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andré dussolier

  • Critique - ON CONNAÎT LA CHANSON d'Alain Resnais à 20H45 sur Ciné + Club

    Toute la malice du cinéaste apparaît déjà dans le titre de ce film de 1997, dans son double sens, propre et figuré, puisqu’il fait à la fois référence aux chansons en playback interprétées dans le film mais parce qu’il sous-entend à quel point les apparences peuvent être trompeuses et donc que nous ne connaissons jamais vraiment la chanson…

    Suite à un malentendu, Camille (Agnès Jaoui), guide touristique et auteure d’une thèse sur « les chevaliers paysans de l’an mil au lac de Paladru » s’éprend de l’agent immobilier Marc Duveyrier (Lambert Wilson). Ce dernier est aussi le patron de Simon (André Dussolier), secrètement épris de Camille et qui tente de vendre un appartement à Odile (Sabine Azéma), la sœur de Camille. L’enthousiaste Odile est décidée à acheter cet appartement malgré la désapprobation muette de Claude, son mari velléitaire (Pierre Arditi). Celui-ci supporte mal la réapparition après de longues années d’absence de Nicolas (Jean-Pierre Bacri), vieux complice d’Odile qui devient le confident de Simon et qui est surtout très hypocondriaque.

    Ce film est pourtant bien plus que son idée de mise en scène, certes particulièrement ludique et enthousiasmante, à laquelle on tend trop souvent à le réduire. A l’image de ses personnages, le film d’Alain Resnais n’est pas ce qu’il semble être. Derrière une apparente légèreté qui emprunte au Boulevard et à la comédie musicale ou du moins à la comédie (en) »chantée », il débusque les fêlures que chacun dissimule derrière de l’assurance, une joie de vivre exagérée, de l’arrogance ou une timidité.

    C’est un film en forme de trompe-l’œil qui commence dès la première scène : une ouverture sur une croix gammée, dans le bureau de Von Choltitz au téléphone avec Hitler qui lui ordonne de détruire Paris. Mais Paris ne disparaîtra pas et sera bien heureusement le terrain des chassés-croisés des personnages de « On connaît la chanson », et cette épisode était juste une manière de planter le décor, de nous faire regarder justement au-delà du décor, et de présenter le principe de ces extraits chantés. La mise en scène ne cessera d’ailleurs de jouer ainsi avec les apparences, comme lorsqu’Odile parle avec Nicolas, lors d’un dîner chez elle, et que son mari Claude est absent du cadre, tout comme il semble d’ailleurs constamment « absent », ailleurs.

    Resnais joue habilement avec la mise en scène mais aussi avec les genres cinématographiques, faisant parfois une incursion dans la comédie romantique, comme lors de la rencontre entre Camille et Marc. L’appartement où ils se retrouvent est aussi glacial que la lumière est chaleureuse pour devenir presque irréelle mais là encore c’est une manière de jouer avec les apparences puisque Marc lui-même est d’une certaine manière irréel, fabriqué, jouant un personnage qu’il n’est pas.

    Le scénario est signé Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri et témoigne déjà de leur goût des autres et de leur regard à la fois acéré et tendre sur nos vanités, nos faiblesses, nos fêlures. Les dialogues sont ainsi des bijoux de précision et d’observation mais finalement même s’ils mettent l’accent sur les faiblesses de chacun, les personnages ne sont jamais regardés avec condescendance mais plutôt lucidité et indulgence. Une phrase parfois suffit à caractériser un personnage comme cette femme qui, en se présentant dit, « J’suis une collègue d’Odile. Mais un petit cran au-dessus. Mais ça ne nous empêche pas de bien nous entendre ! ». Tout est dit ! La volonté de se montrer sous son meilleur jour, conciliante, ouverte, indifférente aux hiérarchies et apparences…tout en démontrant le contraire. Ou comme lorsque Marc répète à deux reprises à d’autres sa réplique adressée à Simon dont il est visiblement très fier « Vous savez Simon, vous n’êtes pas seulement un auteur dramatique, mais vous êtes aussi un employé dramatique ! » marquant à la fois ainsi une certaine condescendance mais en même temps une certaine forme de manque de confiance, et amoindrissant le caractère a priori antipathique de son personnage.

    Les personnages de « On connaît la chanson » sont avant tout seuls, enfermés dans leurs images, leurs solitudes, leur inaptitude à communiquer, et les chansons leur permettent souvent de révéler leurs vérités masquées, leurs vrais personnalités ou désirs, tout en ayant souvent un effet tendrement comique. De « J’aime les filles » avec Lambert Wilson au « Vertige de l’amour » avec André Dussolier (irrésistible ) en passant par le « Résiste » de Sabine Azéma. C’est aussi un moyen de comique de répétition dont est jalonné ce film : blague répétée par Lambert Wilson sur Simon, blague de la publicité pour la chicorée lorsque Nicolas montre la photo de sa famille et réitération de certains passages chantés comme « Avoir un bon copain ».

    Chacun laissera tomber son masque, de fierté ou de gaieté feinte, dans le dernier acte où tous seront réunis, dans le cadre d’une fête qui, une fois les apparences dévoilées (même les choses comme l’appartement n’y échappent pas, même celui-ci se révèlera ne pas être ce qu’il semblait), ne laissera plus qu’un sol jonché de bouteilles et d’assiettes vides, débarrassé du souci des apparences, et du rangement (de tout et chacun dans une case) mais la scène se terminera une nouvelle fois par une nouvelle pirouette, toute l’élégance de Resnais étant là, dans cette dernière phrase qui nous laisse avec un sourire, et l’envie de saisir l’existence avec légèreté.

    Rien n’est laissé au hasard, de l’interprétation (comme toujours chez Resnais remarquable direction d’acteurs et interprètes judicieusement choisis, de Dussolier en amoureux timide à Sabine Azéma en incorrigible optimiste en passant par Lambert Wilson, vaniteux et finalement pathétique et presque attendrissant) aux costumes comme les tenues rouges et flamboyantes de Sabine Azéma ou d’une tonalité plus neutre, voire fade, d’Agnès Jaoui.

    « On connaît la chanson » a obtenu 7 César dont celui du meilleur film et du meilleur scénario original. C’est pour moi un des films les plus brillants et profonds qui soient malgré sa légèreté apparente, un mélange subtile –à l’image de la vie – de mélancolie et de légèreté, d’enchantement et de désenchantement, un film à la frontière des émotions et des genres qui témoigne de la grande élégance de son réalisateur, du regard tendre et incisif de ses auteurs et qui nous laisse avec un air à la fois joyeux et nostalgique dans la tête. Un film qui semble entrer dans les cadres et qui justement nous démontre que la vie est plus nuancée et que chacun est forcément plus complexe que la case à laquelle on souhaite le réduire, moins lisse et jovial que l’image « enchantée » qu’il veut se donner. Un film jubilatoire enchanté et enchanteur, empreint de toute la richesse, la beauté, la difficulté, la gravité et la légèreté de la vie. Un film tendrement drôle et joyeusement mélancolique à voir, entendre et revoir sans modération…même si nous connaissons déjà la chanson !

    Cliquez ici pour retrouver mes critiques de "Cœurs" et "Vous n'avez encore rien vu" d'Alain Resnais.

  • Critique de DIPLOMATIE de Volker Schlöndorff avec André Dussolier et Niels Arestrup

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    Diplomatie. Un mot que fait aujourd’hui encore résonner et déraisonner l’actualité quand l’Histoire semble interminablement et tristement se répéter, sans savoir tirer les leçons du passé. C’est une des nombreuses raisons pour lesquelles ce film est aussi passionnant. Bien qu’ancrée dans une temporalité précise, une nuit précise même, nous pouvons imaginer une joute verbale similaire, par exemple entre deux chefs d’Etat contemporains, dans laquelle le manque de diplomatie de l’un ou de l’autre pourrait faire basculer tout ou partie du monde dans le chaos.

    Nuit du 24 au 25 août 1944. Alors que Leclerc approche de Paris avec la 2ème DB, le Général Von Choltitz (Niels Arestrup), Gouverneur du Grand Paris, se prépare, sur ordre d'Hitler, à faire exploser Paris. Des explosifs sont placés sous les monuments centraux et emblématiques de la capitale : Notre-Dame, Louvre, Opéra… et sous les ponts de Paris (à une seule exception près, le Pont-Neuf) pour ainsi détourner la Seine, provoquer une crue, et noyer des milliers -voire des millions- de Parisiens. Issu d'une longue lignée de militaires prussiens, le général a toujours obéi aux ordres. Le consul suédois Nordling (André Dussolier)  va alors devoir utiliser ses propres armes, celles de la diplomatie, pour convaincre le général de ne pas exécuter l'ordre de destruction donné par Hitler, jaloux de cette capitale occupée mais resplendissante tandis que Berlin n’est plus qu’une ville en ruines.

    « Diplomatie » est l'adaptation de la pièce éponyme signée Cyril Gély. André Dussollier et Niels Arestrup étaient déjà les deux interprètes de la pièce de théâtre qu’ils ont jouée plus de 200 fois.  C’est aussi le vingt-huitième film de Volker Schlöndorff, lauréat de la palme d’or en 1979 pour « Le Tambour ». « Diplomatie » s’inspire de faits réels puisque des rencontres entre Raoul Nordling et le Général von Choltitz ont vraiment eu lieu, néanmoins nous ignorons encore la teneur réelle de leurs échanges et si Nordling a joué un rôle dans la décision de von Choltitz. Deux personnages déjà immortalisés par René Clément dans « Paris brûle-t-il ? »  en 1966.

    A quelques exceptions près, rares sont les films à m’avoir enthousiasmée cette année, et en tout cas à m’avoir enthousiasmée à ce point. Les films pseudo-générationnels (principalement des comédies) se multiplient avec pour scénario un pitch d’une ligne, certes diaboliquement accrocheur, et des dialogues qui rivalisent de vulgarité pour faire dans l’air du temps. Heureusement, il existe encore des festivals qui proposent des films plus exigeants comme le Festival du Film Asiatique de Deauville dont je vous ai récemment parlé ici ou des cinéastes qui ne cherchent pas à tout prix à satisfaire les goûts prétendus du plus grand nombre.

    La radio qui rappelle la triste actualité et la musique de Beethoven. Des images d'archives de Varsovie bombardée et des images de Paris encore intacte. La fébrilité à l’hôtel Meurice et l’atmosphère grave et feutrée de la chambre du Général qui y loge. Tout est dit dans ces contrastes et ces alternances par lesquels débute « Diplomatie ». Entre la destruction et la beauté intacte. Entre la sérénité, plutôt la gravité, et le chaos. Entre l’agitation à l’extérieur et le calme apparent à l’intérieur.   C’est pourtant là, dans l’atmosphère ouatée de la chambre de l’hôtel Meurice du Général, que va se jouer une autre bataille, celle des mots, de l’intelligence, de la rouerie, de la raison (face à la folie : on rappelle ici que Choltitz a joué un rôle dans l’extermination des Juifs). Deux hommes face à face.  Deux visions de l’obéissance et du monde.

    Bien que nous connaissions le dénouement, le suspense est constant, haletant pendant cette nuit de discussions qui fera basculer l’Histoire de Paris. Une partie d’échecs à l’enjeu capital. Jamais la pression ne se relâche. Notre souffle est suspendu aux mots, aux silences de l’un et de l’autre. Rien n’échappe à la caméra de Schlöndorff qui enferme, enserre, encercle ses deux protagonistes prisonniers de cette nuit décisive. Les questions sont passionnantes, le discours n’est jamais pompeux mais jamais simpliste non plus.

    La photographie, magnifique, alterne entre ombre et lumière (visage de Dussolier dans l’ombre quand tout semble perdu puis dans le soleil levant quand l’avenir s’éclaire, face à la beauté vertigineuse de Paris) et la mise en scène, intense et sobre, par de judicieux champs / contre-champs, ne perd pas un instant de ce face-à-face palpitant.

    Il fallait Dussolier et Arestrup, deux acteurs au sommet de leur art pour incarner les protagonistes de ce duel captivant. L’un essayant de persuader l’autre que la désobéissance est légitime quand l’ordre est aberrant. L’autre campant sur ses positions de Général n’ayant, selon lui, d’autre rôle et d’autre choix que d’obéir. Le Général Von Choltitz, militaire intransigeant, laisse peu à peu entrevoir quelques failles (en raison du Sippenhaft dont je vous laisse découvrir la teneur si vous ignorez ce dont il s’agit) et Nordling, derrière une apparente désinvolture, laisse peu à peu se développer un plan savamment étudié pour rallier l’ennemi à sa cause et éviter la catastrophe. Il faut voir Dussolier employer toutes les gammes de sa voix et son regard empreints d’une douce force et de gravité sereine et manier les subtilités du langage avec une habileté remarquable. Il me semble difficilement pouvoir échapper à une nomination aux César 2015, sérieux concurrent pour Pierre Niney dans « Yves Saint Laurent » de Jalil Lespert. Il reste pour moi l’un des plus grands acteurs français, encore sous-employés, notamment remarquable dans mon film fétiche : « Un cœur en hiver » de Claude Sautet ou encore dans un des nombreux chefs d’œuvre d’Alain Resnais, « On connaît la chanson ». Quant à Niels Arestrup, son corps tout entier est imprégné de la puissance intransigeante de son personnage, une nouvelle fois magistral après son César du second rôle amplement mérité pour « Quai d’Orsay » de Bertrand Tavernier.

    Alors, bien sûr, dans ce film qui trahit intelligemment la réalité historique, pas de trentenaires en mal de vivre, pas d’effets spéciaux et de monstres métalliques, mais un art du jeu, de la rhétorique et même de la mise en scène (Schlöndorff évite intelligemment l’écueil du théâtre filmé pour mettre en scène ce huis clos) portés à leur paroxysme pour ce film qui est un magnifique hymne à la beauté de Paris et surtout au pouvoir salvateur des mots, et un moment de cinéma d’une rare intensité à côté duquel il serait vraiment dommage de passer. A préférer aux « Monuments men » de George Clooney  (les 2 films furent d'ailleurs projetés dans le cadre de la dernière Berlinale) qui sauvent aussi des œuvres d’Art de la destruction en 1944 mais malheureusement la volonté de rendre hommage à la vérité et au combat historiques de ces « Monuments men » a paralysé le réalisateur, là où la fiction a permis à  Schlöndorff de transcender son art.

  • Palmarès et compte rendu du Festival International des Jeunes Réalisateurs de Saint-Jean-de-Luz 2013

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    Je tenais en préambule à remercier à nouveau l’équipe  de belles personnes en charge de l’organisation du festival de Saint-Jean-de-Luz pour leur accueil, une fois de plus, leur passion communicative du cinéma et pour avoir facilité mon départ. Même si j’ai dû abréger mon séjour en raison de dramatiques évènements personnels (d’où également ce compte rendu retardataire), y aller a été un réel bonheur, que ce soit  en  découvrant la presque totalité de la compétition d’un éclectisme et d’une qualité rares (malgré des thématiques communes, j’y reviendrai), ou que ce soit encore en écoutant les équipes de films visiblement toutes satisfaites d’être là (comme je les comprends !) et disponibles pour parler avec le public dans et en dehors de la salle, ou encore en écoutant la passion, l’empathie et l’enthousiasme avec lesquels le délégué artistique du festival Patrick Fabre présente les films et anime les débats d’après films et partage ses coups de cœur pour ceux-ci, ou en allant chaque jour au cinéma Le Sélect avec impatience et y recevant toujours un accueil souriant, ou en déambulant dans les rues de Saint-Jean-de-Luz ou sur le front de mer et me laissant éblouir par sa douce lumière teintée d’une légère et réjouissante mélancolie,  ou en appréciant l’accueil des Luziens, et me disant que la passion du cinéma, décidément, est tellement précieuse, salutaire et universelle. Il y a aussi tous ces films que je n’ai pu voir qui étaient présentés les deux derniers jours mais que j’irai voir dès que possible, une sélection a Saint-Jean-de-Luz étant pour moi un gage de qualité indéniable. Ces quelques jours de quiétude et de découvertes cinématographiques au Festival International des Jeunes Réalisateurs de Saint-Jean-de-Luz (qui fut aussi mon 3ème) m'ont à nouveau réservé de magnifiques surprises cinématographiques que je partage aujourd'hui avec vous. Inutile de vous dire que je vous encourage à courir les voir en salles quand ils sortiront (je vous avertirai bien entendu au moment de leurs sorties).

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    18 ans. 18 ans déjà pour ce beau festival qui, avant de prendre lui aussi son envol, et d’entrer dans sa majorité, permet à de nombreux cinéastes d’émerger et de s’envoler, souvent vers une très belle carrière. Chaque édition, ce sont les meilleurs films de l’année à venir que j’y découvre : « Louise Wimmer », « Syngue Sabour », « J’enrage de son absence » pour n’en citer que quelques-uns ont ainsi été projetés dans ce festival bien avant leurs sorties en salles et souvent bien avant que d’autres festivals les sélectionnent.  Le Président du jury de cette 18ème édition, André Dussolier, lors de la cérémonie d’ouverture, après avoir vu les premiers films en compétition, a d’ailleurs fait remarquer qu’il était stupéfait par la qualité des films sélectionnés.

     

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     A Saint-Jean-de-Luz, pas de surbadges, de files vip, non juste l’envie et le plaisir communicatifs de voir des films. Le cinéma est roi. Pas de cynisme ou de condescendance mais de la passion et de la bienveillance. L’écrin rêvé pour de jeunes cinéastes venus présenter leurs premiers ou deuxièmes films.  Rien d’étonnant donc à ce que le très (trop) rare André Dussolier ait accepté de présider le jury, visiblement avec beaucoup d’enthousiasme, en plus de l’humilité et de l’élégance qui le caractérisent, à l’entendre lors de l’ouverture (cf vidéo ci-dessus).

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    Lors de l’ouverture, des extraits des films dans lesquels il a joués nous ont rappelé l’éclectisme de sa carrière, et ses choix judicieux, le tout projeté sur la musique d’"Amélie Poulain" dont il fut la si reconnaissable voix off.  Parmi ces films, plusieurs autres chefs d’œuvre dont mon film préféré (bon, d’accord, cela varie selon les jours, mais disons un de mes cinq films préférés), « Un cœur en hiver » de Claude Sautet. Une histoire d’amour, de passion(s), cruelle, intense, poétique, sublime, dissonante, mélodieuse, contradictoire, trouble et troublante, parfaitement écrite, jouée, interprétée, mise en lumière, en musique et en images (vous pouvez retrouver la critique complète en cliquant ici, vraiment si ce n’est déjà fait, voyez-le) ou encore « On connaît la chanson » d’Alain Resnais qui est un film jubilatoire enchanté et enchanteur, empreint de toute la richesse, la beauté, la difficulté, la gravité et la légèreté de la vie. Un film tendrement drôle et joyeusement mélancolique à voir, entendre et revoir sans modération et dont vous pouvez retrouver ma critique, ici. Deux exemples parmi tant d’autres…

     

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    Après une présentation du jury également composé d’Alice David, Pascal Demolon,  Audrey Estrougo, Sarah Kazemy, Anne Le Ny, Aurélien Recoing, place à celle du film d’ouverture, « En solitaire » premier long métrage en tant que réalisateur du chef opérateur Christophe Offenstein qui a notamment éclairé tous les films de Guillaume Canet (qui fait également partie de la distribution du film). François Cluzet (également présent, comme vous le verrez dans la vidéo ci-dessus) y incarne Yann Kermadec, un navigateur qui voit son rêve se réaliser  quand il remplace au pied levé, son ami Franck Drevil, au départ du Vendée Globe, le tour du monde à la voile en solitaire. Déterminé à gagner, alors qu’il est en pleine mer, il découvre à son bord un jeune passager… S’il est repéré, Yann Kermardec censé faire la course « en solitaire », sera disqualifié. A l’image de Yann Kermardec, Christophe Offenstein a dû affronter des conditions difficiles pour mener à bien son « navire ». Cela en valait la peine. Cela aurait là aussi pu être l’histoire d’un « géant égoïste » qui va comprendre que la plus belle des victoires n’est pas forcément d’arriver premier. A l’image des éléments qu’il va devoir affronter, parfois féroces et déchaînés, et qui laissent place à des levers ou couchers de soleil éblouissants, la rage va peu à peu laisser place à des sentiments plus « lumineux ». François Cluzet est une fois de plus remarquable pour incarner cet homme face à ses propres faiblesses et aux forces redoutables et éblouissantes de la nature ( et donc de sa nature). Face à lui, le jeune Samy Seghir ne démérite pas.  « En solitaire » sortira en salles le 6 novembre 2013. Je vous le recommande, au passage de même qu’un autre film, une fable d’une beauté crépusculaire et bouleversante dans lequel un homme se retrouve également « en solitaire » face au cruel éclat de la nature, « All is lost » de J.C Chandor (en salles le 11 décembre 2013).

     Le jury d’André Dussolier a  décerné un palmarès singulier et nuancé, à l’image de ce dernier (et un palmarès justifié pour les films qui y figurent que j’ai pu voir).

     Le jury a en effet décerné le Chistera du meilleur réalisateur à Ritesh Batra pour le film indien « The Lunchbox » dont l’acteur principal Irrfan Khan a également été récompensé pour son interprétation, et celui du meilleur film au « Géant égoïste » de Clio Barnard dont je vous ai déjà parlé récemment puisque ce film a également reçu le Hitchcock d’or au dernier Festival du Film Britannique de Dinard. Le jury jeunes, quant à lui, a récompensé « La pièce manquante » de Nicolas Birkenstock.

     Solitude, deuil, absence, errance, envie d’ailleurs et d’évasion, telles étaient les thématiques communes des films en compétition qui, contrairement à ce que ces thèmes pourraient laisser croire, étaient souvent remplis d’espoir plus ou moins ténu. Confrontés à des situations ou des univers âpres, les personnages des films en compétition, s’ils n’étaient dans l’ensemble pas d’emblée sympathiques, dissimulaient leurs failles et douleurs derrière une certaine rugosité et n’en étaient bien souvent que plus intéressants et attachants.

     

    C’est le cas du personnage principal de « The Lunchbox » (présenté également à la Semaine de la Critique), premier film de Ritesh Batra. Une erreur dans le service pourtant très efficace de livraison de lunchboxes (les « Dabbawallahs » de Bombay) met en relation Ila, une jeune femme au foyer délaissée par son mari, et un homme plus âgé, Saajan. Ils s’inventent un autre monde, une évasion, grâce aux notes qu’ils s’échangent par le biais de ces boîtes à repas. Progressivement, ce rêve menace de prendre le dessus sur leur réalité. « The lunchbox » est un film atypique dans le cinéma indien, à la fois réaliste, film d’auteur  tout en restant grand et tout public sans être non plus un film « bollywoodien ».  Il  renouvelle  aussi le genre de la comédie romantique et celui de la liaison épistolaire avec un mélange de fraîcheur, d’humour,  de réalisme et  grâce à toute une galerie de personnages secondaires attachants. Des âmes seules  (ré)unies par cette solitude dans un Bombay tentaculaire, grouillant et paradoxalement glacial. Une mise en scène judicieusement répétitive fait écho à la routine des personnages de laquelle va peu à peu les sortir cette lunchbox providentielle. Hanté par la mort de son épouse, Saajan, derrière une apparence revêche, laisse peu à peu se révéler sa vraie  personnalité.  A déguster sans modération. Irrfan Khan, vu dans « Slumdog millionaire » ou « L’odyssée de Pi » a reçu le prix d’interprétation pour ce film.

     

    « The selfish giant » de Clio Barnard (le Géant égoïste) qui a reçu le Chistera du meilleur film est l'histoire âpre et poignante de deux adolescents, Arbor et Swifty renvoyés de l'école et qui collectent des métaux usagés pour un ferrailleur local, le « Géant égoïste », au péril de leur amitié...et de leur vie. A l’image du premier plan, obscur et étrangement poétique, surgissent des lueurs d’humanité au milieu d’un environnement hostile et grisâtre, des éclairs tendres et presque poétiques (« Le géant égoïste" est une libre adaptation d’un conte d’Oscar Wilde). L’environnement et l’image sont nimbés de teintes grisâtres desquelles émerge une rare lueur (au propre comme au figuré) qui n’en est que plus émouvante. La force de l’amitié des jeunes garçons et  la beauté de la nature, en particulier des chevaux auxquels se raccroche le jeune Swifty contrastent avec l’univers glacial, presque carcéral, dans lequel ils évoluent : usines, lignes à haute tension, amas de ferrailles comme autant d’ombres menaçantes (autres géants) qui planent sur eux. Un mélange de violence et de naïveté à l’image de Swifty et Arbor. La vivacité du montage, de la réalisation, des deux jeunes protagonistes (époustouflants) donnent la sensation qu’ils sont constamment sur le fil, que le drame est inéluctable. Il révèlera pourtant une part d’humanité inattendue et d’autant plus bouleversante. Un prix du meilleur film entièrement justifié.

    Dans  « Youth », absent du palmarès, un thriller dramatique israélien de Tom Shoval, ce sont également deux jeunes protagonistes,  deux frères jumeaux qui échafaudent un kidnapping avec demande de rançon afin de renflouer les dettes contractées par leur père et qui mettent en péril toute la famille, menacée de perdre son appartement. Pour ce faire ils vont kidnapper une lycéenne d’un milieu plus aisé. Le film débute par une remarquable scène de filature qui pourrait être un mélange du cinéma d’Hitchcock et de Gus Van Sant avant de nous dresser le portrait d’une jeunesse inconsciente, immature,  et d’une société en crise (sociale et morale) dans laquelle la violence est de fait banalisée. Deux jeunes acteurs, David et Eitan Cunio, frères à l’écran comme dans la vie,  et une mise en scène brillants pour un film qui avait toute sa place au sein de cette belle sélection.

     

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    Dans « Passer l’hiver », un film  d’Aurélia Barbet avec Gabrielle Lazure et Lolita Chammah, il est à nouveau question de solitudes,  de personnages égarés, ravagés par la dureté de l’existence. La solitude  de Claire (Gabrielle Lazure) dont la mère est à l’agonie et qui part soudain avec un inconnu qui lui propose une virée au bord de la mer et celle de Martine (Lolita Chammah), sa collègue plus jeune, restée à la station-service puis partie sur ses traces. Adapté d’une nouvelle d’Olivier Adam, « passer l’hiver »  nous propose des fragments de vie à la fois doux et âpres, gris et lumineux, de ces moments où la vie devient plus intense quand la mort rôde et que tout devient essence et essentiel.  Un film judicieusement lent (et non ennuyeux comme l’a trouvé et fait remarquer une spectatrice indélicate lors du débat après la projection) avec deux belles actrices qui ne craignent pas de mettre leur âme à nu pour ces beaux rôles (avec une mention spéciale pour Gabrielle Lazure, bouleversante, mon prix d’interprétation féminine). On en ressort apaisé avec l’image de ce Cap Frehel, tristement beau.

     

    Dans « Celui qui pleure a perdu », Marion Lefeuvre nous parle aussi de deuil, d’absence …avec une originalité et une maturité indéniables. Des tests, un médecin, une salle, 10 minutes pour revoir une personne décédée et tout bouleverser. Une larme et tout se fige. Celui qui pleure a perdu. Edouard et Sarah se rencontrent dans les couloirs de cette curieuse entreprise, paumés, détachés de tout. Prêts à briser ceux qui les entourent, ils se laissent doucement embarquer dans cette illusion. « Celui qui pleure a perdu », premier long métrage de Marion Lefeuvre évoque de manière particulièrement originale l’intolérable douleur de l’absence et le chemin que chacun emprunte pour y faire face, fut-il en apparence totalement incongru. Le tout est porté par des comédiens inconnus mais exceptionnels, un sens du rythme et de l’écriture et une bande originale remarquable. Une jeune cinéaste très déterminée à suivre !

     

    Dans « La belle vie » de Jean Denizot, il est également question d’escapade, de solitudes, d’errance. Ce dernier raconte une histoire vraie, un fait divers qui avait fait la une de l’actualité,  l’histoire des frères Fortin, deux jeunes garçons kidnappés avec leur consentement par leur père en 1998. Une décision prise alors que la justice venait d’accorder à leur mère le droit de garde. Pendant 11 ans, les deux enfants ont vécu avec leur père en cavale, jusqu’à ce que la police les retrouve en 2009. Le film est porté par une photographie splendide qui exalte la beauté de la nature synonyme aussi paradoxalement d’enfermement, la liberté devenant ici la prison du fils qui va vivre un parcours initiatique (remarquable Zacharie Chasseriaud) pour trouver sa propre définition de « la belle vie ».  Une histoire racontée avec beaucoup de justesse.

     

     

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    Dans « La pièce manquante », de Nicolas Birkenstock, prix du jury jeunes, et un autre de mes coups de cœur de cette édition, un homme (Philippe Torreton), abandonné par sa femme, tente de dissimuler l'absence de celle-ci à son entourage. Il contraint également ses propres enfants au silence.  Dès les premières minutes, la précision et l’intelligence de la mise en scène et de l’écriture happent notre attention, avec les images d’un bonheur familial dont l’inexplicable interruption n’apparaîtra alors que plus cruelle. Mêlant chagrin et légèreté avec beaucoup de délicatesse et de subtilité, Nicolas Birkenstock signe un film lumineux et émouvant sur la tristesse ravageuse de l’absence, porté par Philippe Torreton incarnant un personnage plus velléitaire que ceux auxquels il est habitué mais non moins magistralement interprété.

     

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    Enfin, dans « Le Sens de l'humour » de Maryline Canto (qui aurait d’ailleurs pu aussi s’appeler « Celui qui pleure a perdu »), le premier long métrage de la comédienne qui reçut le César du meilleur court métrage en 2005, cette dernière interprète Elise, une femme qui vit seule avec son fils, et avec le souvenir indélébile d'un homme trop vite disparu qui a laissé un vide et une tristesse immenses auxquels elle s’accroche quand le bonheur est à portée de main, un bonheur qui prend les traits d’un nouvel homme, Paul. Il s’accroche, Pau,l malgré ses paroles dures et définitives,  celles d’une femme meurtrie par la perte et l’absence qui lui dit qu’elle ne l’aimera jamais. Mais Paul a le sens de l’humour, en plus de celui de l’amour, sans doute, et c’est ce qui le fera rester. Un sujet certes difficile mais traité avec beaucoup de délicatesse, évitant tout pathos, et n’en étant que plus bouleversant. Lors de l’avant-première, Maryline Canto a révélé que c’était en partie autobiographique, ce qui ne l’empêche pas d’avoir réalisé un film universel sur un sujet personnel, celui d’une femme libre, violente presque, parce que ivre de douleur, et d’autant plus bouleversante. Un personnage d’autant plus passionnant qu’il n’est pas immédiatement sympathique.   Antoine Chappey, qui tient le rôle de Paul, possède toute la ferme douceur et la bonhomie nécessaires pour incarner cet homme charmant. Ce film est à mon sens le grand oublié du palmarès…

     

    Le court métrage de Pierre Niney « Pour le rôle » a reçu une mention spéciale Ciné plus et le prix du jury jeunes. Ce court avait été réalisé dans le cadre de l’opération Talents Cannes Adami. Je vous ai souvent parlé de Pierre Niney, à ses débuts même, lors de son premier grand rôle dans « J’aime regarder les filles » puis dans « Comme des frères » et au théâtre dans « Un chapeau de paille d’Italie » et dans « Phèdre ».  En plus de ses talents de comédien, il se révèle brillant scénariste et metteur en scène.   Dans ce film, François se présente pour passer un casting. Au terme d’un entretien très étrange, il découvre qu'il est en réalité au cœur d'une mise en scène mystérieuse à laquelle il va être forcé de prendre part...  La réalisation met avant tout en valeur les jeunes comédiens François Civil, Yann Sorton, Brice Hillairet, Noémie Merlant qui, tous, en quelques minutes, grâce à une judicieuse écriture, montrent toute une palette de jeu et excellent dans ce jeu de mise en abyme, double mise en abyme même, brillamment absurde, décalé (jusque dans le décor qui n’aurait pas déplu à Jacques Tati), un jeu de rôles (au propre comme au figuré) à la fois drôle et caustique, ludique et cruel, qui possède toute l’intelligence, l’acuité du regard de son jeune et talentueux auteur.

     Je vous reparlerai bien entendu de ces films au moment de leurs sorties, ainsi que de deux programmés au festival que j’ai manqués et que j’irai voir en salles. Vous l’aurez compris, je vous recommande tous ceux précités…et de venir découvrir ce festival même s’il changera de dénomination l’année prochaine devenant le Festival International du Film de Saint-Jean-de-Luz (notez-le dès à présent dans vos agendas, la prochaine édition aura lieu du 7 au 11 octobre 2014), car l’essence, j’en suis certaine « restera ».

     

     PALMARÈS DU 18e FESTIVAL INTERNATIONAL DES JEUNES RÉALISATEURS DE SAINT-JEAN-DE-LUZ

    Du 8 au 12 octobre 2013 - 18e édition

    Samedi 12 octobre 2013, à 19h00, a eu lieu la cérémonie de Clôture du 18e Festival International des Jeunes Réalisateurs de Saint-Jean-de-Luz, au cinéma Le Sélect.

    Cette année le festival a encore battu son record d'affluence en comptabilisant plus de 5.000 entrées.

    Le jury, présidé par André Dussollier, entouré des comédiens Alice David, Pascal Demolon, Sarah Kazemy et Aurélien Recoing, de la réalisatrice Audrey Estrougo et de la comédienne et réalisatrice Anne Le Ny a décerné les prix suivants :

    CHISTERA DU MEILLEUR RÉALISATEUR

    Ritesh BATRA

    Pour le film THE LUNCHBOX (Inde)

    Distribué par Happiness Distribution - Sortie en salles le 11 décembre 2013

    CHISTERA DU MEILLEUR FILM

    LE GÉANT ÉGOÏSTE de Clio Barnard (Royaume-Uni)

    Distribué par Pyramide Distribution - Sortie en salles le 18 décembre 2013

    CHISTERA DE LA MEILLEURE INTERPRÉTATION FÉMININE

     Juliane KOHLER

    Pour le film D'UNE VIE À L'AUTRE de Georg Maas (Allemagne)

    Distribué par Sophie Dulac Distribution - date de sortie non déterminée

    CHISTERA DE LA MEILLEURE INTERPRÉTATION MASCULINE

     Irrfan KHAN     

    Pour le film THE LUNCHBOX de Ritesh Batra (Inde)

    Distribué par Happiness Distribution - Sortie en salles le 11 décembre 2013

    CHISTERA DU COURT MÉTRAGE

    VÉHICULE ECOLE de Benjamin Guillard (France)

    Le public s'est aussi exprimé à travers deux votes :

    CHISTERA DU PUBLIC LONG MÉTRAGE

     D'UNE VIE À L'AUTRE de Georg Maas (Allemagne)

    Distribué par Sophie Dulac Distribution - date de sortie non déterminée

    CHISTERA DU PUBLIC COURT MÉTRAGE

     CE SERA TOUT POUR AUJOURD'HUI d'Elodie Navarre (France)

    Le jury jeune, composé de 7 lycéens de la région, a choisi de décerner ses prix à :

    CHISTERA DU JURY JEUNE LONG MÉTRAGE

    LA PIÈCE MANQUANTE de Nicolas Birkenstock (France)

    Produit par Juliette Sol / Stromboli Films / Le Bureau Films

    CHISTERA DU JURY JEUNE COURT MÉTRAGE

    POUR LE RÔLE de Pierre Niney (France) 

    Ciné + a choisi de distinguer :

    CHISTERA + DU COURT MÉTRAGE

    Parrainé par Ciné + qui achète le court-métrage pour diffusion

    CLEAN de Benjamin Bouhana (France)

    Mention spéciale POUR LE RÔLE de Pierre Niney (France)

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    site officiel : www.jeunes-realisateurs.com

    Facebook du festival : Festival International des Jeunes Réalisateurs de Saint-Jean-de-Luz

    Twitter du festival : @JeunesReals

    Compte rendu du Festival International des Jeunes Réalisateurs de Saint-Jean-de-Luz 2012: FESTIVAL DE SAINT-JEAN-DE-LUZ 2012

    Mon compte-rendu du Festival International des Jeunes Réalisateurs de Saint-Jean-de-Luz 2011

    Retrouvez également cet article sur mon site http://inthemoodforfilmfestivals.com

     

    Lien permanent Imprimer Catégories : FESTIVAL DE SAINT-JEAN DE LUZ 2013 Pin it! 0 commentaire
  • Jury et programme complet du Festival International des Jeunes Réalisateurs de Saint-Jean-de-Luz 2013

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    Le programme du Festival International des Jeunes Réalisateurs de Saint-Jean-de-Luz 2013 a été dévoilé hier par son directeur artistique Patrick Fabre, une programmation alléchante que je vous détaille ci-dessous, tout en vous rappelant au préalable ce que nous savions déjà sur cette édition 2013.

    C'est là que j'ai découvert de vraies pépites comme « J’enrage de son absence », « Les Voisins de Dieu », « Une bouteille à la mer », « Syngué Sabour », « Louise Wimmer » etc . Je ne saurai donc trop vous recommander ce beau festival.

    Les 18 ans du Festival International des Jeunes Réalisateurs de Saint-Jean-de-Luz seront ainsi célébrés du 8 au 12 octobre 2013, au cinéma Le Select. Cette année encore, le public pourra découvrir les nouveaux talents du cinéma à travers une compétition de 1ers et 2èmes films, courts et longs-métrages, et d’avant-premières nationales.

    Les équipes des films concernés viendront à la rencontre des spectateurs et un jury de personnalités partagera ses coups de cœur lors de la remise des prix, les Chisteras, en fin de festival.

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    Le programme s’annonce à nouveau réjouissant cette année avec deux films forts en ouverture et en clôture qui témoignent d’ailleurs déjà de la diversité de la programmation de ce festival. Je vous laisse les découvrir ci-dessous.

    Découvrez aussi, ci-dessus, l’affiche avec la très belle Sarah Kazemy, (mémorable dans « En secret », projeté il y a 2 ans en compétition au festival),  très glamour, une invitation au rêve, à l’évasion…et évidemment au cinéma.

    Retrouvez mon compte-rendu de l’édition 2012 en cliquant ici et mon compte-rendu de l’édition 2011 en cliquant là.

     

    LE JURY

     

    Cette année, c’est un acteur rare, dans tous les sens du terme, qui présidera le jury du festival, premier prix du Conservatoire, ancien pensionnaire de la Comédie Française, à qui François Truffaut  offrit son premier grand rôle, dans "Une belle fille comme moi", avec Bernadette Lafont. Parmi de très nombreux films, il a joué dans des bijoux du septième art comme « On connaît la chanson »d’Alain Resnais et « Un cœur en hiver » de Claude Sautet. Il obtint le César du meilleur second rôle pour le second de même que pour « La Chambre des officiers » de François Dupeyron.  Il vient de terminer le tournage de « Diplomatie » sous la direction de Volker Schlöndorff. Vous aurez évidemment reconnu André Dussolier.

    A cette occasion, je vous propose mes critiques de « Un cœur en hiver » (qui fait partie de mes 5 films préférés ) et de « On connaît la chanson » (pas bien loin non plus dans mon panthéon cinématographique), en bas de cet article en espérant ainsi vous convaincre de découvrir ces deux films si vous ne les avez encore pas vus.

     

     

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    André Dussolier sera entouré de l’actrice Alice David, de l’acteur Pascal Demolon,  de la scénariste/réalisatrice Audrey Estrougo, de l’actrice Sarah Kazemy qui figure sur l’affiche du festival, également vue à Saint-Jean-de-Luz dans le très beau film iranien « En secret », de  l’actrice/scénariste/réalisatrice Anne Le Ny et enfin de l’acteur Aurélien Recoing.

     

                                        AVANT-PREMIERES

     

    La lecture des synopsis des films sélectionnés, je dois l’avouer, me donne envie de tous les voir, ce que je ferai avec joie pour vous les commenter ensuite ici, ce festival ayant également pour avantage de permettre de voir. Une très belle sélection très diversifiée comme d’habitude.

     

    HORS COMPETITION

     

    Comme chaque année, le festival propose donc  une belle sélection d’avant-premières, hors compétition, tout d’abord avec, en ouverture, « En solitaire », un film que pour ma part j’attends tout particulièrement, une attente renforcée par une escapade professionnelle aux Sables d’Olonne en début de semaine, où a été tournée une partie du film.

     

     En clôture, sera projeté « La Marche », deuxième long métrage écrit et réalisé par Nabil Ben Yadir. En séance spéciale, nous aurons le plaisir de découvrir « Attila Marcel », le premier long métrage en images réelles de Sylvain Chomet, un film avec Guillaume Gouix, Anne Le Ny, Bernadette Lafont notamment mais aussi « Une histoire banale », un film là aussi dont on devrait parler, écrit et réalisé par Audrey Estrougo. Les petits (et les grands) se régaleront avec la projection de « Belle et Sébastien » de Nicolas Vanier.

     

    COMPETITION

     

    La compétition de premiers et deuxièmes films promet, comme chaque année, d’être passionnante et palpitante avec « The Lunchbox » de Ritesh Batra (romance indienne),  le film britannique « le Géant égoïste » de Clio Barnard, « Youth », un film israëlien de Tom Shoval, « Passer l’hiver », un film français d’Aurélia Barbet, « La pièce manquante », un film français de Nicolas Birkenstock, « Celle qui pleure a perdu », un film français de Marion Lefeuvre, « La Belle vie », film français de Jean Denizot, « Le sens de l’humour », film français de Marilyne Canto, « D’une vie à l’autre », thriller allemand de Georg Maas, « La Braconne », film noir français de Samuel Rondi.

     Il ne faudra pas non plus manquer la compétition de courts métrages qui réserve chaque année de très belles surprises . L’ayant déjà vu dans le cadre des "Talents Cannes Adami", je peux d’ores et déjà vous recommander « Pour le rôle » de Pierre Niney qui ne sera d'ailleurs pas le seul acteur à avoir réalisé un film en compétition des courts métrages puisqu'y figure aussi l'actrice Elodie Navarre.

     Retrouvez ci-dessous, les informations pratiques et les synopsis de tous les films sélectionnés.

     

    GRILLE DE PROGRAMMATION

     

     

    LES AVANT-PREMIÈRES

     

    Hors Compétition 

     

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      Soirée d’Ouverture

    En Solitaire

    Premier long métrage réalisé par Christophe Offenstein

    > Mardi 8 octobre à 19h30 et 21h30

     

    Casting : François Cluzet, Samy Seghir, Virginie Efira et les participations de Guillaume Canet et Arly Jover

     

    Film d’aventure – France – 1h36

    Production : Les Films du Cap et Gaumont / Distribution : Gaumont

    Scénario : Jean Cottin, Christophe Offenstein

    Sortie nationale : le 6 novembre 2013 

     

    Synopsis

    Yann Kermadec voit son rêve se réaliser quand il remplace au pied levé son ami Franck Drevil, au départ du Vendée Globe, le tour du monde à la voile en solitaire. Habité par une farouche volonté de gagner, alors qu'il est en pleine course, la découverte à son bord d'un jeune passager va tout remettre en cause.

     

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    Soirée de Clôture

    La Marche

    Deuxième long métrage écrit et réalisé par Nabil Ben Yadir

    > Samedi 12 octobre à 19h30 et 21h30

     

    Casting : Olivier Gourmet, Tewfik Jallab, Vincent Rottiers, M’Barek Belkouk, Nader

    Boussandel, Lubna Azabal, Hafsia Herzi, Charlotte Le Bon, Philippe Nahon, Jamel Debbouze…

     

    Drame – France – 1h50

    Production : Chi-Fou-Mi Productions (Hugo Sélignac) / Distribution : EuropaCorp Distribution

    Scénario : Nabil Ben Yadir

    Sortie nationale : le 27 novembre 2013 

    Synopsis

    En 1983, dans une France en proie à l’intolérance et aux actes de violence raciale, trois jeunes adolescents et le curé des Minguettes lancent une grande Marche pacifique pour l’égalité et contre le racisme, de plus de 1000 km entre Marseille et Paris. Malgré les difficultés et les résistances rencontrées, leur mouvement va faire naître un véritable élan d’espoir à la manière de Gandhi et Martin Luther King. Ils uniront à leur arrivée plus de 100 000 personnes venues de tous horizons, et donneront à la France son nouveau visage.

     

     

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    Séance spéciale

    Attila Marcel

    Premier long métrage en images réelles écrit et réalisé par Sylvain Chomet

    > Vendredi 11 octobre à 19h30

     

    Casting : Guillaume Gouix, Anne Le Ny, Bernadette Lafont, Hélène Vincent, Luis Rego, Fanny Touron, Kea Kaing, Jean-Claude Dreyfus…

     

    Comédie – France – 1h46

    Production : Claudie Ossard et Chris Bolzi / Eurowide Film Production / Distribution : Pathé

    Scénario : Sylvain Chomet

    Sortie nationale : le 30 octobre 2013 

     

    Synopsis

    Paul a la trentaine, il vit dans un appartement parisien avec ses tantes qui l’ont élevé depuis ses deux ans et rêvent de le voir devenir pianiste virtuose. Sa vie se résume à une routine quotidienne, entre le grand piano du salon et le cours de danse de ses tantes où il travaille en tant qu’accompagnateur. Isolé du monde extérieur, Paul a vieilli sans jamais avoir vécu... Jusqu’au jour où il rencontre Madame Proust, sa voisine du quatrième étage. Cette femme excentrique possède la recette d’une tisane aux herbes capable, grâce à la musique, de faire ressurgir les souvenirs les plus profondément enfouis...

     

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      Séance spéciale

    Une Histoire Banale

    Troisième long métrage écrit et réalisé par Audrey Estrougo

    > Samedi 12 octobre à 15h00

     

    Casting : Marie Denarnaud, Marie Sohna Condé, Oumar Diaw, Renaud Astegiani…

     

    Drame – France – 1h23

    Production : Audrey Estrougo & Lauren Grall / 6.11 Films

    Scénario : Audrey Estrougo

     

    Synopsis

    Nathalie, 32 ans, est une jeune femme tout à fait ordinaire. En couple et amoureuse, cette infirmière de profession voit soudain sa vie basculer lorsqu’en la raccompagnant, Damien, un collègue de travail, la viole. S’ensuit pour Nathalie le début d’un long combat pour retrouver la lumière…

     

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    Séance des enfants

    Belle et Sébastien

    Deuxième long métrage de fiction réalisé par Nicolas Vanier

    > Mercredi 9 octobre à 11h00 (séance gratuite dans la limite des places disponibles)

     

    Casting : Felix Bossuet, Tchéky Karyo, Margaux Chatelier, Dimitri Storoge, Andreas Pietschmann, Urbain Cancelier, Mehdi…

     

    Film d'aventure – France – 1h38

    Production : Radar Films – Clément Miserez, Matthieu Warter / Épithète Films – Frédéric Brillion, Gilles Legrand / Gaumont / Distribution : Gaumont

    Scénario : Juliette Sales, Fabien Suarez et Nicolas Vanier

    Sortie nationale : le 18 décembre 2013 

     

    Synopsis

    Ça se passe là-haut, dans les Alpes. Ça se passe là où la neige est immaculée, là où les chamois coursent les marmottes, là où les sommets tutoient les nuages. Ça se passe dans un village paisible jusqu’à l’arrivée des Allemands. C’est la rencontre d’un enfant solitaire et d’un chien sauvage. C’est l’histoire de Sébastien qui apprivoise Belle. C’est l’aventure d’une amitié indéfectible. C’est le récit extraordinaire d’un enfant débrouillard et attendrissant au cœur de la Seconde Guerre Mondiale. C’est l’odyssée d’un petit garçon à la recherche de sa mère, d’un vieil homme à la recherche de son passé, d’un résistant à la recherche de l’amour, d’une jeune femme en quête d’aventures, d’un lieutenant allemand à la recherche du pardon. C’est la vie de Belle et Sébastien…

     

           

     

     LES LONGS MÉTRAGES

     

    En compétition

     

     

    THE LUNCHBOX

    Inde

    Réalisation : Ritesh Batra

    Scénario : Ritesh Batra

    Production : Sikhya Entertainment, Dar Motion Pictures, Nfdc, Roh Films, Asap Films,

    Cine Mosaic

    Photographie : Michael Simmonds

    Montage : John Lyons

    Musique : Max Richter

    Interprètes :Irrfan Khan, Nimrat Kaur, Nawazuddin Siddiqui, Denzil Smith

    Durée : 1h44

    Distribution : Happiness Distribution

    Sortie : 11 décembre 2013

    Synopsis : Ila, une jeune femme au foyer délaissée par son mari, tente de pimenter son mariage grâce aux plateaux repas qu’elle lui prépare pour déjeuner à son travail, la « Lunchbox ». Ila espère que sa nouvelle recette provoquera une réaction chez son époux. Mais la Lunchbox, préparée avec soin, a été remise accidentellement à Saajan, un homme seul, salarié d’une entreprise de textile proche de la retraite. Etonnée de n’avoir aucune réponse de son mari, Ila glisse le lendemain un petit mot, dans l’espoir de percer le mystère…

     Le réalisateur :The lunchbox est le premier long métrage de Ritesh Batra. Les précédents courts métrages de Ritesh Batra ont été montrés dans de nombreux festivals internationaux. Le dernier en date, en langue arabe, Café regular, Cairo, a été sélectionné dans plus d’une quarantaine de festivals et a reçu une douzaine de récompenses dont le Prix International de la Critique (FIPRESCI) à Oberhausen, et les mentions spéciales du jury à Chicago et à Tribeca.

    Son projet de scénario The Story of Ram a fait partie des projets sélectionnés lors du Sundance Screenwriters and Directors Lab en 2009. Il travaille actuellement sur son deuxième long métrage Photograph ainsi qu’à une série de courts métrages. Né et élevé à Bombay, Ritesh Batra vit à présent entre Bombay et New York avec sa femme Claudia et leur fille Aisha.

     

    LE GÉANT ÉGOÏSTE

    Royaume Uni

    Réalisation : Clio Barnard

    Scénario : Clio Barnard

    Production : Tracy O’Riordan, Moonspun

    Photographie : Mike Eley

    Montage : Nick Fenton

    Musique : Harry Escott

    Interprètes : Conner Chapman, Shaun Thomas, Sean Gilder…

    Durée : 1h31

    Distribution : Pyramide Distribution

     

    Synopsis : Arbor, 13 ans, et son meilleur ami Swifty habitent un quartier populaire de Bradford, au Nord de l’Angleterre. Renvoyés de l’école, les deux garçons rencontrent Kitten, un ferrailleur du coin. Ils commencent à collecter des métaux usagés pour lui à l’aide d’un cheval et d’une charrette. Swifty se découvre un don pour travailler avec les chevaux; Arbor, de son côté, ne pense qu’à l’argent qu’ils peuvent amasser. Kitten joue de leurs différences pour creuser un fossé entre eux. Leur amitié saura-t-elle résister au Géant Egoïste ?

     

    La réalisatrice : Le géant égoïste est le deuxième long métrage de Clio Barnard. Son précédent film, The arbor, était un documentaire expérimental, qui a remporté un énorme succès critique et de nombreux prix lors de sa sortie en 2010. Auparavant, Clio avait créé des œuvres artistiques présentées dans des festivals internationaux et des musées comme la Tate Modern à Londres et le Moma à New York.

         

    YOUTH

    Israël  

    Réalisation : Tom Shoval

    Scénario : Tom Shoval

    Production : One Two Films / Greenproductions / United King Films

    Photographie : Yaron Scharf

    Montage : Joelle Alexis

    Interprètes : David Cunio, Eitan Cunio, Moshe Ivgy, Shirili Deshe, Gita Amely…

    Durée : 1h47

    Distribution : Ad Vitam

     

    Synopsis : Yaki et Shaul, deux frères aux liens fusionnels, vivent dans une banlieue de Tel Aviv chez leurs parents. Endettés et menacés d’expulsion, leur situation est difficile. Yaki, au service militaire, passe quelques jours en permission auprès des siens. Alors qu’il ne se sépare jamais de son arme de service, les deux frères échafaudent un plan d’enlèvement. Mais c’est le jour Shabbat et rien ne se passe comme prévu.  

    Le réalisateur : Tom Shoval est né en 1981, en Israël. Il est cinéaste, critique de cinéma et enseignant. Diplômé de l'Ecole "Sam Spiegel" pour le Cinéma et la Télévision de Jérusalem en 2007, il a réalisé trois courts métrages, primés dans de nombreux festivals à travers le monde. Youth  est son premier long métrage.

    PASSER L’HIVER

    France

     

    Réalisation : Aurélia Barbet

    Scénario : Aurélia Barbet et Christophe Cousin

    librement adapté de la nouvelle d'Olivier Adam «Nouvel An» dans le recueil «Passer l'hiver»

    Production : Abelina Films Production

    Photographie : Laurent Desmet

    Montage : Agathe Dreyfus

    Interprètes : Gabrielle Lazure, Lolita Chammah, Sabine Londault, Cyril Descours, Thierry Levaret…

    Durée : 1h20

    Distributeur : Shellac

     

    Synopsis : Une station service. Deux femmes. L'hiver. Des trajets. Du quotidien. Et puis une prise de risque. L'hôtel en Normandie. Un pas de côté. L'enquête. La Lada rouge. La plage. La mort qui travaille les vivants. Un mouvement et une suspension. La fille brune. L'amour. Une histoire de liens qui se tissent…

     

    La réalisatrice : Aurélia Barbet est née en 1972. Après des études d’histoire, elle fonde un groupe de Cinéaste Antibois. Ensemble, ils feront une dizaine de courts métrages. À son arrivée à Marseille en 2004 correspond une filmographie plus intime. Elle réalise Hôtel Plasky en 2004, Cette femme à laquelle je pense en 2005 et co-réalise Holiday avec Agathe Dreyfus en 2005. Elle fait un détour par le documentaire avec Ceux qui restent en 2011, qui suit la reconstruction d’un homme dont la femme s’est suicidée à cause du travail. En 2012, elle tourne son premier long métrage de fiction Passer L'hiver.

    LA PIÈCE MANQUANTE

    France

    Réalisation : Nicolas Birkenstock

    Scénario : Nicolas Birkenstock et Carl Lionnet

    Production : Juliette Sol / Stromboli films / Le bureau films

    Photographie : Pascale Marin

    Montage : Floriane Allier

    Musique : Thomas Roussel

    Interprètes :Philippe Torreton, Lola Dueñas, Armande Boulanger, Élie-Lucas Moussoko, Marc Citti

    Durée : 1h40

    Synopsis : Un matin, Paula disparaît, abandonnant André son mari, et leurs deux enfants. Dépassé par la situation, André tente de dissimuler la disparition de Paula à son entourage, contraignant ses propres enfants au silence. Le temps d'un été, chacun d'eux va affronter à sa manière la douleur de l'absence, et partir en quête d'un nouvel apaisement.

     

    Le réalisateur : Après sa maîtrise en Arts du spectacle à l’Université de Metz, Nicolas Birkenstock étudie au Conservatoire Libre du Cinéma Français dans la section réalisation. Après avoir été comédien, régisseur, assistant, monteur ou encore auteur de pièces de théâtre (La tentation du Benco, Des portraits modèles et Même pas peur), il réalise un premier court métrage, Le bout des doigts, en 2002. Suivent trois autres courts, L’embrasé, Pépins noirs, L’impudique et Mon miroir, et deux documentaires, Comme un lundi et Des mains offerts, avant qu’il ne se lance en 2008 dans l’écriture de son premier long métrage, La pièce manquante..

     

     

    CELUI QUI PLEURE A PERDU

    France

    Réalisation : Marion Lefeuvre

    Scénario : Marion Lefeuvre et Pierre Bechet

    Producteurs : Les Productions 89

    Photographie : Victor Rahman

    Montage : Denis Leborgne

    Musique : Dimitri Guindet

    Interprètes :Marjorie Ciccone, Pierre Bechet, Delphine Montaigne, Denis Mathieu, Thiébaut Viel

    Durée : 1h24

     

    Synopsis : Des tests, un médecin, une salle, 10 minutes pour revoir une personne décédée et tout bouleverser. Une larme et tout se fige. Celui qui pleure a perdu. Edouard et Sarah se rencontrent dans les couloirs de cette curieuse entreprise, paumés, détachés de tout. Prêts à briser ceux qui les entourent, ils se laissent doucement embarquer dans cette illusion.

     

    La réalisatrice : Née en 1989 à Dreux et initiée à la photo par son père dès son enfance, elle atterrit dans le cinéma l’adolescence avec un premier court métrage Help! primé au Korea 7th Young Film Festival en 2007. Avec l’envie de retranscrire sa réalité dans ses films, elle développe les thèmes de la maladie, le deuil, la mort et l’impossible amour, toujours dans l’optique de toucher du doigt les affres de la vie. Considérant le cinéma comme un exutoire, Celui qui pleure a perdu, son premier long métrage permet de donner au spectateur sa vision des rapports que nous entretenons avec nos proches disparus. Le tournage de ce film lui a permis de s’affirmer dans son art avec l’envie de le partager en espérant toucher le public en le poussant à se questionner sur sa propre situation.

     

     

    LA BELLE VIE

    France

    Réalisation : Jean Denizot

    Scénario : Jean Denizot, Frédérique Moreau, avec la collaboration de Catherine Paillé

    Producteurs : Mathieu Bompoint / Mezzanine Films

    Image : Elin Kirschfink

    Montage : Aurélien Manya

    Musique : Luc Meilland

    Interprètes : Zacharie Chasseriaud, Jules Pelissier, Solène Rigot, Nicolas Bouchaud, Jean-Philippe Ecoffey, Maya Sansa…

    Durée : 1h33

     

    Synopsis : Dix années que Sylvain et Pierre se cachent avec leur père sur les routes de France, après le divorce parental et les décisions judiciaires qui ont poussé Yves à la clandestinité. Mais les enfants ont grandi, et la cavale, sans fin, les prive des rêves et des joies de leur âge. Quand le filet se resserre et qu'il faut fuir à nouveau, Pierre, l'aîné, disparaît.

    Seul avec son père sur une île de la Loire, Sylvain rencontre Gilda : première fille, premiers regards tendres et première étape sur le chemin de la belle vie, la sienne.

     

    Le réalisateur : Jean Denizot a grandi à Sancerre, dans le Cher. Il a étudié le cinéma à Nantes, au lycée Guist’hau, puis à l’Université Paris 8 à Saint-Denis. Membre des revues La Voix du regard, et Tête-à-Tête, il enseigne le cinéma (à l’Université de Paris 8 notamment). Il a réalisé deux courts métrages : Mouche (2006), et Je me souviens (2008). La Belle Vie, tourné en 2012, est son premier long métrage.

     

     

    LE SENS DE L’HUMOUR

    France

    Réalisation : Marilyne Canto

    Scénario : Marilyne Canto, Maud Ameline

    Production : Julie Salvador, Christmas in July

    Photographie : Laurent Brunet

    Montage : Yann Dedet, Thomas Marchand

    Interprètes : Antoine Chappey, Marilyne Canto, Samson Dajczman…

    Durée : 1h27

    Distribution : Pyramide Distribution

     

    Synopsis : C’est l’hiver. Elise vit seule avec Léo, son fils de dix ans dont le père est mort. Elle entretient une liaison avec Paul qu’elle a rencontré avant le drame. Leur relation, marquée par cet évènement, est chaotique. Elise le repousse aussi violemment qu’elle se sent attirée par lui, et les deux amants alternent les moments heureux et orageux. Malgré tout, Paul et Léo font connaissance et, les jours passant, s’apprécient de plus en plus...

     

    La réalisatrice : Formée à l’École du Théâtre National de Strasbourg, Marilyne Canto a commencé sa carrière comme comédienne, notamment au théâtre sous la direction de Jacques Lasalle et de Jean Jourd'heuil, et au cinéma avec Claude Chabrol, Dominique Cabrera, Manuel Poirier, René Féret, ou Robert Guédiguian. Parallèlement à sa carrière d’actrice, elle a été l’assistante de Philippe Garrel sur Le Cœur fantôme (1996) et a réalisé plusieurs courts métrage, dont Nouilles (1987) couronné de plusieurs prix dont le Grand Prix du festival de Brest, et Fais de beaux rêves (2005) qui reçoit le César du meilleur court-métrage et le grand prix de Clermont-Ferrand et de Belfort. Le sens de l’humour est son premier long métrage .

    D'UNE VIE À L'AUTRE

    Allemagne

    Réalisation : Georg Maas

    Scénario : Georg Maas, Christoph Tolle, Ståle Stein Berg, Judith Kaufmann

    Production : Zinnober Film, Dieter Zeppenfeld Helgeland Film, Axel Helgeland, B & T Film, Rudi Teichmann

    Photographie : Judith Kaufmann

    Montage : Hansjorg Weissbrich

    Musique : Christoph M. Kaiser & Julian Maas

    Interprètes : Juliane Kohler, Liv Ullmann, Sven Nordin, Ken Duken, Julia Bache-Wiig, Rainer Bock…

    Durée : 1h37

    Distribution : Sophie Dulac Distribution

     

    Synopsis : Europe 1990, le mur de Berlin est tombé. Katrine a grandi en Allemagne de l’Est, et vit en Norvège depuis 20 ans. Elle est le fruit d’une relation entre une norvégienne et un soldat allemand pendant la Seconde Guerre Mondiale. A sa naissance, elle a été placée dans un orphelinat réservé aux enfants aryens. Elle parvient à s'échapper de la RDA des années plus tard pour rejoindre sa mère. Mais, quand un avocat lui demande de témoigner dans un procès contre l’Etat norvégien au nom de ces “enfants de la honte”, curieusement, elle refuse. Progressivement de lourds secrets refont surface, dévoilant le rôle de la STASI, les services secrets de la RDA, dans le destin de ces enfants…

    Le réalisateur : Georg Maas commence à travailler comme charpentier. En 1984, Il étudie la mise en scène au German Film and Television Academy de Berlin jusqu’en 1991. Il est depuis scénariste et réalisateur. En 1994, il suit les master class dirigé par Istvan Szabo, Tilda Swinton et Krzysztof Kieslowski à l'European Film Academy. Il cofonde en 1997 l’actor-director-author lab (S.R.A.L.) à Berlin. D’une vie à l’autre est son deuxième long métrage. Il écrit toujours les scénarios de ses films en étroite collaboration avec ses co-auteurs. En outre, il a réalisé plusieurs films documentaires et il est également directeur de la photographie, script doctor et monteur... Il vit entre à Aix-la-chapelle et Berlin.

    LA BRACONNE

    France

    Réalisation : Samuel Rondiere

    Scénario : Samuel Rondiere

    Production : Dominique Crèvecoeur / Bandonéon

    Photographie : Nathalie Durand

    Montage : Thomas Glaser, Yann Dedet, Jeanne Oberson

    Interprètes : Patrick Chesnais, Rachid Youcef, Audrey Bastien, Husky Kihal, Moïse Santamaria, Jean-Michel Fête…

    Durée : 1h22

    Distributeur : Rezo Films

     

    Synopsis : Driss, pas vingt ans, vit de petits rackets et d'expédients. Il croise la route de Danny, voleur fatigué, qui arpente les zones commerciales au volant de sa vieille Merco. Sous la houlette de Danny, le jeune Driss, frimeur et naïf, fait ses classes et apprend quelques ficelles. Le monde violent où l’emmène peu à peu le vieux truand va mettre un terme  à l’insouciance du jeune homme…

     

    Le réalisateur : Tout en collaborant à divers travaux d'écriture pour le cinéma et la télévision, Samuel Rondiere fabrique de petits tableaux filmiques à base d'images trafiquées. En 2010 il réalise Tandis qu'en bas des hommes en armes..., son premier court métrage de cinéma en décors et costumes du XVIe siècle. En 2013, avec La braconne, il signe son premier long métrage de fiction.

     

    LES COURTS MÉTRAGES

     

    En compétition

     

    > Samedi 12 octobre à 10h3

     

    Atlantic Avenue

     

    Premier court métrage écrit et réalisé par Laure de Clermont

    Casting : Brady Corbet, Léopoldine Huyghues-Despointes …

     Scénario : Laure de Clermont

     Durée : 13 mn

    Synopsis : Comment une jeune fille handicapée en fauteuil roulant va découvrir l'amour après la rencontre inattendue avec un jeune prostitué marginal…

    La réalisatrice : Après un master d’histoire à la Sorbonne et des cours de théâtre avec Eva Saint Paul, Laure de Clermont part étudier à New York au studio Black Nexxus. De retour à Paris, elle travaille comme actrice ave Luc Besson, Raoul Ruiz, Pascal Thomas, Julian Schnabel, Raoul Peck, Danielle Thompson ou tout récemment Rani Massalha. Elle dirige aussi au théâtre de l’Aktéon la pièce Independence écrite par Lee Blessing. Après quoi elle se lance dans l’écriture et la réalisation de son premier court métrage Atlantic Avenue. Elle développe actuellement deux projets de longs métrages en tant que productrice chez MACT Productions et travaille à l’écriture de son prochain film comme réalisatrice.

     

    Le Bouillon

     

    Deuxième court métrage écrit et réalisé par Stéphanie Lagarde

    Casting : Yvan Garouel, Suzanne Legrand…

    Scénario : Stéphanie Lagarde

    Durée : 15 mn

     

    Synopsis : Dans un vieux café déserté, un homme s’étiole à la lumière nicotinée des appliques. Une femme entre, fuyant l’orage. L’homme, confus, désarmé face à cette apparition, cherche une issue le nez dans son bouillon. Le bouillon lui répond…

     

    La réalisatrice : Comme comédienne, Stéphanie Lagarde a travaillé au cinéma ou à la télévision avec Jean-Luc Godard, Hiner Saleem, Eric Assous, Jean-Jacques Annaud, Edouard Molinaro, Caroline Huppert, Elisabeth Rappeneau, Jacques Fansten… Le Bouillon est son deuxième court métrage après La Photocopie de papa. Elle travaille actuellement au développement de son premier long métrage

    Ce sera tout pour aujourd'hui

     Premier court métrage réalisé par Elodie Navarre

     Casting : Maud Baecker, Sigrid Bouaziz, Bartholomew Boutellis, David Houri…

     Scénario : Elodie Navarre et Alain Layrac

     Durée : 12 mn

     Synopsis : Pendant un tournage, Jules, Laurence, Théo et Juliette racontent chacun à leur psy comment s'opère la magie du cinéma…

     La réalisatrice : Élodie Navarre débute au conservatoire du Xe arrondissement. Elle alterne entre cinéma, télévision et théâtre. Elle se fait remarquer dans L'école pour tous d'Eric Rochant, Mes amis de Michel Hazanavicius ou encore L'école du pouvoir de Raoul Peck et dernièrement dans L'art d'aimer d'Emmanuel Mouret. Souvent sur les planches, on l'a vue au Théâtre de l'Atelier dans Chien Chien de Fabrice Roger-Lacan, puis dans le succès de la saison dernière Sunderland. Elle reçoit en 2010 le prix SACD Suzanne Bianchetti. Elle était membre du jury 2012 à Saint-Jean-de-Luz. Ce sera tout pour aujourd’hui est son premier court métrage.

     Clean 

    Premier court métrage écrit et réalisé par Benjamin Bouhana. Produit par Eric Toledano et Olivier Nackache

     Casting : Laurent Lafitte, Fanny Valette, Jonathan Cohen, Alice Isaaz, Solal Forte, Delphine Theodore, Judith Magre, Serpentine Teyssier…

     Scénario : Benjamin Bouhana

     Durée : 10 mn

     Synopsis : En cette journée d'automne, Eric, la trentaine, a un petit souci. Un flacon à la main, il recherche désespérément de l'aide. Après avoir demandé sans succès autour de lui, Eric part en quête de celui ou celle qui pourra le rendre "Clean"...

     Le réalisateur : Benjamin Bouhana fait ses premiers pas dans le cinéma en tant qu'assistant réalisateur. Il a, entre autres, travaillé sur le film Intouchables, réalisé par Eric Toledano et Olivier Nakache. Clean, dont ils sont les producteurs, est son premier court métrage.

     Désert

     Premier court métrage écrit et réalisé par Frank Zwin

     Casting : Frank Zwin, Géraldine Séguret, Nelson Rodrigo, Martin Aug…

     Scénario : Frank Zwin

     Durée : 12 mn

     Synopsis : Un homme se réveille dans le froid d’un monde inhabité. Seul, il doit continuer son périple. Arrivera t-il à trouver la force de continuer à vivre et à faire le deuil de son amour perdu. Ce monde vide et dépourvu d’âme n’est-il que le reflet de son inconscient endommagé ? Lui seul trouvera la force d'annihiler ce trou béant qui le ronge de l’intérieur.

     

    Le réalisateur : Originaire de Nantes, Frank Zwin monte à Paris pour suivre des cours de théâtre et face à la caméra au cours Florent. Après avoir fait quelques courts métrages étudiants et plusieurs figurations, il décide d'écrire ses propres projets une fois sa formation terminée.

     

    Désert est son premier court métrage. Il termine actuellement le montage de son deuxième court, Ztockholm et travaille à l’écriture de son premier long, Délivre-nous du mal.

     

    Éclipse

     Deuxième court métrage réalisé par Shirley Monsarrat

     Casting : Edith Scob, Nino Gamet, Olivier Peigné…

     Scénario : Shirley Monsarrat, Caroline Le Pape

     Durée : 4 mn

     Synopsis : Musée d’Orsay, Paris. Une femme tente de reproduire au fusain une œuvre de Redon.…

     

    La réalisatrice : Autodidacte, Shirley Monsarrat commence par produire des courts métrages au sein de sa société Patchwork Studio (dont celui de Mélanie Laurent, De moins en moins, sélectionné au Festival de Cannes en 2009) avant de se lancer dans la réalisation en 2011 avec 5150 Hold (présenté à Saint-Jean-de-Luz), mettant en scène Vahina Giocante et remportant plus de dix prix en festivals. Elle revient en 2013 avec Eclipse, son deuxième court métrage.

    Mon enfant

     Premier court métrage écrit et réalisé par Meriem Amari

     Casting : Bourraouia Marzouk…

     Scénario : Meriem Amari

     Durée : 5 mn

     Synopsis : Ce jour là, Aicha boit un café et se confie à un mystérieux inconnu. Elle avoue enfin la découverte qui a donné un nouveau sens à sa condition de mère…

     La réalisatrice : Après son bac option cinéma-audiovisuel, Meriem Amari poursuit des études d’Histoire de l’art avant de revenir au cinéma, en passant un DEA. Elle débute dans le métier comme assistante à la mise en scène avant de se diriger vers le casting, en travaillant une première fois avec André Téchiné sur Les égarés. D’autres films ont suivi, dont dernièrement A la merveille de Terrence Malick. Etant confrontée à la mise en scène et à la direction d’acteur, le casting l’a amenée naturellement à réaliser son premier court métrage : Mon enfant.

     Pour le rôle

     Premier court métrage réalisé par Pierre Niney

    Casting : François Civil, Yann Sorton, Brice Hillairet, Noémie Merlant…

     Scénario : Pierre Niney et Igor Gotesman

     Durée : 13 mn

    Synopsis : François se présente pour passer un casting. Au terme d’un entretien très étrange, il découvre qu'il est en réalité au cœur d'une mise en scène mystérieuse à laquelle il va être forcé de prendre part...

     Le réalisateur : Pierre Niney débute au théâtre à l’âge de 11 ans, suit une formation avec la compagnie Pandora avant d’entrer à La Classe Libre du cours Florent puis au Conservatoire National d’Art Dramatique de Paris. En 2010, il est le plus jeune pensionnaire de La Comédie Française. En 2012, il est à l’affiche de Comme des frères pour lequel il est nommé pour la 2e fois au César du Meilleur Espoir Masculin. En 2013, il joue Phèdre à La Comédie Française et rencontre le succès avec le film de David Moreau 20 ans d’écart où il a pour partenaire Virginie Efira. Il va incarner Yves Saint-Laurent sous la direction de Jalil Lespert. Pour le rôle est son premier court métrage.

    Véhicule école

     Deuxième court métrage écrit et réalisé par Benjamin Guillard

    Casting : Olivier Saladin, Alex Fondja, Olivier Broche, Julien Saada, Guillaume Briat, Chloé Berthier, Benjamin Guillard…

     Scénario : Benjamin Guillard

     Durée : 15 mn

     Synopsis : Dans un bus la nuit, un conflit est si vite arrivé : une poussette qui prend trop de place, un délinquant qui ne dit pas bonjour... C'est important de dire « Bonjour ». On ne répétera jamais assez qu'un client bien accueilli est un client serein…

     Le réalisateur : Formé au Conservatoire national supérieur d'art dramatique, Benjamin Guillard est comédien. Il travaille principalement au théâtre. En 2007, il rencontre François Morel qu'il assistera dans sa mise en scène de Bien des choses au théâtre du Rond-Point. Il le retrouve l'année suivante et signe la mise en scène de La nuit Satie avec Olivier Saladin et la chanteuse Juliette. En 2008, il réalise son premier court métrage  Looking for Steven Spielberg avec dans les rôles principaux François Morel et Olivier Saladin, qui est sélectionné à Saint-Jean-de-Luz. En 2013, Il met en scène La fin du monde est pour dimanche le nouveau spectacle solo de François Morel. Véhicule école est son deuxième court métrage.

     Vous êtes très jolie, mademoiselle

     Deuxième court métrage écrit et réalisé par Jim

     Casting : Alisson Cossenet, Julien Masdoua, Philippe Hassler…

     Scénario : Jim

     Durée : 9 mn

     Synopsis : Un feu rouge, un embouteillage. Un sans domicile fixe brandissant un panneau de ceux qu'on ne lit plus, enchaîné à sa précarité. Une jolie jeune femme, en voiture, enchaînée à ses horaires. Deux univers qui sauront se séduire par un petit jeu de textes écrits sur de simples panneaux…

     Le réalisateur : De son vrai nom Thierry Terrasson, Jim est diplômé de l’école de bandes dessinées d’Angoulême. Incontournable du 9ème art, Jim a publié plus de 90 BD et romans graphiques, et vendu plus d'un million deux cent mille albums (Une nuit à Rome, Petites Éclipses, L'invitation, Tous les défauts des mecs, 500 idées pour glander au boulot…). Plusieurs de ses romans graphiques sont actuellement en cours d’adaptation cinéma : Une nuit à Rome coécrit avec Jacques Malaterre, mais aussi L’invitation réalisé par Michael Cohen (membre du jury 2012), Petites Eclipses réalisé par Sylvain Monod… Vous êtes très jolie, mademoiselle, est son deuxième court métrage.

    LES PRIX

     Les prix remis lors de la cérémonie de clôture du festival sont appelés des Chistera – du nom  du panier utilisé par les joueurs de pelote basque.

     > Les prix remis par le Jury

     Chistera du Meilleur Réalisateur

     Chistera du Meilleur Film

     Chistera de la Meilleure Interprétation Féminine

     Chistera de la Meilleure Interprétation Masculine

     Chistera du Court métrage

     > Les prix décernés par le public du festival

     Chistera du Public 

     Chistera du Public Court métrage

     > Les prix décernés par le Jury Jeunes, composé de 5 lycéens de la région

     Chistera du Jury Jeunes

     Chistera du Jury Jeunes Court métrage

     Les lauréats recevront une bourse de la part du fonds de dotation Porosus : 10.000 euros pour le long et 2.500 euros pour le court. Le fonds de dotation Porosus s’est donné pour mission l’aide à l’émergence des jeunes dans les domaines sportif et artistique. Il vise au soutien et à la promotion de leurs carrières.

     En savoir plus : www.fonds-porosus.org

     > Le prix du court métrage distingué par notre partenaire Ciné +

     Chistera + du Court métrage

     La chaîne Ciné+ achète le court métrage pour diffusion.

     

    NFORMATIONS PRATIQUES

     Billet par projection(sauf ouverture et clôture) :

     • Adulte : 5 €

     • Étudiant, enfant, bénéficiaire du RSA : 4 €

     Billet cérémonie ouverture / cérémonie de clôture

     • Adulte : 10 € (Salle 1) – 8€ (Salle 2)

     • Étudiant, enfant, bénéficiaire du RSA : 7 €

     Abonnement individuel 10 films

     (hors films d’ouverture et de clôture)

     • 10 films : 40 €

     • Le film supplémentaire : 4 €

     Séance Belle et Sébastien gratuite dans la limite des places disponibles. Places à retirer à l’Office du Tourisme.

     Toutes les projections et la billetterie au Cinéma Le Sélect - 29 Bd Victor-Hugo

     CONTACTS

     Site officiel : www.jeunes-realisateurs.com

     Suivez le festival sur  :

    Facebook : Festival International des Jeunes Réalisateurs de Saint-Jean-de-Luz

    Twitter : @JeunesReals

     Office du Tourisme de Saint-Jean-de-Luz

    Tél. : 05 59 26 03 16

     

     

    Critique de « Un cœur en hiver » de Claude Sautet (1992) avec Daniel Auteuil et Emmanuelle Béart ou pourquoi ce film est un chef d’œuvre...

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     « Un cœur en hiver » est adapté d’une nouvelle « La Princesse Mary » extraite d’un recueil de nouvelles de Lermontov « La Princesse Mary » mais également inspiré de la vie de Maurice Ravel.

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    Maxime (André Dussolier) et Stéphane (Daniel Auteuil) sont (apparemment) amis et travaillent ensemble dans l'atmosphère feutrée d'un atelier de lutherie. Les violons sont toute la vie de Stéphane, contrairement à Maxime qui vient de tomber amoureux d’une jeune violoniste, Camille (Emmanuelle Béart), rapidement intriguée puis attirée par la retenue singulière de Stéphane. Pour Stéphane, véritable « cœur en hiver », ce n’est qu’un jeu dont il conte l’évolution à son amie Hélène (Elisabeth Bourgine). Stéphane semble n’aimer qu’une seule personne au monde : son maître de violon, Lachaume (Maurice Garrel).

     Sur la tombe de Claude Sautet au cimetière Montparnasse, il est écrit : « Garder le calme devant la dissonance », voilà probablement la phrase qui définirait aussi le mieux son cinéma et peut-être même le mieux « Un cœur en hiver » : d'abord parce que son cinéma est un cinéma de la dissonance, de l'imprévu, de la note inattendue dans la quotidienneté (ici, l'arrivée de Camille dans la vie de Maxime et par conséquent dans celle de Stéphane comme c’est le cas de l’arrivée de David dans « César et Rosalie » ou de Nelly dans « Nelly et Monsieur Arnaud ») et ensuite parce que cette épitaphe fait référence à la passion de Claude Sautet pour la musique, une passion qui s’exprime pleinement ici puisque la musique est un personnage à part entière. Le tempo des films de Sautet est ainsi réglé comme une partition musicale, impeccablement rythmée, une partition dont on a l'impression qu'en changer une note ébranlerait l'ensemble de la composition.

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    C’est par elle, la musique, que Camille s’exprime (d’ailleurs Maxime le dira, elle ne se livre que lorsqu’elle joue) : tantôt sa mélancolie, sa violence (ainsi cette scène où elle enregistre en studio et qu’elle manie l’archet comme une lame tranchante), son désarroi, ses espoirs. C’est aussi à travers elle que Stéphane ressent et exprime ses (rares) émotions notamment lorsqu’un « c’est beau » lui échappe après avoir écouté Camille jouer. La musique ici, aussi sublime soit-elle (celle des  sonates et trio de Ravel) n’est pas forcément mélodieuse mais exprime la dissonance que connaissent les personnages. C’est un élément d’expression d’une force rare, bien plus que n’importe quel dialogue.

    La passion est donc celle pour la musique mais aussi celle qui s’exprime à travers elle, l’autre : la passion amoureuse. Celle qui s’empare de Camille pour cet homme hermétique au regard brillant, transperçant qui la fascine, l’intrigue, la désempare.  Le trouble s’empare d’elle dès sa première répétition à laquelle Stéphane assiste. Elle ne parvient pas à jouer, dit qu’elle reprendra un autre jour et puis quand Stéphane quitte la pièce, elle reprend comme si de rien n’était. Ensuite, venue rejoindre Maxime dans l’atelier de lutherie, ce dernier occupé, elle l’attend en compagnie de Stéphane et lui confie ce qu’elle n’avait jamais dit à personne, lui parlant de ses rapports compliqués avec son agent et amie Régine (Brigitte Catillon). Enfin, troisième rencontre déterminante : Stéphane vient la voir jouer, seul, sans Maxime pour la première fois. Ils s’évadent un instant de la répétition pour aller boire un café après avoir traversé la rue sous la pluie. Leurs mains s’effleurent presque subrepticement, négligemment. Stéphane la protège de la pluie avec sa veste. Puis, il l’écoute assis au café, avec son regard scrutateur. Puis, c’est l’absence et le silence de Stéphane mais c’est trop tard : Camille est déjà bouleversée, amoureuse. A priori, racontées ainsi rien d’extraordinaire dans ces trois scènes, pourtant le scénario et la mise en scène de Sautet et surtout ses personnages sont d’une telle richesse que chacune d’elle est plus haletante qu’une scène d’un palpitant thriller. Aucun plan n’est inutile. Comme dans un thriller, chaque plan a une implication sur la résolution.

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     Tous les films de Sautet se caractérisent d'ailleurs aussi par le suspense (il était fasciné par Ford et Hawks ) : le suspense sentimental avant tout, concourant à créer des films toujours haletants et fascinants.  Claude Sautet citait ainsi souvent la phrase de Tristan Bernard : « il faut surprendre avec ce que l'on attend ». On ne peut certainement pas reprocher au cinéma de Claude Sautet d'être démesurément explicatif, c'est au contraire un cinéma de l'implicite, des silences et du non-dit. Pascal Jardin disait  de Claude Sautet qu'il « reste une fenêtre ouverte sur l'inconscient ».

    Le souffle du spectateur est suspendu à chaque regard (le regard tellement transperçant de Stéphane, ou de plus en plus troublé de Camille) à chaque note, à chaque geste d’une précision rare. Je n’ai encore jamais trouvé au cinéma de personnages aussi « travaillés » que Stéphane, ambigu, complexe qui me semble avoir une existence propre, presque exister en dehors de l’écran. Là encore comme un thriller énigmatique, à chaque fois je l’interprète différemment, un peu aussi comme une sublime musique ou œuvre d’art qui à chaque fois me ferait ressentir des émotions différentes. Stéphane est-il vraiment indifférent ? Joue-t-il un jeu ? Ne vit-il qu’à travers la musique ? « La musique c’est du rêve » dit-il. Ou, selon cette citation de La Rochefoucauld que cite Sautet  fait-il partie de ceux qui pensent que« Peu de gens seraient amoureux si on ne leur avait jamais parlé d’amour » ? A-t-il peur d’aimer ? Ou n’y croit-il simplement pas ? Est-il sincère quand il dit avec une froide tranquillité que Maxime n’est pas un ami, juste « un partenaire ».

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    Le film commence ainsi de nuit dans l’atelier et se termine de jour dans un café et entre ces deux moments, Stéphane passera de l’ombre à la lumière, d’une personnalité ombrageuse à (peut-être, là aussi, l’interprétation varie à chaque visionnage) un homme capable d’aimer. Un personnage assez proche du personnage de Martial dans « Quelques jours avec moi » (un autre film de Sautet méconnu que je vous recommande, où son regard se fait encore plus ironique et acéré, un film irrésistiblement drôle et non dénué de –douce-cruauté).  « Les films de Claude Sautet touchent tous ceux qui privilégient les personnages par rapport aux situations, tous ceux qui pensent que les hommes sont plus importants que ce qu'ils font (..). Claude Sautet c'est la vitalité. » disait ainsi Truffaut.

    Et puis certaines scènes font pour moi partie des plus belles et cruelles du cinéma. Cette scène où dans une voiture, Camille lui avoue l’amour qu’il lui inspire et se livre à lui, ce à quoi Stéphane répond avec tranquillité, jubilation peut-être, froidement en tout cas : « je ne vous aime pas ». Cette scène me glace le sang à chaque fois. Et puis la scène où Camille veut l’humilier à son tour. Elle se maquille outrageusement, le rejoint au café où il a ses habitudes où il dîne avec son amie Hélène. Camille lui crie sa rancœur, sa passion, cherche à l’humilier. La scène est tranchante, violente et sublime comme la musique de Ravel jouée par Camille.

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    Et puis comment ne pas parler de la distribution, absolument parfaite, à commencer par Daniel Auteuil et Emmanuelle Béart, sans aucun doute leurs meilleurs rôles auxquels ils semblent se livrer (ou se cacher) corps et âme, d’autant plus ambigus puisqu’ils vivaient alors ensemble. Emmanuelle Béart est à la fois mystérieuse, sensuelle, forte, fragile, fière, brisée, passionnée et talentueuse (elle apprit ainsi le violon pendant un an). Daniel Auteuil donne vie à ce Stéphane énigmatique, opaque, cinglant, glacial, austère qui se définit lui-même comme sournois, parfois révoltant, parfois touchant avec ce regard perçant, tantôt terriblement là ou terriblement absent. L’un comme l’autre, dans leurs regards, expriment une multitude d’émotions ou de mystères. Mais il ne faudrait pas non plus oublier les seconds rôles : André Dussolier, personnage digne qui échappe au cliché de l’amant trompé et qui obtint d’ailleurs le César du meilleur second rôle. Jean-Luc Bideau qui dans une scène courte mais intense aligne les clichés sur la culture et l’élitisme (magnifique scène de dialogue où là aussi Stéphane dévoile une trouble (et pour Camille troublante) facette de sa personnalité). Myriam Boyer, Brigitte Catillon, Elisabeth Bourgine (les femmes de l’ombre avec, chacune à leur manière, une présence forte et déterminante).

     « Un cœur en hiver »  obtint le lion d’argent à Venise. Daniel Auteuil et Emmanuelle Béart passèrent à côté des César de meilleurs acteurs (que leur ravirent Claude Rich pour « Le souper » et Catherine Deneuve, pour « Indochine »). Claude Sautet obtint néanmoins le césar du meilleur réalisateur (le seul avec celui de Dussolier malgré sept nominations) et celui du meilleur film fut cette année-là attribué à Cyril Collard pour « Les nuits fauves ». Tous les postes du film auraient mérités d’être récompensés : le scénario, l’image d’Yves Angelo, le travail sur la musique de Philippe Sarde, le scénario  de Jacques Fieschi et Claude Sautet…

    On retrouve là encore ce qui caractérise les films de Claude Sautet : les scènes de groupe (dont « Vincent, François, Paul et les autres est le film emblématique) et la solitude dans et malgré le groupe, l'implicite dans ce qui n'est pas- les ellipses- comme dans ce qui est-les regards- (Ah le regard tranchant de Daniel Auteuil! Ah, ce dernier plan !), des scènes de café ( « A chaque film, avouait Sautet, je me dis toujours : non, cette fois tu n'y tournes pas. Et puis, je ne peux pas m'en empêcher. Les cafés, c'est comme Paris, c'est vraiment mon univers. C'est à travers eux que je vois la vie. Des instants de solitude et de rêvasseries. ») les personnages filmés à travers les vitres de ces mêmes cafés, des scènes de pluie qui sont souvent un élément déclencheur, des scènes de colère (peut-être inspirées par les scènes de colère incontournables dans les films de Jean Gabin, Sautet ayant ainsi revu « Le jour se lève » ...17 fois en un mois!), des femmes combatives souvent incarnées par Romy Schneider puis par Emmanuelle Béart, des fins souvent ouvertes et avant tout un cinéma de personnages : César, Rosalie, Nelly, Arnaud, Vincent, François, Paul, Max, Mado, ...et les autres, des personnages égarés affectivement et/ou socialement, des personnages énigmatiques et ambivalents.

     On a souvent dit de Claude Sautet était le peintre de la société des années 70 mais en réalité la complexité des sentiments de ses personnages disséquée avec une rare acuité est intemporelle.  S'il est vrai que la plupart de ses films sont des tableaux de la société contemporaine, notamment de la société d'après 1968, et de la société pompidolienne, puis giscardienne, et enfin mitterrandienne,  ses personnages et les situations dans lesquelles il les implique sont avant tout universels, un peu comme « La Comédie Humaine » peut s'appliquer aussi bien à notre époque qu'à celle de Balzac.

    Le personnage de Stéphane ne cessera jamais de m’intriguer, intrigant le spectateur comme il intrigue Camille, exprimant tant d’ambiguïté dans son regard brillant ou éteint. Hors de la vie, hors du temps. Je vous le garantis, vous ne pourrez pas oublier ce crescendo émotionnel jusqu’à ce plan fixe final polysémique qui vous laisse ko et qui n’est pas sans rappeler celui de Romy Schneider à la fin de « Max et les ferrailleurs » ou de Michel Serrault (regard absent à l’aéroport) dans « Nelly et Monsieur Arnaud » ou de Montand/Frey/Schneider dans « César et Rosalie ». Le cinéma de Claude Sautet est finalement affaire de regards, qu’il avait d’une acuité incroyable, saisissante sur la complexité des êtres, et jamais égalée. Alors que le cinéma est de plus en plus univoque, explicatif, c’est plus que salutaire.

     Une histoire d’amour, de passion(s), cruelle, intense, poétique, sublime, dissonante, mélodieuse, contradictoire, trouble et troublante, parfaitement écrite, jouée, interprétée, mise en lumière, en musique et en images.

    Un peu comme l'ours en peluche du « Jour se lève » qui a un œil qui rit et un autre qui pleure, nous ressortons des films de Sautet et de celui-là en particulier, entre rires et larmes, bouleversés, avec l'envie de vivre plus intensément encore car là était le véritable objectif de Claude Sautet : nous « faire aimer la vie »...et il y est parvenu, magistralement. Personne après lui n'a su nous raconter des « histoires simples » aux personnages complexes qui nous parlent aussi bien de « choses de la vie ».

    Claude Sautet, en 14 films, a su imposer un style, des films inoubliables, un cinéma du désenchantement enchanteur, d'une savoureuse mélancolie, de l'ambivalence et de la dissonance jubilatoires, une symphonie magistrale dont chaque film est un morceau unique indissociable de l'ensemble, et celui-ci pour moi le plus beau et bouleversant.

     CRITIQUE "ON CONNAÎT LA CHANSON" D'ALAIN RESNAIS

     

     Toute la malice du cinéaste apparaît déjà dans le titre de ce film de 1997, dans son double sens, propre et figuré, puisqu’il fait à la fois référence aux chansons en playback interprétées dans le film mais parce qu’il sous-entend à quel point les apparences peuvent être trompeuses et donc que nous ne connaissons jamais vraiment la chanson…

     

    Suite à un malentendu, Camille (Agnès Jaoui), guide touristique et auteure d’une thèse sur « les chevaliers paysans de l’an mil au lac de Paladru » s’éprend de l’agent immobilier Marc Duveyrier (Lambert Wilson). Ce dernier est aussi le patron de Simon (André Dussolier), secrètement épris de Camille et qui tente de vendre un appartement à Odile (Sabine Azéma), la sœur de Camille. L’enthousiaste Odile est décidée à acheter cet appartement malgré la désapprobation muette de Claude, son mari velléitaire (Pierre Arditi). Celui-ci supporte mal la réapparition après de longues années d’absence de Nicolas (Jean-Pierre Bacri), vieux complice d’Odile qui devient le confident de Simon et qui est surtout très hypocondriaque.

     

    Ce film est pourtant bien plus que son idée de mise en scène, certes particulièrement ludique et enthousiasmante, à laquelle on tend trop souvent à le réduire. A l’image de ses personnages, le film d’Alain Resnais n’est pas ce qu’il semble être. Derrière une apparente légèreté qui emprunte au Boulevard et à la comédie musicale ou du moins à la comédie (en) »chantée », il débusque les fêlures que chacun dissimule derrière de l’assurance, une joie de vivre exagérée, de l’arrogance ou une timidité.

     

    C’est un film en forme de trompe-l’œil qui commence dès la première scène : une ouverture sur une croix gammée, dans le bureau de Von Choltitz au téléphone avec Hitler qui lui ordonne de détruire Paris. Mais Paris ne disparaîtra pas et sera bien heureusement le terrain des chassés-croisés des personnages de « On connaît la chanson », et cette épisode était juste une manière de planter le décor, de nous faire regarder justement au-delà du décor, et de présenter le principe de ces extraits chantés. La mise en scène ne cessera d’ailleurs de jouer ainsi avec les apparences, comme lorsqu’Odile parle avec Nicolas, lors d’un dîner chez elle, et que son mari Claude est absent du cadre, tout comme il semble d’ailleurs constamment « absent », ailleurs.

     

    Resnais joue habilement avec la mise en scène mais aussi avec les genres cinématographiques, faisant parfois une incursion dans la comédie romantique, comme lors de la rencontre entre Camille et Marc. L’appartement où ils se retrouvent est aussi glacial que la lumière est chaleureuse pour devenir presque irréelle mais là encore c’est une manière de jouer avec les apparences puisque Marc lui-même est d’une certaine manière irréel, fabriqué, jouant un personnage qu’il n’est pas.

     

    Le scénario est signé Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri et témoigne déjà de leur goût des autres et de leur regard à la fois acéré et tendre sur nos vanités, nos faiblesses, nos fêlures. Les dialogues sont ainsi des bijoux de précision et d’observation mais finalement même s’ils mettent l’accent sur les faiblesses de chacun, les personnages ne sont jamais regardés avec condescendance mais plutôt lucidité et indulgence. Une phrase parfois suffit à caractériser un personnage comme cette femme qui, en se présentant dit, « J’suis une collègue d’Odile. Mais un petit cran au-dessus. Mais ça ne nous empêche pas de bien nous entendre ! ». Tout est dit ! La volonté de se montrer sous son meilleur jour, conciliante, ouverte, indifférente aux hiérarchies et apparences…tout en démontrant le contraire. Ou comme lorsque Marc répète à deux reprises à d’autres sa réplique adressée à Simon dont il est visiblement très fier « Vous savez Simon, vous n’êtes pas seulement un auteur dramatique, mais vous êtes aussi un employé dramatique ! » marquant à la fois ainsi une certaine condescendance mais en même temps une certaine forme de manque de confiance, et amoindrissant le caractère a priori antipathique de son personnage.

     

    Les personnages de « On connaît la chanson » sont avant tout seuls, enfermés dans leurs images, leurs solitudes, leur inaptitude à communiquer, et les chansons leur permettent souvent de révéler leurs vérités masquées, leurs vrais personnalités ou désirs, tout en ayant souvent un effet tendrement comique. De « J’aime les filles » avec Lambert Wilson au « Vertige de l’amour » avec André Dussolier (irrésistible ) en passant par le « Résiste » de Sabine Azéma. C’est aussi un moyen de comique de répétition dont est jalonné ce film : blague répétée par Lambert Wilson sur Simon, blague de la publicité pour la chicorée lorsque Nicolas montre la photo de sa famille et réitération de certains passages chantés comme « Avoir un bon copain ».

     

    Chacun laissera tomber son masque, de fierté ou de gaieté feinte, dans le dernier acte où tous seront réunis, dans le cadre d’une fête qui, une fois les apparences dévoilées (même les choses comme l’appartement n’y échappent pas, même celui-ci se révèlera ne pas être ce qu’il semblait), ne laissera plus qu’un sol jonché de bouteilles et d’assiettes vides, débarrassé du souci des apparences, et du rangement (de tout et chacun dans une case) mais la scène se terminera une nouvelle fois par une nouvelle pirouette, toute l’élégance de Resnais étant là, dans cette dernière phrase qui nous laisse avec un sourire, et l’envie de saisir l’existence avec légèreté.

     

    Rien n’est laissé au hasard, de l’interprétation (comme toujours chez Resnais remarquable direction d’acteurs et interprètes judicieusement choisis, de Dussolier en amoureux timide à Sabine Azéma en incorrigible optimiste en passant par Lambert Wilson, vaniteux et finalement pathétique et presque attendrissant) aux costumes comme les tenues rouges et flamboyantes de Sabine Azéma ou d’une tonalité plus neutre, voire fade, d’Agnès Jaoui.

     

    « On connaît la chanson » a obtenu 7 César dont celui du meilleur film et du meilleur scénario original. C’est pour moi un des films les plus brillants et profonds qui soient malgré sa légèreté apparente, un mélange subtile –à l’image de la vie - de mélancolie et de légèreté, d’enchantement et de désenchantement, un film à la frontière des émotions et des genres qui témoigne de la grande élégance de son réalisateur, du regard tendre et incisif de ses auteurs et qui nous laisse avec un air à la fois joyeux et nostalgique dans la tête. Un film qui semble entrer dans les cadres et qui justement nous démontre que la vie est plus nuancée et que chacun est forcément plus complexe que la case à laquelle on souhaite le réduire, moins lisse et jovial que l’image « enchantée » qu’il veut se donner. Un film jubilatoire enchanté et enchanteur, empreint de toute la richesse, la beauté, la difficulté, la gravité et la légèreté de la vie. Un film tendrement drôle et joyeusement mélancolique à voir, entendre et revoir sans modération…même si nous connaissons déjà la chanson !

     

     

    Lien permanent Imprimer Catégories : FESTIVAL DE SAINT-JEAN DE LUZ 2013 Pin it! 0 commentaire
  • Critique de « Un cœur en hiver » de Claude Sautet (1992) avec Daniel Auteuil et Emmanuelle Béart ou pourquoi ce film est un chef d’œuvre...

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    En 2011, je ne perds pas les bonnes habitudes et je continuerai donc à vous parler régulièrement de classiques du 7ème art. Lorsqu’on me demande mon film culte,  je cite le plus souvent soit « Le Guépard » de Luchino Visconti, soit « Un cœur en hiver » de Claude Sautet, suscitant régulièrement la perplexité chez mes interlocuteurs concernant le second, et la mienne en retour de constater que beaucoup ne connaissent pas ce film. Je l’ai revu hier après deux ou trois ans et la fascination est restée intacte. Après un certain nombre de visionnages, il me bouleverse, me fascine et m’intrigue toujours autant. Si vous ne l’avez pas encore vu, ou si vous l’avez vu mais n’en gardez qu’un souvenir mitigé je vais essayer de vous convaincre de (re)voir ce film que je considère comme un chef d’œuvre (et j’emploie toujours ce terme avec beaucoup de parcimonie, une expression que je n’ai pas même utilisée pour ce film-ci, contrairement à beaucoup). « Un cœur en hiver » est adapté d’une nouvelle « La Princesse Mary » extraite d’un recueil de nouvelles de Lermontov « La Princesse Mary » mais également inspiré de la vie de Maurice Ravel.

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    Maxime (André Dussolier) et Stéphane (Daniel Auteuil) sont (apparemment) amis et travaillent ensemble dans l'atmosphère feutrée d'un atelier de lutherie. Les violons sont toute la vie de Stéphane, contrairement à Maxime qui vient de tomber amoureux d’une jeune violoniste, Camille (Emmanuelle Béart), rapidement intriguée puis attirée par la retenue singulière de Stéphane. Pour Stéphane, véritable « cœur en hiver », ce n’est qu’un jeu dont il conte l’évolution à son amie Hélène (Elisabeth Bourgine). Stéphane semble n’aimer qu’une seule personne au monde : son maître de violon, Lachaume (Maurice Garrel).

     Sur la tombe de Claude Sautet au cimetière Montparnasse, il est écrit : « Garder le calme devant la dissonance », voilà probablement la phrase qui définirait aussi le mieux son cinéma et peut-être même le mieux « Un cœur en hiver » : d'abord parce que son cinéma est un cinéma de la dissonance, de l'imprévu, de la note inattendue dans la quotidienneté (ici, l'arrivée de Camille dans la vie de Maxime et par conséquent dans celle de Stéphane comme c’est le cas de l’arrivée de David dans « César et Rosalie » ou de Nelly dans « Nelly et Monsieur Arnaud ») et ensuite parce que cette épitaphe fait référence à la passion de Claude Sautet pour la musique, une passion qui s’exprime pleinement ici puisque la musique est un personnage à part entière. Le tempo des films de Sautet est ainsi réglé comme une partition musicale, impeccablement rythmée, une partition dont on a l'impression qu'en changer une note ébranlerait l'ensemble de la composition.

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    C’est par elle, la musique, que Camille s’exprime (d’ailleurs Maxime le dira, elle ne se livre que lorsqu’elle joue) : tantôt sa mélancolie, sa violence (ainsi cette scène où elle enregistre en studio et qu’elle manie l’archet comme une lame tranchante), son désarroi, ses espoirs. C’est aussi à travers elle que Stéphane ressent et exprime ses (rares) émotions notamment lorsqu’un « c’est beau » lui échappe après avoir écouté Camille jouer. La musique ici, aussi sublime soit-elle (celle des  sonates et trio de Ravel) n’est pas forcément mélodieuse mais exprime la dissonance que connaissent les personnages. C’est un élément d’expression d’une force rare, bien plus que n’importe quel dialogue.

    La passion est donc celle pour la musique mais aussi celle qui s’exprime à travers elle, l’autre : la passion amoureuse. Celle qui s’empare de Camille pour cet homme hermétique au regard brillant, transperçant qui la fascine, l’intrigue, la désempare.  Le trouble s’empare d’elle dès sa première répétition à laquelle Stéphane assiste. Elle ne parvient pas à jouer, dit qu’elle reprendra un autre jour et puis quand Stéphane quitte la pièce, elle reprend comme si de rien n’était. Ensuite, venue rejoindre Maxime dans l’atelier de lutherie, ce dernier occupé, elle l’attend en compagnie de Stéphane et lui confie ce qu’elle n’avait jamais dit à personne, lui parlant de ses rapports compliqués avec son agent et amie Régine (Brigitte Catillon). Enfin, troisième rencontre déterminante : Stéphane vient la voir jouer, seul, sans Maxime pour la première fois. Ils s’évadent un instant de la répétition pour aller boire un café après avoir traversé la rue sous la pluie. Leurs mains s’effleurent presque subrepticement, négligemment. Stéphane la protège de la pluie avec sa veste. Puis, il l’écoute assis au café, avec son regard scrutateur. Puis, c’est l’absence et le silence de Stéphane mais c’est trop tard : Camille est déjà bouleversée, amoureuse. A priori, racontées ainsi rien d’extraordinaire dans ces trois scènes, pourtant le scénario et la mise en scène de Sautet et surtout ses personnages sont d’une telle richesse que chacune d’elle est plus haletante qu’une scène d’un palpitant thriller. Aucun plan n’est inutile. Comme dans un thriller, chaque plan a une implication sur la résolution.

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     Tous les films de Sautet se caractérisent d'ailleurs aussi par le suspense (il était fasciné par Ford et Hawks ) : le suspense sentimental avant tout, concourant à créer des films toujours haletants et fascinants.  Claude Sautet citait ainsi souvent la phrase de Tristan Bernard : « il faut surprendre avec ce que l'on attend ». On ne peut certainement pas reprocher au cinéma de Claude Sautet d'être démesurément explicatif, c'est au contraire un cinéma de l'implicite, des silences et du non-dit. Pascal Jardin disait  de Claude Sautet qu'il « reste une fenêtre ouverte sur l'inconscient ».

    Le souffle du spectateur est suspendu à chaque regard (le regard tellement transperçant de Stéphane, ou de plus en plus troublé de Camille) à chaque note, à chaque geste d’une précision rare. Je n’ai encore jamais trouvé au cinéma de personnages aussi « travaillés » que Stéphane, ambigu, complexe qui me semble avoir une existence propre, presque exister en dehors de l’écran. Là encore comme un thriller énigmatique, à chaque fois je l’interprète différemment, un peu aussi comme une sublime musique ou œuvre d’art qui à chaque fois me ferait ressentir des émotions différentes. Stéphane est-il vraiment indifférent ? Joue-t-il un jeu ? Ne vit-il qu’à travers la musique ? « La musique c’est du rêve » dit-il. Ou, selon cette citation de La Rochefoucauld que cite Sautet  fait-il partie de ceux qui pensent que« Peu de gens seraient amoureux si on ne leur avait jamais parlé d’amour » ? A-t-il peur d’aimer ? Ou n’y croit-il simplement pas ? Est-il sincère quand il dit avec une froide tranquillité que Maxime n’est pas un ami, juste « un partenaire ».

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    Le film commence ainsi de nuit dans l’atelier et se termine de jour dans un café et entre ces deux moments, Stéphane passera de l’ombre à la lumière, d’une personnalité ombrageuse à (peut-être, là aussi, l’interprétation varie à chaque visionnage) un homme capable d’aimer. Un personnage assez proche du personnage de Martial dans « Quelques jours avec moi » (un autre film de Sautet méconnu que je vous recommande, où son regard se fait encore plus ironique et acéré, un film irrésistiblement drôle et non dénué de –douce-cruauté).  « Les films de Claude Sautet touchent tous ceux qui privilégient les personnages par rapport aux situations, tous ceux qui pensent que les hommes sont plus importants que ce qu'ils font (..). Claude Sautet c'est la vitalité. » disait ainsi Truffaut.

    Et puis certaines scènes font pour moi partie des plus belles et cruelles du cinéma. Cette scène où dans une voiture, Camille lui avoue l’amour qu’il lui inspire et se livre à lui, ce à quoi Stéphane répond avec tranquillité, jubilation peut-être, froidement en tout cas : « je ne vous aime pas ». Cette scène me glace le sang à chaque fois. Et puis la scène où Camille veut l’humilier à son tour. Elle se maquille outrageusement, le rejoint au café où il a ses habitudes où il dîne avec son amie Hélène. Camille lui crie sa rancœur, sa passion, cherche à l’humilier. La scène est tranchante, violente et sublime comme la musique de Ravel jouée par Camille.

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    Et puis comment ne pas parler de la distribution, absolument parfaite, à commencer par Daniel Auteuil et Emmanuelle Béart, sans aucun doute leurs meilleurs rôles auxquels ils semblent se livrer (ou se cacher) corps et âme, d’autant plus ambigus puisqu’ils vivaient alors ensemble. Emmanuelle Béart est à la fois mystérieuse, sensuelle, forte, fragile, fière, brisée, passionnée et talentueuse (elle apprit ainsi le violon pendant un an). Daniel Auteuil donne vie à ce Stéphane énigmatique, opaque, cinglant, glacial, austère qui se définit lui-même comme sournois, parfois révoltant, parfois touchant avec ce regard perçant, tantôt terriblement là ou terriblement absent. L’un comme l’autre, dans leurs regards, expriment une multitude d’émotions ou de mystères. Mais il ne faudrait pas non plus oublier les seconds rôles : André Dussolier, personnage digne qui échappe au cliché de l’amant trompé et qui obtint d’ailleurs le César du meilleur second rôle. Jean-Luc Bideau qui dans une scène courte mais intense aligne les clichés sur la culture et l’élitisme (magnifique scène de dialogue où là aussi Stéphane dévoile une trouble (et pour Camille troublante) facette de sa personnalité). Myriam Boyer, Brigitte Catillon, Elisabeth Bourgine (les femmes de l’ombre avec, chacune à leur manière, une présence forte et déterminante).

     « Un cœur en hiver »  obtint le lion d’argent à Venise. Daniel Auteuil et Emmanuelle Béart passèrent à côté des César de meilleurs acteurs (que leur ravirent Claude Rich pour « Le souper » et Catherine Deneuve, pour « Indochine »). Claude Sautet obtint néanmoins le césar du meilleur réalisateur (le seul avec celui de Dussolier malgré sept nominations) et celui du meilleur film fut cette année-là attribué à Cyril Collard pour « Les nuits fauves ». Tous les postes du film auraient mérités d’être récompensés : le scénario, l’image d’Yves Angelo, le travail sur la musique de Philippe Sarde, le scénario  de Jacques Fieschi et Claude Sautet…

    On retrouve là encore ce qui caractérise les films de Claude Sautet : les scènes de groupe (dont « Vincent, François, Paul et les autres est le film emblématique) et la solitude dans et malgré le groupe, l'implicite dans ce qui n'est pas- les ellipses- comme dans ce qui est-les regards- (Ah le regard tranchant de Daniel Auteuil! Ah, ce dernier plan !), des scènes de café ( « A chaque film, avouait Sautet, je me dis toujours : non, cette fois tu n'y tournes pas. Et puis, je ne peux pas m'en empêcher. Les cafés, c'est comme Paris, c'est vraiment mon univers. C'est à travers eux que je vois la vie. Des instants de solitude et de rêvasseries. ») les personnages filmés à travers les vitres de ces mêmes cafés, des scènes de pluie qui sont souvent un élément déclencheur, des scènes de colère (peut-être inspirées par les scènes de colère incontournables dans les films de Jean Gabin, Sautet ayant ainsi revu « Le jour se lève » ...17 fois en un mois!), des femmes combatives souvent incarnées par Romy Schneider puis par Emmanuelle Béart, des fins souvent ouvertes et avant tout un cinéma de personnages : César, Rosalie, Nelly, Arnaud, Vincent, François, Paul, Max, Mado, ...et les autres, des personnages égarés affectivement et/ou socialement, des personnages énigmatiques et ambivalents.

     On a souvent dit de Claude Sautet était le peintre de la société des années 70 mais en réalité la complexité des sentiments de ses personnages disséquée avec une rare acuité est intemporelle.  S'il est vrai que la plupart de ses films sont des tableaux de la société contemporaine, notamment de la société d'après 1968, et de la société pompidolienne, puis giscardienne, et enfin mitterrandienne,  ses personnages et les situations dans lesquelles il les implique sont avant tout universels, un peu comme « La Comédie Humaine » peut s'appliquer aussi bien à notre époque qu'à celle de Balzac.

    Le personnage de Stéphane ne cessera jamais de m’intriguer, intrigant le spectateur comme il intrigue Camille, exprimant tant d’ambiguïté dans son regard brillant ou éteint. Hors de la vie, hors du temps. Je vous le garantis, vous ne pourrez pas oublier ce crescendo émotionnel jusqu’à ce plan fixe final polysémique qui vous laisse ko et qui n’est pas sans rappeler celui de Romy Schneider à la fin de « Max et les ferrailleurs » ou de Michel Serrault (regard absent à l’aéroport) dans « Nelly et Monsieur Arnaud » ou de Montand/Frey/Schneider dans « César et Rosalie ». Le cinéma de Claude Sautet est finalement affaire de regards, qu’il avait d’une acuité incroyable, saisissante sur la complexité des êtres, et jamais égalée. Alors que le cinéma est de plus en plus univoque, explicatif, c’est plus que salutaire.

     Une histoire d’amour, de passion(s), cruelle, intense, poétique, sublime, dissonante, mélodieuse, contradictoire, trouble et troublante, parfaitement écrite, jouée, interprétée, mise en lumière, en musique et en images.

    Un peu comme l'ours en peluche du « Jour se lève » qui a un œil qui rit et un autre qui pleure, nous ressortons des films de Sautet et de celui-là en particulier, entre rires et larmes, bouleversés, avec l'envie de vivre plus intensément encore car là était le véritable objectif de Claude Sautet : nous « faire aimer la vie »...et il y est parvenu, magistralement. Personne après lui n'a su nous raconter des « histoires simples » aux personnages complexes qui nous parlent aussi bien de « choses de la vie ».

    Claude Sautet, en 14 films, a su imposer un style, des films inoubliables, un cinéma du désenchantement enchanteur, d'une savoureuse mélancolie, de l'ambivalence et de la dissonance jubilatoires, une symphonie magistrale dont chaque film est un morceau unique indissociable de l'ensemble, et celui-ci pour moi le plus beau et bouleversant.

    FILMOGRAPHIE  DE CLAUDE SAUTET                                                              

    Né à Montrouge (près de Paris) en 1924, Claude Sautet est mort à Paris le samedi 22 juillet 2000 à l'âge de soixante-seize ans...

     Longs-métrages réalisés par Claude Sautet

     Bonjour sourire (1955)

    Classe tous risques (1960)

     L'Arme à gauche (1965)

    Les Choses de la vie (1970)

     Max et les Ferrailleurs (1970)

    César et Rosalie (1972)

    Vincent, François, Paul et les autres (1974)

    Mado (1976)

    Une histoire simple (1978)

     Un mauvais fils (1980)

    Garçon ! (1983)

    Quelques jours avec moi (1988)

    Un cœur en hiver (1991)

     Nelly et Monsieur Arnaud (1995)

     

     A voir : le documentaire de N.T.Binh  « Claude Sautet ou la magie invisible »

    A noter: Claude Sautet a également travailler comme ressemeleur de scénarii pour de nombreux cinéastes et notamment sur  (parmi de nombreux autres films ) « Borsalino » de Jacques Deray.

     

     

  • Concours: 10x2 places pour "Une exécution ordinaire" de Marc Dugain avec André Dussolier, Edouard Baer, Marina Hands

     

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    Je suis ravie de vous proposer aujourd'hui 10 places pour 2 pour "Une exécution ordinaire" de Marc Dugain avc Marina Hands, Edouard Baer et André Dussolier. Un film que son sujet, sa bande annonce particulièrement réussie, le contre-emploi d'Edouard Baer et la ressemblance frappante et étonnante entre Dussolier et Staline me donnent particulièrement envie de voir. La critique sera bien sûr prochainement en ligne sur inthemoodforcinema.com.

    Pour remporter ces places, soyez parmi les 10 premiers à m'envoyer les bonnes réponses aux 2 questions suivantes à inthemoodforcinema@gmail.com  avec comme intitulé de l'email "Une exécution ordinaire" et en n'oubliant pas de préciser vos coordonnées postales pour l'envoi des places. Seuls les gagnants seront contactés.

    1. A quoi correpondent ces chiffres: 05.03.1953

    2.De quel film est extraite cette image?

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    Lien permanent Imprimer Catégories : CONCOURS Pin it! 3 commentaires
  • "Le crime est notre affaire" de Pascal Thomas, ce soir sur Canal +

    Je vous parlais ce matin du festival "Cinéma et Politique" de Tours dont le jury est présidé par Pascal Thomas. Cela tombe bien, ce soir, à 20h50,  Canal plus diffuse la comédie policière réjouissante de Pascal Thomas, "Le crime est notre affaire" dont je vous propose à nouveau la critique ci-dessous.

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    Arrivée juste à temps pour voir le générique du film (de début, hein, je précise, je ne fais pas comme certains critiques qui arrivent dix minutes après le début ou partent dix minutes avant la fin…), sans grande envie de le voir mais avec pour objectif de satisfaire ensuite ma frénésie d’écriture ( de tout ce qui est à portée de clavier, j’ignore si ça se soigne et n’en ai d’ailleurs pas envie…) par une critique cette fois-ci donc, eh bien j’ai été très agréablement surprise par ce film dont je n’attendais rien d’autre que matière à satisfaire mon insatiable soif d’écriture. J’aurais d’ailleurs dû me souvenir de « L’heure zéro » du même Pascal Thomas, un film vu à Dinard lors du Festival du Film Britannique et dont l’intrigue se déroulait d’ailleurs dans la cité balnéaire bretonne en question. Auparavant, Pascal Thomas avait déjà signé « Mon petit doigt m’a dit » qui mettait déjà en scène Prudence et Bélisaire Beresford sous les traits de Catherine Frot et André Dussolier, un succès autant dans les salles (1 200 000 spectateurs) que dans les critiques qu’il pourrait bien renouveler cette fois-ci.

     Prudence et Bélisaire Beresford (colonel des services secrets à la retraite) se reposent désormais dans leur château qui domine le lac du Bourget. Prudence qui trouve qu’elle dégage une odeur de vieux ne déteste rien tant que se reposer. Elle rêve qu’un mort titubant frappe à la porte et vienne les sortir de leur léthargie, les plongeant dans une affaire palpitante et mystérieuse. Cela tombe bien : sa pittoresque tante belge Babette (Annie Cordy)  a assisté à un crime de la fenêtre du train. Bien que Bélisaire soit incrédule, Prudence (la mal nommée) part à la recherche du cadavre et se fait employer comme cuisinière dans une inquiétante demeure (dont les habitants le sont au moins autant) où elle est persuadée qu’elle trouvera des indices. Entre un vieillard irascible, le père de famille (Claude Rich), et ses quatre enfants qui attendent l’héritage (interprétés par Chiara Mastroianni- ici, mélancolique à souhait, et qu’on ne voit d’ailleurs pas suffisamment au cinéma-, Melvil Poupaud, Christian Vadim, Alexandre Lafaurie) elle n’est pas au bout de ses surprises. Et nous non plus…

     Les surprises ne résident d’ailleurs pas là où on pourrait les attendre dans une adaptation d’Agatha Christie, à savoir dans la résolution de l’intrigue, finalement ici secondaire, les suspects n’étant  pas bien nombreux et le coupable facilement identifiable… mais que cela ne vous surtout arrête pas ! Si vous aimez Agatha Christie, vous retrouverez le second degré, l’ironie, le ton même parfois irrévérencieux de l’auteur que Pascal Thomas a librement et intelligemment adaptée.

     Je pourrais reprendre ma critique de « L’heure zéro » et l’adapter à ce film qui présente les mêmes ingrédients avec tout de même des qualités supplémentaires et avant tout le couple savoureux formé par André Dussolier et Catherine Frot, « Hercule Poirot en deux personnes » pour reprendre l’expression utilisée par Pascal Thomas...avec les fameuses petites cellules grises qui vont avec. Le film s’inspire ainsi du recueil « Partners in crime » dans lequel Tommy et Tuppence Beresford mènent l’enquête et l’intrigue est similaire à celle du « Train de 16H50 » (dans lequel l’enquête est néanmoins menée par Miss Marple).

     Ce qui fait d’abord le charme convaincant de ce film, c’est le talent de Catherine Frot (j’ai beau avoir vu et revu « Un air de famille » un nombre incalculable de fois, je l’y trouve toujours aussi remarquable et hilarante), dont le personnage prend un malin plaisir à mener son enquête, et que l’actrice semble prendre aussi un plaisir à interpréter, et nous à la suivre dans ses rocambolesques péripéties. Elle est rayonnante, virevoltante, malicieuse et elle forme avec André Dussolier un couple impertinent et libre comme on aimerait en voir plus souvent au cinéma. Leur élégance imprègne tout le film : des décors aux dialogues, savoureux. Ni leurs personnages ni ceux qui les interprètent ne redoutent l’autodérision comme quand André Dussolier se prend, malgré lui, pour Marilyn Monroe dans « Sept ans de réflexion ». Leur couple a un côté touchant qui, si le scénario avait quelques faiblesses, nous les ferait oublier tant nous les suivons avec plaisir et intérêt, voire jubilation, d’autant plus que les membres de la famille où s’est fait employer Prudence se détestent tous cordialement, mettant ainsi en valeur leur complicité.

     Comme dans ses précédents films adaptés d’Agatha Christie, Pascal Thomas brouille astucieusement les repères entre les temporalités. Si l’intrigue se déroule de nos jours, ses personnages ont un caractère intemporel, ses décors et ses costumes un air joliment désuet qui nous embarquent dans son univers distrayant, et pas seulement.

     Si vous voulez passer une heure trente (un peu plus même) réjouissante en joyeuse compagnie, alors ce crime-là sera aussi votre affaire, préférez-le au « Grand Alibi » de Pascal Bonitzer -voir ma critique ici: http://www.inthemoodforcinema.com/archive/2008/04/16/avan... - (autre adaptation récente d’Agatha Christie) qui n’en avait ni la saveur, ni l’originalité. Un film à l’image de son affiche : (re)bondissant, coloré, décalé, joyeux.

     Sandra.M