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IN THE MOOD FOR CINEMA - Page 11

  • Festival de Cannes 2023 - Cérémonie d’ouverture et film d’ouverture, JEANNE DU BARRY de Maïwenn

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    Impériale, Chiara Mastroianni, la maîtresse de cérémonie de l’ouverture et de la clôture de ce 76ème Festival de Cannes, a débuté cette soirée par quelques notes envoûtantes chantées en Italien. Ensuite, elle a célébré ce festival qui met à l’honneur les films qui vont, pendant ces 10 jours, « guider nos émotions, nos pensées, nos amours même si cela pourrait paraître fou dans la période chaotique et souvent douloureuse que nous vivons. » Elle a rappelé de ne pas oublier que ce festival est « né d’une indignation, d’une colère, un acte de résistance, fondé en 1939 à la veille d’une tragédie qui allait enflammer le monde ». Elle a également souligné ce dont il était synonyme, de libertés : « liberté d’oser, d’imaginer, de créer », et qu’il réalisait l’exploit de « réunir 68 films en sélection officielle venant de 27 pays ». Avant de présenter le jury, elle a prononcé cette magnifique phrase dont j’ai décidé aussi de faire mon credo pendant ces jours de festival :

    « Que le ravissement nous étreigne, que le cinéma nous emporte par sa beauté, sa force et sa joie ! ».

    Elle a ensuite annoncé les membres du jury (5 hommes et 4 femmes) qui, comme le veut la tradition, sont venus s’installer un à un sur scène : la réalisatrice française Julia Ducournau (Palme d'or en 2021 avec Titane), l'actrice américaine Brie Larson mais aussi la réalisatrice marocaine Maryam Touzani, l'acteur français Denis Ménochet, la réalisatrice britannico-zambienne Rungano Nyoni, l'acteur et réalisateur américain Paul Dano, l'écrivain et réalisateur afghan Atiq Rahimi, le cinéaste argentin Damian Szifron. Et enfin le président du jury, le cinéaste Ruben Östlund, qui a remporté sa deuxième Palme d'Or en 2022 pour Sans filtre. Sur scène, ce dernier a ainsi déclaré que « Le cinéma doit être crée par des êtres humains, doit nous amener à réfléchir. Dans une salle de cinéma, le simple fait qu’il y ait d’autres personnes dans la salle qui pourraient vous demander après ce que vous en avez pensé, rien que cela est une raison d’aller voir un film en salles. Les images ont un impact énorme sur notre comportement. Ce qu’il y a de merveilleux dans le cinéma c’est de voir des films ensemble en salles. »

    Ensuite, les discours ont laissé place à la musique avec le groupe Gabriels qui a totalement charmé la salle par son interprétation éblouissante et émouvante de Stand by Me, la chanson culte de Ben E. King.

    Uma Thurman a ensuite remis la palme d’or d’honneur à Michael Douglas. « La palme d’or d’honneur est attribuée à des personnes qui ont eu un impact profond durable sur le cinéma. Je ne vois personne d’autre que Michael Douglas qui puisse la mériter autant » a-t-elle ainsi déclaré, le qualifiant également de « star éternelle et artiste lumineux », citant également ce dernier selon lequel :  « Mes films vont au-delà des apparences pour aller à l’essentiel sans fards. »

    L’acteur producteur américain a ensuite reçu une véritable standing ovation, avant de s’adresser à la salle, notamment par ces mots : « Merci pour cet honneur. Cela me touche énormément parce qu’il y a des centaines de festivals dans le monde entier mais il n’y a qu’un seul Festival de Cannes. J’en ai de merveilleux souvenirs au cours des 40 dernières années. Le plaisir est immense de parler à des personnes de différents pays, de différentes cultures, toutes réunies par l’amour du cinéma.  Ce festival souligne nos points de convergence, il montre que le cinéma peut transcender les limites et unir les êtres humains. C’est un privilège d’en faire partie. En voyant ce résumé de mes 55 ans de carrière, je me suis demandé comment j’ai pu durer aussi longtemps. » Il a également souligné l’importance qu’avait eu Karl Malden dans sa carrière : « J’ai consacré 4 années à Karl Malden pour Les rues de San Francisco. Karl a été mon mentor. » Mais aussi évidemment son père Kirk : « Mon père Kirk, son incroyable endurance, sa force et son travail acharné étaient admirables et m’ont servi d’exemples. Pour le public, c’était une icône, un superman et pour moi c’était mon père. Quand je le voyais avec ses amis Franck Sinatra, Gregory Peck, Tony Curtis, il n’y avait ni autographes ni lunettes de soleil, seulement des personnes avec leurs doutes. » « Pendant ces 50 ans, j’ai joué dans plus de 60 films et produit plus de 30 films. On travaille avec autant d’acharnement pour nos échecs que pour nos succès. » Il a enfin remercié toutes les équipes avec lesquelles il a travaillé au fil des ans « pour leur travail et leur joie communicative » et a évoqué son dernier rôle en France et le personnage de Franklin qui lui a « rappelé l’importance de la France dans la création des Etats Unis. »

    Chiara Mastroianni a ensuite appelé Catherine Deneuve sur scène : « Il est temps d’inviter une icône pour ouvrir ce 76ème Festival de Cannes. S’il y a bien un mot qu’elle déteste, c’est celui-là. Rassurez-vous, je la connais. »

    Catherine Deneuve a eu la merveilleuse idée de dire les mots de la poétesse ukrainienne Lessia Oukraïnka, figure féministe dans son pays. Ce poème s’intitule L’Espérance. Elle l’a écrit en 1878 lorsqu’elle avait 9 ans seulement.

    "Je n'ai plus ni bonheur ni liberté

    Une seule espérance m'est restée :

    Revenir un jour dans ma belle Ukraine,

    Revoir une fois ma terre lointaine,

    Contempler encore le Dniepr si bleu

    -- Y vivre ou mourir importe bien peu --,

    Revoir une fois les tertres, les plaines,

    Et brûler au feu des pensées anciennes...

    Je n'ai plus ni bonheur ni liberté,

    Une seule espérance m'est restée." 

    Catherine Deneuve et Michael Douglas ont ensuite déclaré ouverte cette 76ème édition avant que Chiara Mastroianni ne clôture cette cérémonie par cette malicieuse citation de George Cukor : « Le cinéma c’est comme l’amour. Quand c’est bien, c’est formidable. Quand c’est pas bien, c’est pas mal quand même ».

    Une cérémonie à l’image de l’actrice qui en a été la maîtresse de cérémonie : élégante, sobre, brillante. Le ton de cette 76ème édition était ainsi donnée.

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    Fut ensuite projeté le film d’ouverture, la nouvelle réalisation de Maïwenn dans laquelle elle incarne également le rôle principal, Jeanne Du Barry. Maïwenn avait obtenu le prix du jury en 2011 pour Polisse, un film dans lequel Maïwenn et sa coscénariste, Emmanuelle Bercot, maniaient brillamment le film choral aidées par un savant montage qui fait alterner scènes de la vie privée et scènes de la vie professionnelle, les secondes révélant toujours quelque chose sur les premières, ces deux familles se confondant parfois. Pialat, Tavernier, Beauvois, Marchal avaient chacun à leur manière éclairer une facette parfois sombre de la police. Il fallait désormais compter avec le Polisse de Maïwenn.

    Changement total de style et d’époque avec cette nouvelle réalisation… Jeanne Vaubernier, fille du peuple avide de s’élever socialement, met à profit ses charmes pour sortir de sa condition. Son amant le comte Du Barry, qui s’enrichit largement grâce aux galanteries lucratives de Jeanne, souhaite la présenter au Roi. Il organise la rencontre via l’entremise de l’influent duc de Richelieu. Celle-ci dépasse ses attentes : entre Louis XV (Johnny Depp) et Jeanne (Maïwenn), c’est le coup de foudre… Avec la courtisane, le Roi retrouve le goût de vivre – à tel point qu’il ne peut plus se passer d’elle et décide d’en faire sa favorite officielle. Scandale : personne ne veut d’une fille des rues à la Cour.

    Fascinée par le personnage de Jeanne Du Barry interprétée par Asia Argento dans Marie-Antoinette de Sofia Coppola, Maïwenn est tombée amoureuse du personnage et de son époque sur lesquels elle va ensuite se documenter.

    Très inspirée par les tableaux du 18ème mais aussi par Barry Lyndon, Maïwenn offre à notre regard une vision épique, romanesque, très contemporaine et même intemporelle de la cour…dont l’esprit, les rumeurs, les faux-semblants, les manigances et lâchetés peuvent tout aussi bien s’appliquer au milieu du cinéma dans lequel Maïwenn évolue, qui souvent s’est sentie méprisée et rejetée comme la Du Barry.

    Le 35mm renforce encore le réalisme et cette impression d’être immergée avec elle dans cette cour impitoyable et fascinante (le film a été largement tourné au Château de Versailles, certains plans sont d’une beauté vertigineuse comme lorsque Jeanne monte les marches du château, à la fois fragile et puissante au milieu de cette immensité). La somptueuse lumière du chef opérateur Laurent Dailland  y est aussi pour beaucoup.

    Ce film a été injustement critiqué avant même qu’il soit projeté (hier à Cannes et en même temps dans toute la France). Son lyrisme, son romantisme, la qualité de ses dialogues en font un grand et beau film idéal pour ouvrir « le bal » de cette 76ème édition. Et Maïwenn est parfaite dans le rôle de la célèbre et ambitieuse favorite. Dans le rôle du premier valet de chambre, Benjamin Lavernhe marque aussi les esprits. Une réjouissante ode à la liberté et un malicieux écho au cadre dans lequel il fut projeté. 

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  • Sélection officielle du 76ème Festival de Cannes : présentation du « radieux » programme de l’édition 2023

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    Montée des marches – nuit © Jean-Louis Hupe / FDC

    Cet article sera régulièrement mis à jour, au fur et à mesure des nouvelles annonces.

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    Photo © Jack Garofalo/Paris Match/Scoop – Création graphique © Hartland Villa

    Vers un avenir radieux. Tel est le titre d’un des 19 films de la compétition officielle (21 avec les deux ajouts ultérieurs à la conférence de presse) de ce 76ème Festival de Cannes, signé Nanni Moretti. Un avenir (plus) radieux est aussi ce vers quoi tend le cinéma en salles après une désertification liée à la pandémie. Cette édition 2023 du Festival de Cannes s’annonce particulièrement prometteuse avec une sélection « renouvelée » et beaucoup de nouveaux noms, de premiers films aussi, mais également les films de nombreux cinéastes ayant déjà figuré au palmarès ou ayant remporté la palme d'or (Wim Wenders, Nuri Bilge Ceylan, Ken Loach, Hirokazu Kore-Eda, Martin Scorsese, Nanni Moretti…).

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    Cette sélection est aussi élargie géographiquement, avec le retour de films venus de Chine ou d’Iran, mais aussi avec des films venus de pays ayant peu figuré ou même n’ayant jamais figuré en sélection officielle comme la Mongolie. Voilà qui annonce une belle « fenêtre ouverte sur le monde », pour paraphraser Bazin. Une sélection exigeante qui fera aussi la part belle aux lumières hollywoodiennes. Un programme qui devrait donc réjouir autant les cinéphiles les plus avertis que les amateurs de glamour. Sont à noter également le grand retour du cinéma italien avec trois films en compétition officielle ( Il sol dell'avvenire de Nanni Moretti, La Chimera de Alice Rohrwacher, et Rapito de Marco Bellochio) mais aussi un nombre record de réalisatrices en compétition officielle (Alice Rohrwacher, Justine Triet, Catherine Breillat, Jessica Hausner, Kaouther Ben Hania, Ramata-Toulaye Sy) et une belle présence du cinéma africain.

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    Selon Richard Attenborough, « Tout le monde s'imagine que le gigantisme est un facteur de joie et de satisfaction pour un metteur en scène. Ce n'est pas vrai. Le cinéma doit aussi définir, examiner et creuser l'éternel humain. »  Nous informer de l’état du monde mais aussi « définir, examiner et creuser l’éternel humain », voilà deux rôles majeurs du Festival de Cannes, qui devient alors un radiologue de la planète dont l'examen minutieux donne toujours des résultats toujours aussi passionnants qu’instructifs.

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    Iris Knobloch, nouvelle Présidente du Festival de Cannes et Thierry Frémaux, le Délégué général, ont annoncé, lors de la conférence de presse de ce 13 avril 2023, la Sélection officielle de ce 76ème Festival de Cannes, du moins une grande partie de celle-ci puisqu’elle sera complétée dans les jours à venir, comme chaque année, de même que le jury dont nous savons uniquement pour le moment qu’il sera présidé par le lauréat du la palme d’or 2017 (The Square) et 2022 (Sans filtre), Ruben Östlund. Ce 76ème Festival de Cannes aura lieu du 16 au 27 mai 2023.

    La conférence a débuté avec le discours de la nouvelle Présidente du Festival, Iris Knobloch qui succède ainsi à Gilles Jacob et Pierre Lescure, et qui se dit « très fière et très honorée » de ce nouveau rôle, racontant que son premier séjour au Festival de Cannes date de 1998 et qu’elle n’aurait jamais imaginé alors en devenir présidente. Elle a également souligné que « le Festival de Cannes est un vrai et extraordinaire tremplin pour le cinéma du monde de toutes les origines et de tous les genres. » Mais aussi que cette année, il s’agira d’ « un moment de réamour pour le cinéma », le public étant de retour en salles, ajoutant que « rien ne peut remplacer l’évènement culturel que représente une sortie en salles d’un film » et que  « cette multiplication des écrans individuels a renforcé le désir d’une expérience partagée dans une salle obscure. L’expérience du cinéma pur est irremplaçable. » Elle a également rappelé un des objectifs du festival : « prendre le pouls de la création et du cinéma en train de se faire. » Enfin, elle a terminé en paraphrasant Saint-Exupéry selon lequel « le secret d’un couple réussi, c’est de regarder dans la même direction » et se disant persuadée que le nouveau tandem qu’elle forme avec Thierry Frémaux va « marcher car nous partageons la même vision d’un festival fidèle à ses cinéastes et résolument tourné vers l’avenir. »

    Iris Knobloch a ensuite laissé la parole à Thierry Frémaux pour l’annonce de la sélection officielle au sujet de laquelle nous savions déjà que :

    - Jeanne du Barry de Maïwenn fera l'ouverture du festival. Le sixième long métrage de la réalisatrice sera projeté le mardi 16 mai sur l’écran du Grand Théâtre Lumière, après la cérémonie d’ouverture retransmise en direct sur France Télévisions et Brut. Jeanne du Barry sortira le même jour dans les salles françaises.  Maïwenn incarne elle-même l’héroïne éponyme aux côtés de Johnny Depp, Benjamin Lavernhe, Melvil Poupaud, Pierre Richard, Pascal Greggory et India Hair. Le film est dédié à la vie, à l’ascension et à la chute de la favorite du roi Louis XV.

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    - Indiana Jones revient au Festival de Cannes pour l’avant-première mondiale de Indiana Jones et le Cadran de la Destinée, réalisé par James Mangold, avec Harrison Ford dans le rôle du héros légendaire. 15 ans après la présentation en 2008 de Indiana Jones et le Royaume du crâne de cristal réalisé par Steven Spielberg, le dernier volet de la saga Lucasfilm sera projeté le jeudi 18 mai à Cannes et sortira en salles le 28 juin en France et le 30 juin aux États-Unis. Le Festival rendra à cette occasion un hommage exceptionnel à Harrison Ford pour l’ensemble de sa carrière avec une projection notamment de quelques extraits des Cent et une nuits de Simon Cinéma d'Agnès Varda dans lequel il apparaissait.

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    -  En accord avec Apple Original Films, Martin Scorsese présentera en avant-première mondiale Killers of the Flower Moon, son nouveau long métrage. L’événement marquera le retour du cinéaste en Sélection officielle pour la première fois depuis la présentation de After Hours en 1986. Au générique : Leonardo DiCaprio, Robert De Niro, Lily Gladstone, Jesse Plemons, Cara Jade Myers, JaNae Collins, Jillian Dion, Tantoo Cardinal...Le film sera présenté le samedi 20 mai dans le Grand Théâtre Lumière. Synopsis : En Oklahoma, dans les années 20, les meurtres en série dont ont été victimes les membres de la communauté Osage, qui s'était enrichie grâce au pétrole présent sous ses terres. Cette série de meurtres brutaux est aujourd’hui connue sous le nom de Règne de la Terreur.

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    - Strange Way of Life de Pedro Almodóvar sera projeté en Sélection officielle et en avant-première mondiale, en présence du réalisateur et des deux comédiens principaux Ethan Hawke et Pedro Pascal. Western tourné dans le sud de l'Espagne, ce court métrage est la deuxième expérience du cinéaste en langue anglaise, après La Voix Humaine réalisé en 2020. La projection du film sera suivie d'une rencontre avec Pedro Almodóvar et l'équipe du film. Synopsis : Un homme traverse à cheval le désert qui le sépare de Bitter Creek. Il vient rendre visite au Shérif Jake. Vingt-cinq ans plus tôt, le Shérif et Silva, l'éleveur qui vient à sa rencontre, travaillaient ensemble comme tueurs à gages. Silva lui rend visite sous prétexte de retrouver son ami de jeunesse, et ils fêtent effectivement leurs retrouvailles, mais le lendemain matin le Shérif Jake lui dit que la raison de son voyage n'est pas de suivre les traces de leur ancienne amitié…

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    ©  Iglesias Más / El Deseo

    Thierry Frémaux a tenu par commencer en saluant la mémoire de Carlos Saura. En préambule, il a ensuite souligné que le comité de sélection « a vu plus de 2000 films témoignant que le cinéma mondial est plein de vitalité », en rappelant que « quiconque fait un film de plus d’une heure et souhaite le soumettre, le film sera vu » et soulignant la « grande démocratie cannoise qui fait que le rêve est toujours là ». Il a défini la sélection 2023 comme « renouvelée, ponctuée ici et là de grands auteurs. Un instantané de ce qu’a été la création cinématographique mondiale. Cette sélection va donner une idée de ce qu’est le cinéma dans son esthétique et dans son industrie. » Thierry Frémaux a également précisé que cette sélection serait élargie géographiquement avec « deux pays historiques très présents : l’Italie et les Etats-Unis mais aussi avec des pays qui n’ont pas l’habitude de venir comme la Mongolie qui vient pour la première fois en Sélection officielle » mais aussi une « nouvelle génération de cinéastes africains parmi lesquels beaucoup de réalisatrices. » Concernant le nombre de films sélectionnés, il a également spécifié que « après deux années de générosité pour permettre à des films qui, en 2002 et 2021, n’avaient eu de destin en salles, d’être exposés, nous sommes revenus à un étiage de films que vous connaissez. »

    Il a ensuite détaillé les films de la sélection officielle en commençant par Un Certain regard : « Nous avons recentré Un Certain Regard sur le jeune cinéma, un cinéma un peu plus de recherche. »

    J’ai d'ores et déjà noté quelques films de cette sélection (qui s’annonce particulièrement riche de découvertes) à voir absolument : Goodbye Julian, un film soudanais de Mohamed Kordofani, Crowra de João Salaviza et Renée Nader Messora, un film « qui évoque ces populations brésiliennes si douloureusement malmenées dans l’histoire récente du Brésil », les films français Rosalie de Stéphanie Di Giusto et Rien à perdre de Delphine Deloget, un premier film, mais aussi le film d’ « un cinéaste australien aborigène qui évoque cette histoire complexe de l’Australie, produit par Cate Blanchett », The new boy de Warwick Thornton, ou encore le premier film d’une réalisatrice venant de Mongolie, If only I could hibernate de Zoljargal Purevdash et enfin le film qui fera l’ouverture Un Certain Regard, Le règne animal de Thomas Caillet, le « réalisateur très célébré du film Les Combattants, un film cette fois avec Romain Duris, Paul Kircher, Adèle Exarchopoulos » a rappelé Thierry Frémaux. La comédie sera également au programme avec la réalisatrice canadienne Monia Chokri et sa « comédie chokriesque » Simple comme Sylvain.

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    "Rosalie" de Stéphanie Di Giusto © 2023 TRESOR FILMS - GAUMONT - LDRPII - AR TÉMIS PRODUCTIONS

     Thierry Frémaux a dernier a ensuite détaillé Les Séances Spéciales, ainsi définies : « des cinéastes qui viennent donner des nouvelles », comme Kleber Mendonça Filho pour Portraits fantômes, un « retour à Recife, un essai sur sa ville et l’histoire de sa ville à travers les cinémas». De retour à Cannes également : Wim Wenders avec le portrait d’un sculpteur, Le bruit du temps, Anselm Kiefer, ou encore Steve McQueen avec Occupied city et Wang Bing pour Man in black, « l’histoire d’un grand témoin de la révolution culturelle. »

    Thierry Frémaux a ensuite détaillé la section Cannes Première indiquant que pour cette section « nous avons voulu des films de nature à sortir dans les salles pour rencontrer un large public », une « manière de programmer un certain cinéma au Festival de Cannes aux côtés du Festival de Cannes ». Dans Cannes Première, vous pourrez ainsi retrouver : Le temps d’aimer de Katell Quilléveré, Fermer les yeux de Victor Erice, un « cinéaste rare dans l’histoire du cinéma mondial, qui a été membre du jury, un film sur le cinéma, comment le cinéma capte le passé, le conserve, le restitue ». Dans Cannes Première, vous pourrez aussi découvrir le nouveau film de Martin Provost, Bonnard, Pierre et Marthe. Et enfin, Kubi, film japonais de samouraï de Takeshi Kitano.

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    "Le temps d'aimer" de Katell Quillévéré - © Roger Arpajou.

    En Séances de minuit seront présentés Omar La Fraise de Elias Kelkeddar, un « film algérien tourné à Alger, une vision iconoclaste, singulière et drôle d’Alger, une comédie avec Reda Kateb et Benoît Magimel » (d’ailleurs au générique de trois films en Sélection officielle dont également La Passion de Dodin-Bouffant de Tran Anh Hung et Rosalie de Stéphanie Di Giusto) et enfin Acide, un film avec Guillaume Canet de Just Philippot qui avait réalisé La Nuée.

    Hors compétition, comme je l’évoquais plus haut, vous retrouverez Killers of the flower moon de Martin Scorsese au sujet duquel Thierry Frémaux a annoncé son souhait de le voir figurer ensuite en compétition. Dans cette catégorie, nous pourrons également découvrir The Idol de Sam Levinson avec Lily-Rose Depp et le chanteur The Weeknd.

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    Credit: Courtesy of HBO

    Ou encore Cobweb de Jee-Woon Kim qui « a fait sa nuit américaine », film dans lequel nous retrouverons Song Kang-Ho, l’acteur lauréat du prix d’interprétation 2022 pour Les bonnes étoiles de Kore-eda.

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    "Cobweb" ("Dans la toile") de Kim Jee-woon - ©  Anthology Studios / Barunson Studio / Luz y Sonidos

    Enfin, hors compétition encore, sera projeté Indiana Jones et le cadran de la destinée, évoqué plus haut, au sujet duquel Thierry Frémaux a précisé que « Phoebe Waller-Bridge est une actrice formidable qui donne un élan et un allant à cette comédie d’aventure ».

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    "Club Zero" de Jessica Hausner - Compétition officielle - ©  Coproduction Office / Fred Ambroisine

    Enfin, ont été annoncés les 19 films de la compétition, une liste amenée à être complétée qui « va mêler de jeunes cinéastes qui viennent rarement ou pour la première fois avec des vétérans dont nous connaissons le travail et l’œuvre. » « En matière d’art, il n’y a pas de date de péremption pour les cinéastes ou pour les œuvres » a également rappelé Thierry Frémaux, ajoutant que « tous les films que vous allez voir dans cette sélection officielle sont des films de cinéma, au sens que ce sont des objets singuliers.  Là ce sont des prototypes, des propositions. » Parmi les cinéastes habitués de Cannes, souvent déjà primés, voire lauréats de la palme d’or, nous retrouverons ainsi notamment :

    - Aki Kaurismaki pour Les feuilles mortes (Fallen leaves), déjà récompensé pour L’homme sans passé en 2002 (Grand prix et prix d’interprétation féminine),

    - Wes Anderson, pour Asteroid city (avec Scarlett Johansson, Margot Robbie, Tom Hanks) au sujet duquel Thierry Frémaux a déclaré : « Je dirais pour le résumer que c’est un film de Wes Anderson. Un casting prestigieux. Ils vont arriver à 100 au pied des marches. Un cinéma d’assemblage de miniatures toutes plus extraordinaires les unes que les autres. »,

    - Hirokazu Kore-Eda, autre ancien lauréat de la palme d’or en 2018 pour Une affaire de famille mais aussi du prix du jury en 2013 pour Tel père, tel fils, de retour pour Monster, un « film japonais sur les questions que pose l’interprétation qu’on peut avoir d’un incident entre un professeur et un élève. Un film qui n’est pas Rashômon mais qui a une filiation avec le film de Kurosawa »,

    - Nanni Moretti avec Le Soleil de l’avenir (Il sol dell’avenire), autre ancien lauréat de la palme d’or, en 2001 pour La Chambre du fils, et prix de la mise en scène en 1994 pour Journal intimeSynopsis : Giovanni, cinéaste italien renommé, s’apprête à débuter le tournage d'une fresque politique. Mais entre son couple en crise, son coproducteur au bord de la faillite et le monde du cinéma qui change, tout semble jouer contre lui ! Toujours sur la corde raide, Giovanni va devoir repenser sa manière de faire s’il veut mener tout son petit monde vers un avenir radieux.

    - Alice Rohrwacher pour La Chimera, une « cinéaste très formaliste pleine de questions sur ce qu’est le cinéma »,

    - Nuri Bilge Ceylan, autre ancien lauréat de la palme d’or, en 2014 pour Winter sleep mais aussi grand prix en 20O3 pour Uzak, Prix de la mise en scène en 2008 pour Les trois singes, Grand prix ex-aequo pour Il était une fois en Anatolie en 2011, sélectionné pour Les herbes sèches, « tourné dans l’est du pays dans un pays de neige avec des gens qui s’interrogent sur le sens de la vie. »

    - Catherine Breillat avec L’été dernier, « des problèmes de santé l’avaient éloignée du cinéma. Saïd Ben Saïd est allé la chercher pour lui faire cette proposition » a expliqué Thierry Frémaux.

    - Marco Bellochio pour Rapio, le troisième film italien de cette sélection, « l’histoire vraie d’un enfant kidnappé que se disputent catholiques et communauté juive. »,

    -Todd Haynes avec May december, un film avec Natalie Portman et Julianne Moore,

    - Ken Loach, Prix du jury en 1990 pour Hidden agenda, Prix du jury ex-aequo en 1993 pour Raining stones,  Palme d’or en 2006 pour Le vent se lève et en 2016 pour Moi, Daniel Blake, Prix du jury en 2012 pour La part des anges, cette année présent  pour The old oak dont le synopsis est le suivant : TJ Ballantyne est le propriétaire du "Old Oak", un pub qui est menacé de fermeture après l'arrivée de réfugiés syriens placés dans le village sans aucun préavis. Bientôt, TJ rencontre une jeune Syrienne, Yara, qui possède un appareil photo. Une amitié va naître entre eux... « Avec son scénariste, Paul Laverty, Loach a embrassé à cœur perdu toutes ces problématiques contemporaines»  a précisé Thierry Frémaux.

    - Wim Wenders, palme d’or pour Paris Texas en 1984 mais aussi Prix de la mise en scène pour Les ailes du désir en 1987, Grand prix du jury en 1993 pour Si loin, si proche !. Il revient cette année avec Perfect days, « l’histoire d’un homme déchu mais heureux incarné par la star japonaise Koji Yakusho. Un homme qui nettoie les toilettes publiques de Tokyo et qui va de toilettes en toilettes en écoutant du rock. » Wim Wenders qui revient en compétition et qui sera donc à Cannes pour deux films.

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    "Banel e Adama"de Ramata-Toulaye Sy  - ©  Tandem Films

    Enfin, parmi les nouveaux, nous découvrirons une cinéaste sénégalaise avec un premier film prometteur, un « film à la lisière de l’expérimentation », Banel e Adama de Ramata-Toulaye Sy. En lice également La passion de Dodin Bouffant de Tran Anh Hun avec Benoît Magimel et Juliette Binoche

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    Copyright : Photo : Carole Bethuel ©2023 CURIOSA FILMS – GAUMONT – FRANCE 2 CINÉMA

    Wang Bing, comme Wim Wenders, présentera cette année deux films à Cannes. Le film Jeunesse sera ainsi en compétition, le film d’un « auteur chinois qui ne vit plus en Chine mais qui fait toujours des documentaires sur son pays. Un film immersif sur les ateliers de tissage en Chine. Un film qui signe le retour du documentaire à Cannes. »

    Thierry Frémaux a conclu par un clin d’œil à la Semaine de la Critique (retrouvez le programme en bas de cet article) et à la Quinzaine des Réalisateurs (qui annoncera son programme mardi) mais aussi au Festival International du Film d’Animation d’Annecy en indiquant que des films d’animation seront sans doute annoncés ultérieurement et insistant enfin sur son souhait que « la ville de Cannes soit pendant deux semaines au cœur du monde et qu'elle place le cinéma que nous aimons au cœur du monde. »

    Cet article sera complété au fur et à mesure des annonces. Suivez également mes posts au sujet du Festival de Cannes puis en direct sur Instagram (@Sandra_Meziere).

    LES ANNONCES ULTÉRIEURES  À LA CONFÉRENCE DE PRESSE :

    -Chiara Mastroianni sera la maîtresse de cérémonie du 76ème Festival de Cannes. Un excellent choix que celui de cette actrice synonyme d'élégance et d'intelligence. Cette dernière a ainsi déclaré, à propos de ce rôle qu'elle remplira dès le 16 mai pour la cérémonie d'ouverture : "La première fois que je suis allée au Festival de Cannes, c’était pour mon premier film, Ma saison préférée de André Téchiné. Nous étions en compétition officielle, j’avais 20 ans, et j’étais très impressionnée. J’ai eu la chance d’y retourner de nombreuses fois en compétition, et aussi dans d’autres sélections, comme Un Certain Regard par exemple (où elle a reçu le Prix d’interprétation pour Chambre 212 dans la sélection en 2019 ndlr), et c’est toujours pour moi le même émerveillement, le même trac que la première fois. J’ai aussi été dans le jury présidé par Martin Scorsese. Ce fût une expérience incroyable de vivre 10 jours de cinéma intense avec un jury passionnant. Cette fois-ci, en revenant en tant que maîtresse de cérémonie, je vais découvrir une autre facette du Festival de Cannes, que je ne connais pas. J’ai un trac immense mais je suis ravie. Je le vis comme une chance absolue d’assister à la plus belle sélection de cinéma du monde. Je le fais avec beaucoup de sincérité car mon désir de devenir comédienne est né de mon amour des films, de mon plaisir de spectatrice. Je suis toujours très admirative de voir comment Thierry Frémaux parvient à chaque fois, à proposer une sélection de longs métrages tout à fait éclectique et où, parfois, surgit un premier film qui éblouit tout le monde. Parce que c’est aussi ça ce festival, un tremplin qui peut tout faire basculer. Le Festival est une promesse de sensations vertigineuses, un endroit où existe toujours la possibilité de l’inattendu."

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    - Howard Shore invité de la Leçon de musique 2023 du Festival de Cannes : depuis 2018, la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique s’associe au Festival de Cannes afin de valoriser la musique de film et les compositeurs. Dans le cadre de sa programmation officielle, le festival accueillera pour la 2ème année consécutive la « Leçon de musique ». Cette année, elle sera donnée par Howard Shore. Sa Leçon de musique sera l'occasion pour lui de partager son expérience et les coulisses de ses créations. La Leçon de musique se déroule le lundi 22 mai à 16h30 en Salle Buñuel et sera animée par Stéphane Lerouge. Le compositeur a travaillé avec les plus grands cinéastes : Martin Scorsese pour After hours en 1985, prélude à une collaboration qui prendra son envol dix-sept ans plus tard avec Gangs of New York, The Aviator, Les Infiltrés et Hugo Cabret. Puis ce seront Jonathan Demme (Le Silence des Agneaux, Philadelphia), David Fincher (Seven, The Game, Panic room) ou Tim Burton (Ed Wood). Il faut aussi citer, en 1999, la rencontre décisive avec Arnaud Desplechin sur Esther Kahn...

    - La sublime affiche en noir et blanc de cette année, dévoilée le 19 avril 2023, représente Catherine Deneuve, le 1er juin 1968, sur la plage de Pampelonne, près de Saint-Tropez, pour le tournage de La Chamade d’Alain Cavalier, adapté du roman de Françoise Sagan. Elle interprète Lucile dont le « cœur bat frénétiquement, précipitamment, passionnément. Comme celui de l’amour du cinéma que le Festival de Cannes célèbre chaque année : on entend résonner partout ses pulsations vivantes et habitées. Le cœur du 7e Art, de ses artistes, de ses professionnels, de ses amateurs, de la presse bat la chamade, au rythme de l’urgence qu’impose son éternité. Joyeuse, insolente et romanesque, une jeune femme aux longs cheveux blonds sourit, confiante, à son avenir. C’est une certaine magie que Catherine Deneuve incarne, pure, incandescente et parfois transgressive. C’est cette magie indicible que le 76e Festival International du Film fait résonner avec cette affiche intemporelle. Pour redire le présent glorieux du cinéma et envisager son futur plein de promesses. Car Catherine Deneuve est ce que le cinéma doit se souvenir d’être : insaisissable, audacieux, irrévérencieux. Une évidence. Une nécessité. », nous précise le communiqué de presse du Festival. Dans ce roman que j’aime tant, comme tous ceux de Sagan, on peut aussi lire ces répliques :

    « Ton cœur bat très fort, dit-elle. C'est la fatigue ?

    - Non, dit Antoine, c'est la chamade. »

    « ... J'ai eu peur de vivre à côté, ajouta-t-elle confusément.

    - À côté de quoi ?

    - De la vie. De ce que les autres appellent la vie. »

    Voilà aussi ce que nous permet chaque année le Festival de Cannes : une cavalcade d’émotions, la chamade, mais aussi tout en la regardant par le prisme de l’écran, de ne pas passer à côté de la vie, d’en disséquer chaque parcelle de seconde.

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    - Les studios d’Animation Pixar sont de retour au Festival de Cannes le 27 mai prochain pour la présentation en avant-première mondiale de leur nouveau long métrage Élémentaire. Présenté Hors Compétition, le film sortira en salles le 16 juin aux États-Unis et le 21 juin en France. Élémentaire est le quatrième long métrage des studios d'Animation Pixar à être présenté en Sélection officielle, après Là-Haut, Vice-Versa et Soul. A cette occasion, le festival recevra Pete Docter, le réalisateur Peter Sohn, la productrice Denise Ream et les nombreux comédiens ayant prêté leurs voix aux personnages du film.  Adèle Exarchopoulos incarne ainsi Flam -une jeune femme intrépide et vive d’esprit - tandis que Vincent Lacoste interprète Flack, un garçon sentimental et attachant, qui au fil de l’aventure, va faire découvrir à la jeune tête brûlée que la vie peut être plus « coule » qu’elle n’y parait. Pour l’un comme pour l’autre, il s’agit d’une première expérience de doublage.

    L’histoire :
    Dans la ville d’Element City, le feu, l’eau, la terre et l’air vivent dans la plus parfaite harmonie. C’est ici que résident Flam, une jeune femme intrépide et vive d’esprit, au caractère bien trempé, et Flack, un garçon sentimental et amusant, plutôt suiveur dans l’âme. L’amitié qu’ils se portent remet en question les croyances de Flam sur le monde dans lequel ils vivent...

    - Entourée d’Ana Lily Amirpour, Charlotte Le Bon, Karidja Touré et Shlomi Elkabetz, la réalisatrice et scénariste hongroise Ildikó Enyedi décernera la Palme d’or du court métrage et les 3 prix de La Cinef destinés aux films d’école de la Sélection officielle.

    Après Rossy de Palma en 2022, l’actrice française Anaïs Demoustier sera la Présidente du Jury de la Caméra d’or du 76e Festival de Cannes, qui récompensera un film parmi tous les premiers longs métrages présentés en Sélection officielle et dans les sections parallèles. Le Jury remettra son prix lors de la cérémonie de clôture du 76e Festival de Cannes le samedi 27 mai prochain. Elle sera accompagnée de : RAPHAËL PERSONNAZ (acteur), NATHALIE DURAND (Directrice de la Photographie), MIKAEL BUCH (Scénariste et réalisateur), SOPHIE FRILLEY (CEO de TITRAFILM), NICOLAS MARCADÉ (Rédacteur en chef des Fiches du Cinéma et l’Annuel du Cinéma).

    - Le 28 février dernier, Ruben Östlund a été annoncé comme Président du Jury. Pour cette édition, qui succède à celle du 75e anniversaire, le Festival de Cannes souhaite saluer l’arrivée d’une génération d’artistes qui réalisent, qui jouent, qui chantent, qui écrivent. Aux côtés d’un Président, déjà deux fois récompensé d’une Palme d’or, on retrouve la réalisatrice marocaine Maryam Touzani, l’acteur français Denis Ménochet, la scénariste et réalisatrice britanico-zambienne Rungano Nyoni, l’actrice et réalisatrice américaine Brie Larson, l’acteur américain Paul Dano, l’écrivain afghan Atiq Rahimi, le réalisateur argentin Damián Szifron, ainsi que la réalisatrice française Julia Ducournau, qui remporta la récompense suprême en 2021.

    - Le Festival de Cannes l’a décernée à Forest Whitaker, Agnès Varda, Jean-Pierre Léaud, Jodie Foster ou Manoel de Oliveira, Michael Douglas recevra la Palme d’or d’honneur du 76e Festival de Cannes, qui saluera sa brillante carrière et son engagement pour le cinéma. Le Festival de Cannes lui rendra hommage lors de la cérémonie d’Ouverture, qui sera retransmise en direct sur France 2 et sur Brut. à l’international, le mardi 16 mai prochain.

    - Après la réalisatrice, actrice et productrice italienne Valeria Golino, l'acteur américain John C. Reilly sera le Président du Jury Un Certain Regard du 76e Festival de Cannes. Il sera entouré de la réalisatrice et scénariste française Alice Winocour, de l'actrice allemande Paula Beer, du réalisateur et producteur franco-cambodgien Davy Chou et de l'actrice belge Émilie Dequenne. Il aura pour mission de remettre le Palmarès de cette section qui célèbre un jeune cinéma, d’auteur et de découverte. 20 œuvres sont sélectionnées cette année (dont la dernière figure en fin de ce communiqué), parmi lesquelles 8 sont des premiers films. L’année dernière, c’est le film des réalisatrices françaises Lise Akoka et Romane Gueret, Les Pires, qui avait remporté le Prix Un Certain Regard remis par la Présidente du Jury Valeria Golino.

    - Salem de Jean-Bernard Marlin a également été ajouté à la sélection Un Certain Regard lors de l'annonce du jury.

    - Comme chaque année, Cannes Classics et le Cinéma de la Plage nous réservent des projections qui s’annoncent réjouissantes. Cette sélection 2023 est dédiée à Jean-Luc Godard dont le dernier travail, Drôles de guerres, sera présenté, comme tous ses derniers films, en avant-première au Festival de Cannes. Le cinéaste sera ainsi célébré avec la présentation en exclusivité mondiale de son dernier film, d’un nouveau documentaire qui lui est consacré et de la restauration 4K d’un de ses chefs-d’œuvre les plus célèbres.

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    Parmi les séances de Cannes Classics que je vous recommande également : Classe tous risques de Claude Sautet en version restaurée ou encore Quand Jim Jarmusch rencontre Man Ray. Les quatre films du légendaire photographe Man Ray viennent ainsi d’être restaurés. Jim Jarmusch et Carter Logan, du groupe Sqürl, les ont réunis en un seul et unique objet artistique et en ont composé la bande originale. Actrice et réalisatrice, souvent venue en Sélection officielle, Présidente du Jury en 2001, Liv Ullmann sera également présente pour cette 76e édition à l’occasion d’un documentaire dans lequel elle se livre sur sa carrière, sa vie et ses engagements. Vous pourrez également (re)voir La Maison du docteur Edwards dAlfred Hitchcock. Une présentation et une restauration de Walt Disney Studios en association avec The Film Foundation, avec la participation de l’Academy Film Archive, avec la participation de Martin Scorsese et de Steven Spielberg. A ne pas manquer également : la célébration de Jean-Pierre Bacri avec l’inénarrable film Le Sens de la fête d’Éric Tolédano et Olivier Nakache . Une présentation de Gaumont. En copie neuve, la plus grande comédie de ces dernières années avec un Jean-Pierre Bacri majestueux.  En présence des réalisateurs d’Éric Tolédano et Olivier Nakache venus fêter le Festival de Cannes sur la Plage.

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    Parmi les autres évènements de ce Cannes Classics 2023, figure également l’avant-première mondiale de Flo  de Géraldine Danon   Un film-événement sur la grande navigatrice Florence Arthaud.  En présence de Géraldine Danon, Stéphane Caillard, Samuel Jouy, Pierre Deladonchamps et Alexis Michalik. Retrouvez, ici, le programme complet de Cannes Classics et du Cinéma de la Plage 2023.

     

    - Le jury du Prix de la Citoyenneté sera présidé par Maria de MEDEIROS (Actrice, réalisatrice, scénariste, et compositrice franco-portugaise), accompagnée de :  Philippe Faucon (Réalisateur, scénariste, producteur français), Rachid Hami (Acteur, réalisateur et scénariste franco-algérien), Inna Modja (Musicienne et actrice malienne), Sophie Torlottin (Journaliste, cheffe- adjointe du service Culture de RFI). Leila et ses frères de Saeed Roustaee (dont vous pouvez retrouver ma critique ici) avait l’an passé obtenu le Prix de la Citoyenneté. Line Toubiana, Françoise Camet, Guy Janvier, Jean-Marc Portolano ont créé en 2017 une association, Clap Citizen Cannes. Ces quatre fondateurs de l'association, tous critiques et cinéphiles passionnés, sont attachés aux valeurs d'humanisme, d'universalisme et de laïcité de la Citoyenneté.  Le président de l'association est Laurent Cantet (palme d'or 2008 pour son mémorable Entre les murs). Cette association a pour but de décerner le prix de la citoyenneté à un des films de la sélection officielle du Festival du Film International de Cannes. Le film primé incarne des valeurs humanistes, laïques et universalistes. Le président du jury de la première édition du Prix de la Citoyenneté était le cinéaste Abderrhamane Sissako. Pour en savoir plus :  https://www.prixdelacitoyennete.fr/

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    - La Semaine du Cinéma Positif dont ce sera cette année la 8ème édition aura lieu du 24 au 27 mai 2023, parrainée par l'acteur et réalisateur Eric Judoc. Créée en 2016 par Positive Planet présidé par Jacques Attali, en partenariat avec le CNC et la Ville de Cannes, la Semaine du Cinéma Positif (dirigée par Sam Bobino) à l’occasion du Festival International du Film de Cannes, consacre un cinéma qui change notre regard sur le monde, éveille les consciences, interroge son industrie et met son art au service des générations futures. Le cinéma positif rassemble, fait bouger les lignes, influence nos modes de pensées, nos comportements et invite les citoyens du monde entier à s’engager. La 8e édition de la Semaine du Cinéma Positif proposera, pendant le Festival International du Film, du 24 au 27 mai prochain, des projections de films en salle et en plein air, des rencontres et la remise du prix du cinéma positif 2023 au film le plus positif en compétition officielle à Cannes. Retrouvez mon article détaillant le programme de cette 8ème Semaine du Cinéma Positif, ici.

    SELECTION OFFICIELLE DU FESTIVAL DE CANNES 2023

     

    FILM D’OUVERTURE

    JEANNE DU BARRY

    Maïwenn

    Hors Compétition

     

    COMPETITION

     

    CLUB ZERO

    Jessica Hausner

    THE ZONE OF INTEREST

    Jonathan Glazer

     

    FALLEN LEAVES

    Aki Kaurismaki

     

    LES FILLES D'OLFA

    Kaouther Ben Hania

     

    ASTEROID CITY

    Wes Anderson

     

    ANATOMIE D'UNE CHUTE

    Justine Triet

     

    MONSTER

    Kore-eda Hirokazu

     

    IL SOL DELL'AVVENIRE

    Nanni Moretti

     

    L'ÉTÉ DERNIER

    Catherine Breillat

     

    KURU OTLAR USTUNE (LES HERBES SÈCHES)

    Nuri Bilge Ceylan

     

    LA CHIMERA

    Alice Rohrwacher

     

    LA PASSION DE DODIN BOUFFANT

    Tran Anh Hung

     

    RAPITO

    Marco Bellocchio

     

    MAY DECEMBER

    Todd Haynes

     

    JEUNESSE

    Wang Bing

     

    THE OLD OAK

    Ken Loach

     

    BANEL ET ADAMA

    Ramata-Toulaye Sy

    1er film

     

    PERFECT DAYS

    Wim Wenders

     

    FIREBRAND

    Karim Aïnouz

     

    UN CERTAIN REGARD

     

    LE RÈGNE ANIMAL

    Thomas Cailley

    Film d'ouverture

     

    LOS DELINCUENTES

    Rodrigo Moreno

     

    HOW TO HAVE SEX

    Molly Manning Walker

    1er film

     

    GOODBYE JULIA

    Mohamed Kordofani

    1er film

     

    KADIB ABYAD (LA MÈRE DE TOUS LES MENSONGES)

    Asmae El Moudir

     

    SIMPLE COMME SYLVAIN

    Monia Chokri

     

    CROWRÃ

    João Salaviza, Renée Nader Messora

     

    LOS COLONOS (LES COLONS)

    Felipe Gálvez

    1er film

     

    AUGURE

    Baloji Tshiani

    1er film

     

    THE BREAKING ICE

    Anthony Chen

     

    ROSALIE

    Stéphanie Di Giusto

     

    THE NEW BOY

    Warwick Thornton

     

    IF ONLY I COULD HIBERNATE

    Zoljargal Purevdash

    1er film

     

    HOPELESS

    Kim Chang-hoon

    1er film

     

    TERRESTRIAL VERSES

    Ali Asgari, Alireza Khatami

     

    RIEN À PERDRE

    Delphine Deloget

    1er film

     

    LES MEUTES

    Kamal Lazraq

    1er film

     

    HORS COMPETITION

     

    INDIANA JONES ET LE CADRAN DE LA DESTINÉE

    James Mangold

     

    COBWEB

    Kim Jee-woon

     

    THE IDOL

    Sam Levinson

     

    KILLERS OF THE FLOWER MOON

    Martin Scorsese

     

    SEANCES DE MINUIT

     

    KENNEDY

    Anurag Kashyap

     

    OMAR LA FRAISE

    Elias Belkeddar

     

    ACIDE

    Just Philippot

     

    CANNES PREMIERE

     

    KUBI

    Takeshi Kitano

     

    BONNARD, PIERRE ET MARTHE

    Martin Provost

     

    CERRAR LOS OJOS (FERMER LES YEUX)

    Victor Erice

     

    LE TEMPS D'AIMER

    Katell Quillévéré

     

    SEANCES SPECIALES

     

    MAN IN BLACK

    Wang Bing

     

    OCCUPIED CITY

    Steve McQueen

     

    ANSELM (DAS RAUSCHEN DER ZEIT) (LE BRUIT DU TEMPS, ANSELM KIEFER)

    Wim Wenders

     

    RETRATOS FANTASMAS (PORTRAITS FANTÔMES)

    Kleber Mendonça Filho

    COMPLEMENTS DE SELECTION OFFICIELLE (ANNONCES DU 24 AVRIL)

    COMPÉTITION

    BLACK FLIES

    Jean-Stéphane Sauvaire

    LE RETOUR

    Catherine Corsini

    (Projection le 17 mai)

    CANNES PREMIÈRE

    PERDIDOS EN LA NOCHE

    Amat Escalante

    L'AMOUR ET LES FORÊTS

    Valérie Donzelli

    (Au cinéma le 24 mai)

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    EUREKA

    Lisandro Alonso

    HORS COMPÉTITION

    L'ABBÉ PIERRE – UNE VIE DE COMBATS

    Frédéric Tellier

    (Au cinéma le 15 novembre 2023)

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    UN CERTAIN REGARD

    ONLY THE RIVER FLOWS

    Wei Shujun

    UNE NUIT

    Alex Lutz

    Le film sera projeté Hors Compétition en clôture du Certain Regard

    COURT MÉTRAGE

    FILLES DU FEU

    Pedro Costa

    SÉANCES SPÉCIALES

    LITTLE GIRL BLUE

    Mona Achache

    BREAD AND ROSES

    Sahra Mani

    LE THÉORÈME DE MARGUERITE

    Anna Novion

    SÉANCES DE MINUIT

    HYPNOTIC

    Robert Rodriguez

    PROJECT SILENCE

    Kim Tae-gon 

    LA SEMAINE DE LA CRITIQUE 2023

    C'est une image du sublime Aftersun de Charlotte Wells qui figure cette année sur l'affiche de l'édition 2023. Une petite digression pour vous parler de ce film à voir absolument. Un film sublime et triste, sublimement triste, comme un soleil d’été ardent soudain masqué après avoir ébloui avec intransigeance, comme l’insouciance et l’enfance et un père qui s’éclipsent avec une brusquerie déconcertante, peut-être à tout jamais. Film impressionniste sur quelques jours d’été entre un père et sa fille en Turquie. La gaieté un peu mélancolique de l’une. « Sur ce sentiment inconnu, dont l'ennui, la douceur m'obsèdent, j'hésite à apposer le nom, le beau nom grave de tristesse » aurait pu écrire Sagan à son propos, aussi. Les énigmatiques bleus à l’âme (titre d’un excellent roman de Sagan, aussi, au passage) de l’autre. Tous deux au bord du vide, chacun à leur manière : la fin des illusions pour l’un, de l’enfance pour l’autre. Moment suspendu, instants faussement futiles, dont on devine vaguement qu’ils sont essentiels, qu’on voudrait retenir mais comme les grains de sable qui filent entre les doigts, déjà ils périclitent entre les mailles de la mémoire. Un film gracieux, d’une délicatesse mélancolique qui charrie la beauté fugace de l’enfance devenue songe et la saveur inégalable de ses réminiscences (floues). Et puis ce dernier plan !! Celui du vide et du mystère que laissent les (êtres et moments, essentiels) disparus, que laissent les instants futiles dont on réalise trop tard qu’ils étaient cruciaux, fragiles et uniques. Celui du manque impossible à combler. Celui du (couloir) du temps qui dévore tout. Renversant d’émotions. Vous chavirerez, aussi, surtout si votre soleil d’enfance a été dévoré par l’ombre…

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    Le jury sera cette année présidé par Audrey Diwan.

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    LA QUINZAINE DES CINEASTES 2023

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    L'affiche 2023 rend hommage au sublime Val Abraham de Manoel de Oliveira (inspiré de Madame Bovary de Gustave Flaubert) qui fête cette année son 30e anniversaire (Quinzaine des Réalisateurs 1993).

    Tandis que la censure menaçait la parution de son roman, Flaubert avait déclaré : "Il y a de l'immoralité à bien écrire". La Quinzaine nous invite ainsi "au voyage du 17 au 26 mai à la découverte d'œuvres singulières, libres et impertinentes."

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    En plus de son programme alléchant, pour la clôture, la Quinzaine des Cinéastes nous proposera un programme exceptionnel avec Tarantino qui vinedra présenter un film surprise et discuter autour de sa contre histoire du cinéma. 

     

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    ET POUR VOS DEJEUNERS ET SOIREES...

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    Chaque année, pendant le Festival de Cannes, nous pouvons faire confiance à Nomade pour nous réserver les plus beaux moments de détente et d'échanges professionnels en toute convivialité, des escales gastronomiques et artistiques entre deux séances le midi ou en soirées. On se souvient ainsi d'inoubliables instants sur le rooftop du Five Seas Hotel, sur le toit du Palais des Festivals ou encore sur la plage Vegaluna.

    Cette année, pour la 76ème édition du Festival de Cannes, c'est sur la plage et le rooftop de l'hôtel 3.14 que s'installe Nomade, co-production de l'agence de communication Cartel (qui a récemment représenté des films que je vous avais vivement recommandés parmi lesquels "Les Trois mousquetaires : D'Artagnan", "Mon Crime", "La Syndicaliste", "Le Parfum vert", "Ténor"...)  et du groupe Le Perchoir.

    Résidence artistique itinérante et agence expérientielle créée par les fondateurs du groupe Perchoir et de l’agence de communication Cartel, Nomade réunit les communautés du cinéma, de la musique, des arts et de la gastronomie pour créer des moments mémorables. Pour en savoir plus , retrouvez ici mon article à ce sujet sur Inthemoodforcannes.com.

     

  • Festival de Cannes 2023 – Présentation de la 8ème Semaine du Cinéma Positif

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    Je vous parle chaque année de la Semaine du Cinéma Positif (dont je vous recommande d'ores et déjà la programmation, ouverte à tous) qui, à l’image du Prix de la Citoyenneté que j’évoquais ici, met en valeur un cinéma « citoyen » avec pour objectifs : offrir une tribune au cinéma engagé et lanceur d’alertes, inciter les professionnels du cinéma à faire des films qui donnent envie de s’engager pour améliorer le monde dans l’intérêt des générations futures, inscrire l’événement dans l’ADN du Festival de Cannes, donner accès à la culture pour tous, offrir un événement autour du cinéma, gratuit, populaire et ouvert à tous.

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    (c) Vincent Muller

    Cette 8ème édition de la Semaine du Cinéma Positif aura lieu à Cannes, sous les auspices du Festival International du Film, du 24 au 27 mai et sera parrainée par l’acteur et réalisateur Éric Judor.

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    Créée en 2016 et organisée par le groupe Positive Planet présidé par Jacques Attali, en partenariat avec le CNC et la Ville de Cannes, la Semaine du Cinéma Positif (dirigée par Sam Bobino) a lieu chaque année à Cannes pendant le Festival International du Film et consacre un cinéma qui change notre regard sur le monde, interroge son industrie et met son art au service des générations futures. Le Cinéma Positif a pour vocation d’interpeller le spectateur, de le faire réagir et de l’encourager à s’engager et à agir pour un monde meilleur.

    Au total, ce sont 27 films qui seront projetés ou diffusés durant la 8e Semaine du Cinéma Positif (en salle, en plein air ou sur plateforme) et une dizaine de tables rondes ou rencontres qui seront organisées. Toutes les projections et rencontres sont gratuites et ouvertes au public, pour permettre à tous de pouvoir participer à l’événement.

    Au programme : des projections de longs métrages et de courts métrages pendant le Festival de Cannes en salle et en plein air (en partenariat avec TV5Monde, la Ville de Cannes et les festivals Méga Cities-Short Docs et Hello Planet), des conférences sur la plage du CNC et à la Fnac de Cannes : tables rondes et échanges avec des personnalités et professionnels du cinéma autour de la thématique de l’inclusion et de l’engagement, des rencontres avec les collégiens et les étudiants en cinéma de la Ville de Cannes et avec le public (partage d’expériences), la remise du Prix du Cinéma Positif au long métrage le plus positif de la sélection officielle en compétition au Festival de Cannes, la montée des marches de la délégation du Cinéma Positif, une programmation spéciale Cinéma Positif sur TV5 MONDE plus.

    Pendant la Semaine du Cinéma Positif à Cannes, l’acteur et réalisateur Éric Judor participera notamment à une rencontre avec les étudiants en cinéma du Campus de Cannes Georges Méliès pour un «partage d’éxpériences» (le jeudi 25 mai à 11 h), ainsi qu’à une rencontre sur la plage du CNC (le vendredi 26 mai à 11 h) et à la Fnac rue d’Antibes (le samedi 27 mai à 11 h). Éric Judor viendra également présenter son film Problemos (sortie en 2017), sur la place du Marché de la Bocca, à l’occasion d’une projection en plein air organisée avec la Ville de Cannes et en présence du Maire, David Lisnard (jeudi 25 mai à 21 h). Pour que la fête soit partout dans la ville et également dans les quartiers populaires. (L’ensemble de ces rendez-vous sont gratuits et ouverts au public).

    Le film Des quartiers au sommet sera projeté en avant-première en ouverture, en présence des réalisateurs Marine BOURGUIGNON TROMBINI & Loïc PREGHENELLA, de Nadir DENDOUNE (auteur du livre «Un Tocard sur le toit» qui a inspiré le film qui a inspiré le film L’Ascension et ce documentaire), de l’acteur Ahmed SYLLA (sous réserve) ainsi que des 30 adolescents de Seine-Saint-Denis et de Cannes qui feront le déplacement spécialement pour l’occasion.

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    Une programmation spéciale « Semaine du Cinéma Positif» sera proposée pendant la durée du Festival de Cannes, sur la plateforme TV5MONDEplus, du 19 au 28 mai, afin de partager l’événement partout dans le monde.

    Comme chaque année, les conférences de la Semaine du Cinéma Positif viendront clôturer le programme officiel des rencontres de la plage du CNC (plage du Gray d’Albion). Cette année les thèmes principaux seront: « le cinéma comme moyen d’inclusion professionnelle», « l’engagement », « l’écologie» (à quelques jours du traité international contre la pollution plastique à Paris présidé par le Président de la République, M. Emmanuel Macron, en présence de 145 chefs d’État) et le «genre documentaire», puisque c’est l’année du documentaire en France à l’initiative du CNC.

    PROGRAMME DES CONFÉRENCES DU 26 MAI

    11 h-11 h 15 > Ouverture

    11 h 15-12 h > Table ronde : Le cinéma comme moyen d’inclusion professionnelle

    12 h-13 h > Table ronde : «Le documentaire positif pour donner envie de s’engager» et «Le documentaire-court positif, nouveau format idéal pour créer de l’engagement auprès de la nouvelle génération ?»

    15 h-15 h 15 > Diffusion des Courts Métrages Lauréats du Hello Planet Festival 2022 (3 films autour du thème de «L’Alimentation de demain »: Viande (en présence du réalisateur Léo GIRAUDEAU), Le Batman-la nouvelle super diète, Jus-Tice)

    15 h 15-16 h > Table ronde: La Transition environnementale du cinéma : Où en sommes-nous? Vers un cinéma plus éco-responsable et éco-impactant

    16 h-16 h 30 > Table ronde: Grand témoin

    À l’issue de la journée de débats du 26 mai, aura lieu à 16h30, plage du CNC, la remise du Prix du Cinéma Positif au film le plus positif de la Sélection Officielle de la  76ème édition du Festival de Cannes, en présence de Jacques  Attali et des talents lauréats et remettants.

    Chaque année, une montée des marches symbolique du Palais des Festivals de Cannes par les différents « acteurs» de la Semaine du Cinéma Positif est organisée. Cette séquence est à la fois l’occasion de réaffirmer les liens forts qui unissent le Festival International du Film avec la Semaine du Cinéma Positif (placée officiellement sous les auspices du Festival de Cannes) et de mettre en lumière davantage la présence des talents engagés invités et le cinéma positif en général (vendredi 26 mai à 19 h).

  • CRITIQUE – LE COURS DE LA VIE de Frédéric Sojcher (au cinéma le 10 mai 2023)

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    Dans On connaît la chanson d’Alain Resnais, dont Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri ont signé le (si inventif) scénario, dans le dernier acte, à l’occasion d’une fête, tous les protagonistes sont réunis, et chaque personnage laisse tomber son masque, de fierté ou de gaieté feinte. Dans l’appartement dans lequel a eu lieu cette fête, ne reste qu’un sol jonché de bouteilles et d'assiettes vides, le lieu comme les personnages alors débarrassés du souci des apparences, et du rangement (de tout et chacun dans une case). Les personnages d'On connaît la chanson sont ainsi avant tout seuls, enfermés dans leurs images, leurs solitudes, leur inaptitude à communiquer, et les chansons leur permettent souvent de révéler leurs vérités, personnalités ou désirs masqués, tout en ayant souvent un effet tendrement comique. La séquence finale se termine cependant ensuite par une pirouette, toute l’élégance de Resnais et de ses scénaristes figurant là, dans cette dernière phrase qui nous laisse avec un sourire, et l’envie de saisir l’existence avec légèreté. C’est avec ce même sentiment que j’ai quitté, bouleversée, les personnages du film de Frédéric Sojcher (qui eux ne communiquent pas par chansons interposées mais par leçon de scénario interposée), celui de vouloir embrasser (et scénariser) chaque parcelle de seconde de l’existence.

    Ce début d’année 2023 n’a pourtant pas été avare en (excellents) films sur le cinéma : Empire of light de Sam Mendes, la fresque foisonnante de Damien Chazelle, Babylon, mais surtout The Fabelmans de Steven Spielberg. Ce dernier, en plus d’être une ode à la magie du cinéma qui éclaire et sublime la réalité (à l’image de cette hypnotique danse à la lueur des phares qu’il met en scène), démontre le pouvoir cathartique de l’art. Un film mélancolique et flamboyant, intime et universel. Le cours de la vie de Frédéric Sojcher, cette quatrième déclaration d’amour cinématographique de l’année au septième art, contre toute apparence, ne manque pas de points communs avec la nouvelle œuvre de Spielberg. Dans l’un comme dans l’autre film, le cinéma est un pansement sur les plaies béantes de l’existence et de l’âme. L’un et l’autre sont aussi de remarquables mises en abyme, à la fois intimes et universelles. Je précise en préambule que c’est même une double mise en abyme me concernant, ayant fait partie de la première promotion du Master 2 Scénario, réalisation, production que Frédéric Sojcher a initiée et dirige toujours à la Sorbonne, et ayant suivi ses cours à Rennes puis à Paris. À son actif également : cinq longs métrages, trois fictions et deux documentaires.

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    Dans son indispensable livre sur le scénario Atelier d’écriture (publié dans la collection que dirige Frédéric Sojcher aux éditions Hémisphères, réédité ce mois-ci avec une nouvelle couverture), le scénariste du Cours de la vie, Alain Layrac, recommande Martin Eden, le roman de Jack London qui, selon lui, « décrit mieux qu’aucun autre livre ce sentiment euphorisant et éphémère de la satisfaction du travail d’écriture accompli. » C’est en effet un -sublime- roman (que je vous recommande au passage) qui entrelace la fièvre créatrice et amoureuse qui emprisonnent, aveuglent et libèrent. Un entrelacs que l’on retrouve aussi dans Le cours de la vie. Ce sont deux livres dont les souvenirs, puissants, ne m’ont pas quittée, même des années après leur lecture. Les mots du livre d’Alain Layrac m’ont ainsi accompagnée après sa lecture en 2017 (une amie que je ne remercierai jamais assez avait eu la bonne idée de me l’offrir), et aujourd’hui encore, comme cela peut être le cas pour les personnages d’un roman ou d’un film, ils continuent à vivre avec moi, intégrés à ma propre histoire. Et puis le livre avait pour couverture initiale une image du film Les choses de la vie de Claude Sautet, c’était forcément déjà une belle promesse. Au-delà de ses excellents conseils d’écriture, de ce livre je garde en mémoire des passages particulièrement forts qui ont d’ailleurs donné lieu à des scènes très émouvantes dans le film de Frédéric Sojcher mais aussi des phrases qui font particulièrement écho comme cette phrase d’Harold Mac Millan : « On devrait utiliser le passé comme trempoline et non comme sofa. » Ou encore cette citation de l’auteur : « Tant que j’aurai l’envie de raconter une histoire, je resterai vivant. »

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    Si, en apparence, adapter un essai en scénario peut sembler improbable, j’espère que cette introduction lèvera vos doutes à ce sujet. Il ne s’agit d’ailleurs pas seulement d’un essai. Sans doute ce livre aurait-il déjà pu s’appeler Le cours de la vie… L’affiche (très réussie) du film, en écho au double sens du titre, donne le ton et évoque ainsi déjà judicieusement cette mise en abyme mais aussi la nostalgie dont est empreint le long-métrage.

     Le film se déroule ainsi sur une journée de masterclass d’une scénariste dans une école de cinéma. Le scénario du film applique la célèbre règle des trois unités : unité de lieu, de temps et d’action.  Noémie (Agnès Jaoui) retrouve Vincent (Joanthan Zaccaï), son amour de jeunesse, dans l'école de cinéma de Toulouse dont il est désormais directeur pour y donner une masterclass, à l’invitation de ce dernier. Et si Noémie ne donnait pas seulement une masterclass pour les étudiants de l’école mais s’adressait aussi à quelqu’un en particulier ?   Et si… C’est ainsi la formule magique du scénariste selon Alain Layrac (que Noémie enseigne à ses élèves), celle qui permet de démarrer toute histoire.

     Être auteur, n’est-ce pas aussi être le scénariste de sa propre vie, entremêler sans cesse fiction et réalité, faire de sa vie le matériau de sa fiction, et instiller du romanesque dans sa vie ? En écrivant pour tous, n'écrit-on pas toujours pour une seule personne en particulier ? Noémie se livre ainsi à travers sa leçon de scénario qui va influer sur le cours de la vie (estudiantine et personnelle) de ses étudiants mais aussi sur celui de sa propre histoire. La masterclass va aussi transformer la vie des étudiants mais aussi celles de la scénariste et du directeur d’école et ainsi leur donner l’occasion à l’un et l’autre de revenir sur ce passé qui n’a jamais cessé de les habiter, et qui est resté en suspens. La salle de cours va devenir un antre dont le cadre protecteur et où le prisme du cours permettront de dire des vérités indicibles à la lumière crue de l’extérieur, comme la salle de cinéma dans laquelle chacun est à l’abri des tumultes du monde.

    Jonathan Zaccaï est parfait dans le rôle de Vincent, directeur d’école aussi réservé et maladroit que son écharpe (rouge) est voyante. Géraldine Nakache interprète elle aussi avec beaucoup de nuances et sensibilité un magnifique personnage en retrait mais essentiel, celui de la belle-soeur de Vincent, sorte de double du spectateur, puisqu’elle est la régisseuse de l’école de cinéma, et voit tout par le prisme de l’écran, mais aussi double de Noémie, ayant vécu comme elle un drame qui a changé le cours de sa vie.  Agnès Jaoui est successivement drôle, touchante, bouleversante, mais toujours charismatique dans ce magnifique rôle de femme qui semble écrit pour elle tant elle rayonne, convoquant des images puissantes par la « simple » force de ses mots et de son interprétation, comme lors de ce sublime monologue au sujet de son frère ou lors de l’évocation d’un cœur en plastique de fête foraine qui ne s’est jamais dégonflé pendant 30 ans.

    Grâce à un dispositif ingénieux de réalisation et de montage et au travail du chef opérateur Lubomir Bakchev, les scènes de masterclass (filmées à plusieurs caméras et par le recours au flou, à des recadrages brusques...) ne sont jamais ennuyeuses ou didactiques mais toujours vivantes et rythmées.

    Le film est certes un coup de projecteur sur le magnifique métier de scénariste mais aussi sur le rôle essentiel du compositeur, le troisième auteur du film. Il met en exergue le rôle primordial de la musique de film, que celle-ci exacerbe ou accompagne ou même suscite une émotion. Ainsi, aucun des extraits de films choisis par Noémie pour illustrer sa leçon de scénario n’est visible par le spectateur. Nous les « voyons » alors à travers le regard des étudiants mais surtout nous les entendons. Merveilleuse idée (même si elle fut au départ en partie dictée par des raisons budgétaires) qui nous plonge dans l’univers des films grâce aux inoubliables musiques de Vladimir Cosma. Le compositeur a ainsi accepté que Frédéric Sojcher choisisse dans le catalogue de musiques qu’il a créées pour d’autres films. En plus de ces musiques préexistantes, Vladimir Cosma (dont je vous avait dit à quel point son concert au Festival du Cinéma et Musique de Film de la Baule en 2017 était inoubliable, l’occasion d’entendre la musique de La septième cible,  La Boum, Les  Aventures de Rabbi Jacob, La Chèvre et tant d'autres, jouées par un orchestre symphonique) a aussi composé ici un morceau et une chanson originale que l’on entend au générique  et dans la cour de l’école, quand les étudiants autour de l’arbre entament les paroles d’un refrain : Et si…, une chanson pour laquelle Vladimir Cosma a travaillé avec le parolier Jean-Pierre Lang.

    « La qualité d’un scénariste, ce n’est pas tant l’imagination que le sens de l’observation des autres et de soi-même. Il faut aimer les personnages, leurs défauts, leurs faiblesses ,comme leurs qualités, peut-être même encore plus leurs défauts » rappelle ainsi Noémie à ses étudiants. Une leçon de scénario est finalement une leçon de vie, comme ce film qui nous invite à regarder (les images, les autres, l’existence) plus intensément. Un cours sur la vie autant qu’un cours de cinéma.  

    Cette journée est pour Noémie une parenthèse après laquelle en apparence rien n’a changé et après laquelle rien ne serait tout à fait pareil. Comme pour le spectateur, après ce vibrant hommage au cinéma savoureusement anticonformiste (adapter un essai sur le scénario et faire d'une masterclass le cadre des 3/4 d'un film, il fallait oser, et pourtant cela fonctionne incroyablement grâce...au scénario, mais aussi à la réalisation, constamment en mouvement). Et puis cette fin, inattendue et poignante, est une de celles que je n’oublierai pas, qui continuera à m’accompagner comme Martin Eden et le livre d’Alain Layrac. Elle m’a fait penser au fameux « Brûle la lettre » des Choses de la vie (on y revient) qui ne cesse de résonner dans mon esprit comme une ultime dissonance. Un hommage au cinéma, au métier de scénariste, à la musique de film, mais aussi au pouvoir des mots.

    Ceux qui auront connu la peine ineffable d’un deuil insurmontable en seront d’autant plus émus, tant le sujet, à travers deux magnifiques personnages de femmes, est traité avec délicatesse et poésie.  Une magnifique histoire d’amour, teintée d’humour et de mélancolie, qui entremêle sens de l'existence et du cinéma et qui nous invite à mieux regarder l’une et l’autre, mais aussi à nous laisser emporter par le tourbillon de la vie, à l'unisson de ce magnifique plan, lorsque la caméra virevolte autour d’un arbre, sublimé par la musique de Vladimir Cosma*.

    « Tant que j’aurai envie de raconter une histoire, je serai vivant. »  Ce film nous conforte dans l’idée que raconter des histoires n’est pas une manière de fuir la vie mais de l’exalter, l’adoucir, la sublimer, la regarder passionnément, la savourer plus intensément.  La force des histoires, des mots, du montage, de la musique prennent ici tout leur sens, si noble, en résonance avec nos fêlures, nos regrets, nos rêves, nos espérances, nos sentiments enfouis, jusqu’à, peut-être, modifier le cours de notre vie. Bref, une démonstration implacable et passionnante de la puissance du cinéma, des personnages quand ils sont comme ici "uniques et universels", et évidemment du scénario.

    Le cours de la vie a reçu le Prix Cineuropa et le Prix RTBF au Love International Film Festival de Mons.

    *Vladimir Cosma, compositeur de plus de 500 musiques de films, est de retour sur la scène du Grand Rex à Paris avec 3 concerts exceptionnels les 16, 17 et 18 juin 2023. Il dirigera un orchestre philharmonique, de grands chœurs, des solistes prestigieux et des invités surprise. 

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  • Sélection officielle du 76ème Festival de Cannes : conférence de presse du 13 avril 2023

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    Johnny Depp et Maïwenn dans « Jeanne du Barry » ( WHY NOT PRODUCTIONS LTD)

    Ce jeudi 13 avril, Thierry Frémaux, le délégué général du Festival de Cannes et Iris Knobloch, la nouvelle présidente, lors de la traditionnelle conférence de presse, dévoileront la sélection officielle de cette 76ème édition qui s'ouvrira avec Jeanne du Barry de et avec Maïwenn, le 16 mai 2023, jour de sa sortie en salles. Pour connaître les autres premiers éléments de programmation de cette édition 2023, rendez-vous sur mon site In the mood for Cannes (Inthemoodforcannes.com), entièrement consacré au Festival de Cannes. Je couvrirai ainsi le festival pour la 21ème année, notamment sur mon compte Instagram @sandra_meziere et je vous détaillerai bien sûr le programme ici et sur le site précité, dès jeudi.

  • Critique de TÀR de Todd Field

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    Découvrir enfin Tár (pléonasme -et humour- facile, oui, je sais) au Lucernaire et, depuis, être habitée par ce film, cette marche funèbre à la complexité revigorante quand tout tend à être simplifié, manichéen, évident. Plutôt qu'une critique exhaustive comme d'habitude, je reprends ici mon petit texte publié sur Instagram, sur mon compte @sandra_meziere.

    La judicieuse durée du film, captivant de la première à la dernière seconde, permet de dessiner un portrait, à l’image des œuvres que la cheffe d’orchestre interprète : nuancé, dense, fascinant, perturbant. Le générique (de fin, placé au début) est annonciateur de ce qui nous attend : un voyage déroutant, le récit d’une chute, et un coup de projecteur sur ceux que Tár méprise, qui œuvrent dans l’ombre à la réussite d’un projet.

    Tár, cheffe d’un grand orchestre symphonique allemand, au firmament de son art et de sa brillantissime carrière, prépare un concerto de la Symphonie n° 5 de Gustav Mahler. Elle est incarnée (littéralement) par Cate Blanchett, sidérante de vérité et de subtilité (comment l’Oscar a-t-il pu lui échapper pour revenir à l’interprète de ce film abscons Everything Everywhere All at Once ?) à tel point qu’elle nous fait croire à l’existence réelle de ce personnage, tantôt admirable et méprisable, orgueilleux et perturbé, abusif, manipulateur et paranoïaque, cassant et finalement fragile, qui édicte des règles qu’il ne respecte pas. Un fauve qui dévore mais qui est aussi aux abois que Cate Blanchett incarne dans le moindre soubresaut de son corps, animal dangereux, cruel, et blessé. Une femme hantée autour de laquelle des ombres menaçantes et la mort rodent.

    La lumière et les décors, âpres, déshumanisés,  grisâtres, épousent sa rigueur et sa froideur. La mise en scène et le montage reflètent sa désagrégation, d’un plan séquence éblouissant d’un cours lors duquel elle enserre sa proie (un élève), dirige l’espace, le langage (du corps, des mots, de la musique) à des plans de plus en plus resserrés comme l’étau autour d’elle. Elle pour qui « tout est transaction », qui veut tout maîtriser (la musique et les êtres), qui évolue dans un monde personnel dénué d’émotions (aux antipodes de la musique qu’elle dirige), qui veut dompter le temps comme le tempo, va perdre tout contrôle.

    L'émotion vertigineuse et incoercible que va lui procurer une jeune musicienne insolemment vivante, va la conduire dans un gouffre inextricable et va accélérer sa chute, au propre comme au figuré. Une chute brutale d’autant plus que l’ascension fut sans doute une fastidieuse marche vers le sommet. Des projecteurs de Berlin et de New York, elle va se retrouver dans un obscur petit théâtre d’Asie du Sud-Est : d’un univers aseptisé à un monde suintant de vie et de chaleur.

    C’est aussi palpitant qu’un thriller. L’énigme consiste ici à découvrir qui était Linda Tarr devenue Lydia Tár et la force du film réside dans le fait de ne pas la lever totalement, donnant juste quelques pistes dans l'alcôve d'une modeste maison d'enfance américaine dans laquelle elle croise un frère dédaigneux.

    Tár est aussi un film passionnant pour les questions qu’il pose. L’art justifie-t-il tout ? 
    Selon le précepte de Machiavel, la fin justifie-t-elle toujours les moyens ?  Le pouvoir est-il indissociable d’abus ? L’art et/ou la réussite nécessitent-ils de céder au mensonge, de toujours se réinventer, de claquemurer une part de soi, de manipuler les autres, de perdre une part d’humanité ? Ou au contraire le véritable artiste n'est-il pas celui qui ne se trahit pas et qui ne transige par avec son intégrité ? Ou l'art nécessite-t-il forcément des concessions, y compris jusqu'à y perdre son âme ? L'art véritable ne doit-il pas élever celui qui le reçoit comme celui qui le pratique ?

    L’accusation de misogynie adressée au film par ses détracteurs est en tout cas ridicule puisque justement considérer des personnages féminins dans leur noirceur et leur complexité relève du principe même de l’égalité.

    Tout dans ce 3ème film de Todd Field est brillamment pensé, à commencer par le choix de la 5ème Symphonie de Mahler, indissociable de Mort à Venise de Visconti, histoire (là aussi) de décadence et de déchéance (qui plus est d'un compositeur), évidemment pas un hasard, film avec lequel celui de Todd Field établit un parallèle jusque dans la mort de son personnage (métaphorique ici pour Tár). L'Adagietto serait en effet, selon l'entourage de Mahler, une lettre d'amour en musique destinée à Alma. La Symphonie débute par ailleurs par une marche funèbre, ce qu'est finalement la trajectoire tragique de Tár. Mais vous pourrez tout aussi bien y voir une victoire sur la mort et la fatalité comme l'évoque aussi la fin de la Symphonie n°5 de Mahler.

    Il faudrait encore évoquer les ellipses et les énigmes si pertinentes, les dialogues percutants, et beaucoup  d'autres choses encore tant ce film est une ode à la polysémie et à la complexité humaines et artistiques. (Il passe encore au MK2 Parnasse).

    Lien permanent Imprimer Catégories : CRITIQUES DES FILMS A L'AFFICHE EN 2023 Pin it! 0 commentaire
  • Critique - LE PRIX DU PASSAGE de Thierry Binisti (au cinéma le 12 avril)

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    Je vous ai souvent parlé ici du travail de Thierry Binisti dont j’avais déjà tant aimé Une bouteille à la mer, un film que j’avais découvert au Festival International du Film de Saint-Jean-de-Luz dans le cadre duquel il fut primé du Prix du meilleur film en 2011. Ce film était une adaptation du roman de Valérie Zenatti Une bouteille à la mer de Gaza, l’histoire de Tal (Agathe Bonitzer), une jeune Française de 17 ans installée à Jérusalem avec sa famille, qui, après l’explosion d’un kamikaze dans un café de son quartier, écrit une lettre à un Palestinien imaginaire dans laquelle elle exprime ses interrogations et son refus d’admettre que seule la haine puisse régner entre les deux peuples. Elle glisse la lettre dans une bouteille qu’elle confie à son frère pour qu’il la jette à la mer, près de Gaza, où il fait son service militaire. Quelques semaines plus tard, Tal reçoit une réponse d’un mystérieux « Gazaman » (Mahmoud Shalaby). Va alors débuter un échange épistolaire d’abord constitué de doutes, de reproches, d’incompréhension mais qui va finalement les mener sur le chemin d’une liberté et d’une réconciliation a priori impossibles.

    Je vous avais aussi parlé du travail de Thierry Binisti à l’occasion de la diffusion du docu-fiction Louis XV, le soleil noir qu’il avait réalisé pour France 2 et par lequel j’avais été captivée : un divertissement pédagogique passionnant, de très grande qualité, aussi bien dans le fond que dans la forme, une immersion dans les allées tumultueuses de Versailles et dans les mystérieux murmures de l'Histoire, dans le bouillonnant siècle des Lumières et dans la personnalité tourmentée de Louis XV. Les similitudes entre ce téléfilm et Une bouteille à la mer étaient d’ailleurs assez nombreuses : Versailles, une prison (certes dorée) pour Louis XV comme pouvait l’être Gaza pour Naïm, un portrait nuancé de Louis XV comme l’étaient ceux de Naïm et Tal, une combinaison astucieuse entre fiction et documentaire.

    Tout comme le docu-fiction évoqué ci-dessous, Une bouteille à la mer ne laissait pas place à l’approximation, avec un scénario particulièrement documenté. Ces deux voix qui se répondent, à la fois proches et parfois si lointaines, se font écho, s’entrechoquent, se confrontent et donnent un ton singulier au film, grâce à une écriture belle et précise, et sont ainsi le reflet de ces deux mondes si proches et si lointains qui se parlent, si rarement, sans s’entendre et se comprendre. Thierry Binisti ne tombe jamais dans l’angélisme ni la diabolisation de l’un ou l’autre côté du « mur ». Il montre au contraire Palestiniens et Israéliens, par les voix de Tal et Naïm, si différents mais si semblables dans leurs craintes et leurs aspirations, et dans l’absurdité de ce qu’ils vivent. Il nous fait tour à tour épouser le point de vue de l’un puis de l’autre, leurs révoltes, leurs peurs, leurs désirs finalement communs, au-delà de leurs différences, si bien que nous leur donnons tour à tour raison. Leurs conflits intérieurs mais aussi au sein de leurs propres familles sont alors la métaphore des conflits extérieurs qui, paradoxalement, les rapprochent.

    Si j’ai établi ce long préambule avec ces digressions, c’est parce que l’on retrouve ces qualités dans Le Prix du passage, le troisième long-métrage de Thierry Binisti (qui a aussi réalisé de très nombreux téléfilms, souvent remarquables), là aussi très documenté, notamment grâce à l’expérience de la scénariste Sophie Gueydon qui a travaillé avec des associations à Paris puis à Calais, et noué des liens avec les migrants rencontrés alors. Avec Pierre Chosson, elle a écrit un scénario puissant dénué de manichéisme.

    Là aussi, il s’agit de la rencontre entre deux mondes qui n’auraient jamais dû se rencontrer, qui vont s’enrichir l’un l’autre. Là aussi il s’agit de partir de l’intime pour parler du politique. Là aussi, il s’agit de deux personnages forts. Là aussi il s’agit de désirs (d’ailleurs) qui vont éclore.

    Sur ce sujet de la situation des migrants, il y eut notamment Welcome de Philippe Lioret dans lequel, pour impressionner et reconquérir sa femme Marion (Audrey Dana), Simon (Vincent Lindon), maître-nageur à la piscine de Calais, (là où des centaines d’immigrés clandestins tentent de traverser pour rejoindre l’Angleterre, au péril de leur vie)  prend le risque d’aider en secret un jeune réfugié kurde, Bilal (Firat Ayverdi) qui tente lui-même de traverser la Manche pour rejoindre la jeune fille dont il est amoureux, Mina (Dira Ayverdi).

    L’an passé, l’excellente comédie sociale bienveillante de Louis-Julien Petit, La Brigade, braquait ses projecteurs sur la situation des migrants en foyers pour mineurs dans les Hauts-de-France. Le film de Thierry Binisti nous emmène aussi dans les Hauts-de-France, où vit Natacha (Alice Isaaz), 25 ans, jeune mère célibataire qui galère pour élever son fils Enzo (Ilan Debrabant), 8 ans. Walid (Adam Bessa), quant à lui, migrant d’origine Irakienne, attend de réunir assez d’argent pour payer son passage vers l’Angleterre. Aux abois, ils improvisent ensemble une filière artisanale de passages clandestins. Ne parvenant plus à payer ses factures, sa chaudière tombant en panne, renvoyée du bar où elle travaillait pour avoir pris de l’argent dans la caisse, Natacha est dans une impasse et ne trouve que cette solution pour s’en sortir et pour offrir une vie un peu plus confortable à son fils avec lequel elle partage un logement spartiate à Boulogne-sur-mer.

    Ce film, comme ses acteurs principaux, dégage un charme qui vous saisit dès les premières minutes, dès cette chanson en Italien qu’entonnent Natacha et son fils. Comme dans Une bouteille à la mer, Le Prix du passage réunit deux êtres que tout oppose a priori et la richesse du film réside avant tout dans la profondeur de ces deux personnages qui aspirent tous deux à prendre un nouveau départ, à un ailleurs, à un nouvel horizon. S’ils viennent de deux mondes en apparence opposés (Natacha est au départ particulièrement hostile aux migrants), leurs situations finalement pas si différentes, la dureté du monde à laquelle ils se confrontent et l’âpreté de leurs existences vont les rapprocher,  la précarité dans laquelle la jeune femme vit la conduisant aussi à être sans cesse aux abois et dans l’instabilité, tout comme Walid.

    Leur rencontre nait d’un choc contre le capot de la voiture de Natacha. Le choc d’une rencontre qui va la bousculer, la conduire à commettre des folies, à se saisir de sa liberté…

    Walid était étudiant en Irak. Il parle parfaitement le français, connaît et aime la littérature française, Voltaire et Rousseau, philosophes des Lumières et de la liberté.  On ne saura jamais ce qu’il a vécu en Irak, un plan furtif sur ses cicatrices dans le dos entrevues par Natacha laisse deviner un douloureux passé inscrit dans sa chair. Adam Bessa a reçu le Prix d’Interprétation de Un Certain Regard, au dernier Festival de Cannes, pour son rôle dans Harka. Il mériterait aussi d’être récompensé pour ce rôle tant il apporte d’intensité, de détermination et de douceur à son personnage.

    Alice Isaaz, quant à elle, apporte toute sa fougue à son personnage en colère et impulsif, qui peu à peu va prendre le chemin de la lumière, de la liberté, et empoigner son destin de mère. Elle qui n’a jamais quitté sa région va franchir les frontières, de la morale et de ses Hauts-de-France. Le passage du titre, c’est bien sûr celui qui mène vers l’Angleterre mais aussi celui-là, le passage vers la liberté, de partir et d’être soi. De Mademoiselle de Joncquières de Emmanuel Mouret, du Mystère Henri Pick de Rémi Bezançon à Une belle course de Christian Carion, Alice Isaaz impose sa lumineuse présence, et accède ici enfin au premier rôle qu'elle mérite.

    Toute la beauté de la relation entre Natacha et Walid, orageuse puis complice, se situe dans l’indicible, dans cet avenir sur lequel ouvre le film qu’il nous appartient d’esquisser, dans cette phrase  que Walid dit à Natacha qui n’est pas traduite qu’il nous appartient de deviner (comme dans Lost in translation).

    Le film lorgne aussi du côté du thriller, avec des séquences trépidantes particulièrement réussies lors des franchissements des contrôles de police, grâce à la réalisation inspirée et efficace de Thierry Binisti et grâce à l’interprétation d’Alice Isaaz dont le spectateur partage alors l’angoisse. Et quand le coffre s'ouvre sur un horizon irradié de lumière, nous partageons avec elle ce sentiment de soulagement.

    Cette histoire singulière dont le rythme ne faiblit jamais, le montage mettant ainsi en exergue le sentiment d'urgence et de risque constants qui étreint les deux protagonistes, donne une incarnation à une situation plus universelle, celle des migrants qui, au péril de leur vie, fuient et bravent tous les dangers pour se donner une chance d'un avenir meilleur. Ce film riche de ses nuances nous donne aussi envie, comme Natacha, de prendre conscience de la préciosité de notre liberté, et d’en saisir chaque parcelle de seconde… Vous l’aurez compris : je vous recommande vivement et sans réserves ce film nuancé et palpitant, au cinéma ce 12 avril, dont vous ressortirez le cœur empli du souvenir revigorant et rassérénant de ce plan d'un horizon ensoleillé mais aussi du souvenir de ces deux magnifiques personnages, deux combattants de la vie qui s'enrichissent de la confrontation de leurs différences.