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IN THE MOOD FOR NEWS (actualité cinématographique)

  • Présentation du Ciné-Club Barrière et mon avis sur l'hôtel Castel Marie-Louise de La Baule

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    « Seule la musique est à hauteur de la mer. » Albert Camus

     Le 10ème Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule (que je vous présente, ici, et dont vous pourrez prochainement lire mon compte-rendu, - en attendant, vous pouvez toujours lire mon compte-rendu de la 9ème édition- ) et la séance de dédicaces de mon roman La Symphonie des rêves au cinéma Le Gulf Stream puis à la Maison de la Presse de La Baule (un roman dont l'intrigue se déroule en partie dans le cadre du festival précité mais aussi à l'hôtel Barrière l'Hermitage de La Baule) fut pour moi l’occasion de séjourner pour la deuxième année consécutive à l'hôtel Barrière, membre Relais & Châteaux, le Castel Marie-Louise, et donc de profiter de ces deux bonheurs inestimables si bien définis par Camus, la musique et la mer, le tout dans un cadre idyllique.

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    Photos ci-dessous, à l'hôtel Barrière l'Hermitage de La Baule.

    C'est aussi pour moi l'occasion de vous parler de cette formidable idée du Groupe Barrière, un Ciné-club dans les établissements Barrière de La Baule et Deauville, du 6 au 17 juillet. Avant de vous faire découvrir la romantique maison de famille qu'est le Castel Marie-Louise de La Baule, je vous présente le programme de ce nouveau ciné-club.

    PRESENTATION DU CINE-CLUB BARRIERE

    Nous savions déjà la place d'importance que le groupe accordait au cinéma, indissociable de festivals dont il est partenaire comme le Festival du Cinéma Américain de Deauville, qui célèbrera ses 50 ans en septembre prochain. Ce Ciné-Club, idée novatrice pour le groupe hôtelier, ravira les amoureux du cinéma mais aussi les rêveurs qu'il plongera dans une délicieuse mise en abyme... comme un écho à l' "atmosphère, atmosphère" de ces établissements qui sont déjà de véritables invitations à l'évasion. De délicieux ailleurs.

    Ce Ciné-Club a ainsi été créé par le Groupe Barrière en collaboration avec MK2. Une balade cinématographique au sein de ses établissements de Deauville et La Baule. Du 6 au 17 juillet, la maison Barrière dévoile ainsi une série de films en plein air, hommage à son amour pour le cinéma. Imaginé en collaboration avec MK2, le Ciné-Club Barrière propose 10 projections en plein air de films français cultes dans ses hôtels de Deauville et à l'hôtel Royal la Baule et une rencontre exceptionnelle avec l’un des talents du film accompagne l’expérience. Durant chaque séance, réalisateurs ou acteurs partageront leur passion pour le cinéma et permettront aux amoureux du 7ème art d’échanger avec ces figures du milieu. Claude Lelouch, Guillaume Canet ou encore Elie Semoun viendront à la rencontre des hôtes Barrière pour un moment inoubliable. Côté réjouissances au programme, l’offre culinaire rassemblera un florilège de gourmandises et confiseries, mais aussi un bar à champagne Perrier-Jouët. Sans oublier des goodies et l’incontournable machine à pop-corn pour ravir petits et grands.

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    Le 6 juillet, vous aurez ainsi le privilège de redécouvrir le chef-d’œuvre de Claude Lelouch, Un homme et une femme, dans le cadre somptueux du Normandy de Deauville. Quelle joie de pouvoir redécouvrir ce film en un lieu qu'il a immortalisé, et même rendu immortel et mondialement célèbre ! Comment ne pas succomber une fois de plus au charme incomparable du couple Anouk Aimée/ Jean-Louis Trintignant, au charme de leurs voix, notamment quand Jean-Louis Trintignant prononce "Montmartre 1540", au  charme et la maladresse des premiers instants cruciaux d'une histoire d'amour quand le moindre geste, la moindre parole peuvent tout briser. Comment ne pas succomber devant ces plans fixes, de Jean-Louis dans sa Ford Mustang (véritable personnage du film), notamment lorsqu'il prépare ce qu'il dira à Anne après avoir reçu son télégramme. Et puis ces plans qui encerclent les visages et en capturent la moindre émotion. Ce plan de cet homme avec son chien qui marche dans la brume et qui fait penser à Giacometti (pour Jean-Louis). Tant d'autres encore... Je vous en avais notamment longuement parlé lors de la mémorable projection cannoise du film de Claude Lelouch, Les plus belles années d'une vie, ici.

    Je vous laisse découvrir l’enthousiasmant programme de ce ciné-club  et je vous recommande notamment Je l’aimais de Zabou Breitman, en sa présence, à (re)découvrir au Royal de La Baule, le 13 juillet. Un film dont je vous propose ma critique en bas de cet article.

    La programmation du Ciné-Club Barrière :

    Deauville

    Samedi 6 juillet

    L’hôtel le Normandy

    Film “Un Homme et une femme” de Claude Lelouch

    En présence de Claude Lelouch

    Dimanche 7 juillet

    L’hôtel le Normandy

    Film “Jappeloup” de Christian Dugay

    En présence de

    Guillaume Canet

    Lundi 8 juillet

    L’hôtel du golf Deauville

    Film “Les petits princes” de Vianney Lebasque

    En présence de Vianney Lebasque et Paul Bartel

    Mardi 9 juillet

    L’hôtel du golf Deauville

    Film “La tête de maman” de Carine Tardieu

    En présence de Carine Tardieu

    Mercredi 10 juillet

    L’hôtel du golf Deauville

    Film “Incognito” de Eric Lavaine

    En présence de Eric Lavaine et Anne Marivin

    Jeudi 11 juillet

    L’hôtel du golf Deauville

    Film “Ducobu 3” de Elie Semoun

    En présence de Elie Semoun

    La Baule

    13 juillet

    L’hôtel Royal La Baule

    Film “je l’aimais” de Zabou Breitman

    En présence de Zabou Breitman

    Lundi 15 juillet

    L’hôtel Royal La Baule

    Film “Prête moi ta main” de Eric Lartigau En présence de Eric Lartigau

    Mardi 16 juillet

    L’hôtel Royal La Baule

    Film “Notre dame” de Valérie Donzelli

    En présence de Valérie Donzelli

    Mercredi 17 juillet

    L’hôtel Royal La Baule Film “LOL” de Lisa Azuelos

    En présence de Jérémy Kapone

    MON AVIS SUR L'HÔTEL CASTEL MARIE-LOUISE

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    Je vous avais également déjà vivement recommandé l’hôtel Royal Thalasso Barrière de La Baule qui demeure pour moi le meilleur hôtel de la Côte Atlantique (retrouvez mon article ici). Mais aussi bien sûr l'Hermitage, ici.

    Le Castel Marie-Louise, hôtel d’un charme rare et unique, est un manoir du 19ème siècle édifié pour l’amour d’une femme, un romantisme auquel il doit son histoire (que les équipes de l’hôtel nous rappellent avec passion) que dégage toujours ce lieu, intime, raffiné, élégant, chaleureux. Cette grande villa Belle Epoque prône et représente tout l’art de vivre à la française. L’hôtel a donc ouvert sous l’impulsion de François André, alors co-dirigeant de la Société des hôtels et casinos de Deauville, qui souhaitait développer le tourisme de plaisance autour de La Baule-Escoublac. Il racheta la villa la Garidelle qu’il renomma Castel Marie-Louise (le prénom de sa femme) et ouvrit l’établissement en 1927. Cette demeure fut un temps la maison de vacances de Lucien Barriere.

    Le grand atout du Castel Marie-Louise est indéniablement l’accueil, d’une affabilité rare, particulièrement prévenant, des réceptionnistes aux femmes de chambres, en passant par les équipes du restaurant, tous aux petits soins pour la clientèle, devançant vos moindres demandes. L'hôtel se définit comme une  maison de famille. Ce qu'il donne vraiment la sensation d'être. Dès l'arrivée, l'accueil est particulièrement prévenant, et l'impression de quiétude qui émane des somptueux jardins face à la splendide plage de La Baule vous enveloppe de sa sérénité... qui ne vous quittera pas jusqu'au départ.

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    Situé dans un splendide parc arboré, incitant à la quiétude, appartenant au Groupe Barrière mais aussi membre des Relais & Châteaux, le Castel Marie-Louise, véritable institution de La Baule trône en front de mer, au milieu des Pins, entre le Royal Thalasso et l’Hermitage, et juste face à la mirifique plage de La Baule

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    A deux pas se situent les restaurants du groupe Barrière, Le Ponton (photos ci-dessous, notamment des profiteroles…les meilleures qu’il m’ait été donné de déguster !), Le Fouquet’s  et l’Eden Beach, trois établissements que je vous recommande également sans réserves.

     

    Le Castel Marie-Louise, d’un charme et d’une élégance indéniables, est composé de 29 chambres et de 2 suites au luxe discret et raffiné, au cœur d’un parc fleuri, face à la resplendissante Baie de La Baule et à 15 minutes à pied du centre et juste à côté de la galerie marchande du casino. La mienne disposait d'une vue à couper le souffle sur la Baie de La Baule, de larges baies qui là aussi invitaient à la quiétude, et de tous ces petits plus qui font le luxe et l'âme d'un établissement : produits Fragonard dans la salle de bain etc. 

    Installé dans un manoir Belle Epoque, l’hôtel est incontestablement le lieu idéal pour un séjour romantique ou pour se détendre et se reposer (des transats installés dans le jardin vous y invitent et incitent fortement). C’est aussi le lieu de villégiature idéal pour profiter des multiples attraits de La Baule mais aussi des stations avoisinantes : Pornichet, Le Pouliguen, Le Croisic etc.

    Je vous recommande les chambres avec terrasses et balcons avec vue sur l’océan Atlantique, mais aussi les chambres Deluxe, chaleureuses et romantiques, des cocons princiers et réconfortants à l’abri des vicissitudes de l’existence.

    Vous y retrouverez la décoration du célèbre architecte et décorateur français Jacques Garcia, indissociable des hôtels Barrière (même si les rénovations récentes des autres établissements sont l’œuvre d’autres décorateurs) avec tissus fleuris et meubles de style, lit king size et balcon ouvert sur l’océan ou la pinède. Les 31 Chambres et Suites du Castel Marie-Louise invitent ainsi au romantisme dans ce ravissant manoir de La Baule.

    L’hôtel est aussi réputé pour son restaurant gastronomique qui mêle produits du terroir et originalité. Le 1er juillet 2022, Jérémy Coirier a ainsi succédé au Chef Éric Mignard qui a pris une retraite bien méritée après 37 années passées au Castel Marie-Louise. Le chef s’est formé dans des établissements renommés 1 et 2 étoiles Michelin (le domaine de Rochevilaine, le domaine de La Bretesche, Anne-de-Bretagne). Son parcours l’a aussi amené au sein de maisons prestigieuses telles qu’Anne de Bretagne à la Plaine-sur-Mer (2 étoiles Michelin) ou encore à la Butte à Plouider (1 étoile Michelin), avant de rejoindre le Chef Éric Mignard et les équipes du Castel Marie-Louise en 2016. Il propose une cuisine généreuse, de terroir, inventive, traditionnelle et moderne à la fois en travaillant main dans la main avec les fournisseurs de la presqu’île, pour dénicher des produits de qualité : les pigeons de Mesquer, les fruits de mer de nos côtes (langoustines, des coques, des homards bleus…), les poules Coucous de Rennes… Très engagé face aux enjeux de la préservation des ressources marines, Jérémy signe en 2020 la charte du restaurateur Ethic Océan. Le restaurant  du Castel Marie Louise est ouvert le mercredi, le jeudi, le vendredi et le samedi soir ainsi que le dimanche midi et soir.

    Si je n’ai pas encore testé le restaurant gastronomique du Castel Marie-Louise, j’ai en revanche eu le plaisir de déguster le pantagruélique petit déjeuner auquel il ne manque rien : fruits frais, jus de fruits, crêpes, gâteaux maisons, œufs brouillés, excellentes viennoiseries… Le tout face au parc et à l’océan. Un délicieux ailleurs… là aussi avec un service particulièrement attentif et souriant.

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    L’hôtel possède également trois salles de réunion parfaitement équipées et pouvant accueillir de 5 à 60 personnes.

    Sachez que vous pourrez aussi profiter de toutes les activités du resort : prêt de vélo, golf, programme Kids Barrière, équitation, casino (juste à côté), Spa Diane Barrière à l’Hermitage, tennis, Thalasso de l’hôtel Barrière Le Royal…

    Vous l’aurez compris, je vous recommande vivement cet établissement, encore une fois pour l’accueil réellement exceptionnel (un remerciement tout particulier aux équipes de la réception et à son directeur, Thomas Chalet, pour l’accueil personnalisé, professionnel et chaleureux, mais aussi à la responsable hébergement Anne-Françoise Dromard, ainsi qu'à tous leurs collaborateurs), les chambres cosy, romantiques et raffinées qui vous immergent dans un havre de paix et vous contaminent délicieusement de leur onde de bien-être, le splendide jardin arboré avec ses transats particulièrement confortables qui invitent au farniente, la vue à couper le souffle sur la baie de La Baule depuis les chambres vue mer, la proximité de la plage et du centre, et les nombreuses offres gastronomiques du resort et notamment Le Fouquet’s, que je vous recommande tout particulièrement, mais aussi les offres de loisirs des hôtels attenants comme les splendides piscines du Royal et de l'Hermitage. Si vous voulez profiter de la splendide station de La Baule et si vous avez besoin de vous évader, de respirer l’air revigorant de l’Atlantique et de larguer les amarres, ne cherchez plus : le cadre romantique du Castel Marie-Louise vous donnera entièrement satisfaction. Vous y serez royalement accueillis, et n'aurez qu'une envie : y revenir au plus vite !

    Et pour terminer comme j’ai commencé, par une citation d’Albert Camus :

    « Il lui fallait s’enfance dans la mer chaude, se perdre pour se retrouver, nager dans la lune et la tiédeur pour que se taise ce qui restait en lui du passé et que naisse le chant profond de son bonheur. » Albert Camus (Vue ci-dessous depuis l’hôtel Barrière L’Hermitage).

    Pour d’autres photos et vidéos inédites du Castel Marie-Louise et des autres établissements Barrière de La Baule, rendez-vous sur mes comptes Instagram @Sandra_Meziere et @leshotelsdeluxe.

     

    Critique de JE L'AIMAIS de Zabou Breitman

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    Synopsis : En une nuit, dans un chalet, Pierre (Daniel Auteuil) va partager avec sa belle-fille Chloé (Florence Loiret-Caille, que vous avez pu voir dans l’excellent film  J’attends quelqu’un   de Jérôme Bonnell) , ce grand secret qui le hante depuis vingt ans, celui qui le mit face à lui-même, à ses contradictions et à ses choix, à son rôle d’homme et à ses manques. Le secret de cet amour pour Mathilde (Marie-Josée Croze) pour lequel il n’a pas tout abandonné, choisissant une route plus sûre et plus connue. En une nuit nous saurons la vie d’un homme qui n’osa pas…

    L’histoire pourrait tenir en une ligne : un homme qui, en voyage d’affaires à Hong Kong,  tombe amoureux d’une femme qui devient sa maîtresse et, malgré tout l’amour qu’il porte à cette dernière, reste avec sa femme. Mais c’est là ce qui fait la force de cette adaptation : ni une ligne, ni plusieurs ne peuvent résumer tout ce que Zabou Breitman parvient à faire passer dans un plan, à tout ce que Daniel Auteuil et Marie-Josée Croze parviennent à faire passer dans un geste, un regard, procurant un caractère universel et intemporel à leur histoire, et aux choix auxquels ils sont confrontés.

    Plutôt que d’employer des envolées lyriques, des mouvements de caméra grandiloquents ou fantaisistes, Zabou Breitman a choisi la simplicité dans sa réalisation, qui convient  à ces personnages, finalement prisonniers des conventions, malgré cette parenthèse enchantée, mais dont le choix de la narration, la structure en flash-back, et même ce chalet isolé où ce secret est révélé, reflètent judicieusement le caractère secret de leur liaison. Sa caméra est toujours au plus près des regards, souvent troublés, vacillant parfois comme eux, au plus près des battements de cœur, à l’écoute du moindre frémissement, nous faisant trembler à l’unisson.  Grâce à de subtiles transitions parfois saupoudrées de cette fantaisie poétique qui la caractérise aussi, Zabou Breitman passe du passé au présent, accentuant notre curiosité et la résonance entre les deux histoires.

    On dit qu’il existe deux sortes de films : ceux qui vous racontent une histoire, ceux qui vous présentent des personnages. Et ici c’est dans le personnage de Daniel Auteuil, mais aussi, dans celui de Marie-Josée Croze que ce film trouve toute sa force et sa singularité. Malgré tous les rôles  marquants qu’il a incarnés, au bout de quelques minutes, nous oublions Daniel Auteuil pour ne plus voir que Pierre, cet homme, comme tant d’autres, qui survit plus qu’il ne vit, dévoué à son travail, cet homme, comme tant d’autres, dont la femme vit avec lui plus par habitude et par confort  que par amour, un amour dont on se demande s’il a un jour existé : les scènes avec son épouse Suzanne (excellente Christiane Millet) sont d’ailleurs particulièrement réussies, révélant toute l’horreur et la médiocrité de l’habitude.  Cet homme qui apparaît froid, conventionnel, enfermé dans ses conventions sociales même, dont le récit de cette passion fugace éclaire la personnalité, révèle progressivement son humanité. Cet homme qui devient vivant, beau, intéressant, sans être spirituel (ne sachant guère lui dire autre chose que « tu es belle »), dans le regard de Mathilde et dans celui que lui porte la caméra de Zabou Breitman, toujours subtilement placée, à la juste distance : comme dans cette scène où ils se retrouvent, pour la première fois, dans un bar d’hôtel, scène où passent toutes les émotions (le malaise, le bonheur, le trouble) d’un amour naissant sous nos yeux. Une scène magique et magistrale. Par la seule force de l’interprétation, l’éloquence des silences. Et de la réalisation qui les met sur un pied d’égalité, pareillement emportés, et nous place comme les témoins involontaires de leur rencontre, nous donnant l’impression d’être nous aussi dans ce bar, n’osant bouger et respirer de peur de briser cet instant fragile et envoûtant.

    Ce rôle d’un homme « lost in translation » (et qui n’est d’ailleurs pas, aussi, sans rappeler le film éponyme de Sofia Coppola) est à mi-chemin entre celui qu’il interprétait dans les deux films de Claude Sautet : Quelques jours avec moi et Un cœur en hiver, dont les deux titres pourraient d’ailleurs également s’appliquer au film de Zabou Breitman dont la sensibilité n’est pas totalement étrangère à cette de Claude Sautet.

    Quant à Marie-Josée Croze, elle illumine le film de sa rayonnante présence, incarnant magnifiquement  ce personnage insaisissable et indépendant, cet amour éphémère et fantasmé qui s’écroule lorsqu’il est rattrapé par la réalité.

    Fuir le bonheur de peur qu’il ne se sauve ? Fuir son simulacre de peur que la vie ne se sauve ? Fuir une réalité médiocre et confortable pour un rêve éveillé et incertain ? A-t-on le droit de se tromper ? Ne vaut-il mieux pas faire un choix, même mauvais, plutôt que d’éluder le choix ? Le renoncement, le sacrifice sont-ils des actes de courage ou de lâcheté ? Autant de questions que chacun peut se poser…et qui résonnent bien après le générique de fin.

    Un film empreint de nostalgie qui se termine sur une note d’espoir. Un film lumineux et mélancolique qui nous est narré comme un conte, moderne et intemporel. Un film qui a la force brûlante, douloureusement belle, des souvenirs inaltérables.  Un film qui nous plonge dans le souvenir, amer et poignant, des belles choses.

    Je l’aimais a reçu le prix 2009 de la Fondation Diane et Lucien Barrière. 

  • Exposition L'ART DE JAMES CAMERON à la Cinémathèque Française (04.04.2024/05.01.2025)

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    « Un voyage psychologique qui examine le pouvoir des rêves ». Le ton est donné, par ces mots, dès l'entrée, par James Cameron lui-même. Un voyage à travers six décennies de création, grâce à une sélection d’œuvres qui nous invitent à « rêver les yeux grand ouvert ».

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    L’art de James Cameron : ainsi s’intitule l’exposition que La Cinémathèque consacre au cinéaste à partir de demain jusqu'au 5 janvier 2025, centrée sur la trajectoire des idées, la manière dont elles naissent et croissent, avec une large part consacrée à son processus créatif et à ses dessins, d'une grande maîtrise. Pour James Cameron qui dit «peindre avec la lumière», les dessins sont ainsi des «phares qui éclairent différemment les films. »

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    Cinéphile et lecteur avide, amateur de science-fiction, James Cameron perfectionne d'abord son art, très jeune, en s’inspirant de ses œuvres préférées issues de la pop culture. L’exposition permet aussi de découvrir une série de projets de films de science-fiction qu’il a développés  pendant ses études à l’université de Fullerton, des projets qui n’ont jamais vu le jour mais qui ont nourri son œuvre future.

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    L’exposition met aussi en relief  sa fascination pour l’Intelligence Artificielle, la robotique et les techniques d’augmentation mécanique du corps humain. Mais aussi sa fascination pour les océans dont il a visité en personne les profondeurs, avec notamment plus d’une dizaine d’expéditions sur l’épave du Titanic. Il détient même le record de la première plongée en solo en 2012 à bord d’un mini sous-marin qu’il a contribué à concevoir jusqu’au point le plus profond de la planète, dans la fosse des Mariannes.

    Cette exposition est avant tout une ode à l’imaginaire, à la poursuite de ses rêves d’enfance, même quand ils sont nourris de visions cauchemardesque (le spectre de la destruction de masse plane ainsi sur de nombreux films de James Cameron). Il se définit ainsi comme un "conteur d’histoire".

    Le thème du passage est aussi au cœur de son œuvre : de la vie à la mort, du futur au passé, ou à travers la mémoire. Mais aussi son respect profond pour notre planète, dont il souligne la fragilité de l’écosystème face au progrès humain débridé. Il milite ainsi activement pour la préservation de l’environnement, pas seulement à travers ses films, évidemment dans Avatar mais aussi dans Titanic,  certes une histoire d'amour mais aussi une histoire intemporelle et universelle, d'orgueil, d'arrogance et de lâcheté, une tragédie métaphorique des maux de l'humanité, une course au gigantisme et à la vitesse au détriment de l’être humain et de la nature, qui fait s'entrelacer mort et amour, éphémère et éternité.

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    Parmi de nombreuses pépites rares et inédites issues des archives privées du cinéaste, vous pourrez voir le scénario original de Titanic, des bustes conceptuels pour plusieurs personnages de Na’vi et avatars d'Avatar...ou même les affiches de films qu'il concevait à ses débuts.

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    Une leçon de cinéma  (« Un personnage n’est jamais qu’une simple esquisse mais qui se doit d’être vraiment convaincante. «). Mais surtout une invitation à rêver coûte que coûte, à croire en la folie de son imaginaire, à se laisser porter par ses passions : « La passion nourrit la créativité et l’ingéniosité. » , « Beaucoup de personnes talentueuses n'ont pas pu accomplir leurs rêves parce qu’elles y ont trop réfléchi, qu’elles se sont montrées trop timides et réticentes à faire un saut vers l’inconnu. »

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    Comme chacune des expositions de la Cinémathèque, "L'art de James Cameron" nous donne envie de (re)plonger dans l'œuvre du cinéaste à l'honneur et nous rappelle la magie incomparable du cinéma qui nous permet de "rêver les yeux grand ouvert", mais aussi de regarder en face notre réalité tout en nous en extirpant avec délice, un temps suspendu, comme l'est celui de cette visite.

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    Ci-dessus, un de mes souvenirs les plus marquants de conférence de presse et exposition à La Cinémathèque, en 2015. Retrouvez ici mon article consacrée à l'exposition Scorsese à La Cinémathèque Française en 2015. 

  • L'Avant- Scène Cinéma à Laval : cinema paradiso...

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    Cela fait deux mois déjà qu'a ouvert l'Avant-Scène cinéma de Laval. Le 8 novembre 2023, la salle de spectacle se transformait en effet en cinéma art et essai. De quoi réjouir les Lavallois (étant native de cette ville où il m'arrive encore souvent de séjourner, je sais de quoi je parle !) qui l'attendaient depuis si longtemps, la programmation du Cinéville (seul autre cinéma de la ville) se cantonnant principalement aux films grand public, aux blockbusters et surtout à de la VF, même si cela tend à s'améliorer depuis quelques années. Il manquait néanmoins un cinéma art et essai pour les passionnés et cinéphiles. Ce projet de la Ligue de l'enseignement-FAL53 qui est propriétaire des locaux, après tant d'années où les Lavallois ont attendu un tel lieu, a donc abouti à la plus grande joie des Mayennais, amoureux du cinéma. Ce cinéma est ainsi géré par la ville et la Fédération des Associations Laïques de la Mayenne (FAL 53).

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    Mais, surtout, ce cinéma est dirigé par Karen Raymond avec passion, enthousiasme, bonne humeur, détermination, une grande cinéphile qui a en plus beaucoup d'expérience dans le domaine de l'exploitation cinématographique pour avoir travaillé dans l'équipe parisienne de MK2, et notamment dirigé le MK2 Beaubourg parmi de nombreuses autres fonctions à son actif dans ce groupe, pendant une dizaine d'années, aux côtés de Marin Karmitz, son fondateur.  Elle fut ainsi d'abord ouvreuse avant d'obtenir un CAP d’opératrice-projectionniste, puis monteuse, critique de cinéma mais aussi auteure d'une thèse d’études cinématographiques.

    L'équipe de ce nouveau cinéma (quatre salariés et de nombreux bénévoles), et avant tout sa directrice, fourmille d'idées. Et la programmation (de 12 à 20 films par semaine, avec 28 séances par semaine !), remarquable (qui met avant tout en avant le cinéma d'auteur), s'en ressent. Voyez plutôt, rien que ces jours prochains : un ciné club avec Django de Sergio Corbucci, un ciné débat par La Ligue des Droits de l'Homme, une ciné-rencontre sur le thème cinéma et santé autour du film Loup y es-tu ?, l'avant-première de The Green Border et de La Ferme des Bertrand, une conférence sur le thème "notre monde est beau mais est-il durable ?", une ciné-rencontre sur Emmaüs, une soirée "anim' ta nuit" avec 4 films d'animation pour 16 euros seulement mais aussi de formidables animations pour le jeune public comme le Veloptik.  Et des films aussi formidables que :

    - Aftersun de Charlotte Wells, un film premier avec (notamment) un dernier plan inoubliable. Un dernier plan qui évoque le vide et le mystère que laissent les (êtres et moments, essentiels) disparus, et les instants en apparence futiles dont on réalise trop tard qu’ils étaient cruciaux, fragiles et uniques. Celui du manque impossible à combler. Celui du (couloir) du temps qui dévore tout.

    - The Fabelmans, déclaration d’amour fou à ses parents et au cinéma de Spielberg. Film mélancolique, flamboyant, intime et universel. Ode aux rêves qu’il faut poursuivre coûte que coûte, malgré le danger, comme on pourchasserait une tornade dévastatrice. Un film sur le pardon, la curiosité. À fleur de peau. À fleur d’enfance. La force du cinéma en un film. Le cinéma qui transcende, transporte, révèle. Qui mythifie la réalité et débusque le réel. Le cinéma qui éclaire et sublime la réalité comme une danse à la lueur des phares. L’art cathartique aussi comme instrument de distanciation. L’art qui capture la beauté, même tragique. 

    - The quiet girl,

    - Memories,

    - Chien de la casse,

    - Anatomie d'une chute de Justine Triet, un film palpitant sur le doute, le récit, la vérité, la complexité du couple, et plus largement des êtres. Un film qui fait une confiance absolue au spectateur. Un film dont le rythme ne faiblit jamais, que vous verrez au travers du regard de Daniel, l'enfant que ce drame va faire grandir violemment, comme lui perdu entre le mensonge et la vérité, juge et démiurge d’une histoire qui interroge, aussi, avec maestria, les pouvoirs et les dangers de la fiction.

    - Les Filles d'Olfa de Kaouther Ban Hania, lauréat du Prix de la Citoyenneté du dernier Festival de Cannes, une mise en abyme, une théâtralisation du réel aussi intéressante pour les questions avec lesquelles elle nous laisse et que cela fait émerger, les doutes sur la réécriture de la réalité également. Finalement, c’est aussi à une « anatomie d’une chute » que procède Kaouther Ben Hania, presque une enquête pour comprendre comment deux jeunes filles gaies et lumineuses ont pu se radicaliser, se tourner vers la noirceur, l’obscurantisme et la violence aveugle et inouïe. La musique d’Amine Bouhafa amplifie encore l’émotion. Par ce dispositif, la réalisatrice exalte aussi le rôle de la parole, là où elle n’était plus possible avec celles qui ne voulaient plus entendre que leur vérité, dogmatique. Le dernier regard face caméra nous hantera longtemps et renforce nos interrogations. Ce documentaire qui ne cède jamais au manichéisme, et qui brouille intelligemment la frontière entre réalité et fiction, pour mieux enfanter la vérité, est aussi original que fascinant, citoyen, instructif et poignant.

    - Les Herbes sèches,

    - L'innocence de Hirokazu Kore-eda, un film qui  incarne toute la beauté et la force du cinéma : sonder la complexité des êtres, nous perdre pour mieux nous aider à trouver une vérité, nous trouver aussi parfois, nous éblouir pour nous éclairer (avec ces  plans du début et de fin, enflammé pour l’un et irradié pour l’autre, qui se répondent). Un film doux et poétique sur la rugosité des êtres et de la société japonaise, sur l’enfance et ses cruautés. Un film labyrinthique qui nous ramène à la source du tunnel et du secret qu’il traque comme dans un polar, celui des mystères de l’adolescence et de la fausse innocence des adultes. Un film sur les blessés de la vie, thème cher au cinéaste, comme la famille. Scénario et réalisation magistraux à l’unisson portés par la sublime ultime bo de Ryuichi Sakamoto.

    - Scrapper de Charlotte Regan (primé lors du dernier Dinard Festival du Film Britannique, dont vous pouvez retrouver mon compte-rendu, ici), une ode à l’imagination, à l’utopie, et donc finalement au cinéma, pleine de douceur, de fantaisie et d'espoir.

    - L'abbé Pierre -une vie de combats,

    - Moi Capitaine,

    - Jeunesse,

    - Dream scenario,

    - Un silence...

    Cela vous donne une idée de la formidable diversité et densité de la programmation !

    Ajoutez à cela une vraie qualité de son et d'image, et de confort dans la salle, des films du patrimoine aussi bien que des avant-premières,  un accueil chaleureux et convivial (il n'est pas rare de voir les spectateurs converser et faire connaissance, encouragés par l'affabilité et l'enthousiasme communicatifs de Karen), des prix inférieurs à ceux pratiqués au Cinéville...vous aurez compris pourquoi ce lieu est incontournable et est devenu en deux mois l'antre des cinéphiles du département, un vrai "cinema paradiso" qui rend à la salle de cinéma toutes ses lettres de noblesse, dont on ressort comme Jacques Perrin à la fin du film éponyme qui, par le pouvoir magique du 7ème art, retrouve les émotions de son enfance et le message d'amour que lui envoie Alfredo, par-delà la mort. Un parfum d'éternité. Le cinéma est décidément un paradis. Celui des vivants. 

    Pour en savoir plus : le site internet de l'Avant-Scène cinéma de Laval et son compte Instagram (@avantscene.laval). 29 Allée du Vieux Saint Louis, 53000 Laval

  • Bilan cinéma 2023

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    Les affiches des films qui figurent ci-dessus sont celles des longs-métrages qui, en 2023, m’ont enchantée, bousculée, bouleversée, et surtout ont laissé une forte empreinte, parfois pour une seule raison, parfois pour de multiples. Bref, les films qui sont des « rêves que l’on n’oublie jamais » pour paraphraser Spielberg dans le sublime The Fabelmans. Vous retrouverez mes critiques de tous ces films ici. Si n’y figurent pas les films de Scorsese, Tran Anh Hung et Kore-eda, et quelques autres incontournables, c’est que je ne les ai pas encore vus mais je ne manquerai pas de vous en parler très bientôt. J’ai en revanche volontairement écarté trois films pour lesquels je n’ai pas partagé l’engouement général : Yannick, Je verrai toujours vos visages  et Barbie. Et comme toujours, je fais le choix de ne chroniquer que les films qui m’enthousiasment. Pas de top car il m’est impossible pour moi de choisir entre :

    -la déclaration d’amour fou à ses parents et au cinéma de Spielberg. Film mélancolique, flamboyant, intime et universel. Ode aux rêves qu’il faut poursuivre coûte que coûte, malgré le danger, comme on pourchasserait une tornade dévastatrice. Un film sur le pardon, la curiosité. A fleur de peau. A fleur d’enfance. La force du cinéma en un film. Le cinéma qui transcende, transporte, révèle. Qui mythifie la réalité et débusque le réel. Le cinéma qui éclaire et sublime la réalité comme une danse à la lueur des phares. L’art cathartique aussi comme instrument de distanciation. L’art qui capture la beauté, même tragique. Et pour tant d’autres raisons encore…

    - les cœurs déchirés, meurtris, inconsolables, dévorés par la souffrance, l’impuissance ou la culpabilité de la magistrale tragédie universelle de Florian Zeller, The son, ne serait-ce que pour a réalisation qui fait contraster ces espaces gris et déshumanisés de New York avec les jours ensoleillés, et épouse l’instabilité des êtres, la caméra qui caresse les espaces inertes ou un chapeau qui s’égare dans les flots pour dire les souvenirs broyés, ou encore pour chavirer devant la beauté lumineuse, fugace et renversante d’une danse au son de It’s not unusual de Tom Jones puis de Wolf de Awir Leon, une joie évincée en un éclair comme le sera un personnage par un brillant mouvement de caméra.

    - Tár pour Cate Blanchett, prodigieuse dans cette ode à la polysémie et à la complexité humaines et artistiques, aussi palpitante qu’un thriller dont l’énigme consiste à découvrir qui était Linda Tarr devenue Lydia Tár.  La force du film réside dans le fait de ne pas la lever totalement, donnant juste quelques pistes dans l'alcôve d'une modeste maison d'enfance américaine dans laquelle elle croise un frère dédaigneux.

    -Babylon, épopée à dessein cacophonique et fougueuse qui exhale une fièvre qui nous emporte comme un morceau de jazz échevelé, un film d’une captivante extravagance, excessif, effervescent et mélancolique, un chaos étourdissant aussi repoussant qu’envoûtant, qui heurte et emporte, une parabole du cinéma avec son mouvement perpétuel, dont vous ne pourrez que tomber amoureux si vous aimez le cinéma parce qu’il en est la quintessence, une quintessence éblouissante et novatrice.

    - le fascinant, citoyen, instructif et poignant Les Filles d’Olfa, avec ce dernier regard face caméra qui nous hante longtemps, un documentaire qui ne cède jamais au manichéisme, et qui brouille intelligemment la frontière entre réalité et fiction.

    -ou encore un autre film avec un dernier plan inoubliable, celui du long-métrage renversant d’émotions de Charlotte Wells, Aftersun. Un dernier plan qui évoque le vide et le mystère que laissent les (êtres et moments, essentiels) disparus, et les instants en apparence futiles dont on réalise trop tard qu’ils étaient cruciaux, fragiles et uniques. Celui du manque impossible à combler. Celui du (couloir) du temps qui dévore tout.

    - le duo magnifique et leur improbable « symbiose », dans le film pétri d’humanité, profondément émouvant, tendre, sensible, optimiste de Jean-Pierre Améris, porté par l’amour des mots, des êtres, et du cinéma de son réalisateur. 

    - Le cours de la vie de Frédéric Sojcher pour son magnifique scénario coécrit avec Alain Layrac qui nous donne envie d’embrasser (et scénariser) chaque parcelle de seconde de l’existence.

    - Past lives, nos vies d’avant, joyau de pudeur, de subtilité, d’émotions profondes,

    - la promenade poétique de Wim Wenders dont on ressort avec l’envie de croire en tous les possibles de l’existence que ce film esquisse avec une infinie délicatesse.

    - le réquisitoire politique puissant de Jean-Paul Salomé qui réussit le défi d’être aussi un grand film populaire avec une Isabelle Huppert impériale.

    Certains des films de cette liste qui m’ont enchantée n’ont pas reçu le succès qu’ils auraient mérité et je vous les recommande aussi vivement :

    - Emily :  hymne palpitant à la vie que l'écriture permet de sublimer, surmonter, exalter, romancer pour qu'elle devienne intensément romanesque à l'image de ce film qui est aussi enflammé et flamboyant, comme son héroïne, en contraste avec les paysages ombrageux du Yorkshire, et qui interroge intelligemment les rapports entre la fiction et la vie d'un (ou une) auteur(e), la part de vérité qu’elle ou il y puise pour nourrir son art, qu’il s’agisse de s’y sauver ou de s’y perdre.

    - Le prix du passage : dont vous ressortirez le cœur empli du souvenir revigorant et rassérénant de ce plan d'un horizon ensoleillé mais aussi du souvenir de ces deux magnifiques personnages, deux combattants de la vie qui s'enrichissent de la confrontation de leurs différences.

    - Un coup de maître :   hymne à l'amitié (et à l'émotion inestimable -au sens propre comme au sens figuré- que procure la peinture, et l'art en général), décalée, burlesque, inventive, tendre, inattendue, incisive, mélancolique, profonde et drôle. Tragi-comédie maligne aussi, qui joue et jongle avec l'art et la réalité. Un film porté par la puissance magnétique de la musique qui accompagne le geste du peintre, et caresse les toiles.

    - Second tour : Un film salutairement candide, au rythme trépidant, au scénario brillamment dichotomique, entre fable, comédie et thriller politique, bercé de nobles références dans divers domaines (de Médée à Pakula, de Chaplin à Gilliam ou Pollack), tantôt tendre, tantôt cynique, porté par l’utopie de la prise de conscience de l’urgence écologique que résume parfaitement cette citation de Hannah Arendt citée par Dupontel : « Je me prépare au pire en espérant le meilleur. » 

    - Cléo, Melvil et moi : promenade germanopratine, à la fois joyeuse et mélancolique, jalonnée d’escales nostalgiques et gracieuses, que l’on termine à regret avec, en tête, la beauté de Paris, le sourire de Marianne et un parfum de Dolce vita.

    - Le théorème de Marguerite  : Un sublime portrait de femme et une brillante dissection métaphorique des effets de la création, de la solitude et de l'abnégation qu'elle implique, mais surtout un film sensible, parfaitement écrit et interprété, passionnant de la première à la dernière seconde…

    - Les algues vertes  : magnifique portrait d’héroïne contemporaine, mais surtout un film engagé, militant même, qui pour autant n’oublie jamais le spectateur, et d’être une fiction, certes particulièrement documentée et instructive mais qui s’avère prenante de la première à la dernière seconde, tout en décrivant avec beaucoup d’humanité et subtilité un scandale sanitaire et toutes les réalités sociales qu’il implique.


    Et tous les autres dont les affiches figurent ci-dessus…

    N’hésitez pas à aller lire mes critiques qui, peut-être, vous donneront envie de les regarder. Des films* que, pour certains,, je n’aurais peut-être pas découverts sans les festivals de cinéma. En 2024, je couvrirai -au moins- à nouveau Cannes, Dinard, Deauville (dont ce sera les 50 ans !), Arras, La Baule, et je dédicacerai même pendant certains de ces festivals. Je vous en dirai bientôt plus…

    Je termine par quelques questions extraites de ma critique du palpitant « Tar », plus que jamais d’actualité :

    L’art justifie-t-il tout ? 
    Selon le précepte de Machiavel, la fin justifie-t-elle toujours les moyens ?  Le pouvoir est-il indissociable d’abus ? L’art et/ou la réussite nécessitent-ils de céder au mensonge, de toujours se réinventer, de claquemurer une part de soi, de manipuler les autres, de perdre une part d’humanité ? Ou au contraire le véritable artiste n'est-il pas celui qui ne se trahit pas et qui ne transige par avec son intégrité ? Ou l'art nécessite-t-il forcément des concessions, y compris jusqu'à y perdre son âme ? L'art véritable ne doit-il pas élever celui qui le reçoit comme celui qui le pratique ?

    Et je vous donne rendez-vous en 2024 pour de nouvelles critiques passionnées, et surtout le 31 janvier 2024 pour la sortie de ce qui fut mon plus grand choc cinématographique de ces dernières années, La zone d’intérêt, dont vous pouvez déjà lire ma critique ici.


    ( *Beaucoup de films qui interrogent l'art, la vérité et la fiction auxquels il faut évidemment ajouter le film de Justine Triet, film palpitant sur le doute, le récit, la vérité, la complexité du couple, et plus largement des êtres. Un film qui fait une confiance absolue au spectateur. Un film dont le rythme ne faiblit jamais, que vous verrez au travers du regard de Daniel, l'enfant que ce drame va faire grandir violemment, comme lui perdu entre le mensonge et la vérité, juge et démiurge d’une histoire qui interroge, aussi, avec maestria, les pouvoirs et les dangers de la fiction...)
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  • Chère Jane Birkin...

    Jane Birkin Sandra Mézière Etienne Daho Daniel Prévost 10ème Festival du Film Britannique de Dinard.jpg

    Jane, j’étais persuadée qu’un jour l’occasion se présenterait de vous remercier. Je devrais le savoir pourtant désormais...L’existence m’a si souvent rappelé que la mort était une fourbe qui s’insinue dans le moindre interstice d’illusion, d’hésitation d’optimisme ou de distraction. C’était en 1999. J’étais membre du jury du 10ème Festival du Film Britannique de Dinard que vous présidiez. Si ces 5 jours restent gravés dans ma mémoire, c’est principalement en raison du bonheur que ce fut de vous côtoyer et d’échanger avec vous. Bien sûr, je ne peux pas dire que je vous connaissais comme d’autres qui ne vous connaissaient pas davantage s’en enorgueilliront peut-être. Mais je peux affirmer que vous étiez « une belle personne » (ce terme est galvaudé mais je n’en vois pas d’autre comme celui de gentillesse que vous incarniez tellement), comme il y en a peu. Votre sourire, reflet de votre générosité et votre humilité, irradiait. Reflet aussi de votre bienveillance. De votre confiance sans filtre envers les autres. De votre humour. De votre simplicité, celle des grands artistes, qui n’ont pas besoin de jouer un rôle ou de s’inventer un personnage, qui s’intéressent au ressenti d’autrui plus qu’ils ne se focalisent sur eux-mêmes, qui n’ont pas besoin de se façonner une image ombrageuse pour attirer la lumière. Alors étudiante dans un tout autre domaine que le cinéma, je me retrouvais dans un univers qui n’était pas le mien, impressionnée, intimidée. Vous aviez su me cerner en un instant et quand d‘autres au contraire me jaugèrent et jugèrent de leur hauteur, vous m’aviez mise à l’aise, constamment soucieuse de mon bien-être. Je n’oublierai jamais non plus ce soir du festival qui entra tragiquement en résonance un autre soir, de 2013, quand, ne me connaissant pas, sans doute en raison de réminiscences provoquées par un film du festival ou autre chose (la mémoire a la fourberie en commun avec la mort quand il s’agit de cette dernière), au bar du Grand Hôtel de Dinard, vous m’aviez parlé avec tant d’émotion de votre père décédé quelques années plus tôt. Je ne me souviens pas précisément de vos mots, mais je n’ai jamais oublié l’émotion poignante qui vous saisit (et moi aussi) dans ce bar désert, une émotion face à laquelle mes paroles me semblèrent bien insipides. Comme une scène de film dont on se dirait qu’elle est trop mélodramatique pour être crédible. Je ne savais pas alors que certains drames de la vie annihilent les barrières et nous font ensuite aller à l’essentiel, capturer l’instant présent, le dévorer, se laisser emporter par lui.

    Jane par Charlotte Festival du Cinéma Américain de Deauville.png

    « Capturer le présent. » C’est ce à quoi est magnifiquement parvenue Charlotte dans ce remarquable documentaire, Jane par Charlotte. Un dialogue intime mais jamais impudique entre votre fille et vous qui, pendant trois ans et avec un dispositif minimaliste, au gré des voyages, du Japon à la Bretagne en passant par les États-Unis, et au gré de l’évocation des « petits riens » devient un dialogue universel entre une mère et sa fille, un zoom progressif d'une fille sur sa mère, sans fards.  Vous y apparaissiez telle que vous étiez : sans méfiance, fantasque, empathique. Mais aussi seule, insomniaque, tourmentée. Tourmentée par les deuils et leurs chagrins inconsolables. La maladie. Le drame ineffable la perte de votre fille Kate. Le temps insatiable et carnassier qui altère la beauté et emporte les êtres chers. Au milieu de tout cela, la visite « comme dans un rêve » de la maison de la rue de Verneuil, l'ombre de Serge Gainsbourg et les silences éloquents et émouvants. Le portrait d’une femme majestueuse. Un portrait qui s’achève par la voix mélodieuse et les mots bouleversants de votre fille se livrant à son tour, enfin, et évoquant la peur terrifiante et universelle de la perte de sa mère et qui, par ce film, tente d'appréhender l'inacceptable, de l'apprivoiser, de retenir chaque poussière d’instant en compagnie de celle dont l'intermédiaire de la caméra lui permet paradoxalement de se rapprocher. Des mots qui résonnent tragiquement aujourd’hui, et évidemment, même sans la connaître on pense à elle, à la peine immense et indicible qui doit être la sienne. Ce film est un bijou de tendresse, et d’émotion portée par une judicieuse BO, de Bach aux interludes électroniques de Sebastian. D’humour aussi, d'humour beaucoup, grâce au regard décalé, espiègle et clairvoyant que vous portiez sur vous-même, la vie, les autres, mais aussi celui que votre fille portait sur vous. Un film à votre image à toutes deux, réservées et terriblement audacieuses : riche de vos séduisants paradoxes. Léger dans la forme et teinté de touches de gravité. Libre aussi. Et encore cela : délicat, iconoclaste, éperdument vivant et attachant. Un documentaire qui, en capturant le présent et sa fragilité, nous donne une envie folle d’étreindre chaque seconde de notre vie et aux filles de s'accrocher à leurs mères comme vous deux dans ce dernier plan, avec l'illusion d'empêcher ainsi l'inexorable. Si seulement il suffisait de fuir le bonheur pour l’empêcher de se sauver...Vous l’aviez si bien chanté, mais malheureusement le « ciel azuré » finit toujours par « virer au mauve ». Restent les chansons et les films, immortels, pour nous rappeler qu’en plus de cette belle personne, vous étiez aussi une immense artiste. Vous serez aussi pour moi toujours la Penelope de La Piscine de Jacques Deray, instrument innocent du désir vengeur et ambigu de Jean-Paul Leroy/Alain Delon, votre premier film français dans  lequel vous jouiez le rôle de la fausse ingénue. Vous ne faisiez pas partie alors de ces inconsolables comme vous l’étiez ce soir de 1999, comme je le devins ce soir de 2013, comme j’aurais aimé vous dire que je le compris bien plus tard, en plus de ce merci que j’aurai toujours le regret de n’avoir pu vous adresser.

    La piscine de Jacques Deray avec Jane Birkin.jpg

    Critique de La Piscine de Jacques Deray

    Ce film date de 1968, c’est déjà tout un programme. Il réunit Maurice Ronet, Alain Delon, Romy Schneider et évidemment Jane Birkin, dans un huis-clos sensuel et palpitant. Ce quatuor est déjà une belle promesse.

    Marianne (Romy Schneider) et Jean-Paul (Alain Delon) passent en effet des vacances en amoureux dans la magnifique villa qui leur a été prêtée sur les hauteurs de Saint-Tropez. L’harmonie est rompue lorsqu’arrive Harry (Maurice Ronet), ami de Jean-Paul et de Marianne chez lequel ils se sont d’ailleurs rencontrés, cette dernière entretenant le trouble sur la nature de ses relations passées avec Harry. Il arrive accompagné de sa fille de 18 ans, la gracile et nonchalante Pénélope (Jane Birkin).

    La piscine fait partie de ces films que l’on peut revoir un nombre incalculable de fois (du moins que je peux revoir un nombre incalculable de fois) avec le même plaisir pour de nombreuses raisons mais surtout pour son caractère intelligemment elliptique et son exceptionnelle distribution et direction d’acteurs.

    Dès les premières secondes, la sensualité trouble et la beauté magnétique qui émane du couple formé par Romy Schneider et Alain Delon, la langueur que chaque plan exhale plonge le spectateur dans une atmosphère particulière, captivante. La tension monte avec l’arrivée d’Harry et de sa fille, menaces insidieuses dans le ciel imperturbablement bleu de Saint-Tropez. Le malaise est palpable entre Jean-Paul et Harry qui rabaisse sans cesse le premier, par une parole cinglante ou un geste méprisant, s’impose comme si tout et tout le monde lui appartenait, comme si rien ni personne ne lui résistait.

    Pour tromper le langoureux ennui de l’été, un jeu périlleusement jubilatoire de désirs et de jalousies va alors commencer, entretenu par chacun des personnages, au péril du fragile équilibre de cet été en apparence si parfait et de leur propre fragile équilibre, surtout celui de Jean-Paul, interprété par Alain Delon qui, comme rarement, incarne un personnage vulnérable à la sensualité non moins troublante. L’ambiguïté est distillée par touches subtiles : un regard fuyant ou trop insistant, une posture enjôleuse, une main effleurée, une allusion assassine. Tout semble pouvoir basculer dans le drame d’un instant à l’autre. La menace plane. L’atmosphère devient de plus en plus suffocante.

    Dès le début, tout tourne autour de la piscine : cette eau bleutée trompeusement limpide et cristalline autour de laquelle ils s’effleurent, se défient, s’ignorent, s’esquivent, se séduisent autour de laquelle la caméra virevolte, enserre, comme une menace constante, inéluctable, attirante et périlleuse comme les relations qui unissent ces quatre personnages. Harry alimente constamment la jalousie et la susceptibilité de Jean-Paul par son arrogance, par des allusions à sa relation passée avec Marianne que cette dernière a pourtant toujours niée devant Jean-Paul. Penelope va alors devenir l’instrument innocent de ce désir vengeur et ambigu puisqu’on ne sait jamais vraiment si Jean-Paul la désire réellement, s’il désire atteindre Harry par son biais, s’il désire attiser la jalousie de Marianne...Probablement un peu cela tout à la fois, et probablement aussi se raccrochent-ils l’un à l’autre, victimes de l’arrogance, de la misanthropie masquée et de la désinvolture de Harry. C’est d’ailleurs là que réside tout l’intérêt du film : tout insinuer et ne jamais rien proclamer, démontrer. Un dialogue en apparence anodin autour de la cuisine asiatique et de la cuisson du riz alors que Jean-Paul et Penelope reviennent d’un bain nocturne ne laissant guère planer de doutes sur la nature de ce bain, Penelope (dé)vêtue de la veste de Jean-Paul dans laquelle elle l’admirait de dos, enlacer Marianne, quelques jours auparavant, est particulièrement symptomatique de cet aspect du film, cette façon d’insinuer, cette sensualité trouble et troublante, ce jeu qui les dépasse. Cette scène entremêle savoureusement désirs et haines latents. Les regards de chacun : respectivement frondeurs, évasifs, provocants, dignes, déroutés… font que l’attention du spectateur est suspendue à chaque geste, chaque ton, chaque froncement de sourcil, accroissant l’impression de malaise et de fatalité inévitable.

    Aucun des 4 personnages n’est délaissé, la richesse de leurs psychologies, de la direction d’acteurs font que chacune de leurs notes est indispensable à la partition. La musique discrète et subtile de Michel Legrand renforce encore cette atmosphère trouble. Chacun des 4 acteurs est parfait dans son rôle : Delon dans celui de l’amoureux jaloux, fragile, hanté par de vieux démons, d’une sensualité à fleur de peau, mal dans sa peau même, Romy Schneider dans celui de la femme sublime séductrice dévouée, forte, provocante et maternelle, Jane Birkin dont c’est le premier film français dans celui de la fausse ingénue et Maurice Ronet dans celui de l’ « ami » séduisant et détestable, transpirant de suffisance et d’arrogance…et la piscine, incandescente à souhait, véritable « acteur ». 

    Deray retrouvera ensuite Delon à 8 reprises notamment dans Borsalino, Flic story, Trois hommes à abattre… mais La piscine reste un film à part dans la carrière du réalisateur qui mettra en scène surtout un cinéma de genre. Neuf ans après Plein soleil de René Clément, la piscine réunit donc de nouveau Ronet et Delon, les similitudes entres les personnages de ces deux films sont d’ailleurs nombreuses et le duel fonctionne de nouveau à merveille.

    Un film sensuel porté par des acteurs magistraux, aussi fascinants que cette eau bleutée fatale, un film qui se termine par une des plus belles preuves d’amour que le cinéma ait inventée. 

    Et puis revoyez Boxes aussi dont je vous avais parlé suite à sa projection au 60ème Festival de Cannes, là :

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    Boxes, film remarquable qu'elle avait réalisé et qui m'avait bouleversée, témoigne de sa grande sensibilité et de sa grande intelligence. Voyez-le, en plus notamment des deux précités. Ce film lumineux et sombre, cru(el) et poétique, grave et drôle, loufoque et réaliste est à l’image de sa réalisatrice (et de la vie) qui filme les êtres qui ont jalonné son existence avec tendresse, tellement, qui se filme aussi sans concession, sans fards. Ce film ne se contente pas d’être une galerie de portraits, de fantômes du passé de la vie de cette femme à un tournant de sa vie, il reflète un vrai point de vue sur le monde, un vrai regard de cinéaste, l’acuité d’un regard tendre, ironique, qui évoque avec pudeur des moments ou des sujets impudiques. Un regard qui oriente magnifiquement ses acteurs, tous y paraissant plus que jamais éclatants de talent (à commencer par Jane Birkin-actrice), incarnant des personnages brillamment dessinés, interprétés, tous attachants par leurs fêlures, davantage encore que par leurs forces. Ce film ne nous laisse pas le temps de respirer, il nous étreint, nous enlace, nous saisit avec nos peurs, nos regrets, nos espoirs, nos bonheurs et ne nous lâche plus. Les fantômes du passé ressurgissent dans une cavalcade étourdissante filmée avec brio et inventivité avant de s’éclipser pour laisser place à l’avenir (un nouvel amour). Même si tout le film est empreint de celui qu’elle porte à tous les personnages qui le traversent, l’occupent et l’habitent d’ailleurs plutôt qu’ils ne le traversent. Passé et présent, morts et vivants, cruauté et tendresse se croisent habilement grâce à une mise en scène particulièrement inspirée. De ces boxes c’est la vie qui surgit, avec ses souvenirs parfois encombrants. La grâce de l'existence (et de l'âme Jane Birkin) suinte dans chaque plan de ce film à voir absolument.

  • Festivals de cinéma : les immanquables de la fin d'année 2023 en France

    Alors que la grève (légitime) des scénaristes et acteurs américains menace le bon déroulement de festivals comme Toronto ou Venise, voici un petit récapitulatif des festivals de cinéma français que je vous recommande pour la deuxième partie de l'année 2023.

    1. Le 16ème Festival du Film Francophone d'Angoulême (22 au 27 août 2023)

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    Je commence avec le festival qui, en 16 ans, s'est imposé comme un évènement phare de l'année cinématographique : le Festival du Film Francophone d'Angoulême dont la 16ème édition aura lieu du 22 au 27 août 2023. La 15ème édition fut celle de tous les records, avec 52 000 personnes aux projections, et une augmentation de 40% de fréquentation. Cette année, le festival rendra hommage au cinéma suisse. Le jury de cette édition sera présidé par Laetitia Casta. Comme chaque année, la sélection sera composée à la fois de films d’auteurs, notamment en compétition officielle, et d’œuvres plus orientées vers le grand public, comme 3 jours Max, Visions ou L’abbé Pierre, une vie de combat, qui s’annoncent comme des événements importants de la rentrée cinématographique.  Dix films seront en compétition lors de ce 16ème Festival du Film Francophone, qui propose aussi une quinzaine d’avant-premières. La Petite de Guillaume Nicloux fera l’ouverture, en présence du réalisateur et de son comédien Fabrice Luchini, le 22 août, et Flo de Géraldine Danon sera présenté en clôture.

    Au programme également : les "bijoux de famille Studio Canal"(l'occasion de revoir quelques chefs-d'œuvre comme Casque d'or de Jacques Becker), la section "les flamboyants" (avec Bonnard, Pierre et Marthe de Martin Provost et Le voyage en pyjama de Pascal Thomas), les "premiers rendez-vous" (avec Banel et Adama de Ramata-Toulage Sy et La tête froide de Stéphane Marchetti), les "nouveaux regards" (avec Nouveau monde de Vincent Cappello et Rêve de mouette d'Anne Brochet et Pierre-Alain Giraud), Les "coups de coeur" (avec Toni, en famille de Nathan Ambrosioni, et L'Osstidquoi ? L'Osstidcho ! de Louis-Philippe Eno), un focus sur l'excellent cinéma de Philippe Le Guay, les évènements (avec, notamment, les films des Talents Cannes Adami 2023 que je vous recommande), les courts-métrages, les classes de maîtres (la classe de maître, gratuite, de Fabrice Luchini).

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    Pour en savoir plus : le site officiel du Festival du Film Francophone d'Angoulême.

    2. Le 49ème Festival du Cinéma Américain de Deauville (du 1er au 10 septembre 2023)

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    Place ensuite au festival dont je n'ai manqué aucune édition depuis un nombre indécent d'années et que je couvre ici en tout cas depuis 2003. De cette 49ème édition, nous savons pour l'instant que : Kyle Eastwood participera à la cérémonie d'ouverture le 1er septembre, le documentaire Eastwood Symphonic : une affaire de famille sera projeté en sa présence le 5 septembre au musée des Franciscaines, le jury sera présidé par Guillaume Canet, le jury révélation sera présidé par Mélanie Thierry, un Deauville Talent Award sera remis à Nathalie Portman (qui viendra présenter May december de Todd Haynes), et un autre Deauville Talent Award sera décerné à Peter Dinklage (qui viendra présenter She came to me de Rebecca Miller).

    Pour en savoir plus :

    -le site internet officiel du Festival du Cinéma Américain de Deauville,

    -mon site In the mood for Deauville entièrement consacré à Deauville et ses festivals,

    -mes articles sur l'édition 2022 du Festival du Cinéma Américain de Deauville,

    -le magazine Normandie Prestige 2023 dans lequel vous pourrez lire mon bilan de l'édition 2022 du Festival du Cinéma Américain de Deauville.

    3. Le 34ème Dinard Festival du Film Britannique (du 27 septembre au 1er octobre 2023)

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    De cette édition 2023, nous ne savons encore pas grand-chose, si ce n'est qu'elle nous permettra comme chaque année de découvrir le meilleur du cinéma britannique. Un festival de cinéma auquel j'assiste régulièrement depuis ma participation à son jury 1999, présidé par Jane Birkin et pour lequel j'ai depuis un attachement particulier. Je couvrirai cette 34ème édition et ne manquerai pas de vous informer de sa programmation lorsqu'elle sera dévoilée.

    Pour en savoir plus :

    -le site officiel du Dinard Festival du Film Britannique

    -mon compte-rendu de l'édition 2022 du Dinard Festival du Film Britannique

    4. Le 10ème Festival International du Film de Saint-Jean-de-Luz (du 2 au 8 octobre 2023)

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    Un festival exceptionnel, que ce soit pour la qualité des films projetés, pour la passion avec laquelle son directeur artistique, Patrick Fabre, défend les films sélectionnés, pour la convivialité qui y règne. Depuis sa création, le Festival International du Film de Saint-Jean-de-Luz soutient un cinéma d'avenir en présentant notamment en compétition des premiers et deuxièmes longs ou courts métrages de fiction. Il favorise également les rencontres entre les professionnels ou avec le public et les scolaires grâce à des master class ou des ateliers. Cette année, le festival célébrera son 10ème anniversaire et le jury sera présidé par Agnès Jaoui, l'occasion de vous recommander à nouveau Le cours de la vie de Frédéric Sojcher dans lequel elle irradie.

    Pour en savoir plus :

    - le site officiel du Festival International du Film de Saint-Jean-de-Luz

    - mon compte-rendu du Festival International du Film de Saint-Jean-de-Luz 2016

    5.5ème Festival CinéRoman de Nice (du 3 au 7 octobre 2023)

     

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    C'est le dernier-né des festivals évoqués dans cet article, et non des moindres. En 4 éditions, ce festival a su imposer sa marque, en proposant à chaque fois une programmation de qualité. Selon François Truffaut, « Qu'on écrive un roman ou un scénario, on organise des rencontres, on vit avec des personnages ; c'est le même plaisir, le même travail, on intensifie la vie. » En tant que romancière, ayant en plus écrit des fictions sur le cinéma, ce Festival Cinéroman de Nice qui organise des ponts entre ces deux arts m’intéresse donc doublement. L'an passé, dans une nouvelle et judicieuse optique d'orientation vers le cinéma européen, le scénariste et réalisateur anglais David Hare faisait partie du jury présidé par Danièle Thompson, également composé de Sabine Azema, David Foenkinos, Ana Girardot, Pascale Arbillot et Pascal Elbé. Pour cette 4ème édition, le Festival Cinéroman de Nice proposait ainsi 11 films en avant-première, 9 films en compétitions et 10 films cultes mais aussi des lectures, hommages et rencontres. En 2022, le prix du meilleur film adapté avait été décerné à L’événement d’Audrey Diwan, les prix d’interprétation masculin et féminin à Sara Giraudeau, Daniel Auteuil et Gilles Lellouche pour le percutant Monsieur Haffman de Fred Cavayé, le prix d’honneur à Jean Becker, le prix Romain Gary à Yvan Attal. Enfin, le jury avait désigné à l’unanimité François Cluzet comme personnalité artistique ayant, par son travail et sa présence, participé fortement à l’image de la Côte d’Azur.

    Nous n'avons pas encore d'informations sur l'édition 2023. Je ne manquerai pas de les partager ici dès qu'elles seront dévoilées.

    Pour en savoir plus sur le festival :

    - le site officiel du Festival CinéRoman de Nice

    - mon article présentant le programme du Festival CinéRoman de Nice 2022

    6.17ème Festival du Film du Croisic - De la page à l'image (du 7 au 14 octobre 2023)

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    Ce festival d'adaptations littéraires sur grand écran figure aussi parmi les incontournables avec, là aussi, chaque année, une programmation particulièrement qualitative. L'affiche 2023 évoque une ambiance mystérieuse et nocturne inspirée de films légendaires tels que L'Ours ou Le Grand bleu, transportant le spectateur "dans un océan d'émotions, rappelant les bords du mer du Croisic." 

    L’an passé, comme lors de chaque édition, cinq récompenses avaient été décernées :  un Chabrol d’honneur à Isabelle Huppert pour sa carrière, le Chabrol d’or de la meilleure adaptation au film de Clovis Cornillac, Couleurs de l’incendie, le Chabrol du jury au film d’Olivier Peyon, Arrête avec tes mensonges, le Chabrol du jeune public au  film Une Histoire d’amour, réalisé par Alexis Michalik, et le Chabrol du public au film La Syndicaliste, réalisé par Jean-Paul Salomé de Jean-Paul Salomé, dont vous pouvez retrouver ma critique élogieuse, ici.

    Nous n'avons pas encore d'éléments sur la programmation de l'édition 2023 que je ne manquerai pas de partager ici.

    7. 25èmes Rencontres internationales du Cinéma des Antipodes de Saint-Tropez (du 11 au 15.10.2023)

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    Plus confidentiel que les festivals précités, celui-ci n’en est pas moins une valeur sûre et un évènement connu et reconnu qui permet de découvrir des raretés cinématographiques. Le festival célèbrera cette année son quart de siècle, un festival grâce auquel les festivaliers voyagent jusqu’au bout du monde depuis la Place des Lices et son cinéma La Renaissance. Parmi les œuvres qui seront projetées à Saint-Tropez lors de l’édition 2023 annoncée comme exceptionnelle : le  film noir du réalisateur Ivan Sen, Limbo, Rams de Jeremy Sims, la comédie de Michelle Savill, Millie Lies Low, Sweet As de Jub Clerc , Everything in between de Nadi Sha , The Lies We Tell Ourselves de Saara Lamberg. Une belle exposition de peinture Aborigène en provenance de la Red Dunes Gallery  sera également proposée aux festivaliers.

    - Pour en savoir plus : le site internet officiel des Rencontres internationales du cinéma des antipodes de Saint-Tropez

    8. Festival du Film Politique de La Baule 2023

    Il se murmure que ce festival dont la dernière édition a eu lieu en 2019 à Porto-Vecchio reprendrait bientôt à La Baule, à l'automne... En attendant d'en savoir plus, retrouvez mon compte-rendu de l'autre festival de cinéma de La Baule, le Festival du Cinéma et Musique de Film dont la 9ème édition a eu lieu du 28 juin au 2 juillet 2023, et retrouvez également le site officiel de l'ancien Festival du Film Politique.

    9. 6ème Festival CinéComédies de Lille (du 11 au 15 octobre 2023)

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    Aussi curieux que cela puisse paraître, il n'y avait pas, jusqu'à la création de ce festival, d'évènement cinématographique emblématique consacré à ce genre cinématographique incontournable qu'est la comédie. Après Pierre Richard, Gérard Oury, Bourvil, Jean-Paul Belmondo et le Splendid, le Festival CineComedies 2023 consacre sa nouvelle exposition à une autre personnalité populaire du cinéma français : Michel Serrault.  La 6ème édition du Festival CineComedies Lille, Hauts-de-France, qui se déroulera du 11 au 15 octobre, proposera également une rétrospective de ses comédies les plus emblématiques. L’ensemble de la programmation sera annoncé le mardi 12 septembre lors d’une conférence de presse à Lille.

    Pour en savoir plus : - le site officiel du Festival CinéComédies de Lille

    10. 1er Festival du Film Jeunesse de Plougasnou (19 et 20 juillet)

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    "Avec le décor magique de la baie de Morlaix comme horizon, un groupe d'habitants de la commune de Plougasnou, passionnés de cinéma, s'est engagé dans la création d’un ciné-club et d’un festival du cinéma de la Jeunesse. Il s'agit d’offrir au plus grand nombre, résidents permanents et occasionnels, un lieu de découverte, de partage et d’échanges autour d’un loisir universellement apprécié : le cinéma. Notre rêve est de faire découvrir des films sur la jeunesse aux jeunes spectateurs et à leurs parents, des films inédits, des films de grand spectacle en plein air, des films du monde entier, des films de fictions, des documentaires, des films d'animations, des films qu'ils n'ont pas pu voir en salle parce qu'ils n'étaient pas nés au moment de leur sortie." Au programme de la première édition de ce festival : E.T, Fanfare, L'enfant lion, Wadjda, Le chant de la mer.

    Pour en savoir plus : le site officiel du Festival du Film Jeunesse de Plougasnou

    11. 15ème Festival Lumière de Lyon (14 au 22 octobre)

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    Je vous avais parlé avec enthousiasme de ce festival, ici, dans mon compte-rendu de l'édition 2014, dont j'avais également fait le cadre d'une des nouvelles de mon recueil sur les festivals de cinéma, Les illusions parallèles. Ce festival est indéniablement le paradis des cinéphiles. Ce festival est unique, singulier, rare, festif (rares sont les festivals qui se souviennent ainsi de la racine du substantif qui les désigne), convivial (l’accueil, invariablement affable dans toutes les salles du festival), cinéphile, généreux, populaire (« un festival de cinéma pour tous » indique l’affiche du festival, ce qu’il est incontestablement),  passionnant. Et son nom, au-delà de la référence aux célèbres frères, lui va à merveille.  Cinq jours sur la planète cinéphile dont j'étais revenue enthousiaste et enchantée, ensorcelée par cette lumineuse atmosphère. Le programme était tellement riche et varié que les choix de séances furent cornéliens et de véritables tortures. 

    Cette 15ème édition du Festival Lumière aura lieu du samedi 14 au dimanche 22 octobre 2023. Le 15ème Prix Lumière sera décerné à Wim Wenders.

    Pour en savoir plus : le site officiel du Festival Lumière de Lyon 2023

    12. 24ème Arras Film Festival (du 3 au 12 novembre 2023)

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    La 24ème édition de L'ARRAS FILM FESTIVAL se déroulera du 3 au 12 Novembre 2023. En attendant l'ensemble de la programmation qui sera annoncée début octobre,l'équipe du Festival nous annonce d’ores et déjà deux rétrospectives:

    -  l’une intitulée « Sales bêtes » avec « 8 film essentiels d’un genre prolixe », ainsi présentée par le festival : « Depuis Hitchcock et son célèbre film Les Oiseaux, le cinéma n’a cessé de nous effrayer avec les animaux en se jouant de nos phobies et de nos peurs. Insectes, rongeurs, canidés, reptiles et autres créatures aquatiques, nombreuses sont les grosses ou petites bêtes qui, à l’écran, se transforment en terrifiantes machines à tuer, surtout lorsqu’elles surviennent en nombre, avec cette quasi-constante pour nombre de ces films : l’homme ne mérite que ce qui lui arrive à force de vouloir défier et détruire la nature. »

    -l’autre intitulée « drôle de tchèques » ainsi présentée par le festival : « Porteur d’une inventivité formelle et d’une liberté de ton des plus saisissantes, le cinéma tchèque n’en reste pas moins encore assez méconnu du grand public, y compris celui qui émergea de façon si extraordinaire dans les mois qui précédèrent le Printemps de Prague. L’Arras Film Festival s’est associé à la société d’édition Malavida pour vous proposer une sélection de quelques jolies pépites aussi vivifiantes que diversifiées, des films qui témoignent d’un art consommé de l’ironie et de la satire, du rire et du burlesque, mais aussi de la critique sociale et politique. »

    Pour en savoir plus : le site officiel de l’Arras Film Festival avec la programmation de l’édition 2023

    Lien permanent Imprimer Catégories : IN THE MOOD FOR NEWS (actualité cinématographique) Pin it! 0 commentaire
  • Rétrospective Lars von Trier, le 12 juillet au cinéma - Critique de MELANCHOLIA

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    L'intégrale de Lars von Trier sera à (re)découvrir au cinéma, le 12 juillet, en version restaurée. L'occasion de vous parler de Melancholia.

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    Je me souviens encore de cet  immense  choc, tellurique certes mais surtout cinématographique, lorsque je l'avais découvert dans le cadre du Festival de Cannes, où il figurait en compétition, en 2011. 

    Je pourrais vous en livrer le pitch. Ce pitch vous dirait que, à l'occasion de leur mariage, Justine (Kirsten Dunst) et Michael (Alexander Skarsgård ) donnent une somptueuse réception dans le château de la sœur de Justine, Claire(Charlotte Gainsbourg) et de son beau-frère. Pendant ce temps, la planète Melancholia se dirige inéluctablement vers la Terre...

     Mais ce film est tellement plus que cela…

    Dès la séquence d’ouverture, d’une beauté sombre et déroutante, envoûtante et terrifiante (une succession de séquences et photos sur la musique de Wagner mêlant les images de Justine  et les images de la collision cosmique), j’ai été éblouie, subjuguée, happée par ce qui se passait sur l’écran pour ne plus pouvoir en détacher mon attention. Après ce prologue fantasmagorique et éblouissant,  cauchemardesque,  place au « réalisme » avec les mariés qui sont entravés dans leur route vers le château où se déroulera le mariage. Entravés comme Justine l’est dans son esprit. Entravés comme le sera la suite des évènements car rien ne se passera comme prévu dans ce film brillamment dichotomique, dans le fond comme dans la forme.

    Lars von Trier nous emmène ensuite dans un château en Suède, cadre à la fois familier et intemporel, contemporain et anachronique, lieu du mariage de Justine, hermétique au bonheur. La première partie lui est consacrée tandis que la seconde est consacrée à sa sœur Claire. La première est aussi mal à l’aise avec l’existence que la seconde semble la maitriser jusqu’à ce que la menaçante planète « Melancholia » n’inverse les rôles, cette planète miroir allégorique des tourments de Justine provoquant chez tous cette peur qui l’étreint constamment, et la rassurant quand elle effraie les autres pour qui, jusque là, sa propre mélancolie était incompréhensible.

    Melancholia, c’est aussi le titre d’un poème de Théophile Gautier et d’un autre de Victor Hugo (extrait des « Contemplations ») et le titre que Sartre voulait initialement donner à « La nausée », en référence à une gravure de Dürer dont c’est également le titre. Le film de Lars von Trier est la transposition visuelle de tout cela, ce romantisme désenchanté et cruel. Ce pourrait être prétentieux mais au lieu de se laisser écraser par ses brillantes références (picturales, musicales, cinématographiques), Lars von Trier les transcende pour donner un film d’une beauté, d’une cruauté et d’une lucidité renversantes.

     C’est aussi  un poème vertigineux, une peinture éblouissante, un opéra tragiquement romantique, bref une œuvre d’art à part entière. Un tableau cruel d’un monde qui se meurt ( dont la clairvoyance cruelle de la première partie fait penser à Festen de Vinterberg) dans lequel rien n’échappe au regard acéré du cinéaste : ni la lâcheté, ni l’amertume, ni la misanthropie, et encore moins la tristesse incurable, la solitude glaçante face à cette « Mélancholia », planète vorace et assassine, comme l’est la mélancolie dévorante de Justine.

    Melancholia est un film  qui mêle les genres habituellement dissociés (anticipation, science-fiction, suspense, métaphysique, film intimiste…et parfois comédie, certes cruelle) et les styles (majorité du film tourné caméra à l’épaule) .

    Un film de contrastes et d’oppositions. Entre rêve et cauchemar. Blancheur et noirceur. La brune et la blonde. L’union et l’éclatement. La terreur et le soulagement. La proximité (de la planète) et l’éloignement (des êtres).

    Un film à contre-courant, à la fois pessimiste et éblouissant. L’histoire d’une héroïne  incapable d’être heureuse dans une époque qui galvaude cet état précieux et rare avec cette expression exaspérante « que du bonheur ».

    Un film dans lequel rien n’est laissé au hasard, dans lequel tout semble concourir vers cette fin…et quelle fin ! Lars von Trier parvient ainsi à instaurer un véritable suspense terriblement effrayant et réjouissant qui s’achève par une scène redoutablement tragique d’une beauté saisissante aussi sombre que poignante et captivante qui, à elle seule, aurait justifié une palme d’or. Une fin sidérante de beauté et de douleur. A couper le souffle. D’ailleurs, je crois être restée de longues minutes sur mon siège dans cette salle du Grand Théâtre Lumière, vertigineuse à l’image de ce dénouement, à la fois incapable et impatiente de transcrire la multitude d’émotions procurées par ce film si intense et sombrement flamboyant.

    Et puis… comment aurais-je pu ne pas être envoûtée par ce film aux accents viscontiens (Le Guépard et Ludwig- Le crépuscule des Dieux  de Visconti ne racontant finalement pas autre chose que la déliquescence d’un monde et d’une certaine manière la fin du monde tout comme Melancholia), étant inconditionnelle du cinéaste italien en question ?

    Kirsten Dunst incarne la mélancolie ( tout comme dans Marie-Antoinette et Virgin Suicides) à la perfection dans un rôle écrit au départ pour Penelope Cruz.

    Un très grand film qui bouscule, bouleverse, éblouit, sublimement cauchemaresque et d’une rare finesse psychologique qui me laisse le souvenir lancinant et puissant  d’un film qui mêle savamment les émotions d’un poème cruel et désenchanté, d’un opéra et d’un tableau mélancoliques et crépusculaires.

    Alors je sais que vous êtes nombreux à vous dire réfractaires au cinéma de Lars von Trier…mais ne passez pas à côté de ce chef-d’œuvre qui vous procurera plus d’émotions que la plus redoutablement drôle des comédies, que le plus haletant des blockbusters, et que le plus poignant des films d’auteurs et dont je vous garantis que la fin est d’une splendeur qui confine au vertige. Inégalée et inoubliable.