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IN THE MOOD FOR CINEMA - Page 79

  • Critique de CASABLANCA de Michael Curtiz à voir à 20H45 sur Ciné + Classic

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    On ne présente plus « Casablanca » ni Rick Blaine (Humphrey Bogart), le mystérieux propriétaire du bigarré Café Américain. Nous sommes en 1942, à Casablanca, là où des milliers de réfugiés viennent et échouent des quatre coins de l’Europe, avec l’espoir fragile d’obtenir un visa pour pouvoir rejoindre les Etats-Unis. Casablanca est alors sous le contrôle du gouvernement de Vichy. Deux émissaires nazis porteurs de lettres de transit sont assassinés. Ugarte (Peter Lorre), un petit délinquant, les confie à Rick alors qu’il se fait arrêter dans son café.  C’est le  capitaine Renault (Claude Rains), ami et rival de Rick, qui est chargé de l’enquête tandis qu’arrive à Casablanca un résistant du nom de Victor Laszlo (Paul Henreid). Il est accompagné  de sa jeune épouse : la belle Ilsa (Ingrid Bergman). Rick reconnaît en elle la femme qu’il a passionnément aimée, à Paris, deux ans auparavant…

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    Casablanca est un film qui contient plusieurs films, plusieurs histoires potentielles esquissées ou abouties, plusieurs styles et tant de destins qui se croisent.

    Plusieurs films d’abord. Casablanca est autant le portrait de cette ville éponyme, là où tant de nationalités, d’espoirs, de désespoirs se côtoient, là où l’on conspire, espère, meurt, là où la chaleur et l’exotisme ne font pas oublier qu’un conflit mondial se joue et qu’il est la seule raison pour laquelle des êtres si différents se retrouvent et parfois s’y perdent.

    C’est ensuite évidemment l’histoire de la Résistance, celle de la collaboration, l’Histoire donc.

    Et enfin une histoire d’amour sans doute une des plus belles qui ait été écrite pour le cinéma. De ces trois histoires résultent les différents genres auxquels appartient ce film : vibrante histoire d’amour avant tout évidemment, mais aussi comédie dramatique, film noir, mélodrame, thriller, film de guerre.

    Peu importe le style auquel il appartient, ce qui compte c’est cette rare alchimie. Cette magie qui, 70 ans après, fait que ce film est toujours aussi palpitant et envoûtant.

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    L’alchimie provient d’abord du personnage de Rick, de son ambiguïté.  En apparence hautain, farouche individualiste, cynique, velléitaire, amer, il se glorifie ainsi de « ne jamais prendre parti », de  « ne prendre de risque pour personne » et dit qu’ « alcoolique » est sa nationalité ; il se révèle finalement patriote, chevaleresque, héroïque, déterminé, romantique. Evidemment Humphrey Bogart avec son charisme, avec son vieil imper ou son costume blanc (qui reflètent d’ailleurs le double visage du personnage), sa voix inimitable, sa démarche nonchalante, ses gestes lents et assurés lui apporte un supplément d’âme, ce mélange de sensibilité et de rudesse qui n’appartient qu’à lui. Un personnage aux mille visages, chacun l’appelant, le voyant aussi différemment. Auparavant surtout connu pour ses rôles de gangsters et de détectives, Humphrey Bogart était loin d’être le choix initial (il fut choisi après le refus définitif de George Raft) tout comme Ingrid Bergman d’ailleurs (Michèle Morgan, notamment, avait d’abord été contactée), de même que le réalisateur Michael Curtiz n’était pas le choix initial de la Warner qui était William Wyler. On imagine désormais mal comment il aurait pu en être autrement tant tous concourent à créer cette alchimie…

    Ensuite cette alchimie provient évidemment du couple qu’il forme avec Ingrid Bergman qui irradie littéralement l’écran, fragile, romanesque, nostalgique, mélancolique  notamment grâce à une photographie qui fait savamment briller ses yeux d’une tendre tristesse. Couple romantique par excellence puisque leur amour est rendu impossible par  la présence du troisième personnage du triangle amoureux qui se bat pour la liberté, l’héroïque Victor Laszlo qui les place face à de cruels dilemmes : l’amour ou l’honneur. Leur histoire personnelle ou l’Histoire plus grande qu’eux qui  tombent « amoureux quand le monde s’écroule ». L’instant ou la postérité.

    Et puis il y a tous ces personnages secondaires : Sam (Dooley Wilson), le capitaine Renault, … ; chacun incarnant un visage de la Résistance, de la collaboration ou parfois une attitude plus ambiguë à l’image de ce monde écartelé, divisé dont Casablanca est l’incarnation.

    Concourent aussi à cette rare alchimie ces dialogues, ciselés, qui, comme le personnage de Rick oscillent entre romantisme noir et humour acerbe : « de tous les bistrots, de toutes les villes du monde c’est le mien qu’elle a choisi ». Et puis ces phrases qui reviennent régulièrement comme la musique de Sam, cette manière nonchalante, presque langoureuse que Rick a de dire « Here’s looking at you, kid » .

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    Et comme si cela n’était pas suffisant, la musique est là pour achever de nous envoûter. Cette musique réminiscence de ces brefs instants de bonheur à Paris, entre Rick et Ilsa, à « La Belle Aurore » quand l’ombre ne s’était pas encore abattue sur le destin et qu’il pouvait encore être une « belle aurore », ces souvenirs dans lesquels le « Play it again Sam » les replonge lorsque Ilsa implore Sam de rejouer ce morceau aussi célèbre que le film : « As time goes by » ( la musique est signée Max Steiner mais « As time goes by » a été composée par Herman Hupfeld en 1931 même si c’est « Casablanca » qui l’a faîte réellement connaître).

    Et puis il y a la ville de Casablanca d’une ensorcelante incandescence qui vibre, grouille, transpire sans cesse de tous ceux qui s’y croisent, vivent de faux-semblants et y jouent leurs destins : corrompus, réfugiés, nazis, collaborateurs… .

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    Des scènes d’anthologie aussi ont fait entrer ce film dans la légende comme ce combat musical, cet acte de résistance en musique (les partisans des Alliés chantant la Marseillaise couvrant la voix des Allemands chantant Die Wacht am Rhein, et montrant au détour d’un plan un personnage changeant de camp par le chant qu’il choisit) d’une force dramatique et émotionnelle incontestable.  Puis évidemment la fin que les acteurs ne connaissaient d’ailleurs pas au début et qui fut décidée au cours du tournage, cette fin qui fait de « Casablanca » sans doute une des trois plus belles histoires d’amour de l’histoire du cinéma. Le tournage commença ainsi sans scénario écrit et Ingrid Bergman ne savait alors pas avec qui son personnage partirait à la fin, ce qui donne aussi sans doute à son jeu cette intrigante ambigüité. Cette fin( jusqu’à laquelle  l’incertitude est jubilatoire pour le spectateur) qui rend cette histoire d’amour intemporelle et éternelle. Qui marque le début d’une amitié et d’un engagement (le capitaine Renault jetant la bouteille de Vichy, symbole du régime qu’il représentait jusqu’alors) et est clairement en faveur de l’interventionnisme américain (comme un autre film dont je vous parlais récemment), une fin qui est aussi  un sacrifice, un combat pour la liberté qui subliment l’histoire d’amour, exhalent et exaltent la force du souvenir (« nous aurons toujours Paris ») et sa beauté mélancolique.

    La réalisation de Michael Curtiz est quant à elle élégante, sobre, passant d’un personnage à l’autre avec beaucoup d’habileté et de fluidité, ses beaux clairs-obscurs se faisant l’écho des zones d’ombre  des personnages et des combats dans l’ombre et son style expressionniste donnant des airs de film noir à ce film tragique d’une beauté déchirante. Un film qui comme l’amour de Rick et Ilsa résiste au temps qui passe.

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    Le tout concourant à ce romantisme désenchanté, cette lancinance nostalgique et à ce que ce film soit régulièrement classé comme un des meilleurs films du cinéma mondial. En 1944, il fut ainsi couronné de trois Oscars (meilleur réalisateur, meilleur scénario adapté, meilleur film) et l’American Film Institute, en 2007, l’a ainsi classé troisième des cents meilleurs films américains de l’Histoire derrière l’indétrônable « Citizen Kane » et derrière « Le Parrain ».

    Le charme troublant de ce couple de cinéma mythique et le charisme ensorcelant de ceux qui les incarnent, la richesse des personnages secondaires,  la cosmopolite Casablanca, la musique de Max Steiner, la voix de Sam douce et envoûtante chantant le nostalgique « As time goes by », la menace de la guerre lointaine et si présente, la force et la subtilité du scénario (signé Julius et Philip Epstein d’après la pièce de Murray Burnett et Joan Alison « Everybody comes to Rick’s »), le dilemme moral, la fin sublime, l’exaltation nostalgique et mélancolique de la force du souvenir et de l’universalité de l’idéalisme (amoureux, résistant) et du combat pour la liberté font de ce film un chef d’œuvre…et un miracle quand on sait à quel point ses conditions de tournage furent désastreuses.

    La magie du cinéma, tout simplement, comme le dit Lauren Bacall : « On a dit de Casablanca que c’était un film parfait évoquant l’amour, le patriotisme, le mystère et l’idéalisme avec une intégrité et une honnêteté que l’on trouve rarement au cinéma. Je suis d’accord. Des générations se plongeront dans le drame du Rick’s Café Américain. Et au fil du temps, le charme de Casablanca, de Bogey et de Bergman continuera à nous ensorceler. C’est ça, la vraie magie du cinéma ».

    Un chef d’œuvre à voir absolument. A revoir inlassablement. Ne serait-ce que pour entendre Sam (Dooley Wilson)  entonner « As time goes by » et nous faire chavirer d’émotion...

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  • Interview : mes lectures favorites sur le blog littéraire Des plumes et des livres

     

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    Aujourd'hui, ici, je vous parle de mes livres préférés sur l'excellent blog littéraire Des plumes et des livres qui avait également consacré une belle critique à mon roman "L'amor dans l'âme" , à mon recueil de nouvelles "Les Illusions parallèles" ,et à qui j'avais répondu à une interview au sujet de ma passion pour l'écriture et de la genèse de mes livres publiés par Les editions du 38.

    Cliquez sur l'image ci-dessous ou ici pour lire l'interview au sujet de mes goûts littéraires sur Des plumes et des livres.

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  • 71ème Festival de Cannes : compléments de sélection

    Comme promis lors de la conférence de presse du Festival du 12 avril lors de laquelle avait été annoncée la sélection officielle, d'autres films viennent aujourd'hui s'ajouter à cette sélection.

    Compétition

    Les nouveaux films sont :

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    UN COUTEAU DANS LE CŒUR (KNIFE + HEART) du Français Yann Gonzalez, avec Vanessa Paradis.

    AYKA du Russe Sergey Dvortsevoy, réalisateur de Tulpan, vainqueur du Prix Un Certain Regard en 2008.

    Ce sont les deuxièmes films de Yann Gonzalez et de Sergey Dvortsevoy et c’est la première fois qu’ils viennent en Compétition.

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    AHLAT AGACI (THE WILD PEAR TREE / LE POIRIER SAUVAGE) du Turc Nuri Bilge Ceylan, Palme d’or 2014 avec Winter Sleep (dont vous pouvez retrouver ma critique en bas de cet article).

     Passionné de littérature, Sinan a toujours voulu être écrivain. De retour dans son village natal d’Anatolie, il met toute son énergie à trouver l’argent nécessaire pour être publié, mais les dettes de son père finissent par le rattraper…

    La Compétition 2018 est donc désormais composée de 21 films. Retrouvez les autres films en compétition dans mon article à ce sujet, ici.

    Hors Compétition

    "Pierre Lescure, Président du Festival, et son Conseil d’Administration ont décidé d’accueillir le retour du réalisateur danois Lars von Trier, Palme d’or 2000, en Sélection officielle" nous annonce le festival. Son nouveau film sera projeté Hors Compétition.

    THE HOUSE THAT JACK BUILT de Lars von Trier, avec Matt Dillon et Uma Thurman.

     États-Unis, années 70.
    Nous suivons le très brillant Jack à travers cinq incidents et découvrons les meurtres qui vont marquer son parcours de tueur en série. L'histoire est vécue du point de vue de Jack. Il considère chaque meurtre comme une œuvre d'art en soi. Alors que l'ultime et inévitable intervention de la police ne cesse de se rapprocher (ce qui exaspère Jack et lui met la pression) il décide - contrairement à toute logique - de prendre de plus en plus de risques. Tout au long du film, nous découvrons les descriptions de Jack sur sa situation personnelle, ses problèmes et ses pensées à travers sa conversation avec un inconnu, Verge. Un mélange grotesque de sophismes, d’apitoiement presque enfantin sur soi et d'explications détaillées sur les manœuvres dangereuses et difficiles de Jack.

    Retrouvez également ma critique de "Melancholia" de Lars Von Trier en bas de cet article.

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    Un Certain Regard

    MUERE, MONSTRUO, MUERE (MEURS, MONSTRE, MEURS) de l’Argentin Alejandro Fadel.

    Fin de l’hiver, une tempête de neige s’abat sur la Cordillère des Andes. Les corps de plusieurs femmes décapitées sont retrouvés près d’un poste frontière isolé, au pied de la montagne. Un homme, David, porté disparu depuis des jours, est recherché en vain par la Police Rurale. Alors que Cruz, l’officier en charge de l’enquête doit élucider ces meurtres, il tombe face à face avec un monstre. David, devenu fou, est-il vraiment coupable ? Le monstre existe-t-il ? Cruz se retrouve seul face à l’évidence.

    CHUVA E CANTORIA NA ALDEIA DOS MORTOS (THE DEAD AND THE OTHERS / LES MORTS ET LES AUTRES) du Portugais João Salaviza et de la brésilienne Renée Nader Messora.

    Ainsi que :

    DONBASS de l’Ukrainien Sergey Loznitsa qui, le mercredi 9 mai, fera l’ouverture de Un Certain Regard 2018.

    "Quand on appelle “paix“ la guerre, quand la propagande est présentée comme la vérité, quand on appelle “amour“ la haine, c’est là que la vie même commence à ressembler à la mort. Le Donbass survit. Manuel pratique de l’enfer."

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    Séance Spéciale

    Le film d’animation ANOTHER DAY OF LIFE de Damian Nenow et Raul De La Fuente.

     Angola, 1970. Le grand reporter de guerre Ryszard Kapuscinski se retrouve en pleine guerre civile.

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    Séances de Minuit

    WHITNEY, un documentaire de l’Ecossais Kevin Macdonald, qui retrace l’existence de la chanteuse Whitney Houston.

    FAHRENHEIT 451 de l’Américain Ramin Bahrani avec Sofia Boutella, Michael B. Jordan et Michael Shannon. Il s’agit de la deuxième adaptation, après celle de François Truffaut, du roman de Ray Bradbury.

     Dans un monde dystopique, la lecture est prohibée et les livres brûlés par les pompiers. Jusqu'au jour où l'un de ces derniers trouve un ouvrage, décide de le cacher, et devient hors-la-loi.

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    Film de Clôture

    En 2018, le Festival de Cannes renoue avec la tradition du film de clôture :

    THE MAN WHO KILLED DON QUIXOTE du Britannique Terry Gilliam, avec Adam Driver, Jonathan Pryce et Olga Kurylenko.

    Toby, un jeune réalisateur de pub cynique et désabusé, se retrouve pris au piège des folles illusions d’un vieux cordonnier espagnol convaincu d’être Don Quichotte. Embarqué dans une folle aventure de plus en plus surréaliste, Toby se retrouve confronté aux conséquences tragiques d’un film qu’il a réalisé au temps de sa jeunesse idéaliste: ce film d’étudiant adapté de Cervantès a changé pour toujours les rêves et les espoirs de tout un petit village espagnol. Toby saura-t-il se racheter et retrouver un peu d’humanité? Don Quichotte survivra-t-il à sa folie? Ou l’amour triomphera-t-il de tout ?

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    Projeté le samedi 19 lors la cérémonie de Clôture, le film sortira en France le même jour.

      En tout, 1906 longs métrages ont été visionnés par les différents comités de sélection.

    Critique de WINTER SLEEP de Nuri Bilge Ceylan

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    « Winter Sleep » a remporté la Palme d’or du 67ème Festival de Cannes, voilà qui complètait le (déjà prestigieux) palmarès cannois de Nuri Bilge Ceylan, un habitué du festival, après son Grand Prix en 2003, pour « Uzak »,  celui de la mise en scène en 2008 pour « Les Trois Singes » et un autre Grand Prix en 2011 pour « Il était une fois en Anatolie ». En 2012, il fut  également récompensé d’un Carrosse d’Or, récompense décernée dans le cadre de la Quinzaine des réalisateurs par la Société des Réalisateurs de Films à l’un de leurs pairs. Son premier court-métrage, « Koza », fut par ailleurs repéré par le festival et devint le premier court turc qui y fut sélectionné, en 1995.  Il fut par ailleurs membre du jury cannois en 2009, sous la présidence d’Isabelle Huppert. Son film « Les Climats » reçut   le prix FIPRESCI de la critique internationale en 2006.

    J’essaie de ne jamais manquer les projections cannoises de ses films tant ils sont toujours brillamment mis en scène, écrits, et d’une beauté formelle époustouflante. « Winter sleep » ne déroge pas à la règle…et c’est d’autant plus impressionnant que Nuri Bilge Ceylan est à la fois réalisateur, scénariste (coscénariste avec sa femme), coproducteur et monteur de son film…et qu’il semble pareillement exceller dans tous ces domaines.

    Inspiré de 3 nouvelles de Tchekhov, se déroulant dans une petite ville de Cappadoce, en Anatolie centrale, « Winter sleep » raconte l’histoire d’Aydin (Haluk Bilginer), comédien à la retraite, qui y tient un petit hôtel avec son épouse de 20 ans sa cadette, Nihal (Melisa Sözen) dont il s’est éloigné sentimentalement, et de sa sœur Necla (Demet Akbağ ) qui souffre encore de son récent divorce. En hiver, à mesure que la neige recouvre la steppe, l’hôtel devient leur refuge mais aussi le théâtre de leurs déchirements… Et dire que tout avait commencé par la vitre d’une voiture sur laquelle un enfant avait jeté une pierre. La première pierre…

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    Sans doute la durée du film (3H16) en aura-t-elle découragé plus d’un et pourtant…et pourtant je ne les ai pas vues passer, que ce soit lors de la première projection cannoise ou lors de la seconde puisque le film a été projeté une deuxième fois le lendemain de la soirée du palmarès, très peu de temps après.

    La durée, le temps, l’attente sont toujours au centre de ses films sans que jamais cela soit éprouvant pour le spectateur qui, grâce à la subtilité de l’écriture, est d’emblée immergé dans son univers, aussi rugueux puisse-t-il être. Une durée salutaire dans une époque qui voudrait que tout se zappe, se réduise, se consomme et qui nous permet de plonger dans les tréfonds des âmes qu’explore et dissèque le cinéaste. Nuri Bilge Ceylan déshabille en effet les âmes de ses personnages.

     Le premier plan se situe en extérieur. Au loin, à peine perceptible, un homme avance sur un chemin. Puis images en intérieur, zoom sur Aydin de dos face à la fenêtre, enfermé dans sa morale, ses certitudes, son sentiment de supériorité, tournant le dos (à la réalité), ou le passage de l’extérieur à l’intérieur (des êtres) dont la caméra va se rapprocher de plus en plus pour  mettre à nu leur intériorité. « Pour bien joué, il faut être honnête », avait dit un jour Omar Sharif à Aydin. Aydin va devoir apprendre à bien jouer, à faire preuve d’honnêteté, lui qui se drape dans la morale, la dignité, les illusions pour donner à voir celui qu’il aimerait -ou croit-être.

    Homme orgueilleux, riche, cultivé, ancien comédien qui se donne « le beau rôle », Aydin est un personnage terriblement humain, pétri de contradictions, incroyablement crédible, à l’image de tous les autres personnages du film (quelle direction d’acteurs !) si bien que, aujourd’hui encore, je pense à eux comme à des personnes réelles tant Nuri Bilge Ceylan leur donne corps, âme, vie.

    Pour Aydin, les autres n’existent pas et, ainsi, à ses yeux comme aux nôtres, puisque Nihal apparaît au bout de 30 minutes de film seulement. Il ne la regarde pas. Et quand il la regarde c’est pour lui demander son avis sur une lettre qui flatte son ego. C’est à la fois drôle et cruel, comme à diverses moments du film, comme lorsqu’il raconte à sa sœur une pièce dans laquelle elle ne se souvient visiblement pas l’avoir vu jouer :  « La pièce où je jouais un imam. J’entrais en cherchant les toilettes ».

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    Que de gravité et d’intensité mélancoliques, fascinantes, dont il est impossible de détacher le regard comme s’il s’était agi de la plus palpitante des courses-poursuites grâce au jeu habité et en retenue des comédiens, au caractère universel et même intemporel de l’intrigue, grâce à la beauté foudroyante et presque inquiétante des paysages de la Cappadoce, presque immobile comme un décor de théâtre. L’hôtel se nomme d’ailleurs « Othello ».  Dans le bureau d’Aydin, ancien acteur de théâtre, se trouvent des affiches de « Caligula » de Camus, et de « Antoine et Cléopâtre » de Shakespeare. La vie est un théâtre. Celle d’Aydin, une représentation, une illusion que l’hiver va faire voler en éclats.

    « Winter sleep », à l’image de son titre, est un film à la fois rude, rigoureux et poétique. Il est porté par des dialogues d’une finesse exceptionnelle mêlant cruauté, lucidité, humour, regrets (« j’ai voulu être ce grand acteur charismatique dont tu rêvais »), comme ces deux conversations, l’une avec sa sœur, l’autre avec Nihal, qui n’épargnent aucun d’eux et sont absolument passionnantes comme dans une intrigue policière, chacune de ces scènes donnant de nouveaux indices sur les caractères des personnages dont les masques tombent, impitoyablement : « Avant tu faisais notre admiration » », « On croyait que tu ferais de grandes choses », « On avait mis la barre trop haut », « Ce romantisme sirupeux », « Cet habillage lyrique qui pue le sentimentalisme », « Ton altruisme m’émeut aux larmes.», « Ta grande morale te sert à haïr le monde entier ».

     Ces scènes sont filmées en simples champs/contre-champs. La pièce est à chaque fois plongée dans la pénombre donnant encore plus de force aux visages, aux expressions, aux paroles ainsi éclairés au propre comme au figuré, notamment grâce au travail de Gökhan Tiryaki, le directeur de la photographie. Nuri Bilge Ceylan revendique l’influence de Bergman particulièrement flagrante lors de ces scènes.

    Les temps de silence qui jalonnent le film, rares, n’en sont que plus forts, le plus souvent sur des images de l’extérieur dont la beauté âpre fait alors écho à celle des personnages. Sublime Nihal dont le visage et le jeu portent tant de gravité, de mélancolie, de jeunesse douloureuse. Pas une seconde pourtant l’attention (et la tension ?) ne se relâchent, surtout pas pendant ces éloquents silences sur les images de la nature fascinante, d’une tristesse éblouissante.

    Nuri Bilge Ceylan est terriblement lucide sur ses personnages et plus largement sur la nature humaine, mais jamais cynique. Son film résonne comme un long poème mélancolique d’une beauté triste et déchirante porté par une musique parcimonieuse, sublimé par la sonate n°20 de Schubert et des comédiens exceptionnels. Oui, un long poème mélancolique à l’image de ces personnages : lucides, désenchantés, un poème qui nous accompagne longtemps après la projection et qui nous touche au plus profond de notre être et nous conduit, sans jamais être présomptueux, à nous interroger sur la morale, la (bonne) conscience, et les faux-semblants, les petitesses en sommeil recouvertes par l’immaculée blancheur de l’hiver. Un peu les nôtres aussi. Et c’est ce qui est le plus magnifique, et terrible.

    Critique de MELANCHOLIA de Lars Von Trier

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    Ce soir, ne manquez pas le chef d'oeuvre de Lars von Trier, "Melancholia", à 20H45, sur Ciné plus Emotion.

    "Melancholia" reste pour moi LE film du Festival de Cannes 2011 dans le cadre duquel je l'avais découvert, le film qui aurait indéniablement mérité la palme d’or, mais aussi LE film de l’année 2011 …et même un  immense  choc, tellurique certes mais surtout cinématographique.

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    De cette projection, je garde une impression à la fois jubilatoire et dérangeante, et de fascination, accentuée par le fait que j’ai vu ce film dans le cadre de sa projection cannoise officielle suite à la conférence de presse tonitruante en raison des déclarations pathétiques de Lars von Trier dont le film n’avait vraiment pas besoin et dont nous ne saurons jamais si elles lui ont coûté la palme d’or que, à mon avis, il méritait beaucoup plus que « Tree of life ».  Rarement (jamais ?) en 13 ans de Festival de Cannes, l’atmosphère dans la salle avant une projection ne m’avait semblée si pesante et jamais, sans doute, un film n’aura reçu un accueil aussi froid (d’ailleurs finalement pas tant que ça) alors qu’il aurait mérité un tonnerre d’applaudissements.

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    Je pourrais vous en livrer le pitch. Ce pitch vous dirait que, à l'occasion de leur mariage, Justine (Kirsten Dunst) et Michael (Alexander Skarsgård ) donnent une somptueuse réception dans le château de la sœur de Justine, Claire(Charlotte Gainsbourg) et de son beau-frère. Pendant ce temps, la planète Melancholia se dirige inéluctablement vers la Terre...

     Mais ce film est tellement plus que cela…

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    Dès la séquence d’ouverture, d’une beauté sombre et déroutante, envoûtante et terrifiante (une succession de séquences et photos sur la musique de Wagner mêlant les images de Justine  et les images de la collision cosmique), j’ai été éblouie, subjuguée, happée par ce qui se passait sur l’écran pour ne plus pouvoir en détacher mon attention. Après ce prologue fantasmagorique et éblouissant,  cauchemardesque,  place au « réalisme » avec les mariés qui sont entravés dans leur route vers le château où se déroulera le mariage. Entravés comme Justine l’est dans son esprit. Entravés comme le sera la suite des évènements car rien ne se passera comme prévu dans ce film brillamment dichotomique, dans le fond comme dans la forme.

    Lars von Trier nous emmène ensuite dans un château en Suède, cadre à la fois familier et intemporel, contemporain et anachronique, lieu du mariage de Justine, hermétique au bonheur. La première partie lui est consacrée tandis que la seconde est consacrée à sa sœur Claire. La première est aussi mal à l’aise avec l’existence que la seconde semble la maitriser jusqu’à ce que la menaçante planète « Melancholia » n’inverse les rôles, cette planète miroir allégorique des tourments de Justine provoquant chez tous cette peur qui l’étreint constamment, et la rassurant quand elle effraie les autres pour qui, jusque là, sa propre mélancolie était incompréhensible.

    Melancholia, c’est aussi le titre d’un poème de Théophile Gautier et d’un autre de Victor Hugo (extrait des « Contemplations ») et le titre que Sartre voulait initialement donner à « La nausée », en référence à une gravure de Dürer dont c’est également le titre. Le film de Lars von Trier est la transposition visuelle de tout cela, ce romantisme désenchanté et cruel. Ce pourrait être prétentieux (comme l’est « Tree of life » qui semble proclamer chaque seconde sa certitude d’être un chef d’œuvre, et qui, pour cette raison, m’a autant agacée qu’il m’a fascinée) mais au lieu de se laisser écraser par ses brillantes références (picturales, musicales, cinématographiques), Lars von Trier les transcende pour donner un film d’une beauté, d’une cruauté et d’une lucidité renversantes.

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     C’est aussi  un poème vertigineux, une peinture éblouissante, un opéra tragiquement romantique, bref une œuvre d’art à part entière. Un tableau cruel d’un monde qui se meurt ( dont la clairvoyance cruelle de la première partie fait penser à « Festen » de Vinterberg) dans lequel rien n’échappe au regard acéré du cinéaste : ni la lâcheté, ni l’amertume, ni la misanthropie, et encore moins la tristesse incurable, la solitude glaçante face à cette « Mélancholia », planète vorace et assassine, comme l’est la mélancolie dévorante de Justine.

    « Melancholia » est un film bienheureusement inclassable, qui mêle les genres habituellement dissociés (anticipation, science-fiction, suspense, métaphysique, film intimiste…et parfois comédie certes cruelle) et les styles (majorité du film tourné caméra à l’épaule) .

    Un film de contrastes et d’oppositions. Entre rêve et cauchemar. Blancheur et noirceur. La brune et la blonde. L’union et l’éclatement. La terreur et le soulagement. La proximité (de la planète) et l’éloignement (des êtres).

    Un film à contre-courant, à la fois pessimiste et éblouissant. L’histoire d’une héroïne  incapable d’être heureuse dans une époque qui galvaude cet état précieux et rare avec cette expression exaspérante « que du bonheur ».

    Un film dans lequel rien n’est laissé au hasard, dans lequel tout semble concourir vers cette fin…et quelle fin ! Lars von Trier parvient ainsi à instaurer un véritable suspense terriblement effrayant et réjouissant qui s’achève par une scène redoutablement tragique d’une beauté saisissante aussi sombre que poignante et captivante qui, à elle seule, aurait justifié une palme d’or. Une fin sidérante de beauté et de douleur. A couper le souffle. D’ailleurs, je crois être restée de longues minutes sur mon siège dans cette salle du Grand Théâtre Lumière, vertigineuse à l’image de ce dénouement, à la fois incapable et impatiente de transcrire la multitude d’émotions procurées par ce film si intense et sombrement flamboyant.

    Et puis… comment aurais-je pu ne pas être envoûtée par ce film aux accents viscontiens (« Le Guépard » et « Ludwig- Le crépuscule des Dieux » de Visconti ne racontant finalement pas autre chose que la déliquescence d’un monde et d’une certaine manière la fin du monde tout comme « Melancholia »), étant inconditionnelle du cinéaste italien en question ?

    Le jury du 64ème Festival de Cannes  a d’ailleurs semble-t-il beaucoup débattu du « cas Melancholia ».  Ainsi, selon Olivier Assayas, lors de la conférence de presse du jury : « En ce qui me concerne, c’est un de ses meilleurs films. Je pense que c’est un grand film. Je pense que nous sommes tous d’’accord pour condamner ce qui a été dit dans la conférence de presse. C’est une œuvre d’art accomplie. »

    Kirsten Dunst incarne la mélancolie (d’ailleurs pas pour la première fois, tout comme dans « Marie-Antoinette » et « Virgin Suicides ») à la perfection dans un rôle écrit au départ pour Penelope Cruz. Lui attribuer le prix d’interprétation féminine était sans doute une manière judicieuse pour le jury de récompenser le film sans l’associer directement au cinéaste et à ses propos, lequel cinéaste permettait pour la troisième fois à une de ses comédiennes d’obtenir le prix d’interprétation cannois (se révélant ainsi un incontestable très grand directeur d’acteurs au même titre que les Dardenne dans un style certes très différent), et précédemment Charlotte Gainsbourg pour « Antichrist », d’ailleurs ici également époustouflante.

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     Un très grand film qui bouscule, bouleverse, éblouit, sublimement cauchemardesque et d’une rare finesse psychologique me laisse le souvenir lancinant et puissant  d’un film qui mêle savamment les émotions d’un poème cruel et désenchanté, d’un opéra et d’un tableau mélancoliques et crépusculaires.

    Alors je sais que vous êtes nombreux à vous dire réfractaires au cinéma de Lars von Trier…mais ne passez pas à côté de ce chef d’œuvre  qui vous procurera plus d’émotions que la plus redoutablement drôle des comédies, que le plus haletant des blockbusters, et que le plus poignant des films d’auteurs et dont je vous garantis que la fin est d’une splendeur qui confine au vertige. Inégalée et inoubliable.

     

  • Ces films qui ont lancé des modes

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    La petite robe noire d’Audrey Hepburn dans le fameux Breakfast at Tiffany’s reste encore et toujours l’un des looks les plus emblématiques de l’histoire du cinéma, à tel point que 75% des gens s’y réfèrent encore si on leur demande quel vêtement apparu au grand écran a le plus influencé la mode, selon le site irlandais rte. Parmi les grands moments du cinéma, nombreux sont ceux qui ont marqué la haute couture comme le prêt-à-porter. Voici notre sélection :

     

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    Sept ans de réflexion

    La scène culte de Marylin Monroe s’avançant en robe blanche vers la fameuse bouche de métro, dans le film de Billy Wilder, n’a pas pris une ride. Dans l’industrie de la mode, on considère encore la célèbre robe à dos nu et à col tour de cou comme l’une des plus marquantes de la haute couture. La tenue originale portée par Marylin pendant le tournage du film à Manhattan a été vendue aux enchères en 2011 pour la modique somme de 4.6 millions de dollars. Comme si cela ne suffisait pas, l’actrice mythique a d’ailleurs influencé la mode à travers son apparition dans de nombreux autres films, comme Les Hommes préfèrent les Blondes, ou la Rivière sans Retour.

     

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    La La Land

    Le film de Damien Chazelle a récolté les oscars et récompenses, et c’est Emma Stone qui tient la vedette. Tout en simplicité et pourtant si élégante, la robe jaune à volants à manches bouffantes et à col carré qu’elle porte dans le film a inspiré les collections printemps-été 2017 et les recherches des mots-clés robe jaune ont augmenté de 18 % après la sortie du film. Vous savez maintenant quel sera l’essentiel de votre garde-robe cette année.

     

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    Annie Hall

    Dès la sortie du film de Woody Allen en 1977, l’apparition de Diane Keaton en chemise cravate a fait du look à la garçonne un exemple de style, repris depuis par de nombreuses admiratrices. Peaufiné par l’actrice anglaise Jane Birkin qui en a fait sa signature, le look est indémodable et, ironiquement, représente le comble de la féminité. Portez-le agrémenté d’un canotier et sur un pantalon coupe droite pour un effet garanti.

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    Risky Business

    Si vous vous demandez encore ce qui a fait de Ray-Ban la marque de lunettes de soleil de référence, ne cherchez plus. Tom Cruise en a fait un objet emblématique dans une scène tout aussi mythique du film Risky Business. Suite à la sortie du film de Paul Brickman en 1983, les ventes de Ray-Ban ont doublé et le modèle Wayfarer est devenu typique du jeune homme charmeur, bronzé et prometteur.

     

    Alerte à Malibu

    Les amateurs de la série américaine des années 80 dans laquelle David Hasselhof et Pamela Anderson, en emblématique maillots de bain rouges, se précipitaient fréquemment et sans hésitation à l’aide des nageurs en détresse, ont apprécié de redécouvrir leurs personnages préférés dans le film de Seth Gordon, sorti en 2017. C’est sans surprise qu’on apprendra que les ventes de tenues de bain rouges ont augmenté de 200% après la sortie du film. De quoi assurer la sécurité sur les plages du monde entier.

     

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  • Le jury du 71ème Festival de Cannes

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    Ci-dessus, photo de Cate Blanchett au Festival du Cinéma Américain de Deauville ... peut-être une photo prémonitoire puisque Vincent Lindon sera à nouveau en lice cette année pour le prix d'interprétation avec En guerre de Stéphane Brizé.

    Comme chaque année, c'est quelques jours après la conférence de presse de l'annonce de la sélection officielle (dont vous pouvez retrouver le compte rendu, ici) que nous connaissons la composition du jury du Festival de Cannes. Nous savions déjà que la présidente en serait l'actrice et productrice australienne Cate Blanchett (retrouvez ici, mon article à ce sujet avec 3 critiques de films dans lesquels joue l'actrice). 5 femmes (souvent très engagées) et 4 hommes composent ce jury dont les membres appartiennent à 5 continents et 7 nationalités.

    Voici les membres de ce jury comme toujours prestigieux et éclectique :

    Chang Chen

    (Acteur, chinois)

    Ava DuVernay

    (Scénariste, réalisatrice, productrice, américaine)

    Robert Guédiguian

    (Réalisateur, scénariste, producteur, français)

     Khadja Nin

    (Auteur, compositeur, interprète, burundaise)

     Léa Seydoux

    (Actrice, française)

     Kristen Stewart

    (Actrice américaine)

     Denis Villeneuve

    (Réalisateur, scénariste canadien)

     Andrey Zvyagintsev

    (Réalisateur, scénariste russe)

    A l'occasion de la présence de son réalisateur dans le jury, je vous propose à nouveau la critique de FAUTE D'AMOUR, mon coup de cœur du Festival de Cannes 2017, prix du jury.

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    Cette critique est extraite de mon compte rendu du Festival de Cannes 2017 à retrouver ici.

    « Faute d’amour » est mon grand coup de cœur de cette édition que je retournerai voir pour vous en parler plus longuement et plus précisément.

    Boris et Genia sont en train de divorcer. Ils se disputent sans cesse et enchaînent les visites de leur appartement en vue de le vendre. Ils préparent déjà leur avenir respectif : Boris est en couple avec une jeune femme enceinte et Genia fréquente un homme aisé qui semble prêt à l’épouser... Aucun des deux ne semble avoir d'intérêt pour Aliocha, leur fils de 12 ans. Jusqu'à ce qu'il disparaisse.

    En 2007, Konstantin Lavronenko, remportait le prix d’interprétation masculine pour son rôle dans « Le Bannissement » de Zvyagintsev. Avec « Elena », Zvyangintsev remportait le Prix spécial du jury  Un  Certain Regard en 2011. Et le Prix du scénario pour « Leviathan » en 2014. Avec ce cinquième long-métrage, il frôle la perfection.

    Ce film palpitant m’a littéralement scotchée à l’écran du premier au dernier plan. Premiers plans de ces arbres décharnés, morts, comme un avertissement. Et de ce drapeau russe flottant sur le fronton d’une école déserte. « Je voulais parler d’absence d’empathie et d’égoïsme permanent et l’arrière-plan politique contribue à votre perception ». Voilà comment Zvyagintsev a évoqué son film lors de la conférence de presse des lauréats. Il a obtenu le grand prix, son film avait aussi tout d’une palme d’or. Et dans ces premiers plans, déjà, tout était dit.

    Chaque séquence, portée par une mise en scène vertigineuse d’une précision stupéfiante (perfection du cadre, des mouvements de caméra, de la lumière, du son même), pourrait être un court-métrage parfait et le tout esquisse le portrait d’êtres ne sachant plus communiquer ni aimer. La mère passe ainsi son temps sur Facebook et à faire des selfies. Métaphore de la Russie et plus largement d’un monde, individualiste, matérialiste et narcissique, où il est plus important de parler de soi sur les réseaux sociaux que de s’occuper de ses enfants. Où l’entreprise devient un univers déshumanisé dans l’ascenseur de laquelle les employés sont  silencieusement alignés tels des zombies.

    « Faute d’amour » est un film très ancré dans le pays dans lequel il se déroule mais aussi très universel. Le pays en question c’est une Russie qui s’essouffle (au propre comme au figuré, et tant pis pour ceux qui trouveront le plan le matérialisant trop symboliste). A l’arrière-plan, l’Ukraine. « Il y a une dimension métaphysique. La perte de l'enfant pour ces deux parents, c'est pour la Russie la perte de la relation naturelle et normale avec notre voisin le plus proche, l'Ukraine », a ainsi expliqué le cinéaste. Et quand la caméra explore le bâtiment fantôme, surgi d’une autre époque, figé, chaque pas dans cette carcasse squelettique nous rappelle ainsi à la fois les plaies béantes d’un pays et celles d’un enfant qui venait s’y réfugier.

    Le film est éprouvant, par moment étouffant, suffocant même. Il décrit des êtres et un univers âpres, abîmés,  cela ne le rend pas moins passionnant comme un éclairage implacable sur une société déshumanisée, pétrie de contradictions. Ainsi, le père travaille dans une société avec un patron intégriste qui ne supporte pas que ses employés divorcent tandis que la mère travaille dans un institut de beauté et passe son temps à s’occuper de son corps.

    Les scènes de disputes entre les parents sont d’une violence inouïe et pourtant semblent toujours justes, comme celle, féroce, où la mère dit à son mari qu’elle ne l’a jamais aimé et a fortiori celle que l’enfant entend, caché derrière une porte, dont nous découvrons la présence à la fin de celle-ci, dispute qui avait pour but de s’en rejeter la garde. L’enfant semble n’être ici qu’un obstacle à leur nouveau bonheur conjugal. Une séquence d’une force, d’une brutalité à couper le souffle. Et lorsque l’enfant se réfugie pour pleurer, secoué de sanglots, exprimant un désarroi incommensurable que personne ne viendra consoler, notre cœur saigne avec lui.

    Zvyangintsev, s’il stigmatise l’individualisme à travers ceux-ci, n’en fait pas pour autant un portrait manichéen des parents. La mère, Genia, a ainsi vécu elle aussi une enfance sans amour avec une mère surnommée « Staline en jupons » qui, elle-même, après une séquence dans laquelle elle s’est montrée impitoyable avec sa fille, semble s’écrouler, visiblement incapable de communiquer autrement qu’en criant et insultant, mais surtout terriblement seule. Genia apparaît au fil du film plus complexe et moins détestable qu’il n’y paraissait, la victime d’un système (humain, politique) qui broie les êtres et leurs sentiments. Son mari nous est presque rendu sympathique par la haine que sa femme lui témoigne et par son obstination silencieuse à aider aux recherches menées par des bénévoles qui témoignent d’une générosité qui illumine ce film glaçant et glacial.

    Des décors de l’appartement, d’une froideur clinique, à ces arbres squelettiques, à l’entreprise du père avec ses règles et espaces rigides, en passant par les extérieurs que la neige et l’obscurité envahissent de plus en plus au fil du film, tout semble sans âme et faire résonner ces pleurs déchirantes d’un enfant en mal d’amour (auxquelles d’ailleurs feront écho d’autres pleurs et d’autres cris lors de séquences ultérieures  également mémorables et glaçantes). Des plans qui nous hanteront bien après le film. Bien après le festival. Un très grand film qui m’a rappelée une palme d’or qui nous interrogeait sur les petitesses en sommeil recouvertes par l’immaculée blancheur de l’hiver, un film rude et rigoureux,« Winter sleep » de Nuri Bilge Ceylan. Une palme d’or que Zvyagintsev  (reparti avec le prix du jury) aurait indéniablement méritée pour ce film parfait de l’interprétation au scénario en passant par la mise en scène et même la musique, funèbre et lyrique, qui renforce encore le sentiment de désolation et de tristesse infinie qui émane de ces personnages que la richesse du scénario nous conduit finalement à plaindre plus qu’à blâmer. Du grand art.

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  • Festival de Cannes 2018 - Gagnez des locations de films en partenariat avec UniversCiné (concours)

     

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    Je vous ai déjà parlé ici du site UniversCiné et de ses 5674 films en location. J'y vais régulièrement lorsque je souhaite rattraper des films récents manqués lors de leur sortie en salles ou lorsque je souhaite (re)voir des classiques. 

    Avec l'approche du Festival de Cannes 2018 (que vous pourrez suivre en direct ici et sur mes autres blogs In the mood for Cannes et In the mood for film festivals) et les nombreux films des cinéastes en lice en location sur le site UniversCiné (retrouvez, ici, mon article sur la compétition officielle du festival), c'est en effet le moment où jamais pour découvrir UniversCiné.

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    Sur ce site, vous trouverez ainsi un large choix de films indépendants mais pas seulement. Vous pourrez aussi y découvrir des courts-métrages, y souscrire un abonnement illimité ou encore y retrouver les interviews de la semaine. Vous pourrez aussi y découvrir les films qui ont le plus de succès sur le site et effectuer votre sélection parmi ceux-ci. Les films sont classés par thèmes et par genres. Vous pourrez notamment sélectionner les drames, les premiers longs-métrages ou encore les films en sélection au Festival de Cannes. Pour l'édition 2018, le site est une vraie mine d'or puisque sur cette page d'UniversCiné sont sélectionnés pour vous tous les films des cinéastes qui figurent dans la sélection officielle 2018. De quoi préparer au mieux votre séjour cannois si vous allez au festival et de vous immerger à distance dans son ambiance.

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    Je vous invite aussi à découvrir mon corner sur UniversCiné avec ma sélection de films du site. Que pensez-vous de ma sélection ? Vous pouvez bien sûr trouver les critiques de la plupart de ces films sur Inthemoodforcinema.com.

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    Comme je souhaite vous faire en profiter à votre tour, en partenariat avec UniversCiné, je vous fais aujourd'hui à nouveau gagner des codes de location pour 5 films  parmi la sélection UniversCiné liée au Festival de Cannes.

    J'ai d'abord sélectionné le film d'un cinéaste que j'affectionne tout particulièrement, pour lequel Vincent Lindon avait obtenu le prix d'interprétation à Cannes en 2015. Il s'agit de La loi du marché de Stéphane Brizé.  Je suis ce cinéaste, Stéphane Brizé, depuis la découverte de son film Le bleu des villes (qui avait obtenu le prix Michel d’Ornano au Festival du Cinéma Américain de Deauville), il m’avait ensuite bouleversée avec Je ne suis pas là pour être aimé et Mademoiselle Chambon. Une nouvelle fois et comme dans ce film précité, le mélange de force et de fragilité incarné par Lindon, de certitudes et de doutes, sa façon maladroite et presque animale de marcher, la manière dont son dos même se courbe et s’impose, dont son regard évite ou affronte : tout en lui nous fait oublier l’acteur pour nous mettre face à l’évidence de ce personnage, un homme bien (aucun racolage dans le fait que son fils soit handicapé, mais une manière simple de nous montrer de quel homme il s’agit), un homme qui incarne l’humanité face à la loi du marché qui infantilise, aliène, broie. Criant de vérité. Dès cette première scène dans laquelle le film nous fait entrer d’emblée, sans générique, face à un conseiller de pôle emploi, il nous fait oublier l’acteur pour devenir cet homme à qui son interprétation donne toute la noblesse, la fragilité, la dignité. Comme point commun à tous les films de Stéphane Brizé, on retrouve cette tendre cruauté et cette description de la province, glaciale et intemporelle. Ces douloureux silences. Cette révolte contre la lancinance de l’existence. Et ce choix face au destin. Brizé filme Lindon souvent de dos, rarement de face, et le spectateur peut d’autant mieux projeter ses émotions sur cette révolte silencieuse. Une prestation magistrale. Nous retrouverons Stéphane  Brizé et Vincent Lindon à Cannes en compétition officielle pour En guerre qui, apparemment parlera aussi de loi du marché puisque le synopsis est le suivant : malgré de lourds sacrifices financiers de la part des salariés et un bénéfice record de leur entreprise, la direction de l'usine Perrin Industrie décide néanmoins la fermeture totale du site.

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    J'ai ensuite choisi un classique du septième art, un chef-d'œuvre, un de mes films préférés, palme d'or en 1963 : Le Guépard de Luchino Visconti que j'avais eu l'immense plaisir de revoir lors de la projection exceptionnelle de sa version restaurée au Festival de Cannes 2010 (photo personnelle ci-dessous).

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    Pour vous donner peut-être envie de le découvrir, voici un extrait de ma critique (à lire en entier ici) :

    Les décors minutieusement reconstitués d’ une beauté visuelle sidérante, la sublime photo de Giuseppe Rotunno, font de ce Guépard une véritable fresque tragique, une composition sur la décomposition d’un monde, dont chaque plan se regarde comme un tableau, un film mythique à la réputation duquel ses voluptueux plans séquences (notamment la scène du dîner pendant laquelle résonne le rire interminable et strident d’Angelica comme une insulte à l’aristocratie décadente, au cour duquel se superposent des propos, parfois à peine audibles, faussement anodins, d’autres vulgaires, une scène autour de laquelle la caméra virevolte avec virtuosité, qui, comme celle du bal, symbolise la fin d’une époque), son admirable travail sur le son donc, son travail sur les couleurs (la séquence dans l’Eglise où les personnages sont auréolés d’une significative lumière grise et poussiéreuse ) ses personnages stendhaliens, ses seconds rôles judicieusement choisis (notamment Serge Reggiani en chasseur et organiste), le charisme de ses trois interprètes principaux, la noblesse féline de Burt Lancaster, la majesté du couple Delon-Cardinale, la volubilité, la gaieté et le cynisme de Tancrède formidablement interprété par Alain Delon, la grâce de Claudia Cardinale, la musique lyrique, mélancolique et ensorcelante de Nino Rota ont également contribué à faire de cette fresque romantique, engagée, moderne, un chef d’œuvre du septième Art. Le Guépard a ainsi obtenu la Palme d’or 1963… à l’unanimité. La lenteur envoûtante dont est empreint le film métaphorise la déliquescence du monde qu’il dépeint. Certains assimileront à de l’ennui ce qui est au contraire une magistrale immersion dont on peinera ensuite à émerger hypnotisés par l’âpreté lumineuse de la campagne sicilienne, par l’écho du pesant silence, par la beauté et la splendeur stupéfiantes de chaque plan. Par cette symphonie visuelle cruelle, nostalgique et sensuelle l’admirateur de Proust qu’était Visconti nous invite à l’introspection et à la recherche du temps perdu. La personnalité du Prince Salina devait beaucoup à celle de Visconti, lui aussi aristocrate, qui songea même à l’interpréter lui-même, lui que cette aristocratie révulsait et fascinait à la fois et qui, comme Salina, aurait pu dire : « Nous étions les Guépards, les lions, ceux qui les remplaceront seront les chacals, les hyènes, et tous, tant que nous sommes, guépards, lions, chacals ou brebis, nous continuerons à nous prendre pour le sel de la terre ».

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    Enfin, j'ai choisi de vous faire gagner un code pour découvrir Moi, Daniel Blake de Ken Loach (palme d'or 2016).  Dix ans après l’avoir déjà obtenu la palme d'or pour Le vent se lève, Ken Loach intégrait ainsi le cénacle des cinéastes ayant reçu deux palmes d’or : les Dardenne, Francis Ford Coppola, Shohei Imamura, Emir Kusturica, Michael Haneke. Alors qu’il avait annoncé deux ans plus tôt, après Jimmy’s hall (en compétition officielle du Festival de Cannes 2014) qu’il ne tournerait plus, Ken Loach était donc revenu à Cannes. Sa sélection était une évidence tant ce film capte et clame les absurdités cruelles et révoltantes d’un monde  et d’une administration qui broient l’individu, l’identité, la dignité comme celles de Daniel Blake (formidable Dave Johns), menuisier veuf, atteint d’une maladie cardiaque mais que l’administration ne considère pas comme suffisamment malade pour avoir droit à une pension d’invalidité.  Le regard plein d’empathie, de compassion que pose Loach sur Daniel Blake, et celui plein de clairvoyance sur le monde qui l’entoure et plein de colère contre les injustices dont il est victime contribuent à cette  œuvre à la fois très personnelle et universelle. Que Daniel Blake évoque sa femme décédée, que Ken Loach dessine les contours d’ une famille qui se reconstitue (Daniel Blake rencontre une jeune mère célibataire de deux enfants contrainte d’accepter un logement à 450 kms de sa ville natale pour ne pas être placée en famille d’accueil), son point de vue est toujours plein de tendresse sur ses personnages, teinté d’humour parfois aussi, et de révolte contre ces « décisionnaires » qui abusent de leur pouvoir, presque de vie et de mort, dans des bureaux qui ressemblent aux locaux labyrinthiques, grisâtres et déshumanisés  de Playtime  comme un écho à cette époque d’une modernité  aliénante, déshumanisante et parfois inhumaine que Tati savait déjà si bien tourner en dérision et envelopper dans un vaste manège. Moi, Daniel Blake, c’est l’histoire d’un homme qui veut rester maître de son existence, qui se réapproprie son identité et son honneur que cette administration étouffante essaie de lui nier, qui prend le pouvoir, celui de dire non, de clamer son patronyme, son existence, lors de deux scènes absolument bouleversantes. Le poing levé de Ken Loach  qui nous lance un uppercut en plein cœur, ce cœur qui (ce n’est sans doute pas un hasard que le mal se situe là)  lâche peu à peu Daniel Blake, lui qui en possède tant. Moi, Daniel Blake, c’est un film qui donne la parole à tous ceux qu’un système inique veut murer dans le silence et leur détresse. Moi, Daniel Blake,  c’est la démonstration implacable de la férocité meurtrière d’un système, un film d’une force, d’une simplicité, d’une beauté, mais aussi d’une universalité redoutables et poignantes. Un film en forme de cri de colère, de douleur, et d’appel à l’humanité dont les lueurs traversent le film et nous transpercent le cœur, bien après les derniers battements de ceux de Daniel Blake. 

     

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    CONCOURS :

    5 gagnants (1 code chacun pour 1 des films précités ou pour le film de votre choix parmi la sélection UniversCiné des films du Corner Cannes à retrouver ici, je vous en suggère deux autres que j'affectionne tout particulièrement dont figurent les affiches ci-dessous ). Répondez correctement aux questions suivantes en spécifiant pour quel film vous voulez remporter un code (le film de votre choix parmi la sélection du corner). Tirage au sort parmi les bonnes réponses.  Participations jusqu'au 1er mai 2018. Réponses à envoyer à inthemoodforfilmfestivals@gmail.com avec, pour intitulé de votre email "Concours UniversCiné". Les questions sont toutes basées sur les films de mon corner sur UniversCiné.

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    1. Dans quel film auront-ils "toujours Paris" ?

    2. Si je vous dis "Montmartre 1540", à quel film cela vous fait-il penser ? 

    3. Si je vous dis qu'ils tournèrent aussi ensemble dans un film de Deray, aux acteurs de quel film de la liste cela fait-il référence ?

    4. Dans lequel de ces films trouve-t-on le pont de Roseman ?

    5. De quel film provient  ce début de citation : "Quand des hommes, même s'ils l'ignorent, doivent se retrouver un jour, tout peut arriver à chacun d'entre eux et ils peuvent suivre des chemins divergents."

    6. Dans quel film tout se joue-t-il sur le simple rebond d'une balle ?

    7. Citez 5 films dans la liste primés à Cannes et les prix qu'ils reçurent.

    8. Quelle est la particularité technique de "Victoria" ?

    9. Si je vous dis que ce film est une adaptation et qu'il évoque la déliquescence de la bourgeoisie et la fin d'un monde, à quel film de la liste cela fait-il référence ?

    10. Quel réalisateur d'un des films de la liste a pour épitaphe sur sa tombe "Garder le calme devant la dissonance."

     

  • Programme du Festival de Cannes 2018 : conférence de presse d’annonce de la sélection officielle

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    Ce matin, à l’UGC Normandie sur les Champs-Elysées, avait lieu la traditionnelle conférence de presse du Festival de Cannes à l’occasion de laquelle a été annoncé la majeure partie du programme de la sélection officielle de cette 71ème édition qui aura lieu du mardi 8 au samedi 19 mai 2018, une édition qui commencera ainsi un jour plus tôt mais aura une durée identique aux années précédentes.

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    Comme d’habitude,  le président du festival, Pierre Lescure, et le délégué général, Thierry Frémaux, ont présenté la sélection. Pierre Lescure, en préambule, a simplement évoqué « 3 days in Cannes », l’opération qui permettra aux cinéphiles et cinévores de 18 à 28 ans de découvrir la sélection officielle avant tout le monde et en exclusivité les 17, 18 et 19 Mai (à condition d’envoyer une lettre de motivation et d’être sélectionné). Il a ainsi souligné qu’en une seule journée 600 lettres ont déjà été reçues. Pour ma part, ayant réalisé mon rêve de venir au festival pour la première fois il y a 18 ans grâce, aussi, à un concours qui se nommait à l’époque le Prix de la Jeunesse (alors organisé par le Ministère de la Jeunesse et des sports), si vous répondez aux critères, je ne peux que vous encourager à tenter votre chance !

    C’est ensuite le délégué général du festival, Thierry Frémaux, qui a pris la parole précisant tout d’abord que 1906 longs-métrages ont été visionnés, insistant sur la "vitalité du désir cinématographique" dont témoignent ces films. Il  a ainsi souligné le "fort renouvellement générationnel, de cinéastes, de gens que vous aviez peu ou dont vous n’aviez pas entendu parler, ce qui est le résultat de ce processus de sélection". Sept premiers films figurent ainsi en sélection officielle. Il a également souligné la "présence assez forte du cinéma coréen, un cinéma toujours plein de vitalité."

    La conférence de presse a aussi été l'occasion de revenir sur l'affiche dévoilée hier. "Nous avons beaucoup réfléchi ne sachant pas si l’esprit des temps en janvier serait le même au mois de mai. Nous avons voulu redire aussi après ces débats qui ont traversé l’automne et l’hiver que le cinéma et la vie c’est aussi l’amour" a ainsi déclaré Thierry Frémaux. Ce dernier a également souligné "la symbolique d’un homme et d’une femme" et Pierre Lescure le caractère "exubérant, joyeux et libre" de l'affiche.

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    L'affiche 2018 s'inspire ainsi de Pierrot le fou de Jean-Luc Godard.  Georges Pierre (1927-2003) est l’auteur du visuel de l’affiche du 71e Festival de Cannes, extrait de Pierrot le fou de Jean-Luc Godard (1965). Cet immense photographe de plateau a immortalisé les tournages de plus d’une centaine de films en 30 ans d’une carrière qui débuta en 1960 avec Jacques Rivette, Alain Resnais et Louis Malle. Il engagea ensuite des collaborations avec Robert Enrico, Yves Robert, Claude Sautet, Bertrand Tavernier, Andrzej Żuławski, Andrzej Wajda, et donc Jean-Luc Godard. Engagé en faveur de la reconnaissance du statut d’auteur pour le photographe de plateau, Georges Pierre a fondé l’Association des Photographes de Films, chargée de la défense des intérêts matériels et moraux des photographes de cinéma. La graphiste Flore Maquin signe la maquette de cette affiche.

    Cate Blanchett présidera le jury du Festival de Cannes 2018. Retrouvez mon article complet à ce sujet en cliquant ici avec trois critiques de films avec Cate Blanchett.

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    Photo personnelle ci-dessus prise lors de l'hommage rendu à l'actrice dans le cadre du Festival du Cinéma Américain de Deauville.

    Pour l'instant, 18 films en compétition officielle ont ainsi été annoncés. Ils sont signés : Asghar FARHADI, Stéphane BRIZÉ, Matteo GARRONE, Jean-Luc GODARD, Ryusuke HAMAGUCHI, Christophe HONORÉ, Eva HUSSON, JIA Zhang-Ke, JIA Zhang-Ke, KORE-EDA Hirokazu, Nadine LABAKI, LEE Chang-Dong, Spike LEE, David Robert MITCHELL, Jafar PANAHI, Pawel PAWLIKOWSKI, Alice ROHRWACHER, Kirill SEREBRENNIKOV, A.B SHAWKY.

    Parmi les films à découvrir :

    -Le 71ème Festival de Cannes s’ouvrira ainsi le 8 mai  avec la projection en compétition d’Everybody Knows (Todos Lo Saben), le nouveau film d’Asghar Farhadi  en salles le 9 Mai.  Devant la caméra du cinéaste iranien, l’un des couples les plus emblématiques du cinéma actuel : Penelope Cruz et Javier Bardem. Entièrement tourné en espagnol dans la péninsule ibérique, le 8ème long métrage d’Asghar Farhadi suit Laura qui vit avec son mari et leurs enfants à Buenos Aires. À l’occasion d’une fête de famille, elle revient dans son village natal, en Espagne, avec ses enfants. Un événement inattendu va bouleverser le cours de leur existence. La famille, ses secrets, ses liens, ses traditions et les choix moraux qu’ils imposent sont, comme chacun des scénarios du cinéaste, au cœur de l’intrigue.

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    Copyright Memento Films Distribution 

    -En séance spéciale, le film de Romain Goupil et Daniel Cohn-Bendit, La Traversée, un film selon Thierry Frémaux  "sur la France de 2018" dans lequel ils  "sont partis à la recherche d’une certaine vérité des gens de ce pays". Ce documentaire de 90 minutes est une "mosaïque de la France sans vouloir rien prouver" et sera une observation du quotidien des Français, 50 ans après mai 1968.

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    - En séance spéciale également, nous pourrons découvrir le documentaire de Wim Wenders Le Pape François - Un homme de parole.

    -Pour l'instant, seulement deux séances de minuit ont été programmées : Arctic de Joe Penna et Gongjak de Yoon Jong-Bing. Quelques-unes seront ajoutées ensuite.

    -Hors compétiton, nous pourrons découvrir le film de Gilles Lellouche, Le Grand bain, dans lequel  "une poignée de quadras, au bord de la dépression, décide du jour au lendemain de faire de la natation synchronisée masculine." Au casting : Mathieu Amalric, Guillaume Canet, Benoît Poelvoorde, Marina Foïs, Jean-Hugues Anglade, Virigine Efira, Philippe Katerine, Virginie Efira, Félix Moati, Leïla Bekhti... Ce film a été pour Thierry Frémaux l'occasion de rappeler que « Le cinéma français d’auteur grand public est toujours le bienvenu sur la Croisette."

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    - Hors compétition, il sera également possible de découvrir le nouveau film de la galaxie Star Wars Movies™, Solo : A Star Wars story sera ainsi en Sélection officielle (hors compétition).  En 2002, ce fut Star Wars II : L’Attaque des clones et en 2005, Star Wars : La Revanche des Sith. En 2018, l’un des plus grands mythes de l’histoire du cinéma revient Hors Compétition sur le tapis rouge du Festival de Cannes.  Le deuxième spin-off de la saga sera dévoilé sur l’écran du Grand Théâtre Lumière. L’épisode revient sur la jeunesse du célèbre contrebandier, as du pilotage et charmant vaurien, Han Solo.   Écrit par Lawrence et Jonathan Kasdan, le film est réalisé par Ron Howard.   Autour d’Alden Ehrenreich  qui incarne Han Solo, le casting compte Woody Harrelson  Emilia Clarke, Donald Glover, Thandie Newton, Phoebe Waller-Bridge, Joonas Suotamo et Paul Bettany.  Solo est distribué par la Walt Disney Company. Il sortira en France le 23 mai, deux jours avant sa sortie aux États-Unis.

    -Parmi les films d'Un Certain Regard, nous suivrons avec attention le premier film syrien nommé Mon tissu préféré de Gaya Jiji. Synopsis : Damas, mars 2011. Nahla est une jeune femme célibataire qui mène une vie morne dans une banlieue syrienne, aux côtés de sa mère et ses deux sœurs. Le jour où on lui présente Samir, un expatrié Syrien en provenance des États-Unis à la recherche d’une épouse, elle rêve d’une vie meilleure. Mais tout ne se passe pas comme prévu. Contre toute attente, il décide de se marier à sa cadette, Myriam. Dès lors, Nahla se rapproche de Mme Jiji, une voisine récemment installée dans l’immeuble qui dirige une maison-close deux étages plus haut. Alors que les tensions s’intensifient dans le pays et que la famille est occupée à l’organisation du mariage de sa sœur, Nahla va explorer le monde de Mme Jiji. Un lieu rempli de fantasmes où elle sera confrontée à ses propres peurs et désirs.

    -Egalement à voir à Un Certain Regard, A genoux les gars d'Antoine Desrosières au sujet duquel Thierry Frémaux a précisé qu'il a été "cocréé avec ses actrices qui ont écrit le scénario et les dialogues" et que ce film se situe  "au cœur d’un certain nombre de choses qui ont traversé les films que nous avons vus au sujet des nouveaux rapports femmes, hommes dont  l'affiche est également le témoin."

    -A découvrir également dans le cadre d'Un Certain Regard Euphoria de Valéria Golino dans lequel  "Une situation difficile donne à deux frères éloignés l'occasion de se connaître davantage. Matteo est un jeune entrepreneur prospère, ouvert d'esprit, charmant et dynamique. Son frère Ettore vit toujours dans la petite ville de province où ils sont nés et enseigne au collège local. C'est un homme prudent et honnête. Tous les deux vont découvrir qu'un lien très étroit les rapproche. "

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    -Toujours dans le cadre d'Un Certain Regard, Gueule d'ange de Vanessa Filho, avec Marion Cotillard et Alban Lenoir : Une jeune femme vit seule avec sa fille de huit ans. Une nuit, après une rencontre en boîte de nuit, la mère décide de partir, laissant son enfant livrée à elle-même.

    -En compétition officielle, Stéphane Brizé  revient avec En guerre après La loi du marché pour lequel Vincent Lindon avait obtenu le prix d'interprétation masculine en 2015. Ce dernier est également au casting de ce film dont voici le synopsis : malgré de lourds sacrifices financiers de la part des salariés et un bénéfice record de leur entreprise, la direction de l’usine Perrin Industrie décide néanmoins la fermeture totale du site. Accord bafoué, promesses non respectées, les 1100 salariés, emmenés par leur porte‑parole Laurent Amédéo, refusent cette décision brutale et vont tout tenter pour sauver leur emploi.

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    -Egalement en compétition officielle, Jean-Luc Godard avec Le livre d’image, 4 ans après son prix du jury pour Adieu au langage : "Rien que le silence, rien qu'un chant révolutionnaire, une histoire en cinq chapitres, comme les cinq doigts de la main." Une réflexion sur le monde arabe en 2017 à travers des images documentaires et de fiction.

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    -Christophe Honoré revient également en compétition pour Plaire, aimer et courir vite, qui marquera sa  deuxième apparition en compétition après Les chansons d’amour (2007).

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    - Eva Husson, pour son deuxième film, Les filles du soleil sera également à suivre avec attention pour ce film qui nous emmènera au Kurdistan : Bahar, commandante des Filles du Soleil, un bataillon composé de femmes soldates kurdes, est sur le point de reprendre la ville de Gordyene, où elle avait été capturée par les extrémistes. Mathilde, journaliste française, couvre les trois premiers jours de l’offensive. A travers la rencontre de ces deux femmes, on retrace le parcours de Bahar depuis que les hommes en noir ont fait irruption dans sa vie. "Le film d'Eva Husson - et nous n’aimons pas distinguer tel ou tel film de la compétition - gageons que vous direz comme je l’affirme que c’est un film de femmes, un film qui évoque la guerre des kurdes et des femmes combattantes kurdes" a précisé Thierry Frémaux.

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    -Trois ans après Au-delà des montagnes, le réalisateur chinois Jia Zhang-ke  revient en compétition à Cannes avec Ash is purest white.

    -Le réalisateur américain David Robert Mitchell, quant à lui, viendra présenter Under the Silver Lake, un thriller. Précédemment, son film It Follows avait été présenté à la Semaine de la critique en 2014.

    - Spike Lee qui n'était pas venu depuis plus de 20 ans sera de retour à Cannes pour Blackkklansman, selon les termes de Thierry Frémaux, un « film très inspiré à la fois de l’actualité bien qu'il raconte une histoire des années 70. Spike Lee est tout à fait en colère sur la situation de la communauté noire américaine et en même temps apaisé sur le dialogue entre les communautés. Un film qui se termine par l'évocation du très contemporain de la société américaine. Harry Belafonte y joue et devrait être présent ». C'est l’histoire vraie de Ron Stallworth qui fut le premier officier de police afro-américain de Colorado Springs à s’être infiltré dans l’organisation du Ku Klux Klan. Étonnamment, l’inspecteur Stallworth et son partenaire Flip Zimmerman ont infiltré le KKK à son plus haut niveau afin d’empêcher le groupe de prendre le contrôle de la ville.

    -Jafar Panahi sera pour la première fois en compétition pour Three faces, ainsi annoncé par Thierry Frémaux : "road movie dans l’Iran d’aujourd’hui,  road feel good movie, pour un homme qui n’est pas dans une situation personnelle très confortable mais qui parvient quand même à faire son travail d’artiste. Nous voulons dire aux autorités iranniennes qu’ils recevront une lettre de notre part pour l’autoriser à venir faire son travail puis à rentrer dans son pays, lui qui avait gagné l’ours d’or pour Taxi Téhéran." Son synopsis précise que c'est un "road movie qui raconte trois portraits de femmes".

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    -Leto, du Russe Kirill Serebrennikov qui raconte l'histoire du rock à l'époque de l'URSS de Leonid Brejnev devra aussi donner lieu à une autorisation spéciale, cette fois du Kremlin, puisque son réalisateur est lui aussi assigné à résidence.

    -Pawel Pawlikowski,  réalisateur de Summer of love et d'Ida (oscar meilleur film étranger) viendra présenter un film en noir et blanc coproduit par Amazon : Zimna Wojna. Pendant la guerre froide, entre la Pologne stalinienne et le Paris bohème des années 1950, un musicien épris de liberté et une jeune chanteuse passionnée vivent un amour impossible dans une époque impossible.

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    - Alice Rohrwacher  fera également sa deuxième entrée en compétition avec Lazzaro Felice, après le grand prix obtenu pour Les Merveilles en 2014. Elle revient avec un film tourné en super 16, elle qui, selon Thierry Frémaux, "s’interroge sur les conditions de survie dans une planète que nous malmenons applique ça aussi dans ses conditions de production et de tournage."

    -Parmi les films en compétition attendus, également Capharnaüm de la Libanaise Nadine Labaki, un film «qui dit des choses que seul le cinéma peut dire» selon Thierry Frémaux. Le synopsis est le suivant : un enfant se rebelle contre la vie qu'on cherche à lui imposer et entame un procès contre ses parents.

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    -A suivre également avec attention, Yomeddine de A.B Shawky, jeune cinéaste égyptien, dont le film a ainsi été présenté par Thierry Frémaux : "road movie dont le personnage principal est un lépreux, acteur non professionnel, film qui nous emmène dans un pays, une société du monde, un pays représentatifs d’autres pays et là encore le cinéma nous donne des nouvelles du monde, des femmes et des hommes, d’une façon remarquablement forte et singulière. Il s'agit d'un petit film d’1h30 que nous avons l’audace de mettre en compétition. Nous avons souhaité donner leur chance à un certain nombre de jeunes cinéastes."

    Thierry Frémaux a annoncé que comme d'habitude "quelques rajouts" auraient lieu  "dans les jours à venir comme ce fut le cas pour The Square ou Entre les murs il y a quelques années" a-t-il malicieusement précisé, nous rappelant ainsi qu'un film annoncé après la conférence de presse pouvait obtenir la palme d'or.

    -Côté Cannes Classics et classiques du cinéma, à l’occasion du 50ème anniversaire de la sortie de 2001 : L’Odyssée de l’espace, le samedi 12 mai 2018 à Cannes vous pourrez (re)découvrir en avant-première mondiale le film culte de Stanley Kubrick, dans sa version originale 70mm. La copie sera présentée dans le cadre de Cannes Classics par Christopher Nolan qui a étroitement collaboré avec Warner Bros. Entertainment sur le processus de re-masterisation et qui honorera le Festival de Cannes de sa première venue.  

    Christopher Nolan participera en effet également à une Masterclass le dimanche 13 mai 2018, au cours de laquelle il évoquera sa filmographie et partagera sa passion pour l’œuvre singulière de Stanley Kubrick.

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    Thierry Frémaux a précisé qu'il ne sagissait pas d’une copie restaurée, Nolan ayant souhaité qu’on retire une copie 70mm afin qu’à Cannes l’expérience d’avril 1968 puisse être renouvelée.

    Concernant Cannes Classics, le programme sera annoncé ultérieurement même si Thierry Frémaux a évoqué les  30 ans de la célébration du Grand bleu de Besson et  La religieuse de Rivette.

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    "On aimerait bien montrer le film de Carlos Saura non projeté cette année-là", a également précisé Thierry Frémaux à propos des 50 ans de Mai 68.

    Les questions des journalistes après l'annonce de la sélection ont permis à Thierry Frémaux et Pierre Lescure de rappeler l'interdiction des selfies et des photographies par le public sur les marches : « Il y a 2200 personnes à faire entrer et cela ralentit l’arrivée du public. C’est une immense pagaille et ce n’est pas beau. Cannes est basé sur le désir, le secret, sur une tradition d’élégance. On pense que ça vient endommager le tapis. A Berlin, à Venise, aux Oscars, aux César, le public ne passe pas par le tapis rouge. Là où nous sommes, c’est mieux de se regarder dans les yeux que de se regarder dans l’écran. A Cannes on vient pour voir et pas pour se voir."

    Ils sont également revenus sur les modifications annoncées de la grille de programmation : "On voudrait modifier la grille de programmation de Cannes. On a souhaité faire un certain nombre de changements pour questionner nos pratiques. Ce que nous voulons faire, ce n’est pas en direction de la presse. C’est en direction des projections de gala."

    Ils ont également rappelé que 3 femmes cinéastes figuraient en compétition et au total 10 en sélection officielle. A propos de l'affaire Weinstein : "Je présente ce matin la sélection officielle et nous nous reparlerons de ces questions pendant le festival. Le festival n’a pas légitimité ni compétence à évoquer ces questions-là. En revanche, nous accueillerons et recevrons un certain nombre d’organisations, d’instances pour évoquer cela. Il y a des gens dont c’est le combat et c’est à eux qu’il faut donner la parole." "Nous veillons à la présence des femmes en sélection. Nous avons commencé à évoquer nos propres pratiques."

    Ils ont également souligné la parité dans les jurys en rappelant que Cate Blanchett présiderait le jury de la compétition officielle et Ursula Meier le jury de la caméra d'or. 5 femmes et 4 hommes constitueront ainsi le jury de la compétition cette année annoncée comme chaque année après la conférence de presse, dans quelques jours. Ursula Meier présidera  en effe tle Jury de la Caméra d’or. "Depuis 1994, la réalisatrice suisse façonne une cinématographie audacieuse qui souligne la complexité du monde. Ses 5 courts métrages, 2 œuvres télévisées, 2 documentaires et 2 longs métrages ont chacun rivalisé d’inventivité, et lui ont permis de s’imposer dans le paysage européen" a souligné le Festival de Cannes. Avec 6 professionnels à ses côtés, Ursula Meier désignera la meilleure première œuvre présentée en Sélection officielle, à la Semaine de la Critique - Cannes ou à la Quinzaine des Réalisateurs lors de la soirée de Clôture du Festival de Cannes, le samedi 19 mai.

    "On a veillé à rééquilibrer les comités" ont-ils également précisé. "Nous déplorons comme tout le monde qu’il y ait une seule femme palme d’or. Nous n’aimons pas qu’on dise que c’est une demi palme d’or."

    "Nous avons un dialogue fructueux avec Netflix" a également précisé Thierry Frémaux.  Il  a ainsi précisé que deux films Netflix auraient pu être sélectionnés: un film en compétition, qui aurait dû trouver un distributeur français pour sortir en salles, un autre hors compétition, The Other Sign of the wind, film inachevé d'Orson Welles.

    A propos du film de Xavier Dolan qui ne sera finalement pas à Cannes : "Nous avions vu le film, nous souhaitions l’inviter mais il est reparti en montage. Vous retrouverez ce film-là en automne."

    Concernant Audiard, "vous savez que c’est un film très cher produit par des Américains encore soumis à des ventes et donc là il y a des questions stratégiques. Une stratégie qui est une stratégie d’automne."

    A une question concernant l'absence de Lars von Trier, Thierry Frémaux :  "on répondra à cette question dans quelques jours on l’espère", ce qui laisse penser que le cinéaste pourrait être présent.

    "Au moment où on se parle, nous n’avons pas de film de clôture. Si on n’a pas trouvé, on montrera peut-être la palme d’or en clôture" a conclu Thierry Frémaux.

    La sélection officielle complète : 

    En Compétition

    Film d'ouverture

    Asghar FARHADI

     

    TODOS LO SABEN

     

    2h10

      ***  
    Stéphane BRIZÉ

    EN GUERRE

    1h45
    Matteo GARRONE
            
    DOGMAN 2h
    Jean-Luc GODARD
     
    LE LIVRE D’IMAGE 1h30
    Ryusuke HAMAGUCHI NETEMO SAMETEMO (ASAKO I & II) 1h59
    Christophe HONORÉ PLAIRE AIMER ET COURIR VITE 2h12
    Eva HUSSON LES FILLES DU SOLEIL  2h
    JIA Zhang-Ke ASH IS PUREST WHITE 2h30
    KORE-EDA Hirokazu SHOPLIFTERS 2h01
    Nadine LABAKI CAPHARNAÜM 2h30
    LEE Chang-Dong BUH-NING 2h28
    Spike LEE BLACKKKLANSMAN 2h08
    David Robert MITCHELL UNDER THE SILVER LAKE 2h20

    Jafar PANAHI
    THREE FACES 1h24
    Pawel PAWLIKOWSKI ZIMNA WOJNA 1h25
    Alice ROHRWACHER

     LAZZARO FELICE

    2h10
    A.B SHAWKY YOMEDDINE 1er film  -  1h37
    Kirill SEREBRENNIKOV

    LETO

    (L’ÉTÉ)

    2h

     

    Un Certain Regard

    Ali ABBASI GRÄNS 1h41
    Meyem BENM’BAREK SOFIA 1er film - 1h30

    Andréa BESCOND

    Eric METAYER

    LES CHATOUILLES 1er film - 1h43
    BI Gan LONG DAY'S JOURNEY INTO NIGHT 1h50
    Nandita DAS MANTO 1h50
    Antoine DESROSIÈRES À GENOUX LES GARS 1h38
    Lukas DHONT GIRL 1er film - 1h40
    Vanessa FILHO GUEULE D’ANGE 1er film - 2h
    Valeria GOLINO EUPHORIA 2h
    Gaya JIJI MON TISSU PRÉFÉRÉ 1er film - 1h36
    Wanuri KAHIU RAFIKI 1h22
    Etienne KALLOS

    DIE STROPERS

    (LES MOISSONNEURS)

    1er film - 1h42
    Ulrich KÖHLER IN MY ROOM 2h
    Luis ORTEGA EL ANGEL 2h06
    Adilkhan YERZHANOV THE GENTLE INDIFFERENCE OF THE WORLD 1h39

     

    Hors Compétition

    Ron HOWARD SOLO: A STAR WARS STORY  2h15
    Gilles LELLOUCHE LE GRAND BAIN   

     

    Séances de minuit

    Joe PENNA ARCTIC  1h50
    YOON Jong-Bing GONGJAK  2h27

     

    Séances Spéciales

    Aditya ASSARAT
    Wisit SASANATIENG
    Chulayarnon SRIPHOL
    Apichatpong WEERASETHAKUL

    10 YEARS IN THAILAND  1h32
    Nicolas CHAMPEAUX
    Gilles PORTE
    THE STATE AGAINST MANDELA AND THE OTHERS  1h45
    Carlo DIEGUES

    O GRANDE CIRCO MÍSTICO

    (LE GRAND CIRQUE MYSTIQUE)

    1h34
    Romain GOUPIL LA TRAVERSÉE  2h21
    Michel TOESCA À TOUS VENTS  1h40
    WANG Bing LES ÂMES MORTES  8h15
    Wim WENDERS

    POPE FRANCIS – A MAN OF HIS WORD

    (LE PAPE FRANÇOIS – UN HOMME DE PAROLE)

    1h36

    Ce que nous savions déjà sur l'édition 2018 : 

    -Le cinéaste français Bertrand Bonello présidera le Jury de la Cinéfondation et des Courts métrages : « Qu’attendons-nous de la jeunesse, des cinéastes inconnus, des premiers films ? Qu’ils nous bousculent, qu’ils nous fassent regarder ce que nous ne sommes pas capables de voir, qu’ils aient la liberté, le tranchant, l’insouciance et l’audace que parfois nous n’avons plus. La Cinéfondation s’attache depuis 20 ans à faire entendre ces voix et je suis extrêmement fier cette année de pouvoir les accompagner. »

    -Vivier de nouveaux talents du 7ème art, l’Atelier de la Cinéfondation 2018 accueille ainsi 15 réalisateurs internationaux et leurs prometteurs projets de films. Cette 14ème édition sera, comme chaque année, l’occasion pour ces cinéastes et leurs producteurs de rencontrer des partenaires financiers à Cannes. Un précieux sésame pour passer à la réalisation ! Retrouvez les heureux sélectionnés de l'édition 2018 sur http://www.cinefondation.com/fr/.

    -La sélection des courts-métrages en compétition est également à découvrir ici.

    - Cette année encore, c'est Edouard Baer qui sera le maître des Cérémonies d'ouverture et de clôture du Festival de Cannes pour sa 71ème édition !  Produites par CANAL+, les Cérémonies seront retransmises sur la chaîne en clair, en direct et en exclusivité les 8 et 19 mai 2018.

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    Dans les sélections parallèles :

    -L’affiche de la compétition de la Semaine de la Critique au prochain Festival de Cannes. Sur cette affiche figure l'actrice Noée Abita, révélation du film Ava de Léa Mysius dont vous pouvez retrouver ma critique ici.

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    -L'affiche de la Quinzaine des Réalisateurs (qui célèbrera cette année ses 50 ans)a été « réalisée à partir d’une photo de William Klein. L’artiste présent avec son film Festival panafricain d’Alger 1969 lors des jeunes années de la Quinzaine nous a fait l’honneur d’illustrer cette édition anniversaire. Sa conception graphique est de Michel Welfringer. »

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    -Le 9 mai, la Quinzaine des Réalisateurs remettra le Carrosse d’Or à Martin Scorsese. En 1974, il avait présenté "Mean Streets" à la quinzaine.  A cette occasion, le film sera projeté  et une rencontre exceptionnelle avec le cinéaste sera proposée. La sélection de la Quizaine des Réalisateurs sera annoncée le 17 avril.

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    -Le réalisateur et scénariste norvégien Joachim Trier présidera le jury de la 57ème Semaine de la Critique qui décernera 3 prix à Cannes. Il sera entouré de l’actrice et jeune réalisatrice américaine Chloë Sevigny, du comédien argentin Nahuel Pérez Biscayart, récent lauréat d’un César pour son rôle dans 120 Battements par minute de Robin Campillo, Eva Sangiorgi, nouvelle directrice de la Viennale, Festival international du film de Vienne et du journaliste culturel français Augustin Trapenard. Le programme de la Semaine de la Critique sera annoncé le 16 avril.

    En attendant l'édition 2018 du Festival de Cannes en direct, retrouvez, en cliquant ici, mon compte rendu de l'édition 2017.

    Retrouvez également mon article sur le Dictionnaire amoureux du Festival de Cannes de Gilles Jacob, la lecture idéale pour préparer au mieux le festival.

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    Comme chaque année, pour ce qui sera mon 18ème Festival de Cannes, vous pourrez suivre ici en direct le festival (ainsi que sur mes autres blogs dont Inthemoodforcannes.com entièrement consacré au festival, Inthemoodforfilmfestivals.com pour la partie cinéma et, pour la partie "luxe", Inthemoodforhotelsdeluxe.com). Vous pourrez également le suivre sur mes différents réseaux sociaux : @moodforcannes et @Sandra_Meziere pour twitter, @sandra_meziere pour Instagram et facebook.com/inthemoodforcannes et http://facebook.com/inthemoodforcinema.

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