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IN THE MOOD FOR CINEMA - Page 80

  • A savourer sans modération : le DICTIONNAIRE AMOUREUX DU FESTIVAL DE CANNES de Gilles Jacob (Plon)

     

    Dictionnaire amoureux du Festival de Cannes de Gilles Jacob - Plon.gif

    Qui mieux que Gilles Jacob pouvait écrire un dictionnaire amoureux du Festival de Cannes, lui qui en connaît les arcanes mieux que nul autre pour l’avoir fréquenté depuis 1964  « 52 fois 3 semaines, 5 ans » de sa vie, comme journaliste, comme directeur, comme président,  lui dont chaque livre est une déclaration d’amour au cinéma et à ceux qui le font ? Personne, sans aucun doute ! Ne vous laissez pas impressionner ou rebuter par ce mot de dictionnaire, n’oubliez pas l’adjectif amoureux qui lui est adjoint (cette collection comprend ainsi de nombreux ouvrages qui vont de l’architecture à la politique en passant par les chats, Versailles, Mozart..., à chaque fois écrits par des spécialistes dans ces domaines). Dans chaque page palpite et transpire ainsi cet amour éperdu, et non moins lucide, du cinéma, de ses artistes et de ses artisans. C’est d’ailleurs le point commun à chacun des livres de Gilles Jacob, qu’il s’agisse de romans, d’autobiographies, d’échanges épistolaires, réels ou imaginaires avec, aussi, cet amour des mots avec lesquels il jongle malicieusement qui nous emportent dans une valse étourdissante, la valse dont il possède l’élégance qui imprègne ce livre. Plus qu’un dictionnaire, il s’agit ici d’histoires amoureuses du cinéma et même d’Histoire, la grande, qui souvent s’invite au festival et dans ces pages. C’est instructif comme le serait un dictionnaire. Mais c’est surtout captivant et ciselé comme le serait un roman.

    J’étais impatiente de me délecter de ce dictionnaire amoureux, après avoir savouré :

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     - La vie passera comme un rêve (2009 – Robert Laffont), autobiographie entre rêve et réalité dans laquelle s’entremêlent les lumières de la Croisette et les ombres mélancoliques de l’enfance, une (dé)construction judicieuse un peu à la Mankiewicz ou à la Orson Welles, un ouvrage assaisonné d’humour et d’autodérision à la Woody Allen.

    -  Les pas perdus (2013 – Flammarion), savoureux et mélodieux tourbillon de (la) vie, de mots et de cinéma, « en-chanté » et enchanteur dont  les pages exhalent et exaltent sa passion du cinéma mais aussi des mots, avec lesquels il jongle comme il y jongle avec les années, les souvenirs, les films. Avec une tendre ironie. Un voyage sinueux et mélodieux dans sa mémoire, une vie et des souvenirs composés de rêves et, sans doute, de cauchemars.

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    - Le Fantôme du Capitaine ( 2011 – Robert Laffont), une correspondance imaginaire, une soixantaine de lettres comme autant de nouvelles, une évasion pleine de fantaisie dans le cinéma et la cinéphilie, la littérature, et en filigrane une réflexion sur l'art, un  hommage à l’écriture, au pouvoir salvateur et jouissif des mots qui vous permettent les rêveries les plus audacieuses, les bonheurs les plus indicibles, et un hommage au pouvoir de l’imaginaire, à la fois sublime et redoutable, ce pouvoir qui fait « passer la vie comme un rêve ».

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    - Le Festival n’aura pas lieu ( 2015 – Grasset).  Un roman  qui vous emmène notamment sur le tournage de Mogambo sur lequel Lucien Fabas est envoyé en reportage en 1952, au Kenya, où il côtoie John Ford, Clark Gable, Ava Gardner et Grace Kelly.  Et quand Gilles Jacob y écrit à propos de son personnage Lucien Fabas, « Le bonheur de transmettre s’imposait à lui comme une évidence » on pense a fortiori après la lecture de ce Dictionnaire amoureux que ce personnage est loin de lui être étranger.

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    - J’ai vécu dans mes rêves (2015 – Grasset). Ping-pong jubilatoire entre deux rêveurs, passionnants passionnés de cinéma, Michel Piccoli et Gilles Jacob. Caustiques échanges épistolaires (je vous recommande tout particulièrement la lecture des morceaux choisis qui figurent à la fin du livre et qui vous donneront une idée de leurs joutes verbales) mais aussi  confidences sous forme de correspondance. Au gré des évocations des autres, c’est finalement le portrait de Piccoli qui se dessine. Sa liberté. Sa franchise. Sa complexité. Sa peur de paraître prétentieux. Ses blessures. Et surtout son amour immodéré pour son métier, sa passion plutôt en opposition à ses parents, son « contre-modèle », dont il regrette tant qu’ils en fussent dénués.

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    - Mon préféré, enfin, Un homme cruel (2016 - Grasset). Un voyage à travers une vie aussi romanesque que celles des personnages que Sessue Hayakawa (l’homme cruel) a incarnés. Une vie tumultueuse entre  Tokyo, Los Angeles, Monaco et Paris. La vie multiple d’un homme qui de star mondiale et adulée en passant par « agent péril jaune » pour la résistance française termina sa vie comme frère Kintaro, avec les moines bouddhistes. En paix, enfin. L’histoire de Sessue Hayakawa  est  surtout l’histoire vraie d’une star tombée dans l’oubli. L’éternelle histoire de la versatilité du public et du succès, de la gloire éblouissante et de l’oubli assassin.  C’est bien sûr cette dichotomie entre son être et l’image qui est passionnante mais aussi le portrait de l’être plus sensible, avec sa femme,  Tsuru Aoki.  Un homme cruel nous raconte aussi une passionnante histoire d’amour qui a surmonté le temps et la distance et le succès et les infidélités, et une autre, impossible, chacune révélant une autre facette du personnage. Gilles Jacob décrit magnifiquement les tourments de l'âme et du cœur, une autre histoire dans l'Histoire. C’est aussi un trépidant voyage dans l’Histoire du 20ème siècle qui nous fait croiser ses figures illustres : Claudel, Stroheim, et tant d’autres. Mais aussi les drames du 20ème siècle entre séisme meurtrier, racisme, guerre ("Sessue hait le racisme, la chasse aux migrants et aux réfugiés") là aussi tristement intemporels. Je n’ai pas résisté à l’envie de vous en dire à nouveau quelques mots tant ce livre m’avait enthousiasmée…

    Je me souviens encore à quel point j’avais le cœur en vrac après les dernières lignes d'Un homme cruel qui résonnaient en écho avec   "ce quelque chose plus fort que la mélancolie" dont Gilles Jacob parlait dans J’ai vécu dans mes rêves mais aussi en écho avec le chapitre  "Vieillir" dans Le festival n’aura pas lieu, un chapitre sur le temps ravageur, destructeur, impitoyable qui emporte tout, nous rappelant l’essentiel aux ultimes instants ou parfois même trop tard. Nous rappelant aussi la célèbre phrase de Mme de Staël en exergue du roman précité "La gloire, le deuil éclatant du bonheur." Ce petit flashback pour dire que c’est aussi tout cela que l’on retrouve dans ce dictionnaire amoureux, bien éloigné d’un dictionnaire classique donc… Comme dans ses précédents ouvrages, Gilles Jacob n’est jamais aussi passionnant lorsqu’il laisse la mélancolie affleurer, ou lorsque qu’il devine et dépeint celle des autres même si toujours l’humour, cette si bien surnommée "politesse du désespoir", vient judicieusement contrebalancer la mélancolie qui surgit.

    Chaque mot et chaque nom sont autant de déclarations d’amour enflammées et passionnantes au cinéma, caustiques, tendrement ironiques, admiratives, sincères, parfois délicatement saupoudrées de jeux de mots ou de regrets. Gilles Jacob porte sur chacun un regard à l’image de ce que le sien, pétillant, reflète : bienveillance et malice, affabilité et curiosité, élégance et ironie. S’il a surplombé pendant tant d’années les marches les plus convoitées et célèbres au monde, il n’a pas pour autant regardé ceux qui les gravissaient avec hauteur, ce qui n’empêche pas la clairvoyance et la facétie, souvent réjouissantes, ce qui ne l’empêche pas d’être en phase avec son temps (incroyablement), avec les cinéphiles comme avec les grands cinéastes.

    Alors qu’il vient d’être injustement évincé du conseil d’administration du festival à la renommée et à l’essor duquel il a tant contribué, Gilles Jacob a récemment répondu avec beaucoup de malice dans une émission, C à vous, au sujet d’une question sur son meilleur souvenir du Festival que ce fut le jour de son départ parce que Cannes, ce jour-là, l’avait fêté. Si la réponse était malicieuse, son intérêt réciproque pour ce Cannes-là n’est pas feint. Ce Cannes, c’est cette "armée des ombres" qu’il n’oublie jamais (surtout pas dans ce livre) et qui le lui rend bien. Cette déclaration d’amour à Cannes, au cinéma, n’en est ainsi pas pour autant aveugle et c’est ce qui la rend passionnante. Elle est érudite sans être pédante. Elle lève le voile sur certains secrets  sans jamais être impudique ni faire perdre au festival de son mystère. Et s’il est parfois et même souvent admiratif, il n’est jamais dupe. Au fil des pages se construit le portrait du festival mais aussi celui de son auteur dont les vies sont à jamais indissociables (Gilles Jacob est toujours président d’honneur du Festival et président de la Cinéfondation, une autre de ses initiatives destinée à la recherche de nouveaux talents, créée en 1998). C’est un tableau du festival en autant de petites touches dont la citation d’exergue signée Jeanne Moreau résume si bien le ton : "Du Festival de Cannes, je connais bien les visages : la foire aux vanités, la comédie des erreurs, le marché du film et la vitrine des films du monde,

    Ceux qui en disent pis que pendre s’y précipitent chaque année, pour retrouver leurs habitudes et piétiner aux mêmes endroits en smoking ou en robe décolleté. J’attends les rencontres inespérées, les beaux films, les nouvelles gloires. J’entends les voix, les rires de ceux que j’aime tant et que ne viendront plus…".

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    Je vais essayer de ne pas trop en dévoiler mais ce dictionnaire amoureux est si riche et foisonnant d’anecdotes, d’histoires, d’Histoire, de descriptions flamboyantes  et amoureuses de films que chacun s’attardera certainement sur des passages différents selon sa sensibilité. En parcourant ces pages, en y croisant des cinéastes ou des films que j’aime tant, je me suis souvenue pourquoi j’aimais ce festival et le cinéma, follement, parce que, comme l’avait aussi écrit Gilles Jacob dans un autre livre si « Cannes n’est pas un paradis pour les âmes sensibles » c’est aussi et avant tout cela, le lieu des « beaux films », ceux qui vous transportent et vous élèvent l’âme, ceux qui sont une « fenêtre ouverte sur le monde ». Cannes, c’est cette bulle d’irréalité, ce lieu où une sorte de « fièvre » qui vous coupe de la réalité s’empare de vous, paradoxalement tout en projetant des films qui souvent sont un miroir grossissant de cette réalité. Et surtout comme  le rappelle si justement Gilles Jacob, « la passion collective réunificatrice  est logée là. »

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    La première vertu de ce livre qui, pour cette raison notamment, intéressera autant les cinéphiles que les simples curieux ou amateurs de cinéma, c’est de donner envie de voir ou de revoir un grand nombre de films, certains ayant figuré au palmarès, d’autres non. Ainsi m’a-t-il donné furieusement envie de découvrir Accident de Losey grand prix spécial du jury 1967, moi qui aime tant son Monsieur Klein, j’avoue honteusement qu’il s’agit d’une lacune dans ma culture cinématographique, mais aussi de revoir tant de classiques que j’ai déjà vus tant de fois  dont il parle avec une contagieuse émotion :   l’Eclipse d’Antonioni, Irène de Cavalier , Le salaire de la peur de Clouzot, Le troisième homme de Reed,  Ascenseur pour l'échafaud de Malle (ah, quand il évoque son solo de trompette de Miles Davis sur l'errance nocturne de Jeanne Moreau, Boulevard Haussmann !), PlayTime et son « échec terrible » à cause duquel Tati fut ruiné, « son chef-d’œuvre qu’il faut voir à plusieurs reprises pour en déceler toutes les intentions, les finesses et les beautés ».

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    Copyright Solaris Distribution

    Il m’a donné envie de revoir encore Partie de campagne de Jean Renoir dont il rappelle « Quel grand cinéaste français peut se vanter de ne rien devoir à Jean Renoir ? Sûrement pas Pialat, ni Rivette, ni Truffaut,  ni Tavernier, ni Dumont, ni Beauvois, ni Patricia Mazuy, pour n’en citer que quelques-uns.». Il m’a aussi donné envie de revoir des films plus récents comme Toni Erdmann « qui part lentement et devient au fur et à mesure de plus en plus mirobolant » dont il regrette l’absence au palmarès 2016  alors que le jury avait « l’occasion rêvée de récompenser un film allemand, réalisé par une femme (Maren Ade) ».

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    Parfois il m’a donné envie de revoir des filmographies entières tant il aime les auteurs.  « Il ne faut pas reprocher aux grands auteurs un manque d’humilité, pour ne pas dire une arrogance : c’est la contrepartie des humiliations qu’ils subissent de toute part», souligne-t-il ainsi. Il m’a ainsi donné envie de revoir tous les films de Naomi Kawase,  de revoir tous les films de « Leone qui a porté le western-spaghetti à un point d’incandescence inégalé »,  les films de Visconti qui tous «  méritent la Palme, il le sait, il en est sûr…» et encore mon film préféré, le Guépard,  «  le génie à l’état pur, l’accomplissement artistique le plus sacré», « l’art à son apogée, l’art total » ou encore tous les films de Lynch car « surréalistes ou intimes,  ses films plaisent aux jurys, aux critiques et au public parce qu’ils sont l’essence même du cinéma, c’est-à-dire des rêves éveillés. »

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    Et puis on est heureux d’apprendre que de grands cinéastes sont aussi de belles personnes comme Jane Campion « lady Jane », présidente du jury l’année où il quitta celle du festival, 2014,  Wong Kar Wai avec son regard qui « possède un éclat d’une singulière noblesse » (il évoque avec lyrisme In the mood for love qui « restera  comme une des œuvres les plus acclamées du Festival de Cannes »),  Almodovar dont il fait l’éloge de la classe et qui n’a accédé au festival qu’en 1999 avec son 15ème film. Chacun y trouvera des phrases sur les cinéastes qu’il affectionne comme Sautet  pour moi « Et, qu’on l’accepte ou non, il était injustement frappé du sceau dédaigneux pour ne pas dire infamant de la perfection à la française, alors qu’en réalité « en hiver » ou pas, il serre le cœur ».

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    L’évocation de ses regrets est encore prétexte à la description émue de films  « J’aurais adoré montrer au Festival 1997 On connaît la chanson, cette réussite parfaite où Agnès Jaoui interprète une guide étudiante préparant une thèse sur « les chevaliers paysans de l’an mil au lac de Paladru », sans compter la belle brochette de comédiens et les irrésistibles départs de chanson célèbres, en allusion à la situation. »  Tout aussi vibrante est sa colère face au jury qui n’a pas su aimer et récompenser Two lovers de James Gray comme il aurait dû l’être, très grand film d’une mélancolie d’une beauté déchirante  « Ils n’ont pas senti les pulsions, les tristesses raisonnées, le New York des petites blanchisseries, l’anti-Mélodie du bonheur… »,  résume-t-il ainsi après avoir fait l’éloge du film en question.

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    Il regrette aussi que certains qui, à n’en pas douter, auraient été de grands présidents du jury, n’aient jamais exercé cette fonction comme Alain Resnais « parti à quatre-vingt-onze ans sans avoir eu le temps d’assumer cette fameuse présidence où son élégance morale, son sérieux et sa parfaite connaissance du cinéma mondial auraient fait merveille. Au lieu de quoi, rarement un grand metteur en scène a été aussi maltraité le festival ». Parmi les regrets encore, n’avoir pas su honorer le cinéma japonais, Mizoguchi, Ozu,  et Godard, qui n’a jamais été sélectionné au cours des années soixante.

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    Chaque évocation de cinéaste est comme une nouvelle leçon de cinéma, une  nouvelle définition de celui-ci aussi. Ainsi évoque-t-il Milos Forman dont la leçon de cinéma se résume par ces mots "Dites la vérité, sans être ennuyeux. C'est tout.".  Ou ainsi évoque-t-il Pialat " Plus sérieusement, Pialat a une hantise : l'art doit capter la vie. À n'importe quel prix, fût-ce celui de mettre le film en danger. Pour lui, quelques minutes de vérité sauvent un film inégal, c'est à cela qu'il s'est toujours efforcé de parvenir." Ou parfois une phrase suffit à brosser le portrait d’un cinéaste comme lorsqu’il évoque ce déjeuner en tête à tête avec le mystérieux Terrence Malick lors de sa venue à  Cannes pour L'arbre de vie "J'avais enfin deviné son secret qui n'est autre que savourer la liberté de disparaître" ou comme lorsqu’il parle de Louis Malle "Le goût de Malle pour la perfection technique venait peut-être aussi d'un manque de confiance en soi". "..., il y avait surtout que Louis était un cinéaste qui doutait d'abord de lui-même, ayant fait le tour des rébellions. Défections pardonnées au cinéaste de la mauvaise  conscience, sauf pour Au revoir les enfants (1987) qui est notre lien puisqu'il s'est inspiré en partie de ma propre histoire, quand je m'étais caché derrière l'harmonium tandis que les enfants allemands fouillaient le séminaire où j'étais réfugié. » Et soudain, je me souviens, à la cérémonie de clôture 2014, l’année du  départ de Gilles Jacob de la présidence du Festival, avoir assisté au bouleversant « au revoir les enfants » inscrit sobrement sur la scène du palais des festivals lorsque ce dernier avait remis la caméra d’or, comme un passage de relai, cette caméra d’or qu’il a initiée et qui a révélé tant de grands cinéastes, une inscription qui, à la lecture de ces mots, résonne encore plus fort.

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    Photo ci-dessus copyright Inthemoodforcinema.com, cérémonie de clôture 2014 Gilles Jacob et Nuri Bilge Ceylan avec sa palme d'or reçue pour "Winter Sleep"

    Il évoque autant ceux que l'on nomme les habitués (Ken Loach, 18 fois à Cannes dont 4 en sélection parallèle,  Haneke sur 12 films tournés 11 sélectionnés)  que des cinéastes émergents ou des cinéastes dont la carrière n’a pas éclos après leur passage en sélection et qui n’ont fait qu’un passage éclair au festival. Un savant équilibre comme doit l’être la sélection du festival (ce passage sur la sélection et son alchimie est aussi passionnant). Que de vibrantes déclarations !  Aux films. Aux cinéastes. Aux acteurs. Aux actrices. Les actrices, bien sûr, dont il brosse le portrait  comme il le ferait pour des personnages de romans. D’ailleurs, souvent, ce sont des personnages de romans. Comme Adjani « Elle apparaît, elle disparaît. Elle se toque, elle s’aperçoit qu’elle est trahie, elle jette. Les déceptions laissent des bleus à l’âme et les regrets des cicatrices invisibles. Elle croit qu’on les voit, alors il lui arrive d’oublier sa main le long de sa joue, trouve des poses nonchalantes qui masquent à demi son visage de déesse pour toujours. »

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    Il faudrait aussi citer, parmi d’autres, les sublimes portraits d’Anouk Aimée, de Juliette Binoche, de Catherine Deneuve "sans conteste la plus grande actrice française de sa génération" venue 19 fois à Cannes et qui " aurait mérité mille fois le prix d'interprétation qui lui est toujours passé sous le nez", Huppert "...aujourd'hui, après le long règne de Jeanne Moreau et de Catherine Deneuve, elle est devenue la patronne." Et bien sûr l’inoubliable Jeanne Moreau qu’il décrit en  reprenant ainsi la célèbre formule de Truffaut : "Elle a toutes les qualités qu'on attend d'une femme, plus celles qu'on attend d'un homme, sans les inconvénients des deux..." à laquelle Gilles Jacob ajoute "Car il est des comédiennes pour lesquelles, indépendamment de leur gloire, la classe et l'élégance morale sont un art de vivre. Jeanne Moreau était de celles-là.  C'est pourquoi, à la Bresson, un seul mot pour conclure : Ô, Jeanne." En une formule, poignante, tout est dit, avec pudeur…

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    Les acteurs ne sont pas oubliés. Là aussi, il a le don de percer à jour, de nous laisser deviner l’être parfois blessé et mélancolique derrière l’acteur joyeux et exubérant:

    -  Rochefort, ainsi magnifiquement portraituré « Jean était revenu à la case départ, à sa nostalgie existentielle et ce désespoir solaire qu’il cachait derrière des pulls de couleur et des absurdités délicieuses », « cette voix sans pareille dans l’éloquence tranquille et la verve narquoise », « Jean méritait l’admiration collective de ses contemporains ; c’était quelqu’un ».

    -Depardieu, "Gérard n'est pas d'aujourd'hui ; comme les génies, il est de toujours." 

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    - Cary Grant, "L'aisance. Comme celle de ses personnages."

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    -Piccoli, "Il aura tout joué avec la même sincérité, la même virtuosité, la même force intérieure capable d'exprimer la folie furieuse comme la tendresse la plus délicate. C'est aussi un homme de bien qui inspire les plus beaux mots de la langue française : allure, générosité, élégance, pudeur, tendresse, extravagance ..."

    -Ou encore DiCaprio  qui sait « faire preuve d’une incroyable authenticité », qui « peut tout se permettre », un « grand » qui se reconnaît au fait de « passer sans dommages » (comme dans Les Infiltrés) « pour l’être le plus inhumain de la terre. »

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    Au-delà de ces déclarations d’amour à ceux qui font le cinéma, c’est aussi une passionnante plongée dans l’Histoire du festival. A qui en douterait encore, ce dictionnaire démontre l’importance du Festival de Cannes et de son palmarès pour une œuvre ou un auteur lorsqu'ils y figurent. Ainsi, rappelle-t-il qu’un tiers des Français seraient plus enclins à voir un film s’il a été primé à Cannes. Gilles Jacob donne au lecteur l’impression d’être une petite souris qui, avec lui, se faufile dans l’histoire du festival. Ainsi nous apprenons comment ET  de Spielberg fut le film le clôture le plus prisé, comment fut élaborée cette folle et merveilleuse idée qui a donné lieu aux pépites cinématographiques de Chacun son cinéma, comment le Festival de Cannes aurait pu être celui de Biarritz...

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    Est  aussi minutieusement décrite la création d’Un Certain Regard (à l’origine de laquelle il se trouve, comme la Caméra d’or) ou encore la difficile opération de la sélection des films, mais aussi du film d’ouverture (celui que l’on doit "quitter heureux") ou de l’affiche. Par exemple, pour l’affiche, nous apprenons comment très vite l’hommage à un grand cinéaste s’associa à l’œuvre commandée. Fellini en eut ainsi les honneurs 3 fois.  Il y eut aussi cette sublime affiche reprenant Le baiser des Enchaînés d’Hitchcock. Et pour Gilles Jacob, s’il ne devait en garder que deux, ce seraient celle de 1985 et 2007.

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    C’est aussi passionnant de voir comment le  festival a influé sur des destins personnels mais aussi des cinématographies entières, comment par exemple le grand prix du jury  2010 pour Saleh Haroun pour L’homme qui crie a changé tant de choses pour le cinéma tchadien. On réalise qu’il n’y a eu qu’une seule palme d’or africaine en 1975, Chronique des années de braise de Mohammed Lakhdar-Hamina et une seule palme d'or chinoise avec Adieu ma concubine en 1993. On se souvient qu’une seule femme a obtenu la palme d’or, Jane Campion pour La leçon de piano (la même année, ex-aequo). On découvre comment il n’y eut qu’une seule séance de Il était une fois en Amérique, séance payante au profit de l’institut  Pasteur. On comprend la malédiction de l’année 2003 ou encore comment le festival a sauvé Cinéma Paradiso. Et tant et tant de choses encore…

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    Et puis il y a ce ton singulier, cette élégance distanciée, cette lucidité caustique que résume si bien cette description de sa première fois à Cannes en 1964 que pourraient s’approprier tant de festivaliers, cette envie bravache de crier devant Cannes comme Rastignac devant Paris "A nous deux maintenant".

    "La Méditerranée était froide, je m'en fichais, c'est dans le bonheur que je nageais. Je me sentais particulier,  différent, promis à quelque chose d'extraordinaire. Je pense qu'il en est de même pour tous les nouveaux venus, à toutes les époques, tant l'excitation naît de l'aventure du festival, de la découverte des films, de l'attrait des rencontres... (...)Même si plus tard, l'occasion me serait donnée de réviser quelque peu cette naïve appréciation". 

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    Le livre est aussi parsemé d’anecdotes savoureuses et le moins épargné est sans doute lui-même car il sait  toujours faire preuve de cette autodérision exquise à lire.  Nous apprenons ainsi comment il a confondu deux maîtres du cinéma (je vous laisse découvrir lesquels…), ou encore comment Adjani présidente du jury du 50ème a traité Mike Leigh de nain de jardin ou comment il avait pris The end of violence de Wenders par amitié, « j’assume » conclut-il et c’est tout à son honneur. Parfois, l’espace d’un instant, on a l’impression de humer l’atmosphère comme dans le passage intitulé La Veille du festival, une véritable nouvelle qui nous plonge amoureusement dans l’ambiance et qui nous donne envie et même la sensation d’y être. Et quand il nous emmène avec lui à la villa Domergue avec le jury en délibérations, on le remercie de nous en laisser deviner tant sans en dire trop, d’avoir à la fois conscience de la préciosité, de l’importance et du dérisoire de l’instant. Bien sûr, on retrouve ce regard acéré dans la description de la montée des marches, « montée vers la gloire ou la guillotine en cas d’échec », un des rites du festival qui se devait d’être là.

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    On regrette de ne pas avoir été là le jour de l’ouverture avec Ridicule, ce film que je ne peux en effet jamais voir sans penser au festival tant ceux prêts à tuer pour et avec un bon mot, pour voir une lueur d'intérêt dans les yeux de leur public roi, pour briller dans le regard  du pouvoir ou d'un public, fut-ce en portant une estocade lâche, vile et parfois fatale, dans leur quête effrénée du pouvoir et des lumières, rappellent tant les manigances de certains au moment du festival : « Un triomphe salué comme tel. Entourages de ministres, de hauts fonctionnaires, de puissants, voire de directeurs de festivals, salués de rire devant ce ballet des courtisans sans voir le miroir que Leconte leur tendait », raconte ainsi Gilles Jacob.

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    Irrésistibles sont les pages dans lesquelles il évoque le choix d’Intolérance de Griffith en ouverture et ce qui en découla, leTBO (tribunal de bouche à oreille),  quand il n’ épargne pas, mais toujours le sourire et l’ironie aux lèvres, les flagorneurs, les hypocrites,  les fêtes (c’est bien connu, la plus fastueuse et mémorable est forcément celle où vous n’étiez pas), la posture péremptoire de la critique (excellent passage Ah, la critique !), les journalistes, "Ces journalistes qui critiquent sans avoir vu les films ou parce qu'ils ne les ont pas vus", " La mer est bleue. Il sait qu'elle est là, mais dans son parcours du combattant il ne la voit même pas", quand il évoque  ces lieux où il faut être, "en être", "On peut tout diagnostiquer aux 140000 personnes voire davantage qui assistent au Festival de Cannes, sauf une carence en égocentrisme".

    Le livre foisonne aussi de réflexions sur le cinéma : "que vont devenir les festivals alors que la cinéphilie elle-même s'est profondément transformée ? Que les séries télévisuelles rendent le jeune spectateur impatient ?", "Dans ce monde qui sacrifie au superficiel, au zapping, à la banalisation, ce qui fait notre force, c'est l'enracinement dans  une passion pour le Cinéma d'auteur et pour ceux qui la portent : les grands."

    "Quand j'ai pris mon poste à la tête du festival je me suis fait une promesse. Celle de promouvoir un cinéma populaire intelligent ou, comme je l'ai dit alors, du cinéma d'auteur pour grand public- et j'ai tenu parole" écrit Gilles Jacob.  Oui, promesse tenue, indéniablement. Et c’est ce que reflète magnifiquement ce livre qui est une plongée dans l’âme du festival, une âme vivante, vibrante, constituée de tant de tumultueux et joyeux paradoxes.

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    Son livre Les Pas perdus s’achevait par un hommage à la vie, une douce confusion entre cinéma et réalité, et par « Woody », évidemment par Woody Allen dont le plaisir à mélanger fiction et réalité, l’enthousiasmante et enthousiaste curiosité, l’amour du cinéma et plus encore l’humour, décidément, le rapprochent tant. Et cette rose pourpre qui à nouveau clôt ce dictionnaire qui mêle là aussi astucieusement cinéma et réalité…

    Vous  pourrez lire ce dictionnaire dans l’ordre comme un roman (Cannes et ses mythologies, quel décor, si romanesque !) ou piocher au gré de vos envies et de vos curiosités et vous immerger dans la Comédie humaine cannoise qui, sous le regard espiègle, d’une étonnante modernité, de Gilles Jacob et sous sa plume alerte devient plus attendrissante et non moins ravageuse que celle de Balzac.

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    En terminant ce livre, j’ai pensé à la sublime affiche du film Café Society sur laquelle une larme dorée coule sur un visage excessivement maquillé tel un masque. Celui de la société que ce café d’apparats et d’apparences métaphorise.  Un « café society » qui nous laisse longtemps avec le souvenir de deux âmes seules au milieu de tous, d’un regard lointain et d’un regard songeur qui, par-delà l’espace, se rejoignent. Deux regards douloureusement beaux. Bouleversants. Comme un amour impossible, aux accents d’éternité. Un inestimable et furtif instant qui, derrière la légèreté feinte, laisse apparaître ce qu’est ce film savoureux : un petit bijou de subtilité dont la force et l’émotion vous saisissent à l’ultime seconde. Lorsque le masque, enfin, tombe. C’est aussi l’impression que m’a laissée ce livre, comme si cette palme en laissant voir ce qu’elle dissimule derrière ses dorures, bien loin d’en perdre son éclat, en devenait plus émouvante encore.

    A 34 jours de l’ouverture du 71ème Festival de Cannes, doucement commence à renaitre cette insatiable envie de découvertes cinématographiques dans laquelle nous immerge le plus grand festival de cinéma au monde et déjà il me semble entendre la musique de Saint-Saëns qui nous appelle de ses notes envoûtantes, réminiscences de tant d’instants magiques de vie et de cinéma qui, à Cannes plus qu’ailleurs, s’entrelacent. Ceux qui résisteraient à cette mélopée ensorcelante, à n’en pas douter,  à la lecture  de cette déclaration d’amour au Festival de Cannes et plus largement au cinéma, devraient y succomber. Ce dictionnaire amoureux du Festival de Cannes est et restera l’ouvrage indispensable pour les curieux et amoureux du festival et du cinéma, et pour ceux qui veulent découvrir le festival par le regard de celui qui le connaît le mieux et qui en parle si amoureusement, avec à la fois l’honnêteté et les élans passionnés qu’implique l’amour véritable : « Citizen Cannes ». Oui, amoureux, ce dictionnaire aux accents si romanesques l'est indubitablement, terriblement. A savourer et  à relire sans modération !

    Et pour en savoir plus, la quatrième de couverture :

    "Il y a les films, les évènements, les palmarès. Il y a l’air du temps.
    Les stars que j’ai aimées et dont je tire le portrait - personnel, artistique, réel, rêvé.
    Il y a les metteurs en scène venus de partout, et qui me sont proches. Les pays, les
    écoles, les genres. La presse. Les photos.
    Les jurys, les discussions, les rires. Les pleurs aussi.
    Il y a la palme d’or.
    Il y a les fêtes, les surprises, les polémiques, les excentricités.
    Il y a les festivaliers, tout ce monde mystérieux du cinéma que le public envie et
    auquel chacun voudrait appartenir.
    Ce  dictionnaire amoureux conte le roman vrai du plus grand festival de cinéma au
    monde, et en révèle quelques secrets.
    Tour à tour historien, romancier, diariste, commentateur,  j’ai souhaité témoigner de
    ces moments tragi-comiques qui forment la folle aventure du Festival.
    J’aimerais que le lecteur se coule dans l’esprit d’un sélectionneur, d’un juré, d’un
    critique, d’un cinéaste, et suive en coulisses le spectacle inouï de ces années éblouissantes."

  • Hôtel Barrière Le Majestic Cannes : l'adresse de rêve où séjourner pendant le Festival de Cannes 2018

     

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    A moins d’un mois du 71ème Festival du Film de Cannes qui aura lieu du 8 au 19 mai et alors que vient d’être annoncée la sélection officielle de cette édition 2018 (retrouvez-la, détaillée, dans mon article à ce sujet, ici), je vous emmène aujourd’hui rêver un peu dans le plus beau palace de la Croisette et celui qui est à mon avis l’endroit idéal pour séjourner pendant le festival :  le fastueux hôtel Barrière Le Majestic.

    En 17 Festivals de Cannes couverts du premier au dernier jour (notamment sur mon blog consacré au Festival de Cannes "In the mood for Cannes"), j’ai eu l’occasion d’expérimenter toutes sortes d’hôtels cannois  (du plus au moins luxueux) et toutes sortes de restaurants sur la Croisette. J’ai ainsi choisi de vous parler aujourd’hui de l’un de ces hôtels cannois, celui que j’affectionne plus que les autres, le palace qui  sert aussi de cadre à mon premier roman, « L’amor dans l’âme » (Editions du 38), un roman dont l’intrigue se déroule au cœur du Festival de Cannes. Les passages qui se déroulent à l’hôtel Majestic ont ainsi pour décor son restaurant Le Fouquet’s,  le hall mais aussi  la somptueuse suite Mélodie inspirée du film de Verneuil Mélodie en sous-sol (mes photos souvenirs ci-dessous, encore merci à l’équipe de l’hôtel pour l’écho donné à mon roman et pour les photos réalisées dans la suite lors du Festival de Cannes 2017).

    Ci-dessus, publication de la page officielle de l’hôtel Barrière Le Majestic pendant le Festival de Cannes 2017.

    Ci-dessus, photos personnelles avec mon roman « L’amor dans l’âme » dans la suite Mélodie de l’hôtel Barrière Le Majestic.

    Si j’avais une baguette magique, c’est sans aucun doute en effet l’Hôtel Barrière Le Majestic que je choisirais pour séjourner pendant le festival, en raison de ses multiples atouts (que je vous présente ci-dessous) notamment de sa proximité avec le palais des festivals (c’est le palace le plus proche du palais) qui en font le lieu  de séjour rêvé pour les festivaliers, et bien sûr en raison de l’accueil et du service, toujours irréprochables dans les hôtels Barrière, comme ce fut par exemple le cas  lors de mon séjour de 10 jours à l’hôtel Barrière Le Royal de Deauville pendant le Festival du Cinéma Américain de Deauville 2017 (mon article, ici).

    Photo ci-dessus à l’hôtel Barrière le Royal de Deauville lors du Festival du Cinéma Américain 2017 © Dominique Saint

    Si je n’ai jamais séjourné au Majestic, j’y ai tant de souvenirs glanés au fil de mes 17 festivals de Cannes (comme ci-dessous en 2009 lorsque j’avais gagné le prix L’Oréal du meilleur blog, le hall a changé depuis mais est toujours aussi splendide) que je peux vous en parler comme si tel avait été le cas… Né en 1926, le Majestic n’a cessé de s’embellir et s’agrandir. Le 1er février 1926, l’Hôtel Majestic voit le jour : 250 Chambres avec Salles de bain, des salles de réception décorées par le peintre Francis di Signori, l’un des artistes les plus en vue de l’époque, des escaliers monumentaux en marbre de Carrare, un dallage en marbre rouge des Pyrénées, matériau précieux et lumineux… L’hôtel, déjà, est somptueux. En 1999, 40 nouvelles chambres voient le jour ainsi qu’une piscine moderne et raffinée parée de mosaïques réalisées par les verriers de Murano, un jardin terrasse et, directement sur la Croisette, une série de boutiques de luxe. La deuxième aile voit le jour en 2010 après un chantier colossal de plus de quatre ans.

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    L’hôtel , à l’image de sa plage dont je vous parlerai plus bas, se situe à la fois en plein centre de Cannes et un peu en retrait de son agitation.  Il est également situé sur la Croisette et à deux pas des boutiques de la rue d’Antibes, du port et du Suquet. Son concierge clefs d’or répondra à vos demandes avec affabilité et professionnalisme remarquables (je peux en témoigner).

    L’hôtel Le Majestic Barrière est aussi affilié aux Leading hôtels of the world, ce qui est aussi un indéniable gage de qualité. Le Majestic a reçu de nombreux prix et distinctions. Elu tour à tour « Luxury Hotel » aux « World Luxury Hotel Awards », « Best Hotel », « Hotel Best Architecture » et « Best resort Hotel » aux « International Hotel Awards » de Londres… Nommé « Meilleur Hôtel de bord de mer » au monde en 2012, il a reçu en 2015 les « Best Hotel France » et « Best Convention Hotel France » aux « International Hotel Awards ».

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    A fortiori pendant le festival, il est impossible de ne pas avoir le regard attiré par son entrée majestueuse qui est alors d’autant plus spectaculaire que, souvent, des studios américains rivalisent d’imagination pour la mettre en scène. Chaque année, plus de cinquante chambres deviennent ainsi des bureaux éphémères. L’hôtel affiche complet plusieurs mois à l’avance. Cela n’empêche pas certains de débarquer au dernier moment, comme cet Américain qui, en 1983, posa ses valises devant la loge, au plus fort du Festival. Lucien Barrière en personne lui céda son appartement privé. Il faut dire que l’homme en question se nommait… Paul Newman !

      La magie du Festival se vit tout au long de l’année grâce à une remarquable collection de plus de 2 500 clichés. Retraçant soixante ans de Festival, ces murs d’images donnent à voir les plus grands talents d’Hollywood (Al Pacino, Robert de Niro, Steven Spielberg…) et les monstres sacrés du cinéma français : Alain Delon, Jean-Paul Belmondo, Romy Schneider, Catherine Deneuve.  Pendant les douze jours du Festival, Le Majestic multiplie également les chiffres records : 14 000 serviettes de bain, 15 000 draps et 8 000 peignoirs,  16 000 savonnettes, 1000 litres de bain moussant, 8 000 roses déposées par les femmes de chambre dans les chambres,  500 pantalons et chemises à nettoyer et repasser par jour, •des effectifs qui passent de 350 à 700 personnes,  25 000 repas servis au restaurant ou dans les réceptions privées,  15 % de la recette annuelle de l’hôtel en matière de restauration, 2 tonnes de homard, 3 de poisson, 40 de fruits et légumes, 160 000 oeufs, 50 kilos de caviar, 350 kilos de foie gras et 800 de langoustes,  18 500 bouteilles de vin, dont plus de la moitié de champagne.

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    Une fois l’entrée franchie, vous découvrirez un hall aux proportions vertigineuses qui n’en reste pas moins particulièrement élégant, cosy et chaleureux. Si le luxe est présent, il est toujours synonyme de chic et jamais d’ostentation. En 2016, le Majestic Cannes a ainsi vu son décor évoluer et plusieurs de ses lieux emblématiques une nouvelle fois sublimés par les plus grands noms de la décoration.  La nouvelle décoration du lobby du Majestic, dévoilée à l’occasion du Festival de Cannes 2016, est assurée par les plus grands noms du monde de l’architecture : le Cabinet Danan s’est inspiré de Jacques-Emile Ruhlmann, l’un des acteurs principaux du style Art Déco des années 1920 – 1930. La lustrerie du hall et de la conciergerie a été confiée à la «poétesse de la lumière», Sylvie Maréchal.

    Le choix de chambres et suites est tellement pléthorique qu’il faudrait être particulièrement difficile pour ne pas trouver son bonheur. Dans la suite Mélodie précédemment évoquée,  dans laquelle fut tourné le film de Verneuil en 1963, vous pourrez profiter de la terrasse panoramique sur la Méditerranée mais aussi du service d’un Majordome dédié et d’un accueil Top VIP. Tels Jean Gabin et Alain Delon dont les portraits surmontent la tête de lit, vous serez ainsi la star de la Suite Mélodie. La superbe fenêtre en demi-lune qui s’étend du sol au plafond, la salle de bain de marbre rose et l’accès illimité au Centre de remise en forme et à l’Espace sensoriel avec sauna, hammam et douche expérience du Spa Diane Barrière sublimeront votre séjour. Un bijou de 150 m² lové sous la coupole Est. Comme en témoigne ma photo ci-dessous, la vue y est réellement à couper le souffle et même délicieusement vertigineuse !

    Ci-dessus, photo personnelle.

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     Ci-dessus, photos officielles de l’hôtel.
     
     
    Parmi les nombreuses chambres et suites proposées, j’ai également un faible pour la récente suite Michèle Morgan qui, comme la précédente, enchantera les amoureux du septième art.  La Suite Michèle Morgan, d’une superficie de 85m2, offre 2 chambres à coucher avec leurs salles de bains en marbre privatives, séparées par un agréable et spacieux salon central. Une suite créée à l’image de l’inoubliable interprète du Quai des brumes qui l’a inspirée: lumineuse et d’un chic intemporel. « J‘ai créé une suite à l’image de l’immense artiste qui l’a inspirée : lumineuse, d’un chic intemporel… » a ainsi déclaré la décoratrice Chantal Peyrat qui, au printemps 2017, a signé l’atmosphère de la Suite Michèle Morgan.
     
     
    Photos ci-dessus issues du site officiel de l’hôtel.
     

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    Autre suite de rêve,  particulièrement glamour et élégante, la suite Christian Dior : somptueux appartement de 450 m² avec une terrasse à 180° sur la Méditerranée. La magnifique Suite Christian Dior reprend les codes de la célèbre maison de couture parisienne. Vous pourrez apprécier la préciosité de la décoration inspirée de celle du 30 avenue Montaigne et les prestations haut de gamme des lieux. Majordome aux petits soins, délicate parure de linge brodé, home cinéma dernier cri et somptueuse salle à manger Louis XVI : rien ne manque ! Chaque détail des deux Suites qui composent ce vaste appartement est soigné. La terrasse panoramique et l’accès gratuit au Centre de remise en forme et à l’Espace sensoriel avec sauna, hammam et douche expérience du Spa Diane Barrière ajoutent au plaisir de ces lieux enchanteurs.
     
     
     
     
    Photos ci-dessus issues du site officiel de l’hôtel.
     
    Difficile aussi de ne pas succomber au charme de la suite Majestic Barrière : le luxe à son paroxysme avec cette suite située au 7ème étage, la plus somptueuse suite d’Europe dit-on. Elle possède ainsi une piscine chauffée à contre-courant en apesanteur sur une terrasse de 150 m² !  Ambiance yachting et vue spectaculaire sur la mer garanties. Confort et raffinement ultimes sur 450 m² avec un Majordome à votre service.  Egalement à disposition : un vaste dressing, un home cinéma avec écran motorisé de 3×2 mètres, une sublime salle à manger en chêne blanc et acajou, un espace fitness avec une douche expérience et un Majordome dédié. Vous pourrez aussi profiter d’une vue vertigineuse sur le Palais des Festivals et des Congrès, les îles de Lérins et l’Estérel. Une sublime oasis de paix et d’évasion, réalisée par l’architecte français Pascal Desprez.
     
     
     
     
    Photos ci-dessus issues du site officiel de l’hôtel.
     
    Bien sûr, les chambres plus « classiques » n’en sont pas moins luxueuses et singulières, comme la chambre Deluxe ville ci-dessous, de 25 m5. Vous n’aurez ainsi que l’embarras du choix parmi les 349 chambres et suites que compte l’hôtel.
     
     Photo ci-dessus issue du site officiel de l’hôtel.
     
    Parmi les multiples atouts de l’hôtel Barrière Le Majestic, celui-ci devrait ravir les cinéphiles (et me ravit en tout cas !) : l’hôtel dispose en effet d’une somptueuse Cinémathèque et même désormais d’un ciné-club. La Cinémathèque Diane peut ainsi contenir 35 personnes maximum. Un vaste choix de DVD vous est proposé par la Conciergerie… Films d’aventure, romantiques, pour enfants, blockbusters, en plusieurs langues ou sous-titrés : vous n’aurez que l’embarras du choix. L’Hôtel Le Majestic propose tous les dimanches soir le “Barrière Ciné-Club”. Une belle occasion de finir le week-end sur une note glamour en version grand écran, confortablement assis dans les fauteuils en velours, accompagné d’une coupe de Champagne et d’un mélange salé. Voilà ce à quoi vous donne accès cette offre à 35 euros par personne : accès à la projection privée, coupe de Champagne servie dans la salle de projection, accompagnée d’un mélange salé, visite d’une des cinq suites signatures. Le rêve ! Sur réservation uniquement. Le prochain ciné-club vous permettra de (re)découvrir The Revenant (2015) de Alejandro González Iñárritu avec Leonardo DiCaprio, Tom Hardy et Domhnall Gleeson dont vous pouvez retrouver ma critique détaillée, ici. Exceptionnellement,  vous pourrez visiter la Suite Michèle Morgan à cette occasion.
     
     
    Comme tout palace digne de ce nom, le Majestic vous propose un vaste choix de restauration. Le Fouquet’s est un peu ma Madeleine de Proust puisque j’y fêtais autrefois chaque année mon anniversaire qui a la bonne idée de tomber toujours pendant le festival du film. Je garde ainsi l’inénarrable souvenir d’un dîner lors duquel est arrivé dans la salle du Fouquet’s Pedro Almodovar et ses actrices qui venaient d’obtenir le prix d’interprétation féminine pour l’ensorcelant Volver en 2006 et qui étaient venus patienter là avant le dîner de clôture. De concert, la salle les avait applaudis. Et je me souviens encore avec émotion de la tape bienveillante de Pedro Almodovar sur le dos de mon père.
     
    Je suis retournée y déjeuner en mai dernier. Le service y était absolument parfait et d’une rare et exceptionnelle amabilité.

    Ci-dessus, publication du compte Instagram du Majestic. lors du Festival de Cannes 2017

     Le Fouquet’s Cannes cultive l’esprit brasserie de son prestigieux modèle parisien. À la carte, élaborée en collaboration avec Pierre Gagnaire (comme au Royal Barrière de La Baule où la cuisine est là aussi réellement excellente comme je vous le racontais, ici), des plats “canailles” réunissent célèbres gourmets et stars gourmandes. Vous pourrez par exemple opter pour la formule du midi : suggestion du chef ou choix d’un plat signalé sur la carte , le plateau de pâtisserie Fouquet’s (une pâtisserie au choix) et un café Grande Réserve. Le tout pour 32 euros par personne. Tous les jours au déjeuner de 12h00 à 16h00 du lundi au vendredi. Vous pourrez aussi choisir le menu Pierre Gagnaire,  tous les soirs, à 68 euros. Pour ma part, j’avais opté pour le Fish and chips. Un régal !
     
     
     
     Photos personnelles du déjeuner au Fouquet’s.
     
     
     
    Vous pourrez également opter pour le restaurant La petite maison de Nicole où les saveurs méridionales et les crustacés, notamment, sont à l’honneur.  Là, vous pourrez profiter des Soirées Musique Live ( tous les jeudis, vendredis et samedis soir), de l’ambiance musicale 100% Années 80 ( tous les mercredis soir -hors période de congrès-) avec entrée, plat, dessert, un verre de vin et 1/2 bouteille d’eau pour 52€ prix net par personne. Vous pourrez également profiter de la Formule du jeudi ( soirée musique live autour d’un dîner à partager-hors période de congrès-). Vous pourrez alors choisir 6 saveurs à partager, un dessert au choix, 1/2 bouteille d’eau minérale et  1/2 bouteille de vin par personne (59€ prix par personne, à partir de 2 personnes).
     
    Photo ci-dessus issue du site officiel de l’hôtel.
     
    Petite parenthèse pour vous recommander aussi l’excellent restaurant de plage de l’hôtel Barrière Le Gray d’Albion (photos ci-dessous), située non loin du Majestic.
     
     
     
    L’hôtel Majestic vous propose également 3 bars : la Rotonde Veuve Clicquot, le bar galerie du Fouquet’s, et la terrasse piscine.
     

    Photo ci-dessus de la plage Majestic issue du site officiel de l’hôtel.

    Autre atout de l’hôtel : sa sublime plage aménagée. C’est là que chaque année est célébré le début du festival mais aussi le clôture et, à chaque fois, l’élégance est au rendez-vous lors de fêtes auxquelles Gatsby le Magnifique n’aurait rien eu à envier. C’est sur la plage que se trouve désormais le BFire by Mauro Colagreco où vous pourrez déguster la délicieuse cuisine au feu de bois du chef. Vous pourrez aussi y rester alanguis sur un transat ou profiter de ses multiples activités nautiques.

    C’est là, sur la plage du Majestic, que se tiendra la Welcome Party du Festival de Cannes du mercredi 9 mai et, le lendemain, la soirée d’ouverture du Marché du Film. Bien d’autres événements leur succèderont jusqu’au bouquet final : le Dîner du Palmarès, organisée le samedi 19 mai, dont le menu est signé Pierre Gagnaire qui, le reste de l’année, supervise la carte des Fouquet’s. 650 invités se régaleront de mets imaginés par celui que ses pairs ont élu « le meilleur chef du monde ».

     

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    Vous pourrez aussi profiter de la splendide piscine extérieure chauffée à 27 degrés toute l’année.

    Photo ci-dessus issue du site officiel de l’hôtel.

    Vous pourrez également profiter du fitness center où vous pourrez notamment bénéficier d’une remise en forme personnalisée. Autre remarquable atout de l’hôtel : son Spa Diane Barrière dans un cadre au luxe infiniment zen avec stimulation multisensorielle, parcours personnalisés ou modelage sur-mesure. Vous pourrez profiter de 450 m² dédiés à votre seul bien-être. Vous pourrez savourer la signature du Spa Diane Barrière, associé à 2 marques reconnues de l’univers du bien-être: Biologique Recherche et son approche clinique du soin esthétique et LIGNE ST BARTH dont les soins vous transportent dans la douceur de vivre du monde Caraïbe.  Vous pourrez vous abandonner à des soins holistiques personnalisés, conçus pour détendre, restaurer et élever le corps, l’âme et l’esprit… Vous pourrez également opter pour un soin seconde peau,  un massage Chill Out avec des coquillages chauds ou faire appel à l’expertise d’un coach. Le Spa Diane Barrière c’est aussi un Espace Fitness avec cours collectifs et appareils cardio – musculation, 4 cabines de soins dont une double, une cabine coiffure ainsi qu’un Espace Sensoriel avec sauna et hammam. (Espace Sensoriel, accès libre et gratuit – Ouvert tous les jours de 9h00 à 20h00.)

    Je vous laisse découvrir le site officiel, l’excellent compte instagram et la page Facebook de l’hôtel qui vous réservent bien d’autres surprises. Par exemple, vous découvrirez que sur le toit du Majestic, au 7ème étage, sont installées des ruches, dont le miel multifleurs est utilisé pour la création des cocktails. Vous découvrirez également les nombreuses nouveautés 2018 du Spa et du fitness Center.

    Quelques clichés supplémentaires sur le ponton de la plage Majestic et en mer lors du tournage de Télématin réalisé lors du Festival de Cannes 2017.

    Cliquez ici pour revoir l’émission Télématin en direct de Cannes –

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    Comme chaque année, c’est l’agence ADR qui s’occupera de la plage Majestic pendant le festival. Voici le décor de la plage Majestic 71 en avant-première.
     
    Hôtel Majestic Barrière
    10 Boulevard de la Croisette, 06400 Cannes
  • La conférence de presse du Festival de Cannes 2018 en direct ici

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    Suivez, vous aussi, la conférence de presse d'annonce de la sélection officielle du Festival de Cannes 2018, en direct, ci-dessous. Dès cet après-midi, retrouvez mon article détaillant la sélection et, en attendant les nouvelles annonces,  retrouvez mon article récapitulatif dans lequel figurent toutes les informations d'ores et déjà officielles.

     

  • Conférence de presse du Festival de Cannes 2018 le 12 avril à 11h : programme de la sélection officielle

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    Ce jeudi 12 avril 2018, à 11H, à l'UGC Normandie, avenue des Champs-Elysées, aura lieu la conférence de presse du 71ème Festival de Cannes à l'occasion de laquelle sera annoncée la sélection officielle de cette édition 2018. 

    J'en profite ainsi, en attendant de vous détailler ici cette sélection officielle, pour reprendre les éléments de cette sélection qui sont d'ores et déjà officiels...non des moindres d'ailleurs qui promettent une édition flamboyante !

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    Comme chaque année, pour ce qui sera mon 18ème Festival de Cannes, vous pourrez suivre ici en direct le festival (ainsi que sur mes autres blogs Inthemoodforcannes.com -entièrement consacré au festival-, Inthemoodforfilmfestivals.com pour la partie cinéma et, pour la partie "luxe", Inthemoodforhotelsdeluxe.com). Vous pourrez également le suivre sur mes différents réseaux sociaux : @moodforcannes et @Sandra_Meziere pour twitter, @sandra_meziere pour Instagram et facebook.com/inthemoodforcannes et http://facebook.com/inthemoodforcinema.

    Comme d'habitude, je ne partagerai ici aucune "rumeur" sur la programmation mais seulement les informations officielles.

    Pour l'instant, à un mois de l'ouverture officielle, nous savons seulement que :

    -Pour sa 71ème édition, le Festival de Cannes aura lieu du mardi 8 au samedi 19 mai.  Il commencera un jour plus tôt mais aura une durée identique aux années précédentes

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    -l'affiche 2018 s'inspire de Pierrot le fou de Jean-Luc Godard.  Georges Pierre (1927-2003) est l’auteur du visuel de l’affiche du 71e Festival de Cannes, extrait de Pierrot le fou de Jean-Luc Godard (1965). Cet immense photographe de plateau immortalise les tournages de plus d’une centaine de films en 30 ans d’une carrière qui débute en 1960 avec Jacques Rivette, Alain Resnais et Louis Malle. Il engage ensuite des collaborations avec Robert Enrico, Yves Robert, Claude Sautet, Bertrand Tavernier, Andrzej Żuławski, Andrzej Wajda, et donc Jean-Luc Godard. Engagé en faveur de la reconnaissance du statut d’auteur pour le photographe de plateau, Georges Pierre a fondé l’Association des Photographes de Films, chargée de la défense des intérêts matériels et moraux des photographes de cinéma. La graphiste Flore Maquin signe la maquette de cette affiche. Inspirée par la pop culture, cette illustratrice de 27 ans réunit dans un univers vif et coloré le dessin, la peinture et le numérique. Passionnée de cinéma, elle collabore avec Universal Pictures, Paramount Channel, Europacorp, Wild Side, Arte autour d’affiches de films revisitées ou alternatives (www.flore-maquin.com).

    -Cate Blanchett présidera le jury du Festival de Cannes 2018.

    Retrouvez mon article complet à ce sujet en cliquant ici avec trois critiques de films avec Cate Blanchett.

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    Photo personnelle ci-dessus prise lors de l'hommage rendu à l'actrice dans le cadre du Festival du Cinéma Américain de Deauville.

    -Le cinéaste français Bertrand Bonello présidera le Jury de la Cinéfondation et des Courts métrages : « Qu’attendons-nous de la jeunesse, des cinéastes inconnus, des premiers films ? Qu’ils nous bousculent, qu’ils nous fassent regarder ce que nous ne sommes pas capables de voir, qu’ils aient la liberté, le tranchant, l’insouciance et l’audace que parfois nous n’avons plus. La Cinéfondation s’attache depuis 20 ans à faire entendre ces voix et je suis extrêmement fier cette année de pouvoir les accompagner. »

    -Vivier de nouveaux talents du 7ème art, l’Atelier de la Cinéfondation 2018 accueille ainsi 15 réalisateurs internationaux et leurs prometteurs projets de films. Cette 14ème édition sera, comme chaque année, l’occasion pour ces cinéastes et leurs producteurs de rencontrer des partenaires financiers à Cannes. Un précieux sésame pour passer à la réalisation ! Retrouvez les heureux sélectionnés de l'édition 2018 sur http://www.cinefondation.com/fr/.

    -A l’occasion du 50ème anniversaire de la sortie de "2001 : L’Odyssée de l’espace" le samedi 12 mai 2018 à Cannes vous pourrez (re)découvrir en avant-première mondiale le film culte de Stanley Kubrick, dans sa version originale 70mm. La copie sera présentée dans le cadre de Cannes Classics par Christopher Nolan qui a étroitement collaboré avec Warner Bros. Entertainment sur le processus de re-masterisation et qui honorera le Festival de Cannes de sa première venue.  

    Christopher Nolan participera en effet également à une Masterclass le dimanche 13 mai 2018, au cours de laquelle il évoquera sa filmographie et partagera sa passion pour l’œuvre singulière de Stanley Kubrick.

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    - Ursula Meier présidera le Jury de la Caméra d’or. "Depuis 1994, la réalisatrice suisse façonne une cinématographie audacieuse qui souligne la complexité du monde. Ses 5 courts métrages, 2 œuvres télévisées, 2 documentaires et 2 longs métrages ont chacun rivalisé d’inventivité, et lui ont permis de s’imposer dans le paysage européen" a souligné le Festival de Cannes. Avec 6 professionnels à ses côtés, Ursula Meier désignera la meilleure première œuvre présentée en Sélection officielle, à la Semaine de la Critique - Cannes ou à la Quinzaine des Réalisateurs lors de la soirée de Clôture du Festival de Cannes, le samedi 19 mai.

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    -Le 71ème Festival de Cannes s’ouvrira le 8 mai  avec la projection en Compétition d’Everybody Knows (Todos Lo Saben), le nouveau film d’Asghar Farhadi  en salles le 9 Mai ! Devant la caméra du cinéaste iranien, l’un des couples les plus emblématiques du cinéma actuel : Penelope Cruz et Javier Bardem. Entièrement tourné en espagnol dans la péninsule ibérique, le 8ème long métrage d’Asghar Farhadi suit Laura qui vit avec son mari et leurs enfants à Buenos Aires. À l’occasion d’une fête de famille, elle revient dans son village natal, en Espagne, avec ses enfants. Un événement inattendu va bouleverser le cours de leur existence. La famille, ses secrets, ses liens, ses traditions et les choix moraux qu’ils imposent sont, comme chacun des scénarios du cinéaste, au cœur de l’intrigue.

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    Copyright Memento Films Distribution 

    - Voilà une projection et une montée des marches qui, sans aucun doute créeront l'évènement  : le nouveau film de la galaxie Star Wars Movies™, Solo : A Star Wars story sera en Sélection officielle (hors compétition) ! En 2002, ce fut Star Wars II : L’Attaque des clones et en 2005, Star Wars : La Revanche des Sith. En 2018, l’un des plus grands mythes de l’histoire du cinéma revient Hors Compétition sur le tapis rouge du Festival de Cannes.  Le deuxième spin-off de la saga sera dévoilé sur l’écran du Grand Théâtre Lumière. L’épisode revient sur la jeunesse du célèbre contrebandier, as du pilotage et charmant vaurien, Han Solo.   Écrit par Lawrence et Jonathan Kasdan, le film est réalisé par Ron Howard, interprète du classique American Graffiti de George Lucas et auteur de nombreux succès populaires et critiques comme Apollo 13 (1995) ou Un homme d’exception (2002, Oscar du meilleur film et Oscar du meilleur réalisateur).   Autour d’Alden Ehrenreich (Blue Jasmine, 2013) qui incarne Han Solo, le casting compte Woody Harrelson (No Country For Old Men, 2007), Emilia Clarke (Terminator Genisys, 2015), Donald Glover (Seul sur Mars, 2015), Thandie Newton (Jefferson à Paris, 1995), Phoebe Waller-Bridge (La Dame de fer, 2011), Joonas Suotamo (Star Wars VIII: Les Derniers Jedi, 2017) et Paul Bettany (Dogville, 2003).   Solo : A Star Wars story est produit par Kathleen Kennedy, la Présidente de LucasFilm ainsi que par Allison Shearmur et Simon Emanuel. Les producteurs exécutifs sont Lawrence Kasdan, Jason McGatlin, Phil Lord et Christopher Miller.   La séance dans le grand amphithéâtre Lumière du Palais des Festivals de Cannes s’annonce comme un événement pour tous les fans de la saga et pour tous les autres. Solo est distribué par la Walt Disney Company. Il sortira en France le 23 mai, deux jours avant sa sortie aux États-Unis.

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    - Cette année encore, c'est Edouard Baer qui sera le maître des Cérémonies d'ouverture et de clôture du Festival de Cannes pour sa 71ème édition !  Produites par CANAL+, les Cérémonies seront retransmises sur la chaîne en clair, en direct et en exclusivité les 8 et 19 mai 2018.

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    -A l'occasion d'une interview dans le Film Français, le délégué général du Festival de Cannes, Thierry Frémaux a annoncé quelques nouveautés  : désormais tout film en compétition devra sortir dans les salles françaises, la presse ne découvrira plus les films avant les festivaliers et la séance de gala sera ainsi la vraie première mondiale, la presse verra ainsi le film à 19h en même temps en Debussy et pour les séances de 22, le lendemain matin dans le grand théâtre Lumière.

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      -Pour cette année a été créé un nouveau prix intitulé "prix de la citoyenneté". Je vous en reparlerai longuement dans un prochain article.

    Dans les sélections parallèles :

    -L’affiche de la compétition de la Semaine de la Critique au prochain Festival de Cannes. Sur cette affiche figure l'actrice Noée Abita, révélation du film Ava de Léa Mysius dont vous pouvez retrouver ma critique ici.

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    -L'affiche de la Quinzaine des Réalisateurs (qui célèbrera cette année ses 50 ans)a été « réalisée à partir d’une photo de William Klein. L’artiste présent avec son film Festival panafricain d’Alger 1969 lors des jeunes années de la Quinzaine nous a fait l’honneur d’illustrer cette édition anniversaire. Sa conception graphique est de Michel Welfringer. »

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    -Le 9 mai, la Quinzaine des Réalisateurs remettra le Carrosse d’Or à Martin Scorsese. En 1974, il avait présenté "Mean Streets" à la quinzaine.  A cette occasion, le film sera projeté  et une rencontre exceptionnelle avec le cinéaste sera proposée.

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    -Le réalisateur et scénariste norvégien Joachim Trier présidera le jury de la 57ème Semaine de la Critique qui décernera 3 prix à Cannes. Il sera entouré de l’actrice et jeune réalisatrice américaine Chloë Sevigny, du comédien argentin Nahuel Pérez Biscayart, récent lauréat d’un César pour son rôle dans 120 Battements par minute de Robin Campillo, Eva Sangiorgi, nouvelle directrice de la Viennale, Festival international du film de Vienne et du journaliste culturel français Augustin Trapenard.

     

    En attendant l'édition 2018 du Festival de Cannes en direct, retrouvez, en cliquant ici, mon compte rendu de l'édition 2017.

    Retrouvez également mon article sur le Dictionnaire amoureux du Festival de Cannes de Gilles Jacob, la lecture idéale pour préparer au mieux le festival.

  • Critique de VALLEY OF LOVE de Guillaume Nicloux à 20H40 sur OCS Max

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    C’est à la fin du Festival de Cannes 2015 où il figurait en compétition officielle (le film était également en ouverture du Champs-Elysées Film Festival et en clôture du Festival du Film de Cabourg) que j’ai découvert pour la première fois « Valley of love », après 10 jours de grand cinéma qui font que, parfois, les images se mêlent, s’embrouillent, ne sont pas appréciées à leur juste valeur, surtout en un lieu et une époque où chacun se doit de donner (et de proclamer haut et fort) un avis à peine le générique terminé et qui comme le sujet du film finalement (le deuil) se doit d’être zappé. Or, certains films se dégustent plus qu’ils ne se dévorent, et il faut souvent du temps pour en appréhender la force, la profondeur, la pérennité de leurs images. C’est le cas de « Valley of love » qui, à Cannes, m’avait laissé un goût d’inachevé, malgré l’émotion qu’il avait suscitée en moi. Ce fut également sans aucun doute la conférence de presse la plus intéressante de ce 68ème Festival de Cannes. Curieusement, c’est celui auquel je repense le plus souvent et c’est sans aucun doute le pouvoir des grands films que de vous accompagner, de vous donner la sensation d’avoir effectué un voyage à l’issue duquel vous n’êtes plus tout à fait la même personne, c’est pourquoi j’ai décidé de retourner le voir pour vous en parler comme il le mérite…

    Isabelle (dont le prénom n’est d’ailleurs jamais prononcé) et Gérard (interprétés aussi par Isabelle –Huppert- et Gérard -Depardieu-) se rendent à un étrange rendez-vous dans la Vallée de la mort, en Californie. Ils ne se sont pas revus depuis des années et répondent à une invitation de leur fils, Michael, photographe, qu’ils ont reçue après son suicide, six mois auparavant. Malgré l’absurdité de la situation, ils décident de suivre le programme initiatique imaginé par Michael. Quel pitch prometteur et original, en plus de cette prestigieuse affiche qui réunit deux monstres sacrés du cinéma et qui reconstitue le duo de « Loulou » de Pialat, 35 ans après !

    Les premières minutes du film sont un modèle du genre. La caméra suit Isabelle qui avance de dos, vers un motel au milieu de nulle part. Une musique étrange et hypnotique (quelle musique, elle mérite presque à elle seul ce voyage !) l’accompagne. Les bruits de ses pas et de la valise marquent la cadence. Au fur et à mesure qu’elle avance, des notes dissonantes se glissent dans la musique. Puis, elle apparaît face caméra, dans la pénombre, son visage est à peine perceptible. Et quand elle apparaît en pleine lumière, c’est derrière les barreaux d’une fenêtre. Elle enlève alors ses lunettes et se dévoile ainsi à notre regard. Tout est là déjà : le cheminement, les fantômes du passé, l’ombre, le fantastique, la sensation d’enfermement, de gouffre obscur. Plus tard, ils se retrouvent. Le contraste est saisissant, entre le corps imposant et généreux de l’un, le corps frêle et sec de l’autre au milieu de ce paysage d’une beauté vertigineuse, infernale, fascinante, inquiétante.

    Le décor est le quatrième personnage avec Isabelle, Gérard, le fils absent et omniprésent. La chaleur est palpable, constamment. Des gouttes de sueur perlent sur le front de Gérard, se confondent parfois avec des larmes imaginées, contenues. Les grandes étendues vertigineuses du désert résonnent comme un écho à ce vertige saisissant et effrayant du deuil que ce film évoque avec tellement de subtilité, ainsi que son caractère si personnel et intransmissible. Isabelle n’est ainsi pas allée à l’enterrement de son fils parce qu’elle ne va plus aux enterrements depuis la mort de son père. On imagine que la vie les a l’un et l’autre happés, les a contraints à masquer leur douleur indicible, que ces étendues à perte de vue, le vide et l’enfer qu’elles symbolisent leur permet enfin d’y laisser libre cours « comme une sorte de pèlerinage. » : « Parfois j’ai l’impression que je vais m’effondrer, que plus rien ne me porte. Je me sens vidée, abandonnée », dit ainsi Isabelle.

    Grâce à l’humour judicieusement distillé, qui joue sur l’étanchéité des frontières entre leurs identités réelles et leurs identités dans le film (Gérard est acteur, dit être né à Châteauroux, et ne lit que les titres des films pour savoir s’il va accepter un film), elle est végétarienne, le trouve caractériel, lui reproche d’altérer l’écosystème parce qu’il nourrit les lézards. Le comique de situation provient du contraste entre ces deux corps, du contraste visuel aussi de ces deux personnages au milieu du décor (certains plans d’une beauté décalée, imprègnent autant la pellicule que la mémoire des spectateurs), à la fois gigantesques et minuscules dans cette vallée de la mort où ils ont rendez-vous avec leur fils, leur amour perdu. Ces quelques moments de comédie, comme dans le formidable film de Moretti, également en compétition du 68ème Festival de Cannes et également oublié du palmarès (« Mia Madre ») qui aborde le même sujet, permettent de respirer dans ce décor à perte de vue et étouffant avec cette chaleur écrasante, à l’image du deuil qui asphyxie et donne cette impression d’infini et d’inconnu oppressants.

    Mon seul regret concerne une scène trop écrite (dans la voiture) qui expose leurs situations respectives mais ce qui m’a gênée à la première vision, me paraît anecdotique à la deuxième. Certaines phrases résonnent avec d’autant plus de justesse qu’elles sont dites par des comédiens qui les prononcent avec une infinie délicatesse, qui trouvent constamment la note juste : « Si on se met à détester quelqu’un avec qui on a vécu c’est qu’on ne l’a jamais vraiment aimé. Quand on aime quelqu’un c’est pour toujours. » La force de ces deux immenses comédiens est de malgré tout nous faire oublier Depardieu et Huppert et de nous laisser croire qu’ils sont ces Isabelle et Gérard. Et il leur suffit de lire une lettre dans le décor épuré d’une chambre, sans autre artifice que leur immense talent, pour nous émouvoir aux larmes sans parler de cette scène finale bouleversante qui m’a ravagée à la deuxième vision autant qu’à la première.

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    Ce film qui ne ressemble à aucun autre, qui n’est pas dans le spectaculaire et l’esbroufe, mais dans l’intime et la pudeur, aborde avec beaucoup d’intelligence et de sensibilité une réflexion sur le deuil et ce lien distordu avec le réel qu’il provoque, tellement absurde et fou, qu’il porte à croire à tout, même aux miracles, même une rencontre avec un mort dans une vallée du bout du monde. Aux frontières du fantastique qu’il franchit parfois, avec sa musique hypnotique, ses comédiens qui crèvent l’écran et un Depardieu à la présence plus forte que jamais (et il n’est pas question ici seulement de corpulence mais de sa capacité inouïe à magnétiser et occuper l’écran), un décor qui pourrait être difficilement plus cinégénique, intrigant, fascinant, inquiétant, « Valley of love »est un film captivant duquel se dégage un charme étrange   et envoûtant.

    En résulte une réflexion intéressante sur le deuil qui abolit ou suscite de nouvelles croyances (finalement l’homme ou la femme endeuillé(e) devient peut-être cet homme irrationnel du film de Woody Allen dans le formidable « Irrational man »), finalement comme le cinéma… Ainsi, Lambert Wilson, maître de cérémonie de ce 68ème Festival de Cannes, lors de l’ouverture, n’a-t-il pas dit lui-même « Le cinéma, c’est le rêve, le secret, le miracle, le mystère ». « Valley of love » est ainsi aussi une métaphore du cinéma, ce cinéma qui donne vie aux illusions, cette croyance folle que porte Isabelle face au scepticisme de Gérard.

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    Une fin qui nous hante longtemps après le générique, une fin d’une beauté foudroyante, émouvante, énigmatique. Un film pudique et sensible qui mérite d’être vu et revu et qui ne pourra que toucher en plein cœur ceux qui ont été confrontés à cet intolérable et ineffable vertige du deuil. L’oublié du palmarès comme le fut un autre film produit par sa productrice Sylvie Pialat l’année précédente, l’immense « Timbuktu ».

    -Conférence de presse de « Valley of love » au 68ème Festival de Cannes –

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    Ci-dessous, quelques citations de la conférence de presse cannoise, lors de laquelle les deux acteurs se sont prêtés sans rechigner et avec générosité au jeu des questions, et en particulier Gérard Depardieu, bien plus complexe et passionnant que l’image à laquelle certains voudraient le réduire (j’en veux pour preuve les citations de cette conférence de presse reprises avec démagogie par certains médias qui n’ont pas pris la peine de citer en entier ses propos).

    « J’étais émerveillée par le scénario. » Sylvie Pialat

    « Je ne me servirai pas du deuil de Guillaume pour le rôle car c’est 1deuil à part mais je peux imaginer le poids de ces lettres. » Depardieu

    « Je n’ai pas de vision de l’Ukraine. Je suis comme tout le monde choqué. J’adore peuple ukrainien. Ces conflits ne sont pas de mon ressort. » Depardieu

    « Monsieur Poutine, je le connais bien, je l’aime beaucoup et « l’URSS » j’y vais beaucoup ». Depardieu

    « Je connais très mal les cinéastes de maintenant. J’aime beaucoup des gens comme Audiard dont le physique me fait penser à son père. » Depardieu

    « J’adore les séries et des acteurs comme B. Willis. Je ne rechigne pas devant un bon Rossellini ou un très bon Pialat. » Depardieu

    « Je me suis rendu compte que je faisais ce métier par plaisir et parce que ça facilitait la vie. » Depardieu

    « J’ai décidé de faire ce métier car je ne voulais pas travailler. Je me suis rendu compte que je voulais vivre. » Depardieu

    « Ce film, c’est comme une lecture sur des questions essentielles dont nous avons oublié de nous souvenir. » Gérard Depardieu

    « En lisant script sur ces actes manqués de l’oubli, ces interrogations qui nous retombent dessus, je l’ai rarement lu. » Depardieu

    « J’avais vu « La Religieuse », un film qui m’avait particulièrement interpellé. » G.Depardieu

    « L’idée de départ, qu’on s’appelle Gérard et Isabelle a créé d’emblée un aspect documentaire, un rapport particulier aux rôles. » Huppert

    « On se croit sur une autre planète dans la Vallée de la mort. On ne peut se raccrocher à rien. » Isabelle Huppert

    « Le lieu a été l’élément déclencheur de l’histoire. » Guillaume Nicloux

  • Promotions sur les livres numériques (ebooks ) jusqu'au 31 mars 2018 !

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    Voici une promotion qui intéressera ceux qui lisent aussi en numérique, l'occasion de  découvrir mon recueil  de 16 nouvelles sur les festivals de cinéma Les illusions parallèles et mon roman L'amor dans l'âme mais aussi les livres de mes collègues publiés par Les éditions du 38 qui étaient aussi au Salon du Livre de Paris. Tous nos livres sont bien sûr aussi disponibles en version papier.  Ces promotions sont valables sur toutes les plateformes de téléchargement, attention, seulement jusqu'au 31 mars 2018 ! Il ne vous reste donc plus que deux jours pour en profiter !

  • Critique - THE RIDER de Chloé Zhao en salles le 28/03/2018

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    Demain en salles, ne manquez pas mon coup de cœur du Festival du Cinéma Américain de Deauville 2017 (dont vous pouvez retrouver le compte rendu ici et dont est extraite cette critique) qui a reçu le Grand Prix du festival.

    Brady, un jeune cow-boy, entraîneur de chevaux et étoile montante du rodéo, voit sa vie basculer après un tragique accident de rodéo. On lui annonce alors qu’il ne pourra plus jamais faire d’équitation. De retour chez lui, il est confronté au vide qu’est devenue sa vie : celle d’un cow-boy qui ne peut désormais ni faire de rodéo ni même monter à cheval. Pour reprendre son destin en mains, Brady se lance alors dans une quête identitaire en cherchant à comprendre ce que c’est vraiment qu’être un homme au cœur même de l’Amérique.    

    INTERPRÉTATION Brady Jandreau (Brady Blackburn), Tim Jandreau (Wayne Blackburn), Lilly Jandreau (Lilly Blackburn), Lane Scott (Lane Scott), Cat Clifford (Cat Clifford

    Brady vit ainsi avec une blessure à vif, physique et morale. Ainsi a-t-il vu ses rêves, son « American dream », se briser.  Brady Jandreau, qui joue son propre rôle aux côtés de sa famille et de ses amis est vraiment une jeune star du rodéo qui a vu sa vie basculer suite à un accident et cette véracité renforce bien sûr l’émotion qui émane de chacun des plans.

    Ici pas de super héros, pas de grandiloquence, pas de chevauchées fantastiques aux sanglots longs des violons, mais un homme à terre qui essaie de trouver la voie à emprunter pour se relever et continuer à avancer. Comme il le dit lui-même, là où un animal aurait été abattu lui est « obligé de vivre ». Meurtri mais combattif.  Les scènes d’une beauté et simplicité bouleversantes s’enchainent pour dresser le portrait d’un homme que la réalisatrice regarde avec beaucoup d’humilité et de bienveillance aussi éloignée soit-elle (à l'origine du moins) du Dakota du Sud où le film est tourné.

    Après s’être immergée durant quatre ans dans une réserve amérindienne du Dakota du Sud pour réaliser « Les chansons que mes frères m’ont apprises », la réalisatrice pose ainsi à nouveau sa caméra dans cet Etat, à nouveau dans la réserve indienne de Pine Ridge. Après s’être intéressée aux Indiens, elle se penche cette fois sur ces Cowboys d’une autre Amérique, sans éclat, sans flamboyance, sans rutilance, qui combattent pour survivre. Chloé Zhao  revisite ainsi le western faisant du décor un personnage à part entière. Sa caméra caresse et sublime les corps de ces cowboys qui « chevauchent la douleur », qui bravent la nature.

    A l’image du personnage de Katie dans « Katie says goodbye » (autre film en compétition du Festival du Cinéma Américain de Deauville 2017), Brady doit faire face à un avenir sans espoir, à un parent immature, et lui aussi incarne de nombreux contrastes à l’image de cette Amérique pétrie de contradictions. La violence de l’arène dans laquelle il évolue contraste avec la tendresse dont il fait preuve avec sa jeune sœur handicapée ou son ami victime d’un accident de rodéo (ces scènes ne sont jamais voyeuristes ou larmoyantes mais pleines de sensibilité). Les immenses plaines évocatrices de liberté contrastent avec la blessure et l’arène qui l’enferment. Et c’est en renonçant au rodéo que le cowboy va devenir un homme…

    Chloé Zhao réussit une œuvre  pleine de délicatesse et de subtilité sur un univers a priori rude et rugueux. Entre documentaire et drame intimiste, son film  dresse le portrait poignant d’un personnage qui apprend à renoncer dont la force vous accompagne bien après le générique de fin et qui vous donnera envie de continuer à avancer et rêver envers et contre tout.

    Le jury qui lui a attribué le grand prix a salué sa poésie et son humanité.