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  • Plaza Cinéma club au Plaza Athénée et Cinéma Paradiso Louvre 2025 : vivez le cinéma et l'été à Paris dans des lieux d'exception !

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    Aujourd'hui, j'avais envie de vous parler de ces deux évènements qui satisferont ceux pour qui le cinéma est un rendez-vous avec un film, mais aussi avec un lieu particulier, et un moment singulier. La sélection est dans les deux cas particulièrement judicieuse, et ravira les cinéphiles...mélomanes et gastronomes. En bonus, je vous propose aussi deux critiques de films projetés dans chacun de ces programmes, In the mood for love de Wong Kar-wai et Casino Royale de Martin Campbell. L'un de ces deux évènements porte en plus le nom du chef-d'oeuvre de Giuseppe Tornatore. De quoi achever de vous convaincre de céder à la tentation...!

    1/2 CINEMA PARADISO LOUVRE DU 2 AU 5 JUILLET 2025

    Ainsi, du 2 au 5 juillet 2025, vous pourrez profiter de Cinema Paradiso Louvre, quatre soirées gratuites mêlant des concerts live, de la gastronomie, du patrimoine et des projections dans le cadre majestueux de la cour carrée du Louvre. La sélection de films est particulièrement attractive. Je vous recommande d'autant plus de vous inscrire que cet évènement est gratuit, uniquement sur invitation, avec une loterie ouverte depuis le 4 juin.

    Chaque soir, la cour Carrée du Louvre se métamorphose en salle de cinéma à ciel ouvert. Face à un écran monumental de vingt mètres, le public est invité à vivre une projection dans un cadre exceptionnel, rythmée par des concerts live, une offre food & drinks qualitative et une scénographie immersive.

    Imaginé en 2013 par Nathanaël et Elisha Karmitz, dirigeants de mk2, Cinéma Paradiso célèbre l’art sous toutes ses formes, avec une ambition constante : créer l’émerveillement par le cinéma. Chaque édition propose un dialogue inédit entre cinéma et fête, dans des lieux iconiques. Cet été, mk2 organisera également un Cinéclub Paradiso à La Seine Musicale, en collaboration avec le Département des Hauts de Seine, du mardi 15 au vendredi 18 juillet 2025. Informations et inscriptions sur mk2-festivalparadiso.com/

    LE PROGRAMME

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    Le MERCREDI 2 JUILLET

    19H30 – Ouverture des portes

    21H00 – DJ-Set de Piu Piu

    22H20 – Présentation du film par la réalisatrice Sofia Coppola et Lily Bloom

    22H45 – Projection de Virgin Suicides (1999) de Sofia Coppola

    LE JEUDI 3 JUILLET

    19H30 – Ouverture des portes

    20H45 – Concert surprise annoncé prochainement

    22H25 – Présentation du film

    22H50 – Projection de In the Mood for Love (2000) de Wong Kar-Wai

    LE VENDREDI 4 JUILLET

    19H30 – Ouverture des portes

    20H30 – Concert scène émergente, en partenariat avec le CNM :Asfar Shamsi (Le FAIR)

    Sam Sauvage (Le Chantier des Francos)

    Tuerie (Prix Joséphine)

    22H10 – Présentation du film

    22H35 – Projection de Twin Peaks: Fire Walk With Me (1992) de David Lynch

    LE SAMEDI 5 JUILLET

    19H30 – Ouverture des portes

    19H45 – DJ-Set du Fip Squad

    20H40 – Concert de Juniore, Une Sélection Fip

    22H10 – Présentation du film par Kleber Mendonça Filho

    22H35 – Avant-première de L’Agent secret (2025) de Kleber Mendonça Filho

    Chaque projection sera précédée d’une introduction exclusive par des personnalités du monde du cinéma, pour une immersion totale dans les univers des films. Ces avant-séances, d’une quinzaine de minutes, seront animées par Lily Bloom, journaliste pour TROISCOULEURS (partenaire média de l’événement) et présentatrice du Cercle Cinéma sur Canal+. Et pour ouvrir cette 5ème édition de la plus belle des manières, Sofia Coppola sera présente pour introduire elle-même la projection de son film culte Virgin Suicides. Le festival se clôturera en présence de Kleber Mendonça Filho, venu accompagner l’avant-première exceptionnelle de son film L’Agent secret doublement primé au Festival de  Cannes 2025 (prix d’interprétation masculine et prix de la mise en scène).

    Du MERCREDI 4 JUIN À 12H au MERCREDI 25 JUIN À 12H : inscriptions pour la loterie.

    Chaque participant doit s’inscrire en ligne sur le site mk2-festivalparadiso.com/louvre, dans la limite de deux places adultes (+de 18 ans) et deux places enfants (- de 18 ans) par soirée.

    Trois tirages au sort auront lieu les :

    11 JUIN - 18 JUIN - 25 JUIN

    Je vous recommande tout particulièrement la soirée Wong Kar Wai. Je vous propose ainsi ma critique de In the mood for love ci-dessous.

    CRITIQUE de IN THE MOOD FOR LOVE de WONG KAR-WAI

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    « J’aime le secret. C’est, je crois, la seule chose qui puisse nous rendre la vie mystérieuse ou merveilleuse. » (Oscar Wilde).

    Le jour où je revois ce film dans sa version restaurée, dehors, le ciel verse des larmes intarissables. Comme étreint d’une inconsolable mélancolie ou de secrets suffocants, de ceux qui à la fois accablent mais (trans)portent aussi. L’ambiance parfaite pour se plonger dans celle du film qui, plus que tout autre, a une « gueule d’atmosphère », celui qui immortalise et sublime l’impalpable. Le secret. Les émotions. La mélancolie.

    La dernière fois que j’avais revu  In the mood for love, c'était il y a quelques années, dans un cinéma d’art et essai de Saint-Germain-des-Prés, dans le cadre d’un festival. Le son grésillait. Les images balbutiaient. Cette fois, je le revois dans son éclatante magnificence. Merci à The jokers films pour le lien grâce auquel j’ai pu le revoir dans cette version restaurée 4K, initialement prévue pour le Festival de Cannes 2020 dans le cadre de Cannes Classics, dont la sortie avait été repoussée au 2 décembre 2020 avant d'être à nouveau repoussée au 10 février 2021.

    A partir d’un schéma conventionnel (Hong Kong, 1962, deux voisins, Su -Maggie Cheung- et Chow -Tony Leung-, découvrent que leurs époux respectifs entretiennent une liaison, s’éprennent peu à peu l’un de l’autre mais préfèreront renoncer à leur amour plutôt qu’à leurs idéaux), Wong Kar-wai a réalisé un poème lyrique, une peinture impressionniste éblouissante. A l’image de celles qui dictent les conduites de chacun dans ce Hong Kong des années 1960, les conventions ne sont en effet ici qu’apparences. Tout est dans les silences, les non-dits, les regards, les gestes, les mouvements des corps. Et dans l’atmosphère musicale qui cristallise les sentiments retenus des personnages, leurs frémissements fiévreux, l’intransmissible incandescence d’un amour implicite et ainsi sublimé par un entremêlement de gravité et de flamboyance.

    L’enfermement de Su est suggéré par des tenues qui emprisonnent son corps. La passion, contenue, est reflétée par leurs teintes chatoyantes auxquelles fait écho le décor rouge de l’hôtel qui, lui, contraste avec les couleurs ternes des couloirs exigus et presque insalubres de l’immeuble où ils se croisent tout d’abord. L’hôtel, avec ses tentures rouges, ressemble à un décor irréel (un décor de cinéma) dans lequel flotte une Su aux allures de star hollywoodienne. C’est d’ailleurs là qu’ils écrivent des feuilletons de chevalerie et rejouent la scène de rupture avec l’époux de Su que l’on ne voit d’ailleurs jamais à l’écran (pas plus que la femme de Chow), laissant la réalité à l’extérieur. Rappelant un des premiers plans dans un des appartements : une nature morte et sa copie conforme, annonciateur de ce jeu de recréation (récréation) de réalité.

    Tiré d’un film de Seijun Suzuki, le Yumeji’s Theme de Shigeru Umebayashi exacerbe la sensualité de leurs chassés-croisés, complainte troublante, obsédante, languissante et magnétique. Lorsqu’ils s’évitent dans le passage étroit éclairé par un lampadaire tel un projecteur de cinéma braqué sur leurs déambulations quasi fantasmagoriques, la caméra qui avance doucement, voluptueusement, caresse la tristesse rêveuse de leurs visages, leurs pas dansants et indolents, leurs rares mots échangés qui résonnent comme un poème ( «  J'étais libre et je voulais entendre votre voix »), les volutes de fumée de cigarettes, rubans fugaces qui s’élancent comme des pensées insoumises, la pluie qui tombe inlassablement et les enferme tels les barreaux d’une prison de rêves, le long couloir rouge avec ses rideaux dans lesquels s'engouffre le vent. La moiteur et la chaleur semblent sortir de l’écran pour nous emporter dans cette valse étourdissante. Chaque bruit recèle la sensualité qu’ils cadenassent. La pluie. La radio (souvent des opéras adaptés de classiques de la littérature abordant des amours interdites et des rendez-vous secret). Les étoffes. Les talons. Et leurs regards qui, en s’évitant, semblent réclamer un enlacement interdit, un interdit que symbolisent aussi ces tenues (cravates, robes) et le cadre toujours étroit (bureau, couloir, chambre, ruelle) qui les enserrent. Le ralenti et la musique ensorcelante qui les accompagnent lorsqu’ils se croisent et évitent trop soigneusement de se frôler suffisent à nous faire comprendre les sentiments exaltés qui les envahissent malgré l’étroitesse des conventions. La musique latinoaméricaine dont le fameux “ Quizás, Quizás, Quizás ” de Nat King Cole évoquent aussi des amours regrettées ou impossibles. Sans compter « I’m in the Mood for Love » qui ne figure cependant pas dans le film. La musique est là pour traduire l’indicible et en exalter la puissance magnétique.

    Les ellipses permettent au spectateur de laisser libre cours à son imagination. Rarement une histoire d’amour avait été racontée avec autant de pudeur, de nuance, d’élégance. Il y en a d’autres bien sûr : Sur la route de Madison (dans lequel là aussi chaque geste est empreint de poésie, de langueur mélancolique, des prémisses de la passion inéluctable et dans lequel les souvenirs de Francesca Johnson et Robert Kincaid se cristalliseront aussi au son de la musique, le blues qu’ils écoutaient ensemble, qu’ils continueront à écouter chacun de leur côté, souvenir de ces instants immortels), les films de James Ivory pour l’admirable peinture des sentiments contenus, Casablanca (avec cette musique, réminiscence de ces brefs instants de bonheur à Paris, entre Rick et Ilsa, à La Belle Aurore, ces souvenirs dans lesquels le « Play it again Sam » les replonge lorsque Illsa implore Sam de rejouer ce morceau aussi célèbre que le film : « As time goes by »), les films de Truffaut, les films de Sautet où la pluie là aussi rapproche les êtres….

    Chow raconte à Ah Ping qu'autrefois quand on voulait préserver un secret, on creusait un trou dans un arbre, on y racontait le secret puis on bouchait le trou avec de la terre, ce qui le scellait à jamais. Le film s’achève ainsi à Angkor Vat au moment de la visite de De Gaulle au Cambodge, en 1966, une visite que couvre Chow. Le rêve est terminé. La réalité, factuelle, implacable, reprend ses droits. C’est pourtant là, dans le cadre du plus grand monument religieux au monde (dont l’étendue contraste avec l’étroitesse des lieux où se croisaient Chow et Su) que, selon une ancienne coutume, Chow va confier son secret dans le trou d'un mur et le boucher avec une poignée de terre. Le titre chinois du film veut dire « Le temps des fleurs ». Un temps décidément éphémère. C’est à la radio que Su écoutait la chanson « Age of bloom » de  Zhou Xuan à laquelle le film emprunte ce titre.

    « Il se souvient des années passées comme s'il regardait au travers d'une fenêtre poussiéreuse, le passé est quelque chose qu'il peut voir, mais pas toucher. Et tout ce qu'il aperçoit est flou et indistinct. » Du passé ne subsistent alors que des élans mélancoliques et des mots confiés à la pierre.

    Avec cette atmosphère sensuelle, ensorcelante, languissante, Wong Kar-wai a fait de son film une œuvre inclassable et novatrice, intemporelle et universelle. Alors, quand cette rêverie cinématographique s’achève, on quitte à regrets l’atmosphère enchanteresse de cette valse d’une suavité mélancolique à la beauté douloureuse des amours impossibles, cette longue parabole amoureuse qui nous laisse le souvenir inaltérable d’un secret brûlant, et de notes qui s’envolent comme les volutes de fumée qui nous enveloppent dans leur ruban soyeux.

    Wong Kar-wai a mis deux ans à achever In The Mood For Love, travaillant comme à son habitude sans script et s’inspirant des rushes déjà tournés pour bâtir la structure du film. « In the mood for love » a été présenté en compétition officielle lors du Festival de Cannes 2000. Tony Leung avait alors reçu le Prix d’Interprétation masculine Christopher Doyle, Mark Lee Ping-bing et William Chang avaient remporté le Prix Vulcain remis par la Commission supérieure technique de l’image et du son.

    Et pour terminer comme j’ai commencé, une citation, de Balzac cette fois extraite de La peau de chagrin :

    « Pour juger un homme, au moins faut-il être dans le secret de ses pensées, de ses malheurs, de ses émotions. Ne vouloir connaître que l’homme et les évènements c’est de la chronologie ».

    Pour prolonger les plaisirs cinématographiques estivales, retrouvez également, ici, mon article sur la programme cinéma du rooftop du MK2 Hôtel Paradiso.

    2/2  PLAZA CINEMA CLUB DU 29 JUIN AU 6 JUILLET 2025

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    Crédit Photos ©BobyAllin

    Là aussi il s'agit d'une programmation particulièrement enthousiasmante ! Pour la 4ème édition, le programme du Plaza Cinéma Club a de quoi réjouir les cinéphiles !

    Vous pourrez découvrir ces films dans la cour jardin du célèbre palace. Suite au succès des éditions précédentes, la Cour Jardin du Plaza Athénée se transforme de nouveau en cinéma
    en plein air, cette fois-ci pour 8 dates, du 29 juin au 6 juillet 2025.

    Chaque soir, les menus seront adaptés à la thématique des films projetés et seront servis au rythme des scènes, le tout ponctué de surprises tout au long de la dégustation. Ce voyage gourmand et cinématographique promet une expérience hors du temps.

    Dimanche 29 juin 2025

    Indiana Jones et la Cité de l'Arche Perdue de Steven Spielberg 1h55

    Seriez-vous prêt à manger l’Idole, le Médaillon ou l’Arche ? Le premier périple d’Indiana à travers le monde et ses découvertes culinaires... Attention aux dattes empoisonnées !

    Prix par personne : 290 € TTC

     

    Lundi 30 juin 2025

    Sabrina  de Billy Wilder– 2h07

    Le voyage d’Audrey Hepburn pour apprendre la cuisine à Paris : soufflé et romantisme au programme.

    Prix par personne : 290 € TTC

     

    Mardi 1er juillet 2025

    Casino Royale de Martin Campbell– 2h18

    Caviar, vodka martini et tout l’univers du premier James Bond incarné par Daniel Craig, entre Bahamas, Monténégro et Venise.

    Prix par personne : 340 € TTC

     

    Mercredi 2 juillet 2025

    Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain de Jean-Pierre Jeunet– 2h02

    Plongez dans le Paris de Montmartre, ses plats canailles et une certaine idée de Paris avant Emily, dans les pas d’Amélie.

    Prix par personne : 290 € TTC

     

    Jeudi 3 juillet 2025

    Astérix et Obélix, Mission Cléopâtre de Alain Chabat– 1h52

    Plats gaulois, romains et égyptiens sont à l’honneur le long du Nil. Serez-vous sur la liste ? Regardez à Jules, peut-être !

    Prix par personne : 290 € TTC

     

    Vendredi 4 juillet 2025

    Le Seigneur des Anneaux, La Communauté de l'Anneau de Peter Jackson– 2h58

    Un anneau pour les gouverner tous. Balade culinaire en Terre du Milieu, entre Mordor, petits plats de Hobbit et bière du Comté. Vous ne passerez pas !

    Prix par personne : 310 € TTC

     

    Samedi 5 juillet 2025

    Le Parrain 2 de Francis Ford Coppola– 3h22

    Le retour des plats de la famille Corleone, voyageant entre les époques et les pays : New York, Cuba, le lac Tahoe et la Sicile. Quel goût aura le baiser de la mort de Michael ?

    Prix par personne : 310 € TTC

     

    Dimanche 6 juillet 2025

    Le Sens de la Fête de Eric Toledano et Olivier Nakache– 1h56

    Notre quotidien au Plaza Athénée brillamment mis en scène entre loup, agneau et fraisier ! Et évidemment, nous allons sortir les feuilletés !

    Prix par personne : 290 € TTC

     

    Informations Pratiques

    Plaza Cinéma Club

    La Cour Jardin de l’Hôtel Plaza Athénée

    25, Avenue Montaigne (Paris 8ème).

    Du 29 juin au 6 juillet 2025 à partir de 20h30

    Lien de réservation : La Cour Jardin Events

    Pour ma part, si j’y allais, j’hésiterais certainement entre la fantaisie poétique et réjouissante de Jean-Pierre Jeunet, le chef-d’œuvre de Francis Ford Coppola, la comédie romantique et jubilatoire de Billy Wilder, le film tendrement désopilant de Toledano et Nakache, et le thriller de Martin Campbell (dont je vous propose ma critique ci-dessous)… Sans doute choisirais-je Le Fabuleux destin d’Amélie Poulain pour la délicieuse alliance de fantaisie cinématographique et gastronomique que la soirée promet…

    Accueil dans la Cour Jardin à partir de 20h30 - Placement à 21h30 et début de la projection à 21h45.

    Un casque audio sans fil sera fourni à tous les participants.

    Les films seront diffusés en version originale et sous-titrés en français ou anglais selon la langue.

    Accessible aux enfants à partir de 12 ans.

    Une coupe de champagne, l’eau et les boissons chaudes sont inclus dans le prix du menu.

    Réservations obligatoires - Places limitées

     

    CRITIQUE de CASINO ROYALE de Martin Campbell (Dîner du 1er juillet)

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    Que n'a-t-on pourtant pas entendu lors de ce choix de Daniel Craig pour incarner James Bond et lorsqu'il a été annoncé qu'il succèderait à Pierce Brosnan, un choix (après plus de 200 comédiens auditionnés !), il est vrai, plutôt osé tant son physique et son jeu contrastent voire tranchent avec ceux de ses prédécesseurs : Pierce Brosnan, Sean Connery, Roger Moore, Timothy Dalton, George Lazenby. Sixième à incarner James Bond depuis 1962, Daniel Craig est le premier à sortir du personnage du svelte dandy au sourire ravageur et carnassier, aussi collectionneur des gadgets dernier cri que des James Bond girls.

    James Bond (Daniel Craig donc) qui vient d'obtenir le double zéro, c'est-à-dire le permis de tuer, doit ici affronter le puissant banquier privé du terrorisme international, surnommé Le Chiffre (Mads Mikkelsen). Pour le ruiner et démanteler son immense réseau criminel, James Bond doit le battre lors d'une partie de poker au Casino Royale.  C'est la très mystérieuse et sublime Vesper (Eva Green), attachée au Trésor britannique qui l'accompagne afin de veiller à ce qu'il prenne soin de l'argent britannique avec lequel il va jouer. Mais rien ne va se passer comme prévu, James Bond va en effet devoir faire face à une situation qui va le rendre inhabituellement vulnérable...

    Ce 21ème James Bond est l'adaptation du premier opus écrit par Ian Fleming en 1953 et son adaptation signe aussi le vrai retour à l'univers de Fleming. Rien à voir donc ici avec la version parodique de 1967 également intitulée Casino Royale.

    Dès les premiers plans, nous sommes plongés dans un univers brutal, au rythme effréné, aux scènes aussi spectaculaires que trépidantes avec dès le départ une course poursuite avec paroxysme sur grue vertigineuse puis une seconde dans un aéroport. Changement de décor avec l'arrivée au Casino Royale du Montenegro après une jouissive joute verbale entre Bond et Vesper.

    Ce film est une réjouissance et une surprise continuelles d'abord avant tout dues au scénario de Robert Wade et Neal Purvis magistralement réécrit par Paul Haggis (notamment scénariste de Million Dollar baby et Mémoires de nos pères, réalisateur de Collision et Dans la vallée d'Elah) alternant intelligemment les scènes d'action pure, de suspense (aussi bien dans les scènes d'action que celles de poker, véritable combat intellectuel), de romance mais aussi les décors aussi exotiques les uns que les autres des Bahamas à Venise.

    C'est un Bond, à la fois amoureux et donc vulnérable mais aussi plus violent, viril et glacial, plus sombre et plus musclé qui use de son « permis de tuer ». Daniel Craig lui apporte une dureté, une intensité, une classe inédites et à côté de lui les précédents acteurs l'ayant incarné font bien pâle figure. Certains ont été à l'époque décontenancés par ce James Bond qui a perdu certaines caractéristiques qui contribuaient à sa spécificité : il n'utilise (temporairement) plus ou si peu de gadgets, a perdu une partie son flegme et son humour britanniques (même si les dialogues et le détachement dont il sait toujours faire preuve dans les situations les plus dramatiques ou face à M sont particulièrement savoureux), et se rapproche davantage de Jason Bourne que du héros de Ian Fleming dans ses précédentes adaptations même si la situation le fera évoluer vers davantage de raffinement. Il a aussi su s'adapter à l'époque complexe dans laquelle il vit, l'ennemi n'étant plus le bloc soviétique, fin de la guerre froide oblige, mais les financiers du terrorisme international. On assiste ainsi à une véritable surenchère : dans les scènes d'action (leur nombre et leur aspect spectaculaire), dans leur violence (Bond est soumis à la torture), dans le nombre de plans, mais aussi dans le nombre de lieux, James Bond nous embarquant ainsi aux Bahamas, en République Tchèque, à Venise, à Madagascar, en Ouganda, au Montenegro. C'est aussi d'ailleurs pour cela qu'on se rue dans les salles à chaque nouveau volet : pour ce  voyage auquel il nous invite, il nous emmène ailleurs dans tous les sens du terme et de ce point de vue aussi ce James Bond est particulièrement réussi.

    Mais le principal atout qui sans doute ralliera ceux qui juste-là étaient allergiques à son univers, c'est le duo qu'il forme avec Vesper, un duel sensuel qui apporte beaucoup de piquant à l'intrigue, et plus d'humanité au personnage de Bond, aussi brutal soit-il.  Mystérieuse, impertinente, voire arrogante mais aussi vulnérable, Vesper lui ressemble trop pour qu'il lui reste insensible. Certaines scènes rappellent ainsi certains drames romantiques parmi les meilleurs ( la musique - de David Arnold- rappelle celle d' Out of Africa et les dernières scènes à Venise font penser à Titanic ) et contrebalancent ainsi cette nouvelle brutalité.  Et cette alliance du romanesque avec l'univers sombre et brutal de ce James Bond donne un résultat aussi étonnant que détonant, à la fois moderne et complexe à l'image de Bond et Vesper, un film au rythme haletant qui sait aussi prendre le temps des dialogues et de l'émotion.

    Eva Green est aussi pour beaucoup dans cette réussite, incarnant à la perfection et avec beaucoup de classe ce premier amour de Bond à l'esprit vif, à la vulnérabilité touchante et à l'arrogance mystérieuse. Face à eux Le Chiffre incarne « le méchant » qui ne cherche plus à dominer le monde.

    La réalisation de Martin Campbell (qui avait déjà réalisé Golden Eye) est d'une efficacité redoutable et la musique du chanteur américain Chriss Cornell (ancien leader du groupe « Soundgarden ») qui interprète You know my name, la chanson-phare de Casino Royale achève d'en faire une réussite totale.

    Ajoutez à cela un brillant retournement final, et vous obtiendrez un film sombre, spectaculaire, réjouissant, haletant dont vous avez l'impression que le terme jubilatoire a été inventé pour le qualifier.  2H20 dont je vous garantis que vous ne les verrez pas passer et après lesquelles vous n'aurez qu'une envie : refaire le voyage ou voir la suite des aventures de ce Bond écorché vif, trahi, et avide de vengeance.

    James Bond confirmera ensuite son entrée dans cette nouvelle ère avec Quantum of Solace que je vous recommande également même s'il n'a pas atteint la perfection du genre que représente Casino Royale.

  • Critique - LES PROIES de Sofia Coppola (Compétition officielle du Festival de Cannes 2017)

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    Cet article est extrait de mon compte rendu du Festival de Cannes 2017 à retrouver ici.

    Les Proies est l'adaptation du roman éponyme de Thomas Cullinan. Don Siegel l’avait déjà adapté en 1971 avec Clint Eastwood dans le rôle masculin principal.

    En pleine guerre de Sécession, dans le Sud profond, les pensionnaires d'un internat de jeunes filles recueillent un soldat blessé du camp adverse (Colin Farrell). Alors qu'elles lui offrent refuge et pansent ses plaies, l'atmosphère se charge de tensions sexuelles et de dangereuses rivalités éclatent. Jusqu'à ce que des événements inattendus ne fassent voler en éclats interdits et tabous. Aux côtés de la directrice (Nicole Kidman), le professeur Edwina Dabney (Kirsten Dunst) qui enseigne les bonnes manières et le Français. Et leurs élèves. 

    Nicole Kidman et Colin Farrell ont  monté deux fois les marches ensemble pour un film en compétition cette année puisque  « Mise à mort du cerf sacré » de Yorgos Lanthimos (un des films qu’il me faudra rattraper) était également présenté au Festival de Cannes 2017.

    La réalisatrice s’est focalisée sur ses personnages féminins qui, bien que victimes du réveil de leurs désirs, finissent par mener la danse.  De proies apparentes (lorsque l’élève chemine dans la forêt avant de trouver le soldat blessé, elle avance tel le petit chapon rouge vers le loup, dans une forêt étrange et menaçante), elles deviennent prédatrices. D’apparence fragiles, elles se révèlent robustes. De rivales prêtes à tout pour assouvir leurs désirs, elles se transforment en groupe solidaire pour se défendre.

    On retrouve le danger venu de l’étranger, l’extérieur, l’ailleurs (cette nature luxuriante, vénéneuse, sauvage, aux racines tentaculaires entre lesquelles la caméra serpente tissant sa toile et nous prévenant du danger qui plane) et la mélancolie qui caractérisent le cinéma de la cinéaste. La maison enchanteresse aux airs de Tara est éclairée par une lumière irréelle et vaporeuse, prémisses du virage du film (que je vous laisse découvrir et que la bande annonce dévoile malheureusement, elle dévoile d’ailleurs tout le film) après lequel elle devient une demeure inquiétante de l’autre côté de grilles hermétiquement fermées. On ne sort jamais de la demeure et de son jardin, cadenassés, sorte d’îlot faussement paradisiaque au milieu de la guerre dont le chaos nous parvient, au loin, de l’autre côté des grilles, par les sons des canons.  Directrice, professeur et élèves se parent de leurs plus beaux atours pour attirer leur proie et attiser ses sens. L’atmosphère sereine et studieuse se mue peu à peu en ambiance languissante et fiévreuse.

    Les images sont sublimes. La photographie  (de Philippe Le Sourd) est hypnotique. Avec ces scènes éclairées à la lueur des bougies. Ce soleil qui perce à travers les arbres. Et qui révèlent un autre visage. Derrières ces silhouettes virginales des silhouettes fantomatiques. Derrière la blancheur suintent les désirs si longtemps contenus.

    La mise en scène est élégante mais la sinuosité de certains mouvements de caméra nous avertit que tout cela n’est qu’apparence. Ces visages angéliques dissimulent des désirs étouffés. Derrière cette fragilité se trouvent des femmes fortes et déterminées, derrière cet univers puritain et ces visages innocents et diaphanes se niche une perversité latente.

    Dommage que le personnage masculin soit si peu existant mais c’est un parti pris compréhensible de Sofia Coppola qui, plutôt qu’un remake, signe ici une nouvelle adaptation dans laquelle les femmes d’abord victimes de leurs désirs (peu importe finalement le pantin qui les inspire), reprennent ensuite le pouvoir. Sans doute une durée plus longue aurait-elle permis de donner encore plus de place à chacun des personnages. Toutes ont ici néanmoins une identité propre, clairement dessinée.

    Nicole Kidman (qui a reçu le prix du 70ème anniversaire du festival, malheureusement en son absence),  est  ainsi impériale et inquiétante en propriétaire et directrice de pensionnat, masquant ses émotions et gardant tant bien que mal le contrôle. L’enseignante sage et docile incarnée par Kirsten Dunst voit là sa dernière chance de bonheur, d’échapper à sa condition, de quitter cette prison blanchâtre. Et Elle Fanning est totalement sous l’emprise de ses pulsions et son envie de dévorer sa proie. Les scènes d’échanges et de dîners sont savoureuses, notamment la dernière, véritable moment d’anthologie dans laquelle chacune joue sa partition avec brio. Délectable.

    Thriller sanglant. Comédie grinçante. Conte horrifique. Portaits de femmes. A prendre au premier ou au second degré. Ce nouveau film de Sofia Coppola est tout cela à la fois. Peut-être le plus adulte et émancipé de Sofia Coppola en ce qu’il montre une nouvelle fois la noirceur derrière une apparence virginale  tout en laissant de côté ses tics musicaux et stylistiques de réalisatrice à la mode. Laissez-vous captiver…

  • Cannes 2017 - Critique de SOMEWHERE de Sofia Coppola (en attendant LES PROIES)

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    Parmi les films attendus de ce 70ème Festival de Cannes figure ainsi celui de Sofia Coppola (en compétition officielle), « Les Proies » (The Beguiled), une adaptation du roman de Thomas Cullinan, avec Colin Farrell, Nicole Kidman, Elle Fanning et Kirsten Dunst. En attendant de le découvrir sur la Croisette, je vous propose ma critique de SOMEWHERE de Sofia Coppola.

    Critique de SOMEWHERE de Sofia Coppola

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     Quatrième long-métrage de la cinéaste après « Virgin suicides », « Lost in translation » et « Marie-Antoinette », « Somewhere » a reçu le Lion d’or du Festival de Venise « à l’unanimité » selon le président du jury Quentin Tarantino, malgré l’accueil mitigé que le film avait reçu à la Mostra mais Quentin Tarantino (que certains ont accusé de favoritisme, ce dernier ayant été le compagnon de Sofia Coppola) n’en est pas à sa première remise de prix controversée, on se souvient ainsi de la controverse suite à la palme d’or que le jury cannois qu’il présidait avait attribuée à Michael Moore pour « Fahrenheit 9/11 », en 2004.

    Le synopsis de « Somewhere » n’est pas sans rappeler celui de « Lost in translation » :  Johnny Marco (Stephen Dorff), acteur de son état, promène sa lassitude désenchantée dans les couloirs du Château Marmont, célèbre hôtel (réel) de Los Angeles fréquenté par le tout Hollywood, jusqu’au jour où arrive Cléo (Elle Fanning), sa fille de 11 ans.  Avec elle, il va enfin se réveiller et révéler, et cesser de tourner en rond pour retrouver le « droit chemin ».

    La première scène  nous montre ainsi une voiture (la Ferrari rutilante de l’acteur dont on se demande parfois si le film n’en est pas le spot publicitaire même si, certes, elle n’est pas sans symboles, notamment  de son luxueux enfermement ) qui tourne en rond sur un circuit, à l’image de Johnny dans les couloirs du Château Marmont, et de sa vie qui ne semble aller nulle part, et n’être qu’une errance dans les couloirs de l’hôtel où il croise notamment Benicio Del Toro, Aurélien Wiik et Alden Ehrenreich (dont je vous laisse retrouver les très courtes apparitions) mais surtout des silhouettes lascives, fantomatiques et désincarnées quand il n’en ramène pas dans sa chambre, semble-t-il sa seule occupation. Lorsque la gracile, solaire et sage Cléo débarque, il porte un regard nouveau sur ce qui l’entoure, ou même tout simplement il porte un regard, enfin.

     Ce regard c’est celui de la cinéaste, habituée des lieux, gentiment ironique : sur la télévision italienne et ses personnages hauts en couleurs, les conférences de presse aux questions consternantes (dont les questions et la perplexité de l’acteur n’ont pas été sans me rappeler celle-ci, notamment, mais aussi bien d’autres), la promotion contrainte et souvent absurde.

     Le cinéma de Sofia Coppola, d’ailleurs qu’il se passe au XVIIIème ou en 2010, semble compiler les effets de mode : musicaux (hier Air, aujourd’hui Phoenix, avec la musique de son compagnon Thomas Mars), géographiques (l’hôtel Château Marmont de Los Angeles) ou visuels ( trèèès longs plans fixes ou plans séquences).

    Le problème c’est qu’à force d’être « à la mode », Sofia Coppola nous donne l’impression de regarder la couverture glacée d’un magazine (à moins que ce ne soit délibéré que nous ne voyions rien comme Johnny aveugle à ce qui l’entoure). Le Château Marmont est un lieu décadent nous dit-elle, mais son regard semble s’arrêter à l’apparence, à cette première page sans jamais en franchir réellement le seuil. A l’image du premier plan et de son protagoniste, le cinéma de Sofia Coppola semble par ailleurs tourner en rond : le cadre, les personnages, la fin rappellent ceux de « Lost in translation » (notamment avec ses paroles inaudibles),  et on retrouve ses thématiques récurrentes : personnages esseulés, en transition, célébrité.

     Là où « Lost in translation » était avant tout centré sur le scénario (recevant un Oscar, mérité, pour celui-ci), « Somewhere » ressemble davantage à un exercice de style imprégné de cinéma d’auteur français  et de Nouvelle Vague(jusqu’au prénom Cléo, probablement en référence à Varda) ou de cinéastes américains comme Gus Van Sant, mais je ne vois toujours pas ce que ce film a de plus qu’un grand nombre de films indépendants américains (notamment ceux projetés en compétition dans le cadre du Festival du Cinéma Américain de Deauville, au moins aussi bons) et donc ce qui justifie son prix à la Mostra.

    Finalement ce film est à l’image de sa réalisatrice qui dégage un charme discret et dont on ne sait si on la trouve charmante à force qu’on nous ait rabâché qu’elle l’était ou si elle l’est réellement. J’avoue n’avoir toujours pas réussi à trancher, et à savoir si son film lui aussi est juste une image ou si il a une réelle consistance. Ou s’il n’est qu’un masque comme celui que Johnny est contraint de porter (au propre comme au figuré). Cela me rappelle d’ailleurs cette anecdote significative, Sofia Coppola passagère connue et anonyme dans un bus et que j’étais la seule à remarquer, témoignant du fait qu’on ne la remarque comme une icône de mode que parce que les magazines nous la désignent comme telle, et je me demande ainsi si ce n’est pas à l’image de son cinéma qui serait « remarquable » car « à la mode ». En tout cas, et pour mon plus grand plaisir, n'a-t-elle pas cédé à une mode: celle des films avec dialogues (quand il y en a) et rythme effrénés pour vous empêcher de réflèchir (ce qui, en général, serait fortement nuisible aux films en question).

    « Somewhere », à la fois très dépouillé et stylisé (qualité et défaut d’un premier film dont il a les accents), n’est donc néanmoins pas dénué de charme ou de grâce (par exemple le temps d’un survol en hélicoptère où Johnny prend la mesure de la beauté du monde, en tout cas de son monde, d’une danse aérienne sur la glace, ou d’une caméra qui s’éloigne lentement, prenant du recul comme Johnny va le faire progressivement), et son ironie désenchantée est plutôt réjouissante. La photographie langoureuse d’Harris Savides (notamment chef opérateur de « Gerry », "Elephant", "Whatever works", "The Game", ou « The Yards »), les plans lancinants souvent intelligemment métaphoriques retiennent notre attention et, malgré la lenteur, ne laissent jamais l’ennui s’installer mais nous permettent au contraire de nous laisser porter par l’atmosphère du Château Marmont et, comme Johnny d’en éprouver les facéties étouffantes. Stephen Dorff est parfaitement crédible en acteur débraillé, lucide, blasé et passif que tout le monde trouve en pleine forme, et la jeune Elle Fanning dégage une grâce, une maturité et une justesse rares qui illuminent le film et promettent une jolie carrière. Ils forment un duo tendre et attachant, crédible.

     Malgré cela, ce « Somewhere » certes indéniablement plein de charme, m’a laissée sur ma faim, et je m’interroge encore pour savoir si cette longue route droite mène réellement quelque part et si, plus encore qu’intimiste, ce film n’en est pas démesurément personnel, voire narcissique, pour oublier d’être ce qu’est tout grand, voire tout bon film, et ce qu’étaient à mon sens les excellents « Lost in translation » et « Marie-Antoinette » : universels.

  • Avant-première- Critique de "Somewhere" de Sofia Coppola et vidéos de Sofia Coppola et Stephen Dorff

    C'est le 4 novembre dernier que j'ai découvert le très attendu "Somewhere" de Sofia Coppola, en avant-première. Retrouvez ci-dessous ma critique du film et mes vidéos de la réalisatrice et de son acteur principal. Le film sortira en salles mercredi prochain.

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    Le cinéma de Sofia Coppola: un effet de mode?

    Hier soir, au Gaumont Marignan, sur les Champs Elysées avait lieu l’avant-première de « Somewhere » de Sofia Coppola. (La projection était suivie d'un débat avec la cinéaste et son acteur principal, cf mes vidéos en bas de cet article) Quatrième long-métrage de la cinéaste après « Virgin suicides », « Lost in translation » et « Marie-Antoinette », « Somewhere » a reçu le Lion d’or du dernier Festival de Venise « à l’unanimité » selon le président du jury Quentin Tarantino, malgré l’accueil mitigé que le film avait reçu à la Mostra mais Quentin Tarantino (que certains ont accusé de favoritisme, ce dernier ayant été le compagnon de Sofia Coppola) n’en est pas à sa première remise de prix controversée, on se souvient ainsi de la controverse suite à la palme d’or que le jury cannois qu’il présidait avait attribuée à Michael Moore pour « Fahrenheit 9/11 », en 2004.

    Le synopsis de « Somewhere » n’est pas sans rappeler celui de « Lost in translation » :  Johnny Marco (Stephen Dorff), acteur de son état, promène sa lassitude désenchantée dans les couloirs du Château Marmont, célèbre hôtel (réel) de Los Angeles fréquenté par le tout Hollywood, jusqu’au jour où arrive Cléo (Elle Fanning), sa fille de 11 ans.  Avec elle, il va enfin se réveiller et révéler, et cesser de tourner en rond pour retrouver le « droit chemin ».

    La première scène  nous montre ainsi une voiture (la Ferrari rutilante de l’acteur dont on se demande parfois si le film n’en est pas le spot publicitaire même si, certes, elle n’est pas sans symboles, notamment  de son luxueux enfermement ) qui tourne en rond sur un circuit, à l’image de Johnny dans les couloirs du Château Marmont, et de sa vie qui ne semble aller nulle part, et n’être qu’une errance dans les couloirs de l’hôtel où il croise notamment Benicio Del Toro, Aurélien Wiik et Alden Ehrenreich (dont je vous laisse retrouver les très courtes apparitions) mais surtout des silhouettes lascives, fantomatiques et désincarnées quand il n’en ramène pas dans sa chambre, semble-t-il sa seule occupation. Lorsque la gracile, solaire et sage Cléo débarque, il porte un regard nouveau sur ce qui l’entoure, ou même tout simplement il porte un regard, enfin.

     Ce regard c’est celui de la cinéaste, habituée des lieux, gentiment ironique : sur la télévision italienne et ses personnages hauts en couleurs, les conférences de presse aux questions consternantes (dont les questions et la perplexité de l’acteur n’ont pas été sans me rappeler celle-ci, notamment, mais aussi bien d’autres), la promotion contrainte et souvent absurde.

    Si j’ai posé cette question en guise de titre « le cinéma de Sofia Coppola : un effet de mode », thèse que semble d’ailleurs accréditer le public invité hier soir (une majorité de  blogueuses …mode , outre quelques acteurs/trices également à la mode comme notamment Géraldine Nakache), c’est parce que la mode est désormais indissociable de Sofia Coppola. Pas seulement parce que cette dernière figure fréquemment dans les magazines féminins à la rubrique mode mais aussi parce que son cinéma, d’ailleurs qu’il se passe au XVIIIème ou en 2010, semble compiler les effets de mode : musicaux (hier Air, aujourd’hui Phoenix, avec la musique de son compagnon Thomas Mars), géographiques (l’hôtel Château Marmont de Los Angeles) ou visuels ( trèèès longs plans fixes ou plans séquences).

    Le problème c’est qu’à force d’être « à la mode », Sofia Coppola nous donne l’impression de regarder la couverture glacée d’un magazine (à moins que ce ne soit délibéré que nous ne voyions rien comme Johnny aveugle à ce qui l’entoure). Le Château Marmont est un lieu décadent nous dit-elle, mais son regard semble s’arrêter à l’apparence, à cette première page sans jamais en franchir réellement le seuil. A l’image du premier plan et de son protagoniste, le cinéma de Sofia Coppola semble par ailleurs tourner en rond : le cadre, les personnages, la fin rappellent ceux de « Lost in translation » (notamment avec ses paroles inaudibles),  et on retrouve ses thématiques récurrentes : personnages esseulés, en transition, célébrité.

     Là où « Lost in translation » était avant tout centré sur le scénario (recevant un Oscar, mérité, pour celui-ci), « Somewhere » ressemble davantage à un exercice de style imprégné de cinéma d’auteur français  et de Nouvelle Vague(jusqu’au prénom Cléo, probablement en référence à Varda) ou de cinéastes américains comme Gus Van Sant, mais je ne vois toujours pas ce que ce film a de plus qu’un grand nombre de films indépendants américains (notamment ceux projetés en compétition dans le cadre du Festival du Cinéma Américain de Deauville, au moins aussi bons) et donc ce qui justifie son prix à la Mostra et d'autant plus après avoir découvert "Black Swan" de Darren Aronofsky, l'autre favori de la compétition.

    Finalement ce film est à l’image de sa réalisatrice qui dégage un charme discret et dont on ne sait si on la trouve charmante à force qu’on nous ait rabâché qu’elle l’était ou si elle l’est réellement. J’avoue n’avoir toujours pas réussi à trancher, et à savoir si son film lui aussi est juste une image ou si il a une réelle consistance. Ou s’il n’est qu’un masque comme celui que Johnny est contraint de porter (au propre comme au figuré). Cela me rappelle d’ailleurs cette anecdote significative, Sofia Coppola passagère connue et anonyme dans un bus et que j’étais la seule à remarquer, témoignant du fait qu’on ne la remarque comme une icône de mode que parce que les magazines nous la désignent comme telle, et je me demande ainsi si ce n’est pas à l’image de son cinéma qui serait « remarquable » car « à la mode ». En tout cas, et pour mon plus grand plaisir, n'a-t-elle pas cédé à une mode: celle des films avec dialogues (quand il y en a) et rythme effrénés pour vous empêcher de réflèchir (ce qui, en général, serait fortement nuisible aux films en question).

    « Somewhere », à la fois très dépouillé et stylisé (qualité et défaut d’un premier film dont il a les accents), n’est donc néanmoins pas dénué de charme ou de grâce (par exemple le temps d’un survol en hélicoptère où Johnny prend la mesure de la beauté du monde, en tout cas de son monde, d’une danse aérienne sur la glace, ou d’une caméra qui s’éloigne lentement, prenant du recul comme Johnny va le faire progressivement), et son ironie désenchantée est plutôt réjouissante. La photographie langoureuse d’Harris Savides (notamment chef opérateur de « Gerry », "Elephant", "Whatever works", "The Game", ou « The Yards »), les plans lancinants souvent intelligemment métaphoriques retiennent notre attention et, malgré la lenteur, ne laissent jamais l’ennui s’installer mais nous permettent au contraire de nous laisser porter par l’atmosphère du Château Marmont et, comme Johnny d’en éprouver les facéties étouffantes. Stephen Dorff est parfaitement crédible en acteur débraillé, lucide, blasé et passif que tout le monde trouve en pleine forme, et la jeune Elle Fanning dégage une grâce, une maturité et une justesse rares qui illuminent le film et promettent une jolie carrière. Ils forment un duo tendre et attachant, crédible.

     Malgré cela, ce « Somewhere » certes indéniablement plein de charme, m’a laissée sur ma faim, et je m’interroge encore pour savoir si cette longue route droite mène réellement quelque part et si, plus encore qu’intimiste, ce film n’en est pas démesurément personnel, voire narcissique, pour oublier d’être ce qu’est tout grand, voire tout bon film, et ce qu’étaient à mon sens les excellents « Lost in translation » et « Marie-Antoinette » : universels.

    Ci-dessous, la bande-annonce très réussie, avec, comme toujours chez Sofia Coppola, une idée de la BO elle aussi très réussie:

    Vidéos du débat avec Sofia Coppola et Stephen Dorff, après la projection du film:

    

    

    

  • Hors-série du magazine Trois couleurs sur Sofia Coppola

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    Il y a plusieurs semaines déjà je vous livrais ici ma critique en avant-première de "Somewhere" de Sofia Coppola qui sortira en salles le 5 janvier 2011. A cette occasion, après deux hors-séries dédiés à la contre-culture américaine et aux Doors,  le mensuel culturel Trois couleurs consacre son troisième hors-série à la réalisatrice. Ce magazine chic ET intéressant est en vente en kiosques partout en France depuis le 15 décembre (et sur Amazon).

    Cette édition collector revient sur la genèse de "Somewhere", ses influences, ses résonances avec d’autres artistes, d’autres disciplines.  À partir d'une longue interview de Sofia Coppola et de ses acteurs, le magazine évoque les obsessions de la réalisatrice, qu’elles soient formelles ou thématiques (miroirs, jeunes filles perdues, enfermement), son utilisation très personnelle de la musique (de Air à Phoenix), son rapport fécond à l’univers de la mode, ou encore sa place au sein du clan Coppola, dont une ample généalogie est proposée au lecteur.  Ce tour d’horizon est complété par une histoire du Château Marmont (l’hôtel mythique où a été tourné Somewhere), mais aussi par un panorama des plus grands acteurs et réalisateurs italo-américains (de Capra à Scorsese, d’Al Pacino à Ferrara), un portrait des soeurs Shannon (stars sulfureuses du pole dance, à l'honneur dans Somewhere), et un port-folio d’images du film commentées par Sofia Coppola et Harris Savides (directeur de la photographie de Somewhere, collaborateur régulier de Gus Van Sant, David Fincher ou James Gray).  Grande amatrice de Sofia Coppola, la jeune dessinatrice Nine Antico, auteur de la BD événement Coney Island Baby (L'Association), se charge d’une partie des illustrations. 

  • Avant-premières de "Somewhere" de Sofia Coppola en exclusivité dans les cinéma Gaumont Pathé

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    somewhere.jpgLe 2 décembre, plus d'un mois avant la sortie  nationale officielle de "Somewhere" de Sofia Coppola prévue le 5 janvier 2011, à 20H, les cinémas Gaumont Pathé projetteront le film en avant-première.

    Vous pouvez retrouver ma critique du film "Somewhere" de Sofia Coppola en avant-première et mes vidéos du débat avec Sofia Coppola en cliquant ici.

    Liste des cinémas participants et réservations sur cinemaspathe.com ou cinemasgaumont.com .

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  • Vidéos: Sofia Coppola présente "Somewhere"

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    En attendant que soient publiées d'autres vidéos du débat avec Sofia Coppola et Stephen Dorff et ma critique, regardez Sofia Coppola présenter son nouveau film "Somewhere", avant la projection, puis évoquer la genèse du film, après la projection.

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