge et la vérité, juge et démiurge d’une histoire qui interroge, aussi, avec maestria, les pouvoirs et les dangers de la fiction...)
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