Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

festivals de cinéma

  • Compte-rendu et palmarès du 33ème Dinard Festival du Film Britannique

    dinard festival du film britannique 2022,33ème dinard festival du film britannique,emily,frances o'connor,cinéma,dinard,cinéma britannique,film,films,festival de cinéma,festivals de cinéma

    Conte d’été de Rohmer. L’heure zéro de Pascal Thomas (adapté d’Agatha Christie). Deux films tournés à Dinard qui pourraient la résumer. Un décor de cinéma, entre le conte et le film à suspense, surplombé par Hitchcock, statue à la stature démiurgique. Ainsi est-elle aussi dans ma mémoire, kaléidoscopique, mêlant les souvenirs amoncelés là : d’enfance, de festivals, de films. Des souvenirs auxquels il faudra désormais ajouter ceux de cette enthousiasmante 33ème édition du Dinard Festival du Film Britannique.

    dinard festival du film britannique 2022,33ème dinard festival du film britannique,emily,frances o'connor,cinéma,dinard,cinéma britannique,film,films,festival de cinéma,festivals de cinéma

    Le panorama dinardais est à l’image du cinéma d’outre-Manche, d’une diversité admirable. Quel sentiment étrange que de se sentir (presque) à l'abri des turbulences glaçantes de l’actualité comme lors de chaque festival, celui-ci tout particulièrement, dans cette alcôve bretonne qui semble en être coupée, et en être aussi la quintessence de la beauté et de la poésie, un peu rugueuse parfois mais non moins envoûtante !

    dinard festival du film britannique 2022,33ème dinard festival du film britannique,emily,frances o'connor,cinéma,dinard,cinéma britannique,film,films,festival de cinéma,festivals de cinéma

    Avec son charme suranné, son élégance intemporelle et sa magie mystérieuse, Dinard était l’endroit idéal pour un festival d’où l’idée lancée par Thierry de la Fournière, il y a 33 ans. Hussam Hindi en fut le directeur artistique de 1996 à 2019, remplacé ensuite par Dominique Green.

    dinard festival du film britannique 2022,33ème dinard festival du film britannique,emily,frances o'connor,cinéma,dinard,cinéma britannique,film,films,festival de cinéma,festivals de cinéma

    Je vous ai souvent parlé de ce festival dont j’ai eu le plaisir de faire partie du jury en 1999 sous la présidence de la fantasque et fantastique Jane Birkin. Les ans écoulés n’ont rien changé au plaisir d’y retourner à de nombreuses reprises.

    cinéma, Dinard, Dinard Festival du Film Britannique, Dinard Festival du Film Britannique 2022, 33ème édition, film, cinéma britannique, Bretagne, festival de cinéma

    24 000 festivaliers étaient cette année au rendez-vous pour découvrir une programmation de qualité divisée en cinq sections thématiques : It’s Raining Men, Girl Power,   Cinema – past, present & future, Eccentrics & Free Spirits, Irish Eyes in Dinard.

    dinard festival du film britannique 2022,33ème dinard festival du film britannique,emily,frances o'connor,cinéma,dinard,cinéma britannique,film,films,festival de cinéma,festivals de cinéma

    En ces temps si âpres pour le cinéma qui, à mon grand désarroi, tend de plus en plus à devenir une marchandise consommable et jetable, les festivals sont plus que jamais indispensables pour redonner le goût incomparable de la découverte des films en salles. Cette édition était particulièrement prometteuse à cet égard, notamment la compétition, six films parmi lesquels le jury présidé par José Garcia (accompagné de Oulaya Amamra, Georges Blagden, Sofia Essaïdi, Hugo Gélin, Adrian Lester et Alice Pol) a eu la passionnante mission de choisir le Hitchcock d’or 2022.

    dinard festival du film britannique 2022,33ème dinard festival du film britannique,emily,frances o'connor,cinéma,dinard,cinéma britannique,film,films,festival de cinéma,festivals de cinéma

    Les six films de la compétition que j’ai eu le plaisir de voir ont été à la hauteur de cette promesse avec, surtout, le film couronné du Hitchcock d’or, du prix du public et du prix d’interprétation féminine (rien que cela !) qui est pour moi un des grands films de cette année 2022 et qui méritait donc cette avalanche de récompenses.

    dinard festival du film britannique 2022,33ème dinard festival du film britannique,emily,frances o'connor,cinéma,dinard,cinéma britannique,film,films,festival de cinéma,festivals de cinéma

    « Qui pensons-nous être ? ». Telle était la question posée sur les murs du Palais des arts de Dinard. Question à laquelle devaient répondre les films de cette édition selon les mots de la directrice artistique du festival, Dominique Green, lors de la cérémonie d’ouverture du festival.

    dinard festival du film britannique 2022,33ème dinard festival du film britannique,emily,frances o'connor,cinéma,dinard,cinéma britannique,film,films,festival de cinéma,festivals de cinéma
    Tourmentée. Impétueuse. Romanesque. Flamboyante. Rebelle. Étrange. Exaltée. Ainsi pourrait être qualifiée la Manche dont le spectacle incomparable, à Dinard, inonde et ensorcelle le regard. Telle pourrait aussi être qualifiée l’héroïne du film Emily de Frances O’Connor (Emma Mackey). Ce film raconte la vie imaginaire de l’une des romancières les plus célèbres du monde, Emily Brontë, disparue trop tôt, à 30 ans. Un voyage initiatique d’une jeune femme rebelle vers la maturité. Le film explore les relations qui l’ont inspirée : sa relation brute et passionnée avec ses sœurs Charlotte et Anne, son premier amour douloureux et interdit pour Weightman, et l’attention qu’elle porte à son frère Branwell.

    Cette première réalisation de Frances O'Connor dresse un portrait imaginaire de la célèbre romancière, aussi passionnant que bouleversant. Un éloge de la différence, de la liberté (avant tout celle de penser), de la puissance de l'écriture que l'auteure des Hauts de Hurlevent semble puiser autant dans les chagrins (l'amour, la mort, la solitude) que dans la sauvagerie et la rudesse des paysages du Yorkshire pour livrer cette écriture tempétueuse et poétique qui, comme ce film, nous emporte et nous enivre. Comme le panorama dinardais, finalement. La réalisation époustouflante pour un premier film (photographie sublime de Nanu Segal, richesse de la profondeur de champ, utilisation signifiante de la lumière), entre Jane Campion et James Ivory est à la hauteur de son (magnifique) sujet. Un hymne palpitant à la vie que l'écriture permet de sublimer, surmonter, exalter, romancer pour qu'elle devienne intensément romanesque à l'image de ce film qui est aussi enflammé et flamboyant, comme son héroïne, en contraste avec les paysages ombrageux du Yorkshire. Un film au romantisme sombre, envoûtant, parsemé de références au roman mythique d'Emily Brontë (entre embardées dans le genre fantastique - dont une remarquable scène de dîner qui est aussi un hommage à la force poignante et dévastatrice de l’imaginaire - et relation tumultueuse et passionnelle avec son frère) et qui interroge intelligemment les rapports entre la fiction et la vie d'un (ou une) auteur(e), la part de vérité qu’elle ou il y puise pour nourrir son art, qu’il s’agisse de s’y sauver ou de s’y perdre.

    Le président du jury de ce 33ème Dinard Festival du Film Britannique, José Garcia, a ainsi déclaré : « On a été unanimes. Emily est un très grand film, très moderne alors qu'il est sur une base très classique. »  Je vous reparlerai plus longuement de ce film vertigineux de beauté et d’intensité, dont la sortie en France est prévue pour mars 2023.

    dinard festival du film britannique 2022,33ème dinard festival du film britannique,emily,frances o'connor,cinéma,dinard,cinéma britannique,film,films,festival de cinéma,festivals de cinéma

    Le jury a tenu à créer un prix spécial pour All my friends hate me de Andrew Gaynord, un prix du « Best ensemble », prix d'interprétation collectif entièrement mérité pour une pléiade d’acteurs sur laquelle repose la réussite de ce long-métrage.

    C’est l’anniversaire de Pete. Sa bande de copains, rencontrés à la fac, lui organise une fête à la campagne. Néanmoins, Pete est de plus en plus troublé par les blagues et les commentaires sarcastiques de ses amis. Alors que l’atmosphère passe de la gêne à la terreur et au surréalisme, Pete frôle le point de non-retour au cours de ce qui était censé être un joyeux week-end de retrouvailles.

    La réussite de ce film repose avant tout sur le jeu polysémique des « camarades » de Pete. (Sont-ils foncièrement immatures ? Cruels ? Lui font-ils subir une mauvaise plaisanterie ? Pete manque-t-il tout simplement d’humour ?) Et sur l’interprétation de ce dernier en lequel la paranoïa s’insinue peu à peu, l’attitude de ses « amis » le renvoyant aux peurs de l’adolescence, celle d’être le mal-aimé, l’exclu. Le cadre ce vieux manoir perdu en pleine campagne hostile est parfait pour créer une atmosphère inquiétante aux accents horrifiques et pour faire perdre ses repères à Pete, objet de tous les reproches et toutes les rancœurs. Toujours à la frontière des genres, entre rire cynique (voire sinistre) et cauchemar, à la fois caustique, mordant, et d’une réjouissante étrangeté, ce film nous captive de la première à la dernière seconde en nous conduisant à essayer de comprendre la « règle du jeu », une partie de chasse nous rappelant d’ailleurs ici celle du film éponyme de Renoir.

    dinard festival du film britannique 2022,33ème dinard festival du film britannique,emily,frances o'connor,cinéma,dinard,cinéma britannique,film,films,festival de cinéma,festivals de cinéma

    Également au palmarès, avec un prix spécial du jury : The Almond and the Seahorse de Celyn Jones et Tom Stern, produit par Guillaume Gallienne.

    Pour Gwen (Trine Dyrholm) c’est toujours 1999. Elle ne reconnaît pas le visage qu’elle voit dans le miroir, ni sa compagne Toni Charlotte Gainsbourg), bien qu’elles se réveillent ensemble tous les jours. Le passé de Joe (Celyn Jones), se délite et sa partenaire, Sarah (Rebel Wilson), craint d’être oubliée. Un médecin refuse de les abandonner, déterminé à ne pas les laisser dépérir. Les deux couples se retrouvent dans le service du docteur Falmer, spécialiste du cerveau.

    cinéma,dinard,dinard festival du film britannique,dinard festival du film britannique 2022,33ème édition,film,cinéma britannique,bretagne,festival de cinéma

    Ce film est l’adaptation de la pièce de théâtre que Celyn Jones a écrite avec Kaite O’Reilly, dans laquelle il jouait déjà. Il incarne donc Joe, victime d'amnésie après un traumatisme crânien. Mais ce sont Charlotte Gainsbourg et Trine Dyrholm qui crèvent l’écran, les nuances subtiles de leur jeu atténuant les quelques lourdeurs et facilités scénaristiques.

    L’amande et l’hippocampe sont ainsi deux régions cérébrales responsables de la mémoire. À travers ces destins entremêlés, ce sont les conséquences du traumatisme qui sont évoquées. Crânien pour les victimes. Et moral pour leurs accompagnants. Si le scénario n’évite pas certaines facilités, l’émotion finit par nous emporter, un constat lucide sur la maladie et ses effets dévastateurs sur l’entourage qui doit apprendre à continuer à vivre malgré cette plaie béante à l'âme (la leur et celles de leurs êtres chers). Se dégagent de ce film une profonde mélancolie mais aussi un regard à la fois empathique et sans concessions sur la maladie. La photographie est particulièrement soignée et pour cause puisqu’elle est signée Tom Stern qui a notamment souvent collaboré avec Clint Eastwood.

    dinard festival du film britannique 2022,33ème dinard festival du film britannique,emily,frances o'connor,cinéma,dinard,cinéma britannique,film,films,festival de cinéma,festivals de cinéma

    Absent du palmarès mais qui aurait mérité d’y figurer : Winners de Hassan Nazer. Dans une petite ville provinciale iranienne, les enfants travaillent dur pour faire vivre leur famille. Un jour, Yahya, neuf ans, et son amie Leyla trouvent une statuette scintillante dans le désert. Passionné de cinéma, Naser Khan, le patron de Yahya, décide de les aider à retrouver son propriétaire. 

    Alors que depuis la mort de Mahsa Amini les Iraniennes et les Iraniens luttent avec un admirable courage pour leur(s) liberté(s), Winners de Hassan Nazer, film en compétition anglo-iranien rendait un hommage malin et décalé à la puissance du cinéma mais aussi à celle du cinéma des cinéastes iraniens dont Jafar Panahi (et à l'un de ses chefs-d'œuvre, Taxi Téhéran, malicieusement cité) actuellement emprisonné. À travers l'histoire de Yahya, neuf ans, et de son amie Leyla qui trouvent une statuette scintillante dans le désert (un Oscar !), sous forme d'une fable maligne, Hassan Nazer montre les souffrances d’un pays dans lequel les enfants doivent trier les déchets pour (sur)vivre et dans lequel le cinéma représente une évasion merveilleuse, un Cinéma Paradiso (le film de Tornatore est d’ailleurs maintes fois cité). Ce quatrième long-métrage de Hassan Nazer fut primé par le public du festival d’Edimbourg. Tout comme son jeune interprète, Yahya, qui passait ses nuits à visionner des DVD en cachette, Hassan, lui, regardait des VHS. Contrôlé par les autorités iraniennes, il a intelligemment réussi à obtenir leur aval et malgré tout à évoquer l’état de son pays d’origine : « Les réalisateurs iraniens doivent être intelligents pour dire ce qu’ils ont à dire, sourit-il. Par nécessité. C’est cela qui rend les films iraniens uniques. » En sort un grand vainqueur : le cinéma, qui permet de rapprocher les êtres et d’éclairer la réalité.

    Également en compétition, My old school de Jono McLeod. L’étonnante et véritable histoire de l’imposteur le plus célèbre d’Écosse. 1993 : Brandon, 16 ans, est le petit nouveau de l’école. Très vite, il devient le premier de la classe, réussit ses examens, se fait des amis et décroche même le rôle principal dans la comédie musicale de l’école. Il est l’élève modèle, jusqu’à ce que son secret soit révélé.

    Mêlant animation, documentaire et reconstitution (l’imposteur prenant les traits d’Alan Cumming), ce film hybride vaut avant tout pour l’histoire qu’il conte et pour ce mélange des genres. Malheureusement, aussi fascinante soit cette histoire, les multiples répétitions des mêmes moments sous un angle différent finissent par devenir lassantes et insultantes pour l'intelligence du spectateur malgré l’inventivité indéniable de la réalisation.

    dinard festival du film britannique 2022,33ème dinard festival du film britannique,emily,frances o'connor,cinéma,dinard,cinéma britannique,film,films,festival de cinéma,festivals de cinéma

    Quant à Pirates de Reggie Yates, sixième film en compétition, il nous emmène un soir du Nouvel An 1999 lors duquel trois amis, jeunes adultes, s’aventurent dans les rues de Londres, déterminés à terminer l’année en beauté avant que leurs vies ne diffèrent irrémédiablement. Au volant d’une petite Peugeot 205, esquivant les petites amies et les gangs, Cappo, Two Tonne et Kidda sont prêts à tout pour se procurer des billets pour la meilleure fête du millénaire.

    Le ton décalé so britisth, l’enthousiasme débridé et communicatif de ses jeunes interprètes (qui auraient eux aussi mérité un prix d’interprétation collectif !), le rythme trépidant, tout cela dégage un charme certain malgré l’immaturité des protagonistes, et parfois du scénario. Reste, comme dans le film précédent, une bande-son extrêmement entraînante, joyeuse et réussie. Pirates est ainsi un hommage à cette musique et à une époque révolue, des cassettes audio et des vieux téléphones portables. Un feel-good movie qui exhale une vitalité rafraîchissante.

    dinard festival du film britannique 2022,33ème dinard festival du film britannique,emily,frances o'connor,cinéma,dinard,cinéma britannique,film,films,festival de cinéma,festivals de cinéma

    Enfin, je tenais à évoquer deux films iconoclastes projetés lors de cette 33ème édition, au premier rang desquels Les Banshees d’Inisherin de Martin McDonagh. Un conte funeste et funèbre présenté en avant-première mondiale à la Mostra de Venise 2022 où il a remporté le prix du meilleur scénario et pour lequel Colin Farrell a remporté la Coupe Volpi de la meilleure interprétation masculine.

    cinéma,dinard,dinard festival du film britannique,dinard festival du film britannique 2022,33ème édition,film,cinéma britannique,bretagne,festival de cinéma

    Sur Inisherin - une île isolée au large de la côte ouest de l'Irlande -, entre 1922 et 1923, en pleine guerre civile, deux compères de toujours, Padraic (Colin Farrell)  et Colm (Brendan Gleeson), se retrouvent dans une impasse lorsque Colm décide du jour au lendemain de mettre fin à leur amitié. Abasourdi, Padraic n’accepte pas la situation et tente par tous les moyens de recoller les morceaux, avec le soutien de sa sœur Siobhan et de Dominic, un jeune insulaire un peu dérangé. Mais les efforts répétés de Padraic ne font que renforcer la détermination de son ancien ami et lorsque Colm finit par poser un ultimatum désespéré, les événements s’enveniment et vont avoir de terribles conséquences.

    Après ses deux oscars pour 3 Billboards en 2018, Martin McDonagh retrouve les deux acteurs de son premier film, Bons baisers de Bruges, Colin Farrell et Brendan Gleeson film dans lequel se trouvait déjà ce mélange détonant d’humour et de noirceur. La guerre reste hors-champ mais l’atmosphère lourde qui imprègne l’île est celle d’une violence latente. L’incongruité de la situation et du postulat imposé par Colm à son ex-ami instille un malaise qui va crescendo et, au fil des minutes, le rire caustique se teinte de plus en plus d’angoissante gravité. L’isolement de cette île aux paysages époustouflants instaure un climat d’étrangeté avec ses autochtones peu affables entre un policier qui violente son fils, une épicière un peu trop curieuse et une vieille femme aux airs de sorcière métaphorisant la Mort. Padraic s’occupe de ses animaux (véritables personnages ici) mais le reste de son temps il ne fait pas grand-chose si ce n’est, normalement, bavarder au pub avec Colm (ou plutôt l’abreuver de bavardages abscons selon les dires de ce dernier). Colm préfère désormais écrire de la musique. L’équilibre des lieux semble bien fragile et, par son attitude absurde et résolue, Colm va venir le déstabiliser. Seule Siobhan semble agir avec raison et faire la seule chose qui s'impose : quitter ces lieux nocifs. Le drame prend peu à peu le pas sur la légèreté jusqu’à une certaine radicalité qui confine à la folie. Le film est parfois aussi aux frontières du fantastique. Mais ne rentre finalement dans aucun genre. Cette île est un reflet d’un monde dépassé par la violence forcément aussi absurde que le climat menaçant qui règne sur cette île que symbolise le comportement de Colm qui en devient alors l’allégorie. Le ton si singulier du film en constitue la richesse, portée par des comédiens exceptionnels, des premiers aux secondes rôles. Une fable tantôt caustique, tantôt tragique, constamment déroutante.

    Parmi les incontournables moments forts de cette édition, il ne fallait pas manquer The Gallery de Paul Raschid, une véritable expérience en exclusivité à Dinard, projeté en présence de Paul Raschid et George Blagden. Le film a en effet été projeté pour la première fois en version intégrale dans une salle de cinéma…avec 18 fins possibles ! Une séance interactive particulièrement ludique qui a enthousiasmé les festivaliers et qui, loin d’être vaine, explore astucieusement l’idée du libre-arbitre.

    cinéma,dinard,dinard festival du film britannique,dinard festival du film britannique 2022,33ème édition,film,cinéma britannique,bretagne,festival de cinéma

    Un marchand d'art est pris en otage par un portraitiste qui menace de faire exploser une bombe si ses exigences, qui changent constamment, ne sont pas satisfaites... Le public doit alors choisir entre un protagoniste masculin qui évoluera en 2021, et un protagoniste féminin en 1981. En votant à des instants clés, le spectateur décide de la suite de l’histoire ; la vie du protagoniste en dépend. Les rôles principaux de Morgan et Dorian sont joués par les deux mêmes acteurs dans les différentes versions. Ce film interactif investit un nouveau territoire, entre le cinéma et le jeu.

    L’histoire se déroule ainsi en 1981 puis en 2021 et s’adapte parfaitement aux enjeux de chaque époque. En 1981, l’Angleterre est celle de Thatcher  avec des troubles civils. Le personnage dont le spectateur guide les décisions est la conservatrice Morgan Haynes (Anna Popplewell). Elle s’apprête à exposer le portrait d’une personnalité politique réalisé par une artiste reconnue : Nicki Dryden-Smith (Rebecca Root). La veille, Dorian (George Blagden) s’introduit dans la galerie et la prend en otage. Dans la seconde version, l’Angleterre est celle du Brexit. Le pays est donc à nouveau divisé mais pour d’autres raisons cette fois. L’épidémie de Covid est aussi largement prise en compte. Le conservateur sur les décisions duquel nous influons est Morgan Haynes (George Blagden) qui expose le portrait d’une influenceuse. Cette fois, c’est une femme (Anna Popplewell) qui prend le galeriste en otage. Anna Popplewell et George Blagden. Popplewell sont particulièrement impressionnants, et la réussite de l'expérience tient sur leurs épaules et à la riche palette de leur jeu, aidée par des décors et costumes parfaitement en adéquation avec les différentes époques. Une expérience à vivre en festival !

    L’éloge de l’étrangeté. Ainsi pourrait-on résumer les films de cette édition. Et dans un monde et un cinéma de plus en plus aseptisés, cette irrévérence toute britannique, cette exploration des méandres de l’âme, jusqu’aux frontières de l’irrationnel, fait un bien fou.

    Quitter un festival, c’est toujours pour moi éprouver une foule de sentiments contradictoires, une sorte de joie teintée de nostalgie. Une joie nostalgique alors, doux oxymore. La nostalgie de quitter une sensation de jubilatoire irréalité. Mais c’est aussi la joie de retrouver le cocon de l’écriture, le plaisir inestimable de laisser les mots s’élancer dans le silence et me laisser transporter par leur musique, telle que l’entendait Stendhal :

    « il faut que la musique commence par nous égarer pour nous faire regarder comme des possibles des choses que nous n’osions espérer ».

    Oui, cette musique-là des mots celle qui nous laisse croire en l’impossible et nous égarer avec délices, et être qui l’on peut oser être, peut-être ainsi donc : tourmentée, impétueuse, romanesque, flamboyante, rebelle, étrange, exaltée. Revenir à Dinard c’est toujours plonger dans un bain de cinéma et de souvenirs teintés de nostalgie, et déplorer alors que le temps file comme cette mer couleur émeraude monte : à la vitesse d’un cheval au galop. Mais aussi, entre les volutes du passé et du cinéma, être à Dinard, c’est surtout respirer à pleins poumons l'air malgré tout consolant de la fameuse mer galopante. Et se laisser emporter par la puissance des rêves qu'elle insuffle.

    En complément :

    - le site officiel du festival

    cinéma, Dinard, Dinard Festival du Film Britannique, Dinard Festival du Film Britannique 2022, 33ème édition, film, cinéma britannique, Bretagne, festival de cinéma

    - une nouvelle intitulée À l'ombre d'Alfred qui a pour cadre le Festival de Dinard, à retrouver dans mon recueil de 16 nouvelles sur les festivals de cinéma, Les illusions parallèles – Editions du 38 – 2016 .  Pour avoir un aperçu de ce recueil, je vous invite à écouter, Un certain 14 novembre, une des 16 autres nouvelles de ce recueil enregistrée en podcast, ici.

    cinéma,dinard,dinard festival du film britannique,dinard festival du film britannique 2022,33ème édition,film,cinéma britannique,bretagne,festival de cinéma

    cinéma, Dinard, Dinard Festival du Film Britannique, Dinard Festival du Film Britannique 2022, 33ème édition, film, cinéma britannique, Bretagne, festival de cinéma

    Photo ci-dessus prise lors de ma séance de dédicaces à la Librairie Nouvelles Impressions de Dinard pendant l'édition 2016 du Festival du Film Britannique.

    - un texte sur mes souvenirs de jurée au festival dans le livre des 20 ans du festival, Flashback, en 2009,

    cinéma, Dinard, Dinard Festival du Film Britannique, Dinard Festival du Film Britannique 2022, 33ème édition, film, cinéma britannique, Bretagne, festival de cinéma

    - mais aussi, quelques années plus tard, en 2021, dans le livre 125 ans de cinéma au Pays de Dinard.

    cinéma, Dinard, Dinard Festival du Film Britannique, Dinard Festival du Film Britannique 2022, 33ème édition, film, cinéma britannique, Bretagne, festival de cinéma

    - mon compte-rendu de l’édition 2016 du Festival de Dinard

    - mes nouvelles qui ont pour cadre Dinard enregistrées en podcast, à écouter sur Spotify en suivant les liens ci-dessous :

    Les traits assassins

    Eperdument

    Un remerciement particulier à Gilles Lyon-Caen, attaché de presse du festival, pour l'organisation et l'accueil, parfaits.

    À bientôt pour de nouvelles aventures cinématographiques, réelles ou romanesques…!

    PALMARES du 33ème DINARD FESTIVAL DU FILM BRITANNIQUE

    dinard festival du film britannique 2022,33ème dinard festival du film britannique,emily,frances o'connor,cinéma,dinard,cinéma britannique,film,films,festival de cinéma,festivals de cinéma

    PRIX DU JURY | JURY PRIZES

    Hitchcock d’Or Ciné+ | Best Film

    Emily de Frances O’Connor

    Hitchcock de la meilleure interprétation | Best Performance

    Emma Mackey pour Emily

    Prix spécial du jury Barrière | Special Prize

    The Almond and the Seahorse de Celyn Jones & Tom Stern

    Prix d’interprétation collectif | Best Ensemble

    All my Friends Hate Me de Andrew Gaynord

    PRIX DU PUBLIC | AUDIENCE AWARDS

    Hitchcock du public long-métrage | Public Prize Hitchcock, Feature Film

    Emily de Frances O’Connor

    Hitchcock du public shortcuts | Public Prize Hitchcock, Best Short

    Rat de Sarah Gordon

    cinéma,dinard,dinard festival du film britannique,dinard festival du film britannique 2022,33ème édition,film,cinéma britannique,bretagne,festival de cinéma

    dinard festival du film britannique 2022,33ème dinard festival du film britannique,emily,frances o'connor,cinéma,dinard,cinéma britannique,film,films,festival de cinéma,festivals de cinéma

  • Nouvelles couvertures de mes livres publiés par Les Editions du 38

    nouvelle couverture l'âmor dans l'âme de Sandra Mézière - Editions du 38.jpg

     

    Je suis heureuse de vous présenter la maquette de la nouvelle couverture de mon roman "L'amor dans l'âme", l'occasion pour moi de vous raconter pourquoi ce roman est si important pour moi.

    En effet, à l'occasion de la transformation de sa collection page 38 qui devient "38 Lignes blanches", mon éditeur Les Éditions du 38 vient de dévoiler cette nouvelle couverture, une collection ainsi définie sur la page Facebook de ma maison d'édition.

    "Des lignes blanches, pour une littérature éponyme qui donne à lire des écritures exigeantes, des textes forts, des mots d’aujourd’hui, portés par des auteurs qui créent, racontent, partagent. Des romans, des recueils de nouvelles, de la littérature contemporaine qui se décline en lignes poétiques, romanesques, philosophiques, des lignes qui bousculent parfois, qui enchantent toujours."

    Si, surtout, j'espère que cette couverture donnera envie de découvrir ce roman à ceux qui ne l'ont pas encore lu et s'il est important pour moi que vous découvriez ce roman, c'est parce que :

    -c'est une déclaration d'amour fou au cinéma,

    -c'est une déclaration d'amour fou tout court,

    -c'est un premier roman avec tout ce que cela comporte de personnel, d'inconscience, de sincérité, d'excès, de déraison,

    -c'est ma vérité légèrement mensongère,

    -c'est un cri de colère contre l'indifférence et contre cette société qui zappe tout si facilement,

    -c'est le livre que j'aimerais donner à lire (d'un geste dédaigneux comme un dernier bon mot dans un silence fracassant, le dernier mot même, bon, ça, c'est dans la fiction:)) à tous ceux qui se méprennent sur ce sourire, revendiqué, mais aussi aux cyniques, aux sinistres et aux revanchards, ou encore aux téméraires qui invectivent dissimulés derrière leurs écrans, et à ceux si prompts à juger si facilement, parce que l'essentiel est là et nulle part ailleurs, et le reste qu'apparences, bref à tous ceux qui, enfermés dans leurs confortables préjugés, forcément, ne le liront pas,

    -c'est une si belle aventure qui m'a permis de rencontrer de magnifiques âmes blessées et de nouer de formidables échanges et amitiés,

    -c'est un labyrinthe qui vous embarquera peut-être plus loin que vous ne le pensiez, entre intrigue policière, histoire d'amour et plongée dans un festival de cinéma et dans la passion, dévorante, du cinéma,

    -c'est un livre dicté par l'envie d'écrire sur le deuil, écrit la mort dans l'âme,

    -c'est un voyage au cœur du plus grand festival de cinéma au monde auquel j'assiste depuis 18 ans qui vous embarquera ailleurs, là-bas et dans les méandres de tragiques et romanesques destinées,

    -c'est un hommage à mon héros,  aux silencieux si courageux qui comme lui luttent contre ce que que certains préfèrent nommer longue maladie (ce qui m'horripile) plutôt que par son nom de cancer mais aussi à cette autre armée des ombres qui, aussi silencieuse, combat cette invincible tristesse liée à l'intolérable absence,

    -parce que, enfin, c'est un premier roman, écrit avec passion, avec colère, avec ferveur, une fiction certes mais écrite avec une folle sincérité, le premier roman, celui peut-être dans lequel on met le plus de soi, celui en tout cas dans lequel j'ai mis tant de moi...

    Merci à mon éditrice Anita Berchenko pour sa confiance et sa bienveillance, si précieuses, et pour un beau jour de m'avoir permis de réaliser et poursuivre ce rêve d'enfance de devenir romancière en étant publiée, et à sa graphiste de grand talent pour cette magnifique nouvelle couverture.

    Et pour le résumé de "L'amor dans l'âme", c'est ici sur le site officiel de mon éditeur sur lequel vous pouvez commander le roman (en papier ou numérique) mais aussi dans n'importe quelle librairie, ou encore sur Fnac, Amazon etc.

    Enfin, vous trouverez des avis sur le roman "L'amor dans l'âme", notamment sur Amazon (ici ) et Fnac (là) des avis qui, je l'espère, achèveront de vous convaincre de me lire. Vos avis y sont aussi les bienvenus.

    les illusions parallèles 9.jpg

    La couverture des "Illusions parallèles", mon recueil de 16 nouvelles sur les festivals de cinéma, a également été magnifiquement recréée, à découvrir ici.

    Retrouvez également les photos de ma dernière rencontre dédicace, à la librairie "Jusqu'aux lueurs de l'aube" de Deauville, dans mon compte rendu du Festival du Cinéma Américain de Deauville 2018, ici.

    Retrouvez enfin tous les articles sur mon actualité de romancière, là.

  • Mon recueil de nouvelles noté 5/5 et coup de coeur d'un blog littéraire

     

    recueil de nouvelles - blog.png

    Voici une nouvelle critique de mon recueil de 16 nouvelles sur les festivals de cinéma "Les illusions parallèles" publiée ce jour sur un blog littéraire (cliquez sur l'image ci-dessus pour y accéder). Merci à sa rédactrice pour ce coup de cœur et ce 5/5 sur son blog "Des plumes et des livres !"
     
     
     
    Et pour ceux qui ne l'auraient pas encore, il est toujours disponible : chez mon éditeur Les éditions du 38, en librairie directement ou à la commande, chez Amazon, Fnac...
     
     
    Et bien sûr n'hésitez pas à laisser votre avis sur Amazon, Fnac, Babelio etc.
  • LES ILLUSIONS PARALLELES - nouvelle critique

    Une nouvelle critique élogieuse de mon recueil de 16 nouvelles sur les festivals de cinéma "Les illusions parallèles". Un immense merci à Annie et Kristel pour cette belle critique que vous pouvez lire sur leur blog, ici.

    Les illusions parallèles critique.jpg

    Couverture et quatrième de couverture Les illusions parallèles (2).png

  • Les hommages du 43ème Festival du Cinéma Américain de Deauville à Laura Dern, Michelle Rodriguez et Jeff Goldblum

    affichedefinitiveDeauville2017.jpg

    Nous savions déjà que le 43ème Festival du Cinéma Américain de Deauville aurait lieu du 1er au 10 septembre, que ses jurys seraient présidés par Michel Hazanavicius et Emmanuelle Bercot.  Viennent d'être annoncés trois hommages qui illumineront la programmation du festival et notamment un hommage à une actrice que le festival avait révélé en 2000 et aujourd'hui mondialement connue, nous rappelant que si le festival de Deauville sait mettre à l'honneur les acteurs d'hier, il sait aussi révéler de nouveaux talents par le truchement de sa compétition depuis 1995. J'en profite également pour vous rappeler que je vous fais actuellement gagner vos pass pour le festival, ici, et prochainement des invitations pour la clôture.

    Le festival rendra hommage à LAURA DERN en sa présence.

    lauradern.jpg

     Voici le communiqué de presse du festival :"Muse lynchéenne par excellence, Laura Dern éclaire par son charisme empreint de mystère les œuvres du cinéaste : Blue Velvet en 1986, Sailor et Lula – Palme d'or au Festival de Cannes en 1990, Inland Empire en 2006, et très récemment la série Twin Peaks.

    Avec plus de soixante films à son actif, Laura Dern a illuminé les œuvres de réalisateurs tels qu'Arthur Hiller, Steven Spielberg, Peter Bogdanovich ou Robert Altman. Sublime dans Un monde parfait de Clint Eastwood, elle a récemment joué dans The Master de Paul Thomas Anderson, ou encore dans la série Big Little Lies. Elle sera prochainement à l'affiche de Star Wars, épisode VIII : Les Derniers Jedi. "

    Le festival rendra hommage à Jeff Goldblum en sa présence.

    jeffgoldblum.jpg


    Voici le communiqué de presse du festival à ce sujet : "Figure iconique des succès planétaires que furent La Mouche de David Cronenberg, Jurassic Park de Steven Spielberg, Independance Day de Roland Emmerich, ou Annie Hall de Woody Allen, Jeff Goldblum démarre sa carrière sous l'égide de réalisateurs tels que Robert Altman, Philip Kaufman, John Landis, ou encore Lawrence Kasdan, avec qui il fera deux de ses plus beaux films. Son élégance et sa photogénie accrochent le regard des metteurs en scène, qui ont su capter l'émotion de ses performances.

    Prochainement, il retrouvera le cinéaste Wes Anderson, en prêtant sa voix au film d'animation Isle of Dogs, et sera à l'affiche du nouveau volet de la saga Jurassic World.  "

    Le Festival rendra hommage à Michelle Rodriguez en sa  présence.

    rodriguez.jpg

    Voici le communiqué de presse du festival : "Révélée par le Festival de Deauville en 2000, Michelle Rodriguez crève l'écran dans son rôle de boxeuse dans Girlfight de Karyn Kusama. Sa performance, et la sincérité de son interprétation, contribuent grandement à l'attribution du Grand Prix, décerné cette année-là au film de Karyn Kusama.  Le film et son actrice incarnent toute une génération en quête d'émancipation, et en deviennent le symbole. Michelle Rodriguez n'aura de cesse de se tourner vers des rôles de femmes indépendantes et fortes, véritables héroïnes de cinéma : dans Fast and Furious de Rob Cohen, S.W.A.T de Clark Johnson, Resident Evil de Paul W.S. Anderson et Avatar de James Cameron.

    Prochainement, elle sera à l'affiche de Widows, le nouveau film du réalisateur oscarisé Steve McQueen. "

  • "Les illusions parallèles" à l'honneur sur la chaîne Youtube d'une célèbre booktubeuse

    book4.png

    En attendant mon compte rendu du Festival de Cannes (qui sera sans doute plus long que prévu, toujours en cours d'écriture), la vidéo d'une Booktubeuse que j'apprécie à propos de mon recueil de nouvelles "Les illusions parallèles" et qui me réjouit doublement, parce que j'apprécie ses vidéos (elle parle avec autant de passion de romans contemporains que de classiques) mais aussi parce que je m'y retrouve avec le livre de l'un de mes auteurs préférés, Françoise Sagan. Que demander de mieux ? (Chronique sur "Les illusions parallèles" à partir de 12 min 40).

     

  • La sélection officielle du 70ème Festival de Cannes commentée

    conférence Cannes 4

    confcannes

    Hier matin avait lieu la conférence de presse du Festival de Cannes 2017 lors de laquelle a été annoncée la sélection officielle, comme chaque année un évènement très attendu des cinéphiles et festivaliers, a fortiori cette année puisque le festival célèbrera ses 70 ans. J’ai du mal à croire qu’il s’agira déjà de mon 17ème Festival de Cannes depuis ma première participation grâce au prix de la jeunesse en 2001.  Je me souviens encore de mon émotion  indicible lorsque j’étais entrée dans le Grand Théâtre Lumière la première fois. Depuis, à Cannes, tant d’autres émotions, tant de souvenirs inénarrables, tant d'incroyables découvertes cinématographiques. Je me souviens encore des mémorables festivités du 60ème et du 65ème…

    ces années-là

    Vous pourrez ainsi me suivre en direct du festival sur mes blogs Inthemoodforcinema.com et Inthemoodforfilmfestivals.com et bien sûr sur mon blog consacré au festival Inthemoodforcannes.com sur lequel vous pourrez d’ores et déjà trouver de nombreuses informations sur le festival. Vous pourrez aussi me suivre en direct du festival sur mes réseaux sociaux : twitter (@Sandra_Meziere /@moodforcannes), instagram (@sandra_meziere), et sur la page Facebook Inthemoodforcannes.com (http://facebook.com/inthemoodforcannes.com). Vous pouvez aussi d’ores et déjà plonger dans l’atmosphère du festival avec mon premier roman « L’amor dans l’âme » publié aux Editions du 38 et dont l’intrigue se déroule dans le cadre du Festival de Cannes et mon recueil de 16 nouvelles sur les festivals de cinéma « Les illusions parallèles » qui comprend aussi deux nouvelles sur Cannes, publié par le même éditeur. Ici, quelques critiques qui, peut-être, sauront vous convaincre de découvrir ces livres qui sont aussi et avant tout des déclarations d'amour au cinéma, aux festivals et évidemment au Festival de Cannes. Puisque de livres il est question, sachez également que pour sa 70ème édition, le festival publie "Ces années-là", l'histoire du festival racontée par des critiques de cinéma du monde entier. Un livre écrit sous la direction de Thierry Frémaux avec une préface de Pierre Lescure. A paraître le 10 mai 2017 aux Editions Stock.

    roman90

    Couverture et quatrième de couverture Les illusions parallèles (2)

    Quatrième de couverture et couverture L'amor dans l'âme

    Comme chaque année, devant un parterre de journalistes impatients et de toutes nationalités, c’est au délégué général du festival Thierry Frémaux et au président Pierre Lescure qu’est revenue la tâche de révéler la sélection officielle, depuis l'UGC Normandie,  sur les Champs-Élysées.

    Pierre Lescure a d’abord rappelé que ce festival serait comme toujours « un moment suspendu », cette édition ayant en effet lieu entre l’élection présidentielle et les législatives. « Ce sera un moment politique », a-t-il ajouté. « Cette 70ème édition va se trouver dans un contexte historique français et international intéressant ». Il a également souhaité une édition « stable, festive » tandis que Thierry Frémaux a prôné un festival 2017 « joyeux, collectif, humain ».  A propos de politique, rôle et résonance qu’on attribue toujours au festival (et ce fut d’ailleurs à nouveau le cas avec la palme d’or 2016), Thierry Frémaux a tenu à préciser : « On dit souvent que le festival est politique. Ce n'est pas nous qui sommes politiques mais les auteurs qui le sont ».  Le « Festival de Cannes reste dédié à l'art et au 7ème art.  Mais c'est aussi une  promesse du vivre ensemble » a également ajouté Thierry Frémaux.

    conférence Cannes 3

    Ce dernier a également évoqué le cornélien puzzle qu’a représenté la constitution de cette sélection officielle 2017. «  Quand on construit une compétition avec une part non négligeable de gens habitués, quand ils sont moins nombreux, vous ne trouvez pas de quoi faire une compétition du niveau de celle de Cannes. » «Cette année, la compétition s'est dessinée tardivement » a-t-il également précisé ajoutant que « sont beaucoup évoqués dans les films l'exaltation et le manque du vivre ensemble ». « Ce festival, on avait l'intention qu'il soit sinon une parenthèse, au moins une respiration » a également insisté Pierre Lescure. Indéniablement, même s’il est chaque année une fenêtre ouverte sur le monde, même s’il se fait l’écho de ses drames, de ses blessures, de ses colères, parallèlement, le festival est aussi une parenthèse dans sa course effrénée.

    c47

    almodovar

    Nous savions déjà que cette édition se déroulerait du 17 au 28 Mai 2017, que le cinéaste espagnol Pedro Almodovar en serait le président du jury (lui qui n’a jamais eu la palme d’or et l’aurait méritée tant de fois), que la tourbillonnante affiche mettait en scène la somptueuse et lumineuse actrice Claudia Cardinale, que Monica Bellucci sera la maîtresse des cérémonies du Festival, que  Sandrine Kiberlain présiderait le jury de la Caméra d'or et Cristian Mungiu celui de la compétition des courts métrages et de la Cinéfondation (toujours présidée par Gilles Jacob qui l'a fondée, l'occasion de vous recommander son excellent livre "Un homme cruel"). Quant à la sélection de la Quinzaine des réalisateurs, elle sera annoncée le 20 avril et celle de la Semaine de la critique le 24 avril.

    affichecannes2017

    quinzaine3

    semaine5

    Le festival a reçu (et visionné) cette année 1930 longs-métrages parmi lesquels ont été sélectionnés 49 longs métrages provenant  de 29 pays différents et 9 premiers films en sélection officielle. 12 réalisatrices figurent également dans la sélection, a précisé Thierry Frémaux, devançant les habituelles remarques à ce sujet.

    Concernant les évènements liés à cet anniversaire, nous en saurons plus dans les jours à venir. Thierry Frémaux a d’ores et déjà annoncé que Cannes classics offrirait une programmation dédiée à des films et documentaires en lien avec l’histoire du festival…et vous savez à quel point j’aime cette section du festival. Cette année, je la couvrirai tout particulièrement. « Une grande partie des films sélectionnés pour Cannes Classics font partie de l'histoire du festival, à commencer par La bataille du rail », a également annoncé le délégué général du festival.

    batailledurail

    18 films seront en lice pour la palme d’or et pour succéder à « Moi Daniel Blake » de Ken Loach, des films réalisés par : Michael Haneke, François Ozon, Michel Hazanavicius, Jacques Doillon, Sofia Coppola, Fatih Akin, Noah Baumbach, Bong Joon-Ho, Robin Campillo, Todd  Haynes, Hong Sangsoo, Naomi Kawase, Yorgos Lanthimos, Sergei Loznitsa, Kornel Mundruczo,Lynne Ramsay, Benny Safdie et Josh Safdie, Andrey Zvyangintsev.

    carne y arena

    Thierry Frémaux a d’abord annoncé que pour la première fois le festival programmerait un  film en réalité virtuelle de quelques minutes, « Chair et sable », réalisé par Alejandro Gonzalez Inarritu. Cette technique emmènera le spectateur  "vers des espaces imaginaires et des mondes différents" promet Thierry Frémaux. « À partir de faits bien réels, les lignes qui semblent habituellement séparer le sujet observé de son observateur se trouvent ici brouillées quand chacun est invité à se déplacer à l’intérieur d’un vaste espace, en suivant des réfugiés et en en vivant intensément une partie de leur périple. « CARNE Y ARENA » utilise ainsi de façon totalement inédite la technologie virtuelle la plus sophistiquée pour créer un espace infini de narrations multiples peuplé de personnages réels. Installation expérimentale et visuelle, « CARNE Y ARENA » est une expérience à vivre en solo pendant 6 minutes 30. Elle est proposée par Alejandro G. Iñárritu et son équipe de fidèles collaborateurs parmi lesquels son directeur de la photographie déjà récompensé de trois Oscars Emmanuel Lubezki, la productrice Mary Parent ou l’équipe de ILMxLAB. » Après « The Revenant », nous attendons avec impatience cette nouvelle réalisation qui promet d’être singulière.

     Au programme également cette année, des séries  avec d’abord « Top of the Lake » de Jane Campion, l’occasion de retrouver à Cannes la seule femme ayant obtenu la palme d’or (en 1993 pour "La leçon de piano"), mais aussi deux épisodes de la troisième saison tant attendue de « Twin Peaks » de David Lynch. «C'est parce que ces deux séries sont signées Lynch et Campion que nous montrons leurs films, c'est une façon de donner des nouvelles de quelques cinéastes qui nous sont chers», a ainsi déclaré Thierry Frémaux.

    Thierry Frémaux a également annoncé des « séances plus spéciales », car liées au 70ème anniversaire parmi lesquelles un hommage à Wajda (avec notamment la présence de Lech Walesa), la présentation d’un film posthume d’Abbas Kiarostami. Kristen Stewart, quant à elle, montrera un court-métrage qu'elle a réalisé, intitulé « Come Swim ». Ces séances sont annoncées comme des événements du 70ème anniversaire ainsi que les séries précédemment évoquées.

    les fantômes d'ismaël

    C’est le nouveau film d’Arnaud Desplechin, « Les Fantômes d’Ismaël », avec Charlotte Gainsbourg et Marion Cotillard, qui ouvrira ce 70ème festival, hors compétition, après le réjouissant « Café Society » de Woody Allen l’an passé. Synopsis : Ismaël Vuillard fabrique des films. Celui qu’il invente en ce moment est le portrait d’Ivan, un diplomate atypique inspiré de son frère. Avec Bloom, son maître et beau-père, Ismaël pleure encore la mort de Carlotta, disparue il y a vingt ans. Aux côtés de Sylvia, Ismaël s’est inventé une nouvelle vie, lumineuse; mais un jour, Carlotta, déclarée officiellement morte, revient. Sylvia s’enfuit ; Ismaël rejette Carlotta. Sa raison semble vaciller et il quitte le tournage pour retrouver sa maison familiale à Roubaix. Là, il s’enferme, assailli par ses fantômes. Jusqu’à ce que la vie s’impose à lui…

    haneke

    Avec « Happy end », un titre quelque peu ironique quand on connaît le cinéma du réalisateur autrichien, Michael Haneke pourrait obtenir une troisième palme d’or après celles obtenues pour « Le ruban blanc » en 2009 et « Amour » en 2012 et  pour ce qui est annoncé comme un drame sur les migrants de Calais dans lequel jouent notamment Jean-Louis Trintignant, Mathieu Kassovitz et Isabelle Huppert, plus précisément le portrait d’une famille bourgeoise française installée à Calais, non loin d’un camp de migrants.

    De retour également sur la Croisette, le Russe Andrey Zvyagintsev avec « Loveless » mais aussi le Grec Yorgos Lanthimos qui nous avait tant décontenancé et enthousiasmé en 2015 avec "The Lobster ". Son film s’intitule cette fois « Mise à mort du cerf sacré »  et mettra à nouveau en scène Colin Farrell.

    proies

    Parmi les autres films attendus, celui de Sofia Coppola, « Les Proies » (The Beguiled), une adaptation du roman de Thomas Cullinan, avec Colin Farrell, Nicole Kidman, Elle Fanning et Kirsten Dunst.

    Le cinéma américain sera représenté par Sofia Coppola mais aussi par Noah Baumbach (« The Meyerowitz Stories » acquis par Netflix), Todd Haynes pour « Wonderstruck » et les frères Safdie pour « Good Time » avec Robert Pattinson une « histoire de braquage » a annoncé Thierry Frémaux.

    robert pattinson

    Côté films français, la sélection est particulièrement prestigieuse et alléchante avec le retour à Cannes de François Ozon avec « L’Amant double » que j'attends tout particulièrement (après « Frantz » LE film de l’année 2016 dont vous pouvez retrouver ma critique, ici), en compétition pour la troisième fois à Cannes (après « Swimming Pool » et « Jeune et jolie »), avec un thriller « hitchcockien », " entre  De Palma et Cronenberg ", selon les termes de Thierry Frémaux,  un film interprété par Marine Vacth, Jérémie Rénier et Jacqueline Bisset. Le film raconte l’histoire de Chloé, une jeune femme fragile et dépressive, qui entreprend une psychothérapie et tombe amoureuse de son psy. Quelques mois plus tard, ils s’installent ensemble mais elle découvre que son amant lui a caché une partie de son identité.

    Michel Hazanavicius sera également de retour avec « Le Redoutable » (dans lequel Louis Garrel interprète le rôle de Jean-Luc Godard) après « The Search » en 2014 et « The Artist » en 2009 (prix d’interprétation masculine pour Dujardin). Robin Campillo sera également en lice avec « 120 Battements par minute ». Robin Campillo est scénariste et monteur notamment de la palme d’or réalisée par Laurent Cantet, « Entre les murs ». Il met ici en scène Adèle Haenel dans ce qui est annoncé comme une chronique du combat d’Act Up dans la France des années 90 au pic de l’épidémie du sida.

    rodin1

     Enfin, Jacques Doillon sera de retour à Cannes avec le très attendu « Rodin », un biopic sur le sculpteur interprété par Vincent Lindon, prix d’interprétation du Festival de Cannes 2015 pour " La loi du marché" de Stéphane Brizé.

    Côté cinéma asiatique nous retrouverons la cinéaste japonaise Naomi Kawase et les Coréens Hong Sang-soo et Bong Joon-ho.

    Fouleront notamment le tapis rouge :  Nicole Kidman (incontournable avec 4 films cette année dont « Les Proies » de Sofia Coppola,  « How to Talk to Girls at Parties » de John Cameron Mitchell et la deuxième saison de la série de Jane Campion « Top of the Lake »),  Robert Pattinson, Vincent Lindon, Isabelle Huppert, Jean-Louis Trintignant, Louis Garrel, Adèle Haenel, Joaquin Phoenix, Colin Farrell, Julianne Moore, Kirsten Dunst, Elle Fanning…

    visages villages

    Ce 70ème anniversaire nous promet aussi une belle sélection de documentaires qu’il me tarde également de découvrir. Hors compétition, Agnès Varda et le plasticien JR présenteront  ainsi « Visages, villages ». Raymond Depardon montrera en séance spéciale son documentaire « Douze Jours » sur l’internement d’office, Claude Lanzmann présentera « Napalm », un film sur la Corée du Nord et enfin Al Gore proposera son nouveau film sur le climat intitulé «  An Inconvenient Sequel. »

    Dans la section «Un Certain regard» seront programmés : Cecilia Atan et Valeria Pivato,  Kantemir Balagov, Kaouther Ben Hania, Laurent Cantet, Sergio Castellitto, Michel Franco, Valeska Grisebach, Stephan Komandarev, Gyorgy Krystof, Kiyoshi Kurosawa, Karim MoussaouiMohammad Rasoulof, Léonor Serraille, Taylor Sheridan, Annarita Zambrano.

    Le nouveau film réalisé par Mathieu Amalric sera projeté en ouverture. Il s'intitule «  Barbara », un film sur un metteur en scène qui veut faire un film sur la chanteuse Barbara.

    Le film projeté le dernier dimanche soir du festival sera, comme l’an passé, la palme d’or.

    Comme chaque année, s’ajouteront  prochainement quelques films en sélection officielle. Le jury sera également annoncé dans les jours à venir. Thierry Frémaux a annoncé ce matin la présence de Jessica Chastain dans le jury.

    Au regard de l’actualité (l’élection présidentielle aura lieu quelques jours avant l’ouverture et le nouveau gouvernement sera tout juste nommé), et de l’anniversaire que célébrera Cannes, cette édition sera forcément et comme toujours singulière. Et comme toujours également, j’ai hâte de vibrer pour les films qui seront projetés et de vous faire partager mon enthousiasme "in the mood for Cannes" !

    Pour d'autres informations: consultez l'excellent site officiel du Festival de Cannes.

    Retrouvez mon compte rendu du Festival de Cannes 2016, ici.

    Retrouvez toutes mes bonnes adresses à Cannes pour préparer au mieux votre séjour, ici.

     La sélection officielle du 70ème Festival de Cannes

    Compétition officielle

    competition

    Un Certain Regard

    Un Certain Regard

    hors compethors compet 2

    Les courts métrages

    court métrage

    La Cinéfondationcinéfondation 2017