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  • Conversation avec Johnny Depp - Festival du Cinéma Américain de Deauville

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    L'évènement de de dimanche à Deauville fut la passionnante rencontre avec Johnny Depp dont voici quelques citations qui témoigne de la liberté et du souci d'indépendance de l'acteur mais aussi de sa place singulière dans le cinéma américain.

    "-Je ne suis pas certain d'avoir eu envie d'être un acteur. Je n'en suis pas encore certain maintenant.
    -La télévision était le diable pour moi
    - La Fox m'a transformé en produit ce que je n'étais pas. C'était la meilleure école que je puisse avoir car il n'y a pas meilleur moyen d'apprendre le processus pendant des mois.
    -Je n'aimais pas l'idée d'être labellisé
    -Je voulais être viré de 21 Jump Street. J'ai tout essayé mais je n'ai pas réussi pendant 2 ans.
    Je ne suis pas à l'aise avec le mot fan car il y a les gens qui paient pour aller voir le film,  . Avant d'être mes fans ce sont mes employeurs.
    -J'aime bien mes aspects cassés des personnages car on a tous en nous quelque chose de cassé.
    -Vous vous sentez très seul quand vous faites ces choix mais le il faut. Qui d'autre ?
    -Mickael Jackson, Tom Hanks... voulaient le rôle d'Edward mais la Fox pensait que la meilleure option était Tom Cruise. Il aurait  été bon à sa façon.
    -Je pleure devant la pureté, devant cette histoire.
    - Tim a été le premier  à me comprendre moi, qui je suis.
     - Burton s'est opposé aux studios et Burton a tenu bon pour m'imposer.
    - Le scénario de Edward m'a ému, bouleversé."

    D'autres extraits en vidéo sur mon compte instagram.

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  • 45ème Festival du Cinéma Américain de Deauville : affiche et nouvelle identité visuelle

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    AJOUT DU 27 AOÛT : MON ARTICLE SUR LE PROGRAMME DU FESTIVAL EST EN LIGNE, ICI :

    http://www.inthemoodforcinema.com/archive/2019/08/25/45eme-festival-du-cinema-americain-de-deauville-programme-co-6171859.html

    Avant de vous parler de ce mémorable 72ème Festival de Cannes, une petite incursion par Deauville pour vous parler de la nouvelle identité visuelle du Festival du Cinéma Américain.

    Pour son 45ème anniversaire, le Festival du cinéma américain de Deauville dévoile sa nouvelle identité visuelle, et son affiche, et "affirme le cinéma comme l’art de l’avenir". Une création graphique signée Slumberland.

    Comme chaque année, depuis une vingtaine d'années, vous pourrez me suivre en direct du festival, mon festival de prédilection, celui qui a changé le cours de mon existence. Comme chaque année, je vous ferai également gagner vos pass et invitations pour le festival en partenariat avec le CID.

    En attendant de vous dévoiler les premiers éléments de programmation, retrouvez mon compte rendu de l'édition 2018, ici, - et des précédentes éditions sur mon blog Inthemoodfordeauville.com entièrement consacré à Deauville.

    À très bientôt pour de nouvelles informations sur cette 45ème Édition que je me réjouis de vivre et couvrir du 6 au 15 septembre 2019.

    Et si ce n'est déjà fait, retrouvez aussi le Festival du Cinéma Américain de Deauville dans mon recueil de 16 nouvelles sur le cinéma "Les illusions parallèles" et dans mon roman "L'amor dans l'âme" (Éditions du 38).

  • Programme du 43ème Festival du Cinéma Américain de Deauville : récapitulatif avant la conférence de presse du 22 août

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    En attendant la conférence de presse officielle de ce 43ème Festival du Cinéma Américain de Deauville qui aura lieu le mardi 22 août à 11h, je vous propose un récapitulatif des informations dont nous disposons pour le moment concernant le programme de cette édition 2017.

    Dans cet article, vous trouverez également de nombreuses informations pratiques qui vous seront utiles que vous veniez régulièrement au festival ou pour la première fois.

    J'en profite pour vous rappeler que je vous fais gagner vos pass pour le festival, en partenariat avec le CID, ici.

    DATES

    Depuis une vingtaine d'années, c'est le même rituel. En juillet, en plein éclat de l'été, mes pensées vagabondent déjà vers septembre et le Festival du Cinéma Américain de Deauville. Parenthèse enchantée annuelle. 

    Dans un peu plus de 15 jours, du 1er au 10 septembre 2017, aura ainsi lieu le 43ème Festival du Cinéma Américain de Deauville. Difficile pour moi de réaliser que j’ai assisté à plus de la moitié de ces 42 éditions passées tant ma curiosité et mon enthousiasme pour ce festival demeurent aussi forts. Avec Cannes, c'est le seul festival dont je n'ai manqué aucune édition depuis la première fois où j'y suis allée... même si Deauville fut le premier. Un coup de foudre ! Pour la ville. Pour les festivals de cinéma. Pour CE festival de cinéma. Et toujours cette même sensation réjouissante en y retournant. Quoiqu'il arrive. Malgré les vicissitudes de l'existence. Malgré le temps qui passe. Il y aura toujours Deauville. Deauville et sa beauté incendiaire, versatile, enchanteresse.  Douce réminiscence de mon premier festival de cinéma là-bas. Là où tout a commencé il y a tant d'années déjà que je ne les compte plus.

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    DEDICACE

    Lorsque j’entre dans la majestueuse salle du CID, un mélange de nostalgie joyeuse et de fascination émue devant cet écrin synonyme de tant d’instants de vie et de cinéma indélébiles m’étreint toujours. Vous l’aurez compris: j’aime ce festival. Passionnément. Indéfectiblement. Au point d’avoir fait partie de son jury de cinéphiles en 2000. Au point d’y consacrer un blog entier (Inthemoodfordeauville.com). Au point d’y avoir  placé une scène clef de mon premier roman L’amor dans l’âme ( paru en avril 2016 aux Editions du 38 ) ainsi que deux  nouvelles de mon recueil de 16 nouvelles sur les festivals de cinéma "Les illusions parallèles" (également publié par Les Editions du 38).

    J'aurai d'ailleurs l'immense plaisir de dédicacer ces deux livres à l'Hôtel Barrière Le Normandy pendant le festival, le dimanche 3 septembre à 16H. Dédicacer là où commença ma longue histoire avec les festivals de cinéma en plus dans le cadre du mythique hôtel Barrière Le Normandy, que d'émotions !  Vous êtes bien entendu les bienvenus, je serais ravie de vous (re)voir à cette occasion.  Cette dédicace a lieu en partenariat avec l'incontournable librairie de Deauville "Jusqu'aux lueurs de l'aube". Les livres y seront bien sûr disponibles avant, pendant et après le festival. La librairie se situe au 88 rue Eugène Colas et la dédicace aura lieu à 200m de là, à l’Hôtel Barrière Le Normandy, situé au 38 rue Jean Mermoz. 

    Vous pouvez d'ores et déjà vous inscrire à la page Facebook de l'évènement pour tout savoir sur celui-ci, ici.

     

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    Un immense merci au passage à la ville de Deauville pour cette publication sur son site officiel au sujet de la rencontre. Pour retrouver l'article sur le site de la ville de Deauville, c'est ici. 

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    Comme chaque année, je serai donc, forcément, fidèle au rendez-vous. Et je me réjouis d’avance de vous le faire vivre en direct et, comme chaque année également, en partenariat avec le CID, de vous permettre de remporter vos pass pour vivre pleinement ce festival avec, en plus, un bonus exceptionnel puisque je vous ferai gagner deux invitations pour la cérémonie de clôture et le film de clôture mais aussi un très beau cadeau surprise que je vous révélerai ultérieurement.

    QUELQUES MOTS SUR LE FESTIVAL

    Même s'il a connu des évolutions au fil des ans, le Festival du Cinéma Américain de Deauville, depuis l'instauration de la compétition de films indépendants en 1995, se caractérise et se distingue par sa judicieuse alliance de blockbusters et de films indépendants mais aussi par les hommages à des personnalités du cinéma américain dont les noms, pour la plupart, ornent les cabines des célèbres planches qui font la renommée de Deauville. Un générique éclectique et impressionnant. Malgré cela, le festival a su rester un événement très accessible et ouvert à tous, destiné à la fois aux cinéphiles autant qu’aux « simples amateurs » de cinéma. « Un moment unique pour tous les amoureux du cinéma »,  comme le spécifie le juste et beau slogan du festival…

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     Les Docs de l’oncle Sam nous réservent  également chaque année d’excellentes surprises. Mais Deauville, ce sont aussi: le prix d’Ornano-Valenti (qui récompense un scénario de film français), un prix littéraire, des séries, des classiques du cinéma, des conférences de presse…

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    Malgré leur diversité de styles, d’époques, de points de vue, des thématiques communes se dégagent ainsi chaque année des films en compétition comme un état des lieux de l’Amérique. Ainsi, en 2016,  comme chaque année, la compétition mettait en exergue (et cela peut-être plus que jamais) les fêlures de l’Amérique dont les citoyens peinent à communiquer, souvent à propos de leurs souffrances, et qui bien souvent essaient d’exorciser cette incommunicabilité dans la violence…ou le cynisme (« Le Teckel »). Une Amérique, à nouveau et plus que jamais, en manque de (re)pères. Les films en lice mettaient ainsi souvent en scène des enfants ou des adolescents (et parfois des adultes) esseulés, livrés à eux-mêmes et  confrontés aux responsabilités et difficultés qui sont normalement celles dévolues aux adultes, des enfants confrontés à la dureté du monde. Ces films soulignaient le hiatus entre leurs rêves d’enfant et la réalité qui souvent les heurtaient de plein fouet, comme le revers de l’American dream. Pour faire face, certains préféraient prendre la tangente, s’inventaient un personnage ou même  décidaient de renoncer à la vie.  La musique était aussi à l’honneur l'an passé notamment avec le feel good movie signé John Carney « Sing street ». Et si des valeurs sûres confirmaient leur talent (de James Franco à Matthew McConaughey  en passant par Viggo Mortensen), ce sont souvent de jeunes acteurs inconnus dont le talent crevait l’écran qui ont enchanté les festivaliers, que ce soient les jeunes interprètes de « Captain Fantastic » ou ceux de « Brooklyn village » ou encore de « Mean dreams. »

    Retrouvez mon compte rendu détaillé du Festival du cinéma Américain de Deauville 2016, avec les conférences de presse, les critiques des films en avant-première et des films en compétition, en cliquant ici.

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    AFFICHE DU FESTIVAL 2017

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    De cette édition 2017 du Festival du Cinéma Américain de Deauville​ 2017, nous connaissons déjà l'affiche, somptueuse, hommage à "La La Land" (dont vous pouvez au passage retrouver ma critique ci-dessous) de Damien Chazelle qui avait obtenu le grand prix à Deauville en 2014 avec "Whiplash".

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    JURYS

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    La réalisatrice, scénariste et comédienne Emmanuelle Bercot sera ainsi la présidente du Jury de la Révélation. « Fervente américanophile, je me réjouis et m’estime honorée d’être appelée à présider le Jury de la Révélation du 43e Festival du Cinéma Américain de Deauville. Dans mon imaginaire, depuis toujours, Amérique et Cinéma ne font qu’un. Ces dix jours feront de moi, avant toute chose, la plus heureuse des spectatrices » a-t-elle ainsi déclaré.

    L'occasion pour moi de vous recommander "Elle s'en va" et "La tête haute" réalisés par Emmanuelle Bercot, deux films magistraux dont vous pouvez retrouver mes critiques ci-dessous.

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    Le réalisateur, scénariste et producteur Michel Hazanavicius sera le président du Jury. « Je suis extrêmement touché et honoré de présider cette année le Jury du Festival du Cinéma Américain de Deauville. J'ai, comme la moitié de la planète, été en partie élevé par le cinéma américain et je me réjouis de passer ces dix jours à m'en nourrir à haute dose. In Cinema we trust! » a-t-il ainsi déclaré.

    Retrouvez ma critique de "The Artist" en bas de cet article.

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    HOMMAGES

    Le festival rendra hommage à LAURA DERN en sa présence.

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     Voici le communiqué de presse du festival :"Muse lynchéenne par excellence, Laura Dern éclaire par son charisme empreint de mystère les œuvres du cinéaste : Blue Velvet en 1986, Sailor et Lula – Palme d'or au Festival de Cannes en 1990, Inland Empire en 2006, et très récemment la série Twin Peaks.

    Avec plus de soixante films à son actif, Laura Dern a illuminé les œuvres de réalisateurs tels qu'Arthur Hiller, Steven Spielberg, Peter Bogdanovich ou Robert Altman. Sublime dans Un monde parfait de Clint Eastwood, elle a récemment joué dans The Master de Paul Thomas Anderson, ou encore dans la série Big Little Lies. Elle sera prochainement à l'affiche de Star Wars, épisode VIII : Les Derniers Jedi. "

    Le festival rendra hommage à Jeff Goldblum en sa présence.

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    Voici le communiqué de presse du festival à ce sujet : "Figure iconique des succès planétaires que furent La Mouche de David Cronenberg, Jurassic Park de Steven Spielberg, Independance Day de Roland Emmerich, ou Annie Hall de Woody Allen, Jeff Goldblum démarre sa carrière sous l'égide de réalisateurs tels que Robert Altman, Philip Kaufman, John Landis, ou encore Lawrence Kasdan, avec qui il fera deux de ses plus beaux films. Son élégance et sa photogénie accrochent le regard des metteurs en scène, qui ont su capter l'émotion de ses performances.

    Prochainement, il retrouvera le cinéaste Wes Anderson, en prêtant sa voix au film d'animation Isle of Dogs, et sera à l'affiche du nouveau volet de la saga Jurassic World.  "

    Le Festival rendra hommage à Michelle Rodriguez en sa  présence.

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    Voici le communiqué de presse du festival : "Révélée par le Festival de Deauville en 2000, Michelle Rodriguez crève l'écran dans son rôle de boxeuse dans Girlfight de Karyn Kusama. Sa performance, et la sincérité de son interprétation, contribuent grandement à l'attribution du Grand Prix, décerné cette année-là au film de Karyn Kusama.  Le film et son actrice incarnent toute une génération en quête d'émancipation, et en deviennent le symbole. Michelle Rodriguez n'aura de cesse de se tourner vers des rôles de femmes indépendantes et fortes, véritables héroïnes de cinéma : dans Fast and Furious de Rob Cohen, S.W.A.T de Clark Johnson, Resident Evil de Paul W.S. Anderson et Avatar de James Cameron.

    Prochainement, elle sera à l'affiche de Widows, le nouveau film du réalisateur oscarisé Steve McQueen. "

     Le festival rendra hommage à Darren Aronofsky en sa présence. Sera projeté en avant-première son dernier film Mother !.

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    Ce Festival du Cinéma Américain de Deauville 2017 s'annonce décidément bien. Le festival vient en effet d'annoncer qu'un hommage serait rendu au cinéaste Darren Aronofsky en sa présence et que serait projeté en avant-première son dernier film "Mother !". A cette occasion, retrouvez la bande-annonce du film ci-dessous, et en attendant ma critique de "Mother !", retrouvez celle de "Black swan" ci-dessous. 

     

    En 2008, Darren Aronofsky reçoit le Lion d'or du Festival de Venise pour The Wrestler, le consacrant comme l'un des cinéastes majeurs de sa génération.  Liant une esthétique très forte à une maîtrise visuelle au service de son propre langage cinématographique, Darren Aronofsky accède au statut de cinéaste culte dès son premier long métrage, Pi, présenté en compétition au Festival de Deauville en 1998. Son second long métrage, Requiem for a Dream, est ovationné au Festival de Cannes, tout comme au Festival de Deauville en 2000. Le film, véritable descente aux enfers d'une jeunesse euphorique et dépendante, marque toute une génération par sa puissance émotionnelle. Dès lors, Darren Aronofsky n'a eu de cesse de construire une œuvre à la fois convulsive, hallucinée et habitée : en 2011, il met en scène un ballet entêtant et horrifique dans Black Swan, avant de réaliser une fresque biblique d'une tragique ampleur avec Noé (2014).

    PRIX LITTERAIRE LUCIEN BARRIERE 2017 : Les sables de l'Amargosa  de Claire Vaye Watkins

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    Los Angeles, dans un futur indéterminé. Après des décennies de surexploitation, la Californie n’est plus qu’un désert. La plupart des habitants ont été évacués, mais les derniers récalcitrants hantent encore les lieux. Regroupés en bandes, ils survivent en pillant la ville, dont ils sont désormais prisonniers puisque les États voisins ont fermé leurs frontières. Mais une immense dune de sable mouvante, qui broie tout sur son passage, menace de les anéantir. 
     
    Dans cet univers apocalyptique, Ray et Luz Dunn, réfugiés jusque-là dans le palace d’une starlette d’Hollywood, kidnappent une fillette de deux ans qui semble abandonnée aux mains d’un groupe de marginaux et décident de s’enfuir en prenant la direction de l’Est, où, selon une rumeur persistante, un sourcier visionnaire aurait fondé avec ses disciples une intrigante colonie…     Avec cette fable écologique autour du réchauffement climatique et de la raréfaction de l’eau, aussi émouvante qu’originale, Claire Vaye Watkins s’impose comme un auteur saisissant, et de sa plume envoûtante, elle donne vie à un univers singulier où réel et imaginaire s’entremêlent avec une virtuosité inouïe.

    Jeune surdouée des lettres américaines née en 1984, Claire Vaye Watkins est l’auteur d’un recueil de nouvelles (Nevada, Calmann-Lévy, 2012) qui lui a valu de nombreuses récompenses littéraires.
    Saluée par la National Book Foundation comme l’un des cinq auteurs de moins de 35 ans les plus talentueux, et par le magazine Granta comme l’un des meilleurs jeunes écrivains de la décennie, elle signe ici son premier roman, qui a fait sensation sur la scène littéraire américaine et a été élu « Meilleur livre de l’année » par de nombreux magazines et revues dont The Washington Post, The Los Angeles Times et Kirkus Reviews.   
     

    PRIX D'ORNANO- VALENTI 2017 : Jeune femme de Léonor Serraille

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    Créé en 1991 par les compagnies membres de la Motion Picture Association (MPA) - association regroupant six studios de production et de distribution de films américains -, le Prix Michel d'Ornano - dédié à la mémoire de l'ancien ministre, maire de Deauville et cofondateur du Festival du Cinéma Américain - récompense un premier film français, dans le but d'aider à sa reconnaissance, sa promotion et son exportation. En 2015, le Prix est rebaptisé Prix d'Ornano-Valenti en hommage conjoint à Jack Valenti, initiateur du Prix, et à l'amitié qui unit en son temps les deux hommes et leurs familles, tous très attachés au Festival du Cinéma Américain de Deauville.

    Lors de la cérémonie du Palmarès du Festival du Cinéma Américain de Deauville, un jury international composé de journalistes anglo-saxons et présidé par Jean-Guillaume d'Ornano remettra officiellement le Prix d'Ornano-Valenti 2017 au film lauréat de cette année :

    JEUNE FEMME

    Réalisé par Léonor Serraille

    Résumé :

    Un chat sous le bras, des portes closes, rien dans les poches, voici Paula, de retour à Paris après une longue absence. Au fil des rencontres, la jeune femme est bien décidée à prendre un nouveau départ. Avec panache.

    Interprétation :

    Laetitia Dosch (Paula), Grégoire Monsaingeon (Joachim), Souleymane Seye Ndiyae (Ousmane), Nathalie Richard (la mère de Paula/Paula's mother)

    FILMS AU PROGRAMME

    Voici 5 films dont nous savons qu'ils seront projetés dans le cadre du 43ème Festival du Cinéma Américain de Deauville.

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    SUIVRE LE FESTIVAL EN DIRECT

    Comme chaque année, vous pourrez me retrouver en direct du festival de l'ouverture à la clôture sur mes différents blogs Inthemoodfordeauville.com, Inthemoodforcinema.com et Inthemoodforfilmfestivals.com mais aussi sur twitter (@Sandra_Meziere et @moodfdeauville) et Instagram (@sandra_meziere). Vous retrouverez également le programme commenté ici au fur et à mesure des annonces.

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    Vous pouvez bien sûr d’ores et déjà acheter vos pass pour ce 43ème Festival du Cinéma Américain de Deauville auprès du CID, directement sur internet, ici. Les prix demeurent très raisonnables pour le nombre de séances auxquelles un pass permet d’assister. 

    Les entreprises peuvent également acheter leurs pass VIP (avec de nombreuses formules) auprès du CID (renseignements, ici).

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    Et vous pouvez aussi bien sûr tenter votre chance au concours que j'organise en partenariat avec le CID. Sur les 36 pass que je vous ferai gagner au total, j’en conserve 12 et les 2 invitations pour la clôture que je mettrai en jeu fin août et en septembre pendant le festival. Deux d’entre vous pourront alors ainsi encore gagner six pass (pour le mardi 5, le mercredi 6, le jeudi 7, le vendredi 8,  le samedi 9  et le dimanche 10 septembre) et pour l'un des deux lauréats de ces 6 pass, seront en plus à gagner deux invitations exceptionnelles pour la cérémonie de clôture et le film de clôture.

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    LIENS UTILES POUR PROFITER AU MIEUX DU FESTIVAL:

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    Le site du CID pour réserver vos pass pour le Festival du Cinéma Américain de Deauville (que vous pouvez également suivre sur twitter – @CID_Deauville)

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    La page du CID pour réserver les pass VIP pour les entreprises

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    Le site officiel du Festival du Cinéma Américain de Deauville

    Le compte twitter officiel du Festival du Cinéma Américain de Deauville: @DeauvilleUS (et le hashtag: #Deauville2017)

    La page Facebook officielle du Festival du Cinéma Américain de Deauville

    La page officielle de la ville de Deauville (que vous pouvez également suivre sur twitter -@deauvilletwitts-, sur Instagram -@visitdeauvilleofficial- et sur Facebook, ici)

    Mes bonnes adresses à Deauville : hôtels et restaurants 

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    L'offre Escapade du Groupe Barrière

    Mon compte rendu du Festival du Cinéma Américain de Deauville 2016

    Mon blog consacré à Deauville notamment pour retrouver tous mes articles sur les éditions passées

    Pour me suivre en direct pendant le festival: sur mes blogs (Inthemoodforfilmfestivals.com, Inthemoodforcinema.com, Inthemoodfordeauville.com et Inthemoodforhotelsdeluxe.com), sur twitter (@Sandra_Meziere -compte principal- et @moodfdeauville), sur Facebook  (Facebook In the mood for cinema et Facebook In the mood for Deauville) et sur Instagram (@sandra_meziere).

     

    CRITIQUES EN RAPPORT AVEC LE PROGRAMME DU FESTIVAL DU CINEMA AMERICAIN DE DEAUVILLE 2017

    Critique de BLACK SWAN

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    "Black swan" est un vrai choc cinématographique, un tourbillon fiévreux dont vous ne ressortirez pas indemnes.

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    Nina (Natalie Portman) est ballerine au sein du très prestigieux New York City Ballet. Elle (dé)voue sa vie à la danse et partage son existence entre la danse et sa vie avec sa mère Erica (Barbara Hershey), une ancienne danseuse. Lorsque Thomas Leroy (Vincent Cassel), le directeur artistique de la troupe, décide de remplacer la danseuse étoile Beth Mcintyre (Winona Ryder) pour leur nouveau spectacle « Le Lac des cygnes », Nina se bat pour obtenir le rôle. Le choix de Thomas s’oriente vers Nina même si une autre danseuse, Lily, l’impressionne également beaucoup, Nina aussi sur qui elle exerce à la fois répulsion et fascination.  Pour « Le Lac des cygnes », il faut  une danseuse qui puisse jouer le Cygne blanc, symbole d’innocence et de grâce, et le Cygne noir, qui symbolise la ruse et la sensualité. Nina en plus de l’incarner EST le cygne blanc mais le cygne noir va peu à peu déteindre sur elle et révéler sa face la plus sombre.

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     « Black swan » n’est pas forcément un film d’emblée aimable (ce qui, pour moi, est une grande qualité quand les synopsis des films ressemblent trop souvent à des arguments marketing) : il se confond ainsi avec son sujet, exerçant tout d’abord sur le spectateur un mélange de répulsion et de fascination, entrelaçant le noir et le blanc, la lumière (de la scène ou de la beauté du spectacle, celle du jour étant quasiment absente) et l’obscurité, le vice et l’innocence mais le talent de cinéaste d’Aronofsky, rusé comme un cygne noir, et de son interprète principale, sont tels que vous êtes peu à peu happés, le souffle suspendu comme devant un pas de danse époustouflant.

    « Black swan » à l’image de l’histoire qu’il conte (le verbe conter n’est d’ailleurs pas ici innocent puisqu’il s’agit ici d’un conte, certes funèbre) est un film gigogne, double et même multiple. Jeu de miroirs entre le ballet que Thomas met en scène et le ballet cinématographique d’Aronofsky. Entre le rôle de Nina dans le lac des cygnes et son existence personnelle. Les personnages sont ainsi à la fois doubles et duals : Nina que sa quête de perfection aliène mais aussi sa mère qui la pousse et la jalouse tout à la fois ou encore Thomas pour qui, tel un Machiavel de l’art, la fin justifie les moyens.

     Aronofsky ne nous « conte » donc pas une seule histoire mais plusieurs histoires dont le but est une quête d’un idéal de beauté et de perfection. La quête de perfection obsessionnelle pour laquelle Nina se donne corps et âme et se consume jusqu’à l’apothéose qui, là encore, se confond avec le film qui s’achève sur un final déchirant de beauté violente et vertigineuse, saisissant d’émotion.

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    Par une sorte de mise en abyme, le combat (qui rappelle celui de « The Wrestler ») de Nina est aussi celui du cinéaste qui nous embarque dans cette danse obscure et majestueuse, dans son art (cinématographique) qui dévore et illumine (certes de sa noirceur) l’écran comme la danse et son rôle dévorent Nina. L’art, du cinéma ou du ballet, qui nécessite l'un et l'autre des sacrifices. Le fond et la forme s’enlacent alors pour donner cette fin enivrante d’une force poignante à l’image du combat que se livrent la maîtrise et l’abandon, l’innocence et le vice.

    Quel talent fallait-il pour se montrer à la hauteur de la musique de Tchaïkovski (qui décidément inspire ces derniers temps les plus belles scènes du cinéma après « Des hommes et des dieux ») pour nous faire oublier que nous sommes au cinéma, dans une sorte de confusion fascinante entre les deux spectacles, entre le ballet cinématographique et celui dans lequel joue Nina. Confusion encore, cette fois d’une ironie cruelle, entre l'actrice Winona Ryder et son rôle de danseuse qui a fait son temps.  Tout comme, aussi, Nina confond sa réalité et la réalité, l’art sur scène et sur l’écran se confondent et brouillent brillamment nos repères. Cinéma et danse perdent leur identité pour en former une nouvelle. Tout comme aussi la musique de Clint Mansell se mêle à celle de Tchaïkovski pour forger une nouvelle identité musicale.

    La caméra à l’épaule nous propulse dans ce voyage intérieur au plus près de Nina et nous emporte dans son tourbillon. L’art va révéler une nouvelle Nina, la faire grandir, mais surtout réveiller ses (res)sentiments et transformer la petite fille vêtue de rose et de blanc en un vrai cygne noir incarné par une Natalie Portman absolument incroyable, successivement touchante et effrayante, innocente et sensuelle, qui réalise là non seulement une véritable prouesse physique (surtout sachant qu’elle a réalisé 90% des scènes dansées !) mais surtout la prouesse d’incarner deux personnes (au moins...) en une seule et qui mérite indéniablement un Oscar.

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     Un film aux multiples reflets et d’une beauté folle, au propre comme au figuré, grâce à la virtuosité de la mise en scène et de l’interprétation et d’un jeu de miroirs et mise(s) en abyme. Une expérience sensorielle, une danse funèbre et lyrique, un conte obscur redoutablement grisant et fascinant, sensuel et oppressant dont la beauté hypnotique nous fait perdre (à nous aussi) un instant le contact avec la réalité pour atteindre la grâce et le vertige.

    Plus qu’un film, une expérience à voir et à vivre impérativement (et qui en cela m’a fait penser à un film certes a priori très différent mais similaire dans ses effets : « L’Enfer » d’Henri-Georges Clouzot) et à côté duquel le « Somewhere » de Sofia Coppola qui lui a ravi le lion d’or à Venise apparaît pourtant bien fade et consensuel...

    Critique de LA LA LAND de Damien Chazelle

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    Le synopsis d’abord. «La La Land » nous emmène au cœur de Los Angeles, et suit deux personnages : une actrice en devenir prénommée Mia (Emma Stone) qui, entre deux  castings, sert des boissons à des actrices dans la cafétéria où elle travaille, située dans les célèbres studios de la vil et Sebastian (Ryan Gosling), passionné de jazz et talentueux musicien, qui est contraint de jouer la musique d’ascenseur qu’il déteste pour assurer sa subsistance. Elle rêve de rôles sur grand écran. Lui de posséder son propre club de jazz. Elle aime le cinéma d’hier, lui le jazz qui, par certains, est considérée comme une musique surannée.  Ces deux rêveurs mènent pourtant une existence bien loin de la vie d’artistes à laquelle ils aspirent… Le hasard les fait se rencontrer sans cesse, dans un embouteillage d’abord, dans un bar, et enfin dans une fête. Ces deux idéalistes tombent amoureux…

    Le film débute par un plan séquence virevoltant, jubilatoire, visuellement éblouissant. Sur une bretelle d’autoroute de Los Angeles, dans un embouteillage qui paralyse la circulation, une musique jazzy s’échappe des véhicules. Des automobilistes en route vers Hollywood sortent alors de leurs voitures, soudain éperdument joyeux, débordants d’espoir et d’enthousiasme, dansant et chantant leurs rêves de gloire.  La vue sur Los Angeles est à couper le souffle, la chorégraphie millimétrée est impressionnante et d’emblée nous avons envie de nous joindre à eux, de tourbillonner, et de plonger dans ce film qui débute par ces réjouissantes promesses. A ma grande déception, rien n’égalera ensuite cette scène époustouflante.

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    Après ses 7 récompenses aux Golden Globes,   « La La Land » totalise 14 nominations aux Oscars : meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur acteur, meilleure actrice, meilleure chanson... Deux films seulement avaient auparavant atteint un tel nombre de nominations, « Titanic » de James Cameron en 1997 et « Eve » de Joseph L. Mankiewicz  en 1951, un chef-d’œuvre passionnant,  tableau  cruel et lucide de la vie d’actrice. Décidément, les Oscars affectionnent les films sur le cinéma.

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    Le cinéma affectionne la mise en abyme, ce qui a d’ailleurs souvent produit des chefs d’œuvre. Il y a évidemment « La comtesse aux pieds nus » de Mankiewicz, « Etreintes brisées » de Pedro Almodovar « La Nuit américaine de Truffaut », « Sunset Boulevard » de Billy Wilder, « Une étoile est née » de George Cukor et encore « Chantons sous la pluie » de Stanley Donen et Gene Kelly, deux films auxquels « The Artist » de Michel Hazanivicius se référait également. Le film de Stanley Donen et Gene Kelly (comme beaucoup d’autres et comme le cinéma de Demy) est aussi largement cité dans « La la land » (comme dans la photo ci-dessous). Les points communs sont également nombreux entre La la land et « The Artist ».

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    « The Artist » raconte ainsi l’histoire de George Valentin (Jean Dujardin), une vedette du cinéma muet qui connait un succès retentissant…mais l’arrivée des films parlants va le faire passer de la lumière à l’ombre et le plonger dans l’oubli. Pendant ce temps, une jeune figurante, Peppy Miller (Bérénice Béjo) qu’il aura au départ involontairement  placée dans la lumière, va voir sa carrière débuter de manière éblouissante. Le film raconte l’histoire de leurs destins croisés.  Comme « La la land », « The Artist » est un hommage permanent et éclatant au cinéma. Hommage à ceux qui ont jalonné et construit son histoire, d’abord, évidemment. De Murnau à Welles, en passant par Borzage, Hazanavicius cite brillamment ceux qui l’ont ostensiblement inspiré. Hommage au burlesque aussi, avec son mélange de tendresse et de gravité, et évidemment, même s’il s’en défend, à Chaplin qui, lui aussi,  lui surtout, dans « Les feux de la rampe », avait réalisé un hymne à l'art qui porte ou détruit, élève ou ravage, lorsque le public, si versatile, devient amnésique, lorsque le talent se tarit, lorsqu’il faut passer de la lumière éblouissante à l’ombre dévastatrice. Le personnage de Jean Dujardin est aussi un hommage au cinéma d’hier : un mélange de Douglas Fairbanks, Clark Gable, Rudolph Valentino, et du personnage de Charles Foster Kane (magnifiques citations de « Citizen Kane ») et Bérénice Béjo, avec le personnage de Peppy Miller est, quant à elle, un mélange de Louise Brooks, Marlène Dietrich, Joan Crawford…et nombreuses autres inoubliables stars du muet. Michel Hazanavicius  signe là un hommage au cinéma, à sa magie étincelante, à son histoire, mais aussi et avant tout aux artistes, à leur orgueil doublé de solitude, parfois destructrice. Des artistes qu’il sublime, mais dont il montre aussi les troublantes fêlures et la noble fragilité. Parce qu’il est burlesque, inventif, malin, poétique, et touchant.  Parce qu’il montre les artistes dans leurs belles et poignantes contradictions et fêlures. Rarement un film aura aussi bien su en concentrer la beauté simple et magique, poignante et foudroyante. Foudroyante comme la découverte  de ce plaisir immense et intense que connaissent les amoureux du cinéma lorsqu’ils voient un film pour la première fois, et découvrent son pouvoir d’une magie ineffable, omniprésente ici.

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    Malheureusement je n’ai pas été foudroyée par « La La Land ». Bien sûr, les hommages à l’âge d’or de la comédie musicale se multiplient. Sebastian tournoie admirablement autour d’un lampadaire, référence revendiquée à « Singing in the rain ». Et les deux amoureux s’envolent dans les airs comme dans « Moulin rouge ». Deux exemples parmi tant d’autres. Chazelle, au-delà de la comédie musicale, rend aussi hommage  à l’âge d’or hollywoodien tout entier notamment avec la scène de l’Observatoire Griffith, clin d’œil au chef-d’œuvre de Nicholas Ray, « La Fureur de vivre ». Et Mia cite « L’impossible Monsieur bébé », « Les Enchaînés », « Casablanca » sans parler de la réalisation qui rend elle aussi hommage au cinéma d’hier, fermeture à l’iris y comprise.

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    Si j’ai fait cette parenthèse, c’est en raison des nombreux points communs entre les deux films, deux films qui ont eu les honneurs des Oscars, et si le film de Michel Hazanavicius m’a transportée, emportée, enthousiasmée, même après de nombreux visionnages, celui de Damien Chazelle m’a souvent laissée au bord de l’autoroute…au point même (ce qui ne m’arrive quasiment jamais au cinéma) de parfois m’ennuyer. Paradoxalement, le film en noir et blanc de Michel Hazanavicius m’aura semblé plus étincelant que le film si coloré de Damien Chazelle. J’avais pourtant sacrément envie de les aimer ces deux rêveurs idéalistes, guidés par un amour et des aspirations intemporels.

    C'est la troisième fois que Ryan Gosling et Emma Stone sont partenaires de jeu au cinéma après « Crazy, Stupid, Love » et « Gangster Squad ». Ici, c’est Emma Stone qui crève littéralement l’écran comme c’était d’ailleurs déjà le cas dans les films de Woody Allen « Magic in the moonlight » et « L’homme irrationnel ». Ici, elle est remarquable, notamment dans les scènes de casting, lorsqu’elle est écoutée d’une oreille distraite alors que le « casteur » regarde un assistant lui faire des signes derrière la porte tandis que face caméra elle passe d’une émotion à l’autre, et montre toute l’étendue de son talent, indéniable. Une des très belles scènes du film, d’ailleurs. Ryan Gosling réalise lui aussi une performance impressionnante ayant appris tous les morceaux de piano du film.

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    Damien Chazelle montre et transmet une nouvelle fois sa fascination pour le jazz, mais aussi pour les artistes qui endurent souffrances et humiliations pour tenter de réaliser leurs rêves.   « Whiplash », le film précédent de Damien Chazelle, notamment couronné au Festival du Cinéma Américain de Deauville, est ainsi exemplaire dans sa précision et l’exigence à l’image de la musique qu’il exalte et sublime. Comme son personnage,  Andrew Nieman (à une lettre près Niemand, personne en Allemand) qui semble avoir une seule obsession, devenir quelqu’un par la musique. Assouvir sa soif de réussite tout comme le personnage interprété par J.K Simmons souhaite assouvir sa soif d’autorité. Une confrontation explosive entre deux desseins, deux ambitions irrépressibles, deux folies.   La réalisation s’empare du rythme fougueux, fiévreux, animal de la musique, grisante et grisée par la folie du rythme et de l’ambition, dévastatrice, et joue judicieusement et avec manichéisme sur les couleurs sombres, jusque dans les vêtements: Fletcher habillé en noir comme s’il s’agissait d’un costume de scène à l’exception du moment où il donne l’impression de se mettre à nu et de baisser la garde, Andrew habillé de blanc quand il incarne encore l’innocence puis de noir à son tour et omniprésence du rouge (du sang, de la viande, du tshirt d’un des « adversaires » d’Andrew) et des gros plans lorsque l’étau se resserre, lorsque le duel devient un combat impitoyable, suffocant. Le face à face final est un véritable combat de boxe (et filmé comme tel) où l’immoralité sortira gagnante : la dictature et l’autorité permettent à l’homme de se surpasser… La scène n’en est pas moins magnifiquement filmée  transcendée par le jeu enfiévré et exalté des deux combattants.

    Etrange critique me direz-vous que la mienne qui consiste à parler d’autres films pour donner mon opinion sur celui-ci. Peut-être, justement, parce que de là provient ma déception, après l’électrique et captivant « Whiplash » qui déjà évoquait -magnifiquement- les ambitions artistiques de ses personnages, et malgré tous les chefs-d’œuvre auxquels il se réfère ce « La La Land » ne m’a pas projetée dans les étoiles malgré la caméra virevoltante qui, constamment, cherche à nous étourdir et à nous embarquer dans sa chorégraphie.  

    Les personnages secondaires, comme le scénario, manquent à mes yeux de consistance pour être totalement convaincants. Sans doute me rétorquera-t-on que Mia et Sebastian sont tout l’un pour l’autre, et que le reste du monde n’existe pas pour eux et n’existe donc pas pour le spectateur. Si j’ai cru à l’amour de l’art de ces deux-là, je n’ai pas réussi à croire en leur histoire d’amour. Certes la sympathique mélodie  composée par Justin Hurwitz nous trotte dans la tête longtemps après la projection. Certes le travail sur le son est intéressant et les transitions sont habiles (comme ce bruit de klaxon qui succède à celui du four qui siffle à nous percer les tympans). Certes certaines scènes sont particulièrement réussies (la scène d’ouverture, les castings de Mia, les plans de Sebastian jouant dans un halo de lumière, ou encore cet échange de regards chargés de regrets et, peut-être, de possibles).

    Le film devient d’ailleurs intéressant vers la fin quand il évoque cette dichotomie entre les rêves et la réalité,  les idéaux et les concessions à son idéalisme que nécessite souvent la concrétisation de ses rêves (dont on réalise alors qu’ils n’étaient qu’illusion d’un bonheur dont la réalisation des rêves en question a nécessité l’abandon comme le montre la séquence - déjà vue ailleurs mais efficace- de ce qu’aurait été la vie si…).

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    Sans doute la nostalgie d’une époque insouciante, l’utopie de revivre une période révolue où les spectateurs allaient au cinéma pour voir des "vedettes" glamours interprétant des personnages sans aspérités (dont les noms sur l’affiche suffisaient à inciter les spectateurs à découvrir le film en salles), évoluant dans un monde enchanté et enchanteur à la Demy (sans les nuances de ses personnages, plus complexes), sans doute le besoin de légèreté (dans les deux sens du terme), sans doute la rencontre entre une époque troublée, sombre, cynique, et un mélo coloré, léger, lumineux expliquent-ils le succès retentissant de ce film aussi bien en salles qu’aux Golden Globes et dans ses nominations aux Oscars. Comme un feu d'artifice qui nous éblouirait et, un temps, occulterait la réalité. Je n’ai pas succombé au charme, pourtant certain, de "La la land", peut-être  parce que, à la joie feinte et illusoire, je préfère la mélancolie (qui y  affleure un peu tard), mais ce n’est pas une raison suffisante pour vous dissuader d'aller le voir...

    CRITIQUE - ELLE S'EN VA d'Emmanuelle Bercot

     

    Un film avec Catherine Deneuve est en soi déjà toujours une belle promesse, une promesse d’autant plus alléchante quand le film est réalisé par Emmanuelle Bercot dont j’avais découvert le cinéma avec « Clément », présenté à Cannes en 2001, dans le cadre de la Section Un Certain Regard, alors récompensé du Prix de la jeunesse dont je faisais justement partie cette année-là, l’histoire poignante et  délicate (et délicatement traitée) de l’amour d’un adolescent pour une femme d’âge plus mûr (d’ailleurs interprétée avec beaucoup de justesse par Emmanuelle Bercot). Une histoire intense dont chaque plan témoignait, transpirait de la ferveur amoureuse qui unissait les deux protagonistes. Puis, il y a eu « Backstage », et l’excellent scénario de « Polisse » dont elle était coscénariste.

    L’idée du road movie avec Catherine Deneuve m’a tout d’abord fait penser au magistral « Je veux voir » de Joana Hadjithomas et Khalil Joreige dans lequel le dernier regard de Catherine Deneuve à la fois décontenancé et ébloui puis passionné, troublé, troublant est un des plus beaux plans qu’il me soit arrivé de voir au cinéma contenant une multitude de possibles et toute la richesse de jeu de l’actrice.  « Elle s’en va » est un road movie centré certes aussi sur Catherine Deneuve mais très différent et né du désir « viscéral » de la filmer (elle n’est sans doute pas la seule mais nous comprenons rapidement pourquoi l’actrice a accepté ici) comme l’a précisé la réalisatrice avant la projection.

    L’actrice incarne ici Bettie (et non Betty comme celle de Chabrol), restauratrice à Concarneau, veuve (je vous laisse découvrir comment…), vivant avec sa mère (Claude Gensac !) qui la traite encore comme une adolescente. L’amant de Bettie vient de  quitter sa femme… pour une autre qu’elle. Sa mère envahissante, son chagrin d’amour, son restaurant au bord de la faillite vont la faire quitter son restaurant, en plein service du midi, pour aller « faire un tour » en voiture, puis pour acheter des cigarettes. Le tour du pâté de maisons se transforme bientôt en échappée belle. Elle va alors partir sur les routes de France, et rencontrer toute une galerie de personnages dans une France qui pourrait être celle des « sous-préfectures » du « Journal de France » de Depardon. Et surtout, son voyage va la mener sur une voie inattendue…et nous aussi tant ce film est une surprise constante.

    Après un premier plan sur Catherine Deneuve, au bord de la mer, éblouissante dans la lumière du soleil, et dont on se demande si elle va se « jeter à l’eau » (oui, d’ailleurs, d’une certaine manière), se succèdent  des plans montrant des commerces fermées et des rues vides d’une ville de province, un chien à la fenêtre, une poésie décalée du quotidien aux accents de Depardon. Puis Bettie apparaît dans son restaurant. Elle s’affaire, tourbillonne, la caméra ne la lâche pas…comme sa mère, sans cesse après elle. Bettie va ensuite quitter le restaurant pour ne plus y revenir. Sa mère va la lâcher, la caméra aussi, de temps en temps : Emmanuelle Bercot la filme sous tous les angles et dans tous les sens ( sa nuque, sa chevelure lumineuse, même ses pieds, en plongée, en contre-plongée, de dos, de face, et même à l’envers) mais alterne aussi dans des plans plus larges qui la placent dans des situations inattendues dans de « drôle[s] d’endroit[s] pour une rencontre », y compris une aire d’autoroute comme dans le film éponyme.

    Si l’admiration de la réalisatrice pour l’actrice transpire dans chaque plan, en revanche « Elle s’en va » n’est pas un film nostalgique sur le « mythe » Deneuve mais au contraire ancré dans son âge, le présent, sa féminité, la réalité. Emmanuelle Bercot n’a pas signé un hommage empesé mais au contraire un hymne à l’actrice et à la vie. Avec son jogging rouge dans « Potiche », elle avait prouvé (à ceux qui en doutaient encore) qu’elle pouvait tout oser, et surtout jouer avec son image d’icône.  « Elle s’en va » comme aurait pu le faire craindre son titre (le titre anglais est « On my way ») ne signifie ainsi ni une révérence de l’actrice au cinéma (au contraire, ce film montre qu’elle a encore plein de choses à jouer et qu’elle peut encore nous surprendre) ni un film révérencieux, mais au contraire le film d’une femme libre sur une autre femme libre. Porter une perruque improbable, se montrer dure puis attendrissante et s’entendre dire qu’elle a dû être belle quand elle était jeune » (dans une scène qui aurait pu être glauque et triste mais que la subtilité de l’écriture et de l’interprétation rendent attendrissante )…mais plus tard qu’elle sera « toujours belle même dans la tombe. » : elle semble prendre un malin plaisir à jouer avec son image.

    Elle incarne ici un personnage qui est une fille avant d’être une mère et une grand-mère, et surtout une femme libre, une éternelle amoureuse.  Au cours de son périple, elle va notamment rencontrer un vieil agriculteur (scène absolument irrésistible tout comme sa rencontre d’une nuit, belle découverte que Paul Hamy qui incarne l’heureux élu). Sa confrontation avec cette galerie de personnages incarnés par des non professionnels pourrait à chaque fois donner lieu à un court-métrage tant ce sont de savoureux moments de cinéma, mais une histoire et un portrait se construisent bel et bien au fil de la route. Le film va ensuite prendre une autre tournure lorsque son petit-fils l’accompagnera dans son périple. En découvrant la vie des autres, et en croyant fuir la sienne, elle va au contraire lui trouver un nouveau chemin, un nouveau sens, être libérée  du poids du passé.

    Si le film est essentiellement interprété par des non professionnels (qui apportent là aussi un naturel et un décalage judicieux), nous croisons aussi Mylène Demongeot (trop rare), le peintre  Gérard Garouste et la chanteuse Camille (d’ailleurs l’interprète d’une chanson qui s’intitule « Elle s’en va » mais qui n’est pas présente dans le film) dans le rôle de la fille cyclothymique de Bettie  et enfin  Nemo Schiffman, irréprochable dans le rôle du petit-fils. Ajoutez à cela une remarquable BO et vous obtiendrez un des meilleurs films de l’année 2013.

    Présenté en compétition officielle de la Berlinale 2013 et en compétition du Champs-Elysées Film Festival 20013, « Elle s’en va » a permis à Catherine Deneuve de recevoir le prix coup de cœur du Festival de Cabourg 2013.

    « Elle s’en va » est d’abord un magnifique portrait de femme sublimant l’actrice qui l’incarne en la montrant paradoxalement plus naturelle que jamais, sans artifices, énergique et lumineuse, terriblement vivante surtout.  C’est aussi une bouffée d’air frais et d’optimisme qui montre que soixante ans ou plus peut être l’âge de tous les possibles, celui d’un nouveau départ. En plus d’être tendre (parfois caustique mais jamais cynique ou cruel grâce à la subtilité de l’écriture d’Emmanuelle Bercot et le jeu nuancé de Catherine Deneuve), drôle et émouvant, « Elle s’en va »  montre que , à tout âge, tout peut se (re)construire, y compris une famille et un nouvel amour.  « Elle s’en va » est de ces films dont vous ressortez émus et le sourire aux lèvres avec l’envie d’embrasser la vie . Un bonheur ! Et un bonheur rare.

    Critique - LA TÊTE HAUTE d'Emmanuelle Bercot

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    "La tête haute" était le film d'ouverture du 68ème Festival de Cannes. C'est la séance coup de cœur sur Canal plus ce mois-ci et ce fut aussi le mien l'an passé à Cannes. Le temps de débarrasser la scène du Grand Théâtre Lumière des apparats de l’ouverture de ce 68ème Festival de Cannes, et nous voilà plongés dans un tout autre univers : le bureau d’une juge pour enfants (Catherine Deneuve), à Dunkerque. La tension est palpable. Le ton monte. Les éclats de voix fusent. Une femme hurle et pleure. Nous ne voyons pas les visages. Seulement celui d’un enfant, Malony, perdu au milieu de ce vacarme qui assiste, silencieux, à cette scène terrible et déroutante dont la caméra frénétique accompagne l’urgence, la violence, les heurts. Un bébé crie dans les bras de sa mère qui finalement conclut à propos de Malony qu’il est « un boulet pour tout le monde ». Et elle s’en va, laissant là : un sac avec les affaires de l’enfant, et l’enfant, toujours silencieux sur la joue duquel coule une larme, suscitant les nôtres déjà, par la force de la mise en scène et l’énergie de cette première scène, implacable. Dix ans plus tard, nous retrouvons les mêmes protagonistes dans le même bureau …

    Ce film est réalisé par Emmanuelle Bercot dont j’avais découvert le cinéma et l’univers si fort et singulier avec « Clément », présenté à Cannes en 2001, dans le cadre de la Section Un Certain Regard, alors récompensé du Prix de la jeunesse dont je faisais justement partie cette année-là. Depuis, je suis ses films avec une grande attention jusqu’à « Elle s’en va », en 2013, un très grand film, un road movie centré sur Catherine Deneuve, « né du désir viscéral de la filmer ». Avant d’en revenir à « La tête haute », je ne peux pas ne pas vous parler à nouveau de ce magnifique portrait de femme sublimant l’actrice qui l’incarne en la montrant paradoxalement plus naturelle que jamais, sans artifices, énergique et lumineuse, terriblement vivante surtout. C’est aussi une bouffée d’air frais et d’optimisme qui montre que soixante ans ou plus peut être l’âge de tous les possibles, celui d’un nouveau départ. En plus d’être tendre (parfois caustique mais jamais cynique ou cruel grâce à la subtilité de l’écriture d’Emmanuelle Bercot et le jeu nuancé de Catherine Deneuve), drôle et émouvant, « Elle s’en va » montre que, à tout âge, tout peut se (re)construire, y compris une famille et un nouvel amour. « Elle s’en va » est de ces films dont vous ressortez émus et le sourire aux lèvres avec l’envie d’embrasser la vie. ( Retrouvez ma critique complète de ELLE S'EN VA en cliquant ici.)

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    Et contre toute attente, c’est aussi l’effet produit par « La tête haute » où il est aussi question de départ, de nouveau départ, de nouvelle chance. Avec beaucoup de subtilité, plutôt que d’imprégner visuellement le film de noirceur, Emmanuelle Bercot a choisi la luminosité, parfois le lyrisme même, apportant ainsi du romanesque à cette histoire par ailleurs particulièrement documentée, tout comme elle l’avait fait pour « Polisse » de Maïwenn dont elle avait coécrit le scénario. Le film est riche de ce travail en amont et d’une excellente idée, celle d' avoir toujours filmé les personnages dans un cadre judiciaire : le bureau de la juge, des centres divers… comme si toute leur vie était suspendue à ces instants.

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    Le grand atout du film : son énergie et celle de ses personnages attachants interprétés par des acteurs judicieusement choisis. Le jeune Rod Paradot d’abord, l’inconnu du casting qui ne le restera certainement pas longtemps et qui a charmé l’assistance lors de la conférence de presse cannoise du film, avec son sens indéniable de la répartie (« la tête haute mais la tête froide »…), tête baissée, recroquevillé, tout de colère rentrée parfois hurlée, dont la présence dévore littéralement l’écran et qui incarne avec une maturité étonnante cet adolescent insolent et bravache qui n’est au fond encore que l’enfant qui pleure des premières minutes du film. Catherine Deneuve, ensuite, une nouvelle fois parfaite dans ce rôle de juge qui marie et manie autorité et empathie. L’éducateur qui se reconnaît dans le parcours de ce jeune délinquant qui réveille ses propres failles incarné par Benoît Magimel d’une justesse sidérante. La mère (Sara Forestier) qui est finalement l’enfant irresponsable du film, d’ailleurs filmée comme telle, en position fœtale, dans une très belle scène où les rôles s’inversent. Dommage (et c’est mon seul bémol concernant le film) que Sara Forestier ait été affublé de fausses dents (était-ce nécessaire ?) et qu’elle surjoue là où les autres sont dans la nuance, a fortiori les comédiens non professionnels, excellents, dans les seconds rôles.

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    Ajoutez à cela des idées brillantes et des moments qui vous cueillent quand vous vous y attendez le moins : une main tendue, un « je t’aime »furtif et poignant, une fenêtre qui soudain s’est ouverte sur « Le Monde » (littéralement, si vous regardez bien…) comme ce film s’ouvre sur un espoir.

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    Après « Clément », « Backstage », «  Elle s’en va », Emmanuelle Bercot confirme qu’elle est une grande scénariste et réalisatrice (et actrice comme l'a prouvé son prix d'interprétation cannois) avec qui le cinéma va devoir compter, avec ce film énergique et poignant, bouillonnant de vie, qui nous laisse avec un salutaire espoir, celui que chacun peut empoigner son destin quand une main se tend et qui rend un bel hommage à ceux qui se dévouent pour que les enfants blessés et défavorisés par la vie puissent grandir la tête haute. Un film qui « ouvre » sur un nouveau monde, un nouveau départ et une bouffée d’optimisme. Et ça fait du bien. Une très belle idée que d’avoir placé ce film à cette place de choix d'ouverture du 68ème Festival de Cannes et de lui donner cette visibilité.

    Critique de "The Artist" de Michel Hazanavicius (film de clôture du 37ème Festival du Cinéma Américain de Deauville)

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    Photo ci-dessus : crédits inthemoodforcinema.com . Conférence de presse des lauréats du Festival de Cannes 2011.

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    Photo ci-dessus : crédits inthemoodforcinema.com . Conférence de presse des lauréats du Festival de Cannes 2011.

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    Photo ci-dessus : crédits inthemoodforcinema.com . Conférence de presse du Festival de Cannes 2011 du film "The Artist".

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    Photo ci-dessus : crédits inthemoodforcinema.com . Conférence de presse du Festival de Cannes 2011 du film "The Artist".

    C’était un dimanche matin de mai 2011, le début du Festival de Cannes encore, en projection presse. Pas encore vraiment l’effervescence pour le film qui obtint la palme d’or mais un joli bruissement d’impatience parmi les regards déjà las, ou obstinément sceptiques. 1H40 plus tard, la salle résonnait d’applaudissements, pendant dix minutes, fait rare en projection presse. Le soir même, je suis retournée le voir en projection officielle. L’émotion fut la même, redoublée par la présence de l’équipe du film, terriblement émue elle aussi par les réactions enthousiastes du public, par les rires tendres, par cette cavalcade d’applaudissements qui a commencé lors de la dernière scène et ne s’est plus arrêtée pour continuer pendant un temps qui m’a paru délicieusement long. Un beau, rare et grand moment du Festival de Cannes.

    Le pari était pourtant loin d’être gagné d’avance. Un film muet (ou quasiment puisqu’il y a quelques bruitages). En noir et blanc. Tourné à Hollywood. En 35 jours. Par un réalisateur qui jusque là avait excellé dans son genre, celui de la brillante reconstitution parodique, mais très éloigné de l’univers dans lequel ce film nous plonge. Il fallait beaucoup d’audace, de détermination, de patience, de passion, de confiance, et un peu de chance sans doute aussi, sans oublier le courage -et l’intuition- d’un producteur (Thomas Langmann) pour arriver à bout d’un tel projet. Le pari était déjà gagné quand le Festival de Cannes l’a sélectionné d’abord hors compétition pour le faire passer ensuite en compétition, là encore fait exceptionnel.

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    Le film débute à Hollywood, en 1927, date fatidique pour le cinéma puisque c’est celle de l’arrivée du parlant. George Valentin (Jean Dujardin) est une vedette du cinéma muet qui connait un succès retentissant…mais l’arrivée des films parlants va le faire passer de la lumière à l’ombre et le plonger dans l’oubli. Pendant ce temps, une jeune figurante, Peppy Miller (Bérénice Béjo) qu’il aura au départ involontairement  placée dans la lumière, va voir sa carrière débuter de manière éblouissante. Le film raconte l’histoire de leurs destins croisés.

    Qui aime sincèrement le cinéma ne peut pas ne pas aimer ce film qui y est un hommage permanent et éclatant. Hommage à ceux qui ont jalonné et construit son histoire, d’abord, évidemment. De Murnau à Welles, en passant par Borzage, Hazanavicius cite brillamment ceux qui l’ont ostensiblement inspiré. Hommage au burlesque aussi, avec son mélange de tendresse et de gravité, et évidemment, même s’il s’en défend, à Chaplin qui, lui aussi,  lui surtout, dans « Les feux de la rampe », avait réalisé un hymne à l'art qui porte ou détruit, élève ou ravage, lorsque le public, si versatile, devient amnésique, lorsque le talent se tarit, lorsqu’il faut passer de la lumière éblouissante à l’ombre dévastatrice. Le personnage de Jean Dujardin est aussi un hommage au cinéma d’hier : un mélange de Douglas Fairbanks, Clark Gable, Rudolph Valentino, et du personnage de Charles Foster Kane (magnifiques citations de « Citizen Kane ») et Bérénice Béjo, avec le personnage de Peppy Miller est, quant à elle, un mélange de Louise Brooks, Marlène Dietrich, Joan Crawford…et nombreuses autres inoubliables stars du muet.

    Le cinéma a souvent parlé de lui-même… ce qui a d’ailleurs souvent produit des chefs d’œuvre. Il y a évidemment « La comtesse aux pieds nus » de Mankiewicz, « La Nuit américaine de Truffaut », « Sunset Boulevard » de Billy Wilder, enfin « Une étoile est née » de George Cukor et encore « Chantons sous la pluie » de Stanley Donen et Gene Kelly auxquels « The Artist », de par son sujet, fait évidemment penser. Désormais, parmi ces classiques, il faudra citer « The Artist » de Michel Hazanavicius. Ses précèdents films étaient d'ailleurs déjà des hommages au cinéma. On se souvient ainsi des références à "Sueurs froides" ou "La Mort aux trousses" d'Hitchcock dans "OSS 117 : Rio ne répond plus".

    Hazanavicius joue ainsi constamment et doublement la mise en abyme : un film muet en noir et blanc qui nous parle du cinéma muet en noir et blanc mais aussi qui est un écho à une autre révolution que connaît actuellement le cinéma, celle du Numérique.

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    Le mot jubilatoire semble avoir été inventé pour ce film, constamment réjouissant, vous faisant passer du rire aux larmes, ou parfois vous faisant rire et pleurer en même temps. Le scénario et la réalisation y sont pour beaucoup mais aussi la photographie (formidable travail du chef opérateur Guillaume Schiffman qui, par des nuances de gris, traduit les états d’âme de Georges Valentin), la musique envoûtante (signée Ludovic Bource, qui porte l’émotion à son paroxysme, avec quelques emprunts assumés là aussi, notamment à Bernard Herrmann) et évidemment les acteurs au premier rang desquels Jean Dujardin qui méritait amplement son prix d’interprétation (même si Sean Penn l’aurait également mérité pour « This must be the place »).

    Flamboyant puis sombre et poignant, parfois les trois en même temps, il fait passer dans son regard (et par conséquent dans celui du spectateur), une foule d’émotions, de la fierté aux regrets,  de l’orgueil à la tendresse, de la gaieté à la cruelle amertume de la déchéance.  Il faut sans doute beaucoup de sensibilité, de recul, de lucidité et évidemment de travail et de talent pour parvenir à autant de nuances dans un même personnage (sans compter qu’il incarne aussi George Valentin à l’écran, un George Valentin volubile, excessif, démontrant le pathétique et non moins émouvant enthousiasme d’un monde qui se meurt). Il avait déjà prouvé dans « Un balcon sur la mer » de Nicole Garcia qu’il pouvait nous faire pleurer.  Il confirme ici l’impressionnant éclectisme de sa palette de jeu et d'expressions de son visage.

     Une des plus belles et significatives scènes est sans doute celle où il croise Peppy Miller dans un escalier, le jour  du Krach de 1929. Elle monte, lui descend. A l’image de leurs carrières. Lui masque son désarroi. Elle, sa conscience de celui-ci, sans pour autant dissimuler son enthousiasme lié à sa propre réussite. Dujardin y est d’une fierté, d’une mélancolie, et d’une gaieté feinte bouleversantes, comme à bien d’autres moments du film. Et je ne prends guère de risques en lui prédisant un Oscar pour son interprétation, ou en tout cas un Oscar du meilleur film étranger pour Hazanavicius.  Bérénice Béjo ne démérite pas non plus dans ce nouveau rôle de « meilleur espoir féminin » à la personnalité étincelante et généreuse, malgré un bref sursaut de vanité de son personnage. Il ne faudrait pas non plus oublier les comédiens anglo-saxons : John Goodman, Malcolm McDowell et John Cromwell (formidablement touchant dans le rôle du fidèle Clifton).

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    Il y aura bien quelques cyniques pour dire que ce mélodrame  est plein de bons sentiments, mais Hazanicius assume justement ce mélodrame. « The Artist » est en effet aussi une très belle histoire d’amour simple et émouvante, entre Peppy et Georges mais aussi entre Georges et son cabot-in Uggy : leur duo donne lieu à des scènes tantôt drôles, tantôt poétiques, tantôt touchantes, et là encore parfois au trois en même temps. Hommage aussi à ce pouvoir magique du cinéma que de susciter des émotions si diverses et parfois contradictoires.

    Michel Hazanavicius  évite tous les écueils et signe là un hommage au cinéma, à sa magie étincelante, à son histoire, mais aussi et avant tout aux artistes, à leur orgueil doublé de solitude, parfois destructrice. Des artistes qu’il sublime, mais dont il montre aussi les troublantes fêlures et la noble fragilité.

    Ce film m’a éblouie, amusée, émue. Parce qu’il convoque de nombreux souvenirs de cinéma. Parce qu’il est une déclaration d’amour follement belle au cinéma. Parce qu’il ressemble à tant de films du passé et à aucun autre film contemporain. Parce qu’il m’a fait ressentir cette même émotion que ces films des années 20 et 30 auxquels il rend un vibrant hommage. Parce que la réalisation est étonnamment inspirée (dans les deux sens du terme d’ailleurs puisque, en conférence de presse, Michel Hazanavicius a revendiqué son inspiration et même avoir « volé » certains cinéastes). Parce qu’il est burlesque, inventif, malin, poétique, et touchant.  Parce qu’il montre les artistes dans leurs belles et poignantes contradictions et fêlures.

    Il ne se rapproche d’aucun autre film primé jusqu’à présent à Cannes…et en sélectionnant cet hymne au cinéma en compétition puis en le  primant,  le Festival de  Cannes a prouvé qu’il était avant tout le festival qui aime le cinéma, tous les cinémas, loin de la caricature d’une compétition de films d’auteurs représentant toujours le même petit cercle d’habitués dans laquelle on tend parfois à l’enfermer.

     « The Artist » fait partie de ces films qui ont fait de cette édition cannoise 2011 une des meilleures de celles auxquelles j’ai assisté, pour ne pas dire la meilleure…avec des films  aussi différents et marquants que  « This must be the place » de Paolo Sorrentino, « Melancholia » de Lars von Trier, « La piel que habito » de Pedro Almodovar.

     Un film à ne manquer sous aucun prétexte si, comme moi, vous aimez passionnément et même à la folie, le cinéma. Rarement un film aura aussi bien su en concentrer la beauté simple et magique, poignante et foudroyante. Oui, foudroyante comme la découverte  de ce plaisir immense et intense que connaissent les amoureux du cinéma lorsqu’ils voient un film pour la première fois, et découvrent son pouvoir d’une magie ineffable, omniprésente ici.

     

     

  • Les hommages du 43ème Festival du Cinéma Américain de Deauville à Laura Dern, Michelle Rodriguez et Jeff Goldblum

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    Nous savions déjà que le 43ème Festival du Cinéma Américain de Deauville aurait lieu du 1er au 10 septembre, que ses jurys seraient présidés par Michel Hazanavicius et Emmanuelle Bercot.  Viennent d'être annoncés trois hommages qui illumineront la programmation du festival et notamment un hommage à une actrice que le festival avait révélé en 2000 et aujourd'hui mondialement connue, nous rappelant que si le festival de Deauville sait mettre à l'honneur les acteurs d'hier, il sait aussi révéler de nouveaux talents par le truchement de sa compétition depuis 1995. J'en profite également pour vous rappeler que je vous fais actuellement gagner vos pass pour le festival, ici, et prochainement des invitations pour la clôture.

    Le festival rendra hommage à LAURA DERN en sa présence.

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     Voici le communiqué de presse du festival :"Muse lynchéenne par excellence, Laura Dern éclaire par son charisme empreint de mystère les œuvres du cinéaste : Blue Velvet en 1986, Sailor et Lula – Palme d'or au Festival de Cannes en 1990, Inland Empire en 2006, et très récemment la série Twin Peaks.

    Avec plus de soixante films à son actif, Laura Dern a illuminé les œuvres de réalisateurs tels qu'Arthur Hiller, Steven Spielberg, Peter Bogdanovich ou Robert Altman. Sublime dans Un monde parfait de Clint Eastwood, elle a récemment joué dans The Master de Paul Thomas Anderson, ou encore dans la série Big Little Lies. Elle sera prochainement à l'affiche de Star Wars, épisode VIII : Les Derniers Jedi. "

    Le festival rendra hommage à Jeff Goldblum en sa présence.

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    Voici le communiqué de presse du festival à ce sujet : "Figure iconique des succès planétaires que furent La Mouche de David Cronenberg, Jurassic Park de Steven Spielberg, Independance Day de Roland Emmerich, ou Annie Hall de Woody Allen, Jeff Goldblum démarre sa carrière sous l'égide de réalisateurs tels que Robert Altman, Philip Kaufman, John Landis, ou encore Lawrence Kasdan, avec qui il fera deux de ses plus beaux films. Son élégance et sa photogénie accrochent le regard des metteurs en scène, qui ont su capter l'émotion de ses performances.

    Prochainement, il retrouvera le cinéaste Wes Anderson, en prêtant sa voix au film d'animation Isle of Dogs, et sera à l'affiche du nouveau volet de la saga Jurassic World.  "

    Le Festival rendra hommage à Michelle Rodriguez en sa  présence.

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    Voici le communiqué de presse du festival : "Révélée par le Festival de Deauville en 2000, Michelle Rodriguez crève l'écran dans son rôle de boxeuse dans Girlfight de Karyn Kusama. Sa performance, et la sincérité de son interprétation, contribuent grandement à l'attribution du Grand Prix, décerné cette année-là au film de Karyn Kusama.  Le film et son actrice incarnent toute une génération en quête d'émancipation, et en deviennent le symbole. Michelle Rodriguez n'aura de cesse de se tourner vers des rôles de femmes indépendantes et fortes, véritables héroïnes de cinéma : dans Fast and Furious de Rob Cohen, S.W.A.T de Clark Johnson, Resident Evil de Paul W.S. Anderson et Avatar de James Cameron.

    Prochainement, elle sera à l'affiche de Widows, le nouveau film du réalisateur oscarisé Steve McQueen. "

  • La somptueuse affiche du Festival du Cinéma Américain de Deauville 2017

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    Voici l'affiche du Festival du Cinéma Américain de Deauville​ 2017, somptueuse, hommage à "La La Land" (dont vous pouvez au passage retrouver ma critique ci-dessous). Comme chaque année, vous pourrez me retrouver en direct du festival, cette année du 1er au 10 septembre 2017qui aura lieu comme toujours au C.I.D de Deauville​.

    Critique de LA LA LAND de Damien Chazelle

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    Le synopsis d’abord. «La La Land » nous emmène au cœur de Los Angeles, et suit deux personnages : une actrice en devenir prénommée Mia (Emma Stone) qui, entre deux  castings, sert des boissons à des actrices dans la cafétéria où elle travaille, située dans les célèbres studios de la vil et Sebastian (Ryan Gosling), passionné de jazz et talentueux musicien, qui est contraint de jouer la musique d’ascenseur qu’il déteste pour assurer sa subsistance. Elle rêve de rôles sur grand écran. Lui de posséder son propre club de jazz. Elle aime le cinéma d’hier, lui le jazz qui, par certains, est considérée comme une musique surannée.  Ces deux rêveurs mènent pourtant une existence bien loin de la vie d’artistes à laquelle ils aspirent… Le hasard les fait se rencontrer sans cesse, dans un embouteillage d’abord, dans un bar, et enfin dans une fête. Ces deux idéalistes tombent amoureux…

    Le film débute par un plan séquence virevoltant, jubilatoire, visuellement éblouissant. Sur une bretelle d’autoroute de Los Angeles, dans un embouteillage qui paralyse la circulation, une musique jazzy s’échappe des véhicules. Des automobilistes en route vers Hollywood sortent alors de leurs voitures, soudain éperdument joyeux, débordants d’espoir et d’enthousiasme, dansant et chantant leurs rêves de gloire.  La vue sur Los Angeles est à couper le souffle, la chorégraphie millimétrée est impressionnante et d’emblée nous avons envie de nous joindre à eux, de tourbillonner, et de plonger dans ce film qui débute par ces réjouissantes promesses. A ma grande déception, rien n’égalera ensuite cette scène époustouflante.

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    Après ses 7 récompenses aux Golden Globes,   « La La Land » totalise 14 nominations aux Oscars : meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur acteur, meilleure actrice, meilleure chanson... Deux films seulement avaient auparavant atteint un tel nombre de nominations, « Titanic » de James Cameron en 1997 et « Eve » de Joseph L. Mankiewicz  en 1951, un chef-d’œuvre passionnant,  tableau  cruel et lucide de la vie d’actrice. Décidément, les Oscars affectionnent les films sur le cinéma.

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    Le cinéma affectionne la mise en abyme, ce qui a d’ailleurs souvent produit des chefs d’œuvre. Il y a évidemment « La comtesse aux pieds nus » de Mankiewicz, « Etreintes brisées » de Pedro Almodovar « La Nuit américaine de Truffaut », « Sunset Boulevard » de Billy Wilder, « Une étoile est née » de George Cukor et encore « Chantons sous la pluie » de Stanley Donen et Gene Kelly, deux films auxquels « The Artist » de Michel Hazanivicius se référait également. Le film de Stanley Donen et Gene Kelly (comme beaucoup d’autres et comme le cinéma de Demy) est aussi largement cité dans « La la land » (comme dans la photo ci-dessous). Les points communs sont également nombreux entre La la land et « The Artist ».

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    « The Artist » raconte ainsi l’histoire de George Valentin (Jean Dujardin), une vedette du cinéma muet qui connait un succès retentissant…mais l’arrivée des films parlants va le faire passer de la lumière à l’ombre et le plonger dans l’oubli. Pendant ce temps, une jeune figurante, Peppy Miller (Bérénice Béjo) qu’il aura au départ involontairement  placée dans la lumière, va voir sa carrière débuter de manière éblouissante. Le film raconte l’histoire de leurs destins croisés.  Comme « La la land », « The Artist » est un hommage permanent et éclatant au cinéma. Hommage à ceux qui ont jalonné et construit son histoire, d’abord, évidemment. De Murnau à Welles, en passant par Borzage, Hazanavicius cite brillamment ceux qui l’ont ostensiblement inspiré. Hommage au burlesque aussi, avec son mélange de tendresse et de gravité, et évidemment, même s’il s’en défend, à Chaplin qui, lui aussi,  lui surtout, dans « Les feux de la rampe », avait réalisé un hymne à l'art qui porte ou détruit, élève ou ravage, lorsque le public, si versatile, devient amnésique, lorsque le talent se tarit, lorsqu’il faut passer de la lumière éblouissante à l’ombre dévastatrice. Le personnage de Jean Dujardin est aussi un hommage au cinéma d’hier : un mélange de Douglas Fairbanks, Clark Gable, Rudolph Valentino, et du personnage de Charles Foster Kane (magnifiques citations de « Citizen Kane ») et Bérénice Béjo, avec le personnage de Peppy Miller est, quant à elle, un mélange de Louise Brooks, Marlène Dietrich, Joan Crawford…et nombreuses autres inoubliables stars du muet. Michel Hazanavicius  signe là un hommage au cinéma, à sa magie étincelante, à son histoire, mais aussi et avant tout aux artistes, à leur orgueil doublé de solitude, parfois destructrice. Des artistes qu’il sublime, mais dont il montre aussi les troublantes fêlures et la noble fragilité. Parce qu’il est burlesque, inventif, malin, poétique, et touchant.  Parce qu’il montre les artistes dans leurs belles et poignantes contradictions et fêlures. Rarement un film aura aussi bien su en concentrer la beauté simple et magique, poignante et foudroyante. Foudroyante comme la découverte  de ce plaisir immense et intense que connaissent les amoureux du cinéma lorsqu’ils voient un film pour la première fois, et découvrent son pouvoir d’une magie ineffable, omniprésente ici.

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    Malheureusement je n’ai pas été foudroyée par « La La Land ». Bien sûr, les hommages à l’âge d’or de la comédie musicale se multiplient. Sebastian tournoie admirablement autour d’un lampadaire, référence revendiquée à « Singing in the rain ». Et les deux amoureux s’envolent dans les airs comme dans « Moulin rouge ». Deux exemples parmi tant d’autres. Chazelle, au-delà de la comédie musicale, rend aussi hommage  à l’âge d’or hollywoodien tout entier notamment avec la scène de l’Observatoire Griffith, clin d’œil au chef-d’œuvre de Nicholas Ray, « La Fureur de vivre ». Et Mia cite « L’impossible Monsieur bébé », « Les Enchaînés », « Casablanca » sans parler de la réalisation qui rend elle aussi hommage au cinéma d’hier, fermeture à l’iris y comprise.

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    Si j’ai fait cette parenthèse, c’est en raison des nombreux points communs entre les deux films, deux films qui ont eu les honneurs des Oscars, et si le film de Michel Hazanavicius m’a transportée, emportée, enthousiasmée, même après de nombreux visionnages, celui de Damien Chazelle m’a souvent laissée au bord de l’autoroute…au point même (ce qui ne m’arrive quasiment jamais au cinéma) de parfois m’ennuyer. Paradoxalement, le film en noir et blanc de Michel Hazanavicius m’aura semblé plus étincelant que le film si coloré de Damien Chazelle. J’avais pourtant sacrément envie de les aimer ces deux rêveurs idéalistes, guidés par un amour et des aspirations intemporels.

    C'est la troisième fois que Ryan Gosling et Emma Stone sont partenaires de jeu au cinéma après « Crazy, Stupid, Love » et « Gangster Squad ». Ici, c’est Emma Stone qui crève littéralement l’écran comme c’était d’ailleurs déjà le cas dans les films de Woody Allen « Magic in the moonlight » et « L’homme irrationnel ». Ici, elle est remarquable, notamment dans les scènes de casting, lorsqu’elle est écoutée d’une oreille distraite alors que le « casteur » regarde un assistant lui faire des signes derrière la porte tandis que face caméra elle passe d’une émotion à l’autre, et montre toute l’étendue de son talent, indéniable. Une des très belles scènes du film, d’ailleurs. Ryan Gosling réalise lui aussi une performance impressionnante ayant appris tous les morceaux de piano du film.

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    Damien Chazelle montre et transmet une nouvelle fois sa fascination pour le jazz, mais aussi pour les artistes qui endurent souffrances et humiliations pour tenter de réaliser leurs rêves.   « Whiplash », le film précédent de Damien Chazelle, notamment couronné au Festival du Cinéma Américain de Deauville, est ainsi exemplaire dans sa précision et l’exigence à l’image de la musique qu’il exalte et sublime. Comme son personnage,  Andrew Nieman (à une lettre près Niemand, personne en Allemand) qui semble avoir une seule obsession, devenir quelqu’un par la musique. Assouvir sa soif de réussite tout comme le personnage interprété par J.K Simmons souhaite assouvir sa soif d’autorité. Une confrontation explosive entre deux desseins, deux ambitions irrépressibles, deux folies.   La réalisation s’empare du rythme fougueux, fiévreux, animal de la musique, grisante et grisée par la folie du rythme et de l’ambition, dévastatrice, et joue judicieusement et avec manichéisme sur les couleurs sombres, jusque dans les vêtements: Fletcher habillé en noir comme s’il s’agissait d’un costume de scène à l’exception du moment où il donne l’impression de se mettre à nu et de baisser la garde, Andrew habillé de blanc quand il incarne encore l’innocence puis de noir à son tour et omniprésence du rouge (du sang, de la viande, du tshirt d’un des « adversaires » d’Andrew) et des gros plans lorsque l’étau se resserre, lorsque le duel devient un combat impitoyable, suffocant. Le face à face final est un véritable combat de boxe (et filmé comme tel) où l’immoralité sortira gagnante : la dictature et l’autorité permettent à l’homme de se surpasser… La scène n’en est pas moins magnifiquement filmée  transcendée par le jeu enfiévré et exalté des deux combattants.

    Etrange critique me direz-vous que la mienne qui consiste à parler d’autres films pour donner mon opinion sur celui-ci. Peut-être, justement, parce que de là provient ma déception, après l’électrique et captivant « Whiplash » qui déjà évoquait -magnifiquement- les ambitions artistiques de ses personnages, et malgré tous les chefs-d’œuvre auxquels il se réfère ce « La La Land » ne m’a pas projetée dans les étoiles malgré la caméra virevoltante qui, constamment, cherche à nous étourdir et à nous embarquer dans sa chorégraphie.  

    Les personnages secondaires, comme le scénario, manquent à mes yeux de consistance pour être totalement convaincants. Sans doute me rétorquera-t-on que Mia et Sebastian sont tout l’un pour l’autre, et que le reste du monde n’existe pas pour eux et n’existe donc pas pour le spectateur. Si j’ai cru à l’amour de l’art de ces deux-là, je n’ai pas réussi à croire en leur histoire d’amour. Certes la sympathique mélodie  composée par Justin Hurwitz nous trotte dans la tête longtemps après la projection. Certes le travail sur le son est intéressant et les transitions sont habiles (comme ce bruit de klaxon qui succède à celui du four qui siffle à nous percer les tympans). Certes certaines scènes sont particulièrement réussies (la scène d’ouverture, les castings de Mia, les plans de Sebastian jouant dans un halo de lumière, ou encore cet échange de regards chargés de regrets et, peut-être, de possibles).

    Le film devient d’ailleurs intéressant vers la fin quand il évoque cette dichotomie entre les rêves et la réalité,  les idéaux et les concessions à son idéalisme que nécessite souvent la concrétisation de ses rêves (dont on réalise alors qu’ils n’étaient qu’illusion d’un bonheur dont la réalisation des rêves en question a nécessité l’abandon comme le montre la séquence - déjà vue ailleurs mais efficace- de ce qu’aurait été la vie si…).

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    Sans doute la nostalgie d’une époque insouciante, l’utopie de revivre une période révolue où les spectateurs allaient au cinéma pour voir des "vedettes" glamours interprétant des personnages sans aspérités (dont les noms sur l’affiche suffisaient à inciter les spectateurs à découvrir le film en salles), évoluant dans un monde enchanté et enchanteur à la Demy (sans les nuances de ses personnages, plus complexes), sans doute le besoin de légèreté (dans les deux sens du terme), sans doute la rencontre entre une époque troublée, sombre, cynique, et un mélo coloré, léger, lumineux expliquent-ils le succès retentissant de ce film aussi bien en salles qu’aux Golden Globes et dans ses nominations aux Oscars. Comme un feu d'artifice qui nous éblouirait et, un temps, occulterait la réalité. Je n’ai pas succombé au charme, pourtant certain, de "La la land", peut-être  parce que, à la joie feinte et illusoire, je préfère la mélancolie (qui y  affleure un peu tard), mais ce n’est pas une raison suffisante pour vous dissuader d'aller le voir...

     

     

  • La conférence de presse du 35ème Festival du Cinéma Américain de Deauville: le 21 juillet, à 11H

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    Photo du 30ème Festival du Cinéma Américain de Deauville par Inthemoodforcinema.com

    Pour l'instant, concernant ce 35ème Festival du Cinéma Américain de Deauville, nous savons toujours seulement qu'il aura lieu du 4 au 13 septembre 2009 et que son jury sera présidé par Jean-Pierre Jeunet.

    Je vous rappelle que, comme chaque année, vous pourrez suivre ce festival sur mon blog entièrement consacré aux Festivals du Cinéma Américain et du Cinéma Asiatique de Deauville, In the mood for Deauville  (prochainement "rénové" pour ce 35ème festival qui sera aussi mon 16ème!) mais aussi sur   In the mood for cinema.

    Vous y trouverez comme d'habitude les critiques des avant-premières et des films en compétition, des récits des soirées du festival, des vidéos et comptes rendus des conférences de presse et des hommages, des photos inédites et tous les évènements de ce 35ème anniversaire.

    Après avoir fait venir 25 stars américaines pour les 25 ans du Festival et un plateau d'un prestige inégalé (Kirk Douglas, Lauren Bacall, Jean Reno, Gena Rowlands, Cyd Charisse...), après un trio impressionnant pour les 30 ans (voir photo ci-dessus), quelles surprises nous attendent pour cette 35ème édition? A suivre sur inthemoodforcinema.com et sur inthemoodfordeauville.com ...

     La plupart des informations nous seront communiquées le 21 juillet, à 11H, lors de la conférence de presse du Festival qui se tiendra à Deauville.

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  • Compte-rendu du 32ème Festival du Cinéma Américain de Deauville: le festival des "vérités qui dérangent"

    Des illusions sur un air de jazz

    Des illusions et un air de jazz. Le festival de Deauville 2006 a débuté par des illusions sur un air de jazz. Un festival medium_ad18bis.2.jpgcommence toujours par des illusions, souvent sur un air de jazz aussi. L’air de jazz qui précède les projections du Grand Théâtre Lumière, à Cannes. L’air de jazz qui envoûte les salons du Normandy d’une intemporelle et mélodieuse complainte. L’air de jazz de l’orchestre qui, cette année, a rythmé les pas des festivaliers le premier jour au village du festival. L’illusion de découvrir un film sublime, déroutant, magique, marquant en tout cas, voire inoubliable. L’illusion de vivre des instants insensés comme ce festival m’en a tant procurés. L’illusion que ce sera mieux encore que l’année précédente. L’illusion que le festival retrouvera son insoutenable et délicieuse légèreté, celle de ses 25 ans, celle de Cyd Charisse esquissant quelques pas de danse ou de Joel Grey chantant sur la scène du CID, celle de mes premiers pas sur les Planches, de mon regard fasciné par cette atmosphère ensorcelante de dangereuse et délicieuse confusion entre le cinéma et la medium_illusion_1_bis2.3.jpgréalité, il y a 14 ans déjà. L’illusion de jolies réminiscences. L’illusion que ce festival a duré une medium_norto1bis.2.jpgéternité. Ou un jour peut-être. Une éternité et un jour. Je ne sais plus. Après dix jours de salles obscures et de soleil de plomb, dix jours de paradoxes insolites,  après 23 films vus, on ne peut plus savoir, distinguer le jour et la nuit, les 24 images par secondes des 60 secondes par minute, l’éternité et un jour donc. Les journées s’écoulent à un rythme cinématographique. Les illusions n’étaient  pas seulement les miennes pourtant mais celles d’Edward Norton dans le film d’ouverture, le sombre et romanesque Illusionist de Neil Burger,  (Pour voir ma critique du film, cliquez ici. Sortie du film en France : fin 2006/Début 2007) mais un tour de magie ne peut pas effacer la réalité, tout juste la faire oublier quelques instants. Alors, si dehors il faisait un soleil singulièrement et imperturbablement radieux, à l’intérieur des salles obscures deauvillaises régnait un froid glacial, oui, un froid à vous glacer le sang. On aime pourtant aussi que le cinéma nous emmène dans un ailleurs rêvé, nous transporte, et s’égarer avec lui dans des méandres imaginaires. Cette année le cinéma était dramatiquement là, dans un présent désespéré et sans espoir, passé de l’adolescence tourmentée les autres années à une enfance chaotique, comme si medium_ad5bis.jpgmême le temps de l’innocence devait disparaître à peine éclos. Cinq ans, cinq ans déjà et l’empreinte du 11 septembre est plus prégnante que jamais dans la cinématographie medium_ad6bis.jpgaméricaine.  Comme un symbole, une des premières projections et émotions de cette 32ème édition fut d’ailleurs celle du World Trade Center d’Oliver Stone (Pour voir mon article sur le film et sa conférence de presse, cliquez ici. Sortie le 20 septembre). La clef est là peut-être. Les illusions ne peuvent durer plus d’une journée. Il faut revenir à la réalité. Le monde a basculé, le cinéma avec lui. La légèreté n’est plus de mise. En 14 ans, jamais la sélection n’avait été aussi sombre.

    Les films en compétition : la radiographie d’une Amérique désorientée

    Comme chaque année, depuis 1995, Deauville ce sont effet désormais et surtout ses films en compétition, véritable medium_ad21bis.jpgradiographie de l’Amérique contemporaine, une Amérique désorientée, désespérée, sans illusions, elle. C’est probablement la première caractéristique commune de ces films, leurs personnages principaux n’ont pas d’illusions ou de rêves, ils se contentent de vivre, de survivre plutôt, englués dans leur triste présent. L’avenir n’existe plus. La photographie est en général volontairement terne. La beauté, même juste formelle, n’a plus sa place dans ce monde dépeint comme apocalyptique.  Les antihéros vivent en général dans des quartiers difficiles où ils promènent leur incurable mal de vivre. Les thématiques sont en effet récurrentes d’un film à l’autre : drogue, prison, pédophilie, deuil. Ils sont filmés caméra à l’épaule : la caméra doit vaciller, hésiter, métaphore chaotique de leurs vies bouleversées et sans issue, Amos Kollek a fait des émules. Le dénouement est presque toujours elliptique et souvent sans espoir. Faut-il pour éclairer le présent et la réalité forcément nous y plonger avec une précision quasi documentaire ? Je n’en suis pas convaincue.  Le cinéma comme disait Orson Welles est  un ruban de rêve. Aussi.

    Parmi les onze films en compétition, huit étaient des premiers films et huit de ces films nous plongeaient d’emblée dans une âpre réalité.

     Ce fut ainsi le cas de Half Nelson, premier long métrage de Ryan Fleck. Brillant professeur dans un lycée de Brooklyn, medium_av1bisz.2.jpgDan enseigne avec passion à des adolescents en difficulté. Un jour, Drew, une jeune élève le découvre « défoncé » dans les toilettes de l’école. Le frère de Drew est en prison, pour trafic de drogue justement et elle-même est sollicitée pour le remplacer. En dépit de leur différence d’âge et de situation, les destins de Drew et Dan se rejoignent au moment crucial où leurs existences peuvent basculer d’un côté ou de l’autre. Leur solitude et leur égarement sont constamment mis en parallèle. L’une est déjà plongée dans les tourments de l’âge adulte, l’autre se comporte encore comme un adolescent perdu, rongé par le mal être. Le principal intérêt réside dans la personnalité de Dan, professeur passionné et atypique, qui parle de dialectique à ses élèves alors que lui-même se trouve pris entre deux forces contraires, entre ses errements, sa solitude, sa désespérance, l’échec de sa vie personnelle même et sa vie sociale apparemment réussie et comblée. Le titre Half nelson se réfère ainsi à une prise de lutte où le combattant bloque le premier bras de son adversaire tout en bloquant le second au niveau du poignet, l’immobilisant ainsi complètement. Dan est prisonnier de ses démons et nous avec lui, la caméra de Ryan Fleck nous le faisant suivre dans ses dérives et sa descente aux enfers, ne nous et ne lui laissant guère le temps de respirer. Le jury a choisi de primer ce film pour sa « belle croyance dans le cinéma », et non certes dans l’avenir, et pour sa « capacité dans un même plan d’évoquer deux sentiments contradictoires ».

    La drogue était aussi un des thèmes centraux du film qui a obtenu le prix du scénario et le prix de la critique internationale : Sherrybaby, premier long métrage  de Laurie Collyer. Arrêtée pour vol alors qu’elle avait 18 ans Sherry Swanson, une ancienne accro à l’héroïne, sort de prison après avoir purgé trois ans. Sevrée, elle goûte à son premier jour de liberté et décide de tout faire pour regagner la garde de sa fille, dont se sont occupés son frère et sa femme en son absence. Filmée au début comme une jeune femme libre et insouciante, sa réalité, la réalité, va la rattraper. Là encore des espoirs (elle en avait, elle) déçus. Là encore une descente aux enfers. Là encore un impossible avenir. Marie Gyllenhaal est d’une justesse remarquable, et le scénario d’une sincérité et  simplicité déconcertantes.

    Encore une fois c’est donc l’impossibilité de se reconstruire après un drame (inter)national -le 11 septembre- ou personnel comme ceux que connaissent tous les antihéros des films en compétition.

    medium_afc7bis.jpgC’est aussi et déjà à un drame que sont confrontés les jeunes adolescents de Twelve  and holding, deuxième long métrage de Michael Cuesta déjà primé à Deauville en 2002 (prix du jury) pour le dérangeant Long Island Expressway. Ainsi, dans une banlieue américaine, trois copains de douze ans quittent brutalement le monde insouciant de l’enfance à la mort accidentelle du frère jumeau de l’un d’entre eux, tué accidentellement par deux autres adolescents. Ils éprouvent des sentiments jusqu’alors inconnus : la vengeance, le chagrin devant la perte d’un ami et les premiers émois amoureux sans pouvoir compter sur leurs parents, eux-mêmes en difficulté. D’emblée, en présentant le film au CID, Michael Cuesta nous avertit : il n’a pas voulu faire un film « moral ». Les adolescents ne sont pas infantilisés et y sont en effet filmés par des adultes : même soif de vengeance et surtout besoin immodéré de l’amour fuyant de leurs parents, quelles que soient les conséquences de leurs actes pour y parvenir. Même si son dénouement est beaucoup plus sombre et non moins saisissant, twelve and holding présente un autre point commun avec  le lauréat de cette 32ème édition : il mêle habilement humour caustique et peinture d’une Amérique rongée par le mal être (obésité, séparations, dépression). Les jeunes comédiens sont remarquables.  Twelve and holding aurait mérité de figurer au palmarès.

    La vengeance et la culpabilité étaient aussi des thèmes récurrents de cette compétition puisqu’on les retrouvait également dans Forgiven et dans Hard Candy.

    medium_ad11bis.jpg Forgiven, tout d’abord, premier long métrage de Paul Fitzgerald qui interprétait lui-même le rôle principal,  celui de Peter Miles, un procureur d’une petite ville américaine qui,  à la veille de sa campagne pour devenir membre du sénat, apprend que le gouverneur de l’état a gracié Ronald Bradler condamné à mort après avoir été jugé coupable du meurtre d’un officier de police lors d’un procès conduit par Peter Miles, cinq ans auparavant. La dénonciation des failles du système judiciaire américain et donc de la peine de mort sont des sujets auxquels je suis particulièrement sensible et pourtant les personnages de ce film m’ont laissée parfaitement indifférente, en particulier en raison de sa morale simpliste à laquelle j’ai eu beaucoup de mal à adhérer. En effet Ronald Bradler, pour se venger, va finalement réellement commettre un meurtre et, après avoir humilié Peter Miles, tue son fils. Comme s’il n’avait pas déjà appris et retenu la rude leçon du couloir de la mort. Il retourne donc en prison pour être de nouveau condamné à mort, ce avant quoi ce cher Peter Miles, dans son immense bonté et altruisme va finalement le pardonner (de l’avoir humilié et surtout d’avoir tué son fils quand même, rien que ça), d’où le Forgiven éponyme. Le problème est qu’en voulant ne pas tomber dans le manichéisme et mettre dos à dos ces deux hommes égarés et finalement rongés tous deux par la culpabilité, il les rend aussi antipathiques l’un que l’autre, et leur sort indiffère finalement. Dommage, le début était prometteur…  Quand on sait que 4 Français sur 10 (d’après un sondage édifiant publié aujourd’hui) sont pour le rétablissement de la peine de mort, on a le droit de se dire que le sujet méritait d’être traité avec un peu moins de légèreté.

    medium_af2bis.jpgL’autre film sur la vengeance,  encore un premier long métrage, c’était donc Hard Candy, la sucrerie très acide de David Slade. Hayley et Jeff (Patrick Wilson) se sont connus sur internet. Hayley est une jolie et précoce adolescente de 14 ans et Jeff un séduisant photographe trentenaire. C’est elle qui a suggéré d’aller chez lui pour être plus tranquille, elle qui a voulu qu’il fasse quelques photos, elle qui lui a servi à boire …mais Hayley n’est pas aussi innocente qu’elle en a l’air, Jeff non plus d’ailleurs, et après que Hayley l’ait drogué, Jeff se réveille ligoté à une chaise. Alors que le début était particulièrement réussi par l’ambiguïté du face à face et le jeu polysémique de l’étonnante Hayley (Ellen Page), la violence psychologique fait brusquement place à une violence physique encore plus insoutenable. La caméra au plus près des visages, des corps, prend alors le spectateur en otage. L’atmosphère glaciale est parfaitement réussie : le décor de l’appartement aseptisé, presque clinique. Hard candy aurait pu se contenter d’être un huis clos éprouvant et suffocant mais la violence psychologique n’a pas duré, rapidement remplacée par une violence ostensible et je dois vous avouer que votre rédactrice n’a pas pu supporter la suite et a quitté la salle. D’après ce que j’en ai appris, la mise en scène n’était qu’un prétexte à un scénario abracadabrantesque et vain. Dommage que le talent de metteur en scène de David Slade soit ainsi gâché. David Slade a fait école dans la pub, ceci expliquant peut-être cela. A noter néanmoins que Hard Candy a été tourné en  18 jours à LA.

    medium_dea2006_1_logo.5.jpgLe cinéma américain affectionne particulièrement le film choral. C’est d’ailleurs un film choral qui avait été primé l’an passé, le très réussi Collision de Paul Haggis. Un autre film choral figurait cette année parmi la compétition : Little Children (Les enfants de chœur)  de Todd Field qui avait précédemment réalisé In the bedroom d’ailleurs présenté à Deauville en 2001. Les vies, les destinées sentimentales, les secrets, les rêves, les fantasmes et les angoisses d’une demi-douzaine de personnes s’entrecroisent dans la quiétude trompeuse d’une banlieue bourgeoise de la côte Est. On y retrouve notamment Patrick Wilson, déjà présent dans Hard Candy, on y retrouve également le thème de la pédophilie (dans Hard Candy, Jeff aurait été témoin et complice d’une affaire similaire). En effet l’arrivée d’un pédophile perturbe fortement les longs fleuves trop tranquilles que sont les vies des habitants de cette petite ville, une petite ville comme il y en a tant où chacun s’épie, se juge, jauge. Dommage que cette vision moderne du bovarysme (l’une des habitantes trompe son mari avec ledit Patrick Wilson) soit gâchée par la morale simpliste (là encore) du film : ce qu’on a fait dans le passé n’est pas grave, quelle que soit la gravité de ses actes. Seul compte l’avenir. Tout est bien qui finit bien. Le mari et la femme rentrent chez leurs époux respectifs et le pédophile se repent…et le spectateur, las, se dit : tout ça pour ça !

    medium_ad8bis.jpgDans Stéphanie Daley de Hilary Brougher, c’était encore une autre forme de culpabilité. Lydie Crane, une psychologue du barreau enceinte de sept mois qui a perdu son précèdent bébé d’une fausse couche doit démêler le vrai du faux en écoutant le témoignage de Stéphanie Daley, une adolescente qui nie avoir caché sa grossesse et avoir tué son nouveau-né.  L’intérêt du film est donc le face à face entre les deux femmes, l’histoire de l’une provoquant forcément un écho chez l’autre. C’est surtout une dénonciation féroce de la société puritaine américaine à travers ses conséquences, en l’espèce une jeune fille qui préfère tuer son bébé (scène insoutenable mais réussie du film,  le visage de la jeune fille filmé en gros plan, sa douleur, sa détresse, sa hargne, dans ces toilettes immondes où la vie suit son cours routinier alors qu’une autre s’achève à peine éclose) et nier sa grossesse plutôt que de l’avouer, plutôt que de faire face à une société moralisatrice.

    medium_ad4bis.jpgAvec A guide to recognizing your saints de Dito Montiel, c’est  encore un premier film, encore un film qui met en scène des enfants et des adolescents, encore un quartier difficile : partagé entre un père malade, un ami autoritaire mais protecteur et les tentations lascives de la jeunesse, Dito vit en effet tant bien que mal à Astoria, dans le quartier du Queens où une guerre de voisinage fait rage. Il doit lutter de toutes ses forces contre son désir de s’enfuir et de quitter ainsi le seul univers qu’il connaisse. Il partira finalement laissant ses parents, ses amis. Il revient des années plus tard, le film est donc un flash-back éclairé par le recul et donc sa culpabilité, oui, encore ! (mais de quoi donc l’Amérique se sent-elle VRAIMENT coupable ?)   Le film est l’adaptation de l’autobiographie de Dito Montiel. Mise en abyme, caméra nerveuse, flash forward,  flash back : le film ne semble être qu’un long prétexte à une démonstration stylistique sans grand intérêt, comme si la forme illustrait ironiquement le fond : le désir de fuite de l’auteur/réalisateur.

    Deux films ont néanmoins emprunté une voie différente (je précise que je n’ai pas vu l’un des films en compétition The oh in Ohio de Billy Kent) : Little miss sunshine et Thank you for smoking.

    medium_af3bis.jpgThank you for smoking  est le premier film de Jason Breitman et nous dresse le portrait d’un lobbyiste séduisant et ambitieux, Nick Naylor qui met son charme, son talent et son sourire carnassier au service de la société Big Tobacco pour contrer les ravages de la politique de prévention contre le tabagisme. De conférence de presse en talk show télévisé, il défend l’indéfendable mais a du mal à convaincre son ex-femme qu’il peut être un père modèle pour son fils. Dommage que Thank you for smoking se résume à son pitch et même à son titre pourtant délicieusement politiquement incorrecte. Dans une Amérique policée, le cynisme annoncé par le titre promettait pourtant d’être jubilatoire mais malgré  les premiers sourires passés notamment à la vision de ce club des marchands de mort, l’ennui s’installe bien vite. En bref, une bonne idée qui se résume à cela.

    Enfin, Little miss sunshine  de Jonathan Dayton et Valérie Faris, le grand prix de cette 32ème édition, le film qui a medium_af1bis.jpgilluminé et ensoleillé le festival dont la projection deauvillaise fut même parsemée et ponctuée d’applaudissements effrénés. Toute la famille Hoover met le cap vers la Californie pour accompagner Olive, la benjamine de 7 ans, sélectionnée pour concourir à Little Miss Sunshine, un concours de beauté ubuesque et ridicule de  fillettes permanentées, « collagènées » (ah, non, ça pas encore). Ils partent à bord de leur van brinquebalant et commencent  un voyage tragi comique de 3 jours. La première qualité du film est que chaque personnage existe, enfin plus exactement tente d’exister. Il y a le frère suicidaire spécialiste de Proust, le fils, Dwayne qui a fait vœu de silence nietzschéen et qui a ainsi décidé de se taire jusqu’à ce qu’il entre à l’Air Force Academy, le père qui a écrit une méthode de réussite…qui ne se vend pas, le grand père cocaïnomane. On l’aura deviné en voyant la jeune Olive au physique ingrat mais non moins charmante, la fin du voyage n’est qu’un prétexte, belle parabole de l’existence et du thème du film, ode épicurien à l’opposé des principes du père qui déifie la réussite. Trois jours peuvent changer une existence, et malgré une mort et des rêves qui s’écroulent qui jalonnent leur parcours nous continuons à rire avec eux. Ces trois jours vont changer l’existence de cette famille et de ses truculents membres qui à réapprennent à vivre, vibrer, à parler, à être, à se regarder, à profiter de l’instant présent, et qui vont peu à peu laisser entrevoir leurs failles. Progressivement,  l’humour, parfois délicieusement noir, laisse place à l’émotion qui s’empare du spectateur. Cette « carpe diem attitude » atteignant son paroxysme dans la jubilatoire scène du concours de miss qui a suscité les applaudissements spontanés des spectateurs deauvillais. Ce voyage initiatique d’une tendre causticité est aussi un road movie fantaisiste et poétique dans lequel l’émotion affleure constamment, vous envahit subrepticement jusqu’au bouquet final, un film dont je vous invite à prendre immédiatement la route. Une belle leçon de vie qui a insufflé un vent d’optimisme sur une sélection bien morose, des personnages attachants, un film qui surpassait de loin le reste de la sélection, une réussite d’autant plus louable lorsqu’on sait que le film a mis cinq ans à se monter, que tous les studios de Los Angeles et New York l’avaient auparavant refusé,  lorsqu’on sait enfin sa réussite inattendue aux box-office américain !

    Les avant-premières : des films d’atmosphère…

    Ce sont les hommages et les avant-premières (désormais appelées premières ??) destinées à créer l’évènement qui firent la réputation du Festival du Cinéma Américain de Deauville. Même si cette année le festival en a été plus avare que de coutume, il n’a pas dérogé à la règle : il y eut d’abord ainsi la projection du très attendu World Trade Center d’Oliver Stone défini par son réalisateur comme un film sur le courage (voir ce qu’il en est selon moi, ici).

    medium_af7bis.2.jpgLe deuxième évènement fut l’avant-première, également très attendue, de l’adaptation par Brian de Palma du pavé de James Ellroy : Le Dahlia noir. Dans les années 40 à Los Angeles, les inspecteurs Lee Blanchard (Aaron Eckhart) et Bleichert (Josh Hartnett) s’attaquent à une histoire de meurtre particulièrement difficile. Une starlette a en effet été retrouvée affreusement mutilée. Si la conférence de presse a été passionnante avec un James Ellroy déjanté, aboyant (si, si) , déclarant que « l’argent est un cadeau qui ne se refuse jamais » aux questions sur les raisons de son acceptation à cette adaptation, avec un Brian de Palma expliquant les difficultés à monter le financement après ses échecs de Femme fatale et Mission to Mars mais aussi en raison de la difficulté d’adapter un roman aussi complexe, mon attente pour le film était d’autant plus forte et fut d’autant plus déçue. Certes, pas de doutes, Brian de Palma, est un vrai cinéaste avec son univers et ses propres codes, certes on retrouve cette virtuosité stylistique qui le caractérise et ses admirables plans séquences. Ainsi, dès le début il parvient à nous immerger dans une atmosphère, celle des films noirs du cinéma américain on retrouve de nombreuses caractéristiques et notamment les femmes fatales incarnées par Scarlett Johansson et, ce qui est plus nouveau pour elle et néanmoins là encore une réussite : Hilary Swank. Si l’intérêt du spectateur ne décroît pas en medium_ad7bis.jpgraison de la qualité de l’interprétation, de cette atmosphère dangereusement ensorcelante délibérément surannée, en revanche on se perd dans ces histoires labyrinthiques qui révèlent les ambivalences de chacun. Mais d’ailleurs est-ce vraiment important ? De Palma aura réussi à nous emmener ailleurs, à une autre époque en tout cas, dans son univers glamour et non moins violent. Comme il l’a expliqué en conférence de presse, De Palma a lu livre en 1992. A l’époque, le « matériau » lui « semblait trop important »  mais il a « vu LA Confidential » et s’est « dit qu’on pouvait adapter Ellroy », lequel Ellroy estime que le « récit est bien centré autour de personnages compliqués ». Dommage que les spectateurs ne soient pas du même avis. L’intrigue est pourtant basée sur l'histoire vraie du meurtre d'Elizabeth Short, jeune actrice ayant quitté Hollywood à la fin des années 40 pour le Massachusetts. Elle disparut mystérieusement au début du mois de janvier 1947. Quinze jours après, son corps atrocement mutilé a été retrouvé abandonné dans le Sud de Los Angeles. Son meurtrier n'a jamais été retrouvé ou identifié. De plus,  la propre mère de l’auteur, Jean Hilliker, avait été mystérieusement retrouvée étranglée quelques mois auparavant. Basée sur des faits réels, la violence du film n’en est alors que plus dérangeante et certainement pas étrangère à la fascination qu’elle a suscitée chez certains spectateurs…

    medium_crime2.JPG Toute autre atmosphère avec une autre avant-première, ah oui pardon, première, attendue de cette 32ème édition, celle d’ Un crime avec Emmanuelle Béart dans le troisième long métrage du français Manuel Pradal, une histoire coécrite par Manuel Pradal et Tonino Benacquista. Un homme, Vincent, (Norman Reedus) a perdu le goût de la vie depuis l’assassinat de sa femme. Sa voisine, Alice (Emmanuelle Béart) est persuadée qu’elle le rendrait heureux. Alors elle décide de fabriquer un coupable, un chauffeur de taxi new yorkais (Harvey Keitel) pour qu’il se venge et tourne la page.  Mais le coupable idéal n’existe pas…Le crime parfait non plus.  Même si l’atmosphère est toute autre, ce film a lui aussi bel et bien une vraie « gueule d’atmosphère. » C’est là aussi son principal intérêt, les abracadabrantesques rebondissements étant finalement secondaires (Comment Harvey Keitel, le coupable « fabriqué » par Alice revient-il miraculeusement indemne d’une scène que je vous laisse découvrir ?) et ne nuisent nullement à la jubilation que procure ce film, une jubilation avant tout suscitée par la confrontation judicieuse entre Emmanuelle Béart (encore différente, impressionnante de fragilité mais aussi de détermination) et Harvey Keitel. Dès sa première apparition, derrières les barreaux d’une prison, indolente, mystérieuse, avec le regard sauvage d’un animal blessé mais aussi, défiant et résolu d’un fauve en cage, Emmanuelle Béart happe la caméra comme elle le fera avec sa proie, et elle ne la et ne nous lâchera plus jusqu’à la dernière seconde. Un crime est plus et avant tout un film de personnages,  trois personnages  prêts à tout par amour.  A tout oublier. A tout accepter. A se perdre. A dériver. A tomber dans un gouffre dont Brooklyn est le sombre et non moins magnifique reflet : à la fois inquiétant et fascinant. L’histoire n’a alors plus vraiment d’importance. L’intérêt réside dans l’ambiguïté des sentiments et de ce face à face d’une âpreté ensorcelante, saisissant, sensuel, carnassier même et dans cette atmosphère nocturne des rues sombres et menaçantes, des bars enfumés et énigmatiques de New York, cadre oppressant, rythmé par la musique discrète et non moins essentielle d’Enio Morricone. On retrouve la métaphore de la présidente de cette 32ème édition dans son dernier film, Selon Charlie, celle du boomerang. Eh, oui, là aussi, le passé leur revient en pleine figure ! Je n'en révèlerai pas plus. On se laisse volontiers embarquer dans ce New York fantomatique et mystérieux avec cette femme qui aime à la folie, faisant fi de toute morale et de toute raison. A l’image du  spectacle de danse et de feu qui a lieu dans le bar où se rencontrent Alice et le chauffeur de taxi, c’est un film incandescent, un conte (« Alice » au pays des merveilles obscures) d’une noirceur romantique qui réfute toute tiédeur et ne pourra vous laisser de glace!

    medium_af9bis.jpgC’est aussi une femme impressionnante qui mène une autre avant-première particulièrement attendue, Meryl Streep, tyrannique Miranda Priestly dans Le diable s’habille en Prada de David medium_ad12bis.jpgFrankel, satire de la mode aux couleurs acidulées. Cela faisait longtemps que le CID n’avait connu une telle effervescence, une ovation si spontanée pour celle qui a été nommée une quinzaine de fois aux Oscars, qui figure au générique de nombreux chefs d’œuvre du cinéma américain ( cliquez ici pour lire ma critique du dernier d’entre eux.) Le film de David Frankel n’en est pas un mais il révèle néanmoins une nouvelle facette de son immense talent dans un rôle que l’on devine jubilatoire, celui de Miranda Priestly donc reine du royaume de la mode à New York, dont elle laisse entrevoir les fêlures derrière sa personnalité apparemment uniquement tyrannique. Son magazine, Runway fait et défait en effet les tendances au gré de ses pages et de ses avis souverains. A priori Andy Sachs (Anne Hathaway), jeune et brillante diplômée, n’avait pas le profil pour intégrer ce milieu  ultra fermé. Et pourtant, elle va devenir l’assistante de Miranda… On devine aisément la suite. On la suit néanmoins avec plaisir, surtout lorsque Miranda Priestly apparaît guettant un sourire de sa part qui surviendra peut-être, climax tant attendu. Très différente de son personnage, Meryl Streep est apparue facétieuse et particulièrement charismatique lors de la conférence de presse. Que dire de plus si ce n’est que ce film se regarde comme on feuillette un magazine féminin : aussitôt lu, aussitôt oublié mais le temps de sa lecture nous aura fait oublier la réalité. Et on n’en demandait pas davantage. Le Diable s'habille en Prada est une adaptation du roman éponyme écrit par Lauren Weisberger. Véritable best-seller narré à la première personne, il a été traduit dans 27 langues ! Le film sortira en France le 20 septembre.

    medium_afc11_2_bis.jpgAux antipodes de ce film : The Fountain de Darren Aronofsky qui nous emmène dans la quête éternelle d’un homme pour sauver la femme qu’il aime, au 16ème, 21ème et 26ème siècle. The fountain est de ces films qui vous agace ou vous ensorcelle. Qui ne vous laisse pas indifférent. Et c’est déjà énorme. Peut-être d’ailleurs, si je n’avais vu tous ces films en compétition dramatiquement semblables et dramatiquement là, j’aurais fait partie de la première catégorie, agacée par cet imbroglio scénaristique.  Oui mais voilà dix jours de films glauques sont passés par là et je me suis laissée envoûter, ensorcelée, hypnotisée par ce film fascinant au sens premier du terme d’une mélancolie sombre et lumineuse. The Fountain vous hypnotise littéralement et vous embarque dans sa folie, son utopie, sa beauté formelle indicible, sa quête vaine et d’autant plus magistrale , celle de la fontaine de jouvence, de la vie et surtout de l’amour éternels. On le regarde comme on admirerait un tableau somptueux, onirique et cauchemardesque à la fois, jusqu’à épuisement, jusqu’à satiété, avec l’envie de se fondre dans son univers, d’en percer le mystère, les yeux écarquillés, accrochée à son fauteuil, en espérant que le voyage et l’immersion dureront encore et encore, que l’amour absolu de Tommy et Izzi nous entraînera dans son tourbillon fantastique. Si le spectateur oublie le temps qui passe, Tommy aussi et à vouloir trouver sans cesse un moyen d’être avec sa femme pour l’éternité il passe à côté du présent et du temps qu’il pourrait véritablement passer à côté d’elle.  C’est aussi peut-être une belle métaphore de la création : à courir après l’immortalité, l’artiste en oublie le présent. A refuser d’accepter la mort, il en oublie la vie. Une fresque intemporelle et utopique à regarder sans modération. Pour s’y fondre dans un délicieux et tortueux oubli.

    medium_af8bis.jpgA l’inverse, un autre film présenté en avant-première, dans le cadre des Docs de l’oncle Sam, cette fois, est une lutte contre l’oubli, contre une dangereuse ignorance et occultation, celle d’une Vérité qui dérange de Davis Guggenheim. A travers la présentation des données scientifiques argumentées sur le réchauffement climatique se dévoile le parcours personnel de Al Gore, ancien vice-président des Etats-Unis, et son long combat en vue de réduire l’effet de serre. Longuement applaudi, Al Gore arrive avec sa plaisanterie favorite qui figure en ouverture du documentaire : « je suis l’ex-futur président des Etats-Unis ». Evidemment on ne peut s’empêcher d’établir la comparaison avec son vainqueur, vous savez le gnome au sourire d’imperturbable ahuri et au QI d’huître (quoique je n’ai jamais eu le privilège de converser avec une huître, c’est donc leur faire insulte, surtout qu’elles sont un peu malmenées en ce moment donc toutes mes excuses aux éventuelles huîtres qui me liraient).  Evidemment, on ne peut non plus s’empêcher de trouver dommage qu’il n’ait mis sa révolte et ses connaissances au service de l’administration Clinton lorsqu’il en était le vice-président. Je l’avoue, j’ignorais l’engagement d’Al Gore pour l’écologie qui sillonne apparemment les Etats-Unis et le reste du monde depuis un certain temps pour alerter l’opinion. Au regard des programmes politiques de nos présidentiables qui méprisent dangereusement cette question au premier rang desquels les partis dits écologistes, on ne peut que se dire qu’il lui reste encore fort à faire. Une vérité qui dérange est un documentaire aussi effrayant qu’instructif. Effrayant parce qu’il nous reste dix ans, dix ans pour éviter une catastrophe écologique irréversible déjà fortement amorcée, dix ans pour que Katrina ne devienne pas un phénomène récurrent et effroyablement banal. Dix ans et pas une seconde à perdre pour agir, surtout. En filigrane, apparaît aussi le parcours d’un homme, ses blessures (l’accident de son fils, d’où sa décision d’agir pour la planète, sortez les violons), et en filigrane une critique du gouvernement Bush qui aurait « mieux dû investir pour éviter Katrina plutôt que mettre en place une politique antiterroriste absurde. » D’ailleurs Ground zero et Manhattan risquent d’être ensevelis sous les eaux, une bonne partie de l’Europe aussi, sans compter que... Bon d’accord, j’arrête là. J’arrête là mais je continue  tout de même pour me joindre à l’un des membres du jury, à savoir Antoine de Caunes, qui est intervenu lors de la cérémonie de clôture pour inciter toutes les écoles à diffuser ce documentaire et une chaîne publique à le relayer estimant que « ce documentaire parle avec clarté et simplicité de l’apocalypse qui nous attend si on ne tente pas d’inverser la vapeur », qualifiant ironiquement de « film Gore pour tous les publics ».  A voir absolument! Nécessairement. Sortie en France : le 11 octobre.

    medium_afc5bis.jpgAvec Bobby, présenté en avant-première mondiale en version non définitive, Emilio Estevez nous fait revenir quelques années en arrière, pour nous relater un autre drame. 6 juin 1968 : Les vies de plusieurs personnes s’entremêlent le jour où le Sénateur Robert F. Kennedy, est assassiné dans les couloirs de l’hôtel Ambassador de Los Angeles. Un jour d’espoirs déchus. Un jour où tout bascule dans l’improbable. Du 6 juin au 11 septembre, il n’y a qu’un pas qu’Emilio Estevez a évidemment franchi. La qualité des portraits de ce film choral -oui, encore un !- du cuisinier de l’hôtel Ambassador à son directeur, l’étonnante distribution (de Sharon Stone en esthéticienne à Demi Moore en chanteuse alcoolique qui n’hésitent pas à se moquer d’elles-mêmes, en passant par Anthony Hopkins, Helent Hunt, Christian Slater etc : ils sont 21 au total !), le judicieux mélange des images d’archives et de la fiction en font un film à ne pas manquer. En arrière-fond la guerre du Vietnam et toute une époque qui défile en une journée déterminante. Un film sur le passé qui nous parle aussi du présent, notamment à travers un discours de Robert Kennedy en voix off, au dénouement, discours édifiant et terriblement actuel.

    L’avant-dernier film incontournable de cette 32ème édition, présenté en avant-première mondiale, incontournable medium_ad24bis.jpgcomme l’est souvent, le film qui obtient le prix Michel d’Ornano, prix dévolu les années précédentes à : Le bleu des villes de Stéphane Brizé, Filles perdues, cheveux gras de Claude Duty, Brodeuses de Eléonore Faucher et surtout La petite Jérusalem de Karin Albou (pour voir ma critique, cliquez ici). Cette année ce prix qui récompense, le meilleur traitement de scénario de long métrage d’un jeune scénariste français, est revenu à La faute à Fidel de Julie Gavras. Film écrit par Julie Gavras avec Arnaud Cathrine d’après le roman « Tutta Colpa di Fidel » de Domitilla Calamai, produit par la veuve de Pialat, Sylvie Pialat. Anna a neuf ans. Pour elle, la vie est simple, faite d’ordres et d’habitudes. Une vie  qui se déroule confortablement entre Paris et Bordeaux. Sur une période d’un an, entre 1970 et 1971, Anna voit sa vie bouleversée par l’engagement politique de ses parents. Le film commence par un mariage, dans un cadre bourgeois, autour d’une table d’enfants sagement assis, bien droits, bien coiffés, respectueux des convenances, séparés les uns des autres par un silence assourdissant. Il s’achève dans une cour d’école. Les enfants portent des vêtements colorés, dansent en rond et se tiennent la main. Une année sépare ces deux scènes, une année de bouleversements pour cette petite fille qui assiste, incrédule puis furieuse puis révoltée puis complice aux bouleversements de son existence. Des espoirs, une révolte aussi, naissent pour ses parents, le monde change pour eux, le monde s’écroule pour elle.  A travers son regard à la fois clairvoyant et d’une touchante naïveté pour qui tout ça c’est « la faute à Fidel », défile toute une époque : le franquisme, l’émancipation féminine, la prise de pouvoir par Allende au Chili etc. Un film qui évolue peu à peu vers la lumière portée par une musique elle aussi très lumineuse. Une cinéaste très prometteuse. Un film émouvant, intelligent, drôle aussi, aux dialogues incisifs et jamais « enfantins ». A voir absolument !  Sortie le 29 novembre.

    medium_ad23bis.2.jpgEnfin, pour achever ce bilan des avant-premières, sur une note d’espoir, Come early morning de Joey Lauren Adams. La vie privée de Lucy (Ashley Judd) se résume à écumer les bars de nuit et à se réveiller chaque matin au bras d’un inconnu. Alors qu’elle décide de reprendre contact avec son père, elle fait la rencontre de Cal. Où est l’espoir me demanderez-vous en lecteurs attentifs et tatillons ? Si la comédienne Joey Lauren Adams a finalement renoncé à interpréter le rôle principal notamment face aux difficultés pour trouver un financement, celui d’Ashley Judd étant plus porteur, elle n’a pas renoncé à le réaliser, et elle a bien fait. Dommage que ce film n’ait pas figuré en compétition car, s’il présente la plupart des caractéristiques des films en compétition résumées plus haut, il nous emmène cependant de l’ombre vers la lumière, vers cet « early morning », un soleil régénérant plein d’espoir. Le portrait de cette jeune femme paumée, prisonnière des blessures de son enfance est mis en parallèle avec le portrait d’une Amérique profonde, l’une et l’autre filmée avec beaucoup de sensibilité par Joey Lauren Adams. Tout cela rythmé par une musique country qui nous entraîne avec elle jusqu’à ce soleil levant. De ces instants immortalisés qui vous font dire que demain est un autre jour. Pourquoi pas un jour merveilleux…et le premier du reste de votre vie.

    Pour le reste  des avant-premières, il y eut notamment :

    medium_af10bis.jpg- Le mafieux en colère de Sydney Lumet  dans le prévisible et insipide Jugez-moi coupable  de Sydney Lumet. (Giacomo « Jackie Dee » DiNorscio- Vin Diesel- est un membre de la famille Lucchese. Déjà incarcéré pour trente ans, il se voit offrir une réduction de peine s’il témoigne contre ses amis les plus proches. Dégoûté par la bureaucratie du système pénal et refusant de trahir sa « famille », Jackie décide d’aller au procès à la fois en tant qu’inculpé et en tant qu’avocat.) Sydney Lumet aurait mieux fait de s’en tenir à son chef d’oeuvre Douze hommes en colère, et ne pas remettre les pieds et sa caméra dans une salle d’audience. Parait-il que Vin Diesel y change de registre, il ne faut pas exagérer non plus, il ne joue pas vraiment Roméo !

    - En guise de clôture, une héroïne dépressive dans Ma super ex de Ivan Reitman. Alors même si les supers héroïnes dépriment...¨ ! (Entre Matt et Jenny-Uma Thurman- tout allait pour le mieux jusqu’à ce qu’il décide de la quitter pour une autre. Mais Jenny est aussi G-Girl, la super héroïne. Particulièrement jalouse, elle est bien décidée à utiliser tous ses pouvoirs pour se venger.) Et dire que le festival avait commencé par une illusion sur un air de jazz, en voilà une de perdue en tout cas. Un film consternant de niaiserie. En général je trouve toujours des excuses et je n’aime pas la critique gratuite mais là, non vraiment… SVP,  que nous reviennent les films de Woody Allen, souvent présentés en clôture !!

    Les hommages: sous le signe de Sundance...

    Deux hommages ont principalement marqué le festival cette année : le premier rendu au Sundance Institute (voir mon article sur le Sundance Institute, en cliquant ici) avec l’absence remarquée de Robert Redford, fondateur du festival de Sundance par lequel sont passés la plupart des films en compétition présentés à Deauville.

    Le second en l’honneur du réalisateur qui, justement, a souvent immortalisé ce dernier, et qui, justement, fait partie medium_ad20bis.jpgdes sept fondateurs du Sundance Institute : Sydney Pollack. Comédien, producteur, mais surtout réalisateur de chefs d’œuvre du cinéma américain, certes classiques, mais brillamment écrits et dirigés : Out of Africa, Les trois jours du Condor, On achève bien les chevaux, Nos plus belles années, Propriété interdite, La firme et quelques autres ! Je m’attendais à la foule des grands jours, à des applaudissements effrénés, à un enthousiasme débordant, à un CID plein à craquer… Que nenni ! Dans une salle qui peut presque en contenir dix fois plus, on ne devait pas en compter plus de 300 spectateurs sidérés d’être si peu nombreux. Etait-ce dû à l’heure ? (L’hommage eut lieu en plein après-midi) A l’absence de grands comédiens venus lui rendre hommage comme c’est souvent le cas à Deauville dans ces circonstances ? (Peut-être aurait-il fallu demander à Meryl Streep plutôt qu’à Serge Toubiana, pourtant prolifique sur le sujet mais certainement moins prompt à attirer les foules). Au choix du film projeté, un documentaire, et non une des fresques romanesques qui ont fait la renommée de Sydney Pollack ? En le voyant j’imaginais Meryl Streep murmurer d’une voix mélodieusement suave « j’avais une ferme en Afrique » et nous embarquer avec elle dans sa medium_out_1_bis.3.jpgpassion dévorante pour l’Afrique et pour Denys Finch Hatton, je revoyais les paysages à couper le souffle, les sublimes silences et regards échangés entre ces deux personnages magnifiquement libres, mélancoliques et passionnés, je revoyais et j’entendais la musique de Mozart emplissant la nuit africaine et exacerbant sa beauté à couper le souffle. Malgré l’assistance clairsemée, et bien que  venant à Deauville pour la six ou septième fois (lui-même ne savait plus), Sydney Pollack était très ému de l’hommage que le festival lui rendait. C’est certainement Serge Toubiana qui a le mieux défini le cinéma de Pollack, ce que j’aime tant dans son cinéma aussi : la mélancolie c’est-à-dire cette capacité à filmer ce qui est «  derrière les apparences, dans l’ombre, dans la pénombre, derrière le caractère factice de la vie. » Lors de la conférence de presse, (là aussi curieusement déserte) Sydney Pollack est aussi revenu sur cette mélancolie en évoquant la personnalité de Robert Redford qu’il a si souvent fait tourner. Pour lui Robert Redford est en effet une « parfaite métaphore de l’Amérique, une apparence parfaite derrière laquelle on devine une âme sombre ».

    medium_alz1bis.jpgUn autre évènement, un hommage un peu en marge du festival a néanmoins attiré la foule : la venue de Claude Lelouch et l’inauguration de la place portant son nom (Pour voir mon article et mes photographies à ce sujet, cliquez ici.)medium_ale3bis.2.jpg

    Et après ?

    Deauville, lundi 11 septembre. Deauville, cinq ans plus tard. Rien ne semble avoir changé depuis, ici en medium_ad17bis.jpgtout cas, même si la cérémonie de clôture a été dédiée aux victimes du 11 septembre. Un autre 11 septembre est passé par là. Les tentes sont démontées. La marée humaine s’est retirée. Le drapeau ne flotte plus sur le toit de la villa Orange devenue Canal Plus devenue Cartier. Le silence a remplacé l’air de jazz. Peut-être tout cela n’était-il pas réel finalement ? Un cheval gambade sur la plage, temporairement et soudainement déserte. Deauville a retrouvé  medium_ad10bis.jpgsa beauté mélancolique. Ses vieillards évidemment acariâtres ont remplacé les journalistes forcément insatisfaits. Tous exigeants. Il leur suffirait de regarder pourtant. Enfin…la quiétude ne peut jamais être parfaite. Je songe à cette expression ridicule, galvaudée, insignifiante, prodigieusement agaçante "que du bonheur" (à prononcer avec des trémolos dans la voix et l'oeil embué bien entendu)... , il faudra me l'expliquer.  Il fait un soleil radieux. Une petite pointe de nostalgie. Des souvenirs enfouis. Des instants trop éphémères. Je songe à Come early morning, à son soleil empli d’espoir. Un nouveau départ. Finalement, ce n’est pas si triste "Deauville sans Trintignant". Des illusions perdues, d’autres naissantes, du cinéma et pas seulement. La vie reprend son tortueux cours… A très bientôt Deauville, avec ou sans Trintignant, mais toujours sur un air de musique. De jazz. De Francis Lai. De Delerm.  Ou simplement un éloquent silence.

    Palmarès du 32ème Festival du Cinéma Américain de Deauville :

    Grand Prix

    LITTLE MISS SUNSHINE de Jonathan Dayton & Valerie Faris

    Prix du Jury

    HALF NELSON de Ryan Fleck

    Prix du Scénario

    SHERRYBABY de Laurie Collyer

    Prix de la Critique Internationale

    SHERRYBABY de Laurie Collyer 

    Prix de la Révélation Cartier

    HALF NELSON de Ryan Fleck 

    Prix Michel d'Ornano

    La faute à Fidel  de Julie Gavras 

    Canal + "Coup de Cœur "du doc de l'Oncle Sam"

    GOD GREW TIRED OF US de Christopher Quinn 

    Prix Littéraire

    DIDIER DECOIN pour son roman Henri ou Henry, le roman de mon père

    Les films du Festival du Cinéma Américain de Deauville 2006 recommandés par « Mon Festival du cinéma » :

    -La faute à Fidel de Julie Gavras

    medium_ad25bis.jpg-Little miss sunshine  de Jonathan Dayton et Valérie Faris

    -Bobby  de Emilio Estevez

    -The Fountain de  Darren Aronofsky

    -Un crime de Manuel Pradal

    -Une vérité qui dérange de Davis Guggenheim

    -Twelve and holding de Michael Cuesta

    -Come early morning de Joey Lauren Adams

    Merci aux organisateurs du Festival de Deauville d’avoir inscrit Mon Festival du Cinéma dans ses liens, on Festival du Cinéma étant le seul blog figurant dans les liens de la version française du site officiel.

    medium_ad1bis.jpgVous pouvez laisser vos commentaires et critiques suite à cet article.

    Toutes les photographies figurant sur ce blog sont ma propriété exclusive. Pour toute utilisation, merci de me contacter au préalable à: festival.cinema@laposte.net .

    Pour lire mes autres articles concernant ce Festival du Cinéma Américain de Deauville, cliquez ici.

    Prochain festival à suivre sur  Mon Festival du Cinéma  :

    -Le Festival du Film Britannique de Dinard 2006 qui se déroulera du 5 au 8 Octobre. J’y serai comme chaque année depuis ma participation au jury du festival, en 1999, pour vous en faire un compte-rendu détaillé.

    Album photo du 32ème Festival du Cinéma Américain de Deauville.  (A venir)

     Sandra.M

     

    Lien permanent Imprimer Catégories : FESTIVAL DU CINEMA AMERICAIN DE DEAUVILLE 2006 Pin it! 4 commentaires