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Sean Penn - Page 2

  • Les « In the mood for cinema awards” de l’année 2008 (épisode 1)

    inthemood.jpgJe vous propose aujourd'hui ma sélection de films, scénarii et acteurs favoris de cette année 2008, sachant que tous les films situés dans la colonne de gauche de ce blog intitulée « Les films de l’année 2008 à ne pas manquer » vous sont tous recommandés par In the mood for cinema (mais plus particulièrement encore ceux cités ci-dessous) et que vous pouvez en lire les critiques en cliquant sur le titre du film sous le nom de l’affiche.

    Je regrette d’avoir manqué quelques incontournables de cette année : Wall-E, Gomorra, Séraphine, Le chant des mariées, Les plages d’Agnès. J’essaierai d’y remédier dès que possible.

     Je vous rappelle que vous pouvez également lire mon bilan complet de l’année cinéma 2008, en cliquant ici. Je dresserai un bilan plus émotionnel de cette année, le 31 décembre.

    Je revendique l’entière subjectivité des choix ci-dessous, bien souvent liés à un moment particulier de mes pérégrinations festivalières…  Comme il m’était impossible d’en choisir un seul par catégorie, j’en ai choisi six ou sept.

     Acteurs de l’année

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    Joaquin Phoenix dans « Two lovers »

    Vincent Lindon dans “Pour elle”

    Michael Fassbender dans « Hunger »

    François Bégaudeau dans « Entre les murs »

    Nicolas Duvauchelle dans « Secret Défense »

    Richard Jenkins dans « The visitor »

    Ed Harris et Viggo Mortensen dans « Appaloosa » 

    Actrices de l’année

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    Kristin Scott Thomas dans « Il y a longtemps que je t’aime »

    Arta Dobroshi dans « Le silence de Lorna »

    Catherine Frot dans « Le crime est notre affaire »

    Juliette Binoche dans « Coup de foudre à Rhode Island »

    Meryl Streep dans « Mamma mia ! »

    Catherine Deneuve dans « Je veux voir » 

    Films de l’année

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    « Je veux voir » de Khalil Joreige et Joana Hadjithomas

    « Two lovers » de James Gray

    “Valse avec Bachir” d’Ari Folman

    « Into the wild » de Sean Penn

    « Le silence de Lorna » de Jean-Pierre et Luc Dardenne

    « It’s a free world » de Ken Loach 

    Réalisateurs de l’année

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    Woody Allen pour « Vicky Christina Barcelona »

    Ken Loach pour « It’s a free world »

    Philippe Garrel pour “La frontière de l’aube”

    Agnès Jaoui pour « Parlez-moi de la pluie »

    Sean Penn pour « Into the wild »

    James Gray pour “Two lovers”  

    Scénarii de l’année

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    « Vicky Christina Barcelona » de Woody Allen ( scénario de Woody Allen)

    « Deux jours à tuer » de Jean Becker (scénario d’Eric Assous et Jérôme Beaujour)

    « Le silence de Lorna » de Luc et Jean-Pierre Dardenne (scénario de Luc et Jean-Pierre Dardenne)

    « Le premier jour du reste de ta vie » de Rémi Bezançon (scénario de Rémi Bezançon)

    « Secret Défense » de Philippe Haïm ( scénario de Philippe Haïm, Julien Sibony et Nathalie Carter)

    « Une histoire italienne » de Marco Tullio Giordana (scénario de Leone Colonna, Marco Tullio Giordana, Enzo Ungari)

    « Les trois singes » de Nuri Bilge Ceylan (scénario d’Ebru Ceylan, Ercan Kessal, Nuri Bilge Ceylan)

    Meilleurs premiers films de l’année

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    « Une histoire de famille » d’Helen Hunt

    « Hunger » de Steve McQueen

    « Il y a longtemps que je t’aime » de Philippe Claudel

    “I feel good” de Stephen Walker

    « American son » de Neil Abramson (Film en compétition du 34ème Festival du Cinéma Américain de Deauville, pas encore de date de sortie prévue en France)

    « Pour elle » de Fred Cavayé

     Vos avis, commentaires, contestations et vos propres classements sont les bienvenus, à la suite de cette note.

    Je vous rappelle que vous pouvez trouver toutes les critiques des films précités sur « In the mood for cinema » soit dans la catégorie « Critiques des films à l’affiche en 2008 » soit en cliquant sur le titre du film sous l’affiche  du film concerné dans la colonne « Les films de l’année 2008 à ne pas manquer » (colonne de gauche du blog).

    Et évidemment…joyeux noël à tous!

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  • « Valse avec Bashir » -Ari Folman : un documentaire d’animation d’une effroyable beauté

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    Alors qu’il y a quelques jours encore j’évoquais mon peu  d’appétence pour le cinéma d’animation, c’est en toute logique  que je vais vous faire part aujourd’hui de mon enthousiasme et de mon émotion pour…un film d’animation. Un film d’animation d’un genre très particulier néanmoins. En compétition lors du dernier festival de Cannes où il a fait figure de favori, il est reparti sans un prix mais avec un écho médiatique retentissant. C’est donc avec impatience que j’attendais sa sortie en salles l’ayant manqué à Cannes.

    18939633.jpgCela commence par la course d’une meute de chiens face caméra. L’image nous heurte de plein fouet : féroce, effrayante, belle et terrifiante. Une meute de chiens par laquelle, dans ses cauchemars, un ami d’Ari est poursuivi. 26 chiens exactement. Le nombre de chiens qu’il a tués durant la guerre du Liban, au début des années 1980, ce poste lui ayant été attribué parce qu’il était incapable de tuer des humains. Il raconte ce cauchemar récurrent à Ari mais ce dernier avoue n’avoir aucun souvenir de cette période, ne faire aucun cauchemar. Le lendemain, pour la première fois, 20 ans après,  un souvenir de cette période niée par sa mémoire surgit dans la conscience (ou l’inconscient) d’Ari : lui-même alors jeune soldat se baignant devant Beyrouth avec deux autres jeunes soldats sous un ciel lunaire en feu d’une beauté terrifiante. Il lui devient alors vital de connaître ce passé enfoui, ces pages d’Histoire et de son histoire englouties par sa mémoire. A cette fin,  il va aller à la rencontre de ses anciens compagnons d’armes, neuf personnes interrogées au total (dont deux ont refusé d’apparaître à l’écran sous leur véritable identité.) A l’issue de ces témoignages il va reconstituer le fil de son histoire et de l’Histoire et l’effroyable réalité que sa mémoire a préféré gommer…

    Un film d’animation d’un genre très particulier donc. D’abord parce qu’il est autobiographique : cette histoire, le troisième long-métrage du réalisateur (après « Sainte Clara » en 1996 et « Made in Israël » en 2001) est en effet celle du réalisateur israélien Ari Folman pour qui ce film a tenu lieu de thérapie. Ensuite parce que ce sont de vrais témoignages, poignants, et les voix de ces témoins donnent un aspect très documentaire à ce film hybride et atypique : d’abord tourné en vidéo, monté comme un film de 90 minutes, puis un story board en 2300 dessins ensuite animés, c’est un mélange d’animation Flash, d’animation classique et de 3D.  Ce mode filmique si particulier n’est nullement un gadget mais un parti pris artistique au service du propos auquel il apporte sa force et sa portée universelle. Un documentaire d’animation sur la guerre du Liban : oui, il fallait oser. Ari Folman s’affranchit des règles qui séparent  habituellement documentaire et fiction et dans ce sens, et aussi parce que ce film se déroule également au Liban, néanmoins à une autre époque, il m’a fait penser à l’un de mes coups de cœur du Festival de Cannes 2008 : « Je veux voir » de Joana Hadjithomas et Khalil Joreige  que je vous recommande d’ores et déjà, sans la moindre réserve. ("Je veux voir" sera projeté au festival Paris Cinéma, le 8 juillet, voir ici)

    Dès ces premiers plans de chiens en furie, nous sommes donc happés, happés par la violence sublime des images, ces couleurs noirs et ocre diaboliquement envoûtantes, oniriques et cauchemardesques,  happés par une bande originale d’une force saisissante (signée Max Richter), happés par l’envie et la crainte de savoir, de comprendre, nous aussi, en empathie avec la quête identitaire d’Ari. C’est d’abord la beauté formelle et la poésie cruelle qui en émane qui accroche notre regard, notre attention. Cette beauté ensorcelante rend supportable l’insupportable, rend visible l’insoutenable, créant à la fois une distance salutaire avec la violence de ces témoignages et événements réels mais nous aidant aussi à nous immerger dans cette histoire. Si la violence est atténuée, l’émotion ne l’est pas. Ari Folman n’a pas non plus voulu rendre la guerre lyrique mais son lyrisme visuel exacerbe encore l’absurdité de cette guerre, de ces hommes égarés que la peur fait tirer, sans savoir sur qui, et sans savoir vraiment pourquoi.

    Peu à peu, au fil des témoignages, les pièces du puzzle de la mémoire disloquée d’Ari vont s’assembler jusqu’à l’atrocité ultime, celle qui a sans doute provoqué ce trou noir, celle volonté inconsciente d’oublier, de faire taire ses souvenirs de ces jours de 1982 : le massacre de Palestiniens par les Phalangistes chrétiens, les alliés d’Israël, suite à l’assassinat du président de la République libanaise Bashir Gemayel, dans les camps de Sabra et Shatila, deux camps de Beyrouth-ouest, dont il a été le témoin impuissant (il ne nie pas pour autant la responsabilité d’Israël, du moins son inaction coupable). Au dénouement de ce poème tragique, Ari Folman a alors choisi de substituer des images réelles aux images d’animation pour rappeler, sans doute, la réalité de la guerre, sa violence, son universelle absurdité, sa brutalité. Des images d’une violence nécessaire. Qui nous glacent le sang après tant de beauté d’une noirceur néanmoins sublime.

    18939624_w434_h_q80.jpg Plus qu’un film d’animation c’est à la fois un documentaire et une fiction sur la mémoire et ses méandres psychanalytiques et labyrinthiques, sur l’ironie tragique et les échos cyniques de l’Histoire, l’amnésie tragique de l’Histoire-collective- et de l’histoire-individuelle- (si Ari a effacé cette période de sa mémoire c’est aussi parce qu’elle est un écho pétrifiant à l’histoire tragique de sa famille, victime des camps nazis, ceux  d’une autre époque, un autre lieu mais avec la même violence et horreur absurdes, presque les mêmes images des décennies après, et horreur ultime : les protagonistes ayant  changé de rôle), sur l’absurdité de la guerre que ce film dénonce avec plus d’efficacité que n’importe quel discours. La poésie au lieu de nier ou d’édulcorer complètement la violence en augmente encore l’atrocité : comme ce chant d’une ironie dévastatrice sur le Liban pendant qu’un char écrase des maisons, des voitures, lentement, presque innocemment. Comme cette couleur rouge qui se mue d’un objet anodin en sang qui coule. Ou comme cette valse avec Bashir, celle d’un tireur qui danse avec les balles qu’il tire devant le portrait de Bashir Gemayel sur fond de Chopin, qui joue avec le feu, qui danse avec la mort  dans une valse d’une sensualité violente: cette scène résume toute la beauté effroyable de ce film magnifique. Tragique et magnifique. Cette valse est aussi à l’image de la forme de ce film : entraînante, captivante comme si une caméra dansante nous immergeait dans les méandres virevoltants de la mémoire d’Ari.

    Une œuvre atypique qui allie intelligemment forme et force du propos, où la forme, sublime, est au service du fond, brutal. Une valse étourdissante d’un esthétisme d’une effroyable beauté. Une valse fascinante, inventive. Entrez dans la danse, sans attendre une seconde. Elle vous entraînera dans cette histoire, dans l’Histoire, avec une force renversante, saisissante, poignante.

    Alors, oui sans doute le grand oublié du palmarès de ce 61ème Festival de Cannes (qui me satisfait néanmoins pleinement), tout simplement peut-être parce que cette œuvre tellement atypique qui invente même un nouveau genre cinématographique (dont elle sera d’ailleurs certainement le prototype et l’unique exemplaire tant une copie lui ferait certainement perdre sa force) ne correspondait à aucune des catégories du palmarès  à moins que le jury n’ait pas osé, n’ait pas eu la même audace que celle dont Ari Folman a fait preuve dans son film, une œuvre qui répondait d’ailleurs aux exigences du président Sean Penn  témoignant de la conscience du monde dans lequel son réalisateur vit, un monde si souvent absurde et amnésique, enfouissant son Histoire dans les tréfonds de sa mémoire tragiquement et criminellement sélective.

    Lien: site officiel du film

    Sandra.M

  • Tous les articles "in the mood for Cannes 2008"

    Retrouvez ci-dessous, avant le retour de l'actualité sur "In the mood for cinema", tous mes articles en direct du Festival de Cannes 2008 publiés sur mon autre blog "In the mood for Cannes"  .

     Cliquez ci-dessous sur l'un ou plusieurs des 18 titres des articles selon celui ou ceux  qui vous intéressent  pour pouvoir y accéder et les lire:

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    1.Cérémonie et film d'ouverture du 61ème Festival de Cannes en direct: du rêve à la réalité (15.05.2008)

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    2."In the mood for Cannes" sur LeMonde.fr (15.05.2008)

    3."In the mood for Cannes" élu blog du jour par L'Oréal (15.05.2008)

    4.Ouverture d'Un Certain Regard: "Hunger" de Steve Mc Queen (16.05.2008)

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    5.Séance du Président : "The Third wave" de Alyson Thompson en présence de Sean Penn (17.05.2008)

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    6."Je veux voir" de Joana Hadjithomas et Khalil Joreige avec Catherine Deneuve: Un certain regard (18.05.2008)

    7."Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal" de Steven Spielberg en avant-première mondiale: jubilatoire! (19.05.2008)

    8.Hommage du Festival de Cannes 2008 à Manuel de Oliveira: Clint, Sean, Michel et les autres (20.05.2008)

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    9.Sélection officielle (compétition): "Two lovers" de James Gray et "Le silence de Lorna" de Jean-Luc et Pierre Dardenne, vertiges de l'amour (21.05.2008)

    10.Instantané du jour à 20 millions: "Les Ch'tis", même à Cannes, impossible de leur échapper (21.05.2008)

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    11."L'échange" de Clint Eastwood: politique et manichéen (22.05.2008)

    12.La leçon de cinéma de Quentin Tarantino au 61ème Festival de Cannes (23.05.2008)

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    13."La frontière de l'aube" de Philippe Garrel: conte poétique et désenchanté (24.05.2008)

    14.La montée des marches comme si vous y étiez (25.05.2008)

    15."Entre les murs" de Laurent Cantet: fenêtre ouverte sur le monde (25.05.2008)

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    16.Bilan provisoire de cette édition 2008: en attendant le palmarès... (25.05.2008)

    17.Le palmarès complet et détaillé du 61ème Festival de Cannes: une palme d'or française 21 ans après Pialat (26.05.2008)

    18.Mon Festival de Cannes 2008: le miroir d'un monde aveugle et suffocant et la passion de rêver, invincible malgré tout... (28.05.2008)

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  • Pour tout savoir sur le Festival de Cannes 2008 de l'ouverture à la clôture...

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     En attendant le retour de l'actualité sur "In the mood for cinema", rendez-vous sur mon autre blog "In the mood for Cannes" (http://inthemoodforcannes.hautetfort.com ) écrit quotidiennement en direct du 61ème Festival de Cannes sur lequel vous pourrez notamment trouver:

     les critiques de nombreux films de la sélection officielle, le récit de la projection et la critique de la palme d'or, le palmarès, des photos et vidéos inédites et de nombreux autres articles, bref n'attendez plus:

    Rendez-vous sur "In the mood for Cannes"!

    Je précise que de nouveaux articles seront également bientôt mis en ligne sur "In the mood for Cannes" et notamment un nouveau bilan plus personnel du festival avec le recul et la distance nécessaires après ces 12 jours hors du temps et de la réalité...

    Sandra.M

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  • Editorial, Festival de Cannes 2008: suivez le 61ème Festival de Cannes en direct sur "In the mood for Cannes"!

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    104832473.jpg J’ai déjà souvent évoqué ici ma vision du Festival de Cannes (là notamment : cliquez ici pour lire l’éditorial 2007 et les origines du blog "In the mood for Cannes")  , pourtant après 8 ans à le parcourir et en scruter les étrangetés, ce Festival reste pour moi une inépuisable source de curiosité, de curiosités surtout.

    Les critiques de films seront sans doute moins exhaustives que celles que j’écris habituellement sur « In the mood for cinema » car j’ai d’abord envie de profiter de la réalité avant d’en donner une version virtuelle et parce qu’à Cannes le temps est une denrée rare. Je vous livrerai néanmoins bien entendu mes impressions en direct du festival, quotidiennes dans la mesure du possible,  au gré de mes émotions, vous parlerai de mes coups de cœur et découvertes cinématographiques, j’essaierai de vous plonger dans la frénésie mélancolique cannoise, dans son tourbillon éblouissant et terrifiant, je tenterai de vous dépeindre cet animal sauvage palmé, mystérieux et indomptable qui en a perdu certains et tant à force de les éblouir, les fasciner, les aliéner. Je ne suis pas dupe de ce jeu dangereux-là, là où plus qu’ailleurs, les personnalités peuvent prendre des reflets changeants, finalement éclairants, révélant le portrait de Dorian Gray en chacun.

    1620788322.jpgNe vous méprenez pas: malgré la noirceur, ou plutôt la lucidité du tableau, j’y vais avec un enthousiasme inégalé, une curiosité insatiable pour le cinéma et la vie qui s’y entremêlent, s’y défient et entrechoquent, étrangement et parfois même sublimement, l’espace d’un inestimable instant,  lequel instant sublime, à lui seul, éclipse alors le souvenir amer de la foire aux vanités que Cannes est aussi. C’est en effet parfois le culte du dérisoire qui y devient essentiel mais qui, à y regarder de plus près, le révèle aussi, si bien ou si mal, cet essentiel.

    Et puis évidemment on aurait presque tendance à l’oublier: il y a aussi le cinéma presque dissimulé derrière tous ceux qui font le leur, le cinéma si multiple, si surprenant, si audacieux, si magique encore et plus que jamais, à Cannes, plus qu’ailleurs. D’ailleurs, à Cannes, tout est plus qu’ailleurs. Les émotions. Le soleil. Les solitudes qui se grisent et s’égarent et se noient dans la multitude. Les soirées sans fin, sans faim à force d’être enchaînées pour certains.

    Je sais pourtant déjà que quand le train va s’élancer vers le Sud, après cette fébrilité qui régnera à la gare de Lyon déjà lui procurant des airs de festival, quand les Baux de Provence apparaîtront au loin, si et trop vite, un des derniers sursauts de normalité 1666286586.JPGet de beauté naturelle avant la folie et les artifices cannois, j’éprouverai cette même envie irrépressible de m’y retrouver que la première fois où je regardais ce festival comme une mythologie inaccessible, réminiscence jubilatoire de mes souvenirs d’enfance, de l’image d’Epinal d’un festival idéalisé à travers le petit écran qui me renvoyait le cliché insaisissable et majestueux d’un cénacle impénétrable (aussi loin que je me souvienne j’ai toujours regardé les cérémonies d’ouverture et de clôture et j'ai toujours regardé avec intérêt la sélection cannoise), idéalisé comme un diamant pur et étincelant (j’ignorais alors que le diamant, en plus de briller, fasciner, peut dangereusement éblouir et surtout couper, blesser) j’éprouverai cette même tentation inassouvissable de suspendre le vol du temps, de retarder l’arrivée à Cannes, pour prolonger les rêveries insensées (forcément moins que la réalité) et la délectable construction imaginaire de ce que pourra être ce festival ...

    58161039.jpg Et puis, à peine arrivée, savoureusement éblouie et réjouie par les premiers rayons du soleil tant attendus qui caresseront mon regard assoiffé de lumière et de celles du cinéma,  j’irai me perdre dans la foule si pressée et atypique du festival qui mieux que nulle autre sait être passionnément exaltée et aussi impitoyable avec la même incoercible exaltation, chercher mon badge, précieux sésame tant honni pour leur être inaccessible pour certains (heureux ignorants de l'insondable hiérarchie festivalière), fièrement exhibé par ses 28600 possesseurs (25000 professionnels, 3600 journalistes) et puis ce seront les retrouvailles avec ceux que j’ai le plaisir d’y croiser chaque année, et puis l’ouragan cannois va m’emporter dans son ivresse cinéphilique et festive, probablement me faire oublier que cela ne durera pas toujours, que la vie ne peut pas toujours ressembler à un tel cinéma , que cette extravagance n’est qu’à Cannes une quotidienneté, que la vraie vie peut aussi être ailleurs, que Cannes n’est pas le centre du monde et le monde à lui tout seul, juste le monde cinématographique, et encore 12 jours seulement, avec ses excès, ses instants magiques, ses instants réellement irréels, où un peu comme Anconina dans « Itinéraire d’un enfant gâté » on ne cesse d’être surpris, de s'acharner à ne pas le paraître,  même si d'autres sont vraiment blasés, tristement: valse troublante des apparences que Cannes exhale et exhibe, adore et abhorre. Cannes décidément si versatile et éclectique. Itinéraire d’enfants gâtés donc. Oui, à Cannes, nous sommes tous des enfants gâtés, capricieux qui oublions le lendemain, qui oublions que tout doit finir un jour, que la vie ne peut être une fête et un spectacle et une histoire et une nuit sans fin. Même les films de Fellini ou Kusturica seraient (presque) des symboles de sobriété à côté de l’irréalité cannoise : inénarrable aventure, cinématographique. Emotionnelle, surtout.

    555168588.jpg J’ai bien entendu d’ores et déjà envie de voir « Changeling »-L’échange - de Clint Eastwood, « Vicky Cristina Barcelona » de Woody Allen (que serait un festival sans un film de Woody Allen dont le dernier film "Le rêve de Cassandre" était d’ailleurs encore exceptionnel !), « Ashes of time redux » de Wong Kar Wai dont chaque projection cannoise est un évènement, « Un conte de noël » de Arnaud Desplechin, « Entre les murs » de Laurent Cantet, « 24 City » de Jia Zhangke, « Che » de Steven Soderbergh, « Two lovers » de James Gray (qui peut-être cette année recevra la récompense qu’il aurait déjà méritée l’an passé pour « La nuit nous appartient »), la leçon de cinéma de Tarantino, « Tokyo » à Un Certain Regard, « Les Bureaux de Dieu » de Claire Simon à la Quinzaine des Réalisateurs (avec le souvenir incandescent de son magnifique « Ca brûle » déjà présenté à la Quinzaine il y a deux ans), les courts-métrages de la Cinéfondation..., d’être surprise, émue, bouleversée, interpellée ou même heurtée par les films de cinéastes dont je n’attends ni ne connais rien, de voir la mer aussi parce qu’à Cannes on aurait tendance à oublier qu’elle est là, émergeant péniblement entre les affiches de films et les yachts qui l’obscurcissent à perte de vue.

    846579135.jpgJ’essaierai aussi évidemment de voir un maximum de films de la compétition officielle pour vous en dresser un tableau d’ensemble mais n’oubliez pas que Cannes est lui-même un excellent film qui fait son propre cinéma où rien ne se passe jamais comme prévu. Par ailleurs, il n’est pas exclu que le wifi très sollicité ne fonctionne pas dès le premier soir mais, soyez-en certains, même avec un peu de retard, je n’oublierai pas de vous immerger « in the mood for Cannes ».

    Alors... prêts à plongez « in the mood for Cannes » et vivre ce 61ème Festival de Cannes comme si vous y étiez ? Alors cliquez ci-dessous!

                        LE 61ème  FESTIVAL DE CANNES  EN DIRECT SUR IN THE MOOD FOR CANNES DU 14 AU 25 MAI 2008

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    1704328006.JPGToutes les notes concernant le Festival de Cannes 2008 seront publiées sur mon blog consacré à ce festival intitulé  « In the mood for Cannes », et vous pouvez par ailleurs d’ores et déjà y trouver la programmation intégrale du festival, de nombreuses informations pratiques, de nombreux articles…

    Vous pouvez aussi retrouver mes récits des Festivals de Cannes 2005, 2006, 2007 (une partie du blog « In the mood for Cannes » est consacrée aux 60 ans du Festival avec de nombreuses critiques, des vidéos, des photos…) en cliquant sur l’année qui vous intéresse.

    Festivalièrement vôtre.  A très bientôt en direct de la Croisette, in the mood for Cannes donc!

    Sandra.M

  • Programmation et jurys du 61ème Festival de Cannes

    Les organisateurs du Festival de Cannes viennent de dévoiler le programme et les jurys de cette 61ème édition. Une programmation particulièrement éclectique et alléchante. Pour tout savoir sur les compositions des jurys, les programmes, les films français en compétition, les chiffres du Festival  de Cannes 2008-préselection et sélection-, la sélection officielle en compétition et hors compétition, Un Certain Regard, les courts-métrages en compétition, la Cinéfondation... rendez-vous dès maintenant sur mon autre blog:

     "IN THE MOOD FOR CANNES" ( http://inthemoodforcannes.hautetfort.com ) !

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  • "Into the wild" de Sean Penn: une quête de vérité bouleversante

    f974babb100e87a39f2094f4bfe3ede1.jpgQuel voyage saisissant ! Quelle expérience envoûtante ! A la fois éprouvante et sublime. Je devrais commencer par le début avant d’en venir à mes impressions mais elles étaient tellement fortes que parmi toutes ces sensations puissantes et désordonnées suscitées par ce film, c’était ce qui prévalait, cette impression pas seulement d’avoir vu un film mais d’avoir effectué un voyage, un voyage en moi-même, et d’avoir vécu une véritable expérience sensorielle. Depuis que j’ai vu ce film, hier, il me semble penser à l’envers, du moins autrement, revenir moi aussi (plutôt, moi seulement, certains n’en reviennent pas) d’un voyage initiatique bouleversant.

    Mais revenons au début, au jeune Christopher McCandless, 22 ans, qui reçoit son diplôme et avec lui le passeport pour Harvard, pour une vie tracée, matérialiste, étouffante. Il décide alors de tout quitter : sa famille, sans lui laisser un seul mot d'explication, son argent, qu’il brûle, sa voiture, pour parcourir et ressentir la nature à pied, et même son nom pour se créer une autre identité. Et surtout sa vie d’avant. Une autre vie. Il va traverser les Etats-Unis, parcourir les champs de blé du Dakota, braver les flots agités du Colorado, croiser les communautés hippies de Californie, affronter le tumulte de sa conscience pour atteindre son but ultime : l’Alaska, se retrouver « into the wild » au milieu de ses vastes étendues grisantes, seul, en communion avec la nature.

    Dès les premières secondes la forme, qui attire d’abord notre attention, épouse intelligemment le fond. Des phrases défilent sur l’écran sur des paysages vertigineux, parce que ce sont les deux choses qui guident Christopher : l’envie de contempler la nature, de se retrouver, en harmonie avec elle et la littérature qui a d’ailleurs en partie suscité cette envie, cette vision du monde. Jack London. Léon Tolstoï.  Et en entendant ces noms, je commence à me retrouver en territoires connues, déjà troublée par ce héros si différent et si semblable. Influencé par Henry David Thoreau aussi, connu pour ses réflexions sur une vie loin de la technologie…et pour la désobéissance civile.

    Puis avec une habileté déconcertante et fascinante Sean Penn mélange les temporalités ( instants de son enfance, sa vie en Alaska, seul dans un bus au milieu de paysages sidérants de beauté) et les rencontres marquantes de son périple, les points de vue (le sien, celui de sa sœur), les fonctions de la voix off (lecture, citations, impressions)brouillant nos repères pour en créer d’autres, trouver les siens, transgressant les codes habituels de la narration filmique, s’adressant même parfois à la caméra, à nous, nous prenant à témoin, nous interpellant, nous mettant face à notre propre quête. De bonheur. De liberté. Et surtout : de vérité.

    Au travers de ces différentes étapes,  nous le découvrons, ainsi que ce qui l’a conduit à effectuer ce périple au bout de lui-même en même temps que lui chemine vers la réconciliation avec lui-même, avec son passé, avec son avenir. En phase avec l’instant, l’essentiel, le nécessaire. Un instant éphémère et éternel. Carpe diem. Au péril de sa vie, au péril de ceux qui l’aiment. Mais c’est sa vérité. Paradoxale : égoïste et humaniste. 

     Comme son protagoniste, la réalisation de Sean Penn est constamment au bord du précipice, à se faire peur, à nous faire peur mais jamais il ne tombe dans les écueils qu’il effleure parfois : celui d’un idéalisme aveugle et d’un manichéisme opposant la nature innocente et noble à la société pervertie. Non : la nature est parfois violente, meurtrière aussi, et sa liberté peut devenir étouffante, sa beauté peut devenir périlleuse. Et la mort d’un élan la plus grande tragédie d’une vie. De sa vie. La fin d’un élan, de liberté.

    « Into the wild » fait partie de ces rares films qui vous décontenancent et vous déconcertent d’abord,  puis vous intriguent et vous ensorcellent ensuite progressivement, pour vous emmener vous aussi bien au-delà de l’écran, dans des contrées inconnues, des territoires inexplorées ou volontairement occultées, même en vous-même. Avec le protagoniste, nous éprouvons cette sensation de liberté absolue, enivrante. Ce désir de simplicité et d’essentiel, cette quête d’un idéal. D’un chemin particulier et singulier ( C’est une histoire vraie, Christopher McCandless a réellement existé, son histoire a inspiré « Voyage au bout de la solitude » du journaliste américain Jon Krakauer) Sean Penn écrit une histoire aux échos universels . Un chemin au bout de la passion, au bout de soi, pour se (re)trouver. Pour effacer les blessures de l’enfance. Et pour en retrouver la naïveté et l’innocence.

    2H27 pour vivre une renaissance. Enfance. Adolescence. Famille. Sagesse. Au fil de ses rencontres, magiques, vraies, il se reconstitue une famille. Chaque rencontre incarne un membre de sa famille, l’autre, celle du cœur : sa mère, son père, sa sœur.  Sur chaque personnage Sean Penn porte un regard empli d’empathie, jamais condescendant  à l’image de cette nature. A fleur de peau. Sauvage. Blessée. Ecorchée vive.

    La photographie du célèbre et talentueux Eric Gautier révèle la beauté et la somptuosité mélancolique de la nature comme elle révèle Christopher à lui-même, confrontant l’intime au grandiose. La bande originale poignante  composée par Eddie Vedder du groupe « Pearl Jam » contribue à cette atmosphère sauvage et envoûtante, il a d’ailleurs obtenu le Golden Globe 2008 de la meilleure chanson. Et puis évidemment Emile Hirsch d’une ressemblance troublante avec Leonardo Di Caprio (Sean Penn avait d’ailleurs pensé à lui pour le rôle), par son jeu précis et réaliste, par sa capacité à incarner ce personnage à tel point qu’il semble vraiment exister, vibrer, vivre, mourir et renaître, sous nos yeux, est indissociable de la réussite de ce film.

    Avec ce quatrième long-métrage (après « The Indian Runner », « Crossing guard », « The pledge ») Sean Penn signe (il a aussi écrit le scénario) un film magistralement écrit, mis en scène (avec beaucoup de sensibilité, d’originalité et de sens) et mis en lumière, magistralement interprété, un road movie animé d’un souffle lyrique, un road movie tragique et lumineux, atypique et universel. 

     Vous ne ressortirez ni  indifférents, ni indemnes. Ce film va à l’essentiel, il vous bouscule et vous ensorcelle, il vous embarque bien au-delà de l’écran, dans sa quête d’absolu, de liberté, de bonheur. Un voyage aux confins du monde,  de la nature, un voyage aux confins  de l'être, de vous-même… Un film d’auteur. Un très grand film. D'un très grand auteur. Qui se termine sur des battements de cœur. Celui du héros qui renait. Au cœur de la vérité.

    Voilà qui est de très bon augure pour ce 61ème Festival de Cannes dont Sean Penn présidera le jury. De belles surprises en perspective…

    Sandra.M