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Le film de la semaine - EN CORPS de Cédric Klapisch

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Quelques mots sur le formidable En corps qui, je l’espère, vous donneront envie de découvrir ce 14ème film de Cédric Klapisch, coécrit avec Santiago Amigorena. Alors que son précédent long métrage, « Deux moi », s’achevait par un cours de danse lors duquel les destinées parallèles de ses protagonistes se croisaient enfin, celui-ci est entièrement consacré à cet art.
 
En corps est l’histoire d’une reconstruction, celle d’Élise (Marion Barbeau), grande danseuse classique qui, pendant un spectacle de La Bayadère, surprend son compagnon avec une autre danseuse. Le choc va entraîner une chute. Et une autre blessure, physique celle-ci, compromettant son avenir de danseuse. En Bretagne, dans une résidence d'artistes, elle va se rapprocher d’une compagnie de danse contemporaine et trouver un nouvel élan. De vie. D’envies. De danse.
 
Le film commence par 15 minutes fascinantes. 15 minutes entre la scène et les coulisses. Un tourbillon éblouissant de bleu et de rouge. Une explosion étourdissante de couleurs et de mouvements.
 
Avec toujours un regard rempli d’empathie, dénué de condescendance, une sorte de légèreté profonde portée par des envolées filmiques, Klapisch suit la reconstruction d’Élise. Il célèbre la force des fragilités. La beauté du ballet aussi, qu’il soit classique, aérien, poétique même, presque abstrait et celle de la danse contemporaine, une beauté brute, presque véhémente et pourtant tout aussi vibrante. Celle du danseur et chorégraphe israélien Hofesh Schechter qui signe également la musique avec la participation de Thomas Bangalter, des Daft Punk.
 
Comme toujours, Klapisch capte la beauté et le romanesque de Paris mais aussi l’air du temps. Dans Paris notamment, il filmait comme nul autre cette ville au cœur battant, insouciante, qui vibre, qui danse, une ville de tous les possibles, une ville et une vie où rien n’empêche personne de « donner une chance au hasard », de faire valser les fils du destin. Élise (Marion Barbeau, danseuse de l’Opéra de Paris, quelle révélation, à la fois fragile et forte, si solaire et incroyablement juste), elle aussi, donne une chance au hasard.


Ce film lumineux met le cœur en joie, vous cueille quand vous ne vous y attendez pas, par un flashback et un plan, de loin, d’un père qui enlace sa fille, filmés tout en pudeur. On découvre en effet peu à peu qu’Élise a une autre blessure à panser. Le deuil de sa mère à laquelle la relie sa passion.
 
Ajoutez à cela des seconds rôles remarquables au premier rang desquels celui qui incarne son père, Denis Podalydès, aussi terriblement gauche qu’émouvant, François Civil en kinésithérapeute éthéré et Muriel Robin, propriétaire de la résidence pour artistes, qui interprète avec sobriété cette autre blessée de la vie à l’écoute bienveillante. Et vous obtiendrez un joyeux élan de vie, de danse, d’espoir. Un film duquel se dégage une grâce énergique qui vous donne envie de croire encore (en corps) et plus que jamais qu’il est toujours possible de faire danser la vie, de se relever, de s’élever même, malgré les chutes et les blessures.
 
Pour moi, il y aura désormais deux films références sur la danse. Un film entrelaçant le noir et le blanc, une quête de perfection obsessionnelle, une expérience sensorielle, une danse funèbre et lyrique, un conte obscur sensuel et oppressant à la beauté hypnotique : Black swan de Darren Aronofsky. Et son exact contraire, En corps. Dans l'un, la passion de la danse détruit. Dans l'autre, elle élève. Alors, n’écoutez pas les critiques vengeresses qui qualifient ce beau film de mièvre. C’est tout sauf cela. C’est tendre, drôle, émouvant, faussement léger, profond, réconfortant, énergique, optimiste. Cela donne envie d’étreindre l’existence. Bref, foncez-y ! Rien que son (sublime) générique vaut le déplacement !
Lien permanent Imprimer Catégories : CRITIQUES DES FILMS A L'AFFICHE EN 2022 Pin it! 0 commentaire

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