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La Baule

  • Compte-rendu et palmarès du 3ème Festival de la Fiction et du Documentaire Politique de La Baule (2 au 5 octobre 2025)

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    Selon Albert Camus, « La société politique contemporaine » est « une machine à désespérer les hommes. » Quant à Stefan Zweig, il considérait que « La raison et la politique suivent rarement le même chemin. » Si l’actualité politique récente, nationale et internationale, tend à donner dramatiquement raison aux deux écrivains, cette troisième édition du Festival de la Fiction et du Documentaire Politique de La Baule a su magistralement montrer que la politique pouvait aussi être synonyme d’espoir et de raison, du moins de (ré)conciliation.

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    Nous sommes aujourd’hui le 7 octobre 2025.  Deux ans jour pour jour après l’ineffable attaque terroriste en Israël. Il y a quelques jours, non loin de La Baule, au large de Saint-Nazaire, était arraisonné un navire de la flotte fantôme russe. Le 6 octobre, la France a connu un revirement politique sans précédent, avec la nomination d’un gouvernement et la démission du Premier Ministre, moins de 14 heures plus tard. Ce 9 octobre, Robert Badinter entrera au Panthéon. Ainsi, ce festival  pouvait difficilement être plus au cœur de l’actualité  avec, parmi les films projetés et primés : Holding Liat de Brandon Kramer (prix du jury documentaire et mention spéciale du jury des lycéens) qui suit la famille de l'otage Liat Beinin Atzili dans les jours, les semaines et les mois qui ont suivi son enlèvement le 7 octobre 2023, Les Combats méconnus de Robert Badinter de Dominique Missika et Bethsabée Zarka (prix du jury ex-aequo), deux films consacrés aux gilets jaunes (Les Braises de Thomas Kruithof -prix du jury fiction politique et mention spéciale du jury médias- et Dossier 137 de Dominik Moll -prix du public-),  le documentaire en compétition Les armes secrètes de Poutine de Hugo Van Offel et Martin Boudot qui révèle comment la Russie contourne les sanctions internationales, sans oublier deux films qui explorent la dictature, qu’elle soit irakienne et vue à hauteur d’enfant dans The President’s cake de Hasan Hadi (mention spéciale du jury fiction et prix des médias), ou stalinienne et décrite à travers les yeux d’un jeune procureur dans Deux Procureurs de Sergei Loznitsa.

    Ce festival, véritable voyage dans l’Histoire, passée et contemporaine, fut passionnant par la qualité des films sélectionnés (je vous les recommande tous) qui permettent de questionner et décrypter les enjeux sociétaux et politiques avec nuance, distance, recul, loin du flux ininterrompu et déhiérarchisé des chaînes d’informations et des réseaux sociaux, élargissant, voire changeant notre perception sur des faits d’actualité. Il a aussi pour vertus de permettre aux politiques, journalistes, artistes et spectateurs de s’écouter respectueusement (un miracle réconfortant dans cette actualité inaudible et insatiable) et de dialoguer dans une atmosphère particulièrement conviviale et chaleureuse, à l’image de l’équipe du festival, notamment de ses deux fondateurs, Anne-Catherine Mendez et Jérôme Paoli, et du président du festival, Gabriel Le Bomin.

    Quatre jurys ont eu pour mission de départager les 5 documentaires et les 5 fictions. Le jury fiction politique était présidé par la comédienne, réalisatrice et scénariste Audrey Dana. Elle était entourée du réalisateur Antoine Raimbault, du producteur Philippe Boeffard, de la Haute Commissaire à l'enfance, Sarah El Hairy, et du comédien Arié Elmaleh. Le jury documentaire politique était présidé par la comédienne Odile Vuillemin, entourée du producteur Paul Rozemberg, de l'ancien Ministre de la Mer et de la Biodiversité Député de la 2ème circonscription des Côtes d'Armor, Hervé Berville. Le jury presse et médias politique était présidé par l'éditorialiste politique, essayiste, ancien DG de France Télévisions, Patrice Duhamel, entouré du Directeur de la rédaction de la Tribune Dimanche, éditorialiste à BFMTV, Bruno Jeudy, du rédacteur en chef des Echos de la Presqu'île, Frédéric Prot, et de la journaliste et éditorialiste politique, Saveria Rojek. Le jury lycéens politique était présidé par l'ancienne Ministre, responsable associative, Najat Vallaud-Belkacem, entourée des lycéens Charlie Connan-Levallois, Gustave Diebolt, Inès Fernandez, Anna Gallou-Papin, Maël Lehuede, Swann Mahyaoui-Chantrel, Elyne Pernet.

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    Après avoir suivi pendant dix ans le Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule, j’étais ravie de découvrir ce nouvel évènement baulois, réunissant deux de mes passions, le cinéma et la politique.  Et de retrouver l’équipe du cinéma Le Gulf Stream qui avait été si accueillante lors de ma séance de dédicaces dans ses locaux, en juillet 2024. Je les en remercie de nouveau. C’est dans l’incontournable cinéma baulois que furent donc projetés les dix films en compétition  et les trois avant-premières hors compétition (La Femme la plus riche du monde de Thierry Klifa en ouverture, Jean Valjean d'Éric Besnard vendredi soir et L'Inconnu de la grande arche de Stéphane Demoustier, samedi soir, en clôture).

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    Le palmarès a été délivré en présence de la Présidente de l’Assemblée Nationale, Yaël Braun-Pivet (qui avait également participé à l’instructive et captivante masterclass dans l’après-midi), suivi de la projection de L’Inconnu de la grande arche de Stéphane Demoustier.

    Je vous parlerai de nouveau plus longuement de chacun des films projetés au moment de leur sortie. En attendant, j’espère que les quelques mots ci-dessous vous donneront envie de les découvrir.

    1. La Femme la plus riche du monde de Thierry Klifa (film d’ouverture) – Au cinéma le 29 octobre 2025

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    Le festival a donc débuté avec la projection du très attendu dernier film de Thierry Klifa, projeté à Cannes hors compétition, en mai dernier. Je vous avais vivement recommandé son dernier film, Les rois de la piste, ici.

    La femme la plus riche du monde, Marianne Farrère (Isabelle Huppert) : sa beauté, son intelligence, son pouvoir. Un écrivain photographe, Pierre-Alain Fantin (Laurent Lafitte) : son ambition, son insolence, sa folie. Le coup de foudre qui les emporte. Une héritière méfiante qui se bat pour être aimée (Marina Foïs). Un majordome aux aguets qui en sait plus qu'il ne dit (Raphaël Personnaz). Des secrets de famille. Des donations astronomiques. Une guerre où tous les coups sont permis.

    Après Tout nous sépare et son documentaire André Téchiné, cinéaste insoumis, avec Les rois de la piste, Thierry Klifa avait souhaité se tourner vers la comédie. Comme toujours, il nous parlait de la famille et, comme souvent, de la figure maternelle. Dans son troisième film, Les yeux de sa mère (2011), il s’intéressait en effet déjà à la mère, qu’elle soit présente ou absente. Ici, la mère (Isabelle Huppert) est une héritière lassée de tout qui revit grâce à la rencontre avec un écrivain photographe opportuniste (Laurent Lafitte). Une histoire librement inspirée de l’affaire Bettencourt (rappelez-vous : en 2016, attaqué par la fille de Liliane Bettencourt, héritière et première actionnaire de L’Oréal, l’écrivain-photographe François-Marie Banier avait été condamné pour abus de faiblesse à quatre ans de prison avec sursis et 375000 euros d’amende). Comme toujours chez le cinéaste cinéphile Thierry Klifa, ce film se situe à la frontière des genres, entre la comédie et la satire de la bourgeoisie, avec des accents de drame (de la solitude). Et c'est jubilatoire, avec des dialogues ciselés et une interprétation de Lafitte en opportuniste insolent, désinvolte, flamboyant, détestable, grossier, rustre, absolument exceptionnelle, qui a elle seule vaut le détour. Les répliques cinglantes et la fantaisie savamment cruelle de Fantin sont particulièrement délectables, même qu’il sera pris à son propre piège, et peut-être finalement la première victime de son petit jeu cynique et cupide. Tous les personnages semblent finalement en mal d’amour, de la fille méprisée au gendre (caution juive pour tenter de faire oublier que le fondateur de la marque fut un ancien collaborateur) à l’énigmatique majordome (Raphaël Personnaz, dont une fois de plus le jeu sensible apporte un supplément d’âme, de malice, de sensibilité, et de nuance à son personnage) que Fantin prend un malin plaisir à humilier. Visuellement splendide, entre Ozon et Chabrol dans le ton -d’une ironie savoureuse-, faisant exploser les codes de bonne conduite bourgeois, Klifa livre là un de ses meilleurs films, et donne à Isabelle Huppert un de ses rôles les plus marquants (et pourtant sa carrière n’en manque pas), celui  d’une milliardaire qui se prend d’une amitié affectueuse et aveugle (quoique…) pour cet être qui lui fait retrouver l’insouciance en défiant toutes les conventions de son milieu, et en osant tout, y compris lui demander de changer intégralement sa décoration, ou de lui faire des chèques d’un montant astronomique (certes dérisoire à l’échelle de la fortune de la milliardaire). Un scénario signé Thierry Klifa, Cédric Anger, Jacques Fieschi (un trio de scénaristes royal, ce dernier vient d’être récompensé au Festival Cinéroman de Nice, récompense amplement méritée pour celui qui est pour moi le plus grand scénariste français). La musique d’Alex Beaupain, teintée de notes joyeuses et railleuses, m’a aussi par moments rappelé celle de Morricone pour I comme Icare. Sont à noter également le travail de reconstitution remarquable de la cheffe décoratrice Eve Martin, de la cheffe costumière Laure Villemer, et la photographie splendide de Hicham Alaoui.

    1. Holding Liat de Brandon Kramer – compétition documentaire – Prix du jury ex-aequo et mention spéciale des lycéens – Au cinéma le 16 février 2025

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    Ce documentaire, coproduit par le réalisateur Darren Aronofsky, est tourné avec la famille de l'otage Liat Beinin Atzili (enlevé au kibboutz Nir Oz) dans les jours, les semaines et les mois qui ont suivi son enlèvement le 7 octobre 2023. C’est avant tout une ode à la paix, le récit poignant et nuancé d’une situation complexe et explosive. Le réalisateur est un proche de la famille Atzili. Lors de sa première visite en Israël, vingt ans auparavant, il avait séjourné chez les parents de Liat, Yehuda et Chaya, dans leur kibboutz. Cette relation étroite lui a permis de les filmer dans les moments les plus tendus, y compris lorsque les membres de la famille ne sont pas d’accord sur la marche à adopter. Liat étant à la fois citoyenne américaine et citoyenne israélienne, son père décide de prendre l’avion pour Washington D.C., afin de plaider en faveur de sa libération. Là, il n’hésite pas à échanger avec un militant palestinien, et à parler des deux États et de paix, quand son petit-fils et son autre fille voudraient aborder seulement la question de la libération des otages. 54 jours. C’est la durée pendant laquelle Liat demeurera détenue. Avec la famille, nous suivons les espoirs, déçus, les listes de noms sur lesquelles Liat n’est pas, la colère et l’attente insoutenable. Et enfin la libération. Malgré tout ce que Liat a traversé (son mari a été tué, des traces de sang sur un mur du Kibboutz suffisent à faire comprendre l’émotion de la famille et son calvaire), elle exprime de l’empathie pour les Palestiniens et la souffrance de ceux, tous ceux qui sont victimes de ce conflit. Un message de paix, de résilience. Et un film qui a bouleversé les festivaliers.

    1. The President’s cake de Hasan Hadi (mention spéciale du jury presse et médias politique, et grand prix du jury fictions) – Au cinéma le 4 février 2026

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    Ce film était déjà lauréat de la caméra d’or du dernier Festival de Cannes, prix qui récompense un long-métrage parmi tous les premiers films des différentes sélections, et du Prix du public à la Quinzaine des Cinéastes 2025.

    Dans l’Irak de Saddam Hussein, Lamia, 9 ans, tirée au sort, se voit confier par son instituteur la lourde tâche de confectionner un gâteau pour célébrer l’anniversaire du président. Sa quête d’ingrédients, accompagnée de son ami Saeed, bouleverse son quotidien. Un premier film qui raconte l’Irak de Saddam Hussein à travers les yeux d’une enfant, une œuvre si universelle qu’elle pourrait raconter le quotidien de n’importe quel enfant dans un pays en guerre dirigé par un dictateur. Lamia va donc aller à Bassora, la grande ville la plus proche de son lieu d’habitation, en compagnie de sa grand-mère et de son coq Hindi. Dans un pays dans lequel tout tourne autour du culte du dictateur qui le dirige, chacun joue un rôle et masque ses petitesses derrière des mensonges. Les denrées que doit trouver Lamia sont chères et rares, en raison de la pénurie et de l’embargo, mais les trouver est pour elle vital. Commerçants malhonnêtes, policiers corrompus, soignants acceptant des pots-de-vin, elle rencontre le pire. Mais aussi des gestes d’amitié et d’amour, lueurs au milieu de la noirceur dans ces rues écrasées de soleil. Il y a de l’héritage du néo-réalisme italien dans ce premier film irakien qui regorge de beauté au milieu de l’horreur. L’image de la petite Lamia et de son coq Hindi serré contre elle, déterminée, forte et fragile, obligée de ruser et voler pour satisfaire les caprices d’un dictateur qui vit dans l’opulence, est de celle que l’on n’oublie pas, comme cette scène finale, et deux regards qui me hantent encore par leur courage mais aussi leur puissance, et surtout leur innocence et leur beauté sacrifiées.

    1. France, une histoire d’amour de Michael Pitiot et Yann Arthus-Bertrand (Prix des lycéens) – Au cinéma le 5 novembre 2025

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    De beauté et d’amour, le film de Michael Pitiot et Yann Arthus-Bertrand qui a séduit le jury des lycéens présidé par Naja Vallaud-Belkacem, en déborde aussi.

    Après avoir exploré le monde, Yann Arthus-Bertrand revient chez lui, en France, et part à la rencontre des Françaises et Français qui agissent concrètement pour faire avancer leur monde. Ce documentaire, touchant et plein d’humanité, tourné comme un road-movie dans la France entière, est une invitation à la curiosité mais surtout au vivre ensemble. Ces rencontres permettent de révéler des paroles sincères et des moments rares qui dessinent des portraits d’hommes et de femmes engagés.

    Après s’être intéressé à La Terre vue du ciel, dans le documentaire éponyme mais aussi avec Home, hymne à la terre qui nous expliquait que, en 200 000 ans d’existence, l’Homme avait rompu un équilibre fait de près de 4 milliards d’années d’évolution, à la Planète océan, à l’humain avec Human (dont je vous avais longuement parlé, ici : un voyage émotionnel d’une force redoutable, une démonstration implacable de la réitération des erreurs de l’humanité, une radiographie saisissante du monde actuel, un plaidoyer pour la paix, pour l’écoute des blessures de la planète et de l’être humain dans toutes leurs richesses et leurs complexités, une confrontation clairvoyante, poignante au monde contemporain et à ceux qui le composent), aux femmes avec Woman, à l’histoire de l’homme et de la nature avec Legacy, notre héritage, le photographe éperdument écologiste et humaniste part à la rencontre des Français pour les photographier, qu’ils soient réfugiés, agriculteurs, charcutiers, prisonniers en réinsertion, ou membres de Dernière rénovation… Il dresse ainsi le portrait d’une France plurielle, riche de ses différences, tournée vers l’autre, solidaire, empathique et généreuse, malgré les tensions et incompréhensions, prônant l’écoute et le dialogue. Des Français conscients des enjeux environnementaux et sociaux qui cherchent des solutions, leurs solutions, qui tentent d’éveiller les consciences aussi sur les défis écologiques et l’urgence climatique. Un voyage pétri d’émotions et de tendresse (« Être un homme c'est savoir pleurer » dit-il à un jeune homme qui s’est réinséré après avoir été incarcéré) à la rencontre de ces Français, qui en aidant les autres, donnent un sens à leur vie. « Je voulais faire un film sur tout ce que j’aime en France. », « On essaie de montrer tous les gens qui font des choses pour les autres. » « On voyage à travers la France pour filmer des gens qui font des choses que j'admire. » Comme Brigitte Lips, « Mamie charge », qui aide les migrants. Comme Camille Étienne « qui donne un visage et une voix à la génération climat ». Comme Émilie Jeannin qui « a tenté (en vain) par son abattoir mobile d’agir pour le respect animal et de promouvoir un abattage digne », comme ceux qui redistribuent les invendus des magasins à des associations… Le film est aussi, comme presque toujours chez Yann Arthus-Bertrand, un message d’alerte. Il nous rappelle ainsi ce chiffre sidérant et terrifiant : en 2070, 3 milliards de gens ne pourront plus vivre là où ils vivent. Il n’est pas non plus dénué d’humour comme cet intervenant qui ironise sur la manière dont certains tentent de donner un sens à leur vie : « Au bout de 20 ans pour que ça change dans leur vie, ils font une nouvelle véranda ». Ou lorsque Yann Arthus-Bertrand titille gentiment Bruno, le preneur de son, sans compter que le cinéaste a la fâcheuse habitude de se perdre sur les routes de France, s’amusant aussi du surnom que certains lui ont attribué, « l’hélicologiste ». Les deux cinéastes filment aussi la détresse des agriculteurs (« On pousse les gens à faire du bio puis après on les lâche ») ou des bergers face aux loups qui déciment les troupeaux, et qui disent faire face aux menaces de mort des environnementalistes. C’est peut-être la bergère qui prône la meilleure solution alors que Yann Arthus-Bertrand doute de la réalité de ces menaces : « la solution, c'est de s'écouter et de ne pas mettre notre parole en doute. » On comprend et partage l’émotion de Yann Arthus-Bertrand lorsque, lors d’une intervention devant des chefs d’entreprises et responsables politiques, on lui fait maladroitement comprendre qu’il a trop parlé alors qu’il essayait, une fois de plus, de donner l’alerte : « De plus en plus, c'est difficile pour moi de parler de tout cela devant des gens qui sont indifférents. Là on parle de ça. C'est fini. Cela a glissé. » « Là on va être dirigé par un dictateur sans conscience, le climat. La vie n'a aucun sens. C'est vous qui décidez de donner un sens à votre vie. On a tous la mission et le devoir de protéger la vie sur terre. J'ai passé ma vie à photographier la beauté. C'est quoi la beauté ? C'est les gens qui font, qui partagent. Cette beauté a un nom très simple. Elle s'appelle l'amour. » Le film est accompagné de chansons françaises judicieusement choisies, comme La Corrida de Cabrel sur les images d’une vache qui part à l’abattoir (ambulant) ou La vie ne vaut rien de Souchon qui nous donne envie de fredonner et de conclure après la projection de ce film à la photographie sublime qui magnifie la beauté du territoire français, de ses visages et de leur générosité :  « La vie ne vaut rien, mais rien ne vaut la vie. »

    1. Dossier 137 de Dominik Moll (prix du public) – Au cinéma le 19 novembre 2025

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    Le dernier film de Dominik Moll, La nuit du 12, était une vision très personnelle du polar, à la mise en scène puissante. À l’heure où les féminicides sont dramatiquement nombreux, ce film était un plaidoyer retentissant et vibrant contre les violences faites aux femmes. L’intérêt de l’enquête résidait ainsi moins dans la résolution du crime que dans l’auscultation de la vision de la femme, d’une femme. Bouli Lanners et Bastien Bouillon y incarnaient deux policiers perdus et tourmentés, et leur désespoir, leur fragilité, leur solitude face à cette affaire irrésolue qui nous hantent autant que cette dernière après le film. La procédure est décortiquée mais ce sont surtout les âmes humaines qui le sont comme dans un film de Tavernier (on songe à L627). Le dernier plan, celui du policier qui s'échappe du vélodrome et roule le jour est la respiration tant attendue qui nous marque longtemps après la projection comme ce film qui ne peut laisser indifférent, tant il entre en résonance avec les plaies à vif de notre époque.

    Cette digression sur La nuit du 12 pour vous dire qu’il en va de même pour Dossier 137. C’est moins la résolution de l’enquête que le parcours et le portrait de celle qui mène l’enquête qui présente un intérêt. Le dossier 137 est en apparence une affaire de plus pour Stéphanie (Léa Drucker), enquêtrice à l’IGPN, la police des polices. Une manifestation tendue, un jeune homme blessé par un tir de LBD, des circonstances à éclaircir pour établir une responsabilité... Mais un élément inattendu va troubler Stéphanie, pour qui le dossier 137 devient autre chose qu’un simple numéro, une histoire qui la renvoie à ses racines, et risque d’ébranler ses certitudes. En compétition dans le cadre du Festival de Cannes 2025, ce film se penche sur un cas de bavure policière lors des manifestations des Gilets jaunes. Comme l’enquêtrice de l’IGPN qu’elle interprète dont les certitudes vacillent, le regard de Léa Drucker tremble légèrement, marque un doute et une fragilité à peine perceptibles, si savamment joués. Elle tient bon malgré l’incompréhension de ses anciens collègues face à la voie qu’elle a choisie (elle travaillait auparavant aux stups), à la colère de la famille de la victime (originaire du même endroit qu’elle), à la haine que suscite la police que son propre fils ne cesse de lui rappeler. Ce Dossier 137 n’est pas un dossier comme un autre pour elle. Il sera (peut-être) classé mais quelque chose dans ses convictions aura vacillé. La générosité du personnage de Léa Drucker inonde tout le film, qu’elle prenne soin d’un petit chat égaré qu’elle adopte ou qu’elle essaie d’oublier la réalité en regardant des vidéos de chats. Et quand, en visionnant ces vidéos, son rire soudain enfantin cesse d’un coup, c’est toute son impuissance et sa fragilité que cette femme intègre et combattive a tenté de masquer tant bien que mal qui ressurgissent. Le portrait passionnant d’une femme, d’une policière, et d’une époque en proie aux fractures.

    1. Les Braises de de Thomas Kruithof (mention spéciale du jury des médias et mention spéciale du jury fictions) – Au cinéma le 5 novembre 2025

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    Alors que le cinéma s’était peu emparé de ce sujet jusqu’à présent, ce film est le deuxième de ce festival à se pencher sur le mouvement des gilets jaunes.

    Karine (Virginie Efira) et Jimmy (Arieh Worthalter) forment un couple uni, toujours très amoureux après vingt ans de vie commune et deux enfants. Elle travaille dans une usine ; lui, chauffeur routier, s’acharne à faire grandir sa petite entreprise. Quand surgit le mouvement des Gilets Jaunes, Karine est emportée par la force du collectif, la colère, l’espoir d’un changement. Mais à mesure que son engagement grandit, l’équilibre du couple vacille.  Plus Karine va s’impliquer, plus son couple va se fracturer. La fracture. D’ailleurs, tel pourrait être le titre de ce film (déjà employé par Corsini). La fracture au sein de la famille. Entre Karine et son fils d’un côté, son mari et sa fille de l’autre, qui regarde son engagement avec circonspection. La fracture entre les Gilets jaunes dont fait partie Karine et le gouvernement. La fracture entre ceux qui dirigent avec cynisme (les entreprises qui méprisent Jimmy) et ceux qui travaillent au péril de leur santé et de leur vie. Thomas Kruithof filme les manifestations comme des moments de bonheur et de plénitude (il faut voir comment Karine est métamorphosée lorsqu’elle participe à une manifestation la première fois, son visage s’illumine d’une joie nouvelle), des lieux en lesquels l’entraide, l’écoute et la fraternité règnent. Le film pose (habilement) plus de questions qu’il n’apporte de réponses : jusqu’où doit-on aller par engagement militant ? Faut-il sacrifier sa vie personnelle à ses idéaux ? Virginie Efira est une nouvelle fois parfaite dans ce rôle sobrement interprété de femme généreuse, déterminée, humble, et amoureuse. « Tous deux ont une haute idée de l’amour » a ainsi déclaré le réalisateur lors du débat d’après-film, à propos de ses deux personnages principaux. Et c’est en cela avant tout que le film a bouleversé les festivaliers : l’amour d’un homme pour sa femme qui, pour elle, va ouvrir les yeux, dépasser ses propres peurs et préjugés. Les braises, ce sont celles d'un incendie social qui menace d'enflammer le pays, mais aussi celle d'une passion qui ne s'est jamais réellement éteinte.

    1. Jean Valjean d’Eric Besnard (hors compétition) - Au cinéma le 19 novembre 2025

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    Jean Valjean (Grégory Gadebois) sort du bagne, brisé, rejeté de tous. Errant sans but, il trouve refuge chez un homme d’Église, Monseigneur Bienvenu, (Bernard Campan), sa sœur (Isabelle Carré) et leur servante (Alexandra Lamy). Face à cette main tendue, Jean Valjean vacille et, dans cette nuit suspendue, devra choisir qui il veut devenir. Jean Valjean s’intéresse aux origines du célèbre personnage des Misérables, aux cinquante premières pages du roman d’Hugo qui explique comment Valjean va retrouver son humanité, et la rédemption malgré l’injustice qu’il a subie. En sortant du bagne, Valjean est une bête traquée et sauvage, un homme ébranlé, tiraillé entre le bien et le mal, brisé par dix-neuf ans d’enfermement, habité par la violence et la colère. Le film raconte cette lutte-là, intime et universelle, son cheminement de la noirceur et de la haine vers la lumière et l’amour. La bonté de l’homme d’Église va décontenancer Valjean : Il ne supporte la vie que parce qu'il est certain que le monde est injuste. « Si la bonté existe tout cela n'avait aucun sens », explique ainsi le réalisateur, après la projection. Doit-il prendre cette main tendue ou se laisser happer par son désir de haine et de vengeance ? Comment ne pas être dévoré par le ressentiment et la haine envers une société qui lui a volé sa vie ? L’homme d’Église par sa bonté, le regard qu’il va porter sur lui, va « réduire l’espace entre ce qui est et devrait être », lui « rendre l’innocence ». Le film accumule les contrastes (entre la lumière et la noirceur, entre la tenue rouge du bagnard et la blancheur immaculée) et les symboles et références (paysages bibliques, esthétique inspirée du western). Une adaptation très personnelle qui a un écho dans la société contemporaine, portée par la sublime musique de Christophe Julien qui collabore ici pour la septième fois avec le cinéaste, et la présence imposante, massive et poignante de Grégory Gadebois, mais aussi la douleur d’Isabelle Carré dont la fragilité est finalement un écho à celle du bagnard. La fin, par l’espoir qu’elle incarne, la lueur qu’elle exhale, le lyrisme qu’elle exalte, nous donne envie de croire en ce qu’il y a de plus beau dans l’Homme, sa capacité à changer, à renaître, à se relever, à délaisser la vengeance pour la bonté que Gadebois représente mieux que nul autre acteur n'aurait probablement su le faire.

    1. Deux procureurs de Sergei Loznitsa (compétition fiction) – Au cinéma le 5 novembre 2025

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    L’oublié du palmarès du Festival de La Baule comme il le fut du palmarès cannois (le film était en compétition officielle du dernier Festival de Cannes).

    Union Soviétique, 1937. Des milliers de lettres de détenus accusés à tort par le régime sont brûlées dans une cellule de prison. Contre toute attente, l’une d’entre elles arrive à destination, sur le bureau du procureur local fraîchement nommé, Alexander Kornev. Il se démène pour rencontrer le prisonnier, victime d’agents de la police secrète, la NKVD. Bolchévique chevronné et intègre, le jeune procureur croit à un dysfonctionnement. Sa quête de justice le conduira jusqu’au bureau du procureur-général à Moscou. À l’heure des grandes purges staliniennes, c’est la plongée d’un homme dans un régime totalitaire qui ne dit pas son nom. Loznitsa confronte ce procureur idéaliste, tout juste sorti des études, à la tenue parfaite et qui se tient bien droit au sens propre comme au sens figuré, à cet autre procureur qui a trahi les valeurs en lesquelles le premier croit, et qu’il incarne. Un jeune homme épris de justice au regard malicieux (heureux peut-être de jouer un mauvais tour à l’injustice), candide presque, déterminé aussi, qui n’a pas conscience que tant d’innocents croupissent dans les prisons jusqu’à l’arrivée de la fameuse lettre. Les couleurs, ternes, le cadre qui l’enferme, tout est là pour signifier l’oppression. Les décors rappellent ceux de Playtime de Tati et notamment cette marche interminable dans des couloirs labyrinthiques avec un nombre incalculable de portes qui le mènent vers son prisonnier. Symboles de l’absurdité d’un régime inique et intransigeant. Le réalisateur ukrainien  formé à l’institut de cinéma VGIK de Moscou est exilé aujourd’hui à Berlin. Sa dénonciation du totalitarisme, brillante parabole, a évidemment des résonances contemporaines. Ce film s’inspire de la nouvelle éponyme de Georgy Demidov, de 1969. Ce physicien fut arrêté en 1938 durant les grandes purges staliniennes et passa quatorze années au goulag. Ce film compte une des plus brillantes scènes de l’histoire du cinéma. Le procureur revenant d’un voyage lors duquel il a essayé d’alerter les autorités et de leur signaler les injustices dont il a été témoin se retrouve dans un wagon-lit avec deux « ingénieurs » particulièrement affables, qui lui jouent de la musique, partagent une bonne bouteille de vin, semblent prêts à tout pour lui être agréable. Une façade lisse à l’image de celle du régime. L’issue de cette scène, inéluctable, sera glaçante, même si nous n’avions guère de doutes sur les motifs de l’entreprise. La réalisation austère éclaire les ombres du régime avec maestria. L’atmosphère est oppressante et âpre, soulignée par ces plans fixes magistraux d’une rigueur, d’une précision, d’une composition et d’une beauté sombre saisissantes. La tension est constante et présente, dans chaque mot, chaque geste, chaque regard, chaque silence. Le portrait d’un homme qui défie le régime totalitaire, pris dans un engrenage fatal, porté par son souci de justice. Un immense film d’une intelligence rare (contenue dans la perfection de chaque plan).

    1. Les combats méconnus de Robert Badinter de Dominique Missika et Bethsabée Zarka (prix du jury documentaire ex-aequo) - Un film bientôt diffusé sur la chaîne LCP-AN.

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    De justice aussi, forcément, il était question avant tout dans ce documentaire récompensé.

    Dès septembre 1981, alors qu’il vient d’être nommé garde des Sceaux par François Mitterrand, Robert Badinter déploie toutes ses forces pour faire abolir la peine de mort, malgré les vents contraires et au nom d’une France qu’il aime tant qu’il la rêve exemplaire. Mais qui sait que Badinter, ministre, avocat, militant et professeur de droit, amoureux de Victor Hugo en qui il puise son humanisme et une opposition viscérale à la peine de mort, a porté d’autres immenses combats ? Notamment l’abrogation des « lois indignes »  (lois sécuritaires, juridictions d’exception), mais aussi la suppression des articles de loi discriminant les homosexuels, la réduction de la population carcérale, et l’élargissement du droit des victimes. Robert Badinter sera panthéonisé ce 9 octobre 2025, une date symbolique puisqu’il s’agit de la date anniversaire de la promulgation de la loi d'abolition de la peine de mort de 1981, quelques mois après être devenu ministre (en juin). On peut regretter que le documentaire n’explore pas du tout cette loi essentielle qui le fit entrer dans l’Histoire, mais c’est aussi l’intérêt de ce film que de montrer que, en plus de cette avancée historique cruciale à laquelle il œuvra avec tant de courage et d’obstination, Robert Badinter mena bien d’autres combats guidés par  le refus de l’injustice et  de la barbarie dont fut victime le père de cet enfant juif dont les parents furent naturalisés français, un père raflé rue Sainte-Catherine à Lyon, envoyé à Drancy puis à Sobibor. Il s’engagea d’abord  pour l'amélioration des conditions de vie des détenus et l’humanisation des prisons (en autorisant la lumière le soir, en supprimant les uniformes des quartiers de haute sécurité, mais aussi en essayant d'améliorer la situation essentielle des surveillants pénitentiaires, ou encore en œuvrant pour la prise en charge intelligente pour permettre aux détenus de se projeter ), mais aussi pour  l'égalité des homosexuels devant la loi et la dépénalisation de l’homosexualité,  et encore pour honorer la mémoire des victimes de la Seconde guerre mondiale. « Toute ma vie j'ai essayé de combattre l'injustice » dira-t-il ainsi. Le documentaire rappelle également qu’il fut contre la peine de mort contre l'avis de la majorité des Français, et toujours le « défenseur intransigeant des plus faibles », et que « toute forme de discrimination lui est insupportable », raison pour laquelle il se plaçait toujours « du côté des plus vulnérables. » Il dut se battre contre Gaston-Defferre, Ministre de l’Intérieur soutenu par Mitterrand, qui voulait la suppression de sa loi Sécurité et liberté.  Ce documentaire rappelle aussi à quel point cet homme, dont personne (à l’exception de quelques extrémistes) ne remet aujourd’hui en cause l’humanisme et le rôle historique, fut détesté, victime même d’un attentat à son domicile. La seule loi à porter son nom est la Loi Badinter de 1985 consacrée au sort des victimes d’accidents de la route et à leurs conditions d'indemnisation. Parmi ses combats victorieux figure encore la création du Tribunal Pénal International pour l'ex-Yougoslavie qui permettra de condamner pour crimes de guerre et crimes contre l'Humanité, mais aussi son combat sans répit pour la mémoire. Il gagne ainsi son procès contre le négationniste Faurisson.  Son histoire personnelle renait en 1983 quand Klaus Barbie va être jugé en France pour crime contre l'Humanité. Badinter fait voter une loi pour la création d’archives audiovisuelles de la justice. Pour la première fois, ce procès historique sera filmé. Il lèvera aussi « le voile de silence, d’oubli » sur les fusillés du Mont Valérien, là où Joseph Esptein fut fusillé en 1944. Ne subsistent que trois photos des exécutions au mont Valérien où 1008 hommes furent fusillés « parce qu'ils étaient juifs, communistes, résistants, opposants au nazisme ». La lettre que Joseph Epstein écrivit à son fils, lue dans le documentaire, est absolument bouleversante. À la naissance, son père l'avait déclaré sous le nom d'un camarade de Résistance. Badinter l’aidera à reprendre le nom de son père : « Mon père est revenu sur la place publique. Je le dois à Robert Badinter. » Ce documentaire brosse le portrait d’un homme qui a mené inlassablement ses combats dont les fondements résident sans doute dans ses « objets » qui « contiennent tout ce qu’il était » dont le scellé de l’abolition de la peine de mort, un modèle de guillotine par le peintre Dürer, deux cuillères rouillées (dont l’une qu’il a ramassée au camp d’Auschwitz), deux pierres provenant du mur du ghetto de Varsovie, un tableau que son père avait acheté représentant un tableau de Juifs pieux et « surtout le décret de naturalisation de son père qui avait été si fier de devenir français »  : « Il a défendu la liberté des Français et tenté de les protéger des fracas de l'Histoire ». Il dira ainsi : « J'ai traversé à toute vitesse l'enfance et l’adolescence pour devenir un adulte, j'étais prêt pour la vie. » Terminons avec cette phrase d’Hugo que Badinter affectionnait, ses combats témoignent de la volonté qu’il mit à être fidèle à cette idée : « On ne peut pas priver une personne de son droit fondamental de devenir meilleur ».

    1. Les Glucksmann, une histoire de famille de Steve Jourdin (prix du public) – Bientôt sur Public Sénat

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    Tout aussi passionnant est le documentaire consacré à trois générations de Glucksmann produit par la société Caméra subjective pour la chaîne Public Sénat.

    De Moscou à Paris, des services secrets soviétiques aux ors de la République française, voici l’incroyable saga des Glucksmann. Un grand-père espion au service de Staline. Un père philosophe, figure des « nouveaux philosophes » et intellectuel médiatique. Un fils, Raphaël, désormais sur le devant de la scène politique et prétendant à l’Élysée en 2027. Espion, philosophe, candidat : le film suit trois générations de Glucksmann. Entre idéologies, trahisons et conquête du pouvoir, Les Glucksmann, une histoire de famille raconte comment une dynastie singulière de militants traverse le siècle. Et si, à travers l’histoire d’une famille, se jouait aussi celle de la France ? Alors que « tous les services de contre-espionnage se sont cassé les dents sur la véritable identité » du grand-père, Ruben, espion soviétique recruté en Palestine, dont la mission, était d’« exporter la révolution bolchevique sur toute la planète », tandis que le fils André était « auteur de livres qui vont bouleverser la vie politique française », son « contemporain capital » selon BHL, Raphaël, quant à lui, aspire aujourd’hui aux plus hautes fonctions de l’Etat français. Ruben. André. Raphaël. Trois générations différentes. Trois engagements à gauche. « L'Histoire d'une famille française pas comme les autres ».  En 1917, Lénine s'empare de la Russie. Beaucoup de Juifs se laissent séduire. Comme Martha et Ruben, les parents d’André. Au début des années 30, Ruben est envoyé en Allemagne. Il se lance dans le trafic d'armes à destination des Républicains espagnols. Officiellement, ses entreprises faisaient du commerce de fourrure. Il est ensuite arrêté en 1940 par le MI5.  Il sera déporté vers le Canada. Sur le chemin, son bateau sera bombardé par une torpille allemande. Le bateau coulera. Cohn-Bendit fait aussi le mea culpa de leur soutien à « tous ces mouvements de libération nationale qui ont terminé en totalitarisme. » Avec La cuisinière et le mangeur d'hommes, en 1972, Glucksmann a mis le doigt sur les atrocités du régime soviétique. Cela marque sa rupture nette et définitive avec la gauche communiste. Le film aborde ensuite la troisième génération, Raphaël, celui avec qui sa mère, Fanfan « a découvert la passion ». La parentalité ne les détourne pas du militantisme. Ils hébergent chez eux des Tchétchènes, des Rwandais… Leur appartement est un lieu bouillonnant de débats et de rencontres dans lequel défile « le tout Paris intellectuel ». Raphaël qui révèle n’avoir appelé ses parents papa et maman qu’à leur mort (leur relation était filiale mais aussi et avant tout d’amitié) est vite intégré à la bande. Ce bon élève d’Henri IV puis de Sciences Po va rapidement rejoindre les combats de ses parents, et notamment le combat de son père contre Poutine qui le conduit à se tourner vers la Géorgie. La mort de son père en 2015 sera pour lui « un immense manque et une immense chance d’avoir été son fils ». Il reconnaît une erreur de son père, l’Irak (décidément les films du festival se répondent). Avec Goupil et Bruckner, ils rejetèrent en effet la position du gouvernement français qui refusait de participer à la guerre et ils appuyèrent l’idée d’une intervention. Après 500000 morts, aucune arme de destruction massive ne fut retrouvée. En avril 2007, lors du meeting de Bercy, André défendra Sarkozy avec passion, se disant très convaincu qu’il doit gagner, Sarkozy étant pour lui « l'homme de l'ouverture, l'homme qui rétablit les Droits de l'Homme ». « Sarkozy a ainsi réussi à lui faire croire qu’il allait se battre contre Poutine pour les Tchétchènes, les Géorgiens, les Ukrainiens » raconte Raphaël qui évoque avec lucidité les « sincérités successives » des hommes politiques. »  Raphaël Glsucksmann est élu au parlement européen en 2019. Le documentaire s’interroge : « Sera-t-il prêt à faire des compromis pour faire triompher ses idées ? Jusqu'où ira-t-il ? ». Cohn-Bendit déclare ainsi avec tendresse : « Je crois qu'en 2027 il n'a aucune chance mais s'il a envie, let's go. » Laissons le mot de la fin à Raphaël Glucksmann : « Je crois que la politique cela reste profondément tragique. »

    1. Masterclass : Politique et fiction et politique-fiction : Quel scénario pour conclure le quinquennat ?

    Avant la clôture, le festival a proposé une passionnante masterclass sur le thème précité, en présence de nombreux intervenants et notamment la Présidente de l’Assemblée Nationale, Yaël Braun-Pivet, de l’ancienne Ministre de l’Éducation Nationale, présidente du jury des lycéens, Najat Vallaud-Belkacem, et de Michel Field, directeur de la Culture et du Spectacle Vivant à France Télévisions, maître des cérémonies d’ouverture et de clôture du festival.

    Quelques déclarations marquantes et éclairantes extraites de cette masterclass dont vous pourrez aussi retrouver quelques extraits sur mon compte Instagram :

    Yaël Braun-Pivet, à propos de l'Assemblée Nationale : « Cela devient de plus en plus une arène, un ring, un show. On a changé le personnel politique et on a aucune barrière entre le sympathisant, le député. Chaque parole est interchangeable. Des députés qui se transforment en activistes. Plus de distinction entre les rôles de chacun. »

    « En dehors du Promeneur du Champ de Mars, il a fallu attendre 40 ans pour que le personnage politique de Mitterrand devienne un personnage fictionnel ».

    Michel Field : « On vient d'une culture où les écrits sont les vecteurs de la politique. »

    Le Bomin a souligné le recours au vocabulaire cinématographique pour évoquer la politique, pour signifier le réel :  en cas de remaniement on parle de « casting » politique, on évoque aussi une « séquence ».

    Yaël Braun-Pivet : « La réalité dépasse la fiction donc on peut tout imaginer* même le pire. » (*Dans les fictions).


    Concernant une question sur le peu d'appétence des cinéastes français pour célébrer le roman national, Najat Vallaud-Belkacem a répondu que cela était « lié à l’esprit critique mais aussi à la plus grande prudence chez les artistes et scénaristes qui ont le goût de l'exactitude, et a contrario ont du mal à saisir la vie politique. »

    Michel Field : « Cette Assemblée Nationale ressemble plus à la société. »

    Yaël Braun-Pivet : « Le bureau est parfaitement représentatif de la société. , « Plus de 30 textes ont été votés à l'unanimité. », « Le problème est que les gouvernements successifs et l’administration font comme s’ils étaient majoritaires. »

    « La question de survie du film politique est de s'éloigner du film partisan. »

    « Ce qui compte ce n'est pas objectivité du journaliste mais l’honnêteté.»


    Yaël Braun-Pivet : « Il ne faut ne pas se réfugier derrière les institutions pour se dédouaner. Quand cela tangue, les institutions protègent. Cela nécessite d'ajuster les règles pour plus de partage du pouvoir avec parlement, le peuple etc. »

    1. L’Inconnu de la Grande Arche de Stéphane Demoustier (film de clôture) – Au cinéma le 5 novembre 2025

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    Dans son dernier film, Borgo, Stéphane Demoustier nous racontait l’histoire de Mélissa (Hafsia Herzi), surnommée « Ibiza » par les détenus, surveillante pénitentiaire expérimentée, qui s’installe en Corse avec ses deux jeunes enfants et son mari. Là, elle intègre les équipes d’un centre pénitentiaire pas tout à fait comme les autres dans lequel on dit que ce sont les prisonniers qui surveillent les gardiens et non l’inverse ! Si ce film a pour matériau de départ l'histoire vraie d’une surveillante pénitentiaire mise en cause dans le double assassinat de Poretta en 2017, et en particulier des comptes-rendus lus dans la presse, le réalisateur s’est avant tout inspiré du personnage de la surveillante qu’il dépeint ici dans toute sa complexité comme il le fit pour la protagoniste de La fille au bracelet.  Le film sonde l’âme du personnage et son basculement, sa proximité de plus en plus forte avec le monde mafieux, les rapports de force, le glissement progressif dont elle ne semble pas se rendre compte. La minutie de la reconstitution (notamment de la vie de la prison, fortement documentée), la tension constante (entre le racisme dont est victime le mari de Mélissa, et la prison où finalement elle semble mieux accueillie et protégée, avec parmi de nombreuses remarquables scènes celle où les prisonniers, d’une cellule à l’autre, chantent en son honneur, scène lors de laquelle le visage de la surveillante s’illumine, la joie et la fierté l’emportant sur le sérieux qu’imposent ses fonctions), l’interprétation magistrale de Hafsia Herzi mais aussi de tous les seconds rôles judicieusement choisis (notamment de nombreux acteurs insulaires), la musique de Philippe Sarde, le scénario particulièrement audacieux, jouant avec les temporalités et points de vue, en font un film d’une maîtrise impressionnante. À nouveau, avec L’Inconnu de la grande arche (sélection officielle du Festival de Cannes 2025, section Un Certain Regard), Stéphane Demoustier centre son récit sur un personnage ayant réellement existé, Otto von Spreckelsen, architecte danois de 53 ans, et sur des faits réels, en l’occurrence décrits dans le livre de Laurence Cossé, La Grande Arche (2016). François Mitterrand (Michel Fau), Président de la République récemment élu, annonce le nom du vainqueur du concours international d’architecture lancé pour le futur chantier de construction de la Défense. L’heureux gagnant a remporté le concours grâce à son idée de cube géant. Les services présidentiels ne le connaissent pas et n’ont même pas de numéro auquel le joindre. Le film va raconter les obstacles à cette construction, projet de la vie d’un homme (un architecte), et instrument de grandeur d’un Président de la République volontariste. Otto von Spreckelsen (Claes Bang), est accompagné de son épouse Liv (Sidse Babett Knudsen), doit composer avec un jeune conseiller du président (Xavier Dolan) et l’architecte français Paul Andreu (Swann Arlaud) qui va mettre en œuvre le projet. Mais entre les contrariétés administratives, et l’arrivée en 1986 d’un nouveau gouvernement avec un ministre délégué au budget, Alain Juppé, qui souhaite avant tout réaliser des économies, le beau rêve d’Otto tourne au cauchemar. Le chantier, pharaonique, doit être revu à la baisse malgré la détermination orgueilleuse d’Otto.  D’ailleurs, lui ne parle pas de « grande arche » mais de son « cube ». Payé 25 millions de francs, il dépense sans compter, encouragé par le président qui veut à tout prix que son projet voie le jour et soit inauguré pour le Bicentenaire de la Révolution française, n’hésitant pas à payer un grutier 50 000 francs, juste pour qu’une maquette à taille réelle lui donne une idée de la perspective du projet depuis les Champs-Élysées, tarif astronomique qui est la contrepartie à la privation d’un mariage d’un membre de la famille du grutier (totalement inventé par ce dernier). Demoustier reconstitue avec autant de minutie ce chantier phare des années 1980 qu’il avait dépeint avec soin la prison corse de Borgo. La réussite de l’ensemble doit beaucoup au casting : Claes Bang qui interprète l’opiniâtre, présomptueux, tempétueux et parfois exaspérant Otto. Sidse Babett Knudsen, qui joue le rôle de sa femme, prête à le suivre dans tous ses caprices…jusqu’à un certain point, toujours d’une sobriété et d’une justesse remarquables (le film s’inspire notamment des lettres qu’a laissées l’épouse de l’architecte). Michel Fau qui campe un François Mitterrand lui aussi têtu dont l’obstination aveugle frôle aussi le ridicule. Swann Arlaud, toujours impeccable. Xavier Dolan, absolument irrésistible en conseiller pointilleux un peu dépassé par les exigences de l’architecte, et cherchant à les modérer. Derrière les ambitions de chacun, il y a l’argent public dépensé à tout-va pour satisfaire des ambitions, voire caprices(s), et si le film se déroule dans les années 1980, en cela il est aussi intemporel. L’Inconnu de la Grande Arche est un film passionnant sur cet inconnu dont la trajectoire révèle avec une ironie réjouissante les dépenses inconsidérées et les aberrations administratives de l’État français.  Tout cela aboutira à un projet très éloigné de ce à quoi aspirait Otto von Spreckelsen, peu à peu rongé par les désillusions. Et à un film passionnant, parfait pour clore en beauté ce formidable festival.


    PALMARÈS

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    La majeure partie des prix ont été remis par la présidente de l’Assemblée Nationale qui a loué ce festival qui a le mérite de  « rapprocher la chose publique des citoyens ». La présidente du jury des lycéens a, quant à elle, évoqué les vertus d’un « conversation qui n’a pas lieu ailleurs », une « parenthèse enchantée »

    * Prix du jury (attribué par le jury fiction politique)
    The President's Cake de Hasan Hadi
    * Mention spéciale
    Les Braises de Thomas Kruithof

    * Prix des médias (attribué par le jury presse & médias politique)
    The President's Cake de Hasan Hadi
    * Mention spéciale
    Les Braises de Thomas Kruithof

    * Prix du public (attribué par le public du Festival)
    Dossier 137 de Dominik Moll

    Compétition documentaire

    * Prix du jury (attribué par le jury documentaire politique)
    DOUBLE PRIX
    Holding Liat de Brandon Kramer
    &
    Les Combats méconnus de Robert Badinter de Dominique Missika et Bethsabée Zarka

    * Prix des Lycéens (attribué par le jury lycéen politique)
    France, une histoire d'amour de Michael Pitiot et Yann Arthus-Bertrand
    * Mention spéciale
    Holding Liat de Brandon Kramer

    * Prix du public (attribué par le public du Festival)
    Les Glucksmann, une histoire de famille de Steve Jourdin

    SÉLECTION OFFICIELLE

    Compétition fiction

     La Vague de Sebastián Lelio

    The President’t Cake de Hasan Hadi

    Dossier 137 de Dominik Moll

    Deux procureurs de Sergei Loznitsa

     Les Braises de Thomas Kruithof

    Compétition documentaire

    Holding Liat de Brandon Kramer

     France, une histoire d’amour de Michael Pitiot et Yann Arthus-Bertrand

    Les Armes secrètes de Poutine de Hugo Van Offel et Martin Boudot

    Les Combats méconnus de Robert Badinter de Dominique Missika et Bethsabée Zarka

     Les Glucksmann, une histoire de famille de Steve Jourdin

    Hors-compétition

    La Femme la plus riche du monde de Thierry Klifa

     Jean Valjean de Éric Besnard

     L’Inconnu de la grande arche de Stéphane Demoustier

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  • Festival de la fiction et du documentaire politique de la Baule 2025 : le programme

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    Je vous ai souvent parlé ici de la Baule, cadre d'un certain nombre de mes fictions romanesques, lieu suscitant de nombreuses réminiscences de vacances familiales, et décor du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule que j'ai couvert ici pendant 10 ans. Pour la première fois cette année, je suis ravie de couvrir un tout jeune festival de cinéma dont ce sera la troisième édition, le Festival de la fiction et du documentaire politique qui aura lieu de ce jeudi 2 octobre à ce samedi soir 4 octobre, et qui allie deux de mes passions : la politique et le cinéma. Jeune festival ne signifie pas festival amateur ou inexpérimenté comme le prouve la qualité de la sélection et des invités depuis la première édition.

    Dans un monde dans lequel tout va si vite, dans lequel une actualité en dévore une autre sans que la première ait pu être digérée et appréhendée, dans un monde de plus en plus complexe, un tel festival de cinéma qui permet de la décrypter et disséquer avec une juste distance et d'en explorer les différents ressorts, est plus que nécessaire. Comme le disait Machiavel, "tout n'est pas politique, mais la politique s'intéresse à tout."

    L'an passé le prix du jury de la compétition fiction avait couronné L'Histoire de Souleymane de Boris Lojkine, et en 2023 L'Enlèvement de Marco Bellochio. Un palmarès qui témoigne déjà de la qualité des films présentés, qu'il s'agisse de fictions ou de documentaires.

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    Cette année ne dérogera pas à la règle avec, au, programme, des films parmi les plus attendus des mois à venir, notamment en ouverture, le nouveau film de Thierry Klifa, La femme la plus riche du monde qui avait été présenté à Cannes en mai dernier, ou encore Dossier 137 de Dominik Moll, qui fut également présenté à Cannes, en compétition.

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    Difficile de définir un film politique, tout acte comme tout film l'étant finalement plus ou moins (n'en déplaise à Machiavel, cf citation ci-dessus).  Comme le souligne ainsi les organisateurs : "Quel que soit son genre, quel que soit son thème un film a une dimension politique, car le regard du cinéma est pluriel tant par sa dimension artistique que par sa portée sociopolitique."

    Jérôme Paoli et Anne-Catherine Mendez, les fondateurs du festival précisent aussi très justement que "Le cinéma politique n’est pas seulement un genre, il est une voix. Une voix capable de raconter le réel, de le questionner, parfois de le bousculer. Une voix qui ouvre des chemins de réflexion là où tout semble figé, qui donne à voir ce que l’on n’ose pas toujours dire. Dans un monde marqué par la vitesse et la polarisation, prendre le temps de s’arrêter devant une œuvre, d’en débattre ensemble, devient un acte précieux – presque un geste de résistance."

    Les invités d'honneur du festival sont les suivants : 

    Yaël Braun-Pivet (Présidente de l’Assemblée nationale), Jean Emmanuel Casalta (Président Public Sénat), Hugues Cazenave (Président Opinion Way), Vincent Chauvet (Maire de la ville d'Autun), Michel Field (Directeur de la culture et du spectacle vivant – France Télévisions), Nicolas Daniel (Directeur éditorial chargé de la stratégie et du numérique, LCP), Christian Giacomini (Président Rumeur Publique), Emmanuelle Guilcher (Directrice des programmes Public Sénat), Philippe Guedj (Journaliste au service culture du Point), Cyril Graziani (Chef du service politique de France Télévisions), Emmanuel Kessler (Président-directeur général de LCP-Assemblée nationale), Emmanuel Prévost (Producteur), Carole Rocher (comédienne), Nathalie Saint-Cricq (Directrice de la rédaction nationale de France Télévisions), François de Rugi (Ancien Président de l’Assemblée Nationale, Ancien Ministre), Thomas Sotto (Présentateur et rédacteur en chef de la matinale de RTL), Mario Stasi (Président de Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme).

    La troisième édition est présidée par le scénariste et réalisateur Gabriel Le Bomin.

    Quatre jurys viendront récompenser les documentaires et fictions présentés dans le cadre du festival.

    Le jury fiction politique est présidé par  la comédienne, réalisatrice, scénariste Audrey Dana. Elle sera entourée du réalisateur Antoine Raimbault, du producteur Philippe Boeffard, de la Haute Commissaire à l'enfance Sarah El Hairy, et le comédien Arié Elmaleh.

    Le jury documentaire politique est présidé par la comédienne Odile Vuillemin, le producteur Paul Rozemberg, l'ancien ministre de la Mer et de la Biodiversité Député de la 2ème circonscription des Côtes d'Armor, Hervé Berville.

    Le jury presse et médias politique est présidé par l'éditorialiste politique, essayiste, ancien DG de France Télévisions, Patrice Duhamel, le Directeur de la rédaction de la Tribune Dimanche, éditorialiste à BFMTV, Bruno Jeudy, le rédacteur en chef des Echos de la Presqu'île Frédéric Prot, la journaliste et éditorialiste politique, Saveria Rojek, et l'éditorialiste politique de TF1.

    Le jury lycéens politique est présidé par l'ancienne ministre, responsable associative, Najat Vallaud-Belkacem qui sera entourée de Charlie Connan-Levallois, Gustave  Diebolt, Inès Fernandez, Anna Gallou-Papin, Maël Lehuede, Swann Mahyaoui-Chantrel, Elyne Pernet.

    FILMS EN COMPÉTITION

    LA VAGUE

    2025 – Chili

    2h09 – VOSTF

    Réalisation : Sebastián Lelio

    Interprétation : Daniela López, Lola Bravo, Avril Aurora, Paulina Cortés

    Projection le vendredi 3 octobre 2025 à 10h

    THE PRESIDENT’S CAKE

    2025 – Irak

    1h43 – VOSTF

    Réalisation : Hasan Hadi

    Interprétation : Baneen Ahmed Nayyef, Sajad Mohamad Qasem, Waheed

    Thabet Khreibat, Rahim Alhaj

    Projection le vendredi 3 octobre 2025 à 14h

    DOSSIER 137

    2025 – France

    1h56 – VF

    Réalisation : Dominik Moll

    Interprétation : Léa Drucker, Jonathan Turnbull

    Projection le vendredi 3 octobre 2025 à 16h30

    DEUX PROCUREURS

    2025 – France, Allemagne, Pays-Bas, Lettonie, Roumanie, Lituanie

    1h58 – VOSTF

    Réalisation : Sergei Loznitsa

    Interprétation : Aleksandr Kuznetsov, Alexander Filippenko, Anatoli Beliy,

    Andris Keiss, Vytautas Kaniusonis

    Projection le samedi 4 octobre 2025 à 10h

    LES BRAISES

    2025 – France

    1h42 - VF

    Réalisation : Thomas Kruithof

    Interprétation : Virginie Efira, Arieh Worthalter

    Projection le samedi 4 octobre 2025 à 14h en présence du réalisateur Thomas Kruithof

     

    FILMS HORS-COMPÉTITION

    Film d’ouverture

    LA FEMME LA PLUS RICHE DU MONDE

    2025 – France, Belgique

    2h03 – VF

    Réalisation : Thierry Klifa

    Interprétation : Isabelle Huppert, Laurent Lafitte, Marina Foïs, Raphaël

    Personnaz, André Marcon, Mathieu Demy

    Projection le jeudi 2 octobre 2025 à 19h30

    JEAN VALJEAN

    2025 – France

    1h36 – VF

    Réalisation : Éric Besnard

    Interprétation : Grégory Gadebois, Bernard Campan, Alexandra Lamy,

    Isabelle Carré

    Projection le vendredi 3 octobre 2025 à 19h en présence du réalisateur

    Éric Besnard

    Film de clôture

    L’INCONNU DE LA GRANDE ARCHE

    2025 – France

    1h46 – VF

    Réalisation : Stéphane Demoustier

    Interprétation : Claes Bang, Sidse Babett Knudsen, Xavier Dolan, Swann

    Arlaud, Michel Fau

    Projection le samedi 4 octobre 2025 à 20h

    Le programme complet

    jeudi 2 octobre

    19h00 : Cérémonie d’ouverture

    19h30 : La Femme la plus riche du monde Hors-Compétition

    vendredi 3 octobre

    10H00 : Holding Liat Compétition Documentaire

    10H00 : La Vague Compétition Fiction

     

    14H00 : France, Une histoire d’amour Compétition Documentaire
    14H00 : The President’s cake Compétition Fiction

     

    16H30 : Les armes secrètes de Poutine Compétition Documentaire
    16H30 : Dossier 137 Compétition Fiction

     

    19H00 : Jean Valjean Hors compétition

     

    Samedi 4 octobre

    10H00 : Les combats méconnus de Robert Badinter Compétition Documentaire
    10H00 : Deux Procureurs Compétition Fiction

    14H00 : Les Glucksmann, une histoire de famille Compétition Documentaire
    14H00 : Les Braises Compétition Fiction

    16h00 : Séance de dédicaces en collaboration avec la librairie les oiseaux

    16h30 : Masterclass Pouvoir en chute: de l’assemblée à l’écran

    19H00 : Cérémonie de clôture

    19H30 : L’inconnu de la Grande Arche Hors compétition

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    Projections au Cinéma Le Gulf Stream

    Salles 1 et 5
    52 Av. du Général de Gaulle, 44500 La Baule-Escoublac
    Tél. : 02 51 75 15 41
    Site internet : cinegulfstream.fr
    Vous y en rendre : GMap
    Tarif unique : 7€

    Suivez-moi en direct du festival sur Instagram (@sandra_meziere) et retrouvez mon compte-rendu détaillé la semaine prochaine sur Inthemoodforcinema.com.

    Pour en savoir plus sur le festival, le site officiel du Festival de la fiction et du documentaire politique de La Baule 2025.

  • Programme complet du 11ème Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule ( 25 au 29 juin 2025)

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    Selon Stendhal, « il faut que la musique commence par nous égarer pour nous faire regarder comme des possibles des choses que nous n'osions espérer. » Voilà ce peut représenter la musique (même si là n'est pas sa seule vertu), et en particulier la musique de film : un doux égarement qui éveille à l'espoir, au rêve, et à la volonté farouche de les réaliser. 

    L'an passé, le Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule célébrait (déjà !) sa dixième édition. Déjà dis-je car je l'ai couvert toutes ces années et j'ai ainsi eu le plaisir de le voir évoluer, changer de saison, mais conserver ses principes fondateurs, celui d'un festival ouvert à tous, qui met en avant la musique de films (trop souvent oubliée des festivals, critiques...et même du Festival de Cannes qui ne lui décerne toujours pas de prix "officiel" car même si elle est mise en avant par le Prix de la création sonore et divers évènements organisés par la SACEM, il n'existe toujours pas de prix attribué à la musique lors de la cérémonie du palmarès) dans un cadre qui est là aussi une invitation au rêve, celui de La Baule et de sa plage légendaire.

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    En 2024, les projections et l’ensemble des événements proposés ont réalisé plus de 28000 entrées (un record) pendant les 5 jours d’avant-premières (plus d’une trentaine en présence des équipes de films et une soixantaine de projections au total), master classes, rencontres et expositions autour de la musique de film et du cinéma francophone. 

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    Le concert de ce 10ème anniversaire qui a mis à l'honneur les musiques de Francis Lai et les films de Claude Leouch, restera un évènement marquant de ce 10ème anniversaire, qui fit tournoyer les souvenirs, la joie, la nostalgie : Dabadabada, Montmartre 1540, la voix veloutée de Trintignant, le bonjour d’Anconina. Comme s'il s'agissait là du scénario, pétri d'émotions, d'un de ses films, Claude Lelouch, a commencé par dédier ce concert à tous ceux qui ne sont plus « Anouk, Jean-Louis, Jean-Paul… » et a terminé sur scène en filmant le public et les musiciens. L’émotion était également au rendez-vous lors de la diffusion de l’extrait des cinq premières minutes du film Les plus belles années d’une vie, le festival ayant eu lieu peu de temps après la disparition d’Anouk Aimée. Elle l'est d'autant plus a posteriori alors que, hier, disparaissait Nicole Croisille.

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    Au fil des ans, ce festival, fondé par Sam Bobino et Christophe Barratier, s'est imposé comme un rendez-vous incontournable, d'abord en novembre puis fin juin, mettant en lumière la musique de films mais aussi des films qui, souvent, ont ensuite connu un succès auprès de la critique et/ou du public. 

    Vous pouvez retrouver ici mon compte-rendu très détaillé de cette dixième édition, de la master class et du concert-hommage à Claude Lelouch aux différents films primés et notamment mes coups de cœur comme Le Fil de Daniel Auteuil ou encore Le roman de Jim des frères Larrieu, mais aussi le documentaire Il était une fois Michel Legrand de David Hertzog Dessites. Retrouvez aussi là, mon compte-rendu de la 9ème édition, et, là, celui de la 8ème édition, et toutes les éditions précédentes dans les archives.

    Cette édition 2024 revêtait une saveur particulière pour moi qui n'en ai manqué aucune puisque j'ai eu le plaisir de dédicacer au festival (merci aux équipes du Cinéma Le Gulf Stream pour le chaleureux accueil) mon roman La Symphonie des rêves qui a en partie cet évènement pour cadre, un roman à l'origine de l'idée duquel était...une musique d'un film qui y fut également primée. Je remercie également à nouveau La Maison de La Presse (devenue La Librairie Les Oiseaux) qui m'a reçue trois fois l'été dernier pour dédicacer ce roman.

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    Photo prise depuis l'hôtel Barrière L'Hermitage de La Baule, cadre d'une partie du roman

    Un festival découvreur de talents

    Les films découverts dans le cadre de ce festival sont souvent les meilleurs de l’année parmi lesquels il y eut : Paterson, À peine j’ouvre les yeux, Tanna, Le Prophète, Demain tout commence, Born to be blue, Jalouse, L’attente, Mr. Turner, Carole Matthieu, Tout nous sépare, Guy, La tortue rouge, Les hirondelles de Kaboul et, rien que pour l’année 2019, en compétition, sans doute les meilleurs films de l’année (Les Éblouis, J’ai perdu mon corps, La Belle époque, La dernière vie de Simon, La nuit venue, Lola vers la mer)…et tant d’autres et aussi de nombreux documentaires comme Abdel Rahman El Bacha - Un piano entre Orient et Occident, ou encore des courts-métrages mais aussi des documentaires comme Ennio de Giuseppe Tornatore, ou encore en compétition les films I love Greece de Nafsika Guerry-Karamounas, Flee de Jonas Poher Ramussen, mais aussi Maria rêve de Lauriane Escaffre et Yvonnick Muller...

    Des concerts mémorables

    Chaque année, le festival propose aussi  des master classes passionnantes et des concerts mémorables comme le furent ceux de Francis Lai, Michel Legrand, Lalo Schifrin, Eric Serra, Gabriel Yared, Vladimir Cosma, Philippe Sarde, Alexandre Desplat, Kyle Eastwood...

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    11ème édition

    La onzième édition du Festival de Cinéma et de Musique de Film de La Baule aura lieu du 25 au 29 juin 2025. Comme chaque année, la soirée de remise de prix sera suivie d'un concert. Cette année, Lambert Wilson sera l'invité d'honneur et donnera un concert hommage aux plus belles chansons de cinéma. Le film d'ouverture sera celui d'une cinéaste indissociable de La Baule, Diane Kurys (qui avait présenté son film Ma mère est folle à La Baule, en 2018, ma critique ici), Moi qui t'aimais (sélectionné à Cannes Classics), et le film de clôture sera le dernier film en tant que réalisateur d'Alex Lutz (également sélectionné à Cannes, dans le cadre de Cannes Première), Connemara, une adaptation d'un livre de Nicolas Mathieu, deux ans après la présentation à La Baule de sa promenade nocturne dans les rues de Paris, Une Nuit.

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    Au programme de cette édition : 41 projections, 21 longs métrages en avant-première, 5 courts métrages, 2 longs métrages classiques, 13 reprises de longs métrages (projections du lendemain), 4 master class, 1 rencontre avec les scolaires, 1 résidence de jeunes compositeurs à l’image, 1 projection solidaire, 1 exposition, 1 opération avec les commerçants et le concert précité.

    Neuf trophées seront décernés : meilleur film 2025, meilleure musique de film 2025, meilleure interprétation 2025, meilleur court métrage 2025 –Transpalux & Program Store, prix du Public 2025 – Groupe Barrière, prix du doc musical 2025, meilleure musique de l’année 2025, révélation Jeune Talent Compositeur 2025, prix d’honneur 2025.

    Le jury sera présidé par l’actrice, réalisatrice, scénariste et metteuse en scène Zabou Breitman. Elle sera accompagnée de l’autrice, compositrice, interprète, réalisatrice, Aurélie Saada, du trompettiste compositeur Ibrahim Maalouf, de l’actrice Mélanie Bernier et de l’actrice Caroline Anglade.

    Pour célébrer l’invité d’honneur, Lambert Wilson, sera ainsi projeté le chef-d’œuvre d’Alain Resnais, On connaît la chanson (dont je vous propose la critique en bas de cet article).

    L’AFFICHE

    Pour cette nouvelle édition les organisateurs ont opté pour une affiche qui symbolise le lien entre le cinéma et la musique de film et la transmission entre les générations, représentés par ses deux mains qui se rejoignent, entre ciel et mer : l’une qui offre et l’autre qui reçoit. Au centre, le trophée du festival, doré et éclatant comme le soleil de La Baule, station balnéaire baignée de lumière toute l’année, où l’art se vit les pieds dans le sable et la tête dans les étoiles.

    UN FESTIVAL INTERGÉNÉRATIONNEL

    Depuis sa création, le Festival de Cinéma et de Musique de Film de La Baule, qui est destiné au grand public comme aux professionnels, met l’accent sur le partage d’expériences. D’une part en accompagnant les étudiants en classe de musique à l’image avec des ateliers créatifs (la factory) et un prix spécial dédié (le prix de la révélation jeunes compositeurs), et d’autre part avec des rencontres dédiées aux scolaires sous forme d’initiation à la musique de film. Avec ces deux mains tendues l’une vers l’autre, c’est aussi cette notion de transmission qu’ont souhaité illustrer avec cette affiche l’artiste Sébastien Dupouey (à l’origine des premières affiches du festival) et Mathilde Huaulmé (studio La Femme assise).

    LAMBERT WILSON INVITÉ D’HONNEUR : UN CONCERT HOMMAGE AUX PLUS BELLES CHANSONS DU CINÉMA

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    © Igor Shabalin

    À l’occasion des 130 ans de la naissance du cinéma (retrouvez ici mon article sur le documentaire de Thierry Frémaux, Lumière, l'aventure continue !), le Festival de La Baule a souhaité célébrer cette date anniversaire en proposant un concert en clôture autour des plus belles chansons du cinéma français : Lambert Wilson Chante.

    Sur la scène du Palais des congrès et des festivals Jacques Chirac - Atlantia de La Baule, Lambert Wilson fera renaître les grandes heures du cinéma en chansons. Il convoquera les mélodies mythiques des films, les airs inoubliables des comédies musicales et rendra un hommage vibrant à Yves Montand. De Renoir à Montand, de Truffaut à Demy, de Prévert à Deneuve, l’interprète d’ On connaît la chanson célèbrera plus d’un siècle de titres qui ont marqué notre imaginaire collectif. Il tissera un pont entre musique, cinéma et mémoire et redonnera vie à ce répertoire riche en émotions. Lambert Wilson nous invitera à revivre le cinéma en musique, à travers ce récital totalement inédit en guise de voyage dans l’histoire du cinéma.

    BRIGITTE BARDOT, UNE FEMME LIBRE : exposition, films, dédicace

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    © Jacques Heripret

    Brigitte Bardot, icône éternelle, sera mise à l’honneur cette année au Festival de La Baule avec cette exposition exceptionnelle, Brigitte Bardot, une femme libre, à l’occasion de son 90ème anniversaire. Photographies rares, objets emblématiques, affiches mythiques et trésors intimes, issus de la collection personnelle de Bruno Ricard, raconteront la légende d’une femme libre, d’une star planétaire et d’un visage devenu symbole de la France, à la fois mannequin, actrice, chanteuse, militante des droits des animaux et écrivaine. Des plateaux de cinéma aux plages de Saint-Tropez, cette exposition retracera le parcours et la vie hors du commun d’une star absolue dont la vie a été faite de passions.

    Elle sera aussi à l’honneur  avec la séance de dédicaces du livre Brigitte Bardot, Internationale BB de et par Vincent Perrot et Bruno Ricard mais aussi avec la projection du film Bardot d’Alain Berliner qui fut projeté au 78ème Festival de Cannes dans le cadre du Cinéma de la Plage (musique de Laurent Perez del Mar, récemment récompensé du Prix de la meilleure musique pour un long métrage 2025 pour Bambi, l’histoire d’une vie dans les bois de Michel Fessler, un prix décerné par l’U2C, Union des Compositrices et Compositeurs de Musique pour l’Image).

    Sera également projeté le film de Roger Vadim, Et Dieu créa la femme.

    LES FILMS EN COMPETITION

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    Marcel et Monsieur Pagnol de Sylvain Chomet

    Météors de Hubert Charuel

    Les Aigles de la République Tarik Saleh

    Classe moyenne de Antony Cordier

    Fils de de Carlos Abascal Peiró

    LES DOCS MUSICAUX EN COMPETITION

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    Becoming Led Zeplin de Bernard MacMahon

    Mistify Michael Hutchence de Richard Lowenstein

    Yael Naim Une nouvelle âme de Jill Coulon

    Madness prince du ska, roi de la pop de Christophe Conte

    LES COURTS METRAGES EN COMPETITION

    Bo Jacquo de Mickaël & Grégory Fitoussi

    Ligne de vie de Hugo Becker

    Le photographe de Christèle Billaut

    Le Colisée de Nabil Kechouhen

    Le Père de Noël de Stanislas Perrin

    FILM D’OUVERTURE HORS COMPETITION

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    Moi qui t’aimais de Diane Kurys (le 25 juin à Atlantia, précédé de la cérémonie d’ouverture)

    FILM DE CLÔTURE HORS COMPETITION

    Connemara de Alex Lutz (le 29 juin au cinéma le Gulf Stream)

    LES LONGS METRAGES HORS COMPETITION

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    Moi qui t’aimais de Diane Kurys

    Bardot de Alain Berliner

    Regarde de Emmanuel Poulain-Arnaud

    Connemara de Alex Lutz

    CINE CLASSIQUE HORS COMPETITION

    Et Dieu créa la femme de Roger Vadim

    COUPS DE PROJECTEUR LONGS METRAGES HORS COMPETITION

    Baise en ville de Martin Jauvat

    L’Épreuve du feu de Aurélien Peyre

    Silver Star de Ruben Amar, Lola Bessis

    LA SEANCE SPECIALE HORS COMPETITION

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    L’homme qui a vu l’ours qui a vu l’homme de, avec et en présence de Pierre Richard

    MASTER CLASS / RENCONTRES

    PIERRE RICHARD ET OLIVIER DEFAYS

    LAMBERT WILSON ET BRUNO FONTAINE

    ZABOU BREITMAN

    SYLVAIN CHOMET

    RENCONTRE DES SCOLAIRES  - Initiation à la musique à l’image

    Cette rencontre aura lieu à Atlantia. Un évènement pour les 800 élèves des écoles primaires de La Baule. Avec Laetitia Pansanel-Garric, compositrice.

    CINE JEUNESSE HORS COMPETITION

    Y’a pas de réseau de Edouard Pluvieux

    Buffalo Kids de Pedro Solis et J.J Garcia Galocha

    Comme le disait l'an passé Claude Lelouch, "on ne meurt pas d'une overdose de rêves", alors ne manquez pas la 11ème édition de ce festival qui ne devrait pas en être avare ...

    Infos & réservations sur : www.festival-labaule.com

    Tarif unique, actuellement en vente sur le site : 50 €

    En soutien à l’association du Festival. Nombre limité. Donne accès de façon prioritaire et garantie à toutes les projections, rencontres et à la cérémonie d’ouverture. (sauf cérémonie de remises de prix et concert)

    Billet individuel : 8 € (plein tarif), 5 € (tarif réduit)*, ouverture des ventes le 16 juin sur le site et sur place à Atlantia ou au Gulfstream à partir du 24 juin.

     * Moins de 18 ans, étudiants jusqu’à 25 ans, personnes en situation de handicap (sur présentation d’un justificatif)

    Exposition « Brigitte Bardot, une femme libre » (du 21 juin au 6 juillet/Espace culturel Chapelle Sainte-Anne) : entrée libre

    CONCERT

    Vente en ligne via le site du Festival : www.festival-labaule.com ou directement sur le site d’Atlantia : https://billetterie.atlantia-labaule.com au 02 40 11 51 51 ou sur place

    LAMBERT WILSON « CHANTE ET ENCHANTE » LE CINÉMA ACCOMPAGNÉ PAR BRUNO FONTAINE Catégorie 1 (parterre) Catégorie 2 (mezzanine et strapontin) 69 €  59 €

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    CRITIQUE DE ON CONNAÎT LA CHANSON de Alain Resnais

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    Toute la malice du cinéaste apparaît déjà dans le titre de ce film de 1997, dans son double sens, propre et figuré, puisqu’il fait à la fois référence aux chansons en playback interprétées dans le film mais parce qu’il sous-entend à quel point les apparences peuvent être trompeuses et donc que nous ne connaissons jamais vraiment la chanson…

    Suite à un malentendu, Camille (Agnès Jaoui), guide touristique et auteure d’une thèse sur « les chevaliers paysans de l’an mil au lac de Paladru » s’éprend de l’agent immobilier Marc Duveyrier (Lambert Wilson). Ce dernier est aussi le patron de Simon (André Dussolier), secrètement épris de Camille et qui tente de vendre un appartement à Odile (Sabine Azéma), la sœur de Camille. L’enthousiaste Odile est décidée à acheter cet appartement malgré la désapprobation muette de Claude, son mari velléitaire (Pierre Arditi). Celui-ci supporte mal la réapparition après de longues années d’absence de Nicolas (Jean-Pierre Bacri), vieux complice d’Odile qui devient le confident de Simon et qui est surtout très hypocondriaque.

    Ce film est pourtant bien plus que son idée de mise en scène, certes particulièrement ludique et enthousiasmante, à laquelle on tend trop souvent à le réduire. À l’image de ses personnages, le film d’Alain Resnais n’est pas ce qu’il semble être. Derrière une apparente légèreté qui emprunte au Boulevard et à la comédie musicale ou du moins à la comédie (en) »chantée », il débusque les fêlures que chacun dissimule derrière de l’assurance, une joie de vivre exagérée, de l’arrogance ou une timidité.

    C’est un film en forme de trompe-l’œil qui commence dès la première scène : une ouverture sur une croix gammée, dans le bureau de Von Choltitz au téléphone avec Hitler qui lui ordonne de détruire Paris. Mais Paris ne disparaîtra pas et sera bien heureusement le terrain des chassés-croisés des personnages de On connaît la chanson, et cette épisode était juste une manière de planter le décor, de nous faire regarder justement au-delà du décor, et de présenter le principe de ces extraits chantés. La mise en scène ne cessera d’ailleurs de jouer ainsi avec les apparences, comme lorsqu’Odile parle avec Nicolas, lors d’un dîner chez elle, et que son mari Claude est absent du cadre, tout comme il semble d’ailleurs constamment « absent », ailleurs.

    Resnais joue habilement avec la mise en scène mais aussi avec les genres cinématographiques, faisant parfois une incursion dans la comédie romantique, comme lors de la rencontre entre Camille et Marc. L’appartement où ils se retrouvent est aussi glacial que la lumière est chaleureuse pour devenir presque irréelle mais là encore c’est une manière de jouer avec les apparences puisque Marc lui-même est d’une certaine manière irréel, fabriqué, jouant un personnage qu’il n’est pas.

    Le scénario est signé Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri et témoigne déjà de leur goût des autres et de leur regard à la fois acéré et tendre sur nos vanités, nos faiblesses, nos fêlures. Les dialogues sont ainsi des bijoux de précision et d’observation mais finalement même s’ils mettent l’accent sur les faiblesses de chacun, les personnages ne sont jamais regardés avec condescendance mais plutôt lucidité et indulgence. Une phrase parfois suffit à caractériser un personnage comme cette femme qui, en se présentant dit, « J’suis une collègue d’Odile. Mais un petit cran au-dessus. Mais ça ne nous empêche pas de bien nous entendre ! ». Tout est dit ! La volonté de se montrer sous son meilleur jour, conciliante, ouverte, indifférente aux hiérarchies et apparences…tout en démontrant le contraire. Ou comme lorsque Marc répète à deux reprises à d’autres sa réplique adressée à Simon dont il est visiblement très fier « Vous savez Simon, vous n’êtes pas seulement un auteur dramatique, mais vous êtes aussi un employé dramatique ! », marquant à la fois ainsi une certaine condescendance mais en même temps une certaine forme de manque de confiance, et amoindrissant le caractère a priori antipathique de son personnage.

    Les personnages de On connaît la chanson sont avant tout seuls, enfermés dans leurs images, leurs solitudes, leur inaptitude à communiquer, et les chansons leur permettent souvent de révéler leurs vérités masquées, leurs vrais personnalités ou désirs, tout en ayant souvent un effet tendrement comique. De J’aime les filles avec Lambert Wilson au Vertige de l’amour avec André Dussolier (irrésistible ) en passant par le Résiste de Sabine Azéma. C’est aussi un moyen de comique de répétition dont est jalonné ce film : blague répétée par Lambert Wilson sur Simon, blague de la publicité pour la chicorée lorsque Nicolas montre la photo de sa famille et réitération de certains passages chantés comme Avoir un bon copain.

    Chacun laissera tomber son masque, de fierté ou de gaieté feinte, dans le dernier acte où tous seront réunis, dans le cadre d’une fête qui, une fois les apparences dévoilées (même les choses comme l’appartement n’y échappent pas, même celui-ci se révèlera ne pas être ce qu’il semblait), ne laissera plus qu’un sol jonché de bouteilles et d’assiettes vides, débarrassé du souci des apparences, et du rangement (de tout et chacun dans une case) mais la scène se terminera une nouvelle fois par une nouvelle pirouette, toute l’élégance de Resnais étant là, dans cette dernière phrase qui nous laisse avec un sourire, et l’envie de saisir l’existence avec légèreté.

    Rien n’est laissé au hasard, de l’interprétation (comme toujours chez Resnais remarquable direction d’acteurs et interprètes judicieusement choisis, de Dussolier en amoureux timide à Sabine Azéma en incorrigible optimiste en passant par Lambert Wilson, vaniteux et finalement pathétique et presque attendrissant) aux costumes comme les tenues rouges et flamboyantes de Sabine Azéma ou d’une tonalité plus neutre, voire fade, d’Agnès Jaoui.

    On connaît la chanson a obtenu 7 César dont celui du meilleur film et du meilleur scénario original. C’est pour moi un des films les plus brillants et profonds qui soient malgré sa légèreté apparente, un mélange subtile –à l’image de la vie – de mélancolie et de légèreté, d’enchantement et de désenchantement, un film à la frontière des émotions et des genres qui témoigne de la grande élégance de son réalisateur, du regard tendre et incisif de ses auteurs, et qui nous laisse avec un air à la fois joyeux et nostalgique dans la tête. Un film qui semble entrer dans les cadres et qui justement nous démontre que la vie est plus nuancée et que chacun est forcément plus complexe que la case à laquelle on souhaite le réduire, moins lisse et jovial que l’image « enchantée » qu’il veut se donner. Un film jubilatoire enchanté et enchanteur, empreint de toute la richesse, la beauté, la difficulté, la gravité et la légèreté de la vie. Un film tendrement drôle et joyeusement mélancolique à voir, entendre et revoir sans modération…même si nous connaissons déjà la chanson !

  • 11ème Festival de Cinéma et de Musique de Film de La Baule - du 25 au 29.06.2025 : programme (premières informations)

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    "Il faut que la musique commence par nous égarer pour nous faire regarder comme des possibles des choses que nous n'osions espérer." Stendhal 

    Voilà ce qu'est la musique (parmi de nombreuses autres vertus), et en particulier la musique de film : un doux égarement qui éveille à l'espoir, au rêve, et à la volonté farouche de les réaliser. 

    L'an passé, le Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule célébrait sa dixième édition, un festival que j'affectionne tout particulièrement, auquel j'assiste chaque année depuis sa première édition, et dont je vous parle également chaque année ici.

    L'an passé, les projections et l’ensemble des événements proposés ont réalisé  plus de 28000 entrées (un record) pendant les 5 jours d’avant-premières (plus d’une trentaine en présence des équipes de films et une soixantaine de projections au total), master classes, rencontres et expositions autour de la musique de film et du cinéma francophone. 

    Au fil des ans, ce festival, fondé par Sam Bobino et Christophe Barratier, s'est imposé comme un rendez-vous incontournable, d'abord en novembre puis en été, mettant en lumière la musique de films mais aussi des films qui souvent ont ensuite connu un succès auprès de la critique et/ou du public.  

    Vous pouvez retrouver ici mon compte-rendu très détaillé de cette dixième édition, de la master class et du concert-hommage à Claude Lelouch aux différents films primés et notamment mes coups de cœur comme Le Fil de Daniel Auteuil ou encore Le roman de Jim des frères Larrieu, mais aussi le documentaire Il était une fois Michel Legrand de David Hertzog Dessites.

    Cette édition 2024 avait une saveur particulière pour moi puisque j'ai eu le plaisir de dédicacer mon roman La Symphonie des rêves qui a en partie le festival pour cadre. Merci à nouveau à La Maison de La Presse (devenue La Librairie Les Oiseaux) qui m'a reçue trois fois l'été dernier pour dédicacer ce roman.

    La onzième édition du Festival de Cinéma et de Musique de Film de La Baule aura lieu du 25 au 29 juin 2025. Comme chaque année, la soirée de remise de prix sera suivie d'un concert. Cette année, Lambert Wilson sera l'invité d'honneur et donnera un concert hommage aux plus belles chansons de cinéma.

    Pour cette nouvelle édition les organisateurs ont opté pour une affiche qui symbolise le lien entre le cinéma et la musique de film et la transmission entre les générations, représentés par ses deux mains qui se rejoignent, entre ciel et mer : l’une qui offre et l’autre qui reçoit. Au centre, le trophée du festival, doré et éclatant comme le soleil de La Baule, station balnéaire baignée de lumière toute l’année, où l’art se vit les pieds dans le sable et la tête dans les étoiles.

    UN FESTIVAL INTERGÉNÉRATIONNEL

    Depuis sa création, le Festival de Cinéma et de Musique de Film de La Baule, qui est destiné au grand public comme aux professionnels, met l’accent sur le partage d’expériences. D’une part en accompagnant les étudiants en classe de musique à l’image avec des ateliers créatifs (la factory) et un prix spécial dédié (le prix de la révélation jeunes compositeurs), et d’autre part avec des rencontres dédiées aux scolaires sous forme d’initiation à la musique de film.

    Avec ces deux mains tendues l’une vers l’autre, c’est aussi cette notion de transmission qu’ont souhaité illustrer avec cette affiche l’artiste Sébastien Dupouey (à l’origine des premières affiches du festival) et Mathilde Huaulmé (studio La Femme assise).

     

    LAMBERT WILSON INVITÉ D’HONNEUR : UN CONCERT HOMMAGE AUX PLUS BELLES CHANSONS DU CINÉMA

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    © Igor Shabalin

    À l’occasion des 130 ans de la naissance du cinéma (retrouvez ici mon article sur le documentaire de Thierry Frémaux, Lumière, l'aventure continue !), le Festival de La Baule a souhaité célébrer cette date anniversaire en proposant un concert en clôture autour des plus belles chansons du cinéma français : Lambert Wilson Chante.

    Sur la scène du Palais des congrès et des festivals Jacques Chirac - Atlantia de La Baule, Lambert Wilson fera renaître les grandes heures du cinéma en chan-sons. Il convoquera les mélodies mythiques des films, les airs inoubliables des comédies musicales et rendra un hommage vibrant à Yves Montand, grande figure du 7e art et de la chanson.

    De Renoir à Montand, de Truffaut à Demy, de Prévert à Deneuve, l’interprète d’ On connaît la chanson célèbrera plus d’un siècle de titres qui ont marqué notre imaginaire collectif. Il tissera un pont entre musique, cinéma et mémoire et redonnera vie à ce répertoire riche en émotion.

    Avec élégance et intensité, Lambert Wilson nous invitera à revivre le cinéma en musique, à travers ce récital totalement inédit en guise de voyage dans l’histoire du cinéma.

    BRIGITTE BARDOT, UNE FEMME LIBRE

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    ©Jacques Heripret

    Brigitte Bardot, icône éternelle, sera mise à l’honneur cette année au Festival de La Baule avec cette exposition exceptionnelle, Brigitte Bardot, une femme libre, à l’occasion de son 90e anniversaire.

    Photographies rares, objets emblématiques, affiches mythiques et trésors intimes, issus de la collection personnelle de Bruno Ricard, raconteront la légende d’une femme libre, d’une star planétaire et d’un visage devenu symbole de la France, à la fois mannequin, actrice, chanteuse, militante des droits des animaux et écrivaine.

    Des plateaux de cinéma aux plages de Saint-Tropez, cette exposition retracera le parcours et la vie hors du commun d’une star absolue dont la vie a été faite de passions.

    À La Baule, station balnéaire elle aussi empreinte de lumière et de charme, cette rétrospective aura comme un parfum d’évidence.

    Un hommage vibrant à une muse indomptable, à l’aube de l’été, comme un souffle de liberté.

     

     

    Infos & réservations sur : www.festival-labaule.com

    INFOS PRATIQUES

    Pass Festival (du 25 au 29/06) : tarif unique 50 €

    Concert « Lambert Wilson Chante » et cérémonie de remise des prix du festival (samedi 28/06 - Palais des congrès Atlantia) : à partir de 59 €

    Exposition « Brigitte Bardot, une femme libre » (du 21 juin au 6 juillet/Espace culturel Chapelle Sainte-Anne) : entrée libre

  • Compte-rendu et palmarès du 10ème FESTIVAL DU CINÉMA ET MUSIQUE DE FILM DE LA BAULE (26 au 30 juin 2024)

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    « On ne meurt pas d’une overdose de rêves. » (Claude Lelouch le 29.06.2024 au Festival du Cinéma et musique de Film de La Baule).

     « À mon sens, la musique renforce, aussi bien dans la joie que dans le drame, les sentiments. » (Jacques Demy)

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    Ces deux citations empruntées à deux cinéastes à l’honneur cette année au Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule (le premier avec l’attribution d’un prix pour l’ensemble de sa carrière et un mémorable concert hommage aux musiques de ses films, le second avec la projection d’un documentaire consacré à Michel Legrand et la projection des Parapluies de Cherbourg) pourraient résumer l’essence de ce festival qui est une invitation aux rêves, mais aussi un moment de célébration de ces musiques de films qui « renforcent les sentiments. »

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    Cette 10ème édition du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule, a charrié beaucoup d'émotions, aussi parce qu’il était particulièrement émouvant pour moi de dédicacer mon roman qui est une ode à la puissance émotionnelle de la musique (notamment de films), La Symphonie des rêves, dans le cadre du festival et dans les lieux qui servent de cadre à une partie de l’intrigue, comme la salle Atlantia, le Cinéma Le Gulf Stream, ou l'hôtel Barrière L'Hermitage.  Grâce à un heureux hasard, fiction et réalité étaient sans cesse imbriquées, avec à l’honneur cette année la musique de Michel Legrand qui est un fil directeur du roman d’autant plus que j’ai eu le plaisir de le dédicacer après la séance du film Il était une fois Michel Legrand (dont je vous parle plus bas, merci à David Hertzog Dessites de m’avoir laissé quelques minutes au début de son film pour présenter le roman et merci à l’enthousiaste et érudit Stéphane Lerouge pour ses quelques mots avant la projection). Mais aussi un des cinéastes dont les films et les musiques des films n'ont cessé de m’accompagner. Et voilà un hasard et une coïncidence qui ne devraient pas déplaire au cinéaste en question, Claude Lelouch. Je vous en dis aussi davantage sur ce roman et ma passion pour les musiques de films dans cette interview. Parmi les films évoqués dans le roman, figurent aussi des films qui furent projetés à La Baule comme La Tortue rouge de Michael Dudok de Wit (Ibis d'or du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule 2016).

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    En dédicace de La Symphonie des rêves au cinéma Le Gulf Stream de La Baule, ici avec le président du jury de l'édition 2024 du festival, le comédien Samuel Le Bihan.

    10 ans déjà ! 10 ans déjà que ce festival a été créé par Sam Bobino et Christophe Barratier. Vous pourrez retrouver ici mes articles sur les 9 précédentes éditions de ce festival pour lequel je vous partage mon enthousiasme depuis la première année.

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    Les projections et l’ensemble des événements proposés ont réalisé cette année plus de 28000 entrées (un record) pendant les 5 jours d’avant-premières (plus d’une trentaine en présence des équipes de films et une soixantaine de projections au total), master classes, rencontres et expositions autour de la musique de film et du cinéma francophone. Une initiation à la musique à l’image à également été organisée pour 900 enfants, des scolaires de 8 à 12 ans, animée par le compositeur Mathieu Lamboley. Une projection a aussi été organisée avec le Secours Populaire de Loire Atlantique afin de permettre à une centaine d’enfants de découvrir le festival (et pour la première fois l’océan pour certains) le temps d’une journée.

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    CONCERT HOMMAGE

    Chaque année, le festival met un compositeur à l'honneur. La 9ème édition avait ainsi portée par les battements trépidants de jazz de Kyle Eastwood. Il y eut aussi : Alexandre Desplat, Michel Legrand, Lalo Schifrin, Vladimir Cosma, Eric Serra, Gabriel Yared…

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    Pour fêter cet anniversaire comme il se doit, les organisateurs ne pouvaient trouver meilleure idée qu'un hommage à Claude Lelouch et aux plus belles musiques de ses films ! En 2014, Claude Lelouch et son compositeur fétiche Francis Lai avaient ainsi été les premiers invités d’honneur du Festival de La Baule. Claude Lelouch avait alors déclaré être « le parrain de cœur du Festival ». Je vous avais longuement parlé ici de cette première édition. Vous pourrez retrouver mon compte-rendu de cette première édition ici.

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     Le prix d’honneur 2024 a donc été attribué à Claude Lelouch pour l’ensemble de sa carrière. C’était donc la deuxième fois qu’il recevait ce prix à La Baule puisqu’il il l’avait déjà reçu en 2014 lors de la première édition du festival. Cette année, il a illuminé le festival de sa présence, entre une passionnante master class et un concert inoubliable.

    « La musique parle à notre irrationnel » a déclaré Claude Lelouch lors de sa  master class. Certainement, en effet, lors du concert des 10 ans du festival, en hommage aux musiques de Francis Lai, n'y avait-il rien de rationnel à se laisser ainsi emporter par l'émotion, alors que j'avais assisté à une autre variation de ce concert saisissant, plus majestueuse, en 2022, au Palais des Congrès, pour les 85 ans du cinéaste (mon récit de ce précèdent spectacle symphonique, ici) mais l'émotion n'en a que faire de la majesté, elle s'insinue dans les interstices du cœur quand la raison baisse la garde et que les souvenirs et les rêves l’envahissent, et que la musique l'aiguise. Et au son de La Symphonie du cirque (musique d'Itinéraire d’un enfant gâté), il m’a semblé voir valser tous mes souvenirs comme dans une scène à la Lelouch. Dix ans de ce festival. Des souvenirs de tristesse abyssale vécus dans une sorte de brouillard.  De rêves qui s'élancent, renaissent, emportent.  De rencontres.  Un festival est comme un tour de manège qui vous laisse un peu étourdis. Et étourdissant ce festival le fut joyeusement chaque année.

    Ce « Concert Hommage aux Musiques des films de Claude Lelouch », sur la scène du Palais des Congrès et des Festivals – Jacques Chirac Atlantia – de La Baule, par l’Orchestre National des Pays de la Loire (ONPL) sous la direction du chef d’orchestre Nicolas Guiraud, l’arrangeur des musiques des films de Claude Lelouch,  fut l’occasion de célébrer non seulement les 60 ans de carrière de Claude Lelouch et plus de 50 films à son actif, mais également de fêter les 10 ans du Festival de La Baule. Ce grand concert symphonique totalement inédit, autour des bandes originales lelouchiennes emblématiques signées Francis Lai et Michel Legrand a enchanté les festivaliers. Il comptait parmi ses solistes Randy Kerber, le grand pianiste, claviériste, compositeur et orchestrateur américain qui a travaillé sur plus de 800 films dont TitanicLincoln, Harry Potter et Forrest Gump (le piano au début et à la fin du film c’est lui) ou encore La La Land (c’est lui qui double au piano Ryan Gosling) et qui a été nommé aux Oscars avec Quincy Jones pour la musique du film La Couleur Pourpre.

    Ce concert a fait tournoyer les souvenirs, la joie, la nostalgie, Dabadabada, Montmartre 1540, la voix de Trintignant, le bonjour d’Anconina, et comme dans un film de Lelouch, le réalisateur à l’honneur, a commencé par dédier ce concert à tous ceux qui ne sont plus « Anouk, Jean-Louis, Jean-Paul… » et a terminé sur scène en filmant le public et les musiciens. Décidément, cette année, la frontière entre fiction et réalité n’a cessé d’être franchie.

    L’émotion était également au rendez-vous lors de la diffusion de l’extrait des cinq premières minutes du film Les plus belles années d’une vie, peu de temps après la disparition d’Anouk Aimée.

    Au fil des ans, ce festival s'est imposé comme un rendez-vous incontournable, d'abord en novembre puis en été, mettant en lumière la musique de films mais aussi des films qui souvent ont ensuite connu un succès auprès de la critique et/ou du public. Cette année n’a pas dérogé à la règle. Rien qu'en 2023, le festival avait ainsi projeté des films tels que les formidables Le Théorème de Marguerite d'Anna Novion, Toni, en famille de Nathan Ambrosioni, Comme par magie de Christophe Barratier, Les Algues vertes de Pierre Jolivet etc. Autant de films que je vous avais vivement recommandés. Retrouvez, ici, mon compte-rendu de l'édition 2023 du festival.

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    Vous trouverez ayssu sur ce blog de très nombreuses critiques de films de Claude Lelouch : L'amour, c'est mieux que la vieUn + Une, mais aussi le récit du spectacle symphonique pour ses 85 ans en 2022, ici, la critique du film Les plus belles années d'une vie et le récit de la conférence de presse à Cannes, ou encore la critique d'Itinéraire d'un enfant gâté qui avait d'ailleurs été projeté dans le cadre du Festival de La Baule 2016, en présence de Richard Anconina.

    MASTER CLASS DE CLAUDE LELOUCH

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    Passionnante (comme toujours !) fut  la master class de Lelouch lors de laquelle fut notamment évoqué le fameux « concerto pour la fin d’un amour », extrait de la BO de Un homme qui me plaît avec cette fin inoubliable (Girardot elle-même ne savait pas si Belmondo sortirait ou non de l’avion, un film que je vous recommande vivement si vous ne l’avez pas encore vu).

    Quelques citations extraites de la master class (avec aussi les interventions de Didier Barbelivien, Valérie Perrin et Francis Huster) :

    -« La musique, c'est le langage du divin. »
    -« Je ne suis pas un metteur en scène, je suis un metteur en vie. Je me donne beaucoup de mal pour faire croire aux histoires que je raconte. »
    - « Je travaille avec un très grand scénariste qui est la vie. »
    - « Francis Lai était mon opposé. Il avait peur de l'avion, de sortir, de la vie. Il était amoureux de mes cascades et moi de sa simplicité et de son humilité. On a fait 35 films ensemble et, à chaque fois, il était mort de trac. Francis Lai était un ange. Avec Francis on parlait au cœur des gens. Legrand parlait plus au rationnel. »
    - « La musique, c'est le premier médicament que je prends quand je ne vais pas bien. »
    - « J'écoute la musique de mon film le matin en allant sur le plateau. »
    -« La musique est un immense directeur d'acteurs. »
    - « Je ne remercierai jamais assez tous les gens qui m'ont dit non, cela m'a permis de rencontrer ceux qui m'ont dit oui. »

    - « Dans les années 1962, 1963, on me propose de faire des scopitones. Je sors de mon premier film, Le propre de l’homme, qui avait été un ratage complet et qui m’avait mis dans une difficulté financière. Encore une fois, le hasard a joué un très grand rôle dans ma vie. Il a toujours eu du talent. Pendant deux ou trois ans, j’ai fait une centaine de scopitones avec toutes les stars de l’époque. En faisant tous ces petits films, je me disais, en faisant mes prochains films je commencerai toujours par la musique. »

    - « Le rationnel nous dit qu’on est mortels, qu’il faut faire la fin du mois. Et puis il y a notre part d’irrationnel, qui est notre inconscient, notre inné, et qui parle le mieux à notre part d’irrationnel, c’est la musique. »

    « Pendant deux heures, Francis Lai m’a fait écouter des thèmes merveilleux. Mais on ne tenait pas encore le thème principal. Il me dit, il y a un thème tellement simple, je n’ose pas te le faire écouter. C’était le thème d’Un homme et une femme. »

    « C’est ce que j’ai essayé de faire toute ma vie. Quand les acteurs cessent de jouer et quand ils redeviennent des êtres humains.  Moi j’ai eu envie de filmer la vie. Je ne suis pas un metteur en scène, je suis un metteur en vie. »

    Barbelivien, à propos de Francis Lai :
    « Je n'ai jamais connu quelqu'un d'aussi humble et modeste. Son problème, ce n'était pas de faire de la musique mais des émotions. »

    COMPETITION 

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    Le jury de cette 10ème édition était présidé par l'acteur, réalisateur, scénariste, producteur Franck Dubosc. Il était accompagné de : Leslie Medina (actrice, réalisatrice), Ludovic Bource (compositeur), Samuel Le Bihan (acteur), Audrey Dana (actrice, réalisatrice, écrivaine).

    Le festival a décerné ses prix lors d’une cérémonie qui s’est déroulée samedi 29 juin dans la grande salle du Palais des congrès et des festivals Jacques-Chirac – Atlantia, comble. Cinq longs métrages, cinq documentaires musicaux (avec pour la première fois la création d’un prix du meilleur documentaire musical) et six courts métrages étaient en compétition. 

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    Cinq longs-métrages figuraient en compétition parmi lesquels Le Fil de Daniel Auteuil (prix du public – groupe Barrière, musique : Gaspar Claus) et Le roman de Jim d'Arnaud Larrieu et Jean-Marie Larrieu (prix du meilleur film, musique de Bertrand Belin et Shane Copin), deux films remarquables primés dont vous pouvez retrouver mes critiques ci-dessous.

     CRITIQUE - LE FIL de Daniel Auteuil

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    Il y a des films comme cela, rares, qui capt(ur)ent votre attention dès la première seconde pour ne plus la lâcher, vous tenant en haleine jusqu’au dernier plan, lequel vous laisse sidérés, ne souhaitant dès lors qu’une chose : le revoir, pour en saisir la moindre nuance, pour décortiquer la moindre pièce du puzzle, pour déceler un indice qui nous aurait échappé. Le fil est de ceux-là. Les films de procès sont pourtant nombreux, et il devient de plus en plus difficile d’innover et de surprendre en la matière. Le film de Daniel Auteuil y parvient pourtant magistralement. Plus qu’un film de procès, Le Fil est la dissection de la quête de la vérité et de l’intime conviction. Il brosse le portrait de deux hommes que tout oppose en apparence, si ce n'est, peut-être, une quête de reconnaissance ou du moins de considération.

    Le titre se réfère au seul élément de preuve qui pourrait aboutir à la condamnation du suspect, un fil de sa veste retrouvé sous l’ongle de la victime, une veste qu’il avait dit ne pas avoir portée le soir du crime.

    Cela commence par des plans de tribunal auxquels succèdent ceux d’un paysage nimbé de lumière qui défile sur une musique entêtante, des notes pressées, impatientes même, qui coulent, ironisent peut-être. Puis, des enfants sur une balançoire. Le père qui les appelle à table. Le confort est spartiate, il ne semble pas faire très chaud dans la maison, mais le père s’occupe d’eux. On frappe à la porte. On lui annonce qu’il est placé en garde à vue pour homicide volontaire sur la personne de son épouse. Le père s’inquiète d’abord pour ses enfants : « Je ne peux pas laisser mes enfants comme ça. » On retrouve ensuite Maître Monier (Daniel Auteuil) avec son épouse, la rudesse qui émane de la scène précédente contraste avec la chaleur et la douceur qui les unissent. Complices, ils parlent d’un tableau venant de leur première année de mariage.

    Depuis qu’il a fait innocenter un meurtrier récidiviste, quinze ans auparavant, Maître Jean Monier ne prend plus de dossiers criminels. Ce soir-là, Maître Annie Debret (Sidse Babett Knudsen), son épouse, est appelée comme avocat commis d’office. Fatiguée, elle l’implore de la remplacer : « Tu vas faire la garde à vue et je récupère l'affaire demain ». Il accepte. Il rencontre alors Nicolas Milik (Grégory Gadebois), père de famille accusé du meurtre de sa femme qui lui raconte que cette dernière avait bu comme cela lui arrivait souvent, qu’ils se sont disputés, qu’elle a voulu le mettre dehors et a essayé de le frapper puis qu’elle est sortie. Touché par cet homme, il décide de le défendre. Convaincu de l’innocence de son client (« Pas de casier, ni un coupable crédible, ni un innocent évident, dit-il d’abord), il est prêt à tout pour lui faire gagner son procès aux assises, retrouvant ainsi le sens de sa vocation.

    La fille de Daniel Auteuil, Nelly Auteuil, qui produit le film avec Hugo Gélin (producteur mais aussi réalisateur des formidables Comme des frèresDemain tout commence, Mon Inconnue etc), a fait découvrir à l’acteur le blog que tenait un avocat aujourd’hui disparu, Jean-Yves Moyart, sous le pseudo de Maître Mô. C’est une des affaires qu’il relatait sur ce blog qui a inspiré le film.

    Le village, le bureau de l’avocat, le bar, les rues (vides souvent) … : le décor dépouillé permet de mettre en avant la force des mots et des silences, la puissance des visages et des gestes. Le spectateur se met alors à la place des jurés confrontés aux doutes face à la force de conviction de l’avocat.

     Nicolas Milik est apparemment un homme simple, qui ne boit pas, s’occupe de ses enfants qui l’aiment visiblement en retour. En apparence, il est une sorte de grand enfant désemparé, maladroit avec le langage et avec ses gestes, que personne ne semble avoir vraiment considéré, regardé ou écouté, à part son ami Roger (remarquable Gaëtan Roussel) qui le houspille pourtant sans vraiment le ménager. Le visage, le corps tout entier, les silences de Grégory Gadebois expriment tout cela avec maestria, ce mélange de rugosité et de tendresse bourrue. Il nous embarque alors dans sa vérité.

    Auteuil est lui aussi, une fois de plus, magistral, dans le rôle de cet avocat fragilisé, nerveux, que l’on sent pétri d’humanité, qui reprend vie et confiance en défendant son client (en pensant même le « sauver »), aveuglé en toute bonne foi, avec l’envie ardente de ceux qui veulent se bercer d’illusions pour tenter d’affronter la réalité et les noirceurs de l’âme humaine : « Je suis certain de son innocence. Rien dans son dossier n'indique le contraire. », « Il était un bon père. Il ne voulait que du bien à ses enfants. Rendez-vous ce père à ses enfants. »

    Autour d’eux, une pléiade d’acteurs aussi remarquables : Alice Belaïdi, convaincante dans le rôle de l’avocate générale persuadée de la culpabilité de l’accusé, Gaëtan Roussel dont on ne voit pas qu’il fait là ses débuts au cinéma tant il est crédible dans ce rôle de patron de bar acerbe et antipathique, et la formidable Sidse Babett Knudsen toujours à fleur d’émotions (dans L’Hermine de Christian Vincent, notamment, elle était irrésistiblement lumineuse).

    Avec ce sixième film en tant que réalisateur (La fille du puisatier,  et la « trilogie marseillaise de Pagnol », César, Marius, Fanny – au passage  beau cinéma populaire d’un romantisme sombre illuminé par la lumière du sud aussi incandescente que les deux acteurs principaux, par l’amour immodéré de Daniel Auteuil pour les mots de Pagnol, pour  ses personnages et ses acteurs, et Amoureux de ma femme), Daniel Auteuil prouve qu’il n’est pas seulement un de nos plus grands acteurs si ce n’est le plus grand – je crois que je vous ai assez dit à quel point le personnage de Stéphane qu’il incarne dans Un cœur en hiver, chef-d'œuvre de Claude Sautet est un des plus riches, fascinants, complexes de l’histoire du cinéma- et pour moi un grand auteur, poète et chanteur, ( si vous en doutez, écoutez ces chansons sublimes que sont Si vous m’aviez connu …-paroles de Daniel Auteuil et musique d’un certain… Gaëtan Roussel-, et toutes les autres de l’album éponyme)  mais aussi un cinéaste digne de ce nom.

    La photographie de Jean-François Hensgens éclaire et sonde au plus près les fragilités et les doutes de chacun, et nous plonge dans l'obscurité de ce tribunal (l'intrigue se déroule pourtant dans une région solaire, la Camargue, le contraste est d'autant plus frappant). La caméra scrute le moindre frémissement, le moindre vacillement.

    La musique est judicieusement à l’unisson des émotions de l’avocat, par exemple elle s’emballe en même temps qu’il retrouve l’énergie et l’envie quand il sort de la gendarmerie nationale et décide de défendre Milik, mais parfois des notes de piano lancinantes viennent instiller le doute. Le violoncelliste Gaspar Claus, pour ce film, a composé trois nouvelles compositions avec son violoncelle dont une variation autour de Bach avec également une pièce de piano de Johann Sebastian Bach Prélude en Do mineur qui rappelle un autre film récent de procès.  

    Je crois que la scène finale restera à jamais gravée dans ma mémoire, cette estocade après la corrida, le coup mortel (une allégorie qui parcourt le film), quand l’avocat revient voir son client en prison, que ce dernier le salue comme un bon copain, que son visage se reflète dans la vitre qui les sépare, symbole de cette terrible dualité que des mots effroyables vont transcrire, d’autant plus effroyables qu’ils sont prononcés avec une indécente innocence (et alors, on se souvient, abasourdis, que tout cela est inspiré d’une histoire vraie). Une fin aussi magistrale, sidérante, aiguisée, que glaçante et bouleversante qui révèle les méandres insoupçonnés et terrifiants de l’âme humaine et qui nous laisse comme celle de Garde à vue de Claude Miller : assommés. Un film captivant porté par une réalisation maligne et des comédiens au sommet de leur art.

    CRITIQUE - LE ROMAN DE JIM de Arnaud et Jean-Marie Larrieu

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    Le roman de Jim est l’adaptation du livre éponyme Pierric Bailly sorti en mars 2021. Par le truchement de sa maison d’éditions, P.O.L, l’auteur a fait parvenir son roman aux frères Larrieu dont il admire le cinéma.

    Aymeric (Karim Leklou) retrouve Florence (Laetitia Dosch), une ancienne collègue de travail, au hasard d’une soirée à Saint-Claude dans le Haut-Jura. Elle est enceinte de six mois et célibataire. Aymeric sort de prison. Quand Jim nait, Aymeric est là. Ils passent de belles années ensemble, jusqu'au jour où Christophe (Bertrand Belin), le père naturel de Jim (Eol Personne à 7 et 10 ans puis Andranic Manet à 23 ans), débarque... Ça pourrait être le début d’un mélo, c’est aussi le début d’une odyssée de la paternité.

    Dès le début se dégage du personnage du personnage d’Aymeric incarné par Karim Leklou beaucoup d’humanité et de gentillesse (« T’es gentil », lui dit ainsi Florence. « On me dit souvent que je suis gentil », répond-il), mais aussi d’empathie, celle, aussi, avec laquelle les Larrieu regardent chacun des personnages de ce film qui, tous, exhalent une vraie présence. Aymeric sort de prison pour un larcin dans lequel il s’est laissé embarquer, il a payé pour les autres, sans les dénoncer. Pour tout, d’ailleurs, Aymeric semble se laisser embarquer. Il regarde le monde à travers son appareil photo, toujours avec une profonde gentillesse, avançant avec discrétion.

    Joie et tristesse, douceur et cruauté des sentiments, tout cela se mêle habilement, sans esbroufe.  Karim Leklou interprète son personnage, si touchant, doux et vélléitaire, avec une infinie délicatesse et une grande générosité. Ce mélo décrit les nouvelles formes de paternité avec beaucoup de subtilité et de pudeur. Elles s’incarnent dans le personnage d’Aymeric, avec sa tendresse tranquille et communicative qui nous bouleverse subrepticement. Le roman de Jim, c’est aussi son histoire à lui, Aymeric, celle de sa renaissance.

    Laetitia Dosh ne démérite pas face à lui, libre, déjantée, un peu perdue, aimant mal. Sara Giraudeau, elle aussi est une femme libre et un peu perdue, professeure qui passe ses week-ends à danser et qui ne veut pas d’enfant, personnage salutairement iconoclaste et bienveillant qui saura regarder Aymeric et lui apporter sa vision solaire et généreuse de la vie.

    L’auteur compositeur et interprète Bertrand Belin joue le rôle de Christophe (il avait déjà joué dans le dernier long-métrage des Larrieu, Tralala, en 2021), auquel il apporte une présence évanescente et mélancolique qui sied parfaitement à ce personnage de père biologique. Il signe également la musique en collaboration avec Shane Copin.

    Les émotions contenues sont traduites par les délicates notes de piano auxquelles s’ajoutent de nombreux instruments pour signifier la joie et la respiration qu’inspirent les paysages du Jura. Shane Copin signe la musique électronique de Jim, aux Nuits Sonores, le festival de musique électro de Lyon, à la fin du film. La ballade de Jim d’Alain Souchon vient à point nommé là aussi pour instiller une note supplémentaire d’émotion et de tendresse. 

    Moins débridé que leurs autres films, parsemé d’une émotion contenue, avec Le roman de Jim, les Larrieu se sont surtout centrés sur leurs personnages, attachants, cabossés, incarnés par de remarquables comédiens.

    On ressort du Roman de Jim avec un sentiment de joie et de sérénité, gaiement bouleversés. On se souvient alors de la phrase de Florence au début du film : « C’est assez rare l’amour en fait ». Le roman de Jim est avant tout cela, un roman d’amour(s). Rare.

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    Cette année, le festival a également eu la bonne idée de proposer 4 documentaires musicaux en compétition. C’est le formidable Il était une fois Michel Legrand de David Hertzog Dessites qui a été primé du prix du meilleur documentaire musical. Vous pouvez retrouver ma critique ci-dessous.

    CRITIQUE - IL ETAIT UNE FOIS MICHEL LEGRAND de David Hertzog Dessites

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    Lola de Jacques Demy. Cléo de 5 à 7 d’Agnès Varda. Eva de Joseph Losey. Les Parapluies de Cherbourg de Jacques Demy. Bande à part de Jean-Luc Godard. La vie de château de Jean-Paul Rappeneau. Les Demoiselles de Rochefort de Jacques Demy. L’Affaire Thomas Crown de Norman Jewison. La Piscine de Jacques Deray. Peau d’Âne de Jacques Demy. Un été 42 de Robert Mulligan. Le Sauvage de Jean-Paul Rappeneau. Les Uns et les Autres de Claude Lelouch. Yentl de Barbra Streisand. Prêt-à-porter de Robert Altman.

    Sans doute associez-vous sans peine tous ces films, chefs-d’œuvre pour la plupart, au compositeur de leurs bandes originales, Michel Legrand. Mais sans doute ignorez-vous comment il a débuté sa carrière, les multiples rôles qu’il a endossés mais aussi qu’il a composé plus de 200 musiques de films, ou encore la dualité de l’homme derrière le compositeur doté d’un immense talent. Ce documentaire, passionnant, et même palpitant, explore tout cela.

    Michel Legrand entre ainsi au Conservatoire de Paris à l’âge de 10 ans et s’impose très vite comme un surdoué. 3 Oscars et 75 ans plus tard, il se produit pour la première fois à la Philharmonie de Paris devant un public conquis. De la chanson au cinéma, ce véritable virtuose n’a jamais cessé de repousser les frontières de son art, collaborant avec des légendes comme Miles Davis, Jacques Demy, Charles Aznavour, Barbra Streisand ou encore Natalie Dessay. Son énergie infinie en fait l’un des compositeurs les plus acclamés du siècle, dont les mélodies flamboyantes continuent de nous enchanter.

    14.11.2015 / 18.05.2017 / 28.06.024 / 12.11.2024. Que signifie cette suite de dates vous demandez-vous sans doute. La première correspond au jour où Michel Legrand a reçu le Prix d’honneur du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule et, surtout, au jour de son inoubliable concert dans le cadre de ce même festival. C’était au lendemain des attentats du 13 novembre par lesquels Michel Legrand était évidemment bouleversé. Les spectateurs étaient donc doublement émus, par l’indicible tragédie de la veille survenue pendant un concert dans cette même salle et par l’émotion de Michel Legrand qui débuta son concert par quelques notes de La Marseillaise. Aujourd’hui encore, a fortiori en cette veille de 13 novembre, l’émotion m’étreint quand je repense à ce moment. Le 18 mai 2017, lors du festival, sur le toit du Palais des Festivals de Cannes, j’assistais, comme une enfant émerveillée, à un concert privé de Michel Legrand qui interpréta notamment la musique des Parapluies de Cherbourg sur différents tempos. Magique. Le 28 juin 2024, au Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule, Stéphane Lerouge  (spécialiste de la musique au cinéma qui a écrit avec Michel Legrand sa première autobiographie, Rien n'est grave dans les aigus) avait la gentillesse d’annoncer et présenter ma séance de dédicaces de La Symphonie des rêves (roman dans lequel Michel Legrand est un fil conducteur) dans la salle de cinéma, avant la projection du documentaire Il était une fois Michel Legrand de David Hertzog Dessites (que je remercie à nouveau pour ces quelques minutes volées à la présentation de son film). Ce jour de novembre sur lequel régnait une brume judicieusement onirique, j’ai donc (enfin) découvert ce remarquable documentaire qui nous conte Michel Legrand, une projection après laquelle j’apprends que le réalisateur a rencontré pour la première fois Michel Legrand lors de ce fameux concert cannois du 18 mai 2017.

    Cette suite de dates comme autant de souvenirs marquants et signes du destin pour vous faire comprendre à quel point ce documentaire était destiné à m’émouvoir. Mais il fallait aussi pour cela qu’il fût remarquable, et il l’est. C’est en allant voir L’Affaire Thomas Crown, en 1968, que se sont rencontrés les parents du réalisateur. En sortant du cinéma, ils ont acheté le 45 tours de la chanson du film, The Windmills of your Mind. Encore une histoire de destin et de dates. Ce film est passionnant parce que, en plus de montrer, à qui en douterait encore, à quel point la musique est un rouage essentiel d’un film, mais aussi un art à part entière, il évoque la complexité de l’âme de l’artiste, artiste exigeant à l’âme d’enfant, et c’est ce qui rend ce film unique et passionnant.

    Ce n’est en effet pas une hagiographie mais un documentaire sincère qui n’édulcore rien, mais montre l’artiste dans toute l’étendue de son talent, et de ses exigences, témoignages de son perfectionnisme mais sans doute plus encore masques de ses doutes. Il témoigne évidemment aussi magnifiquement de la richesse stupéfiante de l’œuvre de celui qui entre au Conservatoire de Paris à 10 ans et qui ensuite n’a cessé de jouer, jusqu’à son dernier souffle. Du souffle. C’est sans doute ce qui caractérise sa musique et ce documentaire. Un souffle constamment surprenant. Un souffle de liberté. Le souffle de la vie. Le souffle de l’âme d’enfant qui ne l’a jamais quitté. Ce film est aussi un hymne à la musique qui porte et emporte, celle pour laquelle Michel Legrand avait tant d’« appétit ».

     Il vous enchantera en vous permettant de réentendre ses musiques les plus connues, des films de Demy, de L’Affaire Thomas Crown, de Yentl, mais aussi de découvrir des aspects moins connus comme ses collaborations dans la chanson française, jusqu’à ce ciné Concert de la Philharmonie de Paris en décembre 2018. Son dernier. Un vrai moment de cinéma monté comme tel. Truffaut disait bien que la réalité a plus d’imagination que la fiction, cette séquence palpitante en est la parfaite illustration. Un moment où il est encore question de souffle, le nôtre, suspendu à ce moment qu’il a magistralement surmonté, bien qu’exsangue. Encore une histoire de souffle.  Son dernier. Presque. Il décèdera moins de deux mois après ce concert.

    En plus d’être le résultat d’un travail colossal (constitué d’images de films, d’archives nationales et privées, d’une multitude de passionnants témoignages et séquences tournées lors des deux dernières années de vie du maestro), c’est aussi le testament  poignant d’un artiste légendaire, aux talents multiples : pianiste, interprète, chanteur, producteur, arrangeur, chef d'orchestre, et compositeur de plus de 200 musiques de films (dont de multiples chefs-d’œuvre à l’image de toutes les musiques des films de Demy) jusqu’à celle du film inachevé d’Orson Welles, De L’Autre Côté Du Vent.

    De son passage au conservatoire de Paris sous l’occupation alors qu’il avait 11 ans, jusqu’à son dernier concert à la Philarmonie de Paris, le réalisateur nous conte avec passion Michel Legrand, un homme double et complexe comme sa musique. Il a fallu plusieurs années de travail et deux ans de tournage à David Hertzog Dessites pour financer ce projet mais aussi pour en trouver les producteurs et ausculter les milliers d’archives avant un montage de trois mois afin qu’il puisse être présenté au Festival de Cannes.

    « La musique est la langue des émotions » selon Kant. Celle qui va droit au cœur et à l’âme, ce documentaire en témoigne parfaitement. L’émotion vous emportera, vous aussi, à l'issue de ce documentaire enfiévré de musique, je vous le garantis. Vous l’aurez compris, je vous le recommande vivement, comme je l’avais fait pour Ennio de Giuseppe Tornatore, autre film de référence sur un compositeur de légende. 

     

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    Comme chaque année, la compétition des courts métrages constituait aussi un des temps forts du festival. C'est Allez ma fille de Chloé Jouannet qui a remporté ce prix.

    Le festival fut également l'occasion de découvrir 5 longs-métrages hors compétition parmi lesquels Prodigieuses de Frédéric Potier et Valentin Potier, en ouverture, mais aussi D'un film à l'autre, le documentaire de et sur la carrière de Claude Lelouch.

    Prodigieuses, c’est l’histoire de Claire et Jeanne, jumelles pianistes virtuoses, admises dans une prestigieuse université de musique dirigée par l’intraitable professeur Klaus Lenhardt. Elles portent ainsi l’ambition de leur père qui a tout sacrifié pour faire d'elles les meilleures. Mais, une maladie orpheline, fragilise peu à peu leurs mains, et compromet brusquement leur ascension. Refusant de renoncer à leur rêve, elles vont devoir se battre et se réinventer pour devenir, plus que jamais, prodigieuses. D’après une histoire vraie. Ce premier film de Frédéric et Valentin Potier dont la musique originale a été composée par Dan Levy met en scène Camille Razat et Mélanie Robert, deux comédiennes incandescentes et formidables en jumelles pianistes. Une poignante histoire féministe de résilience et de sororité qui a bouleversé les festivaliers.

    CRITIQUE - D'un film à l'autre de Claude Lelouch

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    Lelouch. Prononcez ce nom et vous verrez immédiatement l’assistance se diviser en deux. D'un côté, les adorateurs qui aiment : ses fragments de vérité, ses histoires d’amour éblouissantes, sa vision romanesque de l’existence, sa sincérité, son amour inconditionnel du cinéma, ses aphorismes récurrents, une musique et des sentiments grandiloquents, la beauté parfois cruelle des hasards et coïncidences. De l'autre, les détracteurs qui lui reprochent son sentimentalisme et tout ce que les premiers apprécient, et sans doute de vouloir raconter une histoire avant tout, que la forme soit au service du fond et non l’inverse. Je fais partie de la première catégorie et tant pis si pour cela je dois subir la condescendance des seconds. Le cinéma est pour moi avant tout affaire de passion, de sincérité, d’audace et quoiqu’en disent ses détracteurs, le cinéma de Claude Lelouch se caractérise par ces trois éléments comme le démontre magnifiquement de documentaire « D’un film à l’autre » réalisé à l’occasion des 50 ans des films 13.  Un documentaire qui résume un demi-siècle de cinéma du Propre de l’homme à Ces amours-là.

    Ayant pourtant lu l’autobiographie de Claude Lelouch (Itinéraire d’un enfant très gâté, Robert Laffont) que je vous recommande et ayant vu un grand nombre de ses films, j’ai néanmoins appris pas mal d’anecdotes et en ai réentendu d’autres comme l’histoire de la rencontre de ses parents auquel fera formidablement écho la remise de son Oscar des années plus tard (je vous laisse la découvrir si vous ne connaissez pas l’anecdote). Magnifique hasard à l’image de ceux qu’il met en scène.

    Un parcours fait de réussites flamboyantes et d’échecs retentissants. « C’est plus difficile aujourd’hui de sortir d’un échec, aujourd’hui la terre entière est au courant. A l’époque, cela restait confidentiel. Derrière un échec on peut rebondir autant qu’on veut si on ne demande rien aux autres. Etant donné que j’ai toujours été un spécialiste du système D, j’ai toujours trouvé le moyen de tourner des films » a-t-il précisé lors du débat qui avait suivi la projection lors de laquelle j'avais vu ce documentaire.

     La plus flamboyante de ses réussites fut bien sûr Un homme et une femme, palme d’or à Cannes en 1966, Oscar du meilleur film étranger et du meilleur scénario parmi 42 récompenses … à 29 ans seulement ! Film que Claude Lelouch a, comme souvent réalisé, après un échec. Ainsi le 13 septembre 1965, désespéré, il roule alors vers Deauville où il arrive la nuit, épuisé. Réveillé le matin par le soleil, il voit une femme depuis sa voiture,  elle  marche sur la plage avec un enfant et un chien. Sa « curiosité est alors plus grande que la tristesse ». Il commence à imaginer ce que peut faire cette femme sur cette plage, avec son enfant, à cette heure matinale. Cela donnera Un homme et une femme, la rencontre de deux solitudes blessées qui prouve que les plus belles histoires sont les plus simples et que la marque du talent est de les rendre singulières et extraordinaires.

    Une histoire que vous redécouvrirez parmi tant d’autres comme les derniers instants de Patrick Dewaere,  et une multitude d’autres hasards et coïncidences et d’histoires sur les uns et les autres que Lelouch nous raconte en voix off, avec passion et sincérité, comme un film, celui de son existence, une existence à 100 à l’heure, à foncer et ne rien regretter à l’image de son court-métrage C'était un rendez-vous qui ouvre le documentaire. L’histoire d’une vie et une histoire, voire une leçon, de cinéma. Claude Lelouch souligne notamment l’importance de la musique tellement importante dans ses films : « L’image, c’est le faire-valoir de la musique ». « Chaque nouvelle invention modifie l’écriture cinématographique. Mes gros plans c’est ma dictature, et les plans larges c’est ma démocratie, et pas de plan moyen. » a-t-il précisé lors du débat. « Le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui va très vite et on n’a plus le temps de lire le mode d’emploi alors que de mon temps on avait le temps de lire le  mode d’emploi mais il y a quelque chose qui n’a pas fait de progrès c’est l’amour.  La montée et la descente d’une histoire d’amour  m’ont toujours fasciné. »

    Claude Lelouch est né avec la Nouvelle Vague qui ne l’a jamais reconnu sans doute parce que lui-même n’avait « pas supporté que les auteurs de la Nouvelle Vague aient massacré Clouzot,  Morgan, Decoin, Gabin », tous ceux qui lui ont fait aimer le cinéma alors qu’il trouvait le cinéma de la Nouvelle Vague « ennuyeux ».

     Quel bonheur de revoir Jean-Paul Belmondo, Jacques Villeret, Yves Montand, Annie Girardot,  Jean Louis Trintignant, Anouk Aimée, Fabrice Luchini Evelyne Bouix, Catherine Deneuve, Lino Ventura, Fanny Ardant,  Francis Huster, Alessandra Martines, tantôt irrésistibles ou bouleversants, parfois les deux, magnifiés par la caméra de Claude Lelouch qui sait si bien, par sa manière si particulière de tourner et surtout de diriger les acteurs, capter ces fameux fragments de vérités. « Les parfums de vérité plaisent au public français. Donner la chair de poule, c’est l’aristocratie de ce métier. » Comment ne pas être ému en revoyant Annie Girardot dans Les Misérables ( film qui lui vaudra ce César de la meilleure actrice dans un second rôle, en 1996, et sa déclaration d’amour éperdue au cinéma ), Jean-Paul Belmondo et Richard Anconina dans Itinéraire d’une enfant gâté (d'ailleurs projeté à La Baule, il y a quelques années) ? Des extraits comme autant de courts-métrages qui nous laissent un goût d’inachevé et nous donnent envie de revoir les films de Lelouch.

    « Il n’y a pas de vraies rencontres sans miracles » d’après Claude Lelouch et chacun de ces miracles en a donné un autre, celui du cinéma.  «L’idée était de raconter l’histoire des films 13 et comment je suis allée d’un miracle à l’autre car un film est toujours un miracle. »

    Alors tant pis si une certaine critique continue de le mépriser (il y est habitué lui dont un critique clairvoyant disait à ses débuts  "Claude Lelouch... Souvenez-vous bien de ce nom. Vous n'en entendrez plus jamais parler.")  voire les professionnels de la profession ( car  comme il le dit lui-même :  « Un seul critique qui compte sur moi, c’est le temps qui passe ».

     Alors si comme moi, vous aimez le cinéma de Claude Lelouch et les fragments de vérité, si vous croyez aux  hasards et coïncidences, fussent-ils improbables, ne manquez pas ce documentaire qui est aussi la leçon d’une vie d’un homme  qui a su tirer les enseignements de ses succès et surtout de ses échecs et d’un cinéaste qui a sublimé l’existence et les acteurs, ce dont témoigne chaque seconde de ce documentaire passionnant, l'itinéraire d'un enfant gâté, passionné fou de cinéma.

     

    A également projeté le film de Michel Hazanavicius, La plus précieuse des marchandises, qui figurait en compétition du 77ème Festival de Cannes, par ailleurs lauréat du Prix de la Semaine du Cinéma Positif.

    CRITIQUE - LA PLUS PRECIEUSE DES MARCHANDISES de Michel Hazanavicius

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    Le film de Michel Hazanavicius, La Plus Précieuse Des Marchandises figurait parmi les films en compétition de ce Festival de Cannes 2024.

    L’an passé, avec son chef-d’œuvre La Zone d’intérêt, également présenté en compétition à Cannes mais aussi en avant-première dans le cadre du Festival du Cinéma Américain de Deauville 2023, Jonathan Glazer prouvait d’une nouvelle manière, singulière, puissante, audacieuse et digne, qu’il est possible d’évoquer l’horreur sans la représenter frontalement, par des plans fixes, en nous en montrant le contrechamp, reflet terrifiant de la banalité du mal, non moins insoutenable, dont il signait ainsi une démonstration implacable, réunissant dans chaque plan deux mondes qui coexistent, l'un étant une insulte permanente à l’autre.

    Avant lui, bien d’autres cinéastes avaient évoqué la Shoah : Claude Lanzmann (dont le documentaire, Shoah, reste l’incontournable témoignage sur le sujet, avec également le court-métrage d’Alain Resnais, Nuit et brouillard) qui écrivit ainsi : « L’Holocauste est d’abord unique en ceci qu’il édifie autour de lui, en un cercle de flammes, la limite à ne pas franchir parce qu’un certain absolu de l’horreur est intransmissible : prétendre pourtant le faire, c’est se rendre coupable de la transgression la plus grave. »

    Autre approche que celle de La Liste de Schindler de Spielberg ( qui va à l'encontre même de la vision de Lanzmann) dont le scénario sans concessions au pathos de Steven Zaillian, la photographie entre expressionnisme et néoréalisme de Janusz Kaminski (splendides plans de Schindler partiellement dans la pénombre qui reflètent les paradoxes du personnage), l’interprétation de Liam Neeson, passionnant personnage, paradoxal, ambigu et humain à souhait, et face à lui, la folie de celui de Ralph Fiennes, la virtuosité et la précision de la mise en scène (qui ne cherche néanmoins jamais à éblouir mais dont la sobriété et la simplicité suffisent à retranscrire l’horrible réalité), la musique poignante de John Williams par laquelle il est absolument impossible de ne pas être ravagé d'émotions à chaque écoute (musique solennelle et austère qui sied au sujet avec ce violon qui larmoie, voix de ceux à qui on l’a ôtée, par le talent du violoniste israélien Itzhak Perlman, qui devient alors, aussi, le messager de l’espoir), et le message d’espérance malgré toute l’horreur en font un film bouleversant et magistral. Et cette petite fille en rouge que nous n'oublierons jamais, perdue, tentant d’échapper au massacre (vainement) et qui fait prendre conscience à Schindler de l’individualité de ces Juifs qui n’étaient alors pour lui qu’une main d’œuvre bon marché.

    En 2015, avec Le Fils de Saul, László Nemes nous immergeait dans le quotidien d'un membre des Sonderkommandos, en octobre 1944, à Auschwitz-Birkenau.

    Avec le plus controversé La vie est belle, Benigni avait lui opté pour le conte philosophique, la fable pour démontrer toute la tragique et monstrueuse absurdité à travers les yeux de l’enfance, de l’innocence, ceux de Giosué. Benigni ne cède pour autant à aucune facilité, son scénario et ses dialogues sont ciselés pour que chaque scène « comique » soit le masque et le révélateur de la tragédie qui se « joue ». Bien entendu, Benigni ne rit pas, et à aucun moment, de la Shoah mais utilise le rire, la seule arme qui lui reste, pour relater l’incroyable et terrible réalité et rendre l’inacceptable acceptable aux yeux de son enfant. Benigni cite ainsi Primo Levi dans Si c’est un homme qui décrit l’appel du matin dans le camp. « Tous les détenus sont nus, immobiles, et Levi regarde autour de lui en se disant : «  Et si ce n’était qu’une blague, tout ça ne peut pas être vrai… ». C’est la question que se sont posés tous les survivants : comment cela a-t-il pu arriver ? ». Tout cela est tellement inconcevable, irréel, que la seule solution est de recourir à un rire libérateur qui en souligne l'absurdité. Le seul moyen de rester fidèle à la réalité, de toute façon intraduisible dans toute son indicible horreur, était donc, pour Benigni, de la styliser et non de recourir au réalisme. Quand il rentre au baraquement, épuisé, après une journée de travail, il dit à Giosué que c’était « à mourir de rire ». Giosué répète les horreurs qu’il entend à son père comme « ils vont faire de nous des boutons et du savon », des horreurs que seul un enfant pourrait croire mais qui ne peuvent que rendre un adulte incrédule devant tant d’imagination dans la barbarie (« Boutons, savons : tu gobes n’importe quoi ») et n’y trouver pour seule explication que la folie (« Ils sont fous »). Benigni recourt à plusieurs reprises intelligemment à l’ellipse comme lors du dénouement avec ce tir de mitraillette hors champ, brusque, violent, où la mort terrible d’un homme se résume à une besogne effectuée à la va-vite. Les paroles suivantes le « C’était vrai alors » lorsque Giosué voit apparaître le char résonne alors comme une ironie tragique. Et saisissante.

    C’est aussi le genre du conte qu’a choisi Michel Hazanavicius, pour son premier film d’animation, qui évoque également cette période de l’Histoire, une adaptation du livre La Plus Précieuse Des Marchandises de Jean-Claude Grumberg. Le producteur Patrick Sobelman lui avait ainsi proposé d’adapter le roman avant même sa publication.

     Le réalisateur a ainsi dessiné lui-même les images, particulièrement marquantes (chacune pourrait être un tableau tant les dessins sont magnifiques), il dit ainsi s’être nourri du travail de l’illustrateur Henri Rivière, l’une des figures majeures du japonisme en France. En résulte en effet un dessin particulièrement poétique, aux allures de gravures ou d’estampes.

    Ainsi est résumé ce conte :  Il était une fois, dans un grand bois, un pauvre bûcheron (voix de Grégory Gadebois) et une pauvre bûcheronne (voix de Dominique Blanc). Le froid, la faim, la misère, et partout autour d´eux la guerre, leur rendaient la vie bien difficile. Un jour, pauvre bûcheronne recueille un bébé. Un bébé jeté d’un des nombreux trains qui traversent sans cesse leur bois. Protégée quoi qu’il en coûte, ce bébé, cette petite marchandise va bouleverser la vie de cette femme, de son mari, et de tous ceux qui vont croiser son destin, jusqu’à l’homme qui l’a jeté du train.

     Avant même l’horreur que le film raconte, ce qui marque d’abord, ce sont les voix, celle si singulière et veloutée de Jean-Louis Trintignant d’abord (ce fut la dernière apparition vocale de l’acteur décédé en juin 2022) qui résonne comme une douce mélopée murmurée à nos oreilles pour nous conter cette histoire dont il est le narrateur. Dans le rôle du « pauvre bûcheron », Grégory Gadebois, une fois de plus, est d’une justesse de ton remarquable, si bien que même longtemps après la projection son « Même les sans cœurs ont un cœur » (ainsi appellent-ils d’abord les Juifs, les « sans cœurs » avant de tomber fou d’amour pour ce bébé et de réaliser la folie et la bêtise de ce qu’il pensait jusqu’alors et avant d’en devenir le plus fervent défenseur, au péril de sa vie) résonne là aussi encore comme une litanie envoûtante et bouleversante.

    Le but était ainsi que le film soit familial et n’effraie pas les enfants. Les images des camps sont donc inanimées, accompagnées de neige et de fumée, elles n’en sont pas moins parlantes, et malgré l’image figée elles s’insinuent en nous comme un cri d’effroi. Le but du réalisateur n’était néanmoins pas de se focaliser sur la mort et la guerre mais de rendre hommage aux Justes, de réaliser un film sur la vie, de montrer que la lumière pouvait vaincre l’obscurité. Un message qu’il fait plus que jamais du bien d’entendre.

     Le film est accompagné par les notes d’Alexandre Desplat qui alternent entre deux atmosphères du conte : funèbre et féérique (tout comme dans le dessin et l’histoire, la lumière perce ainsi l’obscurité). S’y ajoutent deux chansons : La Berceuse (Schlof Zhe, Bidele), chant traditionnel yiddish, et Chiribim Chiribom, air traditionnel, interprétées par The Barry Sisters.

    Michel Hazanavicius signe ainsi une histoire d’une grande humanité, universelle, réalisée avec délicatesse, pudeur et élégance sans pour autant masquer les horreurs de la Shoah. Les dessins d’une grande qualité, les sublimes voix qui narrent et jouent l’histoire, la richesse du texte, la musique qui l’accompagne en font un film absolument captivant, d’une grande douceur malgré l’âpreté du sujet et de certaines scènes. Un conte qui raconte une réalité historique. Une ode au courage, elle-même audacieuse. On n’en attendait pas moins de la part de celui qui avait osé réaliser des OSS désopilants, mais aussi The Artist, un film muet (ou quasiment puisqu’il y a quelques bruitages), en noir et blanc tourné à Hollywood, un film qui concentre magistralement la beauté simple et magique, poignante et foudroyante, du cinéma, comme la découverte de ce plaisir immense et intense que connaissent les amoureux du cinéma lorsqu’ils voient un film pour la première fois, et découvrent son pouvoir d’une magie ineffable. Chacun de ses films prouve l’immense étendue du talent de Michel Hazanavicius qui excelle et nous conquiert avec chaque genre cinématographique, aussi différents soient-ils avec, toujours, pour point commun, l’audace.

    Des années après Benigni, Hazanavicius a osé à son tour réaliser un conte sur la Shoah, qui est avant tout une ode à la vie, un magnifique hommage aux Justes, sobre et poignant, qui use intelligemment du hors champ pour nous raconter le meilleur et le pire des hommes, la générosité, le courage et la bonté sans limites (représentées aussi par cette Gueule cassée de la première guerre mondiale incarnée par la voix de Denis Podalydès)  et la haine, la bêtise et la cruauté sans bornes, et qui nous laisse après la projection, bouleversés, avec, en tête, les voix de Grégory Gadebois et Jean-Louis Trintignant, mais aussi cette lumière victorieuse, le courage des Justes auquel ce film rend magnifiquement hommage et cette phrase, à l’image du film, d’une force poignante et d’une beauté renversante  :  « Voilà la seule chose qui mérite d’exister : l’amour. Le reste est silence ».

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    A également été projeté en avant-première le film Seul de Pierre Isoard (avec le président du jury Samuel Le Bihan).

    Trois "coups de projecteur" ont également été projetés hors compétition.

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    La projection du poignant Le cœur qui bat de Vincent Delerm donna ainsi lieu à une master class de ce dernier qui a partagé avec le public sa passion de la musique de films, notamment de Delerue.

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    Entre fiction et documentaire, Le cœur qui bat est long-métrage intense et poétique. Un film tourné en 50 mm singulier et universel sur le sentiment amoureux qui suspend plusieurs fois le vol du temps, notamment le temps d’une chanson de Suzanne Lindon. Vincent Delerm opère seul et empoigne sa caméra pour s’en aller sonder des femmes et des hommes, anonymes, artistes, connaissances ou amis, au printemps ou à l’hiver de leurs vies, tous dissemblables mais tous à l’unisson lorsqu’il s’agit d’évoquer avec délicatesse, émotion ou humour leurs rapports aux vertiges de l’amour.

    Les amateurs de frissons et sueurs froides n’étaient pas en reste avec la séance de minuit consacrée à Nous les zombies de RKSS.

    Le festival, comme chaque année, a également proposé deux films classiques, Les Misérables de Claude Lelouch et Les Parapluies de Cherbourg de Jacques Demy. 

    Enfin, le jeune (et moins jeune) public a pu se régaler avec Petit Panda en Afrique.

    LE PALMARÈS COMPLET DE LA 10ème ÉDITION DU FESTIVAL DE LA BAULE

    Prix du meilleur film : Le Roman de Jim d’Arnaud et Jean-Marie Larrieu. Musique de Bertrand Belin et Shane Copin. (Production : SBS Productions. Distribution : Pyramide Distribution)

    Prix de la meilleure musique de film : Dan Levy pour la musique du film Pendant ce temps sur Terre réalisé par Jérémy Clapin (Production : One World Films. Distribution : Diaphana Distribution)

    Prix de la meilleure interprétation : Jean-Pascal Zadi et Raphaël Quenard pour leur rôle dans le film Pourquoi tu souris ? réalisé par Christine Paillard et Chad Chenouga (Production : TS Productions. Distribution : Ad Vitam)

    Prix du meilleur court métrage : Allez ma fille réalisé par Chloé Jouannet. (Production : Nolita)                                      

    Prix du public – groupe Barrière : Le Fil réalisé par Daniel Auteuil. Musique : Gaspar Claus (Production : Zazi Films. Distribution : Zinc)

    Prix du meilleur documentaire musical : Il était une fois Michel Legrand de David Hertzog Dessites (Production : Martine et Thierry de Clermont Tonnerre, David Hertzog Dessites. Distribution : Dulac Distribution)

    Prix de la meilleure musique de l’année : Gabriel Yared pour la musique du film L’Amour et les Forêts de Valérie Donzelli.

    Prix Révélation jeune talent compositeur : Sam Tranchet.

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    La 11ème édition du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule aura lieu du 25 au 29 juin 2025.

     Remerciements

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    Je remercie tout particulièrement l’équipe du Relais & Châteaux Barrière Le Castel Marie-Louise et son directeur Thomas Chalet pour leur accueil si chaleureux dans cette maison qui possède une (belle) âme, mais aussi les équipes de l’hôtel Barrière L'Hermitage pour  ces photos sur les lieux de l'intrigue de mon roman. Merci aussi à Lilia Millier. Je remercie également tout particulièrement la Maison de la Presse de La Baule et le Cinéma Le Gulf Stream pour leur soutien, pour la première séance de dédicaces dans le cadre du festival au Gulf Stream mais aussi pour la deuxième improvisée le lendemain à la Maison de la Presse de la Ville de La Baule-Escoublac. Et je remercie les lecteurs nombreux et curieux…

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     Merci également à Michel Oriot pour l'article dans Ouest-France. Et à Mathilde Huaulme pour la communication autour de la séance de dédicaces. Merci également à Sam Bobino pour avoir permis cette mise en abyme avec la séance de dédicaces.

  • Présentation du Ciné-Club Barrière et mon avis sur l'hôtel Castel Marie-Louise de La Baule

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    « Seule la musique est à hauteur de la mer. » Albert Camus

     Le 10ème Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule (que je vous présente, ici, et dont vous pourrez prochainement lire mon compte-rendu, - en attendant, vous pouvez toujours lire mon compte-rendu de la 9ème édition- ) et la séance de dédicaces de mon roman La Symphonie des rêves au cinéma Le Gulf Stream puis à la Maison de la Presse de La Baule (un roman dont l'intrigue se déroule en partie dans le cadre du festival précité mais aussi à l'hôtel Barrière l'Hermitage de La Baule) fut pour moi l’occasion de séjourner pour la deuxième année consécutive à l'hôtel Barrière, membre Relais & Châteaux, le Castel Marie-Louise, et donc de profiter de ces deux bonheurs inestimables si bien définis par Camus, la musique et la mer, le tout dans un cadre idyllique.

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    Photos ci-dessous, à l'hôtel Barrière l'Hermitage de La Baule.

    C'est aussi pour moi l'occasion de vous parler de cette formidable idée du Groupe Barrière, un Ciné-club dans les établissements Barrière de La Baule et Deauville, du 6 au 17 juillet. Avant de vous faire découvrir la romantique maison de famille qu'est le Castel Marie-Louise de La Baule, je vous présente le programme de ce nouveau ciné-club.

    PRESENTATION DU CINE-CLUB BARRIERE

    Nous savions déjà la place d'importance que le groupe accordait au cinéma, indissociable de festivals dont il est partenaire comme le Festival du Cinéma Américain de Deauville, qui célèbrera ses 50 ans en septembre prochain. Ce Ciné-Club, idée novatrice pour le groupe hôtelier, ravira les amoureux du cinéma mais aussi les rêveurs qu'il plongera dans une délicieuse mise en abyme... comme un écho à l' "atmosphère, atmosphère" de ces établissements qui sont déjà de véritables invitations à l'évasion. De délicieux ailleurs.

    Ce Ciné-Club a ainsi été créé par le Groupe Barrière en collaboration avec MK2. Une balade cinématographique au sein de ses établissements de Deauville et La Baule. Du 6 au 17 juillet, la maison Barrière dévoile ainsi une série de films en plein air, hommage à son amour pour le cinéma. Imaginé en collaboration avec MK2, le Ciné-Club Barrière propose 10 projections en plein air de films français cultes dans ses hôtels de Deauville et à l'hôtel Royal la Baule et une rencontre exceptionnelle avec l’un des talents du film accompagne l’expérience. Durant chaque séance, réalisateurs ou acteurs partageront leur passion pour le cinéma et permettront aux amoureux du 7ème art d’échanger avec ces figures du milieu. Claude Lelouch, Guillaume Canet ou encore Elie Semoun viendront à la rencontre des hôtes Barrière pour un moment inoubliable. Côté réjouissances au programme, l’offre culinaire rassemblera un florilège de gourmandises et confiseries, mais aussi un bar à champagne Perrier-Jouët. Sans oublier des goodies et l’incontournable machine à pop-corn pour ravir petits et grands.

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    Le 6 juillet, vous aurez ainsi le privilège de redécouvrir le chef-d’œuvre de Claude Lelouch, Un homme et une femme, dans le cadre somptueux du Normandy de Deauville. Quelle joie de pouvoir redécouvrir ce film en un lieu qu'il a immortalisé, et même rendu immortel et mondialement célèbre ! Comment ne pas succomber une fois de plus au charme incomparable du couple Anouk Aimée/ Jean-Louis Trintignant, au charme de leurs voix, notamment quand Jean-Louis Trintignant prononce "Montmartre 1540", au  charme et la maladresse des premiers instants cruciaux d'une histoire d'amour quand le moindre geste, la moindre parole peuvent tout briser. Comment ne pas succomber devant ces plans fixes, de Jean-Louis dans sa Ford Mustang (véritable personnage du film), notamment lorsqu'il prépare ce qu'il dira à Anne après avoir reçu son télégramme. Et puis ces plans qui encerclent les visages et en capturent la moindre émotion. Ce plan de cet homme avec son chien qui marche dans la brume et qui fait penser à Giacometti (pour Jean-Louis). Tant d'autres encore... Je vous en avais notamment longuement parlé lors de la mémorable projection cannoise du film de Claude Lelouch, Les plus belles années d'une vie, ici.

    Je vous laisse découvrir l’enthousiasmant programme de ce ciné-club  et je vous recommande notamment Je l’aimais de Zabou Breitman, en sa présence, à (re)découvrir au Royal de La Baule, le 13 juillet. Un film dont je vous propose ma critique en bas de cet article.

    La programmation du Ciné-Club Barrière :

    Deauville

    Samedi 6 juillet

    L’hôtel le Normandy

    Film “Un Homme et une femme” de Claude Lelouch

    En présence de Claude Lelouch

    Dimanche 7 juillet

    L’hôtel le Normandy

    Film “Jappeloup” de Christian Dugay

    En présence de

    Guillaume Canet

    Lundi 8 juillet

    L’hôtel du golf Deauville

    Film “Les petits princes” de Vianney Lebasque

    En présence de Vianney Lebasque et Paul Bartel

    Mardi 9 juillet

    L’hôtel du golf Deauville

    Film “La tête de maman” de Carine Tardieu

    En présence de Carine Tardieu

    Mercredi 10 juillet

    L’hôtel du golf Deauville

    Film “Incognito” de Eric Lavaine

    En présence de Eric Lavaine et Anne Marivin

    Jeudi 11 juillet

    L’hôtel du golf Deauville

    Film “Ducobu 3” de Elie Semoun

    En présence de Elie Semoun

    La Baule

    13 juillet

    L’hôtel Royal La Baule

    Film “je l’aimais” de Zabou Breitman

    En présence de Zabou Breitman

    Lundi 15 juillet

    L’hôtel Royal La Baule

    Film “Prête moi ta main” de Eric Lartigau En présence de Eric Lartigau

    Mardi 16 juillet

    L’hôtel Royal La Baule

    Film “Notre dame” de Valérie Donzelli

    En présence de Valérie Donzelli

    Mercredi 17 juillet

    L’hôtel Royal La Baule Film “LOL” de Lisa Azuelos

    En présence de Jérémy Kapone

    MON AVIS SUR L'HÔTEL CASTEL MARIE-LOUISE

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    Je vous avais également déjà vivement recommandé l’hôtel Royal Thalasso Barrière de La Baule qui demeure pour moi le meilleur hôtel de la Côte Atlantique (retrouvez mon article ici). Mais aussi bien sûr l'Hermitage, ici.

    Le Castel Marie-Louise, hôtel d’un charme rare et unique, est un manoir du 19ème siècle édifié pour l’amour d’une femme, un romantisme auquel il doit son histoire (que les équipes de l’hôtel nous rappellent avec passion) que dégage toujours ce lieu, intime, raffiné, élégant, chaleureux. Cette grande villa Belle Epoque prône et représente tout l’art de vivre à la française. L’hôtel a donc ouvert sous l’impulsion de François André, alors co-dirigeant de la Société des hôtels et casinos de Deauville, qui souhaitait développer le tourisme de plaisance autour de La Baule-Escoublac. Il racheta la villa la Garidelle qu’il renomma Castel Marie-Louise (le prénom de sa femme) et ouvrit l’établissement en 1927. Cette demeure fut un temps la maison de vacances de Lucien Barriere.

    Le grand atout du Castel Marie-Louise est indéniablement l’accueil, d’une affabilité rare, particulièrement prévenant, des réceptionnistes aux femmes de chambres, en passant par les équipes du restaurant, tous aux petits soins pour la clientèle, devançant vos moindres demandes. L'hôtel se définit comme une  maison de famille. Ce qu'il donne vraiment la sensation d'être. Dès l'arrivée, l'accueil est particulièrement prévenant, et l'impression de quiétude qui émane des somptueux jardins face à la splendide plage de La Baule vous enveloppe de sa sérénité... qui ne vous quittera pas jusqu'au départ.

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    Situé dans un splendide parc arboré, incitant à la quiétude, appartenant au Groupe Barrière mais aussi membre des Relais & Châteaux, le Castel Marie-Louise, véritable institution de La Baule trône en front de mer, au milieu des Pins, entre le Royal Thalasso et l’Hermitage, et juste face à la mirifique plage de La Baule

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    A deux pas se situent les restaurants du groupe Barrière, Le Ponton (photos ci-dessous, notamment des profiteroles…les meilleures qu’il m’ait été donné de déguster !), Le Fouquet’s  et l’Eden Beach, trois établissements que je vous recommande également sans réserves.

     

    Le Castel Marie-Louise, d’un charme et d’une élégance indéniables, est composé de 29 chambres et de 2 suites au luxe discret et raffiné, au cœur d’un parc fleuri, face à la resplendissante Baie de La Baule et à 15 minutes à pied du centre et juste à côté de la galerie marchande du casino. La mienne disposait d'une vue à couper le souffle sur la Baie de La Baule, de larges baies qui là aussi invitaient à la quiétude, et de tous ces petits plus qui font le luxe et l'âme d'un établissement : produits Fragonard dans la salle de bain etc. 

    Installé dans un manoir Belle Epoque, l’hôtel est incontestablement le lieu idéal pour un séjour romantique ou pour se détendre et se reposer (des transats installés dans le jardin vous y invitent et incitent fortement). C’est aussi le lieu de villégiature idéal pour profiter des multiples attraits de La Baule mais aussi des stations avoisinantes : Pornichet, Le Pouliguen, Le Croisic etc.

    Je vous recommande les chambres avec terrasses et balcons avec vue sur l’océan Atlantique, mais aussi les chambres Deluxe, chaleureuses et romantiques, des cocons princiers et réconfortants à l’abri des vicissitudes de l’existence.

    Vous y retrouverez la décoration du célèbre architecte et décorateur français Jacques Garcia, indissociable des hôtels Barrière (même si les rénovations récentes des autres établissements sont l’œuvre d’autres décorateurs) avec tissus fleuris et meubles de style, lit king size et balcon ouvert sur l’océan ou la pinède. Les 31 Chambres et Suites du Castel Marie-Louise invitent ainsi au romantisme dans ce ravissant manoir de La Baule.

    L’hôtel est aussi réputé pour son restaurant gastronomique qui mêle produits du terroir et originalité. Le 1er juillet 2022, Jérémy Coirier a ainsi succédé au Chef Éric Mignard qui a pris une retraite bien méritée après 37 années passées au Castel Marie-Louise. Le chef s’est formé dans des établissements renommés 1 et 2 étoiles Michelin (le domaine de Rochevilaine, le domaine de La Bretesche, Anne-de-Bretagne). Son parcours l’a aussi amené au sein de maisons prestigieuses telles qu’Anne de Bretagne à la Plaine-sur-Mer (2 étoiles Michelin) ou encore à la Butte à Plouider (1 étoile Michelin), avant de rejoindre le Chef Éric Mignard et les équipes du Castel Marie-Louise en 2016. Il propose une cuisine généreuse, de terroir, inventive, traditionnelle et moderne à la fois en travaillant main dans la main avec les fournisseurs de la presqu’île, pour dénicher des produits de qualité : les pigeons de Mesquer, les fruits de mer de nos côtes (langoustines, des coques, des homards bleus…), les poules Coucous de Rennes… Très engagé face aux enjeux de la préservation des ressources marines, Jérémy signe en 2020 la charte du restaurateur Ethic Océan. Le restaurant  du Castel Marie Louise est ouvert le mercredi, le jeudi, le vendredi et le samedi soir ainsi que le dimanche midi et soir.

    Si je n’ai pas encore testé le restaurant gastronomique du Castel Marie-Louise, j’ai en revanche eu le plaisir de déguster le pantagruélique petit déjeuner auquel il ne manque rien : fruits frais, jus de fruits, crêpes, gâteaux maisons, œufs brouillés, excellentes viennoiseries… Le tout face au parc et à l’océan. Un délicieux ailleurs… là aussi avec un service particulièrement attentif et souriant.

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    L’hôtel possède également trois salles de réunion parfaitement équipées et pouvant accueillir de 5 à 60 personnes.

    Sachez que vous pourrez aussi profiter de toutes les activités du resort : prêt de vélo, golf, programme Kids Barrière, équitation, casino (juste à côté), Spa Diane Barrière à l’Hermitage, tennis, Thalasso de l’hôtel Barrière Le Royal…

    Vous l’aurez compris, je vous recommande vivement cet établissement, encore une fois pour l’accueil réellement exceptionnel (un remerciement tout particulier aux équipes de la réception et à son directeur, Thomas Chalet, pour l’accueil personnalisé, professionnel et chaleureux, mais aussi à la responsable hébergement Anne-Françoise Dromard, ainsi qu'à tous leurs collaborateurs), les chambres cosy, romantiques et raffinées qui vous immergent dans un havre de paix et vous contaminent délicieusement de leur onde de bien-être, le splendide jardin arboré avec ses transats particulièrement confortables qui invitent au farniente, la vue à couper le souffle sur la baie de La Baule depuis les chambres vue mer, la proximité de la plage et du centre, et les nombreuses offres gastronomiques du resort et notamment Le Fouquet’s, que je vous recommande tout particulièrement, mais aussi les offres de loisirs des hôtels attenants comme les splendides piscines du Royal et de l'Hermitage. Si vous voulez profiter de la splendide station de La Baule et si vous avez besoin de vous évader, de respirer l’air revigorant de l’Atlantique et de larguer les amarres, ne cherchez plus : le cadre romantique du Castel Marie-Louise vous donnera entièrement satisfaction. Vous y serez royalement accueillis, et n'aurez qu'une envie : y revenir au plus vite !

    Et pour terminer comme j’ai commencé, par une citation d’Albert Camus :

    « Il lui fallait s’enfance dans la mer chaude, se perdre pour se retrouver, nager dans la lune et la tiédeur pour que se taise ce qui restait en lui du passé et que naisse le chant profond de son bonheur. » Albert Camus (Vue ci-dessous depuis l’hôtel Barrière L’Hermitage).

    Pour d’autres photos et vidéos inédites du Castel Marie-Louise et des autres établissements Barrière de La Baule, rendez-vous sur mes comptes Instagram @Sandra_Meziere et @leshotelsdeluxe.

     

    Critique de JE L'AIMAIS de Zabou Breitman

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    Synopsis : En une nuit, dans un chalet, Pierre (Daniel Auteuil) va partager avec sa belle-fille Chloé (Florence Loiret-Caille, que vous avez pu voir dans l’excellent film  J’attends quelqu’un   de Jérôme Bonnell) , ce grand secret qui le hante depuis vingt ans, celui qui le mit face à lui-même, à ses contradictions et à ses choix, à son rôle d’homme et à ses manques. Le secret de cet amour pour Mathilde (Marie-Josée Croze) pour lequel il n’a pas tout abandonné, choisissant une route plus sûre et plus connue. En une nuit nous saurons la vie d’un homme qui n’osa pas…

    L’histoire pourrait tenir en une ligne : un homme qui, en voyage d’affaires à Hong Kong,  tombe amoureux d’une femme qui devient sa maîtresse et, malgré tout l’amour qu’il porte à cette dernière, reste avec sa femme. Mais c’est là ce qui fait la force de cette adaptation : ni une ligne, ni plusieurs ne peuvent résumer tout ce que Zabou Breitman parvient à faire passer dans un plan, à tout ce que Daniel Auteuil et Marie-Josée Croze parviennent à faire passer dans un geste, un regard, procurant un caractère universel et intemporel à leur histoire, et aux choix auxquels ils sont confrontés.

    Plutôt que d’employer des envolées lyriques, des mouvements de caméra grandiloquents ou fantaisistes, Zabou Breitman a choisi la simplicité dans sa réalisation, qui convient  à ces personnages, finalement prisonniers des conventions, malgré cette parenthèse enchantée, mais dont le choix de la narration, la structure en flash-back, et même ce chalet isolé où ce secret est révélé, reflètent judicieusement le caractère secret de leur liaison. Sa caméra est toujours au plus près des regards, souvent troublés, vacillant parfois comme eux, au plus près des battements de cœur, à l’écoute du moindre frémissement, nous faisant trembler à l’unisson.  Grâce à de subtiles transitions parfois saupoudrées de cette fantaisie poétique qui la caractérise aussi, Zabou Breitman passe du passé au présent, accentuant notre curiosité et la résonance entre les deux histoires.

    On dit qu’il existe deux sortes de films : ceux qui vous racontent une histoire, ceux qui vous présentent des personnages. Et ici c’est dans le personnage de Daniel Auteuil, mais aussi, dans celui de Marie-Josée Croze que ce film trouve toute sa force et sa singularité. Malgré tous les rôles  marquants qu’il a incarnés, au bout de quelques minutes, nous oublions Daniel Auteuil pour ne plus voir que Pierre, cet homme, comme tant d’autres, qui survit plus qu’il ne vit, dévoué à son travail, cet homme, comme tant d’autres, dont la femme vit avec lui plus par habitude et par confort  que par amour, un amour dont on se demande s’il a un jour existé : les scènes avec son épouse Suzanne (excellente Christiane Millet) sont d’ailleurs particulièrement réussies, révélant toute l’horreur et la médiocrité de l’habitude.  Cet homme qui apparaît froid, conventionnel, enfermé dans ses conventions sociales même, dont le récit de cette passion fugace éclaire la personnalité, révèle progressivement son humanité. Cet homme qui devient vivant, beau, intéressant, sans être spirituel (ne sachant guère lui dire autre chose que « tu es belle »), dans le regard de Mathilde et dans celui que lui porte la caméra de Zabou Breitman, toujours subtilement placée, à la juste distance : comme dans cette scène où ils se retrouvent, pour la première fois, dans un bar d’hôtel, scène où passent toutes les émotions (le malaise, le bonheur, le trouble) d’un amour naissant sous nos yeux. Une scène magique et magistrale. Par la seule force de l’interprétation, l’éloquence des silences. Et de la réalisation qui les met sur un pied d’égalité, pareillement emportés, et nous place comme les témoins involontaires de leur rencontre, nous donnant l’impression d’être nous aussi dans ce bar, n’osant bouger et respirer de peur de briser cet instant fragile et envoûtant.

    Ce rôle d’un homme « lost in translation » (et qui n’est d’ailleurs pas, aussi, sans rappeler le film éponyme de Sofia Coppola) est à mi-chemin entre celui qu’il interprétait dans les deux films de Claude Sautet : Quelques jours avec moi et Un cœur en hiver, dont les deux titres pourraient d’ailleurs également s’appliquer au film de Zabou Breitman dont la sensibilité n’est pas totalement étrangère à cette de Claude Sautet.

    Quant à Marie-Josée Croze, elle illumine le film de sa rayonnante présence, incarnant magnifiquement  ce personnage insaisissable et indépendant, cet amour éphémère et fantasmé qui s’écroule lorsqu’il est rattrapé par la réalité.

    Fuir le bonheur de peur qu’il ne se sauve ? Fuir son simulacre de peur que la vie ne se sauve ? Fuir une réalité médiocre et confortable pour un rêve éveillé et incertain ? A-t-on le droit de se tromper ? Ne vaut-il mieux pas faire un choix, même mauvais, plutôt que d’éluder le choix ? Le renoncement, le sacrifice sont-ils des actes de courage ou de lâcheté ? Autant de questions que chacun peut se poser…et qui résonnent bien après le générique de fin.

    Un film empreint de nostalgie qui se termine sur une note d’espoir. Un film lumineux et mélancolique qui nous est narré comme un conte, moderne et intemporel. Un film qui a la force brûlante, douloureusement belle, des souvenirs inaltérables.  Un film qui nous plonge dans le souvenir, amer et poignant, des belles choses.

    Je l’aimais a reçu le prix 2009 de la Fondation Diane et Lucien Barrière. 

  • Programme du 10ème Festival de Cinéma et Musique de Film de La Baule (26-30.06.2024) : sélection officielle et jury

     

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    Ce lundi 27 mai ont été dévoilés la sélection officielle et le jury du 10ème Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule.

    Selon Kant, "la musique est la langue des émotions". Le Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule, qui n'est avare ni de l'une ni des autres, le prouve chaque année depuis 10 ans.

    10 ans déjà ! Le Festival du Cinéma et de Musique de Film de La Baule auquel j'assiste depuis la première édition et pour lequel je vous partage ici chaque année mon enthousiasme célèbrera en effet déjà ses 10 ans cette année.

    Le jury de cette 10ème édition sera présidé par l'acteur, réalisateur, scénariste, producteur Franck Dubosc. Il sera accompagné de : Leslie Medina (actrice, réalisatrice), Ludovic Bource (compositeur), Samuel Le Bihan (acteur), Audrey Dana (actrice, réalisatrice, écrivaine).

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    Pour fêter cet anniversaire comme il se doit, les organisateurs ne pouvaient trouver meilleure idée qu'un hommage au réalisateur français Claude Lelouch et aux plus belles musiques de ses films !

    En effet, en 2014, Claude Lelouch et son compositeur fétiche Francis Lai avaient été les premiers invités d’honneur du Festival de La Baule. Claude Lelouch avait alors déclaré être « le parrain de cœur du Festival ». Je vous avais longuement parlé ici de cette première édition. Vous pourrez retrouver mon compte-rendu de cette première édition ici.

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    Au fil des ans, ce festival s'est imposé comme un rendez-vous incontournable, d'abord en novembre puis en été, mettant en lumière la musique de films mais aussi des films qui souvent ont ensuite connu un succès auprès de la critique et/ou du public.  Rien que l'an passé, le festival avait ainsi projeté des films tels que les formidables Le Théorème de Marguerite d'Anna Novion, Toni, en famille de Nathan Ambrosioni, Comme par magie de Christophe Barratier, Les Algues vertes de Pierre Jolivet etc. Autant de films que je vous avais vivement recommandés. Retrouvez, ici, mon compte-rendu de l'édition 2023 du festival.

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    Chaque année, le festival met également un compositeur à l'honneur. La 9ème édition fut ainsi portée par les battements trépidants de jazz de Kyle Eastwood. 

    Vous trouverez sur ce blog de très nombreuses critiques de films de Claude Lelouch : L'amour, c'est mieux que la vie, Un + Une, mais aussi le récit du spectacle symphonique pour ses 85 ans en 2022, ici, la critique du film Les plus belles années d'une vie et le récit de la conférence de presse à Cannes, ou encore la critique d'Itinéraire d'un enfant gâté qui avait d'ailleurs été projeté dans le cadre du Festival de La Baule 2016, en présence de Richard Anconina.

    "Dix ans après la première édition du festival, alors que Francis Lai nous a quittés, Claude Lelouch reviendra à La Baule pour recevoir un second trophée d’honneur et pour participer à un grand concert en hommage aux plus belles musiques de ses films. Le samedi 29 juin, à 19 h, sera donné un grand « Concert Hommage aux Musiques des films de Claude Lelouch », sur la scène du Palais des Congrès et des Festivals – Jacques Chirac Atlantia – de La Baule, par l’Orchestre National des Pays de la Loire (ONPL). Ce concert exceptionnel sera dirigé par le chef d’orchestre Nicolas Guiraud, l’arrangeur des musiques des films de Claude Lelouch, en sa présence. L’occasion de célébrer non seulement les 60 ans de carrière de Claude Lelouch et plus de 50 films à son actif, mais également de fêter les 10 ans du Festival de La Baule."

    Claude Lelouch, c’est bien sûr plus de 60 ans de carrière et presque autant de films, en tant que réalisateur, mais aussi comme producteur, scénariste et cadreur, puisque la caméra à l’épaule en est devenue sa marque de fabrique. Claude Lelouch c’est une filmographie à rendre jaloux n’importe quel cinéaste, avec des films aussi emblématiques qu’Un Homme est une femme, – Palme d’Or à Cannes et Oscar du meilleur scénario original et du meilleur film étranger en 1967 –, Un homme qui me plaît, Les uns et les autres, Itinéraire d’un enfant gâté,
    Il y a des jours... et des lunes, La Belle Histoire, L’Aventure c’est l’Aventure, Tout ça... pour ça !, Les Misérables, Hommes, femmes : mode d’emploi, Hasards ou coïncidences, And Now... Ladies and Gentlemen, Roman de Gare, Ces amours-là, Salaud, on t’aime, Un + une, L’Amour c’est mieux que la vie, pour ne citer que quelques films de sa très longue et impressionnante filmographie. 60 ans durant lesquels Claude Lelouch n’a jamais cessé de filmer nos petites histoires, avec nos travers, notre sensibilité et nos défauts d’êtres humains, souvent sur fond de grande histoire. 60 ans de bonheur et autant de nominations et de prix reçus auxquels le Festival de La Baule voulait ajouter sa pierre à l’édifice et récompenser, une fois de plus, cette carrière si singulière et extraordinaire à la fois.

    Le concert événement « Hommage aux Musiques des Films de Claude Lelouch » aura lieu au Palais des Congrès et des Festivals –Jacques Chirac Atlantia – de La Baule, le samedi 29 juin 2024, à 19 h (précédé de la cérémonie de remise des prix du Festival). 

    Un grand concert symphonique totalement inédit, autour des bandes originales lelouchiennes emblématiques signées Francis Lai et Michel Legrand, sera donné sur la scène du Palais des congrès et des festivals Atlantia-Jacques Chirac de La Baule, par l’Orchestre National des Pays de la Loire (ONPL). Il sera dirigé par le chef Nicolas Guiraud, l’arrangeur des musiques des films de Claude Lelouch. Il comptera parmi ses solistes Randy Kerber le grand pianiste, claviériste, compositeur et orchestrateur américain qui a travaillé sur plus de 800 films dont Titanic, Lincoln, Harry Potter et Forrest Gump (le piano au début et à la fin du film c’est lui) ou encore La La Land (c’est lui qui double au piano Ryan Gosling) et qui a été nommé aux Oscars avec Quincy Jones pour la musique du film La Couleur Pourpre (il a également collaboré aux côtés des plus grands artistes de la variété américaine comme Michaël Jackson, Whitney Houston, Barbra Streisand, Céline Dion...)."

    Voici les 5 longs-métrages en compétition parmi lesquels je peux d'ores et déjà recommander Le Fil de Daniel Auteuil et Le roman de Jim d'Arnaud Larrieu et Jean-Marie Larrieu, deux films remarquables vus au dernier Festival de Cannes (section Cannes Première) dont vous pourrez retrouver mes critiques ici dans les jours prochains.

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    Cette année, le festival a également la bonne idée de proposer 4 documentaires musicaux en compétition. Le documentaire My way de Thierry Teston sera également projeté dans le cadre du festival.

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    Comme chaque année, la compétition des courts métrages constituera aussi un des temps forts du festival.

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    Le festival sera aussi l'occasion de découvrir 5 longs-métrages hors compétition parmi lesquels Prodigieuses de Frédéric Potier et Valentin Potier, en ouverture, mais aussi D'un film à l'autre, dont je vous parle en bas de cet article.

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    Sera également projeté le film de Michel Hazanavicius, La plus précieuse des marchandises, qui figurait en compétition du 77ème Festival de Cannes, par ailleurs lauréat du Prix de la Semaine du Cinéma Positif.

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    Sera également projeté le film Seul de Pierre Isoard (avec le président du jury Samuel Lebihan).

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    Trois "coups de projecteur" seront également projetés hors compétition.

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    Le festival proposera trois rencontres et master class : avec Vincent Delerm, Claude Lelouch et Franck Dubosc.

    Les amateurs de frissons et sueurs froides ne seront pas en reste avec la séance de minuit consacrée à Nous les zombies de RKSS.

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    Le festival, comme chaque année, proposera deux films classiques, Les Misérables de Claude Lelouch et Les Parapluies de Cherbourg de Jacques Demy. 

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    Enfin, le jeune (et moins jeune) public pourra se régaler avec Petit Panda en Afrique.

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    J'en profite enfin pour vous dire que, après le Salon Livres et Musiques de Deauville, et le Festival de Cannes, j'aurai le plaisir de dédicacer mon roman La Symphonie des rêves (qui a en partie le Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule pour cadre, une ode à la puissance émotionnelle de la musique, notamment la musique de films), après la séance du film Il était une fois Michel Legrand, le vendredi 28 juin à 18h, dans le hall du cinéma Le Gulf Stream. Et voilà un hasard et une coïncidence qui ne devraient pas déplaire à Claude Lelouch. Dans ce roman, comme fils directeurs figurent en effet les films de Jacques Demy et les musiques de Michel Legrand auxquels sont consacrés deux documentaires projetés dans le cadre de ce Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule 2024. Je vous en dis aussi davantage sur ce roman et ma passion pour les musiques de films dans cette interview.

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    Parmi les films évoqués dans le roman, figurent aussi des films qui furent projetés à La Baule comme La Tortue rouge de Michael Dudok de Wit.

    Pour en savoir plus sur le Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule, et pour réserver vos pass, rendez-vous sur le site officiel du festival.

    CRITIQUE - D'un film à l'autre

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    Lelouch. Prononcez ce nom et vous verrez immédiatement l’assistance se diviser en deux. D'un côté, les adorateurs qui aiment : ses fragments de vérité, ses histoires d’amour éblouissantes, sa vision romanesque de l’existence, sa sincérité, son amour inconditionnel du cinéma, ses aphorismes récurrents, une musique et des sentiments grandiloquents, la beauté parfois cruelle des hasards et coïncidences. De l'autre, les détracteurs qui lui reprochent son sentimentalisme et tout ce que les premiers apprécient, et sans doute de vouloir raconter une histoire avant tout, que la forme soit au service du fond et non l’inverse. Je fais partie de la première catégorie et tant pis si pour cela je dois subir la condescendance des seconds. Le cinéma est pour moi avant tout affaire de passion, de sincérité, d’audace et quoiqu’en disent ses détracteurs, le cinéma de Claude Lelouch se caractérise par ces trois éléments comme le démontre magnifiquement de documentaire « D’un film à l’autre » réalisé à l’occasion des 50 ans des films 13.  Un documentaire qui résume un demi-siècle de cinéma du Propre de l’homme à Ces amours-là.

    Ayant pourtant lu l’autobiographie de Claude Lelouch (Itinéraire d’un enfant très gâté, Robert Laffont) que je vous recommande et ayant vu un grand nombre de ses films, j’ai néanmoins appris pas mal d’anecdotes et en ai réentendu d’autres comme l’histoire de la rencontre de ses parents auquel fera formidablement écho la remise de son Oscar des années plus tard (je vous laisse la découvrir si vous ne connaissez pas l’anecdote). Magnifique hasard à l’image de ceux qu’il met en scène.

    Un parcours fait de réussites flamboyantes et d’échecs retentissants. « C’est plus difficile aujourd’hui de sortir d’un échec, aujourd’hui la terre entière est au courant. A l’époque, cela restait confidentiel. Derrière un échec on peut rebondir autant qu’on veut si on ne demande rien aux autres. Etant donné que j’ai toujours été un spécialiste du système D, j’ai toujours trouvé le moyen de tourner des films » a-t-il précisé lors du débat qui avait suivi la projection lors de laquelle j'avais vu ce documentaire.

     La plus flamboyante de ses réussites fut bien sûr Un homme et une femme, palme d’or à Cannes en 1966, Oscar du meilleur film étranger et du meilleur scénario parmi 42 récompenses … à 29 ans seulement ! Film que Claude Lelouch a, comme souvent réalisé, après un échec. Ainsi le 13 septembre 1965, désespéré, il roule alors vers Deauville où il arrive la nuit, épuisé. Réveillé le matin par le soleil, il voit une femme depuis sa voiture,  elle  marche sur la plage avec un enfant et un chien. Sa « curiosité est alors plus grande que la tristesse ». Il commence à imaginer ce que peut faire cette femme sur cette plage, avec son enfant, à cette heure matinale. Cela donnera Un homme et une femme, la rencontre de deux solitudes blessées qui prouve que les plus belles histoires sont les plus simples et que la marque du talent est de les rendre singulières et extraordinaires.

    Une histoire que vous redécouvrirez parmi tant d’autres comme les derniers instants de Patrick Dewaere,  et une multitude d’autres hasards et coïncidences et d’histoires sur les uns et les autres que Lelouch nous raconte en voix off, avec passion et sincérité, comme un film, celui de son existence, une existence à 100 à l’heure, à foncer et ne rien regretter à l’image de son court-métrage C'était un rendez-vous qui ouvre le documentaire. L’histoire d’une vie et une histoire, voire une leçon, de cinéma. Claude Lelouch souligne notamment l’importance de la musique tellement importante dans ses films : « L’image, c’est le faire-valoir de la musique ». « Chaque nouvelle invention modifie l’écriture cinématographique. Mes gros plans c’est ma dictature, et les plans larges c’est ma démocratie, et pas de plan moyen. » a-t-il précisé lors du débat. « Le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui va très vite et on n’a plus le temps de lire le mode d’emploi alors que de mon temps on avait le temps de lire le  mode d’emploi mais il y a quelque chose qui n’a pas fait de progrès c’est l’amour.  La montée et la descente d’une histoire d’amour  m’ont toujours fasciné. »

    Claude Lelouch est né avec la Nouvelle Vague qui ne l’a jamais reconnu sans doute parce que lui-même  n’avait « pas supporté que les auteurs de la Nouvelle Vague aient massacré Clouzot,  Morgan, Decoin, Gabin », tous ceux qui lui ont fait aimer le cinéma alors qu’il trouvait le cinéma de la Nouvelle Vague « ennuyeux ».

     Quel bonheur de revoir Jean-Paul Belmondo, Jacques Villeret, Yves Montand, Annie Girardot,  Jean Louis Trintignant, Anouk Aimée, Fabrice Luchini Evelyne Bouix, Catherine Deneuve, Lino Ventura, Fanny Ardant,  Francis Huster, Alessandra Martines, tantôt irrésistibles ou bouleversants, parfois les deux, magnifiés par la caméra de Claude Lelouch qui sait si bien, par sa manière si particulière de tourner et surtout de diriger les acteurs, capter ces fameux fragments de vérités. « Les parfums de vérité plaisent au public français. Donner la chair de poule, c’est l’aristocratie de ce métier. » Comment ne pas être ému en revoyant Annie Girardot dans Les Misérables ( film qui lui vaudra ce César de la meilleure actrice dans un second rôle, en 1996, et sa déclaration d’amour éperdue au cinéma ), Jean-Paul Belmondo et Richard Anconina dans Itinéraire d’une enfant gâté (d'ailleurs projeté à La Baule, il y a quelques années) ? Des extraits comme autant de courts-métrages qui nous laissent un goût d’inachevé et nous donnent envie de revoir les films de Lelouch.

    « Il n’y a pas de vraies rencontres sans miracles » d’après Claude Lelouch et chacun de ces miracles en a donné un autre, celui du cinéma.  «L’idée était de raconter l’histoire des films 13 et comment je suis allée d’un miracle à l’autre car un film est toujours un miracle. »

    Alors tant pis si une certaine critique continue de le mépriser (il y est habitué lui dont un critique clairvoyant disait à ses débuts  "Claude Lelouch... Souvenez-vous bien de ce nom. Vous n'en entendrez plus jamais parler.")  voire les professionnels de la profession ( car  comme il le dit lui-même :  « Un seul critique qui compte sur moi, c’est le temps qui passe ».

     Alors si comme moi, vous aimez le cinéma de Claude Lelouch et les fragments de vérité, si vous croyez aux  hasards et coïncidences, fussent-ils improbables, ne manquez pas ce documentaire qui est aussi la leçon d’une vie d’un homme  qui a su tirer les enseignements de ses succès et surtout de ses échecs et d’un cinéaste qui a sublimé l’existence et les acteurs, ce dont témoigne chaque seconde de ce documentaire passionnant, l'itinéraire d'un enfant gâté, passionné fou de cinéma.