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IN THE MOOD FOR CINEMA - Page 497

  • "La Strada" de Fellini (1954)

    A l'occasion de l'exposition actuellement consacrée à Fellini au musée du Jeu de Paume, en association avec la Cinémathèque française et l'Institut culturel italien de Paris, et avant de vous parler de cette exposition cet après-midi, je vous renvoie vers mon analyse de "La Strada"  publiée sur ce blog suite à une projection-débat dans le cadre du ciné-club du cinéma l'Arlequin, en 2006.

    Cliquez ici pour lire mon analyse de la Strada de Fellini

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    Lien permanent Imprimer Catégories : CRITIQUES DE CLASSIQUES DU SEPTIEME ART Pin it! 0 commentaire
  • "Sin nombre" de Cary Joji Fukunaga: le prix du jury du Festival du Cinéma Américain de Deauville 2009 en salles aujourd'hui

     

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    Cary Joji Fukunaga, réalisateur de "Sin nombre"' entouré du jury palmarès du Festival du Cinéma Américain de Deauville 2009 présidé par Jean-Pierre Jeunet
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    Si, aujourd'hui, je vous recommande d'abord et avant tout, la palme d'or du Festival de Cannes 2009 ("Le ruban blanc" de Michael Haneke, cliquez ici pour lire ma critique), je vous recommande également un autre lauréat d'un Festival de cinéma en 2009: "Sin nombre" de Cary Joji Fukunaga qui a reçu le prix du jury du Festival du Cinéma Américain de Deauville 2009.(Cliquez ici pour en savoir plus)

  • « L’année brouillard » de Michelle Richmond (sélection Prix littéraire des lectrices de Elle 2010)

    année brouillard.jpgJe poursuis mes lectures de jurée du Prix des lectrices de Elle 2010 avec, aujourd'hui, « L'année brouillard » de Michelle Richmond qui nous embarque sur une plage proche de San Francisco, un matin de brouillard, avec Abby et Emma, la petite fille de son futur mari Jake. L'attention d'Abby est distraite un court instant, elle détourne le regard d'Emma. Parfois un court instant peut faire basculer un destin.  Pendant ce court instant Emma disparaît et l'existence d'Abby va se retrouver plonger en plein brouillard. Un autre. Celui de l'existence qui perd tout sens. Celui du temps qui s'égrène impitoyablement et qu'on voudrait remonter, maîtriser. Celui de la mémoire et des souvenirs dans lesquels Abby se replonge, avec l'énergie du désespoir. En vain. Bientôt Jake s'éloigne d'elle et perd tout espoir mais Abby va continuer à chercher, obstinément, aux portes de la folie, envers et contre tout. Tous. Et avec elle nous plongeons, happés, dans ce brouillard opaque, dès les premières pages des 500 que compte ce roman haletant.

    C'est ainsi par la voix d'Abby que nous sommes guidés, Abby dont ce livre est avant tout le subtil portrait. Par flash-backs, on revient sur les moments de son existence en lesquels elle puise forces et faiblesses et grâce auxquels elle tente de trouver un espoir malgré cette douleur incommensurable et abstraite, mais aussi une logique, une raison aux évènements qui se sont enclenchés jusqu'à cette seconde fatidique où tout a basculé. La disparition, de surcroît inexpliqué, forcément violente, d'un être cher, une peur que chacun a éprouvée ou crainte, qui fait que l'identification est immédiate. Le lecteur est aussitôt en empathie avec Abby, éprouvant le poids de sa culpabilité.

    D'une rigueur photographique (Abby est photographe), mais aussi avec une grande pudeur, ce roman m'a passionnée. D'abord pour le portrait de son personnage principal dans la psychologie duquel nous sommes plongés, grâce à un style précis, sensible. Ensuite parce qu'est aussi une réflexion documentée et passionnante sur la mémoire. Enfin, parce que Michelle Richmond nous emmène vraiment ailleurs, dans l'intériorité d'Abby mais aussi de San Francisco au Costa Rica dans un ailleurs angoissant et palpitant, par la simple force des mots qu'elle manie avec un indéniable talent.

    Si je devais émettre une réserve, ce serait peut-être sur le personnage de Jake, un peu plus flou, mais après tout cela s'explique aussi par le fait que l'histoire est vécue à travers les pensées, tourmentées, d'Abby.

    Un livre sur l'obstination, la volonté, le pardon, l'absence, aussi. Un livre qui a la beauté mystérieuse, inquiétante et envoûtante, du brouillard. Un livre qui vous poursuit très longtemps après la dernière ligne, Michelle Richmond nous ayant si bien fait croire à l'existence d'Abby qu'elle nous laisse imaginer la suite de son destin comme si ces personnages, par-delà celle qui les a créés avaient une existence propre.

    Mon premier grand coup de cœur de cette sélection. Un livre dont la belle et minutieuse écriture, le portrait saisissant et touchant de son personnage principal, mais aussi tous les espoirs et angoisses auxquels il fait forcément écho, me hantent encore...

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    Lien permanent Imprimer Catégories : CHRONIQUES LITTERAIRES (suite) Pin it! 19 commentaires
  • "Le ruban blanc" de Michael Haneke: à ne pas manquer mercredi!

    Sans doute trop impatiente de vous le recommander, je me suis trompée sur sa date de sortie et vous ai parlé de ce film une semaine trop tôt , c'est pourquoi je vous en parle de nouveau aujourd'hui. Il sort donc en salles mercredi prochain, ne le manquez pas!

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    Photo: inthemoodforcannes.com (clôture du Festival de Cannes 2009)
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    pariscinema.jpgDans le cadre de Paris Cinéma, était projetée la palme d’or du Festival de Cannes 2009 : « Le ruban blanc » de Michael Haneke qui sort en salles ce mercredi. N’ayant pas pu le voir sur la Croisette, j’étais impatiente de voir ce film que le jury avait préféré au magistral « Un Prophète » de Jacques Audiard (cliquez ici pour lire mes commentaires) et surtout à « Inglourious  Basterds » de Quentin Tarantino (cliquez ici pour lire ma critique), mon coup de cœur de ce Festival de Cannes 2009.

     

    En raison de l’inimitié ou de la potentielle rancœur subsistant entre Isabelle Huppert et Quentin Tarantino suite à leurs dissensions lors du casting d’ « Inglourious Basterds » et du lien particulier qui unit cette dernière à Haneke  ( « La Pianiste » du même Haneke lui a valu un prix d’interprétation cannois), je supposais  que « Le ruban blanc » devait être un chef d’œuvre tel que ce prix mettait la présidente du jury 2009 hors du moindre soupçon d’avoir favorisé le réalisateur autrichien, pour des raisons autres que cinématographiques.

     

    Alors, « un ruban blanc » est-il ce chef d’œuvre irréfutable faisant de cette palme d’or une évidence ?

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    Haneke est aussi outrancier dans l’austérité que Tarantino l’est dans la flamboyance. Leurs cinémas sont à leurs images, extrêmes. Alors difficile de comparer deux films aussi diamétralement opposés même si pour moi l’audace, l’inventivité, la cinéphilie de Tarantino le plaçaient au-dessus du reste de cette sélection 2009. Audace, inventivité, cinéphilie : des termes qui peuvent néanmoins tout autant s’appliquer à Haneke même si pour moi « Caché » (pour lequel il avait reçu un prix de la mise en scène en 2005) méritait davantage cette palme d’or (et celui-ci un Grand Prix) qui, à défaut d’être une évidence, se justifie et se comprend aisément.
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    Synopsis : Un village de l’Allemagne du Nord à la veille de la Première Guerre Mondiale. Un instituteur raconte l’histoire d’étranges incidents qui surviennent dans la petite communauté protestante formée par les élèves et leurs familles. Peu à peu, d’autres accidents surviennent et prennent l’allure d’un rituel primitif.

     

    Quel qu’en soit l’enjeu  et aussi âpre soit-elle, Haneke a le don de créer une atmosphère quasi hypnotique, et de vous y plonger. L’admiration pour la perfection formelle  l’emporte toujours sur le rejet de l’âpreté, sur cette froideur qui devrait pourtant nous tenir à distance, mais qui aiguise notre intérêt, notre curiosité. La somptuosité glaciale  et glaçante de la réalisation, la perfection du cadre et des longs plans fixes où rien n’est laissé au hasard sont aussi paralysants que l’inhumanité qui émane des personnages qui y évoluent.

     

    Derrière ce noir et blanc, ces images d’une pureté étrangement parfaite,  à l’image de ces chérubins blonds symboles d’innocence et de pureté (que symbolise aussi le ruban blanc qu’on leur force à porter) se dissimulent la brutalité et la cruauté.

     

    L’image se fige à l’exemple de cet ordre social archaïquement hiérarchisé, et de cette éducation rigoriste et puritaine dont les moyens sont plus cruels que les maux qu’elle est destinée prévenir et qui va provoquer des maux plus brutaux encore que ceux qu’elle voulait éviter. La violence, au lieu d’être réprimé, s’immisce insidieusement pour finalement imposer son impitoyable loi. Cette violence, thème cher à Haneke, est toujours hors champ, « cachée », et encore plus effrayante et retentissante.

     

    Ce ruban blanc c’est le symbole d’une innocence ostensible qui dissimule la violence la plus insidieuse et perverse. Ce ruban blanc c’est le signe ostentatoire d’un passé et de racines peu glorieuses qui voulaient se donner le visage de l’innocence. Ce ruban blanc, c’est le voile symbolique de l’innocence qu’on veut imposer pour nier la barbarie, et ces racines du mal qu’Haneke nous  fait appréhender avec effroi par l’élégance moribonde du noir et blanc.

     

    Ces châtiments que la société inflige à ses enfants en évoquent d’autres que la société infligera à plus grande échelle, qu’elle institutionnalisera même pour donner lieu à l’horreur suprême, la barbarie du XXème siècle. Cette éducation rigide va enfanter les bourreaux du XXème siècle dans le calme, la blancheur immaculée de la neige d’un petit village a priori comme les autres.

     

    La forme démontre alors toute son intelligence, elle nous séduit d’abord pour nous montrer toute l’horreur qu’elle porte en elle et dissimule à l’image de ceux qui portent ce ruban blanc.

     

    Que dire de l’interprétation ? Elle est aussi irréprochable. Les enfants jouent avec une innocence qui semble tellement naturelle que l’horreur qu’ils recèlent en devient plus terrifiante encore.

     

    Avec une froideur et un ascétisme inflexibles, avec une précision quasi clinique, avec une cruauté tranchante et des dialogues cinglants, avec une maîtrise formelle fascinante,  Haneke poursuit son examen de la violence en décortiquant ici les racines du nazisme, par une démonstration implacable et saisissante. Une œuvre inclassable malgré ses accents bergmaniens.

     

    Un film à voir absolument. L'oeuvre austère, cruelle, dérangeante, convaincante, impressionnante d'un grand metteur en scène.

    Lien permanent Imprimer Catégories : CRITIQUES DES FILMS A L'AFFICHE EN 2008 Pin it! 0 commentaire
  • "Le crime est notre affaire" de Pascal Thomas, ce soir sur Canal +

    Je vous parlais ce matin du festival "Cinéma et Politique" de Tours dont le jury est présidé par Pascal Thomas. Cela tombe bien, ce soir, à 20h50,  Canal plus diffuse la comédie policière réjouissante de Pascal Thomas, "Le crime est notre affaire" dont je vous propose à nouveau la critique ci-dessous.

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    Arrivée juste à temps pour voir le générique du film (de début, hein, je précise, je ne fais pas comme certains critiques qui arrivent dix minutes après le début ou partent dix minutes avant la fin…), sans grande envie de le voir mais avec pour objectif de satisfaire ensuite ma frénésie d’écriture ( de tout ce qui est à portée de clavier, j’ignore si ça se soigne et n’en ai d’ailleurs pas envie…) par une critique cette fois-ci donc, eh bien j’ai été très agréablement surprise par ce film dont je n’attendais rien d’autre que matière à satisfaire mon insatiable soif d’écriture. J’aurais d’ailleurs dû me souvenir de « L’heure zéro » du même Pascal Thomas, un film vu à Dinard lors du Festival du Film Britannique et dont l’intrigue se déroulait d’ailleurs dans la cité balnéaire bretonne en question. Auparavant, Pascal Thomas avait déjà signé « Mon petit doigt m’a dit » qui mettait déjà en scène Prudence et Bélisaire Beresford sous les traits de Catherine Frot et André Dussolier, un succès autant dans les salles (1 200 000 spectateurs) que dans les critiques qu’il pourrait bien renouveler cette fois-ci.

     Prudence et Bélisaire Beresford (colonel des services secrets à la retraite) se reposent désormais dans leur château qui domine le lac du Bourget. Prudence qui trouve qu’elle dégage une odeur de vieux ne déteste rien tant que se reposer. Elle rêve qu’un mort titubant frappe à la porte et vienne les sortir de leur léthargie, les plongeant dans une affaire palpitante et mystérieuse. Cela tombe bien : sa pittoresque tante belge Babette (Annie Cordy)  a assisté à un crime de la fenêtre du train. Bien que Bélisaire soit incrédule, Prudence (la mal nommée) part à la recherche du cadavre et se fait employer comme cuisinière dans une inquiétante demeure (dont les habitants le sont au moins autant) où elle est persuadée qu’elle trouvera des indices. Entre un vieillard irascible, le père de famille (Claude Rich), et ses quatre enfants qui attendent l’héritage (interprétés par Chiara Mastroianni- ici, mélancolique à souhait, et qu’on ne voit d’ailleurs pas suffisamment au cinéma-, Melvil Poupaud, Christian Vadim, Alexandre Lafaurie) elle n’est pas au bout de ses surprises. Et nous non plus…

     Les surprises ne résident d’ailleurs pas là où on pourrait les attendre dans une adaptation d’Agatha Christie, à savoir dans la résolution de l’intrigue, finalement ici secondaire, les suspects n’étant  pas bien nombreux et le coupable facilement identifiable… mais que cela ne vous surtout arrête pas ! Si vous aimez Agatha Christie, vous retrouverez le second degré, l’ironie, le ton même parfois irrévérencieux de l’auteur que Pascal Thomas a librement et intelligemment adaptée.

     Je pourrais reprendre ma critique de « L’heure zéro » et l’adapter à ce film qui présente les mêmes ingrédients avec tout de même des qualités supplémentaires et avant tout le couple savoureux formé par André Dussolier et Catherine Frot, « Hercule Poirot en deux personnes » pour reprendre l’expression utilisée par Pascal Thomas...avec les fameuses petites cellules grises qui vont avec. Le film s’inspire ainsi du recueil « Partners in crime » dans lequel Tommy et Tuppence Beresford mènent l’enquête et l’intrigue est similaire à celle du « Train de 16H50 » (dans lequel l’enquête est néanmoins menée par Miss Marple).

     Ce qui fait d’abord le charme convaincant de ce film, c’est le talent de Catherine Frot (j’ai beau avoir vu et revu « Un air de famille » un nombre incalculable de fois, je l’y trouve toujours aussi remarquable et hilarante), dont le personnage prend un malin plaisir à mener son enquête, et que l’actrice semble prendre aussi un plaisir à interpréter, et nous à la suivre dans ses rocambolesques péripéties. Elle est rayonnante, virevoltante, malicieuse et elle forme avec André Dussolier un couple impertinent et libre comme on aimerait en voir plus souvent au cinéma. Leur élégance imprègne tout le film : des décors aux dialogues, savoureux. Ni leurs personnages ni ceux qui les interprètent ne redoutent l’autodérision comme quand André Dussolier se prend, malgré lui, pour Marilyn Monroe dans « Sept ans de réflexion ». Leur couple a un côté touchant qui, si le scénario avait quelques faiblesses, nous les ferait oublier tant nous les suivons avec plaisir et intérêt, voire jubilation, d’autant plus que les membres de la famille où s’est fait employer Prudence se détestent tous cordialement, mettant ainsi en valeur leur complicité.

     Comme dans ses précédents films adaptés d’Agatha Christie, Pascal Thomas brouille astucieusement les repères entre les temporalités. Si l’intrigue se déroule de nos jours, ses personnages ont un caractère intemporel, ses décors et ses costumes un air joliment désuet qui nous embarquent dans son univers distrayant, et pas seulement.

     Si vous voulez passer une heure trente (un peu plus même) réjouissante en joyeuse compagnie, alors ce crime-là sera aussi votre affaire, préférez-le au « Grand Alibi » de Pascal Bonitzer -voir ma critique ici: http://www.inthemoodforcinema.com/archive/2008/04/16/avan... - (autre adaptation récente d’Agatha Christie) qui n’en avait ni la saveur, ni l’originalité. Un film à l’image de son affiche : (re)bondissant, coloré, décalé, joyeux.

     Sandra.M

  • Festival Cinéma et Politique de Tours (16,17,18 octobre)

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    Encore un nouveau festival me direz-vous. Oui, mais de celui-ci non plus je ne pouvais pas ne pas vous parler, d'abord parce que le thème m'intéresse tout particulièrement (cinéma et politique), ensuite parce qu'il se déroule dans ma région d'origine, enfin parce que le "comité de pilotage" du festival est notamment composé de Laure Adler, Luc Ferry, Hubert Védrine, Nicole Garcia, Patrice Leconte, Guillaume Laurant,  Maria de Medeiros... de quoi donner une idée de la personnalité singulière de ce festival!

    Ce festival a lieu ce week end (16, 17, 18 octobre) et propose un programme des plus attractifs avec  de nombreuses rencontres (notamment des débats qui s'annoncent passionnants) et plus de 40 films :

    -débats avec des acteurs, réalisateurs, journalistes, politistes, analystes

    -huit films en compétition dans la section "Panorama" (des films internationaux parmi lesquel "In the Loop" dont je vous ai parlé à l'occasion de sa projection, également en compétition, au 20ème Festival du Film Britannique de Dinard). Le jury est présidé par Pascal Thomas qui sera entouré de Walter Veltroni, Firmine Richard, Roland Dumas, Elli Medeiros, Ernest Pignon Ernest et Janine Mossuz-Lavau.

    -Une section "La prise du pouvoir" avec des projections divisées en 3 catégories: la tradition ("L'assassinat du Duc de Guise"...), les urnes ("Le Caïman"...), la violence ("Danton", "Capitaines d'Avril"...)

    -Une section consacrée au pays invité, cette année Le Royaume Uni, divisée en 6 parties: Histoire, espionnage, Irlande du Nord, Sociétés, politique récente, communautés

    -Une section rushes (rushes d'un films sur un sujet politique): "Marching band" de Claude Miller

    -Des séances spéciales, deux films accompagnés par leurs réalisateurs: "Politique chronique" de Xavier Petit et Yvan Selva,  "Les temps changent" de Luc Leclerc du Sablon

    Site internet du festival: http://www.cinema-politique-tours.fr/

     

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  • « Mademoiselle Chambon » de Stéphane Brizé avec Sandrine Kiberlain, Vincent Lindon, Aure Atika…

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    Cela pourrait se résumer en une phrase : Jean (Vincent Lindon), maçon, bon mari et père de famille, croise la route de la maîtresse d'école de son fils, Mademoiselle Chambon (Sandrine Kiberlain) ;  leurs sentiments réciproques vont s'imposer à eux. Enfin non, justement, cela ne se résume pas en une phrase parce que tout ce qui importe ici réside ailleurs que dans les mots, même si ce film est inspiré de ceux du roman d'Eric Holder.

    Les mots sont impuissants à exprimer cette indicible évidence. Celle d'un regard qui affronte, esquive, tremble, vacille imperceptiblement. Celle d'une lèvre dont un rictus trahit un trouble ou une blessure. Celle d'une rencontre improbable mais impérieuse. Entre un homme qui ne sait pas manier les mots (la preuve, c'est son fils qui lui apprend ce qu'est le complément d'objet direct) et vit du travail de ses mains et une femme dont c'est le métier que de manier les mots, les apprendre. Lui construit des maisons, elle déménage sans cesse. Lui est ancré dans la terre, elle est évanescente. Il a un prénom, elle est avant tout mademoiselle. Lui a un lien douloureux et charnel avec son père, ses parents à elle ne lui parlent que par téléphone interposé et pour lui faire l'éloge de sa sœur. Et pourtant, et justement : l'évidence.  La musique va alors devenir le langage qui va cristalliser leurs émotions, et les sanglots longs des violons (pas de l'automne, comme ceux de Verlaine, mais ici du printemps, avec une langueur plus mélancolique que monotone) exprimer la violence de leurs irrépressibles sentiments.

    Comme dans le magnifique « Je ne suis pas là pour être aimé »,  on retrouve cette tendre cruauté et cette description de la province, glaciale et intemporelle. Ces douloureux silences. Cette sensualité dans les gestes chorégraphiés, déterminés et maladroits. Cette révolte contre la lancinance de l'existence. Et ce choix face au destin. Cruel. Courageux ou lâche. (Magnifique scène de la gare dont la tension exprime le combat entre ces deux notions, la vérité étant finalement, sans doute, au-delà, et par un astucieux montage, Stéphane Brizé en exprime toute l'ambivalence, sans jamais juger ses personnages...). On retrouve aussi cet humour caustique et cette mélancolie grave, notamment dans la scène des pompes funèbres qui résume toute la tendresse et la douleur sourdes d'une existence et qui fait écho à celle de la maison de retraite dans « Je ne suis pas là pour être aimé. »

     Mais ce film ne serait pas ce petit bijou de délicatesse sans l'incroyable présence de ses acteurs principaux, Vincent Lindon (récemment déjà magistral dans "Welcome" et "Pour elle") d'abord, encore une fois phénoménal, aussi crédible en maçon ici qu'en avocat ailleurs. Son mélange de force et de fragilité, de certitudes et de fêlures, sa façon maladroite et presque animale de marcher, de manier les mots, avec parcimonie, sa manière gauche de tourner les pages ou la manière dont son dos même se courbe et s'impose, dont son regard évite ou affronte : tout en lui nous faisant oublier l'acteur pour nous mettre face à l'évidence de ce personnage.  Et puis Sandrine Kiberlain, rayonnante, lumineuse, mais blessée qui parvient à faire passer l'émotion sans jamais la forcer. Aure Atika, qui interprète ici l'épouse de Vincent Lindon, est, quant à elle, absolument méconnaissable, et d'une sobriété remarquable et étonnante. Sans doute faut-il aussi une direction d'acteurs d'une précision, d'une sensibilité rares pour arriver à une telle impression d'évidence et de perfection ( la preuve, les seconds rôles sont d'ailleurs tout aussi parfaits).

    Une histoire simple sur des gens simples que Stéphane Brizé (avec la complicité de Florence Vignon, déjà co-scénariste du très beau « Le bleu des villes ») compose avec dignité  dans un film épuré, sensible qui fait de ses personnages des héros du quotidien emprisonnés dans un fier et douloureux silence (résumé par le dernier plan d'une belle luminosité derrière les barreaux d'une fenêtre ). Un film qui, encore une fois, rappelle le cinéma de Claude Sautet (notamment par l'utilisation du violon et de la musique comme éléments cristallisateurs qui rappellent « Un cœur en hiver » mais aussi par la sublimation d'une « histoire simple ») qui, tout en « faisant aimer la vie » et la poésie des silences, en souligne toute la quotidienne et silencieuse beauté, cruelle et dévastatrice.

     Un film, vous l'aurez compris, vivement recommandé par Inthemoodforcinema.com .