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festival international du film de saint-jean-de-luz

  • Festivals de cinéma : les immanquables de la fin d'année 2023 en France

    Alors que la grève (légitime) des scénaristes et acteurs américains menace le bon déroulement de festivals comme Toronto ou Venise, voici un petit récapitulatif des festivals de cinéma français que je vous recommande pour la deuxième partie de l'année 2023.

    1. Le 16ème Festival du Film Francophone d'Angoulême (22 au 27 août 2023)

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    Je commence avec le festival qui, en 16 ans, s'est imposé comme un évènement phare de l'année cinématographique : le Festival du Film Francophone d'Angoulême dont la 16ème édition aura lieu du 22 au 27 août 2023. La 15ème édition fut celle de tous les records, avec 52 000 personnes aux projections, et une augmentation de 40% de fréquentation. Cette année, le festival rendra hommage au cinéma suisse. Le jury de cette édition sera présidé par Laetitia Casta. Comme chaque année, la sélection sera composée à la fois de films d’auteurs, notamment en compétition officielle, et d’œuvres plus orientées vers le grand public, comme 3 jours Max, Visions ou L’abbé Pierre, une vie de combat, qui s’annoncent comme des événements importants de la rentrée cinématographique.  Dix films seront en compétition lors de ce 16ème Festival du Film Francophone, qui propose aussi une quinzaine d’avant-premières. La Petite de Guillaume Nicloux fera l’ouverture, en présence du réalisateur et de son comédien Fabrice Luchini, le 22 août, et Flo de Géraldine Danon sera présenté en clôture.

    Au programme également : les "bijoux de famille Studio Canal"(l'occasion de revoir quelques chefs-d'œuvre comme Casque d'or de Jacques Becker), la section "les flamboyants" (avec Bonnard, Pierre et Marthe de Martin Provost et Le voyage en pyjama de Pascal Thomas), les "premiers rendez-vous" (avec Banel et Adama de Ramata-Toulage Sy et La tête froide de Stéphane Marchetti), les "nouveaux regards" (avec Nouveau monde de Vincent Cappello et Rêve de mouette d'Anne Brochet et Pierre-Alain Giraud), Les "coups de coeur" (avec Toni, en famille de Nathan Ambrosioni, et L'Osstidquoi ? L'Osstidcho ! de Louis-Philippe Eno), un focus sur l'excellent cinéma de Philippe Le Guay, les évènements (avec, notamment, les films des Talents Cannes Adami 2023 que je vous recommande), les courts-métrages, les classes de maîtres (la classe de maître, gratuite, de Fabrice Luchini).

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    Pour en savoir plus : le site officiel du Festival du Film Francophone d'Angoulême.

    2. Le 49ème Festival du Cinéma Américain de Deauville (du 1er au 10 septembre 2023)

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    Place ensuite au festival dont je n'ai manqué aucune édition depuis un nombre indécent d'années et que je couvre ici en tout cas depuis 2003. De cette 49ème édition, nous savons pour l'instant que : Kyle Eastwood participera à la cérémonie d'ouverture le 1er septembre, le documentaire Eastwood Symphonic : une affaire de famille sera projeté en sa présence le 5 septembre au musée des Franciscaines, le jury sera présidé par Guillaume Canet, le jury révélation sera présidé par Mélanie Thierry, un Deauville Talent Award sera remis à Nathalie Portman (qui viendra présenter May december de Todd Haynes), et un autre Deauville Talent Award sera décerné à Peter Dinklage (qui viendra présenter She came to me de Rebecca Miller).

    Pour en savoir plus :

    -le site internet officiel du Festival du Cinéma Américain de Deauville,

    -mon site In the mood for Deauville entièrement consacré à Deauville et ses festivals,

    -mes articles sur l'édition 2022 du Festival du Cinéma Américain de Deauville,

    -le magazine Normandie Prestige 2023 dans lequel vous pourrez lire mon bilan de l'édition 2022 du Festival du Cinéma Américain de Deauville.

    3. Le 34ème Dinard Festival du Film Britannique (du 27 septembre au 1er octobre 2023)

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    De cette édition 2023, nous ne savons encore pas grand-chose, si ce n'est qu'elle nous permettra comme chaque année de découvrir le meilleur du cinéma britannique. Un festival de cinéma auquel j'assiste régulièrement depuis ma participation à son jury 1999, présidé par Jane Birkin et pour lequel j'ai depuis un attachement particulier. Je couvrirai cette 34ème édition et ne manquerai pas de vous informer de sa programmation lorsqu'elle sera dévoilée.

    Pour en savoir plus :

    -le site officiel du Dinard Festival du Film Britannique

    -mon compte-rendu de l'édition 2022 du Dinard Festival du Film Britannique

    4. Le 10ème Festival International du Film de Saint-Jean-de-Luz (du 2 au 8 octobre 2023)

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    Un festival exceptionnel, que ce soit pour la qualité des films projetés, pour la passion avec laquelle son directeur artistique, Patrick Fabre, défend les films sélectionnés, pour la convivialité qui y règne. Depuis sa création, le Festival International du Film de Saint-Jean-de-Luz soutient un cinéma d'avenir en présentant notamment en compétition des premiers et deuxièmes longs ou courts métrages de fiction. Il favorise également les rencontres entre les professionnels ou avec le public et les scolaires grâce à des master class ou des ateliers. Cette année, le festival célébrera son 10ème anniversaire et le jury sera présidé par Agnès Jaoui, l'occasion de vous recommander à nouveau Le cours de la vie de Frédéric Sojcher dans lequel elle irradie.

    Pour en savoir plus :

    - le site officiel du Festival International du Film de Saint-Jean-de-Luz

    - mon compte-rendu du Festival International du Film de Saint-Jean-de-Luz 2016

    5.5ème Festival CinéRoman de Nice (du 3 au 7 octobre 2023)

     

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    C'est le dernier-né des festivals évoqués dans cet article, et non des moindres. En 4 éditions, ce festival a su imposer sa marque, en proposant à chaque fois une programmation de qualité. Selon François Truffaut, « Qu'on écrive un roman ou un scénario, on organise des rencontres, on vit avec des personnages ; c'est le même plaisir, le même travail, on intensifie la vie. » En tant que romancière, ayant en plus écrit des fictions sur le cinéma, ce Festival Cinéroman de Nice qui organise des ponts entre ces deux arts m’intéresse donc doublement. L'an passé, dans une nouvelle et judicieuse optique d'orientation vers le cinéma européen, le scénariste et réalisateur anglais David Hare faisait partie du jury présidé par Danièle Thompson, également composé de Sabine Azema, David Foenkinos, Ana Girardot, Pascale Arbillot et Pascal Elbé. Pour cette 4ème édition, le Festival Cinéroman de Nice proposait ainsi 11 films en avant-première, 9 films en compétitions et 10 films cultes mais aussi des lectures, hommages et rencontres. En 2022, le prix du meilleur film adapté avait été décerné à L’événement d’Audrey Diwan, les prix d’interprétation masculin et féminin à Sara Giraudeau, Daniel Auteuil et Gilles Lellouche pour le percutant Monsieur Haffman de Fred Cavayé, le prix d’honneur à Jean Becker, le prix Romain Gary à Yvan Attal. Enfin, le jury avait désigné à l’unanimité François Cluzet comme personnalité artistique ayant, par son travail et sa présence, participé fortement à l’image de la Côte d’Azur.

    Nous n'avons pas encore d'informations sur l'édition 2023. Je ne manquerai pas de les partager ici dès qu'elles seront dévoilées.

    Pour en savoir plus sur le festival :

    - le site officiel du Festival CinéRoman de Nice

    - mon article présentant le programme du Festival CinéRoman de Nice 2022

    6.17ème Festival du Film du Croisic - De la page à l'image (du 7 au 14 octobre 2023)

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    Ce festival d'adaptations littéraires sur grand écran figure aussi parmi les incontournables avec, là aussi, chaque année, une programmation particulièrement qualitative. L'affiche 2023 évoque une ambiance mystérieuse et nocturne inspirée de films légendaires tels que L'Ours ou Le Grand bleu, transportant le spectateur "dans un océan d'émotions, rappelant les bords du mer du Croisic." 

    L’an passé, comme lors de chaque édition, cinq récompenses avaient été décernées :  un Chabrol d’honneur à Isabelle Huppert pour sa carrière, le Chabrol d’or de la meilleure adaptation au film de Clovis Cornillac, Couleurs de l’incendie, le Chabrol du jury au film d’Olivier Peyon, Arrête avec tes mensonges, le Chabrol du jeune public au  film Une Histoire d’amour, réalisé par Alexis Michalik, et le Chabrol du public au film La Syndicaliste, réalisé par Jean-Paul Salomé de Jean-Paul Salomé, dont vous pouvez retrouver ma critique élogieuse, ici.

    Nous n'avons pas encore d'éléments sur la programmation de l'édition 2023 que je ne manquerai pas de partager ici.

    7. 25èmes Rencontres internationales du Cinéma des Antipodes de Saint-Tropez (du 11 au 15.10.2023)

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    Plus confidentiel que les festivals précités, celui-ci n’en est pas moins une valeur sûre et un évènement connu et reconnu qui permet de découvrir des raretés cinématographiques. Le festival célèbrera cette année son quart de siècle, un festival grâce auquel les festivaliers voyagent jusqu’au bout du monde depuis la Place des Lices et son cinéma La Renaissance. Parmi les œuvres qui seront projetées à Saint-Tropez lors de l’édition 2023 annoncée comme exceptionnelle : le  film noir du réalisateur Ivan Sen, Limbo, Rams de Jeremy Sims, la comédie de Michelle Savill, Millie Lies Low, Sweet As de Jub Clerc , Everything in between de Nadi Sha , The Lies We Tell Ourselves de Saara Lamberg. Une belle exposition de peinture Aborigène en provenance de la Red Dunes Gallery  sera également proposée aux festivaliers.

    - Pour en savoir plus : le site internet officiel des Rencontres internationales du cinéma des antipodes de Saint-Tropez

    8. Festival du Film Politique de La Baule 2023

    Il se murmure que ce festival dont la dernière édition a eu lieu en 2019 à Porto-Vecchio reprendrait bientôt à La Baule, à l'automne... En attendant d'en savoir plus, retrouvez mon compte-rendu de l'autre festival de cinéma de La Baule, le Festival du Cinéma et Musique de Film dont la 9ème édition a eu lieu du 28 juin au 2 juillet 2023, et retrouvez également le site officiel de l'ancien Festival du Film Politique.

    9. 6ème Festival CinéComédies de Lille (du 11 au 15 octobre 2023)

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    Aussi curieux que cela puisse paraître, il n'y avait pas, jusqu'à la création de ce festival, d'évènement cinématographique emblématique consacré à ce genre cinématographique incontournable qu'est la comédie. Après Pierre Richard, Gérard Oury, Bourvil, Jean-Paul Belmondo et le Splendid, le Festival CineComedies 2023 consacre sa nouvelle exposition à une autre personnalité populaire du cinéma français : Michel Serrault.  La 6ème édition du Festival CineComedies Lille, Hauts-de-France, qui se déroulera du 11 au 15 octobre, proposera également une rétrospective de ses comédies les plus emblématiques. L’ensemble de la programmation sera annoncé le mardi 12 septembre lors d’une conférence de presse à Lille.

    Pour en savoir plus : - le site officiel du Festival CinéComédies de Lille

    10. 1er Festival du Film Jeunesse de Plougasnou (19 et 20 juillet)

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    "Avec le décor magique de la baie de Morlaix comme horizon, un groupe d'habitants de la commune de Plougasnou, passionnés de cinéma, s'est engagé dans la création d’un ciné-club et d’un festival du cinéma de la Jeunesse. Il s'agit d’offrir au plus grand nombre, résidents permanents et occasionnels, un lieu de découverte, de partage et d’échanges autour d’un loisir universellement apprécié : le cinéma. Notre rêve est de faire découvrir des films sur la jeunesse aux jeunes spectateurs et à leurs parents, des films inédits, des films de grand spectacle en plein air, des films du monde entier, des films de fictions, des documentaires, des films d'animations, des films qu'ils n'ont pas pu voir en salle parce qu'ils n'étaient pas nés au moment de leur sortie." Au programme de la première édition de ce festival : E.T, Fanfare, L'enfant lion, Wadjda, Le chant de la mer.

    Pour en savoir plus : le site officiel du Festival du Film Jeunesse de Plougasnou

    11. 15ème Festival Lumière de Lyon (14 au 22 octobre)

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    Je vous avais parlé avec enthousiasme de ce festival, ici, dans mon compte-rendu de l'édition 2014, dont j'avais également fait le cadre d'une des nouvelles de mon recueil sur les festivals de cinéma, Les illusions parallèles. Ce festival est indéniablement le paradis des cinéphiles. Ce festival est unique, singulier, rare, festif (rares sont les festivals qui se souviennent ainsi de la racine du substantif qui les désigne), convivial (l’accueil, invariablement affable dans toutes les salles du festival), cinéphile, généreux, populaire (« un festival de cinéma pour tous » indique l’affiche du festival, ce qu’il est incontestablement),  passionnant. Et son nom, au-delà de la référence aux célèbres frères, lui va à merveille.  Cinq jours sur la planète cinéphile dont j'étais revenue enthousiaste et enchantée, ensorcelée par cette lumineuse atmosphère. Le programme était tellement riche et varié que les choix de séances furent cornéliens et de véritables tortures. 

    Cette 15ème édition du Festival Lumière aura lieu du samedi 14 au dimanche 22 octobre 2023. Le 15ème Prix Lumière sera décerné à Wim Wenders.

    Pour en savoir plus : le site officiel du Festival Lumière de Lyon 2023

    12. 24ème Arras Film Festival (du 3 au 12 novembre 2023)

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    La 24ème édition de L'ARRAS FILM FESTIVAL se déroulera du 3 au 12 Novembre 2023. En attendant l'ensemble de la programmation qui sera annoncée début octobre,l'équipe du Festival nous annonce d’ores et déjà deux rétrospectives:

    -  l’une intitulée « Sales bêtes » avec « 8 film essentiels d’un genre prolixe », ainsi présentée par le festival : « Depuis Hitchcock et son célèbre film Les Oiseaux, le cinéma n’a cessé de nous effrayer avec les animaux en se jouant de nos phobies et de nos peurs. Insectes, rongeurs, canidés, reptiles et autres créatures aquatiques, nombreuses sont les grosses ou petites bêtes qui, à l’écran, se transforment en terrifiantes machines à tuer, surtout lorsqu’elles surviennent en nombre, avec cette quasi-constante pour nombre de ces films : l’homme ne mérite que ce qui lui arrive à force de vouloir défier et détruire la nature. »

    -l’autre intitulée « drôle de tchèques » ainsi présentée par le festival : « Porteur d’une inventivité formelle et d’une liberté de ton des plus saisissantes, le cinéma tchèque n’en reste pas moins encore assez méconnu du grand public, y compris celui qui émergea de façon si extraordinaire dans les mois qui précédèrent le Printemps de Prague. L’Arras Film Festival s’est associé à la société d’édition Malavida pour vous proposer une sélection de quelques jolies pépites aussi vivifiantes que diversifiées, des films qui témoignent d’un art consommé de l’ironie et de la satire, du rire et du burlesque, mais aussi de la critique sociale et politique. »

    Pour en savoir plus : le site officiel de l’Arras Film Festival avec la programmation de l’édition 2023

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  • Programme du Festival International du Film de Saint-Jean-de-Luz 2022 : au rendez-vous de la passion du cinéma (d’avenir)

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    Le Festival International du Film de Saint-Jean-de-Luz vient de dévoiler sa programmation. Et quelle programmation ! Comme chaque année, l’hétéroclisme et la qualité seront sans aucun doute au rendez-vous grâce au regard aiguisé de son directeur artistique, Patrick Fabre (également réalisateur, notamment de passionnants documentaires sur le cinéma dont Cinéma au féminin Pluri(elles) dont je vous avais parlé, ici) qui sélectionne minutieusement chaque film, et a le talent de découvrir et mettre en lumière les pépites de l’année à venir, que ce soit dans la compétition des premiers et deuxièmes longs ou courts-métrages de fiction ou dans la sélection des films hors compétition. Le festival braque en effet ses projecteurs sur « un cinéma d’avenir » comme l’indique son affiche, un cinéma toujours défendu avec une passion ardente et communicative par le directeur artistique qui présente les films et anime les débats d’après séances, souvent riches en émotions.

    Alors que les spectateurs désertent tristement les salles de cinéma, les festivals, a fortiori celui de Saint-Jean-de-Luz, sont plus que jamais essentiels pour nous faire retrouver le goût incomparable des films vus en salles.

    Comment rivaliser avec la fébrilité impatiente d'une salle qui retient son souffle quand le générique s'élance ou à la fin juste avant qu'un film ne balbutie ses derniers secrets ? Et ce bruissement quand une salle entière vacille de la même émotion ! Et cet étourdissement quand on ressort de la salle, ignorant la foule et la réalité et le présent et le lendemain et même que tout cela n'est "que" du cinéma, transportés ailleurs, loin, avec l'envie parfois même de "chanter sous la pluie" et de croire en tous ces (im)possibles auxquels il donne vie et invite et incite ! Sans salle de cinéma, lanterne décidément magique qui suspend le vol de notre temps insatiablement impatient, le 7ème art, comme le personnage de Gabin dans Le jour se lève, a "un œil gai et un œil triste". Et moi aussi j'ai l'impression de ne voir qu'à demie émotion ou indistinctement ces images qui méritent d'étinceler. 

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    Le Cinéma Le Sélect (là aussi dirigé par des passionnés, la famille Garat) dans le cadre duquel se déroule le festival avait d’ailleurs reçu le prix mérité de 2ème meilleur cinéma de France.

     A peine j’ouvre les yeux, Jusqu’à la garde, Les Invisibles, J’enrage de son absence, Olli Maki, Le Géant égoïste, Une bouteille à la mer, Compte tes blessures, Respire, Les Invisibles, L’évènement, Sol, La nuit venue, Un jeune fille qui va bien…: voici autant de films remarquables (parmi tant d'autres !) qui ont été mis à l’honneur ou récompensés à Saint-Jean-de-Luz.

    C’est le comédien Darren Muselet qui a posé devant l’objectif de Manuel Moutier pour l’affiche de cette 9ème édition, illustrant le slogan du festival, tourné vers le futur. Découvert dans Jeunesse sauvage de Frédéric Carpentier présenté au Festival en 2019, il est revenu en 2021 pour présenter Une mère de Sylvie Audecoeur. Il sera bientôt à l’affiche de Novembre de Cédric Jimenez.

    Le jury 2022 sera présidé par l’actrice Géraldine Pailhas qui sera entourée de Charlène Favier, Stéphane Foenkinos, Jean-Paul Gaultiere et Valérie Karsenti.

    Une comédie romantique de Thibault Segouin sera projeté en ouverture le lundi 3 octobre tandis que Une histoire d'amour de Alexis Michalik sera projeté en clôture le samedi 8 octobre.

    Je ne peux que vous recommander vivement ce festival qui fait primer convivialité, émotion et interaction avec le public et qui est accessible à tous sur achat d'une simple place ou d'abonnements pour 10 films.

    Les films en compétition

    La compétition est réservée exclusivement aux premiers et deuxièmes films de longs ou courts métrages de fiction. 10 longs métrages de fiction internationaux et 8 courts métrages français de fiction d'une durée maximum de 20mn ont été sélectionnés. Le jury professionnel décernera cinq prix aux longs métrages : Prix de la musique originale, Prix d'interprétation féminine et masculine, Prix de la mise en scène et le Grand Prix. Il récompensera également le court métrage avec son Grand Prix. Le jury jeunes décernera son Prix à un court-métrage et à un long. Le public décernera lui aussi son Prix à un court-métrage et à un long. Enfin, les 8 courts-métrages sélectionnés seront également présentés lors de la 27ème édition de Cinémania, le Festival de Films Francophones de Montréal.

    HARKA de Lofty Nathan avec Adam Bessa (France, Luxembourg, Tunisie, Belgique)

    MAGNIFICAT de Virginie Sauveur (France) avec Karin Viard, François Berléand, Maxime Bergeron

    LA MAISON de Anissa Bonnefont avec Ana Girardot, Aure Atika et Rossy de Palma (France)

    BUTTERFLY VISION de Maksym Nakonechnyi (Ukraine, République Tchèque, Croatie, Suède)

    AILLEURS SI J’Y SUIS de François Pirot (Belgique, Luxembourg)

    LES ENGAGES de Emilie Frèche avec Benjamin Lavernhe (France)

    ALMA VIVA de Cristèle Alves Meira (Portugal, France)

    TU CHOISIRAS LA VIE de Stéphane Freiss avec Lou de Lâage (Italie, France)

    NOS SOLEILS de Carla Simón (Espagne)

    AMORE MIO de Guillaume Gouix avec Alysson Paradis (France)

    Les films hors compétition

    UNE COMEDIE ROMANTIQUE de Thibault Segouin avec Alex Lutz (France)

    FIFI de Paul Saintillan et Jeanne Aslan (France)

    L’ASTRONAUTE de Nicolas Giraud (France)

    TROIS NUITS PAR SEMAINE de Florent Gouëlou avec Cookie Kunty (France)

    LES PIRES de Lise Akoka avec Mallory Wanecque (France)

    MON HÉROÏNE de Noémie Lefort avec Pascale Arbillot (France)

    LA JAURIA de Andrès Ramirez Pulido (Colombie, France)

    REPRISE EN MAINS de Gilles Perret avec Gregory Montel (France)

    UNE HISTOIRE D’AMOUR de Alexis Michalik (France)

    LA PARLE de Gabriela Boeri, Fanny Boldini, Simon Boulier et Kévin Vanstaen (France, Brésil)

    Informations pratiques

    Le festival se tiendra du 3 au 9 octobre et est accessible à tous sur achat d'une place ou d'abonnements pour 10 films.

    Pour connaître la programmation complète et notamment les courts-métrages en lice mais aussi le programme des rencontres professionnelles, scolaires et masterclasses : https://www.fifsaintjeandeluz.com/ 

    Le Festival International du Film de Saint-Jean-de-Luz sur les réseaux sociaux : 

    Festival International du Film de Saint Jean de Luz | Facebook

    @fifsaintjeandeluz (instagram et twitter)

    En complément 

    -Mon compte-rendu de l’édition 2016 du Festival International du Film de Saint-Jean-de-Luz

    -Mon recueil de nouvelles Les illusions parallèles (Editions du 38 – 2016) qui comprend une nouvelle qui se déroule intégralement dans le cadre du Festival International du Film de Saint-Jean-de-Luz. Pour vous donner un aperçu de ce recueil, je vous invite à écouter l’une de celles-ci, enregistrée en podcast, qui a pour cadre le Festival du Cinéma et Musique de Film de Ma Baule.

  • Compte rendu du Festival International du Film de Saint-Jean-de-Luz 2016

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     Sur scène lors de la cérémonie de clôture avec Cédric Klapisch pour présenter le court-métrage lauréat.

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    Annonce de la dédicace lors de la cérémonie d'ouverture du festival.

    Toutes les photos de cet article dont celles figurant ci-dessus sont à retrouver sur mon compte Instagram @sandra_meziere.

    Un festival ressemble à s’y méprendre à un film : un concentré d’émotions exacerbées, de rencontres parfois insolites, sur les écrans et en dehors, un début, une fin, des rebondissements, le tout dans un court laps de temps. Les héros, comme dans « La rose pourpre du Caire » sortent et rentrent dans l’écran (dans votre réalité donc), si bien qu’il est parfois difficile de distinguer la réalité de la fiction. Si le Festival de Saint-Jean-de-Luz était un film, ce serait le mélange détonant entre le cinéma de Claude Sautet et celui de Federico Fellini, une célébration amicale du cinéma dans une atmosphère joyeusement surréaliste, bien sûr dans un décor de cinéma, celui de la belle ville de Saint-Jean-de-Luz, entre océan parfois tumultueux et montagne stoïque, à quelques pas de l’Espagne, si bien que vous entendez plus souvent la langue de Cervantès que celle de Molière, si bien que vous avez l’impression que, là-bas, dans ce doux ailleurs, l’actualité et ses innommables tragédies marquent une pause même si les films braquent parfois un projecteur sur celles-ci. Ce serait aussi un road movie qui cette année nous a emmenés au Cambodge,  au Chili, en Finlande, au Liban,  en Algérie, à Paris, en Bretagne ou encore dans une contrée imaginaire, cruelle et fascinante. Ce serait un film utopique où tout le monde est bienveillant, là pour l’amour du cinéma, un cinéma ouvert sur le monde et sur les autres. Ce serait un film dont on aimerait retarder le dénouement.

    Rares sont les festivals à proposer  une compétition de cette qualité (premiers et deuxièmes longs-métrages uniquement, mais aussi courts-métrages), à être un tel découvreur de talents, et cette année à nouveau ce furent de beaux films porteurs de messages forts, mettant en scènes des personnages en quête d’amour, d’émancipation, de bienveillance. Des cris de colère et d’amour. Une douleur sourde qui finit toujours par exploser en départ ou en renoncement. Des parcours initiatiques. Des adultes mais surtout des adolescents en proie à la violence de la vie. Des êtres qui prennent leur envol, qui empoignent leur destin. Des identités masquées qui ôtent leur masque. Et c’est bouleversant, souvent.

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    C’est le cas du film qui a reçu le prix du jury jeunes et le prix d’interprétation masculine (attribué par le jury présidé par le cinéaste Cédric Klapisch qui était entouré des personnalités suivantes: le réalisateur Louis-Julien Petit, l’actrice Alice Isaaz, le comédien et musicien Marco Prince, l’actrice et chanteuse Stéfi Celma,le producteur Maxime Delaunay et la comédienne Sophie Verbeeck.)  Il s’agit de « Compte tes blessures » de Morgan Simon.

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    Vincent (Kevin Azaïs) n’est pas arrivé au tiers de sa vie qu’il a déjà tatoué la moitié de son corps et endurci sa voix avec son groupe de post-hardcore. Depuis la mort de sa mère, il partage son existence entre Bastille et Porte de Clignancourt, entre un boulot de perceur qui ne l’enchante guère et un père poissonnier (Nathan Willcocks) qui tente de refaire sa vie avec une femme plus jeune (Monia Chokri). Et ça le rend malade.

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    Du premier au dernier plan (et quel dernier plan, sublime, poignant, d’une force bouleversante !), le spectateur retient son souffle et ne quitte pas Vincent que la caméra suit, enferme, ne lui et nous laissant pas de répit.  Tout semble pouvoir basculer d’un instant à l’autre dans la tragédie, la violence. Le film doit beaucoup à ses trois personnages principaux, riches de leurs contradictions, de leurs fêlures, de leurs blessures masquées. Lors du débat après le film (il faut en effet savoir que, à Saint-Jean-de-Luz, après chaque film, le directeur artistique du festival, Patrick Fabre échange avec les équipes de films et permet aux spectateurs de poser des questions), Morgan Simon a déclaré « Ce qui m’a intéressé : ce sont les liens complexes qui unissent les personnages ». Ce sont en effet ces liens, troubles et chargés de non dits, qui rendent ce film plus palpitant qu’un thriller.  Le personnage de Vincent (interprété par Kevin Azaïs, magistral) est riche de ses touchantes contradictions : il crie et exulte sur scène, il proclame ses blessures sur son corps et dans sa musique mais il est incapable d’affronter son père (Nathan Willcocks qui en impose) et de les lui livrer. C’est un enfant en quête désespéré d’amour qui joue aux adultes face à des adultes eux-mêmes en perte de repères. L’affrontement entre le père et le fils se réalisera de manière totalement  inattendue, lors d’une scène qui aurait pu être glauque ou totalement absurde. Morgan Simon, par son talent, indéniable, en fait un moment d’une force rare. Un film d’une douceur brute et sensuelle,  d’une intensité unique, dans lequel la caméra épouse la douleur sourde des personnages et dont chaque plan est un coup au cœur. Tout simplement brillant. Et poignant. Et au dénouement le plus beau plan de ce festival qui symbolise aussi parfaitement ce qu’est ce festival. A voir aussi pour la lumineuse Monia Chokri qui parachève cet impressionnant trio d’acteurs, toujours sur le fil, mais d’une justesse rare. Sélectionné à l’Atelier de la Cinéfondation à Cannes, à Emergence et au Jerusalem International Film Lab, « Compte tes blessures » est le premier long-métrage de Morgan Simon et, espérons-le, le premier d’une longue série. En salles le 1er février 2017.

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    « Olli Mäki », le personnage éponyme du film finlandais de Juho Kuosmanen, lui aussi, aimerait bien être entendu.

    Été 1962, Olli Mäki tente de décrocher le titre de champion du monde de boxe poids plumes. De la campagne finlandaise aux lumières d’Helsinki, tout est prêt pour sa gloire et sa fortune. Olli n’a plus qu’à perdre du poids et à se concentrer. Mais il y a un problème, il est tombé amoureux de Raija…

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    A l’exception des films d’Aki Kaurismäki, le cinéma finlandais est malheureusement méconnu. Avec ce premier long- métrage, Juho Kuosmanen (dont le cinéma n’est pas dénué de points communs avec son illustre compatriote) pourrait bien changer la donne.  Ses courts-métrages étaient déjà abonnés aux récompenses, notamment de la Cinéfondation à Cannes, décidément un vivier de grands cinéastes. Après avoir reçu le prix Un Certain Regard, il a donc reçu le grand prix du Festival de Saint-Jean-de-Luz. Avec ce premier long-métrage, Juho Kuosmanen ne réalise pas un film traditionnel sur la boxe (même si cela reste la meilleure métaphore du combat qu’est la vie) mais un film universel sur la manière de trouver sa liberté et la voie du bonheur. Le film est inspiré de l’histoire vraie du boxeur finlandais Olli Mäki. Avec beaucoup d’empathie, le cinéaste filme son boxeur comme un enfant instrumentalisé (plusieurs scènes sont particulièrement significatives comme celle lors de laquelle il attend à l’arrière de la voiture avec les enfants et que son « entraineur » s’adresse à lui comme s’il était l’un d’eux ou encore cette scène d’une beauté folle lorsqu’il joue avec un cerf-volant comme s’il empoignait son destin et sa liberté). Le noir et blanc renforce le sentiment d’universalité, de douceur presque paradoxale, de mélancolie qui se dégage de ce film ensorcelant. Jarkko Lahti se donne corps et âme à son rôle. Un film d’une douceur romantique et envoûtante sur l’éternel combat entre l’amour et la gloire, le bonheur et la vanité qui n’en est bien souvent que le simulacre…Entre le noir et le blanc. Magnifique !

    Le grand prix attribué par le jury à ce film a été remis par le directeur de la société Blue Efficience qui parraine ce prix et qui permet de lutter contre le piratage et que je vous recommande de découvrir, ici.

    En salles le 19 octobre 2016.

    Au contraire d’Olli dont la brutalité du métier dissimule la douceur, « Fleur de Tonnerre » de Stéphanie Pillonca masque derrière sa douceur apparente une « activité » pour le moins…brutale.

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    En 1800, la Bretagne est à genoux, accablée par le régime en place et par le clergé omnipotent. Elle se meurt dans un marasme économique qui n’en finit pas et au milieu de cela, une fillette en souffrance pousse, tant bien que mal. Cette fillette c’est « Fleur de Tonnerre », une enfant isolée, malmenée par la vie et bercée par le morbide. Elle en deviendra la plus grande « serial killer » que la terre ait jamais porté et sèmera la mort, peut être juste pour être regardée et aimée.

    La réalisatrice, Stéphanie Pillonca est documentariste et comédienne de formation, et cela se ressent. Après le Conservatoire d’Art dramatique de Toulon, elle a ainsi suivi la formation de La Classe Libre du Cours Florent, ainsi que celle du studio VO-VF dirigée par Andrzej Zulawski, John Berry et Bob Swaim. Sa caméra filme ses comédiens au plus près, ne les lâche pas, (et non, Monsieur qui êtes intervenu après la projection et qui avez qualifié cela d’erreur de mise en scène, il ne s’agit pas d’une « erreur » mais  au contraire c’est là que réside l’intelligence de la réalisation), guette le moindre sursaut d’humanité.  « Mon souci était d’être dans la justesse de l’émotion », « J’ai osé imaginer l’enfance chaotique, l’isolement, la douleur, la solitude . J’avais envie d’imaginer que des mains n’avaient pas été tendues. » a-t-elle ainsi déclaré, en citant notamment comme référence « Jeanne d’Arc » de Dreyer, Pialat n’est pas bien loin non plus. «J’avais peur de justifier les actes, ce ne sont pas parce que les gens ont des raisons qu’ils ont des excuses » a précisé la comédienne Déborah François. Le résultat est d’autant plus étonnant que la réalisatrice n’a disposé que de « 5 petites semaines pour faire le film » et  1,2 millions d’euros (avec l’aide d’un mécène nommé Dany Boon qui a mis son propre argent pour que le film puisse exister.).  Ce choix (et non erreur) de mise en scène donne un sentiment d’intemporalité à cette histoire qui dissèque les mécanismes de la violence sans jamais la justifier. Cette adaptation du roman éponyme de Jean Teulé sur la plus grande tueuse en série française dans le Bretagne du 19ème siècle se distingue par ses partis pris : gros plans au plus près de la chair, des frémissements, et décors minimalistes, sans fioritures, pour aller à l’essentiel. Des images nous accompagnent longtemps après la projection comme celle la silhouette de Deborah François qui erre au milieu de la campagne bretonne, grande faucheuse menaçante. Son interprétation habitée,  inquiétante, captive et même capture notre attention. Face à elle, Benjamin Biolay est parfait en sombre dandy. Sans oublier Jonathan Zaccaï et Miossec (en curé !).

    « La jeune fille sans mains » de Sébastien Laudenbach elle aussi est confrontée à la violence dès son jeune âge mais plutôt que de s’en emparer à son tour elle choisit de tracer sa propre route.

    En des temps difficiles, un meunier vend sa fille au Diable. Protégée par sa pureté, elle lui échappe mais est privée de ses mains. Cheminant loin de sa famille, elle rencontre la déesse de l’eau, un doux jardinier et le prince en son château. Un long périple vers la lumière…

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    Son réalisateur a expliqué porter ce projet depuis 15 ans. : « Ce qui me touchait c’était la trajectoire de cette jeune fille qui doit apprendre à s’isoler pour exister pleinement pour être entière. » Rarement un film aura accordé autant de confiance au spectateur et cela fait un bien fou à l’heure où, y compris dans les émissions (pseudo)politiques, règne la dictature de l’émotion pour attirer les spectateurs (petite parenthèse pour évoquer cette émission larmoyante et complaisante « Une ambition intime » qui me semble être le comble de l’indécence). Sébastien Laudenbach a fait le choix inverse : esquisser plutôt que de dessiner ou imposer, faire confiance à l’intelligence et à l’imaginaire du spectateur, accorder une large place au son, aussi. Et le résultat est d’une beauté inouïe et renversante. « Je n’ai pas écrit de scénario ni de story board. J’ai improvisé en faisant 10 à 15 secondes par jour. En le faisant, je me rendais compte que c’était singulier et peut-être novateur. », « Je suis allé sur Allociné en collant les voix des bandes annonces sur les dessins. » a-t-il également raconté pour expliquer le choix d’Anaïs Demoustier dont la voix douce, ensorcelante et déterminée colle parfaitement au personnage. « On ne doit pas faire des films adaptés aux enfants c’est aux enfants de s’adapter au monde. J’aime l’idée qui il y a des trous, des incertitudes, du mystère » a également déclaré le réalisateur  et c’est ce mystère et ces incertitudes que le film exalte également qui contribuent aussi à en faire un moment d’une grâce ensorcelante mais aussi à édulcorer la cruauté ou à l’intensifier, selon la force de l’imaginaire du spectateur. Ce conte à la fois sombre et lumineux est un moment de poésie et de magie rare dont le trait aérien possède la grâce d’un tableau de Matisse. Une non voyante est ainsi intervenue à la fin de la séance pour déclarer : « par des sons vous avez réussi à faire parler les couleurs ».

    Sortie en salles : le 1er décembre 2016

    L’univers dans lequel évoluent les jeunes héros de « Diamond island » de Davy Chou pourrait être celui d’un film d’animation.

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    Diamond Island est en effet une île sur les rives de Phnom Penh transformée par des promoteurs immobiliers pour en faire le symbole du Cambodge du futur, un paradis ultra-moderne pour les riches. Bora a 18 ans et, comme de nombreux jeunes originaires des campagnes, il quitte son village natal pour travailler sur ce vaste chantier. C’est là qu’il se lie d’amitié avec d’autres ouvriers de son âge, jusqu’à ce qu’il retrouve son frère aîné, le charismatique Solei, disparu cinq ans plus tôt. Solei lui ouvre alors les portes d’un monde excitant, celui d’une jeunesse urbaine et favorisée, ses filles, ses nuits et ses illusions.

    Davy Chou filme ainsi avec grâce (lui aussi) l’adolescence dans un décor à l’image de celle-ci: mélancolique, fascinant, entre 2 époques. En résulte un film au charme lancinant, hypnotique. Présenté à la Semaine de la Critique, ce premier long-métrage fait d’abord de son décor un personnage à part entière entre les immeubles de luxe en construction et les décors de fêtes foraines qui semblent emprisonner les personnages dans leurs griffes de bétons et métalliques où ils évoluent, leurs déambulations semblent chorégraphiées comme une  danse triste à la lueur des néons, aussi factices que l’insouciance de l’adolescence qui finira par s’éclipser. « Diamond island », aussi contradictoire que son titre, est un beau portrait de l’adolescence cambodgienne, un judicieux  écho entre ce pays en friche, fascinant et douloureux (ce diamant n’éblouit guère longtemps et ne cache pas le labeur qu’il nécessite à sa construction) et cette époque de la vie, où, un jour le décor s’écroule et les lumières éblouissantes s’éteignent pour laisser place à la réalité, souvent cruelle ou en tout cas médiocre, dans laquelle le véritable amour n’a plus sa place.

    Dans «Souffler plus fort que la mer » de Marine Place (prix du public), c’est aussi un univers et un personnage en pleine mutation qui nous est dépeint. Un univers plus proche  puisque Julie et ses parents, Loïc et Louison, vivent de la pêche sur une petite île au large de la Bretagne. Afin d’échapper aux dettes, ils sont obligés de se séparer de leur bateau contre une prime à la casse. La famille peine à faire face à cette nouvelle vie sans bateau et Julie se réfugie dans sa passion pour le saxophone pour dépasser l’étrange sentiment de submersion qui l’envahit peu à peu…

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    « J’avais envie de faire un film sur une sensation » a ainsi expliqué la réalisatrice qui a également raconté aux festivaliers luziens que le titre provenait d’une chanson intitulée «  chanter plus fort que la mer ». Avant ce premier long-métrage, la réalisatrice Marine Place a réalisé plusieurs documentaires. En résulte un souci d’authenticité et une volonté de nous présenter cet univers, celui des marins pêcheurs, sans le trahir, en restant fidèle à la réalité. Progressivement, le film gagne en gravité, en profondeur tout en s’auréolant de fantastique et de mythologie. Ce bateau qui symbolisait la passion et les liens familiaux, en étant condamné à la destruction va  désagréger cette famille et sa solidité. C’est beau et âpre comme un paysage breton et une scène de musique, à son image, nous serre le cœur et nous foudroie. La mer, l’amie d’hier devient l’ennemie, menaçante et tueuse.  Là encore, un trio d’acteurs épatant porte le film sur ses épaules : Aurélien Recoing et Corinne Masiero en tête (découverte à Saint- Jean-de-Luz dans le formidable « Louise Wimmer » de Cyril Mennegin) et une découverte, Olivia Ross.

    L’héroïne de « Paris la Blanche » de Lidia Leber Terki (France / Algérie), elle aussi empoigne son destin.

    Sans nouvelles de son mari parti travailler en France dans les années 70, Rekia (Tassadit Mandi), quitte le village de Kabylie où elle vit. Elle traverse l’Algérie, la France et les banlieues parisiennes pour ramener Nour (Zahir Bouzerar) au village. Mais l’homme qu’elle finit par retrouver dans un foyer d’anciens travailleurs immigrés à la retraite a changé. Son héros, l’ancien combattant des maquis, celui qui était revenu au village pour la dernière fois il y a quatre ans, est devenu un étranger.

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    La réalisatrice qui a monté son film en 4 ans après de nombreuses difficultés était « intéressée par la mythologie à l’envers », « le voyage de Pénélope à l’envers », « Pour moi c’était plus un film sur le sacrifice que sur l’immigration », « J’avais envie de parler de ceux qui restent qui attendent », « J’ai voulu faire une utopie ». Pour nous faire éprouver l’importance cruciale de ce périple, la réalisatrice suit son héroïne depuis son départ de l’Algérie jusqu’à ses retrouvailles avec son mari, sa caméra ne la quittant presque jamais et elle aurait d’ailleurs eu tort de nous en priver tant la comédienne (qui a reçu le prix d’interprétation féminine qu’elle mérite amplement, le film a également reçu le prix France Bleu du long-métrage) crève littéralement l’écran et a fait fondre le cœur des festivaliers lors de la remise des prix où elle a lu un beau poème sur le déracinement. L’humanité qui se dégage de ces personnages, la tendre empathie avec laquelle les filme la réalisatrice procurent à ce film d’une belle utopie une douceur salutaire et un idéalisme revigorant. C’est avant tout un sublime portrait de femme amoureuse, déterminée, mais aussi le portrait de déracinés, celui de son mari, et ceux qui jalonnent la route de l’héroïne dans un Paris solidaire (très beau personnage de Karole Rocher). Et surtout ce film recèle le plus beau des témoignages d’amour : laisser la personne qu’on aime libre de ses proches choix. Face à la volcanique Tassadit Mendi, Zahir Bouzerar impose sa placide mélancolie. Un duo attachant plein d’émotion contenue qui saisit le spectateur au dénouement de ce film pudique et tendre. Lors de la clôture, en recevant son prix, Tassadit Mendi a magnifiquement parlé de son rôle, elle « qui ne devait pas faire ce film et qui a remplacé une comédienne qui s’est désistée 10 jours avant le début du tournage » et qui a été « émue par l’abnégation, le sacrifice, l’amour inconditionnel pour son mari et la sagesse » de son personnage.

    Sortie en salles : printemps 2017

     Le protagoniste de « You’ll never be alone » d’Alex Anwandter lui aussi est en pleine crise identitaire et subit une autre forme de déracinement. C’est en effet son identité profonde qu’il doit masquer. « You’ll never be alone » de Alex Anwandter (Chili), c’est l’autre coup de/au cœur de festival.

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    Santiago du Chili. Pablo, un jeune lycéen se découvre une passion pour le cabaret. Mais un jour il est victime d’une violente agression homophobe qui le laisse dans le coma. Désespéré Juan, son père, met tout en œuvre pour trouver les coupables…

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    A vrai dire, le pitch ne reflète pas toute la subtilité de ce film d’une âpreté déchirante qui met en scène une triste réalité. La mise en scène, entre les corps désincarnés des mannequins que le père répare dans le cadre de son travail (tandis qu’il ne soigne pas les bleus à l’âme de son propre fils), l’obscurité qui nimbe la plupart des scènes (le film est majoritairement  filmé de nuit ou en intérieurs) comme Pablo doit masquer son identité, sa vérité, font intelligemment résonner la forme et le fond. Les scènes d’une beauté flamboyante sur une musique envoûtante comme de courtes incursions dans l’univers d’Almodovar contrastent avec l’univers grisâtre qui imprègne le reste du film et qui en renforce encore  la beauté saisissante,  ces scènes étant alors des instants de respiration où le jeune Pablo peut enfin être lui-même,  justifiant aussi amplement le prix du meilleur réalisateur attribué à Alex Anwandter par Cédric Klapisch et son jury. Comme une résonnance avec « Compte tes blessures » dans lequel le personnage de Vincent exprimait son (mal)être à travers son art. Le titre illustre l’inverse de la réalité, Pablo étant condamné à la solitude par la lâcheté de ceux qui l’entourent, une lâcheté tristement ordinaire. Le plus percutant des plaidoyers contre la bêtise et une de ses formes, l’homophobie. Et un film bouleversant porté par un jeune acteur éclatant de justesse et sidérant de beauté. Et une fin qui nous balafre l’âme par sa  tristesse ravageuse.

    C’est aussi d’un amour impossible dont il est question dans le décalé « Drôles d’oiseaux » de Elise Girard, son deuxième film après « Belleville Tokyo ».

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    Deux personnages. Georges et Mavie. Mavie et ses 27 ans. Pleine de doutes et d’inquiétude, qui se cherche. Georges et ses 76 ans. Misanthrope, comme caché dans sa librairie, exaspéré par le monde, qui n’attend plus rien de la vie. A eux deux, ils forment le plus beau et le plus improbable des couples. Il ne veut rien, elle veut tout. Et pourtant grâce à lui, elle se trouve. Et grâce à elle, il renoue avec la vie. L’amour qu’ils ne feront jamais ensemble est le plus beau et le plus émouvant. Mais bientôt Georges doit fuir et ce qui doit arriver, arrive…

    « Dans « Drôle d’oiseaux », l’idée était de de parler d’amour vraiment impossible et de l’idée que l’âge qu’on a n’est pas l’âge réel. « J’aime les longs plans », «  Je filme les gens souvent d’assez loin en les laissant faire, j’aime plus le cinéma classique  que le cinéma contemporain. », a ainsi déclaré la réalisatrice. Ces drôles d’oiseaux désignent bien entendu autant ceux qui tombent mystérieusement du ciel que les deux personnages principaux, entre le mystérieux septuagénaire misanthrope qui (décidément) lui aussi cache son identité et tient une librairie où personne n’entre jamais rien acheter (tout importun qui tente de faire une intrusion le dérangeant au plus haut point) et la jeune femme qui l’aime d’un amour platonique. Lolita Chammah (remarquable déjà notamment dans « Copacabana de Marc Fitoussi) et Jean Sorel jouent comme Jean-Pierre Léaud et semblent aussi décalés dans la vie que l’était Antoine Doinel. On retrouve avec plaisir la première et plus encore le second qui promène toujours son élégance digne, insidieusement dédaigneuse et aristocratique. La légèreté mélancolique  et l’humour absurde finissent par nous emporter et nous faire aimer ces êtres qui, là aussi, derrière des masques, de misanthropie pour l’un, de gravité pour l’autre, dissimulent une séduisante folie et singularité.

    Pour ouvrir et clore ce festival avec une compétition de haute voltige, il fallait deux films à la hauteur, en l’occurrence deux comédies sur l’adoption portées par des comédiens exceptionnels.

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    Dans le film d’ouverture, « Il a déjà tes yeux » de Lucien Jean-Baptiste, Paul est marié à Sali. Tout irait pour le mieux s’ils arrivaient à avoir un enfant. Jusqu’au jour où Sali reçoit l’appel qu’ils attendent depuis si longtemps : leur dossier d’adoption est approuvé.  Il est adorable, il a 6 mois, il s’appelle Benjamin, il est blond aux yeux bleus. Et il est blanc,  eux sont noirs. Par le truchement de cette comédie, Lucien Jean-Baptiste démonte les mécanismes du racisme dit ordinaire et que cette qualification conduit d’ailleurs à banaliser (comme cette fameuse manie de dire « black » qui a le don de m’horripiler) et les préjugés qui encore aujourd’hui sont trop souvent répandus. Le film vaut aussi et avant tout le déplacement pour ses numéros d’acteurs, parfois attendrissants, souvent hilarants. En tête, Vincent Elbaz (dont le personnage  n’est pas sans rappeler l’ami envahissant de « Coup de foudre à Notting Hill ») irrésistiblement drôle en ami attachant, collant et qui ne craint pas du ridicule. Comme toujours, Zabou Breitman, est parfaite, ici  dans un rôle d’assistante sociale suspicieuse, prête à tout pour prouver qu’elle a raison, surtout quelques manigances et beaucoup de mauvaise foi. Chaque apparition de l’actrice qui incarne la mère de la pétillante Aïssa Maïga est aussi d’une drôlerie irrésistible. Le film est produit par Nolita Cinema (avec à sa tête Maxime Delauney, membre du jury de ce Festival de Saint-Jean-de-Luz 2016) déjà à l’origine du savoureusement déjanté et décalé « Comment c’est loin » d’Orelsan.

    En salles : le 18 janvier 2017

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    Le film de clôture résonnait évidemment avec celui de l’ouverture. En effet, dans « Comment j’ai rencontré mon père » de Maxime Motte, c’est la rentrée et dans la famille d’Enguerrand, petit garçon adopté d’origine africaine, l’ambiance est déjà assez tendue. L’arrivée de Kwabéna, un clandestin qu’Enguerrand prend pour son père biologique, ne va pas arranger les choses. Cet intrus va finalement se révéler être un formidable catalyseur et les multiples péripéties autour de sa présence vont enfin permettre à cette famille de se retrouver unie… Belle idée de terminer le Festival avec ce film qui comme « Il a déjà tes yeux » de Lucien Jean-Baptiste reflète la bienveillance  et la générosité à l’honneur dans ce festival. Isabelle Carré et François-Xavier Demaison (en librairie immature et père aimant qui, comme Jean Sorel, dans « Drôles d’oiseaux » ne vend pas de livres et cherche l’amour de son père) forment un couple qui fonctionne parfaitement à l’écran et nous interroge tout en douceur, humour et émotion sur la nécessité de franchir les frontières de la loi, lorsque humanité et générosité sont en jeu. Et ce film plein de tendresse a judicieusement  clos le festival en beauté.

    Sortie en salles : janvier 2017

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    Lors de la rencontre avec les membres du jury en début de festival (une vidéo à retrouver sur le site officiel du festival), Alice Isaaz a ainsi noté que participer à un jury « rééduque notre regard de spectateur », pour Stefi Celma, cela permet de « découvrir de nouvelles cultures et voyager » quand pour Maxime Delauney « les festivals permettent d’être moins paresseux dans sa démarche culturelle », ce à quoi Marco Prince a ajouté  « Ce que j’aime, c’est que ce festival soit familial, et d’avoir une vision de ce que sera le cinéma de demain. » Patrick Fabre, le directeur artistique du festival a complété en précisant : « Ce qu’on essaie aussi de provoquer dans un festival ce sont des rencontres », et les critères de choix du jury : « prendre des gens sympathiques, il faut que j’aime ce que font les gens et ce qu’ils sont. »

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    En bref, le festival projetait aussi en avant-première « Souvenir », de Bavo Defurne, un objet filmique non identifié jalonné de maladresses mais malgré tout attachant grâce à Isabelle Huppert toujours irrésistible (mais cela devient un pléonasme) et toujours là où on ne l’attend pas (un autre pléonasme), ici dans le rôle d’une chanteuse oubliée (bloquée dans les années 70) qui a autrefois participé à l’Eurovision, et qui rencontre un jeune boxeur qui va la convaincre de tenter un come-back. Un feel good movie qui se regarde sans déplaisir, ne serait-ce que pour voir la chorégraphie improbable d’Isabelle Huppert sur son titre tout aussi improbable et délicieusement suranné « je dis oui ».

    Sortie en salles : le 21 décembre 2016

    Au programme également, un forum du court-métrage, l’occasion de découvrir deux formidables courts et de recevoir plein de bons conseils pour ceux, comme moi, que la réalisation titille. Le forum était précédé en illustration de deux remarquables courts-métrages : « Pas de cadeau » de Marie Vernalde et « Maman(s) » de Maïmouna Doucouré. Le festival propose également chaque année une compétition de courts-métrages, un moment là aussi toujours synonyme de belles découvertes et d’univers forts et singuliers.

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    J’en ai retenu 4, à commencer par  « Goliath » de Loïc Barché dans lequel Nicolas est follement amoureux de Charlotte, une fille qu’il connait à peine et qu’il fantasme à travers les photos qu’elle publie sur Facebook. Accompagné d’un ami, il décide de lui prouver son amour en accomplissant un exploit. La scène d’ouverture pourrait en rebuter plus d’un mais justement est un judicieux contrepoids et contrepied à cette dictature de l’immédiateté et de l’émotion qu’exigent aujourd’hui les réseaux sociaux et que le film démontre par l’excès finalement tristement réaliste. A voir aussi pour le toujours trop rare et si juste et talentueux Swann Arlaud.

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    Le deuxième court-métrage que j’ai choisi de retenir, c’est  celui qui a reçu le prix du public, « Le bleu blanc rouge de mes cheveux » de Josza Anjembe. À dix-sept ans, Seyna, une adolescente d’origine camerounaise se passionne pour l’histoire de la France, le pays qui l’a vue naître et dont elle est profondément amoureuse. Son baccalauréat en poche et sa majorité approchant, Seyna n’aspire qu’à une chose : acquérir la nationalité française. Mais son père Amidou s’y oppose farouchement. Une démonstration bouleversante et implacable de l’importance et la force symbolique que représente cette nationalité pour l’héroïne interprétée par Grace Seri investie corps et âme dans son rôle auquel elle apporte toute sa force, sa détermination et sa douceur.

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    Le troisième court que j’ai voulu mettre en lumière est « Une vie ordinaire » de Sonia Rolland. Les mauvaises langues diront certainement que la sélection de ce film doit beaucoup à la notoriété celle qui le porte et ils auraient tort car elle témoigne ici d’un véritable engagement et talent de cinéaste en mettant en scène cette histoire en grande partie inspirée de sa propre vie. Nadia, 15 ans,   doit s’occuper seule de l’éducation de son frère de 11 ans, de l’entretien de la maison et de ses études, sa mère étant en formation à l’autre bout de la France. Elle est totalement livrée à elle-même, aussi, lorsqu’un de ses camarades la provoque, Nadia explose ; résultat, elle est exclue de l’école… Cette fois-ci, pas d’échappatoire possible : elle va devoir affronter sa mère et faire des choix…

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    J’ai également eu un énorme coup de cœur pour « Pa Fuera » de Vica Zagreba (mention spéciale du jury) dans lequel la jeune Stella et ses fillettes vivent chez Corto, isolées. Elles s’ennuient et passent le temps en chantant, en dansant. Eddy, un ancien amoureux de Stella débarque. Il les invite à son concert. Stella ne peut y résister. De ce film se dégagent une véracité, une énergie, une émotion, qui jamais ne quittent l’écran et finissent par nous bouleverser.

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    Enfin, « Monsieur Hernst » de Vincent Cappello  dans lequel un docteur poursuit monsieur Hernst dans les souvenirs de sa vie pour le guider à l’incident traumatique qui lui a fait oublier jusqu’à sa propre identité… Sans doute le film le plus maîtrisé de cette compétition, le scénario (en apparence tortueux) le plus maîtrisé également pour une démonstration là encore aussi implacable que bouleversante des mécanismes de la mémoire et de la force dévastatrice des traumatismes aussi anciens soient-ils sans oublier l’interprétation toujours impressionnante de Grégory Gadebois, a fortiori ici, dans un rôle aux multiples facettes et à différents âges de la vie auxquels son talent nous fait adhérer.

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    Le festival proposait également une master class sur l’animation, l’occasion de découvrir  « L’espace d’un instant », réalisé dessiné et animé par Alexandre Athané (aussi auteur de génériques comme « Aimer, boire et chanter » de Resnais, « Max » de Stéphanie Murat ou « Compte tes blessures » et « Monsieur Ernst », en compétition à Saint-Jean-de-Luz) et écrit par Vincent Cappello (le réalisateur de « Monsieur Hernst » précédemment évoqué). Un sublime film d’animation qui montre comment l’imaginaire peut panser les blessures de la vie (et ainsi une métaphore des pouvoirs inestimables du cinéma), également un très beau film sur la transmission dans lequel la douceur des images et de la voix de Pierre Richard nous bercent comme un conte, sans oublier de très beaux dialogues : « C’est comme cela que le monde avance, d’abord il y a les rêveurs, une fois qu’une image les a traversés ils la révèlent à l’humanité et elle se met au travail », « Rien ne peut empêcher l’homme de prendre l’univers en flagrant délit de désobéissance ». Une ode au rêve, à l’imaginaire, un moment de poésie dont la musique d’Alex Beaupain exacerbe la force et la beauté. Une forêt enchanteresse que l’on quitte avec regrets et émotions.

    Le festival proposait aussi une master class d’Ivan Calbérac sur l’adaptation que vous pouvez retrouver sur le site officiel du festival et dont sont extraites ces quelques phrases :

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    « L’écriture romanesque donne une grande place au dialogue intérieure » , « Ce qui est littéraire n’est souvent pas adaptable », « Adapter : en tirer la sève et la matière cinématographique », « On a un désir de réalisme très fort au cinéma, ce qui a une incidence sur l’écriture », «  La salle ne représente que 25 à 30 % de l’amortissement d’un film »(pour expliquer l’exigence des chaînes de télévision quand il est question du casting), l’occasion aussi pour lui de revenir sur le formidable succès de « L’étudiante et M.Henri » en Allemagne avec 530000 entrées France et autant en Allemagne alors que, habituellement les entrées en Allemagne ne représentent que  10% de celles engrangées en France.

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    A l’image de son affiche (qui fait l’éloge d’un cinéma d’avenir avec, pour égérie, le comédien Amir El Kacem,  devant l’objectif de Chris Huby) , ce festival met l’audace et la liberté à l’honneur et permet la rencontre entre un lieu et des acteurs du cinéma (au sens large) et parfois ces rencontres donnent naissance à de nouveaux projets à l’image de ce clip extraordinaire de David Cairol (« Crazy lazy ») réalisé par Sylvain Chomet et projeté lors de la clôture, David Cairol dont je vous invite vraiment à découvrir le travail, notamment sur sa page Facebook, ici.

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    Je quitte ce festival avec une multitude d’images de films, des images indélébiles, au premier rang desquelles : Deux mains qui se tendent et s’accrochent l’une à l’autre. Une danse enfiévrée et flamboyante. Un noir et blanc d’une douceur mélancolique et envoûtante. Des odes à la poésie, à l’imaginaire. Des gros plans sur des visages qui résonnent comme des reproches. La grande faucheuse, menaçante et esseulée, qui erre dans la campagne bretonne. Des déambulations à la lueur des néons. Hypnotiques. Une esquisse à la Matisse empreinte de noirceur et de luminosité, de la beauté et de la cruauté de la vie. Des voix, des musiques, dans un café en Bretagne, ou de Pierre Richard, d’Anaïs Demoustier, d’Alex Beaupain. Les interprétations saisissantes de Kevin Azaïs, Grégory Gdebois, Déborah François, Jarkko Lathi, Grace Seri, Sergio Hernandez, Jean Sorel, Aurélien Recoing, Corinne Masiero, Monia Chokri,  Swann Arlaud, Nathan Willcocks, Vincent Elbaz, Zabon Breitman, Isabelle Carré, François-Xavier Demaison, Isabellle Huppert. Et bien sûr l’interprétation et la  joie communicative de Tassadit Mendi. Et tant d’autres…Et Saint-Jean-de-Luz, sa beauté mélancolique, et de beaux souvenirs que j’emporte avec moi.

    Pour terminer, un immense merci à Patrick Fabre pour son accueil chaleureux, sa bienveillance constante et rare envers les films et ceux qui les font, et l’enthousiasme et la passion  communicatifs qui transpirent de chaque échange avec les équipes de films et qui contribuent beaucoup à l’exceptionnelle convivialité de ce festival et qui prouvent qu’ambiance familiale et professionnalisme peuvent se conjuguer. Chaque année, c’est là que le meilleur des premiers et deuxième films de l’année à venir se dévoile et cette année ne dérogeait pas à la règle, mêlant à nouveau films d’auteurs populaires et films populaires exigeants et respectueux du spectateur (c’est-à-dire des films qui ne se réduisent pas à de simples pitchs) mais aussi de vraies avant-premières (ce qui devient rare en festivals, les films sortant désormais souvent la semaine de leurs projections en festivals ou peu de temps après). J’espère vraiment que ce festival, indispensable, perdurera. Un grand merci aussi à Eric Soreau pour son accueil et la mise en avant de mon premier roman « L’amor dans l’âme » (ici, ci-dessous, à la cérémonie d’ouverture) et de mon recueil « Les illusions parallèles » (qui comprend 16 nouvelles sur les festivals de cinéma dont une qui se déroule intégralement dans le cadre du Festival International du Film de Saint-Jean-de-Luz, ces deux livres sont disponibles à la librairie Louis XIV de Saint-Jean-de-Luz), à Isabelle et l’équipe de l’office de tourisme pour leur accueil chaleureux. Et merci à l’hôtel Ohartzia également pour le sourire constant.

     

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    Au Loreamar…:

    Ci-dessous, retrouvez également mes photos de l’hôtel Loreamar. En début de semaine prochaine, en partenariat avec l’hôtel, sur mon site Inthemoodforhotelsdeluxe.com, je vous ferai ainsi gagner (pour 2) un massage bien-être de 50 minutes dans le splendide Spa de l’hôtel, ainsi qu’un accès à l’espace thalasso et au spa-piscine d’eau de mer chauffée, sauna, hamman, douche expérience, fitness, salle de relaxation et un cocktail détox au bar.

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    Palmarès

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    Prix du Jury

    Prix du meilleur film : Olli Mäki de Juho Kuosmanen

    Prix du meilleur réalisateur : Alex Anwandter pour You’ll never be alone

    Prix de la meilleure interprétation féminine : Tassadit Mandi dans Paris la blanche de Lidia Leber Terki

    Prix de la meilleur interprétation masculine : Kévin Azaïs dans Compte tes blessures de Morgan Simon

    Prix du court-métrage : La tortue de Thomas Blumenthal et Roman Dopouridis

    Prix France Bleu

    Jury présidé par Frédérique Albrecht

    Long-métrage : Paris la Blanche de Lidia Leber Terki

    Prix du Public

    Long-métrage : Souffler plus fort que la mer de Marine Place

    Court-métrage : Le bleu blanc rouge de mes cheveux de Josza Anjembe

    Prix du jury jeune

    Long-métrage : Compte tes blessures de Morgan Simon

    Court-métrage : La tortue de Thomas Blumenthal et Roman Dopouridis

    N’hésitez pas non plus à consulter l’excellent site internet du festival: une mine d’informations avec, notamment, de nombreuses vidéos du festival, et notamment celle de la cérémonie de clôture.

    Vous pouvez également retrouver le festival sur les réseaux sociaux: Facebook, instagram (@fifsaintjeandeluz), twitter (@fifsaintjeandeluz).

    Retrouvez ce même article sur mon blog http://inthemoodforcinema.com.

  • Critique de A PEINE J'OUVRE LES YEUX de Leyla Bouzid à 20H50 sur Canal + Cinéma

    Grand lauréat du Festival International du Film de Saint-Jeand-de-Luz 2015 mais aussi du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule 2015 -mes vidéos ci-dessous- (dont je vous ferai bientôt suivre en direct la 3ème édition), "A peine j'ouvre les yeux" de Leyla Bouzid sera ce soir diffusé sur Canal + Cinéma. A voir absolument.

     

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    C’est le portrait d’une femme libre que nous dresse Leyla Bouzid dans ce film qui a remporté l’Ibis d’or du meilleur film, de la meilleure musique et de la meilleure actrice ex-aequo au dernier Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule (dont vous pouvez retrouver ma compte rendu, ici) après avoir également déjà reçu trois prix au dernier Festival International du Film de Saint-Jean-de-Luz, des prix amplement mérités pour ce film magistral.

    La Tunisie, dont les représentants du dialogue national ont cette année reçu le Prix Nobel de la Paix, a aussi été victime du terrorisme avec les attentats du Bardo à Tunis et de Sousse et récemment à nouveau à Tunis, un cauchemar qui a succédé à un autre, celui de la Tunisie de Ben Ali dans laquelle la corruption gangrénait la société et dans laquelle les libertés étaient restreintes et réprimées. Je n’oublierai jamais ce 14 janvier 2011, jour où Ben Ali a été chassé du pouvoir. Jour historique.

    Tunis, été 2010, quelques mois avant la Révolution, Farah, (Baya Medhaffar), 18 ans passe son bac et sa famille l’imagine déjà médecin… mais elle ne voit pas les choses de la même manière. Elle chante au sein d’un groupe de rock engagé. Elle vibre, s’enivre, découvre l’amour et sa ville de nuit contre la volonté d’Hayet (Ghalia Benali), sa mère, qui connaît la Tunisie et ses interdits.

    Dès les premières minutes, j’ai été captivée, estomaquée par la beauté furieuse de ce film. Par la vitalité, la force, la fougue de la mise en scène et de la jeune Farah (et de son interprète principale d’une maturité, d’une justesse sidérantes) qui dévore la vie et qui doit lutter pour exercer sa passion : chanter. Les textes qu’elle chante sont ouvertement opposés au régime et malgré sa volonté et son désir forcenés, progressivement le piège va se refermer sur elle jusqu’à ce que sa voix soit étouffée. Littéralement.

    Non seulement la manière dont la réalisatrice démontre les restrictions imposées par le régime est aussi passionnante qu’édifiante, mais elle raconte avec autant de précision et sensibilité la relation amoureuse (Farah va aussi découvrir l’amour et la trahison) et la relation mère/fille. Ghalia Benali qui interprète la mère de Farah est elle aussi bouleversante, et sa dureté ne dissimule que sa lucidité et ses craintes pour sa fille qui lui ressemble finalement tant. La scène lors de laquelle la mère pousse sur l’accélérateur de sa voiture pour effrayer sa fille et lui faire promettre de ne pas sortir chanter est d’une force rare, poignante et redoutable, à la hauteur de la peur ressentie par la mère pour sa fille.

    Ces yeux qui s’ouvrent du titre, ce sont à la fois ceux de Farah sur la vie, la réalité du monde qui l’entoure, mais aussi ceux de sa mère sur ce que veut et doit faire sa fille mais aussi l’éveil d’une Tunisie trop longtemps réprimée et condamnée à la soumission et au silence par vingt années de dictature. Farah représente finalement la Tunisie et cette jeunesse qui crie sa colère, sa révolte et son désir de se délivrer de ses chaînes malgré les risques encourus. La musique, fiévreuse, transcrit les élans de la jeunesse et devient un opposant incontrôlable, une arme de liberté et de paix.

    Un film engagé, fiévreux, fougueux, poétique, porté par deux actrices exceptionnelles, une réalisation d’une force et d’une intensité rares, des textes et des musiques remarquables et qui montrent la puissance de liberté de la musique, plus que jamais vitale. C’est aussi une histoire d’amour. L’amour d’un pays. L’amour de la musique et de son pouvoir. L’amour de la liberté. L’amour d’une mère pour sa fille qui explose dans ce dernier plan d’une douceur et d’une émotion ravageuses. (Le jury du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule ne s’y est pas trompé en primant, ex-aequo, les deux actrices). Un grand film. Un chant de liberté. Un film à l’image de sa jeune actrice : incandescent et brûlant de vie.

     Lors de la clôture du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule, Baya a lu un message de la réalisatrice Leyla Bouzid. Elle a rappelé les attentats qui ont touché Tunis et Sousse avant Paris (la clôture du festival a eu lieu aux lendemains des effroyables attentats de Paris et quelques jours avant ceux de Tunis)  :

    « Un triste lien de mort unit la France et la Tunisie. Il s’agit d’un film d’un élan de vie vif et inaliénable. C’est bien d’être ici pour cet élan de vie malgré ce qui s’est produit. J’ai envie de vous dire que notre élan de vie est inaliénable. Vive la vie, la musique, et la liberté. Personne n’arrivera à les tuer. »

     

     

     

     

     

  • Merci le Festival International du Film de Saint-Jean-de-Luz...

    ...pour cette annonce sur son site officiel (capture d'écran ci-dessous). En attendant, je vous donne rendez-vous en dédicace à Dinard (ici, pour en savoir plus) et vous pouvez également retrouver mon article sur le Festival de Saint-Jean-de-Luz, ici. Je vous donne rendez-vous "in the mood for Saint-Jean-de-Luz" à partir de mercredi de la semaine prochaine.

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