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IN THE MOOD FOR CINEMA - Page 75

  • Critique - EN GUERRE de Stéphane Brizé - et conférence de presse du Festival de Cannes 2018

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    Aux premiers jours du Festival de Cannes, c’était LE film dont il était impensable qu’il ne soit pas au palmarès de cette 71ème édition, la projection officielle s’étant achevée par une standing ovation de 15 minutes. Vincent Lindon était en effet largement pressenti pour le prix d’interprétation (c’était certes avant la projection de Dogman et la prestation remarquable de Marcello Fonte qui a finalement reçu ce prix de la part du jury présidé par Cate Blanchett), un prix qu’il aurait alors reçu pour la deuxième fois à Cannes et pour la deuxième fois pour un film de Stéphane Brizé puisque son rôle dans La loi du marché  lui avait valu le prix d’interprétation du Festival de Cannes 2015. Le film est reparti sans un prix  (qu’il aurait indéniablement mérité), néanmoins la projection officielle et la conférence de presse auxquelles j’ai eu le plaisir d’assister restent parmi les grands moments de ce Festival de Cannes 2018.

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    Synopsis : Malgré de lourds sacrifices financiers de la part des salariés et un bénéfice record de leur entreprise, la direction de l’usine Perrin Industrie décide néanmoins la fermeture totale du site. Accord bafoué, promesses non respectées, les 1100 salariés, emmenés par leur porte‑parole Laurent Amédéo (Vincent Lindon), refusent cette décision brutale et vont tout tenter pour sauver leur emploi.

    Stéphane Brizé, avec ce sujet qui aurait pu être rugueux et même rébarbatif, réalise un film prenant de la première à la dernière seconde. La tension monte d'un cran après La loi du marché comme si le vigile du film en question avait décidé de partir au combat. Beaucoup plus en colère et résolu est ce nouveau personnage de représentants des salariés en lutte incarné par Vincent Lindon que Brizé filme là aussi au plus près comme dans La loi du marché, là aussi souvent de dos, mais cette fois un dos fier et combattif quand celui du personnage qu’il incarnait dans cet autre film était constamment courbé.

    Stéphane Brizé a réalisé En Guerre pour comprendre ce qu’il y a derrière les images des médias qui témoignent de la violence à l’occasion de plans sociaux, pour comprendre les raisons du surgissement de cette violence. Le style documentaire, documentaire  de guerre même, auquel le film emprunte constamment, place d’emblée le spectateur au cœur du combat, la caméra l’encerclant, l’enfermant même, ne laissant pas aux salariés (et aux spectateurs !) le temps de respirer.

    Brizé nous immerge au cœur de l’action là où les médias instaurent une distance, ne prenant pas le temps de savoir ce qui se cache derrière ce qu’ils (dé)montrent avec plus ou moins d’objectivité.  Le film commence et s’achève ainsi par un reportage de BFM TV qui interprète et dramatise à outrance, ou à l’inverse traite avec une froide indifférence des situations humaines terribles. Les derniers plans en sont d’autant plus glaçants. La remarquable musique de Bertrand Blessing d'une puissance rare, qui épouse la colère et les grondements des salariés, place le spectateur au cœur du combat dès les premiers plans. En Guerre a  ainsi été tourné en seulement 23 jours, ce qui contribue aussi à ce sentiment d’urgence, de course contre le temps, de lutte sans répit.

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     Vincent Lindon est une nouvelle fois d’une intensité et d’une implication exceptionnelles et on n'imagine guère qui mieux que lui aurait pu incarner cet homme pour qui ce combat est une question d'honneur et même une raison de vivre.  Stéphane Brizé collabore pour la 4ème fois avec lui après Mademoiselle Chambon, Quelques heures de printemps et La Loi du marché. Cette fois, il incarne un homme plus bruyant, résistant alors que ses précédents personnages dans les films de Stéphane Brizé subissaient davantage et étaient surtout silencieux. Ainsi, dans le petit bijou de délicatesse qu’est Mademoiselle Chambon, son mélange de force et de fragilité, de certitudes et de fêlures, sa façon maladroite et presque animale de marcher, de manier les mots, avec parcimonie, sa manière gauche de tourner les pages ou la manière dont son dos même se courbait et s'imposait, dont son regard évitait ou affrontait : tout en lui nous faisant oublier l'acteur pour nous mettre face à l'évidence de ce personnage. Ici, il est entouré d’acteurs non professionnels, en première ligne du combat, et il est aussi bluffant que dans ces rôles précédemment évoqués, plus effacés. Cette fois, c’est un homme constamment en colère, dévoré par son engagement, sa rage de défendre et de résister.

    Stéphane Brizé et son co-scénariste Olivier Gorce ont rencontré énormément de gens pour bien appréhender tous les rouages de ces situations : ouvriers,  DRH,  chefs d’entreprises, avocats spécialisés dans la défense des salariés ou des intérêts des entreprises. Et cela se ressent tant les discours des uns et des autres sont crédibles, précis, criants de vérité, ce qui permet aussi d’éviter tout manichéisme, et ce qui donne encore plus de force au propos.  Certaines joutes verbales nous font oublier qu’il s’agit d’une fiction tant cela sonne vrai.

    Dialogues précisément écrits, plans séquences époustouflants, musique d’une puissance saisissante, interprétation et direction d’acteurs remarquables, tout cela concourt à ce film d'une force rare qui nous met sous tension de la première à la dernière seconde. Une démonstration implacable. À chacun de ses films, Brizé au-delà des réalités sociales qu'ils reflètent dresse le portrait de personnages qui nous accompagnent bien après le générique de fin.  Et cet Amédéo restera sans aucun doute dans nos mémoires de cinéphiles, de même que ce dénouement qui nous saisit et nous laisse KO d’émotion a contrario de l’analyse clinique de la chaîne d’information qui le relate. Bouleversant.

    Extraits de la conférence de presse

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    Stéphane Brizé : 

    "On amassé une matière du réel très importante pour construire la parole  la plus honnête et objective possible."

    "Le film emprunte  à la dramaturgie du documentaire et surtout pas du reportage puisque la dramaturgie éclaire ce que le reportage ne montre pas. Je ne comprends pas pourquoi on ferme des entreprises rentables en France. La fiction va remplir les trous béants que le reportage ne remplit pas car il ne prend pas le temps".

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    Vincent Lindon :

      "Convoquer ce film à Cannes c'est faire de la politique, c'est montrer qu'on peut aussi éveiller, prévenir, informer, de ce qui passe dans le monde. " 

    "Je suis fier de pouvoir essayer d'aider des gens qui sont plus en difficulté ou en faiblesse que moi. Il y a toujours une tendance de dire aux gens plus puissants "ce n'est pas à toi de t'en mêler".

    "Ma passion c'est le gens. J'aime discuter. Les plus grands musées, les plus grands livres, les plus grands voyages, je les fais en étant auprès des gens."

    "Je n'aime que les gens qui font, qui agissent, qui font avancer le monde. »

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  • Dinard Film Festival 2018 : Monica Bellucci, présidente du jury

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    La 29ème édition du Festival du Film Britannique de Dinard aura lieu du 26 au 30 septembre 2018. Pour l'occasion, le festival est rebaptisé DINARD FILM FESTIVAL.  Si le festival se " lance ainsi dans les deux langues et sur les réseaux sociaux", cela résulte de sa "volonté de resserrer les liens culturels par-dessus la Manche."

    Comme chaque année, l'affiche met en scène la magnifique cité bretonne sur une note décalée, "so british".

    La présidente du jury de cette édition sera l'actrice Monica Bellucci. Les noms des autres membres du jury et la programmation seront connus fin août.

    Pour en savoir plus sur le festival, retrouvez son site officiel, ici, et mon compte rendu de l'édition 2016 du festival, là.

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  • Littérature - Des nouvelles de mes nouvelles et de mon roman et quelques lectures

     

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    Accaparée par de nouveaux (captivants) projets, je n'ai pas encore eu le temps de vous livrer ici l'habituel compte rendu cinématographique du Festival de Cannes (il viendra, avec un peu de retard mais il viendra). Je n'avais pas non plus pris le temps de partager ici de nouvelles critiques de mes livres qui continuent leur petit bout de chemin et quand ils touchent en plein cœur comme ce fut plusieurs fois le cas ces derniers temps, c'est un immense bonheur tant ces livres sont personnels. Deux petits exemples : une nouvelle critique sur Fnac.com (ci-dessus) et un très bel article sur le blog "Mireilleover60" et un immense merci à Mireille qui a même pris le temps de réaliser une vidéo autour du roman à lire et regarder en cliquant ici et sur l'image ci-dessous.

     

     

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     J'en profite aussi pour vous parler de deux livres coups de cœur d'auteurs de ma maison d'édition  Les Editions du 38.

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    Je tenais d'abord à vous parler de mon  coup de cœur pour un livre (le tome 1 des Epopées Avaloniennes : "Hérodias et le guerrier au linceul) et son auteure, Sara Greem, enfin d’abord pour son auteure que j’ai eu le grand plaisir de rencontrer au Salon du Livre de Paris sur le stand des Editons du 38 (puisque nous avons la chance d’appartenir à la même maison). Une sublime rencontre. C’est ensuite seulement, charmée par sa belle, lumineuse et singulière personnalité (la passion avec laquelle elle parlait de son livre, l’écoute attentive qu’elle accordait à chacun me donnaient déjà envie d’en savoir plus) que j’ai eu envie de découvrir son œuvre, curieuse de me plonger dans un univers auquel (je l’avoue) je ne connaissais rien ou presque et qui m’intriguait. Dès les premières pages, j’étais déjà ailleurs, totalement envoûtée par l’univers dans lequel d’emblée nous plonge Sara grâce à la richesse de son écriture, son travail de recherche et ses connaissances très impressionnants des mythes et légendes celtes (qui n’alourdissent jamais le récit mais l’enrichissent au contraire), la noblesse d’âme et de cœur de ses personnages qui reflètent si bien la bienveillance de l’auteure. Chaque soir c’était un délicieux rituel, retrouver la touchante, opiniâtre et attachante Hérodias (attachante comme le sont quasiment tous ses personnages comme le fidèle corbeau Hermès ou comme le séduisant Kai, « Le guerrier au linceul »), ses palpitantes aventures, cet univers dans lequel j’avais l’impression d’être immergée et de voyager… C’est avec tristesse que j’ai quitté ses personnages (qui désormais m’accompagnent) et avec joie que je sais bientôt les retrouver dans le tome 2 et le tome 3. Vraiment, si, comme moi vous n’avez pas l’habitude de lire de la Fantasy, ce livre est celui qui vous y initiera avec bonheur et si vous connaissez déjà, alors vous ne pourrez que tomber sous le charme de ce livre remarquable et remarquablement écrit, avec beaucoup d’âme et de cœur, et par une plume sensible et de talent. Je vous le promets, vous ne regretterez pas ce voyage magique dont chaque page vous tient en haleine… Comme le dirait Sara, les choses n’arrivent pas par hasard et la lecture de ce livre devrait vous en convaincre. Pour en savoir plus rendez-vous également sur les réseaux sociaux de Sara Greem (déjà tout un voyage, avec toujours de magnifiques textes et illustrations) et sur le site internet et la page Facebook Les éditions du 38. Voici le synopsis officiel qui, mieux que moi, saura vous résumer l’intrigue : "Voici l’histoire de la prêtresse-ovate Hérodias qui constitue une légende parmi les maints contes celtes écrits, imaginés ou juste inspirés des mystères d’Avalon. La mythologie celtique se mêle au récit d’une épopée qui modifia le cours de l’histoire. Hérodias d’Athènes vit sur l’île d’Avalon, l’île sacrée protégée par ses brumes depuis bien avant la mort du roi Arthur, et gérée par le Conseil des Anciennes composé des Grandes Prêtresses Viviane, Morgane et Dana. Mais depuis quelque temps, il semble que les brumes se désagrègent peu à peu, rendant l'île d’Avalon dangereusement visible à ses ennemis. Hérodias, qui a reçu l’appel de la grande Déesse et du dieu cornu, Cernunnos, afin qu’elle accomplisse sa destinée à travers la nuit rituelle de Beltane et devienne à son tour Grande Prêtresse, a des visions récurrentes d’horreur et de mort. Une guerre se prépare. Les chrétiens, désireux d’éradiquer tout type de religion païenne, usent de trahisons et de magie occulte à l’encontre des derniers adorateurs des dieux multiples. Hérodias devra renforcer sa magie et ses pouvoirs pour la sauvegarde d’Avalon. Mais quel est le rôle exact que le destin lui réserve ? Et qui est le mystérieux guerrier au linceul que les dieux ont placé sur sa route ?".
    Pour en savoir plus :
    La page Facebook officielle de Sara Greem : https://www.facebook.com/sgreem/
    Les livres de Sara Greem sur le site officiel des Editions du 38 : https://www.editionsdu38.com/collection-du-fou-sf-fantasy-fantastique/fantasy/epopées-avaloniennes/

     

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    Mon autre coup de cœur concerne l'excellent polar "L'étrange secret de Marie Cloarec", de Alex Nicol publié par Les @editionsdu38 :
    Si vous lisez « L’étrange secret de Marie Cloarec », et je vous y encourage vivement, je vous le garantis : vous deviendrez accro à l’univers d’Alex Nicol et aux enquêtes de Gwenn Rosmadec, qui n’ont rien à envier à celles écrites par Agatha Christie, pour les rebondissements haletants, l’écriture ciselée et malicieuse, avec un zeste de James Bond pour les situations, certes jubilatoires à lire mais inextricables, dont notre héros arrive tout de même à se sortir indemne même si le véritable héros de l’histoire est finalement la Bretagne que l’auteur décrit avec une sensuelle, minutieuse et communicative admiration, nous emmenant avec lui dans ce voyage particulièrement distrayant avec, à l’arrivée, une seule envie : repartir dès que possible avec Gwenn Rosmadec dans ses trépidantes aventures !

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  • Champs-Elysées Film Festival 2018 : le programme

     

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    Je vous ai souvent parlé ici de cet enthousiasmant festival qui se déroule sur la "plus belle avenue du monde", dans la ville du septième art, un festival créé par et avec passion et maintenu à flots contre vents et marées par la  productrice, distributrice et exploitante  Sophie Dulac (exploitante notamment du remarquable cinéma L'Arlequin - situé rue de Rennes à Paris- que j'évoque également régulièrement ici), il y 7 ans. 

    J'ai eu le plaisir de faire partie du jury blogueurs du festival à ses débuts. Je consacre par ailleurs une des 16 nouvelles de mon recueil de nouvelles sur les festivals de cinéma Les illusions parallèles à ce festival au cadre et à l'atmosphère si romanesques (la nouvelle se déroule ainsi intégralement dans le cadre du Champs-Elysées Film Festival 2013).  Un festival qui aspire à faire rêver mais aussi à permettre au public de découvrir un cinéma indépendant (français et américain) grâce à une programmation exigeante en présence d'invités prestigieux.

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    Au programme de cette édition 2018 :  une semaine de découverte des cinémas indépendants français et américains, du 12 au 19 juin avec plus de 60 films et près de 80 séances qui auront lieu dans toutes les salles de l’avenue des Champs-Élysées : au Balzac, au Gaumont Champs-Élysées, au Lincoln, au Publicis Cinémas et à l’UGC George-V.

    7ème année. 7. Le chiffre des contes. Voilà qui promet une édition magique comme le confirme son programme particulièrement riche et diversifié avec, notamment :

    - Tim Roth et Jennifer Jason Leigh,  comme invités d’honneur 

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    - John Cameron Mitchell présent pour l’ouverture avec How to talk to girls at parties et les réalisateurs David et Nathan Zellner qui feront la clôture avec leur film Damsel.
     

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    -Chloë Grace Moretz sera également présente pour accompagner l’avant-première du film Come as you are de Desiree Akhaven.
     

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    Je vous encourage vraiment à découvrir les masterclass du festival, toujours passionnantes à l'exemple de celle que je vous raconte ici, mémorable, de Bertrand Tavernier, en 2014.

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    Seront ainsi projetés :
     
    -6 longs métrages américains indépendants,

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    -6 longs métrages indépendants français,

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    -10 courts métrages indépendants américains,

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    -et 9 courts métrages indépendants français

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     en compétition pour les Prix du Public et les Prix du Jury.
     
    Tous les réalisateurs seront là pour aller à la rencontre du public.
     
    Serge Bozon présidera le jury des longs métrages avec, à ses côtés:
     
    · Naidra Ayadi, actrice et metteuse en scène ; 
    · Sébastien Betbeder, réalisateur ; 
    · Damien Bonnard, acteur ; 
    · Judith Chemla, actrice ; 
    · Pierre Deladonchamps, acteur ; 
    · Ana Girardot, actrice.
     
    Katell Quillévéré présidera le jury des courts métrages avec, à ses côtés:
     
    · Hubert Charuel, réalisateur ; 
    · Esther Garrel, actrice ; 
    · Christophe Taudière, responsable du pôle court métrage de France Télévisions ; 
    · Arnaud Valois, acteur. 
     
    Tous les soirs, sur l’avenue, se dérouleront des tapis rouges pour accueillir les avant-premières des films suivants :

     · COME AS YOU ARE de Desiree Akhaven, avec Chloë Grace Moretz et Sasha Lane, en première internationale. Avec la présence exceptionnelle de Chloë Grace Moretz et de la réalisatrice. Lundi 18 juin à 21h / Publicis Cinémas
     
    · C’EST QUI CETTE FILLE de Nathan Silver,  en première française, en présence de l’équipe du film.  Jeudi 14 juin à 20h30 / PublicisCinémas et Lundi 18 juin à 19h en VOSTANG / UGC George-V
     

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    · UNSANE de Steven Soderbergh, avec Claire Foy, en première française. Vendredi 15 juin à 21h30 / UGC George-V

    · PIERCING de Nicolas Pesce, avec Mia Wasikowska et Christopher Abbott, en première parisienne.  Samedi 16 juin à 22h / UGC George-V

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    La soirée d’ouverture commencera avec la projection du film How to Talk to Girls at Parties de John Cameron Mitchell en première parisienne et lancera cette semaine cinématographique au Gaumont Champs-Élysées. La soirée se poursuivra à la Maison du Danemark – Flora Danica, avec un showcase du groupe de punk FAIRE.

    La soirée de clôture se déroulera au Publicis Cinémas avec la projection du film Damsel de David et Nathan Zellner en leur présence et en première française, suivie d’une grande soirée à l’Élyséum avec les DJ sets d’Arnaud Rebotini, de French 79 et de Piège à garçon.
     

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    Cette septième édition vous fera également découvrir The Eyeslicer, série expérimentale créée pour initier le public à la création cinématographique américaine contemporaine la plus audacieuse et la plus innovante. Les dix épisodes de sa première saison seront présentés en première française. Du documentaire vérité à l’animation amateur, des chats voyageurs du temps aux albums photos hantés.. « Si ça semble trop bizarre pour Netflix, il y a des chances que ce soit The Eyeslicer ! »
     
    Pour la deuxième année consécutive, une série audacieuse de showcases fera la part belle à la nouvelle scène indé parisienne et permettra aux festivaliers de se retrouver tous les soirs sur le Rooftop du festival, la plus belle terrasse de Paris, pour écouter Radio Elvis, Raphaële Lannadère, Aloïse Sauvage, Tim Dup, Pépite, Vendredi sur Mer, et les DJ sets de John Cameron Mitchell, de Karl Planck et de Piège à garçon.
     
    Ce festival présente en plus l'avantage d'être très abordable et accessible à tous :
     
    TARIFS À LA SÉANCE
     
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    Tarif unique de 7 € par séance
    Tarif unique de 10 € pour les avant-premières et les masterclass
    Places en vente dans les salles participantes
     
    Ouverture (cérémonie + projection + soirée à la Maison du Danemark - Flora Danica + open-bar + showcase de FAIRE) : 35 € / 20 € pour les accrédités
     
    Clôture (cérémonie + projection + soirée à l’Élyséum + open-bar + DJ sets d’Arnaud Rebotini, French 79 et Piège à garçon) : 35 € / 20 € pour les accrédités
     
    La carte UGC illimité et le Pass Gaumont Pathé sont acceptés.

    ACCRÉDITATION ILLIMITÉE :
     
    49 € / 35 € pour les moins de 26 ans – Films en illimité pour toutes les sections – Accès au Lounge du festival – Accès au Rooftop du festival où se dérouleront les showcases et les DJ sets – Masterclass et rencontres en illimité
     
    Pour en savoir plus :
     
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    le site officiel du Champs-Elysées Film Festival

    la grille horaires du festival

    la page Facebook du Champs-Elysées Film Festival

    le compte twitter du Champs-Elysées Film Festival @CEfilmfestival

    le compte Instagram du Champs-Elysées Film Festival @champselyseesfilmfest

    mon compte rendu du Champs-Elysées Film Festival 2013

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    mon recueil de nouvelles avec une nouvelle au Champs-Elysées Film Festival

     

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  • Critique de GUEULE D'ANGE de Vanessa Filho

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    Faute de temps pour m'y consacrer comme il se doit, il faudra patienter un peu avant de lire ici le compte rendu détaillé habituel du Festival de Cannes. En attendant, je vous livrerai ici mes critiques de mes coups de cœur du festival. Je commence par un film qui m'a profondément émue et qui était en lice dans la sélection Un Certain Regard et qui a souvent été injustement victime des sarcasmes de la presse présente au festival qui, de coutume, certes, fait rarement dans la demi-mesure...

    Une jeune femme, Marlène (Marion Cotillard), vit seule avec sa fille de huit ans, Elli (Ayline Aksoy-Etaix). Une nuit, après une rencontre en boîte de nuit, la mère décide de partir, laissant son enfant livrée à elle-même.

    Ce premier film met en scène 3 cœurs blessés sans (re)pères et ausculte ses personnages avec bienveillance malgré (ou à cause de) leurs plaies béantes.

    Ainsi, lors de la première scène, Marion Cotillard qui se prénomme Marlène (son vrai prénom ou peut-être celui qu'elle s'est inventé, allez savoir, se rêvant un autre destin, plus cinématographique et flamboyant peut-être), est allongée, éreintée, appréhendant un événement qui aura lieu le lendemain (dont nous apprendrons ensuite qu'il s'agit d'un mariage). Sa petite fille Elli dite Gueule d'ange la materne et  lui chante J'envoie valser de Zazie. Tout est dit dans cette première scène d'une force et d'une douceur saisissantes.  L'inversion des rapports mère/fille. Et cette mère qui envoie tout valser, à commencer par le mariage en question, le cinquième de Marlène qu'elle fera exploser ensuite le jour même du mariage de manière spectaculaire (la chanson de mariage est déjà un moment d'anthologie qui nous permet de cerner la périlleuse fragilité du personnage).

    Marlène est une femme instable, une mère immature et irresponsable, égarée, qui ne sait plus aimer à force de ne pas l'être réellement, magistralement interprétée par Marion Cotillard qui joue avec l'excès qui lui sied cette blonde platine aux paupières pailletées accro aux émissions de télé-réalité et à l'alcool.

    La caméra épouse la fébrilité et l'instabilité des personnages souvent filmés au plus près ou au contraire perdus dans le cadre, la réalisatrice soulignant ainsi leur sentiment de solitude. Si le sujet est âpre, le film est nimbé  d'une lumière synonyme d'espoir. La réalisatrice dont c'est le premier film a  eu la bonne idée d'emprunter aux codes du conte, principalement pour son dénouement qui oscille ainsi entre tragédie et espoir, selon le regard plus ou moins réaliste que nous choisissons de lui porter.

    La petite Ayline Aksoy-Etaix crève l'écran et dispose sans doute d'une maturité singulière pour incarner celle de cette petite fille qui singe cette mère qui la fascine et l'inquiète à la fois. Alban Lenoir, quant à lui, est d'une remarquable justesse dans le rôle de cet ancien plongeur au cœur doublement brisé qui, presque malgré lui, va s'improviser père, lui à qui le sien fait défaut.

    Un film poignant parsemé de scènes particulièrement fortes et mémorables, à la frontière entre la fable et le réalisme social qui n'est pas sans rappeler celui des Dardenne, formidablement maîtrisé pour une première œuvre portée par une lumière incandescente (magnifique photographie de Guillaume Schiffman) qui atténue intelligemment l'âpreté du propos et par trois comédiens qui incarnent brillamment ces trois êtres à la dérive dont  la grâce d'un ange (ou d'une sirène) va faire se rejoindre les destinées. Un film dont les personnages vous accompagnent longtemps après le générique de fin et qui me rend déjà impatiente de découvrir le prochain long-métrage de cette réalisatrice particulièrement prometteuse.

    Et pour terminer en clin-d'oeil "20 après", une petite photo d'un acteur du film que vous reconnaîtrez, membre comme moi du jury jeunes du Festival du Film de Paris 1998 et que ce fut un plaisir de revoir par hasard   pendant le festival. 

    Il y a 20 ans, le jury jeunes du Festival du Film de Paris 1998 : 

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    20 ans plus tard :

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    En bonus, ma critique d'un autre film coup de cœur dans lequel jouait également Marion Cotillard, découvert dans le cadre du Festival de Cannes, 69ème édition, critique publiée à cette époque et cette occasion :

    CRITIQUE DE "MAL DE PIERRES" de NICOLE GARCIA

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     Nicole Garcia était cette année à nouveau en compétition au Festival de Cannes en tant que réalisatrice (elle a également souvent gravi les marches comme comédienne). Après avoir ainsi été en lice pour « L’Adversaire » en 2002 et pour  « Selon Charlie » en 2005, elle l'était cette fois avec un film dans lequel Marion Cotillard tient le rôle principal, elle-même pour la cinquième année consécutive en compétition à Cannes. L’une et l’autre sont reparties sans prix de la Croisette même si ce beau film enfiévré d’absolu l’aurait mérité.  « Mal de Pierres » est une adaptation du roman éponyme de l’Italienne Milena Agus publié en 2006 chez Liana Lévi. Retour sur un de mes coups de cœur du Festival de Cannes 2016…

    Marion Cotillard incarne Gabrielle, une jeune femme qui a grandi dans la petite bourgeoisie agricole de Provence. Elle ne rêve que de passion. Elle livre son fol amour à un instituteur qui la rejette. On la croit folle, son appétit de vie et d’amour dérange, a fortiori à une époque où l’on destine d’abord les femmes au mariage. « Elle est dans ses nuages » dit ainsi d’elle sa mère.  Ses parents la donnent à José parce qu’il semble à sa mère qu’il est « quelqu’un de solide » bien qu’il ne « possède rien », un homme que Gabrielle n’aime pas, qu’elle ne connaît pas, un ouvrier saisonnier espagnol chargé de faire d’elle « une femme respectable ».  Ils vont vivre au bord de mer… Presque de force, sur les conseils d’un médecin, son mari la conduit en cure thermale à la montagne pour soigner ses calculs rénaux, son mal de pierres qui l’empêche d’avoir des enfants qu’elle ne veut d’ailleurs pas, contrairement à lui. D’abord désespérée dans ce sinistre environnement, elle reprend goût à la vie en rencontrant un lieutenant blessé lors de la guerre d’Indochine, André Sauvage (Louis Garrel). Cette fois, quoiqu’il advienne, Gabrielle ne renoncera pas à son rêve d’amour fou…

    Dès le début émane de ce film une sensualité brute. La nature toute entière semble brûler de cette incandescence qui saisit et aliène Gabrielle : le vent qui s’engouffre dans ses cheveux, les champs de lavande éblouissants de couleurs, le bruit des grillons, l’eau qui caresse le bas de son corps dénudé, les violons et l’accordéon qui accompagnent les danseurs virevoltants de vie sous un soleil éclatant. La caméra de Nicole Garcia caresse les corps et la nature, terriblement vivants, exhale leur beauté brute, et annonce que le volcan va bientôt entrer en éruption.

    Je suis étonnée que ce film n’ait pas eu plus d’échos lors de sa présentation à Cannes. Marion Cotillard incarne la passion aveugle et la fièvre de l’absolu qui ne sont pas sans rappeler celles d’Adèle H, mais aussi l’animalité et la fragilité, la brutalité et la poésie, la sensualité et une obstination presque enfantine. Elle est tout cela à la fois, plus encore, et ses grands yeux bleus âpres et lumineux nous hypnotisent et conduisent à notre tour dans sa folie créatrice et passionnée. Gabrielle incarne une métaphore du cinéma, ce cinéma qui « substitue à notre regard un monde qui s’accorde à nos désirs ». Pour Gabrielle, l’amour est d’ailleurs un art, un rêve qui se construit. Ce monde c’est André Sauvage (le bien nommé), l’incarnation pour Gabrielle du rêve, du désir, de l’ailleurs, de l’évasion. Elle ne voit plus, derrière sa beauté ténébreuse, son teint blafard, ses gestes douloureux, la mort en masque sur son visage, ses sourires harassés de souffrance. Elle ne voit qu’un mystère dans lequel elle projette ses fantasmes d’un amour fou et partagé. « Elle a parfaitement saisi la dimension à la fois animale et possédée de Gabrielle, de sa folie créatrice » a ainsi déclaré Nicole Garcia lors de la conférence de presse cannoise. « Je n’ai pas pensé à filmer les décors. Ce personnage est la géographie. Je suis toujours attirée par ce que je n’ai pas exploré » a-t-elle également ajouté.

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    Face à Gabrielle, les personnages masculins n’en sont pas moins bouleversants. Le mari incarné par Alex Brendemühl représente aussi une forme d’amour fou, au-delà du désamour, de l’indifférence, un homme, lui aussi, comme André Sauvage, blessé par la guerre, lui aussi secret et qui, finalement, porte en lui tout ce que Gabrielle recherche, mais qu’elle n’a pas décidé de rêver… « Ce personnage de femme m’a beaucoup touchée. Une ardeur farouche très sauvage et aussi une sorte de mystique de l’amour, une quête d’absolu qui m’a enchantée. J’aime beaucoup les hommes du film, je les trouve courageux et pudiques» a ainsi déclaré Marion Cotillard (qui, comme toujours, a d'ailleurs admirablement parlé de son personnage, prenant le temps de trouver les mots justes et précis) lors de la conférence de presse cannoise du film (ma photo ci-dessus).  Alex Brendemühl dans le rôle du mari et Brigitte Roüan (la mère mal aimante de Gabrielle) sont aussi parfaits dans des rôles tout en retenue.

    Au scénario, on retrouve le scénariste notamment de Claude Sautet, Jacques Fieschi, qui collabore pour la huitième fois avec Nicole Garcia et dont on reconnaît aussi l’écriture ciselée et l’habileté à déshabiller les âmes et à éclairer leurs tourments, et la construction scénaristique parfaite qui sait faire aller crescendo l’émotion sans non plus jamais la forcer. La réalisatrice et son coscénariste ont ainsi accompli un remarquable travail d’adaptation, notamment en plantant l’histoire dans la France des années 50 heurtée par les désirs comme elle préférait ignorer les stigmates laissées par les guerres. Au fond, ce sont trois personnages blessés, trois fauves fascinants et égarés.

    Une nouvelle fois, Nicole Garcia se penche sur les méandres de la mémoire et la complexité de l’identité comme dans le sublime « Un balcon sur la mer ». Nicole Garcia est une des rares à savoir raconter des « histoires simples » qui révèlent subtilement la complexité des « choses de la vie ».

    Rarement un film aura aussi bien saisi la force créatrice et ardente des sentiments, les affres de l’illusion amoureuse et de la quête d’absolu. Un film qui sublime les pouvoirs magiques et terribles de l’imaginaire qui portent et dévorent, comme un hommage au cinéma. Un grand film romantique et romanesque comme il y en a désormais si peu. Dans ce rôle incandescent, Marion Cotillard, une fois de plus, est époustouflante, et la caméra délicate et sensuelle de Nicole Garcia a su mieux que nulle autre transcender la beauté âpre de cette femme libre qu’elle incarne, intensément et follement  vibrante de vie.

    La Barcarolle de juin de Tchaïkovsky et ce plan à la John Ford qui, de la grange où se cache Gabrielle, dans l’ombre, ouvre sur l’horizon, la lumière, l’imaginaire, parmi tant d’autres images, nous accompagnent  bien longtemps après le film. Un plan qui ouvre sur un horizon d’espoirs à l’image de ces derniers mots où la pierre, alors, ne symbolise plus un mal mais un avenir rayonnant, accompagné d’ un regard qui, enfin, se pose et se porte au bon endroit. Un très grand film d’amour(s). A voir absolument.

  • Sandrine Kiberlain : présidente du jury du 44ème Festival du Cinéma Américain de Deauville

     

    affiche du 44ème Festival du Cinéma Américain de Deauville 2018.jpg

    En même temps que nous découvrons la sublime affiche du Festival du Cinéma Américain de Deauville 2018 (avec toujours les codes habituels que sont les couleurs de la bannière étoilée, pont ici au sens figuré et au sens propre entre la Normandie et les Etats-Unis, l'évocation des planches, le voyage immobile auquel invite le festival, et une belle sensation d'ailleurs, de légèreté, de liberté, d'envol qui en émane), nous apprenons ainsi le nom de la présidente du jury qui sera donc la comédienne, réalisatrice et chanteuse Sandrine Kiberlain (quel judicieux choix !). Ainsi est-elle présentée dans l'annonce du festival : 

    "Comédienne plébiscitée par des réalisateurs tels que Jacques Audiard, Stéphane Brizé, Alain Resnais, Claude Miller, André Téchiné, Benoît Jacquot, Jean-Paul Rappeneau, Nicole Garcia, Eric Rochant, Pascal Bonitzer, Pierre Salvadori ou encore Philippe Le Guay,
    Sandrine Kiberlain remporte le César du Meilleur espoir féminin en 1996 pour En avoir (ou pas) de Laetitia Masson, avant d’être distinguée en 2014 par le César de la Meilleure actrice pour son rôle dans 9 mois ferme d’Albert Dupontel.
    Après avoir dirigé le Jury de la Caméra d’Or du Festival de Cannes en 2017, elle présidera le Jury de la 44e édition du Festival du Cinéma Américain de Deauville."

    Plus que jamais cette année, je vous ferai vivre le Festival en direct ici, sur http://inthemoodfordeauville.com et http://inthemoodforfilmfestivals.com et sur mes réseaux sociaux, sur twitter (@Sandra_Meziere et @moodfdeauville), sur Facebook (http://facebook.com/inthemoodfordeauville et http://facebook.com/inthemoodforcinema) et sur Instagram (@sandra_meziere). Très bientôt, en partenariat avec le CID, je vous ferai également gagner ici pass et invitations pour le festival.

    En attendant, en bonus, je vous propose ma critique d'un de mes films préférés avec Sandrine Kiberlain, Mademoiselle Chambon de Stéphane Brizé tandis que son remarquable En guerre est actuellement à l'affiche. Je vous en parlerai très bientôt dans mon compte rendu du Festival de Cannes.

    Le Festival du Cinéma Américain de Deauville 2018 aura lieu du 31 août au 9 septembre, au CID. En attendant, retrouvez mon compte rendu du Festival du Cinéma Américain de Deauville 2017, ici.

    Critique de MADEMOISELLE CHAMBON

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    Cela pourrait se résumer en une phrase : Jean (Vincent Lindon), maçon, bon mari et père de famille, croise la route de la maîtresse d'école de son fils, Mademoiselle Chambon (Sandrine Kiberlain) ;  leurs sentiments réciproques vont s'imposer à eux. Enfin non, justement, cela ne se résume pas en une phrase parce que tout ce qui importe ici réside ailleurs que dans les mots, même si ce film est inspiré de ceux du roman d'Eric Holder.

    Les mots sont impuissants à exprimer cette indicible évidence. Celle d'un regard qui affronte, esquive, tremble, vacille imperceptiblement. Celle d'une lèvre dont un rictus trahit un trouble ou une blessure. Celle d'une rencontre improbable mais impérieuse. Entre un homme qui ne sait pas manier les mots (la preuve, c'est son fils qui lui apprend ce qu'est le complément d'objet direct) et vit du travail de ses mains et une femme dont c'est le métier que de manier les mots, les apprendre. Lui construit des maisons, elle déménage sans cesse. Lui est ancré dans la terre, elle est évanescente. Il a un prénom, elle est avant tout mademoiselle. Lui a un lien douloureux et charnel avec son père, ses parents à elle ne lui parlent que par téléphone interposé et pour lui faire l'éloge de sa sœur. Et pourtant, et justement : l'évidence.  La musique va alors devenir le langage qui va cristalliser leurs émotions, et les sanglots longs des violons (pas de l'automne, comme ceux de Verlaine, mais ici du printemps, avec une langueur plus mélancolique que monotone) exprimer la violence de leurs irrépressibles sentiments.

    Comme dans le magnifique « Je ne suis pas là pour être aimé »,  on retrouve cette tendre cruauté et cette description de la province, glaciale et intemporelle. Ces douloureux silences. Cette sensualité dans les gestes chorégraphiés, déterminés et maladroits. Cette révolte contre la lancinance de l'existence. Et ce choix face au destin. Cruel. Courageux ou lâche. (Magnifique scène de la gare dont la tension exprime le combat entre ces deux notions, la vérité étant finalement, sans doute, au-delà, et par un astucieux montage, Stéphane Brizé en exprime toute l'ambivalence, sans jamais juger ses personnages...). On retrouve aussi cet humour caustique et cette mélancolie grave, notamment dans la scène des pompes funèbres qui résume toute la tendresse et la douleur sourdes d'une existence et qui fait écho à celle de la maison de retraite dans « Je ne suis pas là pour être aimé. »

     Mais ce film ne serait pas ce petit bijou de délicatesse sans l'incroyable présence de ses acteurs principaux, Vincent Lindon d'abord, encore une fois phénoménal, aussi crédible en maçon ici qu'en avocat ailleurs. Son mélange de force et de fragilité, de certitudes et de fêlures, sa façon maladroite et presque animale de marcher, de manier les mots, avec parcimonie, sa manière gauche de tourner les pages ou la manière dont son dos même se courbe et s'impose, dont son regard évite ou affronte : tout en lui nous faisant oublier l'acteur pour nous mettre face à l'évidence de ce personnage.  Et puis Sandrine Kiberlain, rayonnante, lumineuse, mais blessée qui parvient à faire passer l'émotion sans jamais la forcer. Aure Atika, qui interprète ici l'épouse de Vincent Lindon, est, quant à elle, absolument méconnaissable, et d'une sobriété remarquable et étonnante. Sans doute faut-il aussi une direction d'acteurs d'une précision, d'une sensibilité rares pour arriver à une telle impression d'évidence et de perfection ( la preuve, les seconds rôles sont d'ailleurs tout aussi parfaits).

    Une histoire simple sur des gens simples que Stéphane Brizé (avec la complicité de Florence Vignon, déjà co-scénariste du très beau « Le bleu des villes ») compose avec dignité  dans un film épuré, sensible qui fait de ses personnages des héros du quotidien emprisonnés dans un fier et douloureux silence (résumé par le dernier plan d'une belle luminosité derrière les barreaux d'une fenêtre ). Un film qui, encore une fois, rappelle le cinéma de Claude Sautet (notamment par l'utilisation du violon et de la musique comme éléments cristallisateurs qui rappellent « Un cœur en hiver » mais aussi par la sublimation d'une « histoire simple ») qui, tout en « faisant aimer la vie » et la poésie des silences, en souligne toute la quotidienne et silencieuse beauté, cruelle et dévastatrice.

  • Palmarès et conclusion du 71ème Festival de Cannes

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    Ce soir, avait lieu la clôture du festival suivie de la projection de «L’Homme qui a tué Don Quichotte» de Terry Gilliam. Avant de vous parler du film de Terry Gilliam, retour sur cette édition, cette cérémonie et sur le palmarès. Si Cannes est le reflet du monde, alors il le révèle meurtri par des douleurs contenues face à la violence sociale et politique, un monde hanté par la mort, par l’absence, par une enfance en danger, par une douleur ineffable dans une société souvent bavarde et sourde.

    De cette cérémonie nous retiendrons :

    • le discours courageux, combattif, fervent, révolté, engagé d’Asia Argento : « Harvey Weinstein ne sera jamais plus le bienvenu ici » a-t-elle notamment déclaré .

     

    • Le prix d’interprétation féminine évident de la bouleversante Samal Yeslyamova dans Ayka réalisé par Sergey DVORTSEVOY, un prix d’ailleurs remis par Asia Argento (je n’ai pas encore eu le temps de vous parler de ce film âpre et poignant, un de mes coups au cœur du festival, je vous en reparlerai).

     

    • La joie débordante de Marcello Fonte, l’acteur prodigieux du fascinant « Dogman» de Matteo Garrone, qui a reçu le prix d’interprétation masculine

     

    • Le prix spécial de Godard pour le livre d’images (et sa singulière conférence de presse.

     

    • L’émotion et le magnifique discours de Nadine Labaki :

     

     « Je crois profondément au pouvoir du cinéma.  Le cinéma n’est pas seulement fait pour divertir ou pour faire rêver. Il est aussi fait pour faire réfléchir. Pour montrer l’invisible. Pour dire ce qu’on ne peut pas dire. On ne peut plus continuer à tourner le dos et à rester aveugles à la souffrance de ces enfants. » L’enfance en danger était d’ailleurs au cœur de plusieurs films : « Capharnaüm » donc mais aussi la sublime palme d’or « Une Affaire de famille ».

    • Le prix du scénario pour « Trois visages », là aussi un film dont je n’ai pas eu le temps de vous parler et qui méritera une critique détaillée, un autre de mes coups de cœur du festival, pour la virtuosité de la mise en scène mais aussi parce que c’est un plaidoyer pour l’art, la liberté, mais aussi un bel hommage à Kiarostami et une dénonciation du sort subi par les femmes dans son pays. « Trois visages », tout comme le film de Jia Zhang-Ke « Les Eternels », confronte deux mondes, le monde rural et celui de Téhéran, deux formes d'emprisonnement aussi.  Le plan de la fin qui contraste avec celui du début, quand il regarde à travers le grillage une  femme qui peint comme si l’art était plus fort que tout,  une arme pacifique comme une mise en abyme avec ce festival qui permet de donner une voix à de l’écho à ceux qui n’en ont pas.
    • Nous retiendrons aussi bien sûr les quatre-vingt-deux femmes sur les marches du Palais une plus grande parité dans le monde du cinéma.

     

    • Grand moment du festival fut aussi «2001, l’odyssée de l’espace» de Stanley Kubrick, film de 1968 projeté en 70 mm en présence de l’acteur Keir Dullea et présenté par Christopher Nolan.

     

    • Nous n’oublierons pas non plus que tout cela s’est achevé sur les marches les plus célèbres du monde, où les lauréats et le Jury ont rejoint Sting et Shaggy pour une surprise musicale Live ! Ou comment finir en beauté et en émotions cette 71ème édition et ces 12 jours de grand cinéma.

     

     

    PALMARES

    LONGS MÉTRAGES 

    PALME D'OR

    MANBIKI KAZOKU (Une affaire de famille) réalisé par KORE-EDA Hirokazu

    La Palme d'or a été remise par Cate Blanchett.

     

    GRAND PRIX

    BLACKKKLANSMAN réalisé par Spike LEE

    Le Grand Prix a été remis par Benicio Del Toro et Chang Chen.

     

    PRIX DU JURY

    CAPHARNAÜM réalisé par Nadine LABAKI

    Le Prix du Jury a été remis par Gary Oldman et Léa Seydoux.  

    PRIX D'INTERPRÉTATION MASCULINE

    Marcello FONTE dans DOGMAN réalisé par Matteo GARRONE

    Le prix d'interprétation masculine a été remis par Khadja Nin et Roberto Benigni.

     

    PRIX DE LA MISE EN SCÈNE

    ZIMNA WOJNA (Cold War) réalisé par Pawel PAWLIKOWSKI

    Le Prix de la Mise en Scène a été remis par Abderrahmane Sissako, Kristen Stewart et Denis Villeneuve.  

    PRIX DU SCÉNARIO EX-ÆQUO

    Alice ROHRWACHER pour LAZZARO FELICE (Heureux comme Lazzaro)

    Jafar PANAHI pour SE ROKH (3 Visages)

    Le Prix du Scénario a été remis par Robert Guédiguian et Chiara Mastroianni.

     

    PRIX D'INTERPRÉTATION FÉMININE

    Samal YESLYAMOVA dans AYKA réalisé par Sergey DVORTSEVOY

    Le Prix d'interprétation féminine a été remis par Ava Duvernay et Asia Argento.

     

    PALME D'OR SPÉCIALE

    LE LIVRE D’IMAGE réalisé par Jean-Luc GODARD

     

    COURTS MÉTRAGES

    PALME D'OR

    ALL THESE CREATURES (Toutes ces créatures) réalisé par Charles WILLIAMS

     

    MENTION SPÉCIALE DU JURY

    YAN BIAN SHAO NIAN (On the Border) réalisé par WEI Shujun

    La Palme d'or et la mention spéciale du Jury pour les Courts Métrages ont été remis par le Président du Jury des Courts Métrages et de la Cinéfondation, Bertrand Bonello.  

    UN CERTAIN REGARD

    PRIX UN CERTAIN REGARD

    GRÄNS de Ali ABBASI  

    PRIX DU SCÉNARIO

    SOFIA de Meryem BENM’BAREK  

    PRIX D’INTERPRÉTATION

    Victor POLSTER pour GIRL de Lukas DHONT  

    PRIX DE LA MISE EN SCÈNE

    Sergei LOZNITSA pour DONBASS  

    PRIX SPÉCIAL DU JURY

    CHUVA É CANTORIA NA ALDEIA DOS MORTOS (Les Morts et les autres) de João SALAVIZA et Renée NADER MESSORA  

    CAMÉRA D’OR

    GIRL réalisé par Lukas DHONT présenté dans le cadre de UN CERTAIN REGARD

    Le prix de la Caméra d'or a été remis par la Présidente du Jury de la Caméra d'or, Ursula Meier.

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