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IN THE MOOD FOR CINEMA - Page 2

  • FESTIVAL CIAK ! Festival du film italien de patrimoine à Collinas, en Sardaigne (9 et 10 août 2025)

    CIAK ! Festival du film italien à Collinas en Sardaigne.jpg

    « Il n'y a pas de fin. Il n'y a pas de début. Il n'y a que la passion infinie de la vie. » Fellini

    Si, cet été, cette passion infinie de l'existence vous mène jusqu'en Sardaigne, je vous recommande ce festival consacré au film italien de patrimoine.

    L'édition 2025 de CIAK !, qui sera ainsi la troisième édition du festival du film italien de patrimoine, aura lieu du 21 au 23 novembre, à Raon-l'Étape, dans les Vosges.

    Pour la première fois, cette année, CIAK ! se déclinera également en Sardaigne, dans le village de Collinas, les 9 et 10 août 2025.

    Au programme : Il Sorpasso (qui signifie "Le Dépassement" / titre français : Le Fanfaron ) de Dino Risi (1962) avec Vittorio Gassman et Jean-Louis Trintignant, et Travolti da un insolito destino nell'azzurro mare d'agosto (Vers un destin insolite sur les flots bleus de l'été) de Lina Wertmüller (1971), avec Giancarlo Giannini.


    Ces séances seront présentées par Laurent Galinon, directeur artistique et programmateur du festival.

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    Je ne peux m'empêcher d'évoquer brièvement Le Fanfaron. Voici donc juste quelques mots dictés par mes souvenirs imprécis pour vous inciter à le découvrir dans le cadre de ce festival : ce long métrage est un petit bijou de Dino Risi, sommet de la comédie italienne des années 60, qui a pour coscénaristes Ruggero Maccari et un certain…Ettore Scola. Un trajet de Rome à Viareggio dans la Lancia Aurelia B24 d’un séducteur désinvolte, volubile et exubérant (Vittorio Gassman) avec un étudiant en droit studieux, timide et complexé (Jean-Louis Trintignant) dont il a fait la connaissance le matin même. Deux caractères (le libertaire et le conservateur), deux visages de la société italienne. Ensemble, à vive allure, ils vont vivre deux journées trépidantes de Rome à Viareggio... : le soleil du 15 août, l’insouciance contagieuse, la vie à 100 à l’heure. Un tourbillon de légèreté et de vitalité, non dénué de nostalgie et de mélancolie : « L’âge le plus beau, c’est celui qu’on a jour après jour, jusqu’à ce qu’on crève bien sûr. » Un instantané de la société italienne en plein boom économique et en pleine mutation. Un film dans lequel Catherine Spaak tient l’un de ses premiers rôles importants. Un road-trip étourdissant que Dennis Hopper et Peter Fonda reverront de nombreuses fois pour Easy Rider. Un film à la frontière des époques du cinéma transalpin (le néo-réalisme n’est pas si loin), entêtant comme un mélodie italienne populaire, faussement légère, comme la vie qu’il célèbre et donne envie d’enlacer : drôle et funeste.

    L'édition 2024 de CIAK ! à Raon-l'Étape fut consacrée aux grandes actrices italiennes.

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    Ce festival a été fondé par Laurent Galinon, auteur (notamment du livre Alain Delon en clair-obscur) et réalisateur (notamment du documentaire Delon/Melville, la solitude de deux Samouraïs), deux œuvres que je vous avais vivement recommandées ici, et que je vous conseille de nouveau de découvrir (suivez les liens pour en savoir plus).

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    Enfin, pour en savoir plus sur cet évènement : rendez-vous sur le compte Instagram de CIAK !  et sur sa page Facebook.

     

  • Mon avis sur le Cinéma Hôtel mk2 Paradiso : le paradis des cinéphiles à Paris - Mes bonnes adresses "In the mood for cinema" (1)

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    Photo  © Romain Ricard

    « Un film ne parle pas seulement à l’intellect mais aussi à l’âme. » Orson Welles

    Lorsque nous sommes émus par un film ou par un lieu, il en va de même : se réveillent en nous des émotions bien souvent indicibles, liées à des réminiscences, à des résonances lointaines. C’est sans doute pour cela que du cinéma-hôtel mk2 Paradiso qui allie les deux (lieu et cinéma) émane cette aura émouvante, d’emblée, dès l’entrée.

    Le paradis des cinéphiles : mk2, inventeur de rêves

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    Il y a quelques semaines, j’évoquais, ici, la formidable programmation de Cinéma Paradiso Louvre qui eut lieu du 2 au 5 juillet 2025, dans la cour carrée du Musée du Louvre. Mk2, premier circuit art-et-essai en France, défend en effet depuis sa création une volonté de sélection, de transmission et d’ouverture à l’autre, à travers divers évènements, de l’Hôtel Paradiso, un projet mûri pendant plus de 6 ans, à des projections exceptionnelles sous la nef Grand Palais ou ailleurs. Créée par mk2 au début des années 2010, la marque Paradiso entend créer des expériences de vie autour du cinéma.

    Je voulais depuis longtemps découvrir cet hôtel que j’imaginais (à raison) comme un paradis pour cinéphiles. Cet article inaugure ainsi une nouvelle rubrique que je consacrerai régulièrement aux hôtels, dans la lignée de ce que j’écris pour cet autre site. Aucun hôtel n’aurait pu réaliser aussi bien le pont entre ces deux domaines. Hôtellerie et cinéma contribuent à nous emmener en voyage et à nous émerveiller (pas seulement concernant le second, certes, évidemment). L’alliance des deux représente donc une sorte de quintessence de l’évasion.

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    Sans doute aviez-vous déjà vu ces deux collages monumentaux signés JR, visibles depuis certaines chambres de l’hôtel. Le photographe et réalisateur français nommé à l’Oscar du meilleur film documentaire en 2018 pour Visages, villages (2017), coréalisé avec Agnès Varda, connu notamment grâce à ses portraits gigantesques collés dans l’espace public (les séries Face 2 Face ou Women Are Heroes), a créé deux collages, apposés sur les façades aveugles des immeubles d’en face, qui s’affichent sur plus de 15 mètres de haut et 3 mètres de large. Visibles uniquement par les clients de l’hôtel des chambres avec fenêtres sur cour, l’œuvre rend hommage à deux grands classiques de l’histoire du cinéma. Le premier est une réinterprétation d’un plan du Kid de Charlie Chaplin (1921) ; le second reprend l’image iconique d’Harold Lloyd suspendu aux aiguilles d’une horloge dans Monte là-dessus ! de Fred C. Newmeyer et Sam Taylor (1924). Qui mieux que Chaplin, qui a lui seul représentait et sublimait tous les métiers du septième art, pour nous inviter à cette échappée belle ? Une échappée belle qui nous convie au cinéma mais aussi à savourer l’art en général. Dans ce cinéma-hôtel, vous trouverez aussi bien du cinéma classique, des nouveautés, des séries, de la musique, des jeux vidéo, de l’art contemporain…

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    Photo  © Romain Ricard

    Derrière la façade avec ses bow windows aux proportions d’écrans de cinéma, lien d’échange entre la ville et le cinéma, osmose entre architecture haussmannienne et architecture contemporaine, intemporelle, au 135 Boulevard Diderot, l’entrée discrète de l’hôtel quatre étoiles jouxte ainsi celle du cinéma mk2 Nation.

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    Derrière la porte se trouvent le café-restaurant et la réception, presque confidentielle : on n’entre pas portes grandes ouvertes et avec tonitruance dans un tel antre pour cinéphiles, mais presque religieusement. Puis, s’offrent aux regards émerveillés et aux pas précautionneux les murs de béton bruts où sont exposées des affiches collectors de films, images et livres de la collection personnelle mk2, scènes de films diffractées par l’artiste Ruben Brulat. Vous y trouverez notamment l'affiche du poignant Juste la fin du monde de Xavier Dolan dont je vous avais parlé avec enthousiasme, ici.

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    Sous la plume de la décoratrice Alix Thomsen, c’est tout l’univers du 7ème art qui se décline ; son atmosphère, ses codes et ses couleurs. L’atmosphère est discrète mais chaleureuse, épurée mais stylisée.

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    L’architecte d’intérieur signe la décoration de l’hôtel, orchestrant le dialogue entre convivialité et cinéma.

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    L’escalier qui mène aux étages et aux chambres est travaillé comme une sortie de cinéma, des couloirs feutrés énigmatiques où en perspective un fragment de film nous invite à le rejoindre.

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    L’expérience cinéma se vit aussi dans les 6 salles obscures du cinéma mk2 Nation, situé au rez-de-chaussée, dans les couloirs tapissés d’affiches mythiques et d’une collection de 2 000 DVD et Blu ray à emprunter (des trésors du cinéma mondial parmi les catalogues mk2, Arte, Ciné Tamaris, Carlotta Films, Potemkine ou Criterion) -j’ai pris en photo Ariane de Billy Wilder dont je vous parlais il y a quelques jours en visitant un autre hôtel dans le cadre duquel l’intrigue se déroule…mais vous pourrez évidemment trouver une multitude d’autres chefs-d’œuvre-, ou même sur le toit-terrasse et son cinéma en plein air - avec une imprenable vue sur les toits et monuments de Paris.

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    Photo  © Romain Ricard

     L'hôtel Paradiso est donc un concept inédit, le tout premier cinéma-hôtel qui ouvrit ses portes en mars 2021. À travers ce lieu alliant confort, cinéphilie et  convivialité, Nathanaël et Elisha Karmitz, les deux  frères à la tête de mk2, ont souhaité prolonger  l’ambition initiale de la société fondée par leur  père, Marin Karmitz, en 1974 : offrir une autre  idée du cinéma

    Emplacement et équipements

    Situé au-dessus du cinéma mk2 Nation, cet hôtel si bien nommé, rappelant le titre du chef-d’œuvre de Giuseppe Tornatore est un lieu unique au monde qui bouleverse les codes de l’hôtellerie mais aussi du cinéma puisqu’il offre une expérience singulière, que ce soit sur son toit-terrasse (avec une remarquable programmation pour cet été 2025, je vous la détaille plus bas), dans sa loge (formidable innovation qui vous permet d’assister aux projections du cinéma mk2 Nation depuis une loge située dans l’hôtel, seul ou à plusieurs) ou dans les chambres (films accessibles sur les plateformes) ou suites (le rêve : vous pourrez y voir des films à l’affiche).

    Les chambres et suites

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    Photo  © Romain Ricard

    Les 34 chambres et deux suites-cinéma ont ainsi été imaginées pour être le meilleur endroit pour visionner un film. Les chambres ont toutes pour point de convergence l’écran de projection. La scénographie allie confort, chaleur et convivialité avec, selon les termes de la décoratrice « un certain dénuement et une retenue pour créer une narration abstraite. J’ai choisi de mettre en scène une neutralité pour privilégier la projection fantasmagorique de chacun. J’ai joué avec le spectre lumineux, dans une gamme allant de l’ultraviolet au rouge pour finir sur la lumière blanche. Je me suis aussi appuyée sur l’iconographie très riche de mk2. »

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    Elles sont toutes équipées d’un vidéoprojecteur laser, d’un écran de 3 mètres de large et se métamorphosent en quelques secondes en salles de cinéma. Un parcours 100% digitalisé sur tablette donne un accès illimité à une programmation hebdomadaire de films et de séries et aux meilleures plateformes de SVOD - le cinéma d’auteur est mis à l’honneur avec mk2 Curiosity et des partenariats avec MUBI le Vidéo Club Carlotta Films, complété par les offres d’Arte, Netflix, MyCanal ou encore Disney+.  En ce moment, au programme : David Lynch, Robert Guédiguian, Quentin Tarantino, Steven Spielberg et Lena Dunham  avec Blue Velvet, Marius et Jeannette, Pulp Fiction, E.T.,l’extra-terrestre et Too Much (série). En projection privée, dans la suite cinéma, vous pourrez même découvrir L’Accident de piano de Quentin Dupieux, actuellement à l’affiche.

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    La tablette permet de piloter tout son séjour directement depuis son lit : playlist musicale, lumière, films, ainsi qu’un accès à tous les services de l’hôtel comme le menu à commander en room service. L’interface développée avec l’entreprise Bowo permet au client de profiter de tous les services de conciergerie digitalisés : du room service, à la commande d’un VTC en passant par le e-shop de l’hôtel ou le City Guide des lieux recommandés par mk2 à Paris. La tablette permet également de manière simple de piloter tous les équipements de la chambre : lumières, son, vidéoprojecteur et écran.

    L’expérience cinéma : dans la chambre

    Les différentes catégories de chambres (Paradiso, Paradiso Supérieure, Grande Paradiso et Paradiso Twins) sont pensées pour répondre à toutes les façons de voyager et s’adressent aussi bien aux parisiens avides d’une expérience inédite (vous pouvez ainsi réserver la chambre en journée, à partir de 100 euros), aux touristes qui souhaitent découvrir Paris en famille, qu’aux voyageurs d’affaire à la recherche d’un lieu pratique, connecté à la ville et à la programmation riche.

    Fidèle aux valeurs de sélection et de transmission de mk2, l’Hôtel Paradiso propose chaque semaine une programmation éditorialisée de films et de séries recommandés par les équipes de programmation de mk2 et du magazine Trois Couleurs, à découvrir en chambre. Accessible directement sur la tablette tactile et envoyée tous les lundis aux abonnés de la newsletter, cette sélection rassemble des films classiques ou récents, séries incontournables, pépites méconnues ou blockbusters tout juste sortis.

    C’est face au lit que la séance commence vraiment, à travers une fenêtre qui se transforme en une toile de cinéma de trois mètres de large ou un mur qui s’habille d’un écran de projection, sublimé par de longs rideaux de velours. Une fois le film choisi, il suffit de lancer la lecture depuis la tablette tactile fournie dans chaque chambre pour que les lumières s’éteignent, que l’écran se déploie, que le vidéoprojecteur se mette en route et que le film débute.

     Et en guise de mini-bar, une série d’indispensables à grignoter vient accompagner l’expérience : pop-corn bio et friandises japonaises au thé vert entre autres. Les clients auront aussi accès à un room service grâce à la carte bien fournie imaginée par Marc Grossman du Bob’s Juice Bar.

    Mais, sans aucun doute, le meilleur écrin pour vivre le cinéma pour quelques heures ou quelques nuits se situe au 7ème et dernier étage : dans les deux Suites-Cinéma qui viennent compléter l’offre hôtelière, proposant de vivre une expérience totalement inédite. Outre tous les services déjà disponibles en chambre s’ajoute la possibilité de visionner seul ou en couple, en famille ou entre amis, les derniers films à l’affiche. Ici, ambiance feutrée, pimpée par les créations d’affiches de films cultes de l’artiste Flore Maquin (à qui on doit notamment les affiches des éditions 2018 et 2019 du Festival de Cannes), grands volumes, terrasse spacieuse avec vue dégagée, douche géante et véritable salle de projection privée. Les cinéphiles se coupent du monde pour entrer dans un univers qui traverse l’écran.

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    Toutes les chambres sont dotées d’un projecteur laser Optoma ZU506Te, compatible 4K et HDR pour projeter sur un écran de 3 mètres de large. Côté son, une barre Yamaha MusicCast YSP-5600, installée au-dessus de l’écran et comptant pas moins de 34 haut-parleurs, permet de reproduire un son 3D. De quoi simuler du 7.1.2 en se servant des murs en béton extrêmement bien isolés pour faire rebondir les sons jusqu’au spectateur installé sur le lit. Les volumes maximum sont réglés selon les standards des salles de cinéma ; jusqu’à 85dB, les sons ne s’entendent pas d’une chambre / salle à l’autre.

    Les deux suites sont équipées comme un véritable cinéma : une cabine de projection contient un projecteur DCI Cinema DP2K-6E et un processeur son cinéma CP950 permettant une diffusion en 5.1. Un système Line Array (utilisé dans les spectacles et les concerts) haut de gamme K-ARRAY a été installé, avec l’aide de Cinemeccanica France, pour coller aux normes cinéma à respecter. Ces salles sont agréées par la CST (commission qui effectue le contrôle technique des cinémas) et sont aux normes DCI (standard technologique du cinéma numérique)

    L’Hôtel Paradiso prolonge la volonté de mk2 d’ouvrir la culture et le cinéma au plus grand nombre, notamment aux enfants et aux ados qui ne sont pas en reste. Quatre chambres sont communicantes : d’un côté une chambre Paradiso avec lit double et de l’autre une chambre Twin avec deux lits jumeaux. Chacune étant indépendante techniquement, les enfants peuvent voir un programme différent de celui de leurs parents, parmi une offre adaptée au jeune public. Un contrôle parental est activable sur tablette pour permettre aux enfants un parcours autonome en toute sécurité. En outre, chaque semaine les équipes mk2 concoctent une sélection de films parmi l’offre disponible sur les différentes plateformes de streaming, incluant une proposition jeune public éditorialisée.

    La Loge

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    Photo  © Romain Ricard

    J’ai eu un vrai coup de cœur pour cette loge qui surplombe la salle 2 du mk2 Nation (100 places), cet écrin de 24 m2, accessible sur réservation et pouvant accueillir jusqu’à 8 spectateurs se configure selon les envies. On peut assister à la séance de cinéma, confortablement installé dans les célèbres LoveseatsTM conçus pour mk2 par Martin Szekely mais revisités pour l’occasion dans un tissu Kvadrat. On peut aussi se faire sa propre sélection une fois la dernière séance de la journée terminée ou encore jouer aux jeux vidéo sur l’écran de la salle de cinéma. Enfin, il est possible de profiter du room service pendant sa séance sans gêner le reste de la salle. Pour partager un moment cinématographique unique, vous disposerez ainsi du grand écran (ainsi que d’un bar) jusqu’au bout de la nuit.

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    Le Rooftop

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    Photo  © Romain Ricard

    Chaque dimanche et lundi à 21h30, le Rooftop se transforme ainsi en cinéma à ciel ouvert. Cocktail à la main, coucher de soleil sur la tour Eiffel, et une programmation signée mk2 :  le spot parfait pour vos soirées d’été. Vous pourrez y admirer la vue panoramique sur la Ville Lumière (à couper le souffle, non ?).

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    Parquet boisé, cadre végétalisé, bar à cocktail et barbecue privé. Accessible à tous, il propose des ciné-clubs thématiques et des projections sur l’écran de 4 mètres de large. Pouvant accueillir jusqu’à 45 personnes, il peut se privatiser à volonté pour tout type d’événements : showcase, séance de cinéma ou de sport, bar éphémère, corner de marque, soirée VIP, ateliers, meeting...

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     Ce mois d’août 2025, au programme : La vie est un roman d’Alain Resnais (dimanche 3 et lundi 4 août à 21H30), Chat noir, chat blanc d’Emir Kusturica (dimanche 10 et lundi 11 août à 21H30), Laurence anyways de Xavier Dolan (dimanche 17 et lundi 18 août à 21h30), L’amour à la mer de Guy Gilles (dimanche 24 et lundi 25 août à 21H30), Les Temps modernes de Charlie Chaplin (lundi 1er septembre à 21h »).

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    Le karaoké

    Vous trouverez aussi une salle de karaoké dédiée aux musiques de films, nommée La La Land, évidemment en référence à la comédie musicale de Damien Chazelle. L’espace privé de 17m² est totalement modulable et peut accueillir jusqu’à 8-10 personnes. Un lieu inédit avec système son audiophile et vidéo de très haute qualité grâce à un écran géant full HD de 80 pouces.

    Le Café-Restaurant

    Le Café-Restaurant Paradiso, vous permet de vous installer au comptoir du bar, sur la terrasse extérieure ou à l’une des 28 places intérieures.

    Le cinéma mk2 Nation

    Le mk2 Nation est un vrai cinéma de quartier. Petit plus pour les clients de l’hôtel qui se voient offrir un ticket de cinéma pour découvrir les films à l’affiche dans ses salles pendant leur séjour. Situé au rez-de-chaussée de l’hôtel, le cinéma a été entièrement rénové en 2019. Lieu de culture incontournable de l’Est parisien, il accueille toute l’année, en plus de sa programmation de films, des événements, masterclass et rencontres. Ses six salles sont privatisables, avec des espaces allant de 40 à 130m2 et des jauges de 17 à 226 personnes. Un chaleureux loft de 97m2 disposant d’un accès direct à l’hôtel et aux salles de cinéma s’adapte à tous les besoins : studio de podcast, plateau TV, livestream, meeting room ou atelier.

    En conclusion...

    J’ai commencé en évoquant le film de Tornatore, Cinema Paradiso. Rappelez-vous : ce lieu suintant de vie et de chaleur, au cœur de la Sicile, où se trouve le Cinema Paradiso, ce lien si touchant entre Toto et d’Alfredo, ces extraits de films qui transpirent la passion du cinéma. Tout ce que l’enfance laissait deviner, et ce que l’âge adulte a permis d’expérimenter. La nostalgie. La mélancolie. L’écoulement du temps qui emporte tout, même les êtres chers. L 'inoubliable musique d’Ennio Morricone  qui vient renforcer toute la poésie mélancolique qui se dégage du film et du visage de Jacques Perrin. De ce "rêve merveilleux" comme Elena qualifiera son histoire d'amour avec Salvatore. Un rêve merveilleux, comme l'est le cinéma...Cinema Paradiso, c'est le récit nostalgique d'une époque révolue. Une ode au rêve. À la puissance du cinéma à laquelle le film par ses nombreux extraits de classiques rend le plus beau des hommages. Mais aussi par ce dernier plan sur le visage de Jacques Perrin qui, par le pouvoir magique du 7ème art, retrouve les émotions de son enfance et le message d'amour que lui envoie Alfredo, par-delà la mort. Un parfum d'éternité. Le cinéma est décidément un paradis. Celui des vivants. Peut-il y avoir plus belle invention que celle qui nous permet d'accéder vivants à ce paradis ? Comment ne pas aimer un film dont toute l'histoire traduit ainsi la magie du cinéma ?

    Cinéma Paradiso est avant tout cela, une déclaration d’amour fou au cinéma. À sa capacité à procurer à tout ce qui est éphémère des accents d’éternité. Le cinéma, dans ce film, est plus que jamais une fenêtre ouverte sur les rêves, ceux qui bercent d’illusions réconfortantes. Il en est de même de cet hôtel dans lequel j’ai retrouvé mon regard d’enfant émerveillé. Vraiment, un paradis pour cinéphiles : pour une séance en loge ou sur le rooftop, pour une après-midi à découvrir un film dans une de ses chambres ou suites, pour un karaoké. Là, le temps s’écoule au rythme de 24 images par seconde. Un film « fantastique» dans lequel vous pouvez vous immerger. Un rêve de cinéphile, non ?!

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    Merci à Augustin Kedzia de l'Agence Melchior pour la découverte personnalisée de l'établissement et au directeur de l'hôtel, Fabien Beauvallet, pour l'accueil.

    Chambre à partir de 100 euros

    Adresse : 135 Boulevard Diderot 75012 Paris

    Site internet :  mk2hotelparadiso.com

    Réservation : reservation@mk2hotelparadiso.com

     Instagram : @mk2hotelparadiso

     Téléphone :  +33 1 88 59 2001

     

  • Critique de LA VENUE DE L’AVENIR de Cédric Klapisch

    cinéma, film, critique, La venue de l'avenir, Cédric Klapisch, critique de la venue de l'avenir de Cédric Klapisch, Vincent Macaigne, Julia Piaton, Zinedine Soualem, Abarahm Wapler, 78ème Festival de Cannes, Rob, Paris, Suzanne Lindon, Vassili Schneider, Paul Kircher, Sara Giraudeau

    Trois ans après En corps, et après une incursion dans la série avec Salade grecque en 2023, Cédric Klapisch revient au cinéma avec ce film grâce auquel il a pour la première fois intégré la sélection cannoise. Ce quinzième long-métrage du cinéaste, coécrit (comme le précédent) avec Santiago Amigorena, fut ainsi projeté hors-compétition dans le cadre du 78ème Festival de Cannes.

    Alors que son avant-dernier long métrage, Deux moi (2019), s’achevait par un cours de danse lors duquel les destinées parallèles de ses protagonistes se croisaient enfin, son précédent, En corps, était entièrement consacré à cet art. En corps commence ainsi par quinze minutes fascinantes. Quinze minutes entre la scène et les coulisses. Un tourbillon éblouissant de bleu et de rouge. Une explosion étourdissante de couleurs et de mouvements (déjà évoquant presque ce geste pictural qu'exalte La Venue de l’avenir). Klapisch y célèbre la force des fragilités. La beauté du ballet aussi, qu’il soit classique, aérien, poétique même, presque abstrait et celle de la danse contemporaine, une beauté brute, presque véhémente et pourtant tout aussi vibrante.
    Ce film lumineux met le cœur en joie, vous cueille quand vous ne vous y attendez pas, par un flashback et un plan, de loin, d’un père qui enlace sa fille, filmés tout en pudeur. Une fois de plus, Klapisch, dans En corps, capte la beauté et le romanesque de Paris mais aussi l’air du temps.  

    C’était déjà le cas, dans le film Paris (2008), dans lequel il filme comme nul autre cette ville au cœur battant. Klapisch dans ce film choral, sublime et confronte l’éphémère dans la ville éternelle. Des destins d’abord présentés comme autant de quartiers épars. Des destins vus ou entrevus ou même imaginés peut-être par Pierre (Romain Duris) qui, du haut de son balcon démiurgique qui surplombe la capitale, atteint d’une maladie cardiaque, ne sachant pas s’il va survivre, porte un regard neuf et différent sur Paris et ceux qui s’y croisent, s’y manquent. Chacun devient le héros des histoires qu’il s’invente, sorte de double de Klapisch scénariste car que fait d’autre le scénariste que de faire des gens qu’il croise, connaît ou devine, les héros d’histoires qu’il s’invente ? Rien ne les rassemble a priori si ce n’est cette ville, les ramifications du destin, telles des lignes de métro qui de toute façon finissent en un même point : le cœur. Tous les chemins mènent au cœur de Paris. Le cœur, justement, celui qui menace de lâcher à tout instant. L’éphémère face à l’éternel. L’insignifiant face à l’essentiel. La vie face à la mort. La ville vue par le prisme d’un condamné à mort : une ville dont le cœur bat, insouciante, une ville qui vibre, qui danse, une ville de tous les possibles, une ville et une vie où rien n’empêche personne de « donner une chance au hasard », de faire valser les fils du destin comme il le fait du haut de son balcon.

    Alors, justement, les fils du destin, Klapisch les fait plus que jamais danser et s’entrelacer dans La Venue de l’avenir qui est une nouvelle fois une ode à l’art : la peinture et la photographie, après la danse, mais aussi à nouveau une ode à la beauté romanesque de Paris.

    Il s’agit également une nouvelle fois d’un récit choral comme il les affectionne et comme les affectionnent ceux qui, comme moi, aiment son cinéma dans lequel les destins se tissent en s'entrecroisant. Pour son premier film en costumes, il n’a pas choisi la facilité puisqu’il se déroule sur deux périodes distinctes, 1895 et 2025, principalement à Paris. Peut-être (1999) se déroulait déjà sur deux époques…et aurait d’ailleurs aussi pu s’intituler La Venue de l’avenir.

    Ainsi, dans ce nouveau film de Cédrid Klapisch qui commence en 2025, une trentaine de personnes issues d’une même famille apprennent qu’ils vont recevoir en héritage une maison située en Normandie, abandonnée depuis des années. Quatre d'entre eux, Seb (Abraham Wapler), le créateur de contenus digitaux, Abdel (Zinedine Soualem), le professeur bientôt à la retraite, Céline (Julia Piaton), l’ingénieure en état dépressif, et Guy (Vincent Macaigne), l’apiculteur idéaliste, sont chargés d’en faire l'état des lieux. Ces lointains « cousins » vont alors découvrir des trésors cachés dans cette vieille maison normande dont le terrain est convoité par des promoteurs immobiliers qui souhaitent y construire un hypermarché avec parking écoresponsable. Ils vont se retrouver sur les traces d'une mystérieuse Adèle Vermillard (Suzanne Lindon) qui a quitté sa Normandie natale, à 20 ans. Cette Adèle se retrouve à Paris en 1895 (quelle année..., évidemment que ce soit celle de la naissance du cinéma n'est pas un hasard), au moment où cette ville est en pleine révolution industrielle et culturelle. Cette fille de la campagne veut y retrouver sa mère (Sara Giraudeau) qu’elle n’a pas connue. Là, elle croisera la route de Sarah Bernhardt, Nadar, Claude Monet…

    Les quatre cousins vont alors découvrir cette période charnière de la fin du XIXème siècle, la naissance d’un nouvel art, la photographie, et d’un courant pictural, l’impressionnisme. Ce voyage dans le passé va les conduire à se questionner sur leur présent et leur avenir et va questionner aussi l’héritage que nous laissent la peinture et la photographie, mémoires d’une époque, et l’art en général.

    Le premier court-métrage de Cédric Klapisch, Ce qui me meut, avait déjà pour cadre de Paris de la fin du XIXème siècle. Avec ce nouveau long-métrage, il mêle les histoires et l’Histoire. Le roman Scènes de la vie de bohème d’Henri Murger a particulièrement nourri le travail du réalisateur et de son coscénariste.

    Chacun des quatre cousins incarne un rapport différent au progrès, le professeur représentant celui pour qui finalement les choses ne changent guère, celui-ci exerçant de surcroît le métier qui devint celui de son ancêtre, Adèle. « Il y a deux manières d'envisager l’avenir : une logique continue du présent ou une rupture » dit ainsi le personnage de Julia Piaton. Lors de la conférence de presse du Festival de Cannes, Klapsich (précisant que sa mère était psychanalyste) a ainsi expliqué : « On a plus dessiné les personnages sur les rapports qu'ils ont avec le futur. Chaque personnage a été construit en fonction de son impact sur le futur »

    Klapisch oppose et relie deux époques, deux façons de regarder le monde qui nous entoure (la première scène, au musée, montre des visiteurs qui tournent le dos aux Nymphéas, plus occupés à regarder leurs smartphones et à faire des selfies qu’à admirer l’œuvre de Monet), et deux rapports au temps : les uns se téléportent quasiment en TGV quand les autres éprouvent le temps long et enrichissant du voyage. Un temps de rencontre aussi puisque c’est à cette occasion qu’Adèle rencontrera le peintre et le photographe, incarnés par Paul Kircher et Vassili Schneider, qui changeront eux aussi son regard sur la vie. Le montage avec des transitions toujours très (bien) pensées rend les passages d’une époque à l’autre fluides et ludiques.

    Le chef opérateur Alexis Kavyrchine a par ailleurs réalisé un travail remarquable en cherchant à imiter les autochromes, premières photos en couleur, pour les scènes ayant lieu en 1895 qui nous immergent dans un Montmartre à la beauté picturale. Ils ont aussi repris des cadrages directement inspirés de tableaux de Monet ou Degas, autre manière de rendre hommage à cette période de la peinture que le film narre.

    La musique fait aussi souvent le lien entre les deux époques. Pour la première fois, Cédric Klapisch a travaillé avec le compositeur Rob -Robin Cudert - (ancien peintre !) pour créer une musique instrumentale moderne qui évoque aussi l’univers de Debussy ou de Satie. Une musique impressionniste qui crée un pont judicieux entre les époques et souligne la majesté des paysages. Le mélange de musique classique (Mozart, Mendelssohn, Schubert, Debussy, Donizetti), d'électro, pop, variété française et de techno (Sawtooz, Alexzavesa, Bequadro, Yvette Guilbert, Léon Malaquais, Aphex Twin, Kompromat) permet aux deux époques de se fondre astucieusement. Et la chanson de Pomme, La Nuit, intégrée à l’intrigue, renforce l’impression de douceur mélancolique qui se dégage film et sublime sa beauté picturale. D’ailleurs sur sa palette, Klapisch mêle les époques mais aussi les tonalités, le film oscillant toujours habilement entre humour et émotion.

    Cela commence sur un portable dos tourné aux œuvres, au milieu de la foule, avec une influenceuse qui se demande si on la voit assez et qui veut changer la couleur des Nymphéas - !- (en opposition au personnage de Pomme qui demande si on ne la voit pas trop devant le spectacle splendide de Paris). Et cela se termine comme si le passé avait imprégné le présent de sa lenteur et de sa douceur. Entre les deux, un film aussi riche, foisonnant, captivant et rassurant qu’un tableau impressionniste. On entre ainsi dans un film de Klapisch, comme dans une œuvre picturale avec une vision d’ensemble, celle qui s’offre à notre premier regard, avant d’en découvrir les multiples nuances. Chacun y trouve sa résonance avec son histoire. Et on en ressort avec la même envie que devant un tableau réussi : le revoir pour en capter les détails et pour ressentir à nouveau les émotions multiples qu’il nous a procurées.

    Comme dans tout film de Klapisch, il est évidemment aussi question d’amour, dans le présent comme dans le passé. Selon Guy : « L’amour c'est une réinvention de la vie et réinventer l'amour, c'est une réinvention de cette réinvention. »

    Dans une sorte de mise en abyme, Klapisch dépeint la venue du jour, immortalise la beauté fugace de l’instant. Et, pour notre plus grand plaisir, fait revivre Monet dessinant Impression, soleil levant : « C'est pas le port que je peins mais juste un instant. » Une réalité à la fois abstraite et poétique...comme le titre du film avec ses allitérations en v et en n.

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    L'équipe du film lors de la conférence de presse au 78ème Festival de Cannes - Photo par Inthemoodforcinema.com

    « J’aime bien mettre de la poésie dans le réel. J'aimais par exemple ce qu'était le réalisme poétique du temps de Marcel Carné. » a déclaré Klapisch lors de la très joyeuse conférence de presse du film à Cannes. Il y a en effet du réalisme poétique dans ce film, du Prévert, et du Carné, peintre « des choses derrière les choses ». On imagine à tout instant Garance elle aussi traverser le temps, faire un bond en 1895, surgir et dire : « Paris est tout petit pour ceux qui s'aiment d'un aussi grand amour. »  

    Comme toujours, le voyage dans l’univers de Klapisch fait du bien, donne envie d’embrasser la vie : « Il vaut mieux regretter de choses qu'on a faites plutôt que de choses qu'on n’a pas faites. »  C’est finalement Vincent Macaigne qui en a parlé le mieux lors de la conférence de presse cannoise : « Le film est comme une sorte de caresse sur nos peurs. À toute époque, on essaie d'être ensemble, de se lier, de tomber amoureux, on a peur de l'avenir et finalement ce qui reste ce sont les œuvres d'art. Ce film nous donne envie et de créer et d'être ensemble et tous les personnages portent ça en eux. »

    C’est le personnage incarné par Abraham Wapler, Seb, élevé par son grand-père avec lequel il vit toujours, pour lequel ce voyage dans le passé va le plus éclairer le présent et l’avenir. Le jeune photographe va se trouver des liens avec ses illustres aïeux, ce qui éclaire ainsi la voie qu’il doit emprunter, personnellement et professionnellement. : « Je regardais toujours devant et cela m'a fait du bien de réparer derrière. » La transmission est toujours très présente dans le cinéma de Klapisch qui y avait même consacré un film : Ce qui nous lie (2017). Et c’est en effet avant tout de liens qu’il est question ici : des liens avec le passé, des liens amoureux, des liens amicaux, des liens familiaux, des liens que nous entretenons avec l’art. Cet art qui traverse le temps, crée un présent éternel et qui relie les générations.

    Si Abraham Wapler est la découverte du film, lui aussi teintant son jeu sobre de mille nuances, les seconds rôles comme dans les films du réalisme poétique sont aussi savoureux : Cécile de France en historienne de l’art aussi snob que passionnée et finalement attachante, Claire Pommet (Pomme), douce enchanteresse comme sa voix,  Sara Giraudeau dont le timbre si particulier apporte toujours une touche d’enfance à ses personnages écorchés, François Berléand dans le rôle de Victor Hugo… Et, en premiers rôles, le quatuor des cousins fonctionne parfaitement, et Suzanne Lindon est parfaite pour nous transporter dans les dédales du Paris du XIXème siècle, avec sa beauté à la fois intemporelle et singulière.

    Klapisch entremêle brillamment fantaisie et mélancolie, tendresse et nostalgie. Par ce dialogue inventif entre les générations, il brosse le portrait de ce qui nous lie, l’amour et l’art. C’est reposant, coloré, festif, et gaiement nostalgique comme une promenade à Giverny, comme une avenue de l’Opéra qui s’illumine et trace le chemin au milieu d’un Paris plongé dans l’obscurité, comme un tableau de Monet, comme une rencontre sur un bateau qui mène vers le passé. Une fresque qui relève de la fable savoureuse, teintée de nostalgie. Woody Allen, avec son conte jubilatoire, Minuit à Paris, d’une autre manière, avait réenchanté le présent, en montrant qu’on peut s’enrichir du passé pour en saisir l’étendue de la beauté. Klapisch, lui, veut réenchanter le présent et l’avenir, sous l’éclairage du passé, et nous enjoint à ne jamais délaisser l’éblouissement auquel invitent l'amour et surtout l'art, que ce soit la photographie, la peinture...ou le cinéma, et même à les réinventer. Ce film en suscite aussi un, réjouissant.

  • Critique de AVIGNON de Johann Dionnet - Séance au Cinéma Pathé BNP Paribas à Paris

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    Il y a quelques semaines, ainsi vous présentais-je le dernier film de Thierry Frémaux, Lumière, l’aventure continue ! :

    « Le cinéma est un mélange parfait de vérité et de spectacle. » Cette citation de François Truffaut résume parfaitement ce qu’était déjà le cinéma à ses origines, lors de la première projection publique payante qui eut lieu dans le Salon Indien du Grand Café, à Paris, le 28 décembre 1895. Dès cette première projection, il était évident que le cinéma n'était pas simplement le reflet d’une réalité, mais aussi un spectacle, une vérité légèrement mensongère, une écriture singulière. Les frères Lumière ne filmaient pas seulement le mouvement, ils l’écrivaient déjà. Ils n’étaient pas seulement des inventeurs mais aussi des cinéastes. Telle est d’ailleurs la signification du substantif Cinématographe, « écrire le mouvement ».

    Sans doute est-ce pour cela que j’aime si peu regarder les films ailleurs que dans un cinéma, parce que pour moi pour que cet art se déploie pleinement, il doit être vu, dégusté même, dans une salle, sans quoi il ne serait pas totalement ce « mélange parfait de vérité et de spectacle. »

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    J’étais ainsi invitée à découvrir le Cinéma Pathé BNP Paribas à Paris, cinéma fraîchement rénové dans le deuxième arrondissement de Paris, qui a ouvert le 30 avril 2025, destiné à accueillir de nombreux évènements cinéma exclusifs organisés par BNP Paribas. Entièrement modernisé, le cinéma Pathé BNP Paribas, ancien Pathé Opéra Premier situé au 32 rue Louis Le Grand, accueille les spectateurs dans les meilleures conditions. Les 5 salles de 42 à 192 fauteuils pour un total de 440 places sont équipées de larges fauteuils en velours de laine rouge inclinables, de projecteurs Laser de dernière génération pour une qualité d’image exceptionnelle. Alors que certains cinémas parisiens sont vétustes et infestés d’insectes parasites, une offre d’un cinéma moderne et accueillant comme celle-ci est plus que jamais appréciable, nous rappelant aussi qu’aller au cinéma n’est jamais anodin : c’est aller au spectacle, par définition collectif, c’est lever les yeux vers l’écran, c’est profiter d’un moment unique, en l’occurrence dans des conditions idéales.

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    Sans avoir réellement lu le synopsis, je décidai d’aller voir la comédie qui avait remporté le Grand Prix au Festival du Film de Comédie de l’Alpe d’Huez 2025, Avignon. En ce jour de canicule, le flambant neuf Cinéma Pathé BNP Paribas était vraiment le havre de paix, de fraîcheur et de rêves idéal pour le découvrir.

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    En 2022, Johann Dionnet réalisa le court-métrage Je joue Rodrigue. Trois ans plus tard, à quelques jours du début du 79ème Festival d’Avignon ( qui aura lieu du 5 au 26 juillet 2025) sort donc sur les écrans sa version longue, son premier long métrage : Avignon (coécrite par ce dernier, Benoît Graffin, et Francis Magnin).

    Cela commence comme cela se termine : sur une scène de théâtre auquel le film rend un magnifique hommage. Mais aussi à ces comédiens pour qui jouer est une passion viscérale. Parmi eux, Stéphane (Baptiste Lecaplain), qui débarque avec sa troupe à Avignon pour jouer une pièce de boulevard intitulée Ma sœur s’incruste. Là, il recroise Fanny (Elisa Erka), une comédienne qui, des années auparavant, avait suivi le même stage de théâtre que lui. Seulement, alors que sa carrière à lui piétine, Fanny a récemment reçu un Molière. Stéphane est sous le charme et profite d’un quiproquo pour lui faire croire qu’il est à Avignon pour interpréter Rodrigue dans Le Cid, une pièce qu’il n’a pourtant même jamais lue, et dont il ignorait tout jusqu’alors. Il va s’enfoncer de plus en plus dans un mensonge dont il sera d’autant plus compliqué de se défaire que Fanny va commencer elle aussi à tomber sous le charme...

    Avignon est d’abord un film de troupe. Celle de la pièce Ma sœur s’incruste est menée par Serge (Lyes Salem) confronté à des soucis pécuniaires qui le rendent souvent irascible. Elle comprend aussi notamment sa compagne Coralie (Alison Wheeler), actrice principale de la pièce dans laquelle joue également Patrick (Johann Dionnet). Il y a aussi Marc (Rudy Milstein), l’apprenti régisseur, aussi maladroit que surprenant.

    Ce film est une douceur estivale, savoureuse, entre la comédie romantique à la Richard Curtis, la comédie à la Toledano Nakache, et la critique sociale, égratignant le mépris d’un certain théâtre, à la Jaoui/Bacri  (Le Goût des autres...).

    Avignon s’inspire de l’expérience de Johann Dionnet, scénariste, réalisateur mais aussi acteur (il joue d’ailleurs dans le film, un acteur de la troupe en quête d’amour, attachant). Le scénario réussit le parfait équilibre entre rire et romantisme. Contrairement à de nombreuses comédies qui oublient souvent la forme pour se concentrer sur les dialogues (le plus souvent filmés en champ /contre-champ), elle est ici particulièrement soignée, grâce au travail du chef-opérateur Thomas Rames, avec notamment un magnifique plan-séquence devant le Palais des Papes ou encore une scène de hamac lors de laquelle la caméra tourne autour des personnages dans un jeu d’ombres éclairées par la lune.

    Le film se déroule au rythme qui est celui du festival, joyeux, effréné, intense, dans une atmosphère estivale suffocante, palpable, dont la chaleur semble traverser l’écran. Stéphane promène sa tendresse mélancolique dans les rues d’Avignon, ville qui est un personnage à part entière de cette comédie. Baptiste Lecaplain, avec son air un peu lunaire, de doux rêveur aux cheveux ébouriffés, un peu égaré dans ses rêves et la réalité, est l'acteur idéal pour incarner Stéphane. Face à lui Fanny évolue avec des comédiens qui pratiquent ce qu’ils considèrent comme le seul théâtre qui vaille : la tragédie classique. Ils assènent leurs avis péremptoires sur les goûts des autres (pour eux, la comédie populaire n’est qu’un sujet de moquerie et non du théâtre). À ce petit jeu cruel, l’horripilant David (Amaury de Crayencour) est absolument et odieusement irrésistible. Les personnages et intrigues secondaires sont impeccablement dessinés. Alison Wheeler est ainsi d’un naturel saisissant.

    Si le film égratigne un certain snobisme, il n’en est pas moins une ode au théâtre (à toutes les formes de théâtre), à la puissance des mots et au jeu en général (illusion théâtrale, illusion amoureuse) et à la ville qui est le décor fascinant de cette échappée ludique. Les mots enchanteurs de Corneille se faufilent entre ses rues jusqu’aux cœurs : l’illusion théâtrale crée l’illusion amoureuse.

    Les dialogues sont soignés. La musique originale l'est aussi, elle a été confiée à Sébastien Torregrossa qui a privilégié la guitare pour teinter le film de couleurs chaudes (comme la photographie, très solaire), comme la voix de Elisa Erka qui interprète une chanson qui envoûte Stéphane.

     Le film nous fait aussi découvrir les coulisses du festival : les locations de salles à des prix exorbitants, les pantomimes diverses auxquelles doivent se plier les acteurs en arpentant la ville pour vendre leurs places, les terrasses bondées sous un soleil écrasant, le rythme trépidant, la concurrence, la joie contagieuse « d'en être », …

    « L'amour est un tyran qui n'épargne personne. » , « Jamais nous ne goûtons de parfaite allégresse : Nos plus heureux succès sont mêlés de tristesse. » Le film illustre parfaitement ces citations du Cid dont il met en lumière la beauté et la poésie enchanteresses.

    La fête du cinéma, c’est l’essence même du cinéma tel qu’inventé par les frères Lumière. Il vous reste encore deux jours pour en profiter et pour découvrir Avignon. Vous l’aurez compris, je vous recommande cette pépite tendre, émouvante, délicate, ensoleillée, qui réconcilie le théâtre populaire et le théâtre classique, qui sublime les mots, le jeu, les illusions théâtrale et amoureuse, et qui donne envie de prendre immédiatement un billet direction Avignon, pour se fondre dans ce spectacle permanent à la gaieté communicative dont on ressort les yeux brillants comme ceux d'enfants émerveillés, découvrant pour la première fois le théâtre de Boulevard...ou une tragédie classique. Je vous le mets : vous ne regretterez pas le voyage !

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     La fête du cinéma 2025 est ainsi un véritable succès avec 920000 spectateurs le premier jour, prouvant ainsi l’attachement du public pour ce mélange de « vérité et de spectacle » : le cinéma en salle. Vous pouvez encore en profiter jusqu’au 2 juillet au tarif de 5 euros la séance. Comme le Printemps du Cinéma, la Fête du Cinéma est organisée par le FNCF. BNP Paribas est partenaire pour la 21ème année consécutive de ce bel évènement qui célèbre cette année ses 40 ans. Et si vous en profitiez pour découvrir Avignon et le magnifique cinéma Pathé BNP Paribas ?

    Cliquez ici pour réserver votre séance au Pathé BNP Paribas

    A propos du Cinéma Pathé BNP Paribas : complément d’information

    L’ouverture du Pathé BNP Paribas vient enrichir l’offre cinématographique du quartier de l’Opéra et de la rive droite, les spectateurs parisiens bénéficieront d’un choix plus large tant en termes de programmation de films, de confort que d’équipements innovants. En s’associant à Pathé pour la réouverture de ce cinéma emblématique, pour la première fois en France, BNP Paribas appose son nom sur ce cinéma, renforçant ainsi son engagement pour soutenir le 7ème art et permettre au public d’y avoir accès dans les meilleures conditions.

    BNP Paribas fera de ce cinéma un lieu privilégié pour accueillir ses avant-premières et ses événements exclusifs autour du cinéma à Paris, notamment des événements dédiés à la communauté de fans de cinéma welovecinema.

    En complément, les clients de BNP Paribas bénéficieront de tarifs préférentiels. BNP Paribas finance un film sur deux produits en France, soit plus de 150 films chaque année.

    Pathé est leader de l’exploitation cinématographique en France, aux Pays-Bas et en Suisse, et est également présent en Belgique et en Afrique. Pathé exploite 128 cinémas pour un total de 1 282 écrans (76 cinémas et851 écrans en France). La stratégie de montée en gamme et de modernisation des cinémas Pathé repose sur une politique active de création, de reconstruction et de rénovation ainsi qu’une innovation permanente avec les meilleures technologies, des services inédits et adaptés pour un parcours spectateur optimisé, en salles et sur le digital. Pathé est l’un des principaux producteurs et distributeurs européens de films de cinéma.

  • Le Ciné-club Barrière de retour à Deauville et à La Baule

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    Je vous parlais récemment du Plaza Cinéma Club à l'hôtel Plaza Athénée à Paris. Les hôtels parisiens ne sont cependant pas les seuls à mettre le septième art à l’honneur.  Le cinéma est également à l’honneur à Deauville et à La Baule, dans deux hôtels dont je vous ai souvent parlé ici (retrouvez ici mon dernier article sur l'hôtel Barrière L'Hermitage de La Baule).  

    Du 12 au 27 juillet, le Ciné-Club Barrière fait en effet son grand retour et vous propose une parenthèse cinématographique inédite à L'Hermitage La Baule et à L'Hôtel du Golf Deauville. Les hôtes des trois hôtels Barrière de Deauville et de La Baule pourront assister à la projection d'un film iconique, en présence d'une personnalité du cinéma. Après le triomphe de la première édition l'été dernier, le Ciné-Club Barrière revient pour la saison 2 ! En présence des plus grands noms du cinéma français, Géraldine Nakache, Julie Delpy, Pascal Elbé ou encore Hafsia Herzi, vos soirées cinéma prennent une autre dimension. À Deauville ou La Baule, installez-vous confortablement, casque sur les oreilles, coupe de champagne à la main, et profitez de soirées cinéma exclusives avec des films français cultissimes à l'affiche.

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    Après la projection, place à la rencontre. Un échange rare avec ceux qui écrivent, jouent et vivent le cinéma.

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    À L'AFFICHE

    L'Hermitage, La Baule

    12/07 : Film "Les Barbares" • En présence de Julie Delpy

    15/07 : Film "Tout ce qui brille" • En présence de Géraldine Nakache

    16/07 : Film "On est fait pour s'entendre" • En présence de Pascal Elbé

    L'Hôtel du Golf, Deauville

    25/07 : Film "Le sens de la fête" • En présence d'Olivier Nakache

    26/07 : Film "Alibi.com" • En présence de Philippe Lachaux & Elodie Fontan

    27/07 : Film "La petite dernière" • En avant-première • En présence de Hafsia Herzi


    Inscription sur place à votre arrivée, auprès de la Conciergerie de l'hôtel.

     Retrouvez, ici, mon article sur la saison 1 du ciné-club Barrière et mon avis sur l'hôtel Castel Marie-Louise.

  • Lecture – Cinéma – ANATOMIE DU CINÉMA de Frédéric Sojcher

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    « J’ai depuis toujours comme credo l’existence de vases communicants entre le passé et le présent, entre le cinéma et la vie, entre ce que l’on apprend et ce que l’on ressent. » Cette phrase extraite d'Anatomie du cinéma de Frédéric Sojcher est une de celles qui pourrait définir le mieux ce livre, et les raisons pour lesquelles cet ouvrage qui relie passé et présent, le cinéma et la vie, l’expérience personnelle et l’expérience professionnelle, la mémoire et la création, se révèle aussi personnel qu’universel, et surtout passionnant.

    Après le remarquable livre d’Olivier Rajchman, L’aventure des films, dont je vous parlais longuement, ici, le 20 avril dernier, voici un autre livre sur le cinéma que je vous recommande de lire, qui possède d’ailleurs beaucoup de vertus en commun avec le premier. Dans les deux cas, il s’agit en effet de passionnantes (et passionnées) leçons de cinéma livrées avec humilité qui jamais n’assènent des vérités, et se lisent comme des romans.

    Réaliser un film est un parcours du combattant avec ses hasards, ses obstacles et ses revirements. Un film en soi car comme le rappelle l’auteur « tout film est un prototype » et donc une aventure singulière : « Le cinéma, c’est plus que du cinéma : se distraire, avoir des émotions, être parcouru par des émois esthétiques et philosophiques…. »

    Cette « anatomie du cinéma » (qui a pour sous-titre Ce qu'il faut savoir avant de se lancer) qui lui donne chair, et en explore l’âme, est une leçon de cinéma qui ne se veut pas donneuse de leçons, se définissant ainsi comme un « antimanuel » du cinéma, à destination aussi bien des étudiants en cinéma, que des « professionnels de la profession » ou simplement de lecteurs curieux de pénétrer dans les arcanes. Là aussi, c’est toute une aventure : celle des coulisses de la création. Une création dans laquelle « Le budget détermine le projet ».

    Je vous avais déjà parlé du dernier film de Frédéric Sojcher, Le Cours de la vie, (retrouvez ma critique, à nouveau, en bas de cet article). Mais tout commença beaucoup plus tôt pour lui, dans l’enfance… C’est à 11 ans, sur un plateau de tournage que Frédéric Sojcher découvre le cinéma, comme figurant sur le film Préparez vos mouchoirs de Bertrand Blier, tourné en Belgique, pays d’origine de l’auteur de ce livre. « Être cinéaste, c’est forcer son destin. » : tels sont les mots de François Truffaut avec lequel il eut la chance d’entretenir une relation épistolaire. Peut-être pourrait-il également faire sienne cette phrase de Truffaut : « Tout ce que j'ai appris dans la vie, je le dois au cinéma. »  Ce livre démontre à quel point il a suivi ce conseil, qui est aussi désormais le sien. Il commence, à 18 ans, par réaliser un court métrage, Fumeurs de charme (1985), avec Serge Gainsbourg et Michael Lonsdale, puis une dizaine de courts métrages et cinq longs métrages dont Cinéastes à tout prix (Sélection officielle au Festival de Cannes, 2004), Hitler à Hollywood -sélectionné au festival de Venise, prix FIPRESCI à Karlo Vivary, 2011- et Le cours de la vie. Il fut également professeur en pratique de cinéma à l’Université de Paris 1 Panthéon Sorbonne où il dirige le Master en scénario, réalisation, production depuis 2005… dont je fis partie des étudiantes (de la toute première promotion !). Il est aussi l’auteur ou le coordinateur d’une trentaine de livres sur le cinéma.

    Le titre du livre se réfère au film de Justine Triet, Anatomie d’une chute. Il se divise en trois parties, et entremêle son parcours de cinéaste et de professeur, mais aussi l’histoire du cinéma, les étapes de la fabrique du film, les débats actuels et son expérience personnelle. La première partie traite de « l’Histoire « du » et histoire « de » cinéma », depuis sa naissance jusqu’à aujourd’hui. La deuxième s’attèle à décortiquer la fabrique du film, toutes les étapes de la fabrication d’un film et de la rencontre non pas avec « un » mais avec « des » publics. Et la dernière, que j’ai trouvée la plus captivante, est un « traité de survie » évoquant l’enseignement du cinéma et les débats sociétaux qui le traversent comme le combat pour une réelle égalité entre femmes et hommes, la condamnation des violences sexuelles, l’idée qu’il ne faut plus admettre aucun abus… : il évoque avec justesse et nuances les enjeux de #MeeToo, sans nier les nécessaires combats qu’il faut mener, et sans oublier non plus le sens de la nuance et de la justice.

    Ce qui marque d’abord, c’est le caractère exhaustif du livre qui n’oublie aucun aspect des rapports de force (et de passions) qui régissent le cinéma et aucun métier (jusqu’aux attachés de presse, remerciés à la fin de l’ouvrage). Sont ainsi abordés le montage, la musique (trop souvent oubliée, des critiques notamment : combien aujourd’hui encore parlent d’un film sans évoquer ce rouage essentiel ?) ou l’étalonneur (« véritable magicien ») jusqu’à l’importance de la critique et des festivals de cinéma. Il décrypte ainsi les rapports complexes entre l’art et l’argent, et démontre à quel point économie et esthétique s’imprègnent puisqu’un projet est toujours tributaire du budget qui lui sera alloué. Il n’oublie pas non plus la nouvelle donne que constituent les questions de société qui secouent actuellement le milieu du cinéma mais aussi le développement des séries et les plateformes qui modifient les rapports entre cinéastes et spectateurs.

    Frédéric Sojcher rappelle tout d’abord que le cinéma a été créé par les frères Lumière (à ce propos, retrouvez aussi, en complément,  ma critique de l’essentiel Lumière ! L’aventure continue de Thierry Frémaux) et non par Thomas Edison, version que préfèrent évidemment les Américains. Avec son kinétoscope, une seule personne pouvait visionner des images animées, et devait de surcroît tourner la manivelle d’un boitier. Avec le Cinématographe des frères Lumière, le film pouvait être projeté sur un écran, permettant ainsi d’en faire profiter un public.

    Son « antimanuel » recommande ainsi de ne pas suivre à la lettre les livres de scénario (petite parenthèse pour constater qu’actuellement fleurissent les formations payantes censées apprendre l’écriture romanesque délivrées par des auteurs…mais il me semble justement que la « recette » d’un bon livre comme d’un bon film est de ne pas suivre des schémas préétablis, même s’il reste des règles intangibles, a fortiori dans le domaine cinématographique). Sans doute le meilleur conseil est-il celui donné par François Truffaut : « Pour François Truffaut, le plus important est le début et la fin d'un film. Il faut selon lui que le récit commence avec une « accroche » afin que le spectateur ait envie de connaître la suite. Il faut qu'il finisse avec une scène forte, pour que le film continue à travailler le spectateur, une fois qu'il sortira de la salle ». Et celui de l’auteur concernant l’importance de l’enjeu : « Conflictualiser un récit, pour amener les liens de causalité qui insufflent l'intrigue. » On suivra aussi le conseil du fameux « Et si… », titre initial du Cours de la vie, prodigué dans le livre d’Alain Layrac sur l’écriture de scénario, Atelier d’écriture (dans lequel, là aussi, le scénariste entrecroise son histoire personnelle avec des conseils plus théoriques).  Frédéric Sojcher souligne ainsi que « C'est l'un des rares textes qui aborde la question du scénario sans être ni théorique ni dogmatique. » Il ajoute : « Je suis persuadé que ce que j'enseigne ne s'enseigne pas. »

    Il opère aussi une analyse très juste de la critique, déplorant les avis lapidaires et définitifs auxquels s’adonnent parfois certains : « Trop nombreux sont les critiques qui décident une fois pour toutes qui est un « bon » ou un « mauvais » cinéaste, avec une facilité déconcertante à mettre chacun d'entre eux dans une case. », « Danger de la critique quand elle devient conformiste. » Dans la vie comme au cinéma, il me semble que toute personne comme toute œuvre ne doit pas être jugée sur un moment mais dans une globalité, et pouvoir bénéficier d’une deuxième chance.

     Il rappelle aussi l’importance des festivals, et que certains grands cinéastes en furent injustement oubliés : « Tous les grands films n'ont pas été sélectionnés par les grands festivals. Claude Sautet, par exemple, ne connut que très peu de sélections et de récompenses festivalières. » Il déplore, toujours à juste titre, que les plateformes « donnent le sentiment d'être comme un client face à des produits présentés indifféremment » et la « transformation de l'œuvre singulière qu'est un film de cinéma en pur objet de consommation. »

    Il rappelle encore à quel point un film est lié à l’histoire de son auteur, et son rapport au cinéma, à la naissance de sa cinéphilie, « d’où l’on vient » : « Le paradoxe serait que c'est seulement en reconnaissant sa propre subjectivité que l'on peut tendre vers une objectivité. » Je vous parlais ailleurs (dans un post sur Instagram) de ces fameuses fiches Bristol vertes, que je retrouvai récemment, bouleversée, des fiches sur lesquelles mon père écrivait scrupuleusement tous les films que je voyais depuis l’âge de neuf ans. Ma « raison ardente », peut-être. Frédéric Sojcher en parle en effet, ainsi :  « Revenir aux fondements d'une passion pour comprendre ce qu'Apollinaire appelle la raison ardente. » Là encore, il s’appuie sur sa propre histoire, poignante, en racontant que sa grand-mère paternelle ne vivait qu'à travers les films, ayant perdu son mari décédé à Auschwitz et ne l’ayant pas su tout de suite.

    Il relate aussi les travers du milieu du cinéma avec beaucoup de franchise et de lucidité :  « Le cinéma, c'est aussi le bal des hypocrites. Le traité de survie demande de les circonscrire ou de les ignorer. » « Le traité de survie consiste à toujours repartir au combat. » Il n’en tire pas un constat amer mais, au contraire, il transmet l’énergie nécessaire pour « repartir au combat », pour se/les surpasser pour que les projets aboutissent. Les raisons invoquées pour lui refuser une aide par la Commission du film belge, après examen d’une troisième version du scénario du Cours de la vie, sont ainsi particulièrement parlantes et, nous l'imaginons aisément, blessantes pour le réalisateur et le scénariste Alain Layrac quand on sait à quel point ce film était lié à son histoire personnelle « car l’histoire de la mort de Noémie…c’était la reproduction de la mort de son frère à lui…qui l’avait dévastée quand il était jeune » (à qui le film était dédié) : « Les membres comprennent mal la raison de la rupture ou le rapport avec la mort du frère de Noémie ».

    Le cinéma est aussi affaire de renoncements, aussi douloureux soient-ils, de contournements, de liens fragiles aussi (entre acteurs et réalisateurs, réalisateurs et scénaristes quand ils diffèrent, financiers et créateurs…). Tout est jeu et enjeu de pouvoir. L’humain est au centre de cet art collectif, avec ses contradictions, ses ambitions, ses petitesses et ses grandeurs. Chacun de ses projets qui illustre le livre en est le révélateur : de sa rencontre avec Vladimir Cosma, à l’influence...positive puis négative de Jacqueline Aubenas, son expérience de cinéma tristement rocambolesque sur son film Regarde-moi, à l’histoire du tournage de son long-métrage Le Cours de la vie, son lien avec Bertrand Tavernier, au passage sans doute un des cinéphiles les plus érudits et passionnants en plus d’avoir été un grand cinéaste.

    Avec un humour certain, et une détermination sans faille, Frédéric Sojcher nous entraîne jusque dans les aspects les plus tragiques de son histoire comme le viol dont il fut victime lorsqu’il était enfant. Mais ce ne sont pas les ombres mais les lueurs (d'espoir, de passion) qui ressortent de ce livre comme les lettres, remplies d’émotions communicatives, qu’il adresse à la fin, notamment à sa compagne Dina Neves qui fut costumière sur son dernier long métrage, Le Cours de la vie : « C’est grâce à toi Dina que je sais à quel point personne n’a à se sentir supérieur à quiconque. ». Son livre est celui d’un réalisateur et d’un passeur (d’émotions, d’expériences).

    Nombreux sont les défis qui attendent aujourd’hui le cinéma : la survie des salles face aux plateformes, la nouvelle menace que peut constituer l’Intelligence Artificielle pour les créateurs, le respect de l’autre qui fut trop souvent négligé symbolisé par #MeToo… L’œuvre achevée est le fruit d’une alchimie fragile, de compromis nécessaires, de rapports de forces, mais avant tout de la passion et de la détermination de celui qui en est l’initiateur. Lorsque toutes ces conditions sont réunies, émerge ce petit miracle qu’est un film réussi. La passion et la détermination : c’est ce qu’exhale ce livre qui, dans ses dernières pages, laisse l’émotion affleurer et nous emporter. Il témoigne avant tout du respect et de l’admiration de son auteur pour ceux qui font le cinéma. Ce livre est ainsi autant l’anatomie du cinéma que le portrait de ce dernier. Et comme pour un film, c’est cette alchimie fragile et réussie qui permet que la magie opère.

    Je termine avec le conseil qui clôt le livre et qui résume magnifiquement le parcours semé de mésaventures et de rencontres de Frédéric Sojcher : « Ce qu’il faut savoir avant de se lancer ? Tenir. »

    Anatomie du cinéma – Editions Nouveau Monde (nouveau-monde.net)

    Critique - LE COURS DE LA VIE de Frédéric Sojcher

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    Dans On connaît la chanson d’Alain Resnais, dont Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri ont signé le (si inventif) scénario, dans le dernier acte, à l’occasion d’une fête, tous les protagonistes sont réunis, et chaque personnage laisse tomber son masque, de fierté ou de gaieté feinte. Dans l’appartement dans lequel a eu lieu cette fête, ne reste qu’un sol jonché de bouteilles et d'assiettes vides, le lieu comme les personnages alors débarrassés du souci des apparences, et du rangement (de tout et chacun dans une case). Les personnages d'On connaît la chanson sont ainsi avant tout seuls, enfermés dans leurs images, leurs solitudes, leur inaptitude à communiquer, et les chansons leur permettent souvent de révéler leurs vérités, personnalités ou désirs masqués, tout en ayant souvent un effet tendrement comique. La séquence finale se termine cependant ensuite par une pirouette, toute l’élégance de Resnais et de ses scénaristes figurant là, dans cette dernière phrase qui nous laisse avec un sourire, et l’envie de saisir l’existence avec légèreté. C’est avec ce même sentiment que j’ai quitté, bouleversée, les personnages du film de Frédéric Sojcher (qui eux ne communiquent pas par chansons interposées mais par leçon de scénario interposée), celui de vouloir embrasser (et scénariser) chaque parcelle de seconde de l’existence.

    Ce début d’année 2023 n’a pourtant pas été avare en (excellents) films sur le cinéma : Empire of light de Sam Mendes, la fresque foisonnante de Damien Chazelle, Babylon, mais surtout The Fabelmans de Steven Spielberg. Ce dernier, en plus d’être une ode à la magie du cinéma qui éclaire et sublime la réalité (à l’image de cette hypnotique danse à la lueur des phares qu’il met en scène), démontre le pouvoir cathartique de l’art. Un film mélancolique et flamboyant, intime et universel. Le cours de la vie de Frédéric Sojcher, cette quatrième déclaration d’amour cinématographique de l’année au septième art, contre toute apparence, ne manque pas de points communs avec la nouvelle œuvre de Spielberg. Dans l’un comme dans l’autre film, le cinéma est un pansement sur les plaies béantes de l’existence et de l’âme. L’un et l’autre sont aussi de remarquables mises en abyme, à la fois intimes et universelles. Je précise en préambule que c’est même une double mise en abyme me concernant, ayant fait partie de la première promotion du Master 2 Scénario, réalisation, production que Frédéric Sojcher a initiée et dirige toujours à la Sorbonne, et ayant suivi ses cours à Rennes puis à Paris. À son actif également : cinq longs métrages, trois fictions et deux documentaires.

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    Dans son indispensable livre sur le scénario Atelier d’écriture (publié dans la collection que dirige Frédéric Sojcher aux éditions Hémisphères, réédité ce mois-ci avec une nouvelle couverture), le scénariste du Cours de la vie, Alain Layrac, recommande Martin Eden, le roman de Jack London qui, selon lui, « décrit mieux qu’aucun autre livre ce sentiment euphorisant et éphémère de la satisfaction du travail d’écriture accompli. » C’est en effet un -sublime- roman (que je vous recommande au passage) qui entrelace la fièvre créatrice et amoureuse qui emprisonnent, aveuglent et libèrent. Un entrelacs que l’on retrouve aussi dans Le cours de la vie. Ce sont deux livres dont les souvenirs, puissants, ne m’ont pas quittée, même des années après leur lecture. Les mots du livre d’Alain Layrac m’ont ainsi accompagnée après sa lecture en 2017 (une amie que je ne remercierai jamais assez avait eu la bonne idée de me l’offrir), et aujourd’hui encore, comme cela peut être le cas pour les personnages d’un roman ou d’un film, ils continuent à vivre avec moi, intégrés à ma propre histoire. Et puis le livre avait pour couverture initiale une image du film Les choses de la vie de Claude Sautet, c’était forcément déjà une belle promesse. Au-delà de ses excellents conseils d’écriture, de ce livre je garde en mémoire des passages particulièrement forts qui ont d’ailleurs donné lieu à des scènes très émouvantes dans le film de Frédéric Sojcher mais aussi des phrases qui font particulièrement écho comme cette phrase d’Harold Mac Millan : « On devrait utiliser le passé comme trempoline et non comme sofa. » Ou encore cette citation de l’auteur : « Tant que j’aurai l’envie de raconter une histoire, je resterai vivant. »

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    Si, en apparence, adapter un essai en scénario peut sembler improbable, j’espère que cette introduction lèvera vos doutes à ce sujet. Il ne s’agit d’ailleurs pas seulement d’un essai. Sans doute ce livre aurait-il déjà pu s’appeler Le cours de la vie… L’affiche (très réussie) du film, en écho au double sens du titre, donne le ton et évoque ainsi déjà judicieusement cette mise en abyme mais aussi la nostalgie dont est empreint le long-métrage.

     Le film se déroule ainsi sur une journée de masterclass d’une scénariste dans une école de cinéma. Le scénario du film applique la célèbre règle des trois unités : unité de lieu, de temps et d’action.  Noémie (Agnès Jaoui) retrouve Vincent (Joanthan Zaccaï), son amour de jeunesse, dans l'école de cinéma de Toulouse dont il est désormais directeur pour y donner une masterclass, à l’invitation de ce dernier. Et si Noémie ne donnait pas seulement une masterclass pour les étudiants de l’école mais s’adressait aussi à quelqu’un en particulier ?   Et si… C’est ainsi la formule magique du scénariste selon Alain Layrac (que Noémie enseigne à ses élèves), celle qui permet de démarrer toute histoire.

     Être auteur, n’est-ce pas aussi être le scénariste de sa propre vie, entremêler sans cesse fiction et réalité, faire de sa vie le matériau de sa fiction, et instiller du romanesque dans sa vie ? En écrivant pour tous, n'écrit-on pas toujours pour une seule personne en particulier ? Noémie se livre ainsi à travers sa leçon de scénario qui va influer sur le cours de la vie (estudiantine et personnelle) de ses étudiants mais aussi sur celui de sa propre histoire. La masterclass va aussi transformer la vie des étudiants mais aussi celles de la scénariste et du directeur d’école et ainsi leur donner l’occasion à l’un et l’autre de revenir sur ce passé qui n’a jamais cessé de les habiter, et qui est resté en suspens. La salle de cours va devenir un antre dont le cadre protecteur et où le prisme du cours permettront de dire des vérités indicibles à la lumière crue de l’extérieur, comme la salle de cinéma dans laquelle chacun est à l’abri des tumultes du monde.

    Jonathan Zaccaï est parfait dans le rôle de Vincent, directeur d’école aussi réservé et maladroit que son écharpe (rouge) est voyante. Géraldine Nakache interprète elle aussi avec beaucoup de nuances et sensibilité un magnifique personnage en retrait mais essentiel, celui de la belle-soeur de Vincent, sorte de double du spectateur, puisqu’elle est la régisseuse de l’école de cinéma, et voit tout par le prisme de l’écran, mais aussi double de Noémie, ayant vécu comme elle un drame qui a changé le cours de sa vie.  Agnès Jaoui est successivement drôle, touchante, bouleversante, mais toujours charismatique dans ce magnifique rôle de femme qui semble écrit pour elle tant elle rayonne, convoquant des images puissantes par la « simple » force de ses mots et de son interprétation, comme lors de ce sublime monologue au sujet de son frère ou lors de l’évocation d’un cœur en plastique de fête foraine qui ne s’est jamais dégonflé pendant 30 ans.

    Grâce à un dispositif ingénieux de réalisation et de montage et au travail du chef opérateur Lubomir Bakchev, les scènes de masterclass (filmées à plusieurs caméras et par le recours au flou, à des recadrages brusques...) ne sont jamais ennuyeuses ou didactiques mais toujours vivantes et rythmées.

    Le film est certes un coup de projecteur sur le magnifique métier de scénariste mais aussi sur le rôle essentiel du compositeur, le troisième auteur du film. Il met en exergue le rôle primordial de la musique de film, que celle-ci exacerbe ou accompagne ou même suscite une émotion. Ainsi, aucun des extraits de films choisis par Noémie pour illustrer sa leçon de scénario n’est visible par le spectateur. Nous les « voyons » alors à travers le regard des étudiants mais surtout nous les entendons. Merveilleuse idée (même si elle fut au départ en partie dictée par des raisons budgétaires) qui nous plonge dans l’univers des films grâce aux inoubliables musiques de Vladimir Cosma. Le compositeur a ainsi accepté que Frédéric Sojcher choisisse dans le catalogue de musiques qu’il a créées pour d’autres films. En plus de ces musiques préexistantes, Vladimir Cosma (dont je vous avait dit à quel point son concert au Festival du Cinéma et Musique de Film de la Baule en 2017 était inoubliable, l’occasion d’entendre la musique de La septième cible,  La Boum, Les  Aventures de Rabbi Jacob, La Chèvre et tant d'autres, jouées par un orchestre symphonique) a aussi composé ici un morceau et une chanson originale que l’on entend au générique  et dans la cour de l’école, quand les étudiants autour de l’arbre entament les paroles d’un refrain : Et si…, une chanson pour laquelle Vladimir Cosma a travaillé avec le parolier Jean-Pierre Lang.

    « La qualité d’un scénariste, ce n’est pas tant l’imagination que le sens de l’observation des autres et de soi-même. Il faut aimer les personnages, leurs défauts, leurs faiblesses ,comme leurs qualités, peut-être même encore plus leurs défauts » rappelle ainsi Noémie à ses étudiants. Une leçon de scénario est finalement une leçon de vie, comme ce film qui nous invite à regarder (les images, les autres, l’existence) plus intensément. Un cours sur la vie autant qu’un cours de cinéma.  

    Cette journée est pour Noémie une parenthèse après laquelle en apparence rien n’a changé et après laquelle rien ne serait tout à fait pareil. Comme pour le spectateur, après ce vibrant hommage au cinéma savoureusement anticonformiste (adapter un essai sur le scénario et faire d'une masterclass le cadre des 3/4 d'un film, il fallait oser, et pourtant cela fonctionne incroyablement grâce...au scénario, mais aussi à la réalisation, constamment en mouvement). Et puis cette fin, inattendue et poignante, est une de celles que je n’oublierai pas, qui continuera à m’accompagner comme Martin Eden et le livre d’Alain Layrac. Elle m’a fait penser au fameux « Brûle la lettre » des Choses de la vie (on y revient) qui ne cesse de résonner dans mon esprit comme une ultime dissonance. Un hommage au cinéma, au métier de scénariste, à la musique de film, mais aussi au pouvoir des mots.

    Ceux qui auront connu la peine ineffable d’un deuil insurmontable en seront d’autant plus émus, tant le sujet, à travers deux magnifiques personnages de femmes, est traité avec délicatesse et poésie.  Une magnifique histoire d’amour, teintée d’humour et de mélancolie, qui entremêle sens de l'existence et du cinéma et qui nous invite à mieux regarder l’une et l’autre, mais aussi à nous laisser emporter par le tourbillon de la vie, à l'unisson de ce magnifique plan, lorsque la caméra virevolte autour d’un arbre, sublimé par la musique de Vladimir Cosma*.

    « Tant que j’aurai envie de raconter une histoire, je serai vivant. »  Ce film nous conforte dans l’idée que raconter des histoires n’est pas une manière de fuir la vie mais de l’exalter, l’adoucir, la sublimer, la regarder passionnément, la savourer plus intensément.  La force des histoires, des mots, du montage, de la musique prennent ici tout leur sens, si noble, en résonance avec nos fêlures, nos regrets, nos rêves, nos espérances, nos sentiments enfouis, jusqu’à, peut-être, modifier le cours de notre vie. Bref, une démonstration implacable et passionnante de la puissance du cinéma, des personnages quand ils sont comme ici "uniques et universels", et évidemment du scénario.

    Le cours de la vie a reçu le Prix Cineuropa et le Prix RTBF au Love International Film Festival de Mons

     

     

     
     

     

  • Salon du livre de Saint-Germain-des-Prés DES PAGES AVANT LA PLAGE :

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    Avant de revenir à l'actualité cinématographique, je fais une petite incursion dans l'autre domaine qui m'est cher, la littérature, pour vous parler d'un formidable évènement qui aura lieu la semaine prochaine, à Saint-Germain-des-Prés.

    Ce quartier, c'est celui où, en un instant d'éblouissement, dans un envol enivrant d'illusions, se dissolvent les chagrins glaçants et naissent les élans fiévreux. 
     
    C'est celui qui me donne l'impression de vivre dans un décor de cinéma, de mon cinéaste préféré : celui dans les films duquel les vitres des brasseries sont battues par la pluie pour mieux s'y réfugier, parler, quereller, et aimer. 
     
    C'est celui du Marchand de masques et de la place la plus charmante de Paris avec son banc du Temps de l'innocence, lieux emblématiques de mon roman La Symphonie des rêves
     
    C'est celui où mon âme incurablement romanesque, même ébréchée, finit toujours par trouver des interstices de rêves pour se faufiler hors de la réalité. 
     
    C'est celui de la littérature, et de la rue Saint-Benoît, d'une certaine Marguerite pour qui "Écrire, c'est hurler sans bruit" (tellement).
     
    C'est celui des allées du Luxembourg, antre protecteur où s'esquissent en cadences indociles les songes languissants des passants insaisissables (et les allitérations en s).
     
    C'est celui dans lequel rien ne semble impossible (et le redeviendra sitôt le Pont des arts franchi).
     
    C'est celui où, quand le présent se fait trop sombre, des projets insensés finissent toujours par éclore et éclairer l'avenir. 
     
    C'est celui où bat le cœur de Paris, de la littérature et des habitants tel qu'il le devrait toujours. Passionnément. Éperdument. 
     
    C'est celui où devait forcément avoir lieu un festival littéraire. 
     
    Alors que j'ai initié récemment mes "chroniques germanopratines" ( à retrouver sur mon compte Instagram),  je ne pouvais  pas ne pas vous parler de ce Salon du Livre de  Saint-Germain-des-Prés, Des Pages avant la plage, fondé par Carole Fernandez, dont la deuxième édition aura lieu les 28 et 29 juin, autour de la place Saint-Germain-des-Prés. 
     
    Au programme : des rencontres, une dictée géante, un atelier d'écriture. 
     
    Un festival en partenariat avec ma librairie fétiche, l'Ecume des pages (entre les rayons de laquelle vous pouvez rêver jusqu'à une heure tardive -la librairie est ouverte tard le soir-, plaisir indicible de lecteur).