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  • Critique - LES PROIES de Sofia Coppola (Compétition officielle du Festival de Cannes 2017)

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    Cet article est extrait de mon compte rendu du Festival de Cannes 2017 à retrouver ici.

    Les Proies est l'adaptation du roman éponyme de Thomas Cullinan. Don Siegel l’avait déjà adapté en 1971 avec Clint Eastwood dans le rôle masculin principal.

    En pleine guerre de Sécession, dans le Sud profond, les pensionnaires d'un internat de jeunes filles recueillent un soldat blessé du camp adverse (Colin Farrell). Alors qu'elles lui offrent refuge et pansent ses plaies, l'atmosphère se charge de tensions sexuelles et de dangereuses rivalités éclatent. Jusqu'à ce que des événements inattendus ne fassent voler en éclats interdits et tabous. Aux côtés de la directrice (Nicole Kidman), le professeur Edwina Dabney (Kirsten Dunst) qui enseigne les bonnes manières et le Français. Et leurs élèves. 

    Nicole Kidman et Colin Farrell ont  monté deux fois les marches ensemble pour un film en compétition cette année puisque  « Mise à mort du cerf sacré » de Yorgos Lanthimos (un des films qu’il me faudra rattraper) était également présenté au Festival de Cannes 2017.

    La réalisatrice s’est focalisée sur ses personnages féminins qui, bien que victimes du réveil de leurs désirs, finissent par mener la danse.  De proies apparentes (lorsque l’élève chemine dans la forêt avant de trouver le soldat blessé, elle avance tel le petit chapon rouge vers le loup, dans une forêt étrange et menaçante), elles deviennent prédatrices. D’apparence fragiles, elles se révèlent robustes. De rivales prêtes à tout pour assouvir leurs désirs, elles se transforment en groupe solidaire pour se défendre.

    On retrouve le danger venu de l’étranger, l’extérieur, l’ailleurs (cette nature luxuriante, vénéneuse, sauvage, aux racines tentaculaires entre lesquelles la caméra serpente tissant sa toile et nous prévenant du danger qui plane) et la mélancolie qui caractérisent le cinéma de la cinéaste. La maison enchanteresse aux airs de Tara est éclairée par une lumière irréelle et vaporeuse, prémisses du virage du film (que je vous laisse découvrir et que la bande annonce dévoile malheureusement, elle dévoile d’ailleurs tout le film) après lequel elle devient une demeure inquiétante de l’autre côté de grilles hermétiquement fermées. On ne sort jamais de la demeure et de son jardin, cadenassés, sorte d’îlot faussement paradisiaque au milieu de la guerre dont le chaos nous parvient, au loin, de l’autre côté des grilles, par les sons des canons.  Directrice, professeur et élèves se parent de leurs plus beaux atours pour attirer leur proie et attiser ses sens. L’atmosphère sereine et studieuse se mue peu à peu en ambiance languissante et fiévreuse.

    Les images sont sublimes. La photographie  (de Philippe Le Sourd) est hypnotique. Avec ces scènes éclairées à la lueur des bougies. Ce soleil qui perce à travers les arbres. Et qui révèlent un autre visage. Derrières ces silhouettes virginales des silhouettes fantomatiques. Derrière la blancheur suintent les désirs si longtemps contenus.

    La mise en scène est élégante mais la sinuosité de certains mouvements de caméra nous avertit que tout cela n’est qu’apparence. Ces visages angéliques dissimulent des désirs étouffés. Derrière cette fragilité se trouvent des femmes fortes et déterminées, derrière cet univers puritain et ces visages innocents et diaphanes se niche une perversité latente.

    Dommage que le personnage masculin soit si peu existant mais c’est un parti pris compréhensible de Sofia Coppola qui, plutôt qu’un remake, signe ici une nouvelle adaptation dans laquelle les femmes d’abord victimes de leurs désirs (peu importe finalement le pantin qui les inspire), reprennent ensuite le pouvoir. Sans doute une durée plus longue aurait-elle permis de donner encore plus de place à chacun des personnages. Toutes ont ici néanmoins une identité propre, clairement dessinée.

    Nicole Kidman (qui a reçu le prix du 70ème anniversaire du festival, malheureusement en son absence),  est  ainsi impériale et inquiétante en propriétaire et directrice de pensionnat, masquant ses émotions et gardant tant bien que mal le contrôle. L’enseignante sage et docile incarnée par Kirsten Dunst voit là sa dernière chance de bonheur, d’échapper à sa condition, de quitter cette prison blanchâtre. Et Elle Fanning est totalement sous l’emprise de ses pulsions et son envie de dévorer sa proie. Les scènes d’échanges et de dîners sont savoureuses, notamment la dernière, véritable moment d’anthologie dans laquelle chacune joue sa partition avec brio. Délectable.

    Thriller sanglant. Comédie grinçante. Conte horrifique. Portaits de femmes. A prendre au premier ou au second degré. Ce nouveau film de Sofia Coppola est tout cela à la fois. Peut-être le plus adulte et émancipé de Sofia Coppola en ce qu’il montre une nouvelle fois la noirceur derrière une apparence virginale  tout en laissant de côté ses tics musicaux et stylistiques de réalisatrice à la mode. Laissez-vous captiver…

  • Critique de RODIN de Jacques Doillon

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    Cette critique est extraite de mon compte rendu du Festival de Cannes 2017 à retrouver ici.

    Projeté en séance officielle un après-midi (et non à 19h ou 22H comme la majorité des films de la compétition, même si la séance de 16h a notamment aussi eu les honneurs de la palme d’or qu’est « Entre les murs »), ce film était un de ceux du 70ème Festival de Cannes que j’attendais le plus en raison de son sujet mais aussi de son acteur principal, Vincent Lindon, prix d’interprétation à Cannes en 2015 pour « La loi du marché » de Stéphane Brizé. Quelle prestation alors ! Mélange de force et de fragilité, de certitudes et de doutes, sa façon maladroite et presque animale de marcher, la manière dont son dos même se courbe et s’impose, dont son regard évite ou affronte : tout en lui nous faisait oublier l’acteur pour nous mettre face à l’évidence de ce personnage, un homme bien, un homme qui incarne l’humanité face à la loi du marché qui infantilise, aliène, broie. Criant de vérité. Mais revenons à « Rodin ».

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    À Paris, en 1880, Auguste Rodin reçoit enfin à 40 ans sa première commande de l’Etat : ce sera La Porte de L’Enfer composée de figurines dont certaines feront sa gloire comme le Baiser et le Penseur. Il partage sa vie avec Rose, sa compagne de toujours, lorsqu’il rencontre la jeune Camille Claudel, son élève la plus douée qui devient vite son assistante, puis sa maîtresse. Dix ans de passion, mais également dix ans d’admiration commune et de complicité. Après leur rupture, Rodin poursuit son travail avec acharnement. Il fait face et au refus et à l’enthousiasme que la sensualité de sa sculpture provoque et signe avec son Balzac, rejeté de son vivant, le point de départ incontesté de la sculpture moderne. À 60 ans, enfin reconnu, il devient le sculpteur le plus célèbre avec Michel-Ange.

    Oublions le « Camille Claudel » de 1987 et le Rodin alors incarné par Depardieu. Camille en était le personnage principal. Ici, c’est Auguste qui intéresse le cinéaste. « On ne fait pas un film contre un autre film. Le film de Nuytten parle de Camille et Rodin est relégué tout au fond » a ainsi déclaré Doillon, lors de la conférence de presse du film au festival.

    2017 : 100ème anniversaire de la mort d'Auguste Rodin.  Deux producteurs de documentaires ont d’abord proposé au cinéaste de réaliser un documentaire sur Rodin. Rapidement il a imaginé des scènes de fiction…qui ont pris de plus en plus de plus de place avant que s’impose l’évidence. Celle de réaliser un long-métrage.

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    « J'ai eu le vertige en lisant ce scénario...J'ai pensé que je n'aurais jamais le physique de l'intelligence de Rodin » a déclaré Lindon en conférence de presse. Une nouvelle fois, pourtant, il impressionne. Son corps tout entier semble s’imprégner de la personnalité de celui qu’il incarne et se confondre avec celui-ci. Sa force,  sa générosité, ses outrances, son autorité. Sa concentration admirable lorsqu’il ausculte ses modèles et ses sculptures. La précision redoutable de son geste et de son regard, acérés. Une fois de plus, Lindon n’a rien laissé au hasard, prenant des cours pour ne pas être doublé et pour donner à ces gestes cette vérité, cette sincérité, cette assurance troublantes et admirables.  Izia Higelin campe une Camille Claudel à la fois ancrée dans la terre (souvent les bras croisés, fermement attachée au sol) et fantaisiste, sombrant peu à peu dans la folie (peu montrée ici, elle est plutôt terriblement vivante). "Izia joue avec une fougue, une insolence incroyablement précises. On comprend pourquoi Rodin est tombé amoureux immédiatement" a ainsi déclaré Vincent Lindon en conférence de presse.

    La vraie surprise du casting vient de la comédienne Séverine Caneele qui interprète ici Rose Beuret, la compagne de Rodin. Formée en tant qu'ouvrière dans le textile, elle avait obtenu le prix d’interprétation à Cannes pour « L’Humanité » de Bruno Dumont (rôle qu’elle avait obtenu après avoir répondu à une petite annonce). Elle est ensuite retournée travailler en usine. Avant de revenir à la comédie pour 3 films : « Une part du ciel », « Holy Lola » et « Quand la mer monte ». Cela faisait 13 ans qu’elle n’avait pas tourné et, impressionnante, elle interprète son rôle avec autant d’assurance et de justesse qu’elle a répondu aux questions en conférence de presse.

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    Avec Doillon à la manœuvre, nous nous doutions qu’il ne s’agirait pas d’un biopic classique. D’ailleurs, le film ne se déroule que sur un peu plus de dix ans et non sur toute la durée de la vie du sculpteur. La mise en scène se fait discrète pour laisser vivre ses personnages. Leur laisser toute la place. Laisser la matière prendre forme et corps. Célébrer la sensualité de l’acte de sculpter, la poésie de l’œuvre. La beauté de la création artistique. Le tout dans un atelier aux teintes grisâtres qui épousent celles de la matière. Doillon laisse le temps au geste de se former et à notre regard de quérir des informations dans l’espace de l’appréciable profondeur de champ que des plans-séquences nous laissent le temps d’appréhender, nous donnant la sensation d’être un voyeur privilégié observant l’artiste à l’œuvre, à l’affût d’un détail, comme si nous pouvions débusquer des secrets d’Histoire.

    Doillon  encense la beauté du geste de l’artiste « La beauté, on ne la trouve que dans le travail. Sans lui on est foutu. » « C’est un film sur le processus de création » a ainsi expliqué Doillon en conférence de presse. « Rodin n'est pas prévisible et les êtres qui ne sont pas prévisibles me fascinent » a également déclaré Vincent Lindon. C’est, notamment, ce qui m’a rendu ce film passionnant, son caractère imprévisible, fougueux qui nous raconte non seulement Rodin au travail mais aussi sa relation à l’art et aux femmes (qu’elles soient sa femme, ses maîtresses et ses modèles), sculptant ainsi sa personnalité par petites touches.

    Et lorsqu’il est ébloui par la sculpture de Camille (« La Valse ») et que chacun en donne son interprétation : « L’étreinte. Le Vertige. La passion », pour l’un et « L’approche, le tourment, la mort » pour l’autre toute la puissance, la poésie, la polysémie et la portée de l’art, de l’amour contrarié et passionné qu’ils se portent, est résumé dans cet échange et cette séquence magnifiques.

    « Je ne cherche pas à plaire. Moi tout ce que je veux c’est être vrai » dit Rodin dans le film. Sans doute Doillon qui a capté l’âme même de l’artiste pourrait-il faire la même déclaration à propos de ce film à l’image de son objet : rugueux et fascinant. Depuis je n’ai qu’une envie : visiter enfin le musée Rodin et en apprendre encore davantage sur le sculpteur à qui ce film passionnant donne chair et âme.

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  • Nicole Garcia, présidente du jury du Festival du Film Britannique de Dinard 2017

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    Après la belle édition 2016 du Festival du Film Britannique de Dinard (dont vous pouvez retrouver mon compte rendu, ici), l'édition 2017  (qui aura lieu du 27 septembre au 1er octobre) s'annonce plutôt bien puisque l'éminent rôle de président(e) du jury de cette 28ème édition sera dévolu à l'actrice, scénariste et cinéaste Nicole  Garcia, l'occasion pour moi de vous parler à nouveau de mon coup de cœur cinématographique pour "Mal de pierres" dont vous pouvez retrouver ma critique ci-dessous.

    Critique de MAL DE PIERRES de Nicole Garcia

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     Nicole Garcia était à nouveau en compétition au Festival de Cannes  en 2016 en tant que réalisatrice (elle a également souvent gravi les marches comme comédienne). Après avoir ainsi été en lice pour « L’Adversaire » en 2002 et pour  « Selon Charlie » en 2005, elle l'était cette fois avec un film dans lequel Marion Cotillard tient le rôle principal, elle-même pour la cinquième année consécutive en compétition à Cannes. L’une et l’autre sont reparties sans prix de la Croisette même si ce beau film enfiévré d’absolu l’aurait mérité.  « Mal de Pierres » est une adaptation du roman éponyme de l’Italienne Milena Agus publié en 2006 chez Liana Lévi. Retour sur un de mes coups de cœur du Festival de Cannes 2016…

    Marion Cotillard incarne Gabrielle, une jeune femme qui a grandi dans la petite bourgeoisie agricole de Provence. Elle ne rêve que de passion. Elle livre son fol amour à un instituteur qui la rejette. On la croit folle, son appétit de vie et d’amour dérange, a fortiori à une époque où l’on destine d’abord les femmes au mariage. « Elle est dans ses nuages » dit ainsi d’elle sa mère.  Ses parents la donnent à José parce qu’il semble à sa mère qu’il est « quelqu’un de solide » bien qu’il ne « possède rien », un homme que Gabrielle n’aime pas, qu’elle ne connaît pas, un ouvrier saisonnier espagnol chargé de faire d’elle « une femme respectable ».  Ils vont vivre au bord de mer… Presque de force, sur les conseils d’un médecin, son mari la conduit en cure thermale à la montagne pour soigner ses calculs rénaux, son mal de pierres qui l’empêche d’avoir des enfants qu’elle ne veut d’ailleurs pas, contrairement à lui. D’abord désespérée dans ce sinistre environnement, elle reprend goût à la vie en rencontrant un lieutenant blessé lors de la guerre d’Indochine, André Sauvage (Louis Garrel). Cette fois, quoiqu’il advienne, Gabrielle ne renoncera pas à son rêve d’amour fou…

    Dès le début émane de ce film une sensualité brute. La nature toute entière semble brûler de cette incandescence qui saisit et aliène Gabrielle : le vent qui s’engouffre dans ses cheveux, les champs de lavande éblouissants de couleurs, le bruit des grillons, l’eau qui caresse le bas de son corps dénudé, les violons et l’accordéon qui accompagnent les danseurs virevoltants de vie sous un soleil éclatant. La caméra de Nicole Garcia caresse les corps et la nature, terriblement vivants, exhale leur beauté brute, et annonce que le volcan va bientôt entrer en éruption.

    Je suis étonnée que ce film n’ait pas eu plus d’échos lors de sa présentation à Cannes. Marion Cotillard incarne la passion aveugle et la fièvre de l’absolu qui ne sont pas sans rappeler celles d’Adèle H, mais aussi l’animalité et la fragilité, la brutalité et la poésie, la sensualité et une obstination presque enfantine. Elle est tout cela à la fois, plus encore, et ses grands yeux bleus âpres et lumineux nous hypnotisent et conduisent à notre tour dans sa folie créatrice et passionnée. Gabrielle incarne une métaphore du cinéma, ce cinéma qui « substitue à notre regard un monde qui s’accorde à nos désirs ». Pour Gabrielle, l’amour est d’ailleurs un art, un rêve qui se construit. Ce monde c’est André Sauvage (le bien nommé), l’incarnation pour Gabrielle du rêve, du désir, de l’ailleurs, de l’évasion. Elle ne voit plus, derrière sa beauté ténébreuse, son teint blafard, ses gestes douloureux, la mort en masque sur son visage, ses sourires harassés de souffrance. Elle ne voit qu’un mystère dans lequel elle projette ses fantasmes d’un amour fou et partagé. « Elle a parfaitement saisi la dimension à la fois animale et possédée de Gabrielle, de sa folie créatrice » a ainsi déclaré Nicole Garcia lors de la conférence de presse cannoise. « Je n’ai pas pensé à filmer les décors. Ce personnage est la géographie. Je suis toujours attirée par ce que je n’ai pas exploré » a-t-elle également ajouté.

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    Face à Gabrielle, les personnages masculins n’en sont pas moins bouleversants. Le mari incarné par Alex Brendemühl représente aussi une forme d’amour fou, au-delà du désamour, de l’indifférence, un homme, lui aussi, comme André Sauvage, blessé par la guerre, lui aussi secret et qui, finalement, porte en lui tout ce que Gabrielle recherche, mais qu’elle n’a pas décidé de rêver… « Ce personnage de femme m’a beaucoup touchée. Une ardeur farouche très sauvage et aussi une sorte de mystique de l’amour, une quête d’absolu qui m’a enchantée. J’aime beaucoup les hommes du film, je les trouve courageux et pudiques» a ainsi déclaré Marion Cotillard (qui, comme toujours, a d'ailleurs admirablement parlé de son personnage, prenant le temps de trouver les mots justes et précis) lors de la conférence de presse cannoise du film (ma photo ci-dessus).  Alex Brendemühl dans le rôle du mari et Brigitte Roüan (la mère mal aimante de Gabrielle) sont aussi parfaits dans des rôles tout en retenue.

    Au scénario, on retrouve le scénariste notamment de Claude Sautet, Jacques Fieschi, qui collabore pour la huitième fois avec Nicole Garcia et dont on reconnaît aussi l’écriture ciselée et l’habileté à déshabiller les âmes et à éclairer leurs tourments, et la construction scénaristique parfaite qui sait faire aller crescendo l’émotion sans non plus jamais la forcer. La réalisatrice et son coscénariste ont ainsi accompli un remarquable travail d’adaptation, notamment en plantant l’histoire dans la France des années 50 heurtée par les désirs comme elle préférait ignorer les stigmates laissées par les guerres. Au fond, ce sont trois personnages blessés, trois fauves fascinants et égarés.

    Une nouvelle fois, Nicole Garcia se penche sur les méandres de la mémoire et la complexité de l’identité comme dans le sublime « Un balcon sur la mer ». Nicole Garcia est une des rares à savoir raconter des « histoires simples » qui révèlent subtilement la complexité des « choses de la vie ».

    Rarement un film aura aussi bien saisi la force créatrice et ardente des sentiments, les affres de l’illusion amoureuse et de la quête d’absolu. Un film qui sublime les pouvoirs magiques et terribles de l’imaginaire qui portent et dévorent, comme un hommage au cinéma. Un grand film romantique et romanesque comme il y en a désormais si peu. Dans ce rôle incandescent, Marion Cotillard, une fois de plus, est époustouflante, et la caméra délicate et sensuelle de Nicole Garcia a su mieux que nulle autre transcender la beauté âpre de cette femme libre qu’elle incarne, intensément et follement  vibrante de vie.

    La Barcarolle de juin de Tchaïkovsky et ce plan à la John Ford qui, de la grange où se cache Gabrielle, dans l’ombre, ouvre sur l’horizon, la lumière, l’imaginaire, parmi tant d’autres images, nous accompagnent  bien longtemps après le film. Un plan qui ouvre sur un horizon d’espoirs à l’image de ces derniers mots où la pierre, alors, ne symbolise plus un mal mais un avenir rayonnant, accompagné d’ un regard qui, enfin, se pose et se porte au bon endroit. Un très grand film d’amour(s). A voir absolument.

     

  • Compte rendu et palmarès du Festival du Film de Cabourg 2017 – 31èmes journées romantiques

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    Parfois il suffit d’un seul élément pour qu’un film ordinaire laisse une trace indélébile dans nos mémoires : une musique inoubliable, une photographie remarquable, un casting irréprochable, un scénario ciselé. Il en va de même des festivals, qui sont aussi souvent de véritables films au scénario desquels s’ajoute un ingrédient très lelouchien en général absent des longs-métrages de fiction et qui subliment ces journées vécues au rythme du cinéma : les hasards et coïncidences.  Aux manettes du scénario de ce Festival du Film de Cabourg 2017, un ingénieux démiurge avait tout prévu : une ville baignée de lumière et éclairée par un soleil imperturbablement étincelant de l’ouverture à la clôture, une musique et une voix à nous déchirer l’âme et nous fendre le cœur (Merci Loïc Nottet pour ce concert lors de la soirée caritative qui a enthousiasmé tous les festivaliers par sa voix déchirante et son élégante humilité à tel point que ces derniers en ont délaissé leurs portables pour juste savourer l’instant, le tout avec en toile de fond un coucher de soleil irréel), un casting parfait (un petit clin d’œil aux personnes bienveillantes avec qui ce fut un plaisir de partager ce festival) et ce qu’il fallait de hasards et coïncidences pour que le film de ce festival soit surprenant, trépidant, exaltant.

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    Ajoutez à cela la ville de Cabourg, son Grand Hôtel majestueux au luxe intemporel et sa célèbre promenade Marcel Proust, décor idéalement mélancolique pour un Festival du Film Romantique et vous obtiendrez un film duquel il était bien difficile de s’extirper même après le fameux panneau « The end ». Encore nostalgique du 70ème Festival de Cannes (dont vous pouvez retrouver mon compte rendu complet, ici), il fallait donc déjà dire adieu à Cabourg…en attendant le prochain festival, celui du cinéma américain de Deauville pour lequel je vous réserve de belles surprises.

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    A chacun sa définition du romantisme. A travers mon recueil de 16 nouvelles sur les festivals de cinéma et mon premier roman (Editions du 38) au fil des pages desquels vous pourrez arpenter la promenade Marcel Proust en question et retrouver  le Festival du Film de Cabourg, j’ai essayé de donner ma propre définition du romantisme.  Une soif d’absolu. Un élan passionné. Une mélancolie paradoxalement à la fois troublante et réconfortante. Une tristesse et un bonheur mêlés, indicibles, qui à la fois élèvent et serrent l’âme et le cœur.  Des sentiments qui illuminent ou noircissent l’horizon et qui envahissent êtres et lieux. Une déraison fiévreuse. Une tornade d’émotions ardentes, dénuée de mièvrerie.

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    Un grand merci au photographe Dominique Saint pour ces photos avec mes livres devant le Grand Hôtel De Cabourg.

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     Le film romantique, lui, nous parle d’amour, ou plutôt d’amours, contrariées souvent.  Les Enchaînés. Casablanca. Gatsby le magnifique. Le Dernier métro. Out of Africa. Sur la route de Madison. Un cœur en hiver. Les lumières de la ville. Docteur Jivago. La Fièvre dans le sang. Le Quai des brumes. Un homme et une femme. Autant en emporte le vent… Tels sont les titres de films (qui d’ailleurs mis bout à bout pourraient donner une très belle définition du romantisme) qui me viennent d’emblée à l’esprit lorsqu’il est question de cinéma romantique.  Et pour l’année passée, « Frantz » de François Ozon. Manipulateur hors-pair, Ozon a souvent fait l’éloge de l’illusion et ainsi de son propre art comme dans « Dans la maison » dans lequel il s’amusait avec les mots faussement dérisoires ou terriblement troublants et périlleux mais aussi avec les codes de l’art (« L’art nous éveille à la beauté des choses » pouvait-on entendre). Ici, à nouveau, il fait l’éloge de l’art (écriture, musique, peinture) -Rilke est ainsi le poète préféré de l’héroïne, Anna, ce qui n’est bien sûr pas anodin, lui qui dans « Lettres à un jeune poète » mieux que quiconque a su définir l’art et l’amour, et les liens qui les unissent-, l’art donc, pont entre les êtres, au-delà des frontières, même celles de la mort. Aussi envoûtant et ciselé qu’un vers de Verlaine, que « les sanglots longs des violons de l’automne », Frantz est un poème mélancolique, une valse élégante, une peinture fascinante et délicate, une musique troublante grâce au cadrage rigoureusement implacable, à la photographie d’une élégance à couper le souffle, au scénario brillant et aux dialogues précis et à l’interprétation d’une justesse remarquable. L’émotion quand elle est contenue tout comme la vérité, masquée, n’en sont que plus fortes, et au dénouement, vous terrassent. Et c’est le cas ici. Et surtout, au-delà de tout cela (mensonges, culpabilité, manipulation, désirs enfouis) et de cette présence étouffante des absents que le film dépeint admirablement, Frantz est un film somptueux sur la réconciliation et un hymne à la vie. Il fallait tout le talent du cinéaste pour, avec Le Suicidé (1877), le magnifiquement  sinistre tableau de Manet, nous donner ainsi envie d’embrasser la vie. Mais « Frantz » n’était pas à Cabourg, « Frantz » n’a pas eu le prix du film romantique et je digresse… Revenons au festival.

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    Romantique, Marion Cotillard, la présidente du jury de cette édition 2017 l’est indéniablement à travers les personnages qu’elle incarne, notamment dans l’un de ses derniers rôles, le film de Nicole Garcia, « Mal de pierres » que je pourrais sans hésiter ajouter à la liste des films romantiques cités ci-dessus. Rarement un film aura aussi bien saisi la force créatrice et ardente des sentiments, les affres de l’illusion amoureuse et de la quête d’absolu. Un film qui sublime les pouvoirs magiques et terribles de l’imaginaire qui portent et dévorent, comme un hommage au cinéma. Un grand film romantique et romanesque comme il y en a désormais si peu. Dans ce rôle incandescent, Marion Cotillard, une fois de plus, est époustouflante, et la caméra délicate et sensuelle de Nicole Garcia a su mieux que nulle autre transcender la beauté âpre de cette femme libre qu’elle incarne, intensément et follement  vibrante de vie. (Cliquez ici pour lire la critique entière de « Mal de pierres »). Récemment, elle était tout aussi remarquable dans « Juste la fin du monde » de Xavier Dolan (ma critique, ici)  dans un rôle radicalement différent de celui de cette femme sauvagement vivante. Elle était  pourtant une nouvelle fois parfaite et semblait même converser dans ses silences.   Mais voilà que je digresse à nouveau…

    Autour de Marion Cotillard, un jury prestigieux et éclectique composé de :

    - Aure Atika (actrice : Comme t’y es belle, Tout pour être heureux, La vérité si je mens... et écrivain : Mon Ciel et ma terre)

    - Camille Cottin (actrice: Dix pour cent, Telle Mère Telle Fille, Connasse Princesse des coeurs)

    - Anne Dorval (actrice: Réparer les vivants, Mommy (dont vous pouvez retrouver ma critique, ici), Laurence Anyways)

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    - Hugo Gélin (réalisateur: Demain tout commence (que je vous recommande plus que vivement au passage, ma critique ici), Comme des frères, Casting(s))

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    - Nathanaël Karmitz (producteur, directeur du groupe audiovisuel mk2)

    - Camille Laurens (écrivain: Celle que vous croyez, Dans ces bras là, L’Amour roman)

    - Ibrahim Maalouf (compositeur : Yves Saint Laurent, La crème de la crème, Dans les forêts de Sibérie - ma critique, ici, un magnifique film découvert à Cabourg l'an passé-)

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    - Manu Payet Officiel (acteur: Sous le même toit, Tout pour être heureux, L’Amour c’est mieux à deux)

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    A travers les films en compétition, le Festival du Film de Cabourg nous donnait une autre définition du romantisme. Mettant en scène des êtres en perte de repères, en quête d’identité, endeuillés, en lutte pour leur survie, presque toujours des adolescents (si je reconnais la grande qualité de cette compétition et même de ces compétitions, courts et longs-métrages, là est peut-être mon regret : avoir vu le romantisme cantonné aux émois adolescents aussi incandescents soient-ils) confrontés à une réalité  âpre, contraints de grandir trop vite, des personnages se heurtant à l’incompréhension, en rébellion, avides d’ailleurs et de liberté, dévorés par leurs désirs, souvent réprimés ou même opprimés. "Le romantisme est un état dans tous ses états" a ainsi déclaré l'écrivain Gonzague Saint Bris, un des fondateurs du festival. Peut-être était-ce là le point commun des personnages de ces 7 films en compétition.

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    A Cabourg, le public peut également décerner son prix parmi les films présentés dans la section Panorama. Deux films du 70ème Festival de Cannes étaient cette année présentés dans cette section : « Jeune femme » (Caméra d’or) et « 120 battements par minute » (Grand prix).

    Etaient également en lice : L’âme du tigre de François Yang (Suisse), Cherchez la femme de Sou Abadi (France) , Le chemin de Jeanne Labrune (France), Les ex de Maurice Barthélemy (France), Jeune femme de Léonor Serraille (France), Loue-moi ! de Coline Assous et Virginie Schwartz (France), Lumières d’été de Jean-Gabriel Périot (France), The Bloom of Yesterday de Chris Kraus (Allemagne), Their Finest de Lone Scherfig (Grande-Bretagne), Une vie violente de Thierry de Peretti (France).

    Lauréat du Grand Prix à Cannes, c’est le film de Robin Campillo qui a remporté le prix du public à Cabourg.

    Critique de 120 battements par minute de Robin Campillo (France)

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    C’est le film qui avait bouleversé les festivaliers au début de la 70ème édition du Festival de Cannes  et qui méritait amplement son Grand Prix. C’est d’ailleurs avec beaucoup d’émotion que Pedro Almodovar l’avait évoqué lors de la conférence de presse du jury. On sentait d’ailleurs poindre un regret lorsqu’il a déclaré : « J'ai adoré 120 battements par minute. Je ne peux pas être plus touché par un  film. C'est un jury démocratique. Et je suis 1/9ème seulement. » Mais aussi  « Campillo raconte l'histoire de héros qui ont sauvé de nombreuses vies. Nous avons pris conscience de cela. »

    Début des années 90. Alors que le sida tue depuis près de dix ans, les militants d'Act Up-Paris multiplient les actions pour lutter contre l'indifférence générale. Nouveau venu dans le groupe, Nathan (Arnaud Valois) va être bouleversé par la radicalité de Sean (Nahuel Perez Biscayart) qui consume ses dernières forces dans l’action. Sean est un des premiers militants d' Act Up. Atteint du VIH, il est membre de la commission prisons.  Au film politique va s’ajouter ensuite le récit de son histoire avec Nathan, nouveau militant, séronégatif.

    Le film s’attache en effet à nous raconter à la fois la grande Histoire et celle de ces deux personnages. Celle d’Act Up se heurtant aux groupes pharmaceutiques, essayant d’alerter  l’opinion publique et le gouvernement insensible à sa cause. Celle de l’histoire d’amour entre Sean et Nathan. Deux manières de combattre la mort. La première est racontée avec une précision documentaire. La seconde est esquissée comme un tableau avec de judicieuses ellipses. L’une domine tout le début du film avant que la seconde ne prenne une place grandissante, le film se focalisant de plus en plus sur l’intime même si le combat est toujours présent, en arrière-plan.

    La durée du film (2H10) devient alors un véritable atout nous permettant de nous immerger pleinement dans leur action et de faire exister chaque personnage, de nous les rendre attachants, de nous permettre d'appréhender la violence apparente de leurs actions qui deviennent alors simplement  à nos yeux des appels au secours, des cris de colère, si compréhensibles. Parce qu’il n’y a pas d’autre solution face à l’indifférence et l’inertie. Parce que le temps court et leur manque. La caméra s’attache et s’attarde à filmer les visages et les corps, vivants, amoureux, mais aussi les particules qui les détruisent inéluctablement. Deux réalités qui s’opposent. Une course contre la montre. Contre la mort.

    Nahuel Pérez Biscayart, Arnaud Valois et Antoine Reinartz sont impressionnants de force, d’intensité, de justesse, de combattivité. Ils rendent leurs personnages furieusement vivants et Adèle Haenel impose sa colère avec force, totalement imprégnée de son rôle.

    Campillo démontre ici une nouvelle fois son talent de scénariste (il fut notamment celui d’ « Entre les murs », palme d’or 2008 mais aussi  notamment des autres films de Laurent Cantet), dosant brillamment l’intime et le collectif, l’histoire d’amour et le combat politique et parvenant à faire de chacun des débats, parfois virulents,  des moments passionnants, témoignant toujours de ce sentiment d’urgence.  Certains ont reproché au film d’être trop long ou bavard mais aucun de ces échanges n’est vain ou gratuit. Ils sont toujours vifs et incisifs, enragés de l’urgence dictée par la maladie et la mort qui rôde. Ne pas s’arrêter, ne pas se taire pour ne pas mourir.

    La dernière partie du film, poignante, ne tombe pourtant jamais dans le pathos ni dans la facilité. Campillo raconte avec minutie et pudeur les derniers sursauts de vie, puis la mort et le deuil, leur triviale absurdité. « Mince » réagit une mère à la mort  de son enfant. Et c’est plus bouleversant que si elle s’était écroulée, éplorée.

     En immortalisant ces combats personnels et du combat collectif, Campillo a réalisé un film universel, transpirant la fougue et la vie dont chaque dialogue, chaque seconde, chaque plan palpitent d'une urgence absolue. A l’image de la réalisation, effrénée, nerveuse,  d’une énergie folle qui ne nous laisse pas le temps de respirer. Avec sa musique exaltant la vie. Ses images fortes aussi comme ces corps allongés sur le sol de Paris symbolisant les défunts, des corps que la caméra surplombe, tourbillonnant autour comme si elle filmait un ballet funèbre. Sa poésie aussi. Un film jalonné de moments de grâce et d’images fortes qui nous laissent une trace indélébile. Lorsque la Seine devient rouge. Lorsque Sean évoque le ciel et la vie, plus prégnante avec la maladie, et que Paris défile, insolemment belle et mélancolique, derrière la vitre, irradiée de soleil. Un film qui rend magnifiquement hommage à ces combattants, à leur ténacité. Lorsque, finalement, le désir de vie l’emporte, avec ces battements musicaux et cardiaques, qui s’enlacent et se confondent dans un tourbillon sonore et de lumières stroboscopiques, qui exaltent la force de l’instant, et nous accompagnent bien après le générique de film, Campillo nous donne envie d’étreindre furieusement le moment présent. Un grand film.

    C’est un film espagnol qui a remporté le Grand prix décerné par le jury de Marion Cotillard, « Une femme fantastique » de Sebastian Lelio. Il a fait l’unanimité des jurys puisqu’il est également reparti avec le prix de la jeunesse.

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     Marina et Orlando, de vingt ans son aîné, s’aiment loin des regards et se projettent vers l’avenir. Lorsqu’il meurt soudainement, Marina subit l’hostilité des proches ­d’Orlando : une « sainte famille » qui rejette tout ce qu’elle représente. Marina va se battre, avec la même énergie que celle dépensée depuis toujours pour devenir la femme qu’elle est : une femme forte, courageuse, digne… Une femme fantastique !

     Le film débute par des chutes d’eau. Vertigineuses. Sublimes et inquiétantes. Comme un avertissement, une parabole d’une autre chute qu’elles préfigurent. Ces chutes, ce sont celles d’Iguazu, situées entre l’Argentine et le Brésil. C’est là qu’Orlando a prévu d’emmener la femme qu’il aime pour son anniversaire. Nous voilà avertis. La dissonance dans leur bonheur qui semble parfait est annoncée. Et en effet, la nuit même Orlando meurt d’une rupture d’anévrisme. La caméra ne quitte alors plus Marina. Nous adoptons son point de vue. La panique. Les réactions dans l’urgence. La sidération. La suspicion et l’humiliation dont elle est victime. Les larmes qui ne coulent pas car il faut réagir vite, faire face.

     Le portrait que dresse Sebastian Lelio est celui d’une femme combattive avant d’être celui d’une femme « différente » (une différence que je vous laisse découvrir). L’empathie est immédiate. Marina ne peut pas faire le deuil (expression honnie par l’auteur de ces lignes : faire son deuil comme on doit faire ses courses, accomplir une besogne, passer à autre chose, zapper tout, les êtres et les sentiments…c’est à la mode) de l’homme qu’elle aime car elle doit se défendre, de la police ( et notamment d’une inspectrice des mœurs ( !) zélée) qui la soupçonne d’avoir voulu le tuer, du fils de l’homme qu’elle aimait qui la considère comme un simple objet de désir,  de la famille de son compagnon qui la traite comme une prostituée, de son ex épouse qui la traite de « chimère ». Le film flirte alors avec le thriller, notamment en raison d’une mystérieuse clé qui peut-être ouvre sur des secrets ou la preuve de leur amour. Ou sur le néant.  Mais il y a l’art et une présence animale (le chien d’Orlando que Marina fera tout pour récupérer) qui sauvent et promettent, peut-être, des lendemains plus heureux…

     Daniela Vega qui incarne ce personnage digne et blessé est sidérante d’engagement, de justesse, d’émotion et de rage contenues, sublimée par une réalisation maitrisée et élégante. Sans jamais être militant, le film de Sebastian Lelio est une magnifique déclaration d’amour à une femme fantastique à l’identité et la parole bâillonnées, au propre comme au figuré (une scène marquante le symbolise) qui ne demande qu’à pouvoir être entendue. Sa voix vibrante d’émotions nous conforte dans l’idée qu’il serait dommage de s’en priver… La fougue et l’urgence de la réalisation mais aussi la force émotive de la musique qui épousent celles de cette femme formidable et en dressent un portrait bouleversant ne sont pas sans rappeler celles d’un éminent cinéaste espagnol qui lui aussi a si bien su sublimer les personnages féminins et exalter leur fascinante beauté. Un film et une héroïne captivants et poignants.

     « Été 93 » de Carla Simón comme « Une femme fantastique » évoque le deuil et débute par une scène forte et marquante.

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     Suite à la mort de ses parents, Frida, 6 ans, quitte Barcelone et part vivre à la campagne chez son oncle et sa tante et leur petite fille de 3 ans. Le temps d’un été, l’été 93, Frida apprendra à accepter son chagrin, et ses parents adoptifs apprendront à l’aimer comme leur propre fille.

     Que de délicatesse dans ce film ! Un de mes coups de cœur du festival. Dès la première séquence avec Frida qui assiste comme hébétée à un feu d’artifice et autour de laquelle tournent des enfants qui la narguent parce qu’elle ne pleure pas, j'ai été captivée par ce petit bout de femme, son visage buté entouré de ses boucles enfantines, cette petite fille, magistralement interprétée, bouleversante et si forte, qui ne parvient pas à extérioriser sa douleur. Autour d’elle, des non-dits dont nous comprenons peu à peu le sens contenu dans le titre, sobre et si significatif.

     Ici pas de larmes. Pas d’effusions. Le deuil se vit dans une sorte de mutisme et de silence tétanisés. Autour de Frida, une nature sauvage, à la fois fascinante et inquiétante comme cet avenir inconnu qui l’attend. Avec beaucoup de pudeur, la cinéaste brosse le portrait de cette petite fille qui claudique vers l’acceptation de sa douleur jusqu’à retrouver le goût de pleurer, de rire et de la fête, à redevenir une enfant espiègle, jusqu’à cette scène finale qui rappelle la première séquence où aux rires succèdent des larmes de chagrin qui (trans)percent le silence et notre cœur.  Ce film a reçu le prix du meilleur premier film à la Berlinale 2017.

     Le jury du Festival du Film de Cabourg a également décerné une mention spéciale à  « Mobile Homes » de Vladimir de Fontenay (présenté à la Quinzaine des Réalisateurs du Festival de Cannes 2017). La Présidente du jury Marion Cotillard a également souligné la qualité du jeu des acteurs, de tous les acteurs de ce film.

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     Ali et Evan sillonnent les routes entre les États-Unis et le Canada. Ils utilisent Bone, le fils d’Ali, âgé de huit ans, dans leurs trafics. Le jeune couple vit de plus en plus dangereusement. Tous rêvent pourtant d’un refuge, d’un foyer, mais leur fuite inexorable les entraîne sur un chemin qu’ils n’avaient pas prévu…

     Vladimir de Fontenay, jeune réalisateur français installé aux États-Unis, nous raconte ici l’envers de l’American dream. Un film qui aurait toute sa place dans la compétition de films indépendant du Festival du Cinéma Américain de Deauville qui, souvent, nous donne à voir un autre visage de l’Amérique, bien différente de ces films au dénouement desquels flotte insolemment et victorieusement la bannière étoilée.

     Vladimir de Fontenay enferme dans son cadre ce trio pour lequel l’avenir semble sans issue, condamné à la marginalité, aux trafics, à la violence. Trois enfants immatures. La tendresse pourtant affleure : dans le visage angélique de Bone dont l’expression butée n’est pas sans rappeler celle de la petite Frida évoquée dans ma critique précédente, dans ce coq avec lequel il joue, dans ses dessins de maison. Nous ne savons pas beaucoup de leur histoire…si ce n’est que cette mère a accouché «  à l’arrière d’un camion ». Si leur situation ne va pas beaucoup évolué, Ali va peu à peu se responsabiliser et se montrer prête à tout pour son fils, même à ce qui lui déchire le cœur. La dernière scène est bouleversante et comme dans le film précédent permet à l’émotion contenue d’exploser. Et de nous terrasser.

     Dans « Ava » de Léa Mysius, présenté et remarqué à Cannes dans le cadre de la Semaine de la Critique (lauréate du prix SACD), il est aussi question de personnages en perte et quête de repères.

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     Ava, 13 ans, est en vacances au bord de l’océan quand elle apprend qu’elle va perdre la vue plus vite que prévu. Sa mère décide de faire comme si de rien n’était pour passer le plus bel été de leur vie. Ava affronte le problème à sa manière. Elle vole un grand chien noir qui appartient à un jeune homme en fuite...

     Léa Mysius est aussi scénariste. Elle a ainsi coécrit « Les Fantômes d'Ismaël » d'Arnaud Desplechin (retrouvez ma critique dans mon compte rendu du Festival de Cannes, ici) mais aussi réalisé plusieurs courts-métrages

     Dès les premiers plans, Léa Mysius nous captive et nous intrigue par la quotidienne étrangeté de cette première séquence, par la puissance de ses images. Des vacanciers sous un soleil accablant, alanguis, profitent de la plage. Puis la caméra suit un grand chien noir qui se faufile entre les estivants jusqu’à Ava, endormie au bord de la mer. Ce grand chien noir peut tout aussi bien rappeler le néant qui l’attend (puisqu’Ava a appris qu’elle deviendrait prochainement aveugle) que symboliser une invitation à vivre une aventure fantastique.

     Il n’y a pas de temps à perdre pour Ava. Il faut vivre ardemment. A ses côtés, une mère totalement immature (fantastique Laure Calamy), débridée (les rôles s’inversent), et surtout démunie face au mal qui ronge sa fille, qui contrairement à elle, ne pleure pas. Elle se résout finalement à faire de cet été le plus beau de sa vie pour sa fille. Au lieu de s’apitoyer sur son sort, Ava va kidnapper le chien noir qui appartient à un ténébreux gitan au « visage incroyable ». Se laisser guider par ses désirs, parfois même violents.

     Pour ne pas perdre une seconde (de vie, de vue), Ava bouge sans cesse et promène son beau regard buté (décidément, elle aussi) partout. Les sens en éveil. A la fois effrayée et attirée par le noir. Celui du chien. Et de son univers obscurci. 

     La musique. Le désir.  Tout est intense. Vibrant. Urgent. Les sons et la musique, parfois dissonants ou déchirants accompagnent ces mouvements contradictoires. En toile de fond, une France aux élans extrémistes (avec sa police sombre et menaçante) qui elle aussi dérive vers un dangereux néant.

     L’inéluctable cécité d’Ava est finalement prétexte à un récit initiatique, une fable envoûtante, un western des temps modernes, une course grisante. Noée Abita, impressionnante dans le rôle d’Ava, ne pleure pas, ne sourit pas, mais ensorcelle, vampirise la caméra et le spectateur pour les emmener dans cette fougueuse et fabuleuse virée qui défie le néant et nous donne envie de dévorer le présent.

    « Cuori puri » de Roberto De Paolis, présenté à la Quinzaine des Réalisateurs 2017, mettait aussi en scène de jeunes adultes.

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     Agnese, 17 ans, vit seule avec une mère pieuse qui lui demande de faire vœu de chasteté jusqu’au mariage. Stefano, 25 ans, issu d’un milieu marginalisé par la crise, est vigile dans un parking situé face à un campement de Roms. Quand ces deux-là se rencontrent, c’est une parenthèse qui s’ouvre, dans laquelle ils oublient les tensions de leur vie quotidienne. Mais les idéaux d’Agnese et la violence du monde de Stefano permettront-ils à cette passion naissante d’exister ?

     La mère d’Ava dans le film de Léa Mysius est aussi débridée, tolérante et laxiste que celle d’Agnese est pieuse, sévère et intransigeante. Sa fille, pourtant, éprouve les mêmes élans et désirs que la jeune Ava. Dès le début, Roberto De Paolis nous saisit pour ne plus nous lâcher, traitant cette vibrante histoire d’amour comme une course contre la montre. De Roméo et Juliette à Rhett et Scarlett en passant par Jean et Nelly, Francesca et Robert, c’est bien connu, ceux qui ne doivent pas se rencontrer, et encore moins s’aimer, s’aimantent, s’attirent, se désirent, s’aiment.  Et ces obstacles  exacerbent leurs désirs et sentiments.

     Cela commence comme un combat entre les deux jeunes gens. Agnese a volé un portable dans le supermarché dont Stefano est le vigile. La caméra filme leur altercation au plus près de leurs visages et de leurs corps, enfiévrés (de colère, bientôt de désirs) les enserrant, entre combat de boxe et parade amoureuse. La violence de leur premier échange qui ne leur et ne nous laisse pas le temps de respirer est contrebalancée par cette caméra caressante.

    Chaque seconde de ce film transpire de la passion irrépressible qui lie les deux jeunes gens.  Tout le film est construit par jeu d’oppositions et contradictions (apparentes) à l’image de la première et la dernière séquence qui se répondent et s’inversent. Avec la même fièvre. Oppositions entre la mère d’Agnese et les parents de Stefano. Entre les parents qui ne paient plus leur loyer, le père violent de Stefano, et la mère si pieuse d’Agnese, il semble y avoir un monde. La mère d’Agnese en vient pourtant à la violence par peur de ce que pourrait devenir sa fille. La mère d’Agnese aide les gitans. Stefano les redoute et les méprise alors qu’ils sont dans la même situation que ses parents. Deux mondes séparés par un grillage. Finalement si proches. Agnese est pieuse (« tu ne voleras point ») mais vole un portable dans un grand magasin. Stefano est sérieux, réprime les gitans mais traine avec des malfrats. Le choc et le drame sont inévitables.

     Il y a un peu du cinéma des Dardenne dans la manière dont sont (admirablement) dirigés ces deux comédiens qui crèvent littéralement l’écran, deux « cœurs purs » qu’on quitte à regrets mais aussi dans ce mélange de portrait d’une réalité sociale et de captation de l’intime, criante de vérité.  Un film qui transpire. De sang. De larmes. De sueur. De chair. La vie. Une autre « femme fantastique » qui comme Ava et Flora s’émancipe et se libère d’un poids pour empoigner son destin, sa vie de femme et d’adulte.

     Dans « Heartstone » de Gudmundur Arnar Gudmundsson, il s’agit là encore d’adolescents qui vivent là aussi dans un univers âpre et même hostile, celui d’un village reculé de pêcheurs en Islande. Thor, 13 ans, vit avec sa mère et ses deux sœurs. Tandis que son meilleur ami se découvre des sentiments pour lui, il tente de gagner le cœur d’une fille. Quand l’été se termine et que la nature sauvage reprend ses droits, il est temps de quitter le terrain de jeu et de devenir adulte. 

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    Présenté en compétition à la Mostra de Venise, ce film est là aussi un récit initiatique. Les premiers émois. Les désirs troublants à la fois velléitaires et impérieux. Le passage de l’adolescence à l’âge adulte. A nouveau un environnement familial violent contrebalancé par la pureté d’une nature vierge d’une beauté rude certes mais à couper le souffle. Contrastes là aussi. Entre ces enfants qui dépècent des animaux mais qui dans l’intimité sont incapables d’exprimer leurs sentiments. Des cœurs de pierre qui sont en réalité là aussi des cœurs purs. Qui jouent aux grands dans des carcasses de véhicules rouillées qui contrastent avec les paysages immaculés.

    C’est le portrait d’un pays de contrastes.  Entre les villes qui semblent si loin et cette campagne aux idées archaïques. Entre cette nature irradiée de lumière et les sombres tourments qui agitent ceux qui y vivent. Entre ces gueules d’ange qui dissimulent des sentiments ardents.

    La durée du film permet aux personnages et aux sentiments de s’installer, d’envahir les cœurs des personnages et des spectateurs, de nous faire éprouver le long cheminement vers l’explosion inéluctable. Et vers un dénouement d’une douceur aussi inattendue que poignante dont la force émotionnelle nous agrippe et nous accompagne bien après le générique de fin. A signaler : de jeunes comédiens d’une justesse sidérante, a fortiori ceux qui interprètent les deux protagonistes avec une sensibilité et des nuances absolument ahurissantes pour leur jeune âge.

     Ce film a reçu le prix du jury et le prix du public lors du dernier Festival Premiers Plans d’Angers.

    Au programme du festival figure également, une section Jeunesse avec notamment le magnifique "La tortue rouge" de Michael Dudok de Wit  (je vous en dis quelques mots ci-dessous) mais aussi "Du vent dans les roseaux", "Dare to be wild" de Vivienne de Courcy...

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    À travers l’histoire d’un naufragé sur une île déserte tropicale peuplée de tortues, de crabes et d’oiseaux, « La Tortue rouge » raconte les grandes étapes de la vie d’un être humain.

    Ce conte philosophique et écologique est un éblouissement permanent qui nous attrape dès le premier plan, dès la première note de musique pour ne plus nous lâcher, jusqu’à ce que la salle se rallume, et que nous réalisions que ce passage sur cette île déserte n’était qu’un voyage cinématographique, celui de la vie, dont le film est la magnifique allégorie.

     Quand la carapace de la tortue rouge va se craqueler, se fendre, une autre histoire commence. Le graphisme aussi épuré  et sobre soit-il est d’une précision redoutable. Jamais l’absence de dialogue ne freine notre intérêt ou notre compréhension mais au contraire rend plus limpide encore ce récit d’une pureté et d’une beauté aussi envoûtantes que la musique qui l’accompagne composée avec talent par Laurent Perez del Mar.

     « La Tortue rouge » a été cosignée par les prestigieux studios d’animation japonaise Ghibli. C’est la première fois que Ghibli collabore avec un artiste extérieur au studio, a fortiori étranger. Le résultat est un film universel d’une force foudroyante de beauté et d’émotions, celle d’une Nature démiurgique, fascinante et poétique.

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    A Cabourg, je ne manque jamais la compétition des courts-métrages (c’est d’ailleurs en faisant partie du jury des courts-métrages du festival en 2002, suite à un concours d’écriture de textes sur le cinéma romantique, que j’avais découvert le festival pour la première fois), toujours l’occasion de découvrir des pépites, mais aussi des cinéastes et des acteurs.

    Trois films ont retenu mon attention. Là aussi trois films qui mettaient en scène des adolescents. Le premier, « L’Attente » d’Eric du Bellay a permis à son actrice principale Adèle Simphal d’obtenir le prix d’interprétation.

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    Eloïse, 21 ans, vit dans un domaine viticole familial vétuste. Un dimanche d’hiver, elle se lève pour tenir seule la permanence à la coopérative du village. Ses parents sont sortis. Ils ont laissé un mot indiquant que son cousin, Matis, vient passer la nuit. L’attente commence.

    L’attente. Délectable période. Celle où on rêve, imagine, cristallise. Celle qui remplit le vide de rêves insensés, délicieusement tourmentés, furieusement dévastateurs. Entre « joie et souffrance » comme dirait Truffaut. L’attente c’est donc celle d’Eloïse.  De chaque plan ou presque. Et qui impose au film sa  passion contenue qui contamine chaque minute. Mon coup de cœur de cette sélection. Le film romantique par excellence comme son héroïne d’une beauté désenchantée, mélancolique et bouleversante.

    Le deuxième film remarquable de cette compétition de courts-métrages s’intitule « Tropique » de Marion Defer. Il s’est vu décerner un prix d’interprétation (ex aequo) pour ses deux jeunes interprètes masculins principaux, Théo Cholbi et Zacharie Chasseriaud.

    Cyril est amoureux de Cécile, la sœur de son meilleur ami. Un après-midi, alors qu’ils traînent au bord de la piscine, Cyril se jette à l’eau.

    Comme pour le film précédent ce court-métrage illustre cette célèbre citation de Pascal « Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point ». Cécile n’apparaît jamais clairement de face, comme si elle n’était qu’un songe, une image, une idéalisation. Quand elle s’exprime c’est avec dédain et véhémence, pour éclater de rire face à la déclaration de Cyril ou pour appeler son père à l’aide. Les caractères opposés des deux comédiens principaux qui interprètent les deux amis sont pour beaucoup dans la réussite de ce court-métrage. 

    Enfin « Journée Blanche » de Félix de Givry a reçu le prix du court-métrage.

    Otto et Martha se retrouvent seuls malgré eux dans la maison d’enfance d’Otto, pour une journée. Les deux adolescents qui ne se connaissent encore que très peu, imitent un couple d’adultes et finissent par se prendre au jeu.

    Nimbée de cette lueur crépusculaire qui auréole les souvenirs de jeunesse, la poésie douce et faussement surannée de cette « journée blanche » et rêvée a emporté les suffrages du jury.

    Le Festival du Film de Cabourg récompense aussi les films et acteurs romantiques de l’année.  Béatrice Dalle, a ainsi reçu le Swann D’or de l’actrice de l’année pour son rôle dans "Chacun sa vie" de Claude Lelouch tandis que Reda Kateb a reçu celui du meilleur acteur dans « Django » d’Étienne Comar. Je vous laisse découvrir le reste du palmarès ci-dessous.

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     PALMARES COMPLET DU FESTIVAL DU FILM DE CABOURG 2017

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    Section Longs Métrages

    GRAND PRIX

    Une femme fantastique de Sebastián Lelio Dotations : • Une diffusion d’un teaser de 35 secondes sur le réseau Censier Publicinex valorisée entre 10 000 € et 20 000 €. • Un prêt de matériel Transpagroup à hauteur de 15 000 € au réalisateur du film primé pour son prochain tournage.

    MENTION SPÉCIALE DU GRAND JURY

    Mobile Homes de Vladimir de Fontenay

    PRIX DE LA JEUNESSE

    Une femme fantastique de Sebastián Lelio

    PRIX DU PUBLIC

    120 battements par minute de Robin Campillo Dotations : • 3 000 € offert par le Festival du Film de Cabourg à la société de distribution pour aider la sortie du film en salle en France. • Une visibilité France Bleu lors de la sortie du film en salles : soutien rédactionnel, annonce du film sur les sites France Bleu Normandie et sur les réseaux sociaux.

    Section Courts Métrages

    MEILLEUR COURT MÉTRAGE

    Journée Blanche de Félix de Givry Dotations : • Une aide financière de 1 000 € offerte par le Festival du Film de Cabourg. • Des prestations techniques offertes par l’Imprimerie Malherbe au lauréat pour une enveloppe de 2 000 €.

    MEILLEURE ACTRICE

    Adèle Simphal dans L’Attente d’Eric du Bellay Dotation : Une aide financière de 500 € offerte par le Festival du Film de Cabourg.

    MEILLEUR ACTEUR

    (ex aequo) Théo Cholbi et Zacharie Chasseriaud dans Tropique de Marion Defer Dotations : Une aide financière de 500 € offerte à chacun des lauréats par le Festival du Film de Cabourg.

    Swann d’Or

    RÉVÉLATION FÉMININE

    Doria Tillier dans Monsieur & Madame Adelman de Nicolas Bedos

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    RÉVÉLATION MASCULINE

    Rabah Nait Oufella dans Nocturama de Bertrand Bonello

    MEILLEURE ACTRICE

    Béatrice Dalle dans Chacun sa vie de Claude Lelouch

    MEILLEUR ACTEUR

    Reda Kateb dans Django d’Étienne Comar

    MEILLEUR FILM

    Sage Femme de Martin Provost

    Prix Premier Rendez-Vous

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    POUR UNE ACTRICE

    Léna Magnien dans Jamais contente d’Émilie Deleuze

    POUR UN ACTEUR

    Soufiane Guerrab dans Patients de Grand Corps Malade et Mehdi Idir

    Dotations : • Une aide à la formation à hauteur de 800 €. • Un reportage Marieclaire.fr sur les lauréats pendant le Festival et un retour sur leur parcours un an plus tard. • Un abonnement d’un an au magazine Écran Total.

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     Retrouvez ce même article sur mes blogs Inthemoodforfilmfestivals.com, Inthemoodforcinema.com et Inthemoodfordeauville.com. Prochain festival : le Festival du Cinéma Américain de Deauville 2017, du 1er au 10 septembre.

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    Retrouvez d'autres clichés du Festival du Film de Cabourg 2017 sur mon compte Instagram @sandra_meziere.

     

  • Programme du Festival du Cinéma Américain de Deauville 2017 : premières informations

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    De cette édition 2017 du Festival du Cinéma Américain de Deauville​ 2017, nous connaissons déjà l'affiche, somptueuse, hommage à "La La Land" (dont vous pouvez au passage retrouver ma critique ci-dessous) de Damien Chazelle qui avait obtenu le grand prix à Deauville en 2014 avec "Whiplash".

    Cette année, le festival aura lieu du 1er au 10 septembre 2017 au Centre International de Deauville.

    Nous connaissons déjà les noms des présidents de jurys de cette 43ème édition.

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    La réalisatrice, scénariste et comédienne Emmanuelle Bercot sera ainsi la présidente du Jury de la Révélation. « Fervente américanophile, je me réjouis et m’estime honorée d’être appelée à présider le Jury de la Révélation du 43e Festival du Cinéma Américain de Deauville. Dans mon imaginaire, depuis toujours, Amérique et Cinéma ne font qu’un. Ces dix jours feront de moi, avant toute chose, la plus heureuse des spectatrices » a-t-elle ainsi déclaré. L'occasion pour moi de vous recommander "Elle s'en va" et "La tête haute" dont vous pouvez retrouver mes critiques ci-dessous.

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    Le réalisateur, scénariste et producteur Michel Hazanavicius sera le président du Jury. « Je suis extrêmement touché et honoré de présider cette année le Jury du Festival du Cinéma Américain de Deauville. J'ai, comme la moitié de la planète, été en partie élevé par le cinéma américain et je me réjouis de passer ces dix jours à m'en nourrir à haute dose. In Cinema we trust! » a-t-il ainsi déclaré. Retrouvez ma critique de "The Artist" en bas de cet article.

    Comme chaque année pour mon 25ème Festival de Deauville, vous pourrez me retrouver en direct du festival sur mes différents blogs Inthemoodfordeauville.com, Inthemoodforcinema.com et Inthemoodforfilmfestivals.com mais aussi sur twitter (@Sandra_Meziere et @moodfdeauville) et Instagram (@sandra_meziere). Vous retrouverez également le programme commenté ici au fur et à mesure des annonces.

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    Je vous réserve également quelques belles surprises en plus du concours habituel vous permettant de remporter vos pass. Un dîner sera également à gagner mais aussi des invitations pour la cérémonie de clôture. Et un bel évènement autour de mon premier roman "L'amor dans l'âme" (dont un chapitre se déroule dans le cadre du Festival du Cinéma Américain de Deauville) et de mon recueil de 16 nouvelles sur les festivals de cinéma "Les illusions parallèles" (dont deux se déroulent dans le cadre du Festival du Cinéma Américain de Deauville). Une photo ci-dessous en guise de teaser en attendant de vous en dire plus...

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    Vous  pouvez déjà réserver vos pass, journaliers ou permanents, sur le site internet du CID, ici.

    Vous pouvez également réserver vos pass VIP pour le festival, auprès du CID, là.

    Pour en savoir plus : le site officiel du Festival du Cinéma Americain de Deauville, le site du CID et celui de la Mairie de Deauville.

    Retrouvez également toutes mes bonnes adresses à Deauville pour préparer au mieux votre séjour, en cliquant ici.

    Retrouvez tous mes articles sur les éditions précédentes du Festival du Cinéma Américain de Deauville sur mon blog Inthemoodfordeauville.com.

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    Ci-dessus, photo du nouvel office de tourisme de Deauville

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    Critique de LA LA LAND de Damien Chazelle

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    Le synopsis d’abord. «La La Land » nous emmène au cœur de Los Angeles, et suit deux personnages : une actrice en devenir prénommée Mia (Emma Stone) qui, entre deux  castings, sert des boissons à des actrices dans la cafétéria où elle travaille, située dans les célèbres studios de la vil et Sebastian (Ryan Gosling), passionné de jazz et talentueux musicien, qui est contraint de jouer la musique d’ascenseur qu’il déteste pour assurer sa subsistance. Elle rêve de rôles sur grand écran. Lui de posséder son propre club de jazz. Elle aime le cinéma d’hier, lui le jazz qui, par certains, est considérée comme une musique surannée.  Ces deux rêveurs mènent pourtant une existence bien loin de la vie d’artistes à laquelle ils aspirent… Le hasard les fait se rencontrer sans cesse, dans un embouteillage d’abord, dans un bar, et enfin dans une fête. Ces deux idéalistes tombent amoureux…

    Le film débute par un plan séquence virevoltant, jubilatoire, visuellement éblouissant. Sur une bretelle d’autoroute de Los Angeles, dans un embouteillage qui paralyse la circulation, une musique jazzy s’échappe des véhicules. Des automobilistes en route vers Hollywood sortent alors de leurs voitures, soudain éperdument joyeux, débordants d’espoir et d’enthousiasme, dansant et chantant leurs rêves de gloire.  La vue sur Los Angeles est à couper le souffle, la chorégraphie millimétrée est impressionnante et d’emblée nous avons envie de nous joindre à eux, de tourbillonner, et de plonger dans ce film qui débute par ces réjouissantes promesses. A ma grande déception, rien n’égalera ensuite cette scène époustouflante.

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    Après ses 7 récompenses aux Golden Globes,   « La La Land » totalise 14 nominations aux Oscars : meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur acteur, meilleure actrice, meilleure chanson... Deux films seulement avaient auparavant atteint un tel nombre de nominations, « Titanic » de James Cameron en 1997 et « Eve » de Joseph L. Mankiewicz  en 1951, un chef-d’œuvre passionnant,  tableau  cruel et lucide de la vie d’actrice. Décidément, les Oscars affectionnent les films sur le cinéma.

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    Le cinéma affectionne la mise en abyme, ce qui a d’ailleurs souvent produit des chefs d’œuvre. Il y a évidemment « La comtesse aux pieds nus » de Mankiewicz, « Etreintes brisées » de Pedro Almodovar « La Nuit américaine de Truffaut », « Sunset Boulevard » de Billy Wilder, « Une étoile est née » de George Cukor et encore « Chantons sous la pluie » de Stanley Donen et Gene Kelly, deux films auxquels « The Artist » de Michel Hazanivicius se référait également. Le film de Stanley Donen et Gene Kelly (comme beaucoup d’autres et comme le cinéma de Demy) est aussi largement cité dans « La la land » (comme dans la photo ci-dessous). Les points communs sont également nombreux entre La la land et « The Artist ».

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    « The Artist » raconte ainsi l’histoire de George Valentin (Jean Dujardin), une vedette du cinéma muet qui connait un succès retentissant…mais l’arrivée des films parlants va le faire passer de la lumière à l’ombre et le plonger dans l’oubli. Pendant ce temps, une jeune figurante, Peppy Miller (Bérénice Béjo) qu’il aura au départ involontairement  placée dans la lumière, va voir sa carrière débuter de manière éblouissante. Le film raconte l’histoire de leurs destins croisés.  Comme « La la land », « The Artist » est un hommage permanent et éclatant au cinéma. Hommage à ceux qui ont jalonné et construit son histoire, d’abord, évidemment. De Murnau à Welles, en passant par Borzage, Hazanavicius cite brillamment ceux qui l’ont ostensiblement inspiré. Hommage au burlesque aussi, avec son mélange de tendresse et de gravité, et évidemment, même s’il s’en défend, à Chaplin qui, lui aussi,  lui surtout, dans « Les feux de la rampe », avait réalisé un hymne à l'art qui porte ou détruit, élève ou ravage, lorsque le public, si versatile, devient amnésique, lorsque le talent se tarit, lorsqu’il faut passer de la lumière éblouissante à l’ombre dévastatrice. Le personnage de Jean Dujardin est aussi un hommage au cinéma d’hier : un mélange de Douglas Fairbanks, Clark Gable, Rudolph Valentino, et du personnage de Charles Foster Kane (magnifiques citations de « Citizen Kane ») et Bérénice Béjo, avec le personnage de Peppy Miller est, quant à elle, un mélange de Louise Brooks, Marlène Dietrich, Joan Crawford…et nombreuses autres inoubliables stars du muet. Michel Hazanavicius  signe là un hommage au cinéma, à sa magie étincelante, à son histoire, mais aussi et avant tout aux artistes, à leur orgueil doublé de solitude, parfois destructrice. Des artistes qu’il sublime, mais dont il montre aussi les troublantes fêlures et la noble fragilité. Parce qu’il est burlesque, inventif, malin, poétique, et touchant.  Parce qu’il montre les artistes dans leurs belles et poignantes contradictions et fêlures. Rarement un film aura aussi bien su en concentrer la beauté simple et magique, poignante et foudroyante. Foudroyante comme la découverte  de ce plaisir immense et intense que connaissent les amoureux du cinéma lorsqu’ils voient un film pour la première fois, et découvrent son pouvoir d’une magie ineffable, omniprésente ici.

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    Malheureusement je n’ai pas été foudroyée par « La La Land ». Bien sûr, les hommages à l’âge d’or de la comédie musicale se multiplient. Sebastian tournoie admirablement autour d’un lampadaire, référence revendiquée à « Singing in the rain ». Et les deux amoureux s’envolent dans les airs comme dans « Moulin rouge ». Deux exemples parmi tant d’autres. Chazelle, au-delà de la comédie musicale, rend aussi hommage  à l’âge d’or hollywoodien tout entier notamment avec la scène de l’Observatoire Griffith, clin d’œil au chef-d’œuvre de Nicholas Ray, « La Fureur de vivre ». Et Mia cite « L’impossible Monsieur bébé », « Les Enchaînés », « Casablanca » sans parler de la réalisation qui rend elle aussi hommage au cinéma d’hier, fermeture à l’iris y comprise.

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    Si j’ai fait cette parenthèse, c’est en raison des nombreux points communs entre les deux films, deux films qui ont eu les honneurs des Oscars, et si le film de Michel Hazanavicius m’a transportée, emportée, enthousiasmée, même après de nombreux visionnages, celui de Damien Chazelle m’a souvent laissée au bord de l’autoroute…au point même (ce qui ne m’arrive quasiment jamais au cinéma) de parfois m’ennuyer. Paradoxalement, le film en noir et blanc de Michel Hazanavicius m’aura semblé plus étincelant que le film si coloré de Damien Chazelle. J’avais pourtant sacrément envie de les aimer ces deux rêveurs idéalistes, guidés par un amour et des aspirations intemporels.

    C'est la troisième fois que Ryan Gosling et Emma Stone sont partenaires de jeu au cinéma après « Crazy, Stupid, Love » et « Gangster Squad ». Ici, c’est Emma Stone qui crève littéralement l’écran comme c’était d’ailleurs déjà le cas dans les films de Woody Allen « Magic in the moonlight » et « L’homme irrationnel ». Ici, elle est remarquable, notamment dans les scènes de casting, lorsqu’elle est écoutée d’une oreille distraite alors que le « casteur » regarde un assistant lui faire des signes derrière la porte tandis que face caméra elle passe d’une émotion à l’autre, et montre toute l’étendue de son talent, indéniable. Une des très belles scènes du film, d’ailleurs. Ryan Gosling réalise lui aussi une performance impressionnante ayant appris tous les morceaux de piano du film.

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    Damien Chazelle montre et transmet une nouvelle fois sa fascination pour le jazz, mais aussi pour les artistes qui endurent souffrances et humiliations pour tenter de réaliser leurs rêves.   « Whiplash », le film précédent de Damien Chazelle, notamment couronné au Festival du Cinéma Américain de Deauville, est ainsi exemplaire dans sa précision et l’exigence à l’image de la musique qu’il exalte et sublime. Comme son personnage,  Andrew Nieman (à une lettre près Niemand, personne en Allemand) qui semble avoir une seule obsession, devenir quelqu’un par la musique. Assouvir sa soif de réussite tout comme le personnage interprété par J.K Simmons souhaite assouvir sa soif d’autorité. Une confrontation explosive entre deux desseins, deux ambitions irrépressibles, deux folies.   La réalisation s’empare du rythme fougueux, fiévreux, animal de la musique, grisante et grisée par la folie du rythme et de l’ambition, dévastatrice, et joue judicieusement et avec manichéisme sur les couleurs sombres, jusque dans les vêtements: Fletcher habillé en noir comme s’il s’agissait d’un costume de scène à l’exception du moment où il donne l’impression de se mettre à nu et de baisser la garde, Andrew habillé de blanc quand il incarne encore l’innocence puis de noir à son tour et omniprésence du rouge (du sang, de la viande, du tshirt d’un des « adversaires » d’Andrew) et des gros plans lorsque l’étau se resserre, lorsque le duel devient un combat impitoyable, suffocant. Le face à face final est un véritable combat de boxe (et filmé comme tel) où l’immoralité sortira gagnante : la dictature et l’autorité permettent à l’homme de se surpasser… La scène n’en est pas moins magnifiquement filmée  transcendée par le jeu enfiévré et exalté des deux combattants.

    Etrange critique me direz-vous que la mienne qui consiste à parler d’autres films pour donner mon opinion sur celui-ci. Peut-être, justement, parce que de là provient ma déception, après l’électrique et captivant « Whiplash » qui déjà évoquait -magnifiquement- les ambitions artistiques de ses personnages, et malgré tous les chefs-d’œuvre auxquels il se réfère ce « La La Land » ne m’a pas projetée dans les étoiles malgré la caméra virevoltante qui, constamment, cherche à nous étourdir et à nous embarquer dans sa chorégraphie.  

    Les personnages secondaires, comme le scénario, manquent à mes yeux de consistance pour être totalement convaincants. Sans doute me rétorquera-t-on que Mia et Sebastian sont tout l’un pour l’autre, et que le reste du monde n’existe pas pour eux et n’existe donc pas pour le spectateur. Si j’ai cru à l’amour de l’art de ces deux-là, je n’ai pas réussi à croire en leur histoire d’amour. Certes la sympathique mélodie  composée par Justin Hurwitz nous trotte dans la tête longtemps après la projection. Certes le travail sur le son est intéressant et les transitions sont habiles (comme ce bruit de klaxon qui succède à celui du four qui siffle à nous percer les tympans). Certes certaines scènes sont particulièrement réussies (la scène d’ouverture, les castings de Mia, les plans de Sebastian jouant dans un halo de lumière, ou encore cet échange de regards chargés de regrets et, peut-être, de possibles).

    Le film devient d’ailleurs intéressant vers la fin quand il évoque cette dichotomie entre les rêves et la réalité,  les idéaux et les concessions à son idéalisme que nécessite souvent la concrétisation de ses rêves (dont on réalise alors qu’ils n’étaient qu’illusion d’un bonheur dont la réalisation des rêves en question a nécessité l’abandon comme le montre la séquence - déjà vue ailleurs mais efficace- de ce qu’aurait été la vie si…).

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    Sans doute la nostalgie d’une époque insouciante, l’utopie de revivre une période révolue où les spectateurs allaient au cinéma pour voir des "vedettes" glamours interprétant des personnages sans aspérités (dont les noms sur l’affiche suffisaient à inciter les spectateurs à découvrir le film en salles), évoluant dans un monde enchanté et enchanteur à la Demy (sans les nuances de ses personnages, plus complexes), sans doute le besoin de légèreté (dans les deux sens du terme), sans doute la rencontre entre une époque troublée, sombre, cynique, et un mélo coloré, léger, lumineux expliquent-ils le succès retentissant de ce film aussi bien en salles qu’aux Golden Globes et dans ses nominations aux Oscars. Comme un feu d'artifice qui nous éblouirait et, un temps, occulterait la réalité. Je n’ai pas succombé au charme, pourtant certain, de "La la land", peut-être  parce que, à la joie feinte et illusoire, je préfère la mélancolie (qui y  affleure un peu tard), mais ce n’est pas une raison suffisante pour vous dissuader d'aller le voir...

    CRITIQUE - ELLE S'EN VA d'Emmanuelle Bercot

     

    Un film avec Catherine Deneuve est en soi déjà toujours une belle promesse, une promesse d’autant plus alléchante quand le film est réalisé par Emmanuelle Bercot dont j’avais découvert le cinéma avec « Clément », présenté à Cannes en 2001, dans le cadre de la Section Un Certain Regard, alors récompensé du Prix de la jeunesse dont je faisais justement partie cette année-là, l’histoire poignante et  délicate (et délicatement traitée) de l’amour d’un adolescent pour une femme d’âge plus mûr (d’ailleurs interprétée avec beaucoup de justesse par Emmanuelle Bercot). Une histoire intense dont chaque plan témoignait, transpirait de la ferveur amoureuse qui unissait les deux protagonistes. Puis, il y a eu « Backstage », et l’excellent scénario de « Polisse » dont elle était coscénariste.

    L’idée du road movie avec Catherine Deneuve m’a tout d’abord fait penser au magistral « Je veux voir » de Joana Hadjithomas et Khalil Joreige dans lequel le dernier regard de Catherine Deneuve à la fois décontenancé et ébloui puis passionné, troublé, troublant est un des plus beaux plans qu’il me soit arrivé de voir au cinéma contenant une multitude de possibles et toute la richesse de jeu de l’actrice.  « Elle s’en va » est un road movie centré certes aussi sur Catherine Deneuve mais très différent et né du désir « viscéral » de la filmer (elle n’est sans doute pas la seule mais nous comprenons rapidement pourquoi l’actrice a accepté ici) comme l’a précisé la réalisatrice avant la projection.

    L’actrice incarne ici Bettie (et non Betty comme celle de Chabrol), restauratrice à Concarneau, veuve (je vous laisse découvrir comment…), vivant avec sa mère (Claude Gensac !) qui la traite encore comme une adolescente. L’amant de Bettie vient de  quitter sa femme… pour une autre qu’elle. Sa mère envahissante, son chagrin d’amour, son restaurant au bord de la faillite vont la faire quitter son restaurant, en plein service du midi, pour aller « faire un tour » en voiture, puis pour acheter des cigarettes. Le tour du pâté de maisons se transforme bientôt en échappée belle. Elle va alors partir sur les routes de France, et rencontrer toute une galerie de personnages dans une France qui pourrait être celle des « sous-préfectures » du « Journal de France » de Depardon. Et surtout, son voyage va la mener sur une voie inattendue…et nous aussi tant ce film est une surprise constante.

    Après un premier plan sur Catherine Deneuve, au bord de la mer, éblouissante dans la lumière du soleil, et dont on se demande si elle va se « jeter à l’eau » (oui, d’ailleurs, d’une certaine manière), se succèdent  des plans montrant des commerces fermées et des rues vides d’une ville de province, un chien à la fenêtre, une poésie décalée du quotidien aux accents de Depardon. Puis Bettie apparaît dans son restaurant. Elle s’affaire, tourbillonne, la caméra ne la lâche pas…comme sa mère, sans cesse après elle. Bettie va ensuite quitter le restaurant pour ne plus y revenir. Sa mère va la lâcher, la caméra aussi, de temps en temps : Emmanuelle Bercot la filme sous tous les angles et dans tous les sens ( sa nuque, sa chevelure lumineuse, même ses pieds, en plongée, en contre-plongée, de dos, de face, et même à l’envers) mais alterne aussi dans des plans plus larges qui la placent dans des situations inattendues dans de « drôle[s] d’endroit[s] pour une rencontre », y compris une aire d’autoroute comme dans le film éponyme.

    Si l’admiration de la réalisatrice pour l’actrice transpire dans chaque plan, en revanche « Elle s’en va » n’est pas un film nostalgique sur le « mythe » Deneuve mais au contraire ancré dans son âge, le présent, sa féminité, la réalité. Emmanuelle Bercot n’a pas signé un hommage empesé mais au contraire un hymne à l’actrice et à la vie. Avec son jogging rouge dans « Potiche », elle avait prouvé (à ceux qui en doutaient encore) qu’elle pouvait tout oser, et surtout jouer avec son image d’icône.  « Elle s’en va » comme aurait pu le faire craindre son titre (le titre anglais est « On my way ») ne signifie ainsi ni une révérence de l’actrice au cinéma (au contraire, ce film montre qu’elle a encore plein de choses à jouer et qu’elle peut encore nous surprendre) ni un film révérencieux, mais au contraire le film d’une femme libre sur une autre femme libre. Porter une perruque improbable, se montrer dure puis attendrissante et s’entendre dire qu’elle a dû être belle quand elle était jeune » (dans une scène qui aurait pu être glauque et triste mais que la subtilité de l’écriture et de l’interprétation rendent attendrissante )…mais plus tard qu’elle sera « toujours belle même dans la tombe. » : elle semble prendre un malin plaisir à jouer avec son image.

    Elle incarne ici un personnage qui est une fille avant d’être une mère et une grand-mère, et surtout une femme libre, une éternelle amoureuse.  Au cours de son périple, elle va notamment rencontrer un vieil agriculteur (scène absolument irrésistible tout comme sa rencontre d’une nuit, belle découverte que Paul Hamy qui incarne l’heureux élu). Sa confrontation avec cette galerie de personnages incarnés par des non professionnels pourrait à chaque fois donner lieu à un court-métrage tant ce sont de savoureux moments de cinéma, mais une histoire et un portrait se construisent bel et bien au fil de la route. Le film va ensuite prendre une autre tournure lorsque son petit-fils l’accompagnera dans son périple. En découvrant la vie des autres, et en croyant fuir la sienne, elle va au contraire lui trouver un nouveau chemin, un nouveau sens, être libérée  du poids du passé.

    Si le film est essentiellement interprété par des non professionnels (qui apportent là aussi un naturel et un décalage judicieux), nous croisons aussi Mylène Demongeot (trop rare), le peintre  Gérard Garouste et la chanteuse Camille (d’ailleurs l’interprète d’une chanson qui s’intitule « Elle s’en va » mais qui n’est pas présente dans le film) dans le rôle de la fille cyclothymique de Bettie  et enfin  Nemo Schiffman, irréprochable dans le rôle du petit-fils. Ajoutez à cela une remarquable BO et vous obtiendrez un des meilleurs films de l’année 2013.

    Présenté en compétition officielle de la Berlinale 2013 et en compétition du Champs-Elysées Film Festival 20013, « Elle s’en va » a permis à Catherine Deneuve de recevoir le prix coup de cœur du Festival de Cabourg 2013.

    « Elle s’en va » est d’abord un magnifique portrait de femme sublimant l’actrice qui l’incarne en la montrant paradoxalement plus naturelle que jamais, sans artifices, énergique et lumineuse, terriblement vivante surtout.  C’est aussi une bouffée d’air frais et d’optimisme qui montre que soixante ans ou plus peut être l’âge de tous les possibles, celui d’un nouveau départ. En plus d’être tendre (parfois caustique mais jamais cynique ou cruel grâce à la subtilité de l’écriture d’Emmanuelle Bercot et le jeu nuancé de Catherine Deneuve), drôle et émouvant, « Elle s’en va »  montre que , à tout âge, tout peut se (re)construire, y compris une famille et un nouvel amour.  « Elle s’en va » est de ces films dont vous ressortez émus et le sourire aux lèvres avec l’envie d’embrasser la vie . Un bonheur ! Et un bonheur rare.

    Critique - LA TÊTE HAUTE d'Emmanuelle Bercot

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    "La tête haute" était le film d'ouverture du 68ème Festival de Cannes. C'est la séance coup de cœur sur Canal plus ce mois-ci et ce fut aussi le mien l'an passé à Cannes. Le temps de débarrasser la scène du Grand Théâtre Lumière des apparats de l’ouverture de ce 68ème Festival de Cannes, et nous voilà plongés dans un tout autre univers : le bureau d’une juge pour enfants (Catherine Deneuve), à Dunkerque. La tension est palpable. Le ton monte. Les éclats de voix fusent. Une femme hurle et pleure. Nous ne voyons pas les visages. Seulement celui d’un enfant, Malony, perdu au milieu de ce vacarme qui assiste, silencieux, à cette scène terrible et déroutante dont la caméra frénétique accompagne l’urgence, la violence, les heurts. Un bébé crie dans les bras de sa mère qui finalement conclut à propos de Malony qu’il est « un boulet pour tout le monde ». Et elle s’en va, laissant là : un sac avec les affaires de l’enfant, et l’enfant, toujours silencieux sur la joue duquel coule une larme, suscitant les nôtres déjà, par la force de la mise en scène et l’énergie de cette première scène, implacable. Dix ans plus tard, nous retrouvons les mêmes protagonistes dans le même bureau …

    Ce film est réalisé par Emmanuelle Bercot dont j’avais découvert le cinéma et l’univers si fort et singulier avec « Clément », présenté à Cannes en 2001, dans le cadre de la Section Un Certain Regard, alors récompensé du Prix de la jeunesse dont je faisais justement partie cette année-là. Depuis, je suis ses films avec une grande attention jusqu’à « Elle s’en va », en 2013, un très grand film, un road movie centré sur Catherine Deneuve, « né du désir viscéral de la filmer ». Avant d’en revenir à « La tête haute », je ne peux pas ne pas vous parler à nouveau de ce magnifique portrait de femme sublimant l’actrice qui l’incarne en la montrant paradoxalement plus naturelle que jamais, sans artifices, énergique et lumineuse, terriblement vivante surtout. C’est aussi une bouffée d’air frais et d’optimisme qui montre que soixante ans ou plus peut être l’âge de tous les possibles, celui d’un nouveau départ. En plus d’être tendre (parfois caustique mais jamais cynique ou cruel grâce à la subtilité de l’écriture d’Emmanuelle Bercot et le jeu nuancé de Catherine Deneuve), drôle et émouvant, « Elle s’en va » montre que, à tout âge, tout peut se (re)construire, y compris une famille et un nouvel amour. « Elle s’en va » est de ces films dont vous ressortez émus et le sourire aux lèvres avec l’envie d’embrasser la vie. ( Retrouvez ma critique complète de ELLE S'EN VA en cliquant ici.)

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    Et contre toute attente, c’est aussi l’effet produit par « La tête haute » où il est aussi question de départ, de nouveau départ, de nouvelle chance. Avec beaucoup de subtilité, plutôt que d’imprégner visuellement le film de noirceur, Emmanuelle Bercot a choisi la luminosité, parfois le lyrisme même, apportant ainsi du romanesque à cette histoire par ailleurs particulièrement documentée, tout comme elle l’avait fait pour « Polisse » de Maïwenn dont elle avait coécrit le scénario. Le film est riche de ce travail en amont et d’une excellente idée, celle d' avoir toujours filmé les personnages dans un cadre judiciaire : le bureau de la juge, des centres divers… comme si toute leur vie était suspendue à ces instants.

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    Le grand atout du film : son énergie et celle de ses personnages attachants interprétés par des acteurs judicieusement choisis. Le jeune Rod Paradot d’abord, l’inconnu du casting qui ne le restera certainement pas longtemps et qui a charmé l’assistance lors de la conférence de presse cannoise du film, avec son sens indéniable de la répartie (« la tête haute mais la tête froide »…), tête baissée, recroquevillé, tout de colère rentrée parfois hurlée, dont la présence dévore littéralement l’écran et qui incarne avec une maturité étonnante cet adolescent insolent et bravache qui n’est au fond encore que l’enfant qui pleure des premières minutes du film. Catherine Deneuve, ensuite, une nouvelle fois parfaite dans ce rôle de juge qui marie et manie autorité et empathie. L’éducateur qui se reconnaît dans le parcours de ce jeune délinquant qui réveille ses propres failles incarné par Benoît Magimel d’une justesse sidérante. La mère (Sara Forestier) qui est finalement l’enfant irresponsable du film, d’ailleurs filmée comme telle, en position fœtale, dans une très belle scène où les rôles s’inversent. Dommage (et c’est mon seul bémol concernant le film) que Sara Forestier ait été affublé de fausses dents (était-ce nécessaire ?) et qu’elle surjoue là où les autres sont dans la nuance, a fortiori les comédiens non professionnels, excellents, dans les seconds rôles.

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    Ajoutez à cela des idées brillantes et des moments qui vous cueillent quand vous vous y attendez le moins : une main tendue, un « je t’aime »furtif et poignant, une fenêtre qui soudain s’est ouverte sur « Le Monde » (littéralement, si vous regardez bien…) comme ce film s’ouvre sur un espoir.

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    Après « Clément », « Backstage », «  Elle s’en va », Emmanuelle Bercot confirme qu’elle est une grande scénariste et réalisatrice (et actrice comme l'a prouvé son prix d'interprétation cannois) avec qui le cinéma va devoir compter, avec ce film énergique et poignant, bouillonnant de vie, qui nous laisse avec un salutaire espoir, celui que chacun peut empoigner son destin quand une main se tend et qui rend un bel hommage à ceux qui se dévouent pour que les enfants blessés et défavorisés par la vie puissent grandir la tête haute. Un film qui « ouvre » sur un nouveau monde, un nouveau départ et une bouffée d’optimisme. Et ça fait du bien. Une très belle idée que d’avoir placé ce film à cette place de choix d'ouverture du 68ème Festival de Cannes et de lui donner cette visibilité.

    Critique de "The Artist" de Michel Hazanavicius (film de clôture du 37ème Festival du Cinéma Américain de Deauville)

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    Photo ci-dessus : crédits inthemoodforcinema.com . Conférence de presse des lauréats du Festival de Cannes 2011.

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    Photo ci-dessus : crédits inthemoodforcinema.com . Conférence de presse des lauréats du Festival de Cannes 2011.

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    Photo ci-dessus : crédits inthemoodforcinema.com . Conférence de presse du Festival de Cannes 2011 du film "The Artist".

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    Photo ci-dessus : crédits inthemoodforcinema.com . Conférence de presse du Festival de Cannes 2011 du film "The Artist".

    C’était un dimanche matin de mai 2011, le début du Festival de Cannes encore, en projection presse. Pas encore vraiment l’effervescence pour le film qui obtint la palme d’or mais un joli bruissement d’impatience parmi les regards déjà las, ou obstinément sceptiques. 1H40 plus tard, la salle résonnait d’applaudissements, pendant dix minutes, fait rare en projection presse. Le soir même, je suis retournée le voir en projection officielle. L’émotion fut la même, redoublée par la présence de l’équipe du film, terriblement émue elle aussi par les réactions enthousiastes du public, par les rires tendres, par cette cavalcade d’applaudissements qui a commencé lors de la dernière scène et ne s’est plus arrêtée pour continuer pendant un temps qui m’a paru délicieusement long. Un beau, rare et grand moment du Festival de Cannes.

    Le pari était pourtant loin d’être gagné d’avance. Un film muet (ou quasiment puisqu’il y a quelques bruitages). En noir et blanc. Tourné à Hollywood. En 35 jours. Par un réalisateur qui jusque là avait excellé dans son genre, celui de la brillante reconstitution parodique, mais très éloigné de l’univers dans lequel ce film nous plonge. Il fallait beaucoup d’audace, de détermination, de patience, de passion, de confiance, et un peu de chance sans doute aussi, sans oublier le courage -et l’intuition- d’un producteur (Thomas Langmann) pour arriver à bout d’un tel projet. Le pari était déjà gagné quand le Festival de Cannes l’a sélectionné d’abord hors compétition pour le faire passer ensuite en compétition, là encore fait exceptionnel.

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    Le film débute à Hollywood, en 1927, date fatidique pour le cinéma puisque c’est celle de l’arrivée du parlant. George Valentin (Jean Dujardin) est une vedette du cinéma muet qui connait un succès retentissant…mais l’arrivée des films parlants va le faire passer de la lumière à l’ombre et le plonger dans l’oubli. Pendant ce temps, une jeune figurante, Peppy Miller (Bérénice Béjo) qu’il aura au départ involontairement  placée dans la lumière, va voir sa carrière débuter de manière éblouissante. Le film raconte l’histoire de leurs destins croisés.

    Qui aime sincèrement le cinéma ne peut pas ne pas aimer ce film qui y est un hommage permanent et éclatant. Hommage à ceux qui ont jalonné et construit son histoire, d’abord, évidemment. De Murnau à Welles, en passant par Borzage, Hazanavicius cite brillamment ceux qui l’ont ostensiblement inspiré. Hommage au burlesque aussi, avec son mélange de tendresse et de gravité, et évidemment, même s’il s’en défend, à Chaplin qui, lui aussi,  lui surtout, dans « Les feux de la rampe », avait réalisé un hymne à l'art qui porte ou détruit, élève ou ravage, lorsque le public, si versatile, devient amnésique, lorsque le talent se tarit, lorsqu’il faut passer de la lumière éblouissante à l’ombre dévastatrice. Le personnage de Jean Dujardin est aussi un hommage au cinéma d’hier : un mélange de Douglas Fairbanks, Clark Gable, Rudolph Valentino, et du personnage de Charles Foster Kane (magnifiques citations de « Citizen Kane ») et Bérénice Béjo, avec le personnage de Peppy Miller est, quant à elle, un mélange de Louise Brooks, Marlène Dietrich, Joan Crawford…et nombreuses autres inoubliables stars du muet.

    Le cinéma a souvent parlé de lui-même… ce qui a d’ailleurs souvent produit des chefs d’œuvre. Il y a évidemment « La comtesse aux pieds nus » de Mankiewicz, « La Nuit américaine de Truffaut », « Sunset Boulevard » de Billy Wilder, enfin « Une étoile est née » de George Cukor et encore « Chantons sous la pluie » de Stanley Donen et Gene Kelly auxquels « The Artist », de par son sujet, fait évidemment penser. Désormais, parmi ces classiques, il faudra citer « The Artist » de Michel Hazanavicius. Ses précèdents films étaient d'ailleurs déjà des hommages au cinéma. On se souvient ainsi des références à "Sueurs froides" ou "La Mort aux trousses" d'Hitchcock dans "OSS 117 : Rio ne répond plus".

    Hazanavicius joue ainsi constamment et doublement la mise en abyme : un film muet en noir et blanc qui nous parle du cinéma muet en noir et blanc mais aussi qui est un écho à une autre révolution que connaît actuellement le cinéma, celle du Numérique.

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    Le mot jubilatoire semble avoir été inventé pour ce film, constamment réjouissant, vous faisant passer du rire aux larmes, ou parfois vous faisant rire et pleurer en même temps. Le scénario et la réalisation y sont pour beaucoup mais aussi la photographie (formidable travail du chef opérateur Guillaume Schiffman qui, par des nuances de gris, traduit les états d’âme de Georges Valentin), la musique envoûtante (signée Ludovic Bource, qui porte l’émotion à son paroxysme, avec quelques emprunts assumés là aussi, notamment à Bernard Herrmann) et évidemment les acteurs au premier rang desquels Jean Dujardin qui méritait amplement son prix d’interprétation (même si Sean Penn l’aurait également mérité pour « This must be the place »).

    Flamboyant puis sombre et poignant, parfois les trois en même temps, il fait passer dans son regard (et par conséquent dans celui du spectateur), une foule d’émotions, de la fierté aux regrets,  de l’orgueil à la tendresse, de la gaieté à la cruelle amertume de la déchéance.  Il faut sans doute beaucoup de sensibilité, de recul, de lucidité et évidemment de travail et de talent pour parvenir à autant de nuances dans un même personnage (sans compter qu’il incarne aussi George Valentin à l’écran, un George Valentin volubile, excessif, démontrant le pathétique et non moins émouvant enthousiasme d’un monde qui se meurt). Il avait déjà prouvé dans « Un balcon sur la mer » de Nicole Garcia qu’il pouvait nous faire pleurer.  Il confirme ici l’impressionnant éclectisme de sa palette de jeu et d'expressions de son visage.

     Une des plus belles et significatives scènes est sans doute celle où il croise Peppy Miller dans un escalier, le jour  du Krach de 1929. Elle monte, lui descend. A l’image de leurs carrières. Lui masque son désarroi. Elle, sa conscience de celui-ci, sans pour autant dissimuler son enthousiasme lié à sa propre réussite. Dujardin y est d’une fierté, d’une mélancolie, et d’une gaieté feinte bouleversantes, comme à bien d’autres moments du film. Et je ne prends guère de risques en lui prédisant un Oscar pour son interprétation, ou en tout cas un Oscar du meilleur film étranger pour Hazanavicius.  Bérénice Béjo ne démérite pas non plus dans ce nouveau rôle de « meilleur espoir féminin » à la personnalité étincelante et généreuse, malgré un bref sursaut de vanité de son personnage. Il ne faudrait pas non plus oublier les comédiens anglo-saxons : John Goodman, Malcolm McDowell et John Cromwell (formidablement touchant dans le rôle du fidèle Clifton).

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    Il y aura bien quelques cyniques pour dire que ce mélodrame  est plein de bons sentiments, mais Hazanicius assume justement ce mélodrame. « The Artist » est en effet aussi une très belle histoire d’amour simple et émouvante, entre Peppy et Georges mais aussi entre Georges et son cabot-in Uggy : leur duo donne lieu à des scènes tantôt drôles, tantôt poétiques, tantôt touchantes, et là encore parfois au trois en même temps. Hommage aussi à ce pouvoir magique du cinéma que de susciter des émotions si diverses et parfois contradictoires.

    Michel Hazanavicius  évite tous les écueils et signe là un hommage au cinéma, à sa magie étincelante, à son histoire, mais aussi et avant tout aux artistes, à leur orgueil doublé de solitude, parfois destructrice. Des artistes qu’il sublime, mais dont il montre aussi les troublantes fêlures et la noble fragilité.

    Ce film m’a éblouie, amusée, émue. Parce qu’il convoque de nombreux souvenirs de cinéma. Parce qu’il est une déclaration d’amour follement belle au cinéma. Parce qu’il ressemble à tant de films du passé et à aucun autre film contemporain. Parce qu’il m’a fait ressentir cette même émotion que ces films des années 20 et 30 auxquels il rend un vibrant hommage. Parce que la réalisation est étonnamment inspirée (dans les deux sens du terme d’ailleurs puisque, en conférence de presse, Michel Hazanavicius a revendiqué son inspiration et même avoir « volé » certains cinéastes). Parce qu’il est burlesque, inventif, malin, poétique, et touchant.  Parce qu’il montre les artistes dans leurs belles et poignantes contradictions et fêlures.

    Il ne se rapproche d’aucun autre film primé jusqu’à présent à Cannes…et en sélectionnant cet hymne au cinéma en compétition puis en le  primant,  le Festival de  Cannes a prouvé qu’il était avant tout le festival qui aime le cinéma, tous les cinémas, loin de la caricature d’une compétition de films d’auteurs représentant toujours le même petit cercle d’habitués dans laquelle on tend parfois à l’enfermer.

     « The Artist » fait partie de ces films qui ont fait de cette édition cannoise 2011 une des meilleures de celles auxquelles j’ai assisté, pour ne pas dire la meilleure…avec des films  aussi différents et marquants que  « This must be the place » de Paolo Sorrentino, « Melancholia » de Lars von Trier, « La piel que habito » de Pedro Almodovar.

     Un film à ne manquer sous aucun prétexte si, comme moi, vous aimez passionnément et même à la folie, le cinéma. Rarement un film aura aussi bien su en concentrer la beauté simple et magique, poignante et foudroyante. Oui, foudroyante comme la découverte  de ce plaisir immense et intense que connaissent les amoureux du cinéma lorsqu’ils voient un film pour la première fois, et découvrent son pouvoir d’une magie ineffable, omniprésente ici.

     

  • Le programme du Festival International du Film Culte de Trouville 2017

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    Avant de vous livrer mon compte rendu du Festival du Film de Cabourg 2017 et de vous parler du prochain Festival du Cinéma Américain de Deauville (qui met d'ailleurs lui aussi la comédie musicale à l'honneur sur son affiche avec une référence ostensible à "La La Land") pour lequel je vous réserve de belles surprises (accréditations à gagner mais pas seulement cette année), voici un petit résumé de ce qui vous attend au Festival du Film Culte de Trouville dont ce sera la deuxième édition, du 22 au 25 juin 2017. Un festival qui met en à l'honneur les classiques du cinéma : je ne pouvais pas ne pas vous en parler !

    FESTIVAL INTERNATIONAL DU FILM CULTE

    Créé par Karl Zero et Daisy D'Errata l'an passé, dès sa deuxième édition, ce nouvel évènement cinématographique parvient à mettre en œuvre une jolie programmation avec, comme dans tout festival qui se respecte, une compétition mais aussi un beau programme de rétrospectives de films culte.

    Macha Méril et Michel Legrand  (j'ai eu la chance de le voir plusieurs fois en concert, notamment au Festival du Cinéma et Musique de La Baule mais aussi lors du dernier Festival de Cannes - récit ici-, ne manquez pas celui qu'il donnera à Trouville !) seront ainsi les Présidents d'honneur de cette édition dont le thème est "le Cinéma Musical".

    A leurs côtés, un jury dont chaque membre a donc un lien avec cette thématique :

    Valérie Donzelli 

    Charlélie Couture

    Yann Moix

    « Les Willy 1er » (Ludovic Boukherma, Zoran Boukherma, Marielle Gautier et Hugo P . Thomas ) qui ont remporté  l’an passé la Mouette d’Or (Prix du film Culte 2016) suivi d’une pléthore d’autres prix en France et à l’étranger. Désormais, le vainqueur Culte de l’année précédente sera de retour l’année suivante, mais cette fois-ci dans le Jury. Ils ont beau être quatre… ils n’auront ainsi qu’une voix lors de la délibération.

    A l’issue de la Compétition, deux prix seront décernés par le Jury : - La Mouette d'or, Grand Prix du Film Culte de l’Année 2017 -et La Mouette d'argent,  Prix du Réalisateur Culte 2017 

    A l’issue de la Rétrospective, le Jury Culte 2017 remettra la Mouette de Platine, Grand Prix du Public du film Culte Vintage, élu grâce au vote des internautes parmi 50 films. 

    Sans oublier les membres à vie ainsi définis dans le dossier de presse : "autre particularité étonnante du FIFC, le Jury Culte de la première édition se trouva si heureux à Trouville l’an passé que chacune et chacun nous demanda s’il pourrait revenir… Il fut décidé sur l’heure (!) d’émettre sept cartes de « membres à vie » dont les titulaires peuvent donc légalement se présenter dès le 22 juin à Trouville: Dès lors, Laurent Baffie comme JoeyStarr, Olivier Van Hoofstatd (« Dikkenek ») mais aussi Sylvain Chomet (« Les Triplettes de Belleville ») ont d’ores et déjà fait valoir leurs droits… Jacques Séguéla lui, passera en voisin, quant à Arielle Dombasle, mythe et libellule à la fois, personne ne le sait ! Seul Jean-Pierre Marielle ne reviendra pas, car… il déteste la musique: « C’est bon pour les cons ! *» Irremplaçable Jean-Pierre !"

    La chanteuse et actrice Dani sera également présente "puisqu’ elle a exigé le rôle d’ouvreuse de la Salle Ephémère". C’est donc elle qui vendra bonbons et chocolats glacés, tandis que l’humoriste Raphaël Mezrahi "postule pour être en charge de l’accueil de la salle."  D’autres « bénévoles cultes » viendront d’ici au 22 juin renforcer le staff du festival.


    Le dimanche,  Michaël Youn viendra présenter "Fatal ". Et Quentin Dupieux fera de même avec « Steak »…Quant à Annie Cordy, elle représentera le  « Chanteur de Mexico ». Mathieu Amalric sera également présent pour défendre son magnifique « Barbara » (qui a reçu le "prix de la poésie du cinéma" lors du dernier Festival de Cannes dans le cadre duquel il était en lice dans la section "Un Certain regard" -mon avis ci-dessous-), en compagnie de tous les réalisateurs de la Compétition en piste pour la Mouette d’or et d’Argent !

    COMPETITION

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    Barbara de Mathieu Amalric - 2017 - France - 1H37 - Gaumont. Ouverture « Un Certain Regard » Cannes 2017. Sortie en salle le 6 septembre 2017.
    Une actrice va jouer Barbara, le tournage va commencer bientôt. Elle travaille son personnage, la voix, les chansons, les partitions, les gestes, le tricot, les scènes à apprendre, ça va, ça avance, ça grandit, ça l'envahit même. Le réalisateur aussi travaille, par ses rencontres, par les archives, la musique, il se laisse submerger, envahir comme elle, par elle.

    Mon avis :

    « Barbara » de Mathieu Amalric fut ma seule incursion dans la sélection Un Certain Regard cette année. Le film d’ouverture qui avait toute sa place dans ce chapitre intitulé Poésie. Il a d’ailleurs reçu le prix inédit …de la Poésie du cinéma.

    Une actrice (Jeanne Balibar) va jouer Barbara, le tournage va commencer bientôt. Elle travaille son personnage, la voix, les chansons, les partitions, les gestes, le tricot, les scènes à apprendre, ça va, ça avance, ça grandit, ça l'envahit même. Le réalisateur aussi travaille, par ses rencontres, par les archives, la musique, il se laisse submerger, envahir comme elle, par elle.

    Après son Prix de la mise en scène en 2010 pour le formidable « Tournée », Amalric s’intéressait donc à nouveau à une artiste, et faisait cette fois l’ouverture de Un Certain Regard après avoir déjà été en lice dans cette section avec « La Chambre bleue ».

    Ce film singulier ne cherche pas forcément à séduire et encore moins à nous prendre par la main avec des facilités scénaristiques. Il se mérite, se dérobe et se cherche. Et capture pourtant notre attention et notre émotion comme le ferait une chanson de Barbara, avec intensité. Celle que met l’étonnante Jeanne Balibar pour l’incarner au point de se confondre avec celle dont elle joue le rôle comme son personnage se confond avec la chanteuse qu’elle interprète.

    J’aurais aussi pu placer ce film dans ma catégorie « mise en abyme » mais ici c’est le sentiment d’une œuvre poétique, abrupte, confuse, audacieuse, inclassable qui domine. Tour à tour agaçante et séduisante. Quatre femmes en une. Balibar la femme que la caméra caresse. Balibar l’actrice. L’actrice qu’elle incarne dans le film, Brigitte. Barbara qu’incarne l’actrice qu’elle incarne dans le film réalisé par le réalisateur Amalric,…lui-même réalisateur dans son film.

    De ce dédale inénarrable, on ressort avec le souvenir d’une voix, celle de Barbara/Balibar, envoûtante, et d’une femme, de femmes, fantaisistes, captivantes et fuyantes. Et d’une actrice impressionnante.

     « Vous faites un film sur Barbara ou un film sur vous. »  demande ainsi Brigitte interprétant Barbara au réalisateur Amalric dans le film. «  -C’est pareil » lui répond le réalisateur s’immisçant dans la scène du film. Sans doute Amalric réalisateur pourrait-il nous faire la même réponse tant et surtout ces images parcellaires dessinent une déclaration d’amour du réalisateur dans le film à son actrice dans le film, à la chanteuse Barbara, et peut-être du réalisateur Amalric à l’actrice Balibar.

    Brigsby Bear de Dave McCary - 2017 - Etats-Unis - VOST - 1h37
    Après 25 ans de vie avec ses parents dans un maison isolée James décide d'aller vivre sa vie. Il emménage à Cedar Hills et apprend que personne - excepté lui - ne connaît l'émission Brigsby Bear Adventures, qui s'est d'ailleurs arrêtée sans jamais se terminer. Pour affronter sa nouvelle vie, le jeune homme décide de mettre en pratique les leçons de Brigsby et de lui donner une fin.

    Can Hitler Happen Here ? Film de Saskia Rifkin - 2017 - Etats-Unis -1H15 - Pilgrims 7 corporation. Des voisins démunis, des travailleurs sociaux ambitieux et des vautours immobiliers conspirent pour tourmenter une vieille dame excentrique. Ou peut-être qu'ils essayent simplement d'aider ?

    Pour le réconfort de Vincent Macaigne - 2017 - France - 1h30
    Pascal et Pauline reviennent sur les terres de leurs parents après des années de voyage, et se retrouvent dans l’impossibilité de payer les traites du domaine. Ils se confrontent à leurs amis d’enfance qui eux, d’origine modeste, n’ont jamais quitté leur campagne. A Emmanuel surtout, qui veut racheter leur terrain au meilleur prix pour l’expansion de ses maisons de retraite. Entre les amitiés d’hier et les envies de demain, la guerre aura-t-elle lieu ?

    Jeannette, l’enfance de Jeanne d’Arc Film musical de Bruno Dumont- 2017- France - 1h45 - Mémento. Selection Quinzaine des réalisateurs, Cannes 2017. Sortie en salle : prochainement.
    Domrémy, 1425. Jeannette n’est pas encore Jeanne d’Arc, mais à 8 ans elle veut déjà bouter les anglais hors du royaume de France. Inspirée du « Mystère de la charité de Jeanne d’Arc » (1910) et de « Jeanne d’Arc » (1897) de Charles Péguy, la Jeannette de Bruno Dumont revisite les jeunes années d’une future sainte sous forme d’un film musical à la BO électro-pop-rock signée Gautier Serre, alias Igorrr sur des chorégraphies signées Philippe Decouflé.

    Sans Adieu Documentaire de Christophe Agou- 2017- France - 1H39 - New Story. Sélection « ACID » Cannes 2017. Sortie en salle : prochainement
    Dans le Forez, Claudette, 75 ans, et ses voisins paysans « hors du temps » comme elle sentent bien que la société consumériste les ignore, tout en grignotant ce qui leur reste de patrimoine et de savoirfaire. Mais tous ne sont pas du genre à se laisser faire.

    RETROSPECTIVE DU FESTIVAL INTERNATIONAL DU FILM CULTE

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    La Rétrospective 2017 permettra aux festivaliers « culte » de revoir à nouveau cette année sur grand écran -et dans deux salles s’il vous plait !- neuf films culte, dont le vainqueur de la Mouette de Platine (ou « Grand Prix du Public du Film Culte Vintage 2017 ») qu’ils ont eux-mêmes élu en votant, tout au long de l’hiver, sur notre page Facebook du FIFC : « Les Demoiselles de Rochefort »… Pour ma part, j'avais voté pour "On connaît la chanson" d'Alain Resnais (ma critique ici).

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    Derrière « Les Demoiselles de Rochefort», il est assez surprenant de trouver la charmante bluette « Dirty Dancing » devant notamment le chef-d'œuvre "West side story" (avec lequel j'hésitais pour ma part à voter). Comment ne pas être bouleversée par ce Roméo et Juliette du Upper West Side à New York ? La noirceur du thème, la musique sophistiquée, les problèmes sociaux évoqué restent étonnamment actuels sans parler de la partition de Bernstein et ses inoubliables et intemporels Something’s coming, Maria, America, Somewhere, Tonight, Jet Song, I Feel Pretty, One Hand, One Heart, Gee, Officer Krupke et Cool. Le film remporta dix Oscars (sur onze nominations) lors de la 34e cérémonie des Oscars.

     Pour que les années 2000 soient également représentées, et la France un peu plus, les programmateurs ont ajouté  « Podium» à la rétrospective, dans sa version longue et inédite en salles, celle qu’on nomme « director’s cut », « Steak» de Quentin Dupieux qui explicitera sa première œuvre tandis que Michaël Youn viendra présenter « Fatal ».  Les plus jeunes (et les autres) pourront aussi revoir  «Le  Magicien d’Oz» et les autres « Le Chanteur de Mexico » présenté par Annie Cordy.

    SEANCES SPECIALES

    En supplément de la compétition et de la rétrospective quatre séances spéciales seront organisées cette année: ce sont les « coups de cœur du FIFC » :


    Fatal de Michaël Youn (2010) en présence de son réalisateur, Michaël Youn.

    Xanadu de Robert Greenwald (1980) « Sans conteste le plus grand nanard musical de tous les temps… peut-être le plus mauvais film de tous les temps » Présenté par François Forestier,

    On est devenus (trop) cons ! de Fabrice Gardel (2016) présenté par l’équipe de l’INA Premium.

    CLÔTURE

    Cérémonie de Clôture et remise des prix le samedi 24 juin à 22h15 au Cinéma Ephémère suivi de la projection du film primé par la Mouette de Platine "Les Demoiselles de Rochefort".

    EVENEMENTS AUTOUR DU FESTIVAL

    CONCERT EXCEPTIONNEL DE MICHEL LEGRAND Le plus culte des compositeurs culte revisite ses plus grands succès culte dans un lieu de culte ! Une belle façon de célébrer la Fête de la Musique… Samedi 24 juin 20h en l’église Notre-Dame de Bonsecours, Trouville.


    JOURNEE CULTE JOURNÉE NORMANDIE En partenariat avec la Région Normandie, le FIFC met en place pour sa deuxième édition une journée professionnelle se déroulant le 22 juin. Voulant aider à la professionnalisation et l’agrandissement des réseaux des professionnels de la région Normandie, le FIFC a convié 10 producteurs issus du SPI (Syndicat des producteurs indépendants) à venir rencontrer 6 auteurs réalisateurs de Normandie afin que ces derniers leurs présentent leurs projets de longs-métrages. L’après-midi (ouverte au public et au professionnels) sera consacrée a une conférence présentant la politique de la Région Normandie et des missions assurées sur le territoire, puis de la projection d’"Une vie" de Stéphane Brizé suivie d’un débat avec le réalisateur et l’équipe du film « Willy 1er » à propos du film et pour partager l’expérience que représente un tournage en Normandie.


    DÉDICACES CULTE Bar des 4 Chats Dimanche 25 juin à 11h (entrée libre) Les membres du Jury Culte, les invités Culte et les célébrités culte de Trouville (dont Jérôme Garcin et Patrick Rambaud…) dédicaceront leurs derniers ouvrages, le tout « arrosé » en personne par les vignerons les plus culte de France (Marcel Richaud, Sébastien Bobinet…)


    EXPOSITION CULTE Les stars culte de la première édition du FIFC (devenus « membres à vie du FIFC » et donc ré-invités à cette deuxième édition), photographiées l’an passé à Trouville, par Michel Tréhet, si culte et si trouvillais : à retrouver dans le Hall des Cures Marines, le temps du Festival (entrée libre)


    MASTER CLASS Stéphane Lerouge, docteur es musicologie, ami et spécialiste mondial des compositeurs de bandes originales évoquera les oeuvres de Michel Legrand, d’Ennio Morricone, de Quincy Jones, et des films de François Truffaut. En présence de Jean Lecanuet (sous réserve).


    ET BIEN ENTENDU DES FÊTES…  CULTE DE CHEZ CULTE !* Cocktail « Champagne et Baccara » le vendredi 23 juin à partir de 19 h dans le cadre hollywoodien et kitschissime de la Villa Tara. Soirée « Bacchus et Paëlla » le vendredi 23 juin à partir de 23 hdans le cadre hype et néo-vintage du Bar des 4 Chats. Nuit « Les Demoiselles de Trouville chantent sous la pluie » le samedi 24 juin à partir de 00h. Au programme : "attractions, alcools variés avec modération, danses de vieux sans modération (Mambo et Cha-cha-cha live avec l’Art Big Band de Trouville) suivies de danses de jeunes (by Nicolas Ullman, artiste transformiste déjanté)". *sur invitation.

    INFORMATIONS PRATIQUES

    PRIX 

    Pass global* (accès à toutes les projections) pendant toute la durée du festival: 30€

    Réduction pour les habitants de Trouville: 25€

    Ticket simple* pour une seule projection: 5 €

    Réduction pour les habitants de Trouville: 3,50€

    Ticket pour le concert de Michel Legrand (samedi 24 juin à 20h, Eglise ND de Bonsecours, Trouville): 35€ (prix unique) Attention: nombre de place limité.

    *:Pass et tickets en prévente dès le 3 juin 2016 à l’Office du Tourisme (34, Bld Fernand Moureaux, Trouville)

    A partir du 20 juin, venez nous rendre visite ! Nous vous accueillons du 20 au 22 juin dans la tente du Festival de 9h30 à 19h30 : billetterie et boutique pour préparer au mieux votre expérience de festivalier culte !

    *:Le pass et les tickets donnent accès aux séances dans la limite des places disponibles.

    Se rendre à Trouville-sur-Mer

    Les moyens d’accès :

    200 km de Paris par l’autoroute A13

    Ligne SNCF de Paris Gare Saint Lazare à Trouville-Deauville (2 heures)

    8 km de l’Aéroport de Deauville Normandie – Ligne aérienne Deauville-Londres

    Pour plus d’informations

    A Trouville-sur-Mer

    Toutes les informations sur les hébergements, les restaurants, les moyens de transport…:

    Office de Tourisme de Trouville (Tél: 02 31 14 60 70)

    AU FESTIVAL DU FILM CULTE

    LES PROJECTIONS

    Salon des gouverneurs du Casino de Trouville
    Place Foch, 14360 Trouville sur mer

    Site officiel du festival

    Lien permanent Imprimer Catégories : IN THE MOOD FOR NEWS (actualité cinématographique) Pin it! 0 commentaire
  • Le Festival du Film de Cabourg 2017 en direct ici du 14 au 18 juin : le programme complet

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    Le Festival du Film de Cabourg figure parmi les festivals auxquels j'assiste très régulièrement. Depuis que j'y avais assisté pour la première fois en intégrant son jury des courts-métrages, en 2002, je suis même retournée presque chaque année dans la coquette station normande pour 5 jours au doux rythme du cinéma romantique. A peine rentrée de Cannes (vous pouvez ainsi retrouver mon compte rendu du 70ème Festival du Film, ici), me voilà donc à nouveau en partance pour de nouvelles pérégrinations cinématographiques. D'ailleurs,  j'apprécie tant ce festival qu'une nouvelle de mon recueil de 16 nouvelles sur les festivals de cinéma "Les illusions parallèles" se déroule dans le cadre du Festival de Cabourg  (Et un chapitre de mon premier roman "L'amor dans l'âme" a  également lieu au festival)....et cela tombe bien puisque ce sont justement des nouvelles romantiques, thème du festival. Ce seront ainsi cette année les 31èmes journées romantiques. Le romantisme qui sied si bien à Cabourg. D’ailleurs, comment définir le romantisme ?  Poser ses yeux sur la célèbre promenade de Cabourg qui porte le nom d’un grand écrivain (qui lui-même a signé des œuvres qui, romantiques, le furent indéniablement) et dont la beauté mélancolique et changeante vous serre le cœur de bonheur et de tristesse mêlés est peut-être déjà une réponse… Le festival, chaque année, à travers les films qui y sont présentés, apporte aussi une réponse: l’amour est protéiforme et polysémique. Le film romantique parle d’amour, forcément, heureux ou malheureux, partagé ou contrarié, éternel ou éphémère, possible ou impossible. Vous pouvez y ajouter, selon le style du film, un zeste d’humour ou de mélancolie. Le film romantique peut être âpre ou doux, réaliste ou onirique. Et le vrai romantisme est pour moi tout sauf mièvre mais plutôt enfiévré et synonyme d’absolu. Comme une histoire d’amour, un film romantique réussi est un voyage qui nous transforme, réchauffe l’âme et le coeur…un peu comme ce Festival de Cabourg.

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    J'aurai à nouveau le plaisir de couvrir le festival cette année sur Inthemoodforcinema.com, Inthemoodfordeauville.com et Inthemoodforfilmfestivals.com. Vous pourrez également me suivre en direct sur twitter (@Sandra_Meziere /@moodfdeauville ) et Instagram (@sandra_meziere).

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    L'an passé, lors d'une mémorable édition, le festival célébrait ainsi son 30ème anniversaire, l'occasion aussi de l'inauguration d'une œuvre poétique unique au monde : le Méridien de l'Amour.

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     L'affiche 2017 est tirée, comme chaque année également, d'un film de l'édition précédente, en l'espèce de "Tanna", mon coup de cœur de l'édition 2016 (qui a d'ailleurs reçu le prix du scénario au Festival du Cinéma & Musique de Film de La Baule 2016), un film dans lequel la justesse des interprètes est sidérante. Les images sont d’une beauté à couper le souffle. La musique procure un souffle épique à l’ensemble. L’histoire, celle d’un amour impossible, est tragique et bouleversante. Hymne à la liberté, à la nature, ce film aux accents de Roméo et Juliette, plus qu’un coup de cœur est un coup au cœur. Vous l'aurez compris : je vous recommande vivement de le découvrir.

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    Swann d’Or de la Révélation Féminine pour le film de Sarah Lévy, Du bleu jusqu’en Amérique en 2000, puis Swann d’Or de la Meilleure Actrice pour La Môme d’Olivier Dahan en 2007, Marion Cotillard entra sept mois plus tard dans la légende des actrices en remportant un Oscar, un César, un Bafta et un Golden Globe. Elle présidera le Grand Jury du 31e Festival du Film de Cabourg. Quel meilleur choix que celui-ci pour le 31ème Festival du Film de Cabourg ! 

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    Ci-dessus Marion Cotillard dans le chef-d'oeuvre de Xavier Dolan "Juste la fin du monde" dont vous pouvez retrouver ma critique en cliquant ici.

    Retrouvez notamment mes critiques de Inception, Les petits mouchoirsMinuit à Paris, De rouille et d'os, The Immigrant, Juste la fin du monde, Mal de Pierres ...autant de (grands) films dans lesquels l'actrice excelle et crève l'écran.

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    Marion Cotillard sera entourée de :

    - Aure Atika
    (actrice : Comme t’y es belle, Tout pour être heureux, La vérité si je mens... et écrivain : Mon Ciel et ma terre)
    - Camille Cottin
    (actrice: Dix pour cent, Telle Mère Telle Fille, Connasse Princesse des coeurs)
    - Anne Dorval
    (actrice: Réparer les vivants, Mommy (dont vous pouvez retrouver ma critique, ici), Laurence Anyways)
    - Hugo Gélin
    (réalisateur: Demain tout commence (que je vous recommande plus que vivement au passage, ma critique ici), Comme des frères, Casting(s))
    - Nathanaël Karmitz
    (producteur, directeur du groupe audiovisuel mk2)
    - Camille Laurens
    (écrivain: Celle que vous croyez, Dans ces bras là, L’Amour roman)
    - Ibrahim Maalouf
    (compositeur : Yves Saint Laurent, La crème de la crème, Dans les forêts de Sibérie - ma critique, ici, un magnifique film découvert à Cabourg l'an passé-)
    - Manu Payet Officiel
    (acteur: Sous le même toit, Tout pour être heureux, L’Amour c’est mieux à deux)

    Gabriel Le Bomin​, quant à lui, présidera le Jury des Courts-Métrages.

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    Réalisateur - Nos Patriotes (sortie le 14 juin 2017) est son dernier long métrage pour le cinéma, après Les Fragments d’Antonin (nommé pour le César du meilleur premier film) et Insoupçonnable, tous deux présentés à Cabourg.

    Il sera accompagné de :


    - Swann Arlaud​
    (acteur : Ni le Ciel ni la Terre, Les anarchistes, Une vie)
    - Olivier Chantreau​
    (acteur : 2 automnes 3 hivers, Baden Baden, Sur quel pied danser)
    - Elodie Frégé​
    (auteur-compositrice-interprète : Amuse Bouches, La Fille de l’après-midi ; actrice : Potiche, L’art de la Fugue)
    - Yaniss Lespert
    (acteur : Le Petit Lieutenant, Le Prénom, Un Profil pour deux)
    - Salomé Richard
    (actrice : Les navets blancs empêchent de dormir, Baden Baden, La Part sauvage)
    - Solène Rigot​
    (actrice : Lulu femme nue, L’Effet Aquatique, Orpheline)

    Le jury jeunesse sera présidé par Nora Arnezeder et Stéphane de Freitas.

    Pendant 5 jours, les festivaliers retrouveront comme chaque année : des rencontres et des débats avec les réalisateurs, acteurs, actrices et compositeurs à l’issue de leurs films, des talents à l’attitude romantique qui participent aux photocalls sur la plage et aux tapis rouges sur la Promenade Marcel Proust, des conférences, dédicaces et soirées thématiques..., des Ciné-Swann pour voir ou revoir les succès romantiques de l’année sur les transats à la nuit tombante face à la mer, à Cap Cabourg.

    La compétition est toujours le temps fort du festival, l'occasion de découvrir des pépites. Cette année, 7 films en compétition :

    Ava de Léa Mysius

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    Ava, 13 ans, est en vacances au bord de l’océan quand elle apprend qu’elle va perdre la vue plus vite que prévu. Sa mère décide de faire comme si de rien n’était pour passer le plus bel été de leur vie. Ava affronte le problème à sa manière. Elle vole un grand chien noir qui appartient à un jeune homme en fuite...

    Cuori puri de Roberto De Paolis

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    Agnese, 17 ans, vit seule avec une mère pieuse qui lui demande de faire vœu de chasteté jusqu’au mariage. Stefano, 25 ans, issu d’un milieu marginalisé par la crise, est vigile dans un parking situé face à un campement de Roms. Quand ces deux-là se rencontrent, c’est une parenthèse qui s’ouvre, dans laquelle ils oublient les tensions de leur vie quotidienne. Mais les idéaux d’Agnese et la violence du monde de Stefano permettront-ils à cette passion naissante d’exister ?

    Été 93 de Carla Simón

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    Suite à la mort de ses parents, Frida, 6 ans, quitte Barcelone et part vivre à la campagne chez son oncle et sa tante et leur petite fille de 3 ans. Le temps d’un été, l’été 93, Frida apprendra à accepter son chagrin, et ses parents adoptifs apprendront à l’aimer comme leur propre fille.

     
    Heartstone de Gudmundur Arnar Gudmundsson

    Un village reculé de pêcheurs en Islande, Thor, 13 ans, vit avec sa mère et ses deux sœurs. Tandis que son meilleur ami se découvre des sentiments pour lui, il tente de gagner le cœur d’une fille. Quand l’été se termine et que la nature sauvage reprend ses droits, il est temps de quitter le terrain de jeu et de devenir adulte. 

     
    Mobile Homes de Vladimir de Fontenay
     

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    Ali et Evan sillonnent les routes entre les États-Unis et le Canada. Ils utilisent Bone, le fils d’Ali, âgé de huit ans, dans leurs trafics. Le jeune couple vit de plus en plus dangereusement. Tous rêvent pourtant d’un refuge, d’un foyer, mais leur fuite inexorable les entraîne sur un chemin qu’ils n’avaient pas prévu…

    Une femme fantastique de Sébastián Lelio

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    Marina et Orlando, de vingt ans son aîné, s’aiment loin des regards et se projettent vers l’avenir.
    Lorsqu’il meurt soudainement, Marina subit l’hostilité des proches ­d’Orlando : une « sainte famille » qui rejette tout ce qu’elle représente. Marina va se battre, avec la même énergie que celle dépensée depuis toujours pour devenir la femme qu’elle est : une femme forte, courageuse, digne… Une femme fantastique !

     
    Walk with me de Lisa Ohlin

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    Lors d’une mission en Afghanistan, Thomas se blesse gravement en marchant sur une mine. De retour au pays, il passe ses journées en centre de réhabilitation avec une seule envie : retourner combattre sur le terrain. Sa rencontre avec Sofie, une jeune danseuse, va bouleverser sa vie. Malgré leurs différences, des liens forts vont se tisser entre eux…

     
    Comme chaque année, le festival proposera également une compétition de courts-métrages...à ne pas manquer ! Retrouvez le programme détaillé, ici.
     
    La section Panorama permet aussi toujours de découvrir de nombreux films en avant-première dont deux films présentés et primés dans le cadre du Festival de Cannes 2017 : 120 battements par minute (Grand prix du festival dont je vous propose ma critique ci-dessous) et Jeune femme (caméra d'or).
     
    Critique de 120 battements par minute de Robin Campillo (France)

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    C’est le film qui a bouleversé les festivaliers au début de cette 70ème édition et qui méritait amplement son Grand Prix. C’est d’ailleurs avec beaucoup d’émotion que Pedro Almodovar l’a évoqué lors de la conférence de presse du jury. On sentait d’ailleurs poindre un regret lorsqu’il a déclaré : « J'ai adoré 120 battements par minute. Je ne peux pas être plus touché par un  film. C'est un jury démocratique. Et je suis 1/9ème seulement. » Mais aussi  « Campillo raconte l'histoire de héros qui ont sauvé de nombreuses vies. Nous avons pris conscience de cela. »

    Début des années 90. Alors que le sida tue depuis près de dix ans, les militants d'Act Up-Paris multiplient les actions pour lutter contre l'indifférence générale. Nouveau venu dans le groupe, Nathan (Arnaud Valois) va être bouleversé par la radicalité de Sean (Nahuel Perez Biscayart) qui consume ses dernières forces dans l’action. Sean est un des premiers militants d' Act Up. Atteint du VIH, il est membre de la commission prisons.  Au film politique va s’ajouter ensuite le récit de son histoire avec Nathan, nouveau militant, séronégatif.

    Le film s’attache en effet à nous raconter à la fois la grande Histoire et celle de ces deux personnages. Celle d’Act Up se heurtant aux groupes pharmaceutiques, essayant d’alerter  l’opinion publique et le gouvernement insensible à sa cause. Celle de l’histoire d’amour entre Sean et Nathan. Deux manières de combattre la mort. La première est racontée avec une précision documentaire. La seconde est esquissée tel un tableau avec de judicieuses ellipses. L’une domine tout le début du film avant que la seconde ne prenne une place grandissante, le film se focalisant de plus en plus sur l’intime même si le combat est toujours présent, en arrière-plan.

     La durée du film (2H10) devient alors un véritable atout nous permettant de nous immerger pleinement dans leur action et de faire exister chaque personnage, de nous les rendre attachants, de nous permettre d'appréhender la violence apparente de leurs actions qui deviennent alors simplement des appels au secours, des cris de colère, si compréhensibles. Parce qu’il n’y a pas d’autre solution face à l’indifférence et l’inertie. Parce que le temps court et leur manque. La caméra s’attache et s’attarde à filmer les visages et les corps, vivants, amoureux, mais aussi les particules qui les détruisent inéluctablement. Deux réalités qui s’opposent. Une course contre la montre. Contre la mort.

    Nahuel Pérez Biscayart, Arnaud Valois et Antoine Reinartz sont impressionnants de force, d’intensité, de justesse, de combattivité. Ils rendent leurs personnages furieusement vivants et Adèle Haenel impose sa colère avec force, totalement imprégnée de son rôle.

    Campillo démontre ici une nouvelle fois son talent de scénariste (il fut notamment celui d’ « Entre les murs », palme d’or 2008 mais aussi  notamment des autres films de Laurent Cantet), dosant brillamment l’intime et le collectif, l’histoire d’amour et le combat politique et parvenant à faire de chacun des débats, parfois virulents,  des moments passionnants, témoignant toujours de ce sentiment d’urgence.  Certains ont reproché au film d’être trop long ou bavard mais aucun de ces échanges n’est vain ou gratuit. Ils sont toujours vifs et incisifs, enragés de l’urgence dictée par la maladie et la mort qui rôde. Ne pas s’arrêter, ne pas se taire pour ne pas mourir.

    La dernière partie du film, poignante, ne tombe pourtant jamais dans le pathos ni dans la facilité. Campillo raconte avec minutie et pudeur les derniers sursauts de vie, puis la mort et le deuil, leur triviale absurdité. « Mince » réagit une mère à la mort  de son enfant. Et c’est plus bouleversant que si elle s’était écroulée, éplorée.

    En immortalisant ces combats personnels et du combat collectif, Campillo a réalisé un film universel, transpirant la fougue et la vie dont chaque dialogue, chaque seconde, chaque plan palpitent d'une urgence absolue. A l’image de la réalisation, effrénée, nerveuse,  d’une énergie folle qui ne nous laisse pas le temps de respirer. Avec sa musique exaltant la vie. Ses images fortes aussi comme ces corps allongés sur le sol de Paris symbolisant les défunts, des corps que la caméra surplombe, tourbillonnant autour comme si elle filmait un ballet funèbre. Sa poésie aussi. Un film jalonné de moments de grâce et d’images fortes qui nous laissent une trace indélébile. Lorsque la Seine devient rouge. Lorsque Sean évoque le ciel et la vie, plus prégnante avec la maladie, et que Paris défile, insolemment belle et mélancolique, derrière la vitre, irradiée de soleil. Un film qui rend magnifiquement hommage à ces combattants, à leur ténacité. Lorsque, finalement, le désir de vie l’emporte, avec ces battements musicaux et cardiaques, qui s’enlacent et se confondent dans un tourbillon sonore et de lumières stroboscopiques, qui exaltent la force de l’instant, et nous accompagnent bien après le générique de film, Campillo nous donne envie d’étreindre furieusement le moment présent. Un grand film.

    Les autres films de la section Panorama :

     L’âme du tigre de François Yang (Suisse)
     
    Alex, trentenaire parisien d’origine chinoise, mène une vie d’insouciance faite d’escapades en montagne et de soirées entre amis. La mort soudaine de son frère l’entraîne à chercher une explication en se confrontant à une histoire familiale trop longtemps laissée de côté. Tiraillé entre deux cultures et entre deux amours, le temps est venu pour Alex de faire des choix.
     
    Cherchez la femme de Sou Abadi (France)

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    Armand et Leila, étudiants à Sciences Po, forment un jeune couple. Ils projettent de partir à New York faire leur stage de fin d’études aux Nations Unies. Mais quand Mahmoud, le grand frère de Leila, revient d’un long séjour au Yémen qui l’a radicalement transformé, il s’oppose à la relation amoureuse de sa sœur et décide de l’éloigner à tout prix d’Armand. Pour s’introduire chez Mahmoud et revoir Leila, Armand n’a pas le choix : il doit enfiler le voile intégral ! Le lendemain, une certaine Schéhérazade au visage voilé sonne à la porte de Leila, et elle ne va pas laisser Mahmoud indifférent…

    Le chemin de Jeanne Labrune (France)

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    Thérèse, une jeune française, décide de partir au Cambodge pour entrer dans les ordres et rejoindre un couvent à Angkor. Un matin, elle fait la connaissance d’un jeune guide de la région, Hiroshi. Un lien fort se tisse entre eux, fait de curiosité, de provocation et de confidences.

    Le ciel étoilé au-dessus de ma tête d’Ilan Klipper (France)
     
    Bruno a publié un fougueux premier roman en 1996. La presse titrait : « Il y a un avant et un après Le Ciel étoilé au-dessus de ma tête ». Vingt ans plus tard, Bruno a 50 ans. Il est célibataire, il n’a pas d’enfants, et vit en colocation avec une jeune Femen. Il se lève à 14 h et passe la plupart de ses journées en caleçon à la recherche de l’inspiration. Pour lui tout va bien, mais ses proches s’inquiètent…
     
    Les ex de Maurice Barthélemy (France)

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    Si Paris est la ville des amoureux, elle est aussi celle… des ex !
    Antoine n’ose plus s’engager, Didier regrette son ex-femme, le père Laurent doit célébrer le mariage de son ex, Julie, Serge est harcelé par Lise, l’ex de sa petite amie du moment, tandis que Greg se console avec le chien… de son ex ! Autant de personnages dont les vies vont se télescoper dans un joyeux désordre et qui pourraient bien retomber amoureux ! Mais de qui ? Qu’ils nous obsèdent ou que l’on adore les détester, au fond, il est difficile d’oublier ses ex !

    Jeune femme de Léonor Serraille (France)
     

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    Un chat sous le bras, des portes closes, rien dans les poches, voici Paula, de retour à Paris après une longue absence. Au fil des rencontres, la jeune femme est bien décidée à prendre un nouveau départ. Avec panache.

    Loue-moi ! de Coline Assous et Virginie Schwartz (France)

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    Léa, 27 ans, n’est pas la brillante avocate qu’imaginent ses parents. En réalité, avec Bertille sa meilleure amie et colocataire, elle a monté une agence proposant de « louer » leurs services pour tous types de missions. De ramasseuse de balles à fille aimante, de conseillère conjugale à belle-fille idéale, Léa jongle avec les identités jusqu’à s’y perdre elle-même.
    Alors quand son amour de jeunesse réapparait et se retrouve mêlé malgré elle à un de ses mensonges, les choses vont rapidement lui échapper…

    Lumières d’été de Jean-Gabriel Périot (France)
     
    Akihiro, réalisateur japonnais, vient de Paris, où il vit, interviewer à Hiroshima des survivants de la bombe atomique. Profondément bouleversé par ces témoignages, il fait une pause et rencontre dans un parc une étrange jeune femme, Michiko. Petit à petit, il se laisse porter par la gaîté de Michiko et décide de la suivre pour un voyage improvisé à travers la ville, jusqu’à la mer.
     
    The Bloom of Yesterday de Chris Kraus (Allemagne)

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    Totila Blumen, enseignant chercheur, se passionne pour l’Holocauste. Sa vie est loin d’être satisfaisante à ses yeux, entre désaccords avec ses collègues et disputes conjugales. Pour remédier à cela, on lui affecte contre son gré Zazie, une jeune étudiante française qu’il trouve d’abord insouciante mais qui dévoile peu à peu, lors de leurs enquêtes sur le terrain, d’autres facettes de sa joyeuse personnalité.

    Their Finest de Lone Scherfig (Grande-Bretagne)

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    Londres, Seconde Guerre mondiale. À présent que presque tous les hommes sont partis se battre au front, Catrin Cole décroche un emploi de rédactrice pour des films de propagande qui ont besoin d’une touche féminine. Son flair naturel est rapidement remarqué par le prolifique producteur de films Tom Buckley. Pour remonter le moral du pays, Catrin et Buckley doivent réaliser un long métrage qui réchauffera le cœur de la nation. Malgré les bombardements incessants, Catrin découvre qu’il existe autant de drame, d’humour et de passion derrière que devant la caméra.

    Une vie violente de Thierry de Peretti (France)
     

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    Malgré la menace de mort qui pèse sur sa tête, Stéphane décide de retourner en Corse pour assister à l’enterrement de Christophe, son ami d’enfance et compagnon de lutte, assassiné la veille. C’est l’occasion pour lui de se rappeler les événements qui l’ont vu passer, petit bourgeois cultivé de Bastia, de la délinquance au radicalisme politique et du radicalisme politique à la clandestinité.

     

     Au programme également, une section Jeunesse avec notamment le magnifique "La tortue rouge" de Michael Dudok de Wit  (je vous en dis quelques mots ci-dessous) mais aussi "Du vent dans les roseaux", "Dare to be wild" de Vivienne de Courcy...

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    À travers l’histoire d’un naufragé sur une île déserte tropicale peuplée de tortues, de crabes et d’oiseaux, « La Tortue rouge » raconte les grandes étapes de la vie d’un être humain.

    Ce conte philosophique et écologique est un éblouissement permanent qui nous attrape dès le premier plan, dès la première note de musique pour ne plus nous lâcher, jusqu’à ce que la salle se rallume, et que nous réalisions que ce passage sur cette île déserte n’était qu’un voyage cinématographique, celui de la vie, dont le film est la magnifique allégorie.

    Quand la carapace de la tortue rouge va se craqueler, se fendre, une autre histoire commence. Le graphisme aussi épuré  et sobre soit-il est d’une précision redoutable. Jamais l’absence de dialogue ne freine notre intérêt ou notre compréhension mais au contraire rend plus limpide encore ce récit d’une pureté et d’une beauté aussi envoûtantes que la musique qui l’accompagne composée avec talent par Laurent Perez del Mar.

    « La Tortue rouge » a été cosignée par les prestigieux studios d’animation japonaise Ghibli. C’est la première fois que Ghibli collabore avec un artiste extérieur au studio, a fortiori étranger. Le résultat est un film universel d’une force foudroyante de beauté et d’émotions, celle d’une Nature démiurgique, fascinante et poétique.

    Ciné-swann sera l'occasion de (re)voir 5 films romantiques de l'année écoulée étendus sur des transats :

    Chacun sa vie de Claude Lelouch

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    Django de Etienne Comar

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    Monsieur et Madame Adelman de Nicolas Bedos

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    Nocturama de Bertrand Bonello

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    Sage femme de Martin Provost

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    La section Premier rendez-vous nous donnera l'occasion de (re)voir:

    Patients de Grand Corps malade et Mehdi Idir

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    Jamais contente de Emilie Deleuze

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    En clôture du festival, nous pourrons découvrir "Le Redoutable" de Michel Hazanavicius et "Un beau soleil intérieur" de Claire Denis.

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     Infos pratiques

    Le site officiel du festival, ses comptes twitter, Facebook et Instagram pour ne rien manquer de l'édition 2017.

    Sachez également que, cette année, pour la première fois, vous pourrez acheter vos places de cinéma sur Internet via une billetterie en ligne.

    Cliquez ici pour accéder à la billetterie en ligne

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    Un quota limité de places sur toutes les séances du Festival est disponible. Une fois vos places achetées, il suffira de les retirer dès le mercredi 14 juin à la Villa Coquatrix (ebillet non valable). Un point de retrait spécifique pour les réservations sur Internet sera ouvert. Pour les festivaliers qui souhaitent acheter directement les places à la billetterie du Festival, ils pourront se rendre le lundi 12 juin à la Villa Coquatrix pour les laissez-passer, puis le mercredi 14 juin à la Villa Coquatrix et au Drakkar pour les places de cinéma sur toutes les séances du Festival.

    En achetant un laissez-passer au prix de 30€, 5 places de cinéma pourront être retirées et un kit festivalier sera remis comprenant le catalogue et la grille de programmation du Festival. Muni de ce laissez-passer, chaque spectateur pourra donc retirer les places pour les séances de son choix en billetterie. Les projections sont aussi accessibles à l’unité au tarif de 7€ et de 5€ pour les étudiants. Cette année également, l’entrée est gratuite pour les moins de 25 ans pour les projections du Cinéma Le Drakkar (sur présentation d’une pièce d’identité).
    Les séances du Ciné-plage, les conférences, rencontres et signatures sont gratuites pour tous. Les places seront à retirer aux points de vente de la Villa Coquatrix et du Cinéma Le Drakkar dès le mercredi 14 juin.
    Attention : les tickets n’étant ni échangeables, ni remboursables, la ponctualité est indispensable !

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