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IN THE MOOD FOR CINEMA - Page 581

  • « Frankie » de Fabienne Berthaud : le miroir à deux faces

    Frankie a 26 ans. Frankie est mannequin. Son travail exige d’elle qu’elle renvoie une image lisse et parfaite, qu’elle ne laisse entrevoir ni la fragilité ni les fêlures qu’elle dissimule. Oui, Frankie est mannequin, pas un top model qui parcourt le monde mais un mannequin en fin de carrière comme il y en a des milliers d’autres, qui erre d’hôtels médiocres en studios, en bars moroses où, esseulée, elle laisse tomber le masque, et n’en a plus que faire. L’image elle aussi s’est fissurée : plus vraiment belle, plus vraiment jeune selon des critères plus cruels dans son métier qu’ailleurs, où les stigmates du temps, si imperceptibles pourtant, ennemi impitoyable et invincible, sont inexcusables. Seule, surtout. Quand l’image se craquelle, il faut sourire avec plus d’entrain encore, dire bonjour avec plus d’enthousiasme, feindre avec un talent démultiplié. Seulement Frankie n’a plus envie. Elle a perdu l’envie d’avoir envie. L’envie de cacher l’être blessé par un paraître irréprochable. N’être qu’un corps qu’on voit sans le regarder devient insupportable. Frankie (Diane Krüger d’une touchante fragilité) est à fleur de peau, dans cet état où un seul mot prononcé ou oublié, un seul geste déplacé peuvent faire basculer et dériver. Au départ le film est un peu comme cet univers dans lequel elle se perd, celui de faux semblant : superficiel, détaché de nous, lointain comme une image de papier glacé ( l’image du film, très réaliste, est d'ailleurs délibérément ici très éloignée d’une image de papier glacé) puis peu à peu sa solitude, son mal être s’emparent subrepticement de nous grâce à un montage savamment déstructuré et chaotique à l’image de celle dont il reflète l’égarement. Les images de sa décadence se mêlent à celles de son séjour en hôpital psychiatrique. La poésie ne vient pas suffisamment de là où on l’attend. La poésie du désenchantement. Une jolie forme de politesse. Celle d’un ange aux ailes brisées. Elle s’égare, elle vacille comme la caméra de Fabienne Berthaud dont c’est ici le premier long métrage, aux allures de faux documentaire. C’est un film imparfait, mais c’est justement cette imperfection qui le distingue et l’enrichit. Il laisse entrevoir ses fêlures, il se met à nu comme celle qu’il immortalise. Comme si Dorian Gray et son portrait se côtoyaient. Sauf qu’ici ce que dissimule le masque est peut-être finalement plus beau que le masque lui-même ; surtout si un regard bienveillant se pose dessus, comme celui de Tom que je vous laisse découvrir… Finalement dériver permet peut-être de mieux retrouver son chemin ? Il faut parfois avoir le courage de sombrer, de se montrer chancelant pour mieux refaire surface, revenir sans un masque en trompe l’œil, pour que les autres regards n’effleurent pas seulement mais voient réellement. Et savoir ainsi à nouveau admirer le bleu du ciel ou retrouver les ailes d’un ange. Un film cruel et poétique. Mélancolique et drôle. Comme les deux faces d'un même visage. Une fin qui justifie les moyens et qui mérite d’être attentif jusqu’au bout, de ne pas nous aussi céder à la tyrannie du temps, de ne pas nous aussi zapper ce qui n’est pas lisse, immédiat, formaté comme nous y sommes trop souvent habitués et encouragés. La fissure en dit peut-être plus que le masque. Oui, Frankie est mannequin mais elle porte le masque et dissimule les blessures de chacun de nous…

     Sandra.M

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  • "Fauteuils d'orchestre" de Danièle Thompson

    Avec La Bûche, Danièle Thompson et Christopher Thompson , son co-scénariste (également pour Décalage horaire et pour Fauteuils d’orchestre) avaient, selon moi, réussi le film choral parfait dans lequel chaque personnage a un rôle d’égale importance, dans lequel chaque personnage constitue un rouage indispensable de l’intrigue ou plutôt des intrigues, dans lequel chaque personnage et chaque intrigue se suivent avec un intérêt égal, avec un dénouement reliant les fils de ces destins blessés, un brillant divertissement au sens noble du terme. Je m’attendais donc à une impression similaire avec Fauteuils d’orchestre, précédé d’un bouche à oreille favorable.

    Dans ce film, choral également donc, une naïve jeune fille de province, Jessica (Cécile de France) monte à Paris pour travailler au café des Théâtres, situé avenue Montaigne, au carrefour des grands hôtels, du théâtre des Champs-Elysées et d’une vente aux enchères d'oeuvres d'art à l'hôtel des ventes Drouot où se côtoient et se croisent plusieurs destins ayant tous en commun de passer par ce café. Jessica, comme sa grand-mère, son modèle qui travaillait au Ritz, (Suzanne Flon dans son ultime rôle) décide de travailler dans le luxe à défaut de pouvoir y vivre. Parmi ces personnages qu’elle croise : un pianiste reconnu qui ne rêve que d’une vie simple, une concierge de théâtre (Dani) confidente des artistes qui a pour habitude de déambuler en chantant dans les couloirs du théâtre, une actrice populaire (interprétée par Valérie Lemercier) qui rêve de tourner avec un grand réalisateur (joué par Sydney Pollack) qui prépare un film sur Simone de Beauvoir, un collectionneur d’art qui décide de tout vendre, le fils de ce collectionneur… Pris individuellement chacun de ces personnages est intéressant mais ce qui les relie est parfois un peu trop artificiel pour que nous y adhérions réellement. Chaque destin esquisse une histoire, aurait pu constituer un film à lui seul mais à vouloir en faire trop, Danièle Thompson n’en raconte finalement aucune entièrement.

     Restent des portraits attachants, au premier rang desquels celui du personnage interprété Claude Brasseur dont la ressemblance vocale avec Pierre Brasseur est de plus en plus frappante. Malgré ses imperfections et ses invraisemblances (si quelqu’un a une explication au mal de dos de Christopher Thompson, qu’il me fasse signe ?) certaines scènes, d’une émouvante drôlerie parviennent à nous les faire oublier. Fauteuils d’orchestre se regarde comme une suite de saynètes et il faut avouer que celle du pianiste qui déshabille son âme devant son public et pas seulement, de l’actrice prête à tout, surtout au ridicule, pour interpréter Simone de Beauvoir, sont assez jubilatoires.

    Une bonne comédie à la française avec des dialogues bien écrits qui, de notre fauteuil d’orchestre ou de notre poulailler, nous fait oublier le temps qui passe. La peinture d’un microcosme aux résonances plus larges que celles des pas de ses riches autochtones sur l’avenue Montaigne, une comédie dans laquelle affleure une douce mélancolie, juste esquissée malgré les tourments de l’âme (du pianiste) ou du corps (la maladie du personnage interprétés par Claude Brasseur) eux aussi juste esquissés, la réussite de la diffusion en prime time est en tout cas assurée.

    Cécile de France excelle dans ce rôle d’une jolie candeur, au centre de ce spectacle de la vie parisienne et de cette rue qui la symbolise, qu’elle regarde avec fascination et empathie. Dommage que son rôle se limite à celui de spectatrice insouciante, si bien que même ses scénaristes ne semblent pas savoir qui elle est réellement, nous laissant un peu sur notre faim, ceux-ci préférant terminer par une ellipse l’histoire, peu crédible, entre celle-ci et le professeur (atteint de l’énigmatique mal de dos, interprété par Christopher Thompson), se terminant par des dialogues inaudibles qu’il nous revient de deviner, dont nous avons la charge de combler l’absence, pirouette un peu facile et conclusion un peu décevante d’un film rythmé que l’on aurait aimé voir se terminer par une note plus frappante. Dommage qu’ ici l’ellipse appauvrisse alors que dans un film comme dans le sublime Lost in translation  de Sofia Coppola, par exemple, elle enrichissait et sublimait l’histoire. Et la rendait inoubliable…

    Sandra.M

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  • "L'ivresse du pouvoir" de Claude Chabrol: une griserie bien éphémère

    Est-ce la conséquence du financement indispensable des chaînes de télévision, du rôle hégémonique et donc de la sacralisation intéressée de la parole de la télévision dans la production cinématographique française ? Toujours est-il que le cinéma français devient de plus en plus frileux, académique, convenu, uniformisé. Quand on sait que des cinéastes aussi talentueux que Téchiné peinent aujourd’hui à être produits, il y a de quoi être désabusée et/ou révoltée. Que les fictions de TF1 soient toutes construites sur le même modèle pour un public lui aussi être censé toujours construit sur le même modèle et selon les même goûts peut être compréhensible, pas forcément cautionné mais compréhensible, en revanche quand la frilosité se remarque aussi chez des cinéastes auparavant connus pour leur inventivité, leur anticonformisme, leur salutaire ironie, je ne peux m’empêcher d’être déçue. Tel était le cas de Claude Chabrol, cinéaste pourtant parmi les premiers de mon panthéon cinématographique, dont l’air débonnaire avait pour habitude de masquer des films noirs, cyniques, miroirs impitoyables d’une bourgeoisie auscultée avec une froide ironie et une jubilatoire impertinence.

     Avec un thème tel celui choisi dans l’Ivresse du pouvoir, avec pour personnage central Jeanne Charmant Killman (Isabelle Huppert), juge d’instruction chargée de l’affaire de corruption et de détournement de fonds mettant en cause le président d’une grand groupe industriel (François Berléand), je m’attendais donc à une satire sociale et politique jubilatoire, une radiographie ni manichéenne ni poujadiste mais sans concessions du monde politique, de ses malversations, et de ses accointances avec l’univers industriel. Or, si le personnage central est ce juge d’instruction, une femme comme souvent chez Chabrol, interprétée par Isabelle Huppert, également comme souvent chez Chabrol, si cette femme, soudainement devenue « la plus puissante de France » se laisse griser par l’ivresse de son pouvoir, Chabrol, lui en revanche, reste parfaitement maître de son sujet, de ses éventuelles conséquences. Par peur peut-être de quelconques problèmes juridiques ou remontrances, il évoque donc cette affaire en filigrane, à tel point qu’elle en devient totalement incompréhensible et inexistante créant ainsi une distanciation par rapport à son sujet. L’intérêt n’est certes pas là mais comment peut-on suivre ces personnages si leurs motivations, ( certes le pouvoir mais encore faut-il savoir de quel pouvoir exactement il s’agit) n’est pas clairement identifiable par le spectateur. Des personnages apparaissent ainsi puis disparaissent sans crier gare. Berléand (remarquable) en lequel il n’est pas très difficile de reconnaître Loïc Lefloch Prigent disparaît pendant une bonne partie du film pour finalement réapparaître dépressif pour croiser, par un merveilleux hasard, la juge qui l’a fait tomber, elle aussi tombée de son piédestal, dans un couloir d’hôpital.

     Le point de vue est donc celui de la juge alors pourquoi ne pas avoir fait preuve du même courage qu’elle ? Comment croire à ce personnage si son démiurge de réalisateur la dépeint avec frilosité ? A trop vouloir brouiller les pistes le spectateur ne retrouve plus son chemin. Les clins d’œil censés être ironiques deviennent tellement appuyés qu’ils frisent le ridicule : comme cet homme politique avec ce fort accent méditerranéen, aux plaisanteries douteuses engagé dans des affaires tout aussi douteuses avec l’Afrique en lequel on reconnaît aisément un ancien ministre de l’Intérieur, ou bien cet homme politique accompagné de sa maîtresse en lequel on reconnaît un ancien fidèle de François Mitterrand homonyme d’un célèbre écrivain.

    J’ai eu l’impression derrière chaque réplique, chaque personnage caricaturé, de voir l’œil rieur, narquois et satisfait de Chabrol, heureux de sa plaisanterie, comme cette redondance agaçante de sous-entendus et de jeux de mots liés aux prénoms des personnages de Lebeau, à l’avocat Parlebas, à Delombre dont on nous répète plusieurs fois qu’il est « parti au soleil », « à l’ombre »  au cas où nous n’aurions pas saisi la plaisanterie jusqu’au nom de la protagoniste Jeanne Charmant Killman (charmante « tueuse d’hommes » en anglais).

    Reste le personnage de femme plus nuancé interprété par Isabelle Huppert, comme toujours magistralement, qui théâtralise, met en scène (gants rouges etc) son propre rôle de juge dont l’ivresse que ce pouvoir engendre lui fait oublier la réalité jusqu’à ce qu’elle-même retourne dans l’ombre (au propre comme au figuré dans le dernier plan du film, on ne peut nier à Chabrol le don de la métaphore et de la virtuosité stylistique, remarquables) avant que l’ivresse aboutisse à l’accident inéluctable, avant que l’ ivresse suscitée par son pouvoir se confronte à un autre pouvoir, plus puissant encore. Tout pouvoir est relatif et éphémère. Elle se croit invincible, son pouvoir la fragilise.

    Les autres personnages n’existent pas, ils paraissent seulement, paradent même, comme si Chabrol s’était cantonné à l’image formatée et caricaturale que nous donne la télévision, sans jamais aller au-delà. De lui nous attendions davantage que des réunions d’hommes politiques mafieux et satisfaits, échangeant des plaisanteries douteuses en fumant le cigare, accréditant la thèse du « tous pourris » dangereuse et simpliste de la part d’un tel maître du cinéma. De lui nous attendions qu’il décrypte, qu’il aille au-delà du miroir et non qu’il en imite simplement le reflet. Ainsi, Bruel qui a pourtant prouvé ailleurs son talent d’acteur (notamment dans le film de Dominique Cabrera Le lait de la tendresse humaine dans lequel il jouait d’ailleurs déjà avec Maryline Canto qui interprète ici un juge d’instruction), qui interprète un patron jouant un double jeu, surjoue tellement que son personnage perd toute crédibilité, en devient même risible.

    Jusqu’à la fin, j’ai attendu ce fameux rebondissement chabrolien qui nous fait habituellement subitement et judicieusement basculer dans un délicieux Enfer, mais j’ai finalement succombé à un morne et sobre ennui renforcé par une quantité impressionnante d’ellipses non signifiantes. Dommage… Reste le portrait, esquissé mais intéressant de cette femme ivre de pouvoir puis dégrisée. Un peu trop rapidement. Comme le spectateur…

    Sandra.M

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  • Compte-rendu et palmarès du 8ème festival du film asiatique de Deauville 2006

    Jeudi 9 Mars 2006. 10h05. Arrivée à la gare de Trouville-Deauville. Deauville, matin calme. Deauville, pays du matin calme. Du soleil levant aussi. Pour quelques jours seulement. Du 8 au 12 Mars exactement. Je retrouve avec plaisir la rue centrale maintes fois parcourue, encore inanimée, ses restaurants à la mode qui s’éveillent doucement, au spectacle desquels je ne pourrai m’empêcher de contribuer ("nobody’s perfect", et puis c’est ma madeleine de Proust). Je m’étonne que la bannière étoilée ne flotte pas encore avec arrogance. Des drapeaux rouges s’y sont substitués. Certes, une petite brise de révolution souffle sur le Quartier Latin mais si Deauville était révolutionnaire, le devenait, ce serait là déjà en soi une autre révolution. Ah oui! C’est vrai, la bannière étoilée c’est en septembre. Le froid, cinglant, me rappelle que nous sommes en mars. Mars, mois du festival du film asiatique, depuis 8 ans maintenant. Deauville, ce matin est à l’image du cinéma qu’elle célèbre : paisible, ennuyeuse en apparence mais au fond emplie de mélancolie, de poésie, de sens, suscitant de nombreuses émotions, poignantes, profondes. Vivante. Pas tonitruante, exubérante, insolente, superficielle, comme elle le sera en septembre. J’aime ses paradoxes. Mars et septembre. Festival du film asiatique et festival du film américain. L’un se dissimule, l’autre s’exhibe. L’un murmure, l’autre vocifère. L’un suggère, l’autre proclame. L’un poétise, l’autre dramatise. L’un est d’une lenteur signifiante, l’autre d’une vacuité expéditive. Vision caricaturale, je l’admets. D’ailleurs, les festivals sont aussi là pour nous affranchir des clichés et les films indépendants projetés au festival du film américain, ou la section Action Asia au festival du film asiatique en sont de parfaits exemples.  La première projection est à 11H30. Je hâte le pas. Le festivalier, tout adepte du festival du film asiatique qu’il est, ne doit jamais oublier qu’il DOIT avoir l’air surmené, pourtant ce festival-là ne cède pas aux modes, pas à celle-là. Je ralentis. Je règle mon pas sur le pas de mon festival.

     

    AV, film chinois de Pang Ho-Cheung, premier film de la compétition. Pour la poésie, il me faudra patienter. La patience est une des principales et indispensables vertus du festivalier, je patiente donc. Alors ! Alors quoi ? Ah oui ! AV. A dire vrai je ne me souviens que de ma quête inassouvie de poésie, d’un film s’apparentant à un film d’étudiants, une blague même, un court métrage devenu un long soporifique. Je l’oublie, l’ai déjà oublié.

     

    Je passe au suivant : Yumeno, film japonais également en compétition de Yoshitaka Kamada qui nous fait suivre les parcours distincts de trois personnages que le dénouement réunira : le premier, Yoshiki, vraiment malchanceux, vient d’attaquer une femme sans savoir qu’elle était une des petites amies… d’un yakusa. Afin de le punir, ce dernier lui demande un million de yens qu’il devra remettre dans trois jours. Pris de panique, Yoshiki s’introduit dans l’appartement de Yumeno, deuxième personnage, une jeune fille qu’il a connue récemment. Il tue ses parents, un enfant (troisième personnage) le verra enfouir le corps. Le film ne devient réellement intéressant que vers son dénouement lorsque ces trois personnages se trouvent réunis, lorsque ces trois destins égarés se rejoignent. Le film aurait peut-être dû commencer  là où il s'achève pour que ce soit réellement intéressant. Les flash-backs qui précèdent paraissent artificiels (caricaturalement américains si vous voulez) inutiles à l’intrigue finalement. Un film sur les conséquences inconsidérées d’actes irraisonnés, sur l’inerte aussi. Intéressant mais inégal.

     

    Le film suivant du coréen Hur Jin-ho a déjà un titre en forme de promesse poétique : April snow. In-su et Seo-young se rendent à l’hôpital car ils viennent d’apprendre que leurs conjoints respectifs ont eu un grave accident de voiture. Alors que ces derniers sont dans un coma profond, In-su et seo-young découvrent qu’ils entretenaient une relation extraconjugale. Leur souffrance, leur désir de vengeance vont peu à peu les rapprocher…ou peut-être l’amour, un amour irrationnel (pléonasme après tout), qui en tout cas surgit à un moment inattendu. La neige d’Avril nous le dira. Si l’ensemble est certes assez prévisible, on se laisse néanmoins envoûter et emporter par cette neige d’avril, par ces personnages désorientés par l’incompréhension, désespérés, désillusionnés, écartelés entre leurs désirs et leur culpabilité dans une société moderne mais encore moralisatrice. On les suit avec empathie dans leur douleur intransmissible et ineffable. Puis dans leur idylle balbutiante. Comme cette chanson qu’écoute In-Su « thrown away the sadness, life is beautiful », de celle-ci va renaître l’espoir symbolisé, cristallisé par la pureté, la blancheur des flocons.

     

    Cette première journée de festival s’achève pour moi par la projection de Citizen dog du thaïlandais Wisit Sasanatieng qui nous dessine un univers délicieusement surréaliste peuplé de personnages truculents. Avant, je ne savais pas. Je ne savais pas que je pourrais un jour croiser un ours en peluche parlant abandonné qui devient SDF alcoolique. Je ne savais pas qu’une grand-mère transformée en crapaud pouvait sauver un jeune homme du suicide. Je ne savais pas qu’il existait des averses de casques. La magie du cinéma, du cinéma de Sasanatieng, un vrai cinéaste avec son propre univers, alter ego thaïlandais de Tim Burton, qui sait nous embarquer dans son univers aussi improbable puisse-t-il être, seule peut nous y faire croire. Une œuvre rafraîchissante mais pas seulement car pas totalement dénuée de sens comme cette gigantesque montagne de bouteilles en plastique finalement et malheureusement moins absurde qu’elle n’y paraît, faisant écho à des préoccupations bien actuelles, comme le réchauffement de la planète donc. Citizen dog sortira bientôt en France, distribué par Europacorp.

     

    4 :30. Non pas l’heure indue de la projection suivante mais le titre du film suivant, film du singapourien Royston Tan, heure cruciale pour le protagoniste, Xiao Wu, qui partage son temps entre l’école, un appartement vacant et une consommation excessive de nouilles instantanées. Un jour, l’arrivée d’un nouveau locataire, un jeune Coréen suicidaire, vient bouleverser la routine du jeune garçon. Ce dernier va essayer de capter son attention par tous les moyens, la nôtre va s’accroître en tout cas. Ainsi résumé, d’autant plus qu’il est quasi muet, ce film pourrait paraître ennuyeux, pourtant on suit ce jeune garçon comme si le rythme était aussi trépidant que celui d’un thriller. On s’y perd comme dans un tableau qui nous enchante et qu’on ne se lasse pas d’admirer, même s’il est parfois aux frontières de l’abstraction. On s’y perd avec délice même s’il nous parle de rêves déchus. Oui, il nous parle forcément à tous lorsque le jeune garçon noircit le tableau immaculé de ses rêves. Une crainte ou une réalité, c’est selon. Ce jeune Coréen suicidaire, c’est Xiao Wu, l’enfant rêveur qui regarde l’adulte désenchanté qu’il est devenu avec circonspection, puis amusement, puis amertume. Avec curiosité. Effroi aussi. Une belle parabole, universelle. Parce que nous avons tous été des enfants rêveurs. Et ne le sommes pas forcément tous restés. Comme avec 15  qui fut prix du jury du festival en 2004, Roston Tan aurait de nouveau mérité de figurer au palmarès.

     

    Le film suivant du taïwanais Cheng Weng-tang m’entraîne dans un Blue chacha, endiablé, diaboliquement pessimiste surtout. A-Yu, une jeune femme qui vient juste de sortir de prison, tombe ainsi amoureuse de deux hommes mais l’amour s’estompe bientôt, malgré leurs promesses et leurs discours, et A-yu ne le supporte pas. Ce film vaut surtout par le mystère qui auréole la protagoniste et son passé, l’étrangeté de ses réactions que le dénouement nous permettra de reconstituer.

     

    La séance suivante est consacrée à Ryuichi Hiroki à qui le festival rend hommage après l’avoir primé deux fois, une fois pour  Tokyo Trash Baby en 2000 et une fois en 2004 en lui attribuant le trophée du meilleur scénario pour Vibrator. Second hommage du festival après celui rendu à Chen Kaige lors de l’ouverture. Pour l’occasion, le festival projette son dernier film It’s only talk qui, s’il avait été en compétition, aurait amplement mérité le lotus de « la faute à pas de chance », bref la palme du pessimisme. Yuo, célibataire maniaco-dépressive sans travail, partage son temps entre plusieurs hommes qui ont des personnalités très différentes…mais qui sont eux aussi tous dépressifs. Le portrait de cette jeune femme oscille constamment entre euphorie et désespoir et se perd et nous perd dans une spirale inextricable qui, après un sursaut d’espoir, s’achèvera par un nouveau drame irréversible.

     

    Retour à la compétition avec Midnight my love, du Thaïlandais Kongdej Jaturanrasmee, dans lequel Bati, la quarantaine, travaille comme chauffeur de taxi à Bangkok. Lors d’une course, il tombe amoureux de Nual, une prostituée qui décide de le prendre comme taxi chaque soir en rentrant du « travail »… De rêve il est encore question. Dans ses rêves Bati s’isole, se camoufle, se drape, s’enfuit et s’enfouit si bien que lorsqu’un de ses rêves devient réalité, il prend peur . Bati vit dans le passé et par procuration. Il s’évade de la réalité en écoutant la radio qui passe de vieux disques et en regardant des soap-operas dont il s’imagine être le héros. Le silence, le monde dans lequel il s’enferme le relie finalement un temps à Nual lorsqu’ils effectuent leur trajet. Bati, c’est un enfant d’une fragile innocence, inadapté au monde moderne. Nual le prend par la main au supermarché, le materne. Il est perdu dans cette ville tentaculaire et ombrageuse dont l’image contraste d’ailleurs avec celle, lumineuse, colorée, surréaliste, donnée dans Citizen dog. Il se refuse à la technologie et la violence qui le rattrapent finalement dans une scène qui crée d’ailleurs une rupture de ton dommageable dans un film qui, comme son personnage principal, était empreint d’une grâce intemporelle. La société aura finalement perverti cet homme fondamentalement bon, d'ailleurs magistralement interprété par Petchai Wongkamiao qui donne à son personnage une vraie grâce enfantine.

     

    De « love » il est encore question le lendemain, du moins dans le titre, celui du film du Taïwanais Wang Ming-tai , Falling…in love  qui nous fait suivre la chute vertigineuse d’Alan qui tombe en enfer après être « tombé » amoureux, un amour déçu. Alan et Angel sont en effet maladivement amoureux. Belle, qui a été l’amour de jeunesse d’Alan, sort d’un mariage raté et loue une chambre à côté de celle d’Angel. Les deux jeunes femmes deviennent amies intimes et se racontent leurs vies amoureuses. Nous suivons donc l’errance et cette descente dans les bas-fonds de l'âme d’Alan qui ne parvient pas à oublier son amour pour Belle, tandis que Angel, comme son nom l’indique, l’attend sagement. Les couleurs sombres font écho au drame obscur qui se trame, à sa déchéance progressive, jusqu’à la chute fatale. Un film confus,  glauque et désespérant.

     

    Il pourrait d’ailleurs être comparé au film suivant, également en compétition : The Peter Pan Formula, du Coréen Cho Chang-ho qui nous fait également suivre une autre déchéance, celle de Han-Soo, un lycéen promis à un grand avenir de nageur professionnel, qui abandonne sa passion et sa joie de vivre le jour où sa mère tombe dans le coma après une tentative de suicide. Se retrouvant seul au monde, il commence à braquer des magasins afin de payer les frais d’hospitalisation de sa mère. Il développe aussi une véritable obsession pour la femme de son voisin, qui aurait l’âge d’être sa mère. Comme son titre l’indique, Han-Soo ne veut pas grandir mais l’implacable réalité le plonge de force dans l’âge adulte, souillant son innocence, celui-ci perdant son enfance et ses illusions, tentant vainement d'abord de noyer son désespoir, dans tous les sens du terme.

     

    Avec Perhaps love du Hongkongais Peter Chan Ho-sun le "perhaps" me fait craindre que ma quête de poésie ne soit encore qu’une illusion déçue, comme si ma réalité festivalière rejoignait un des thèmes principaux des films projetés. Peut-être… D’emblée les premières minutes du film me rassurent m’entraînant dans un univers chatoyant, enchanté et enchanteur. Pékin, il y a longtemps…Lin Jiang Dong souhaite faire carrière dans le cinéma quand il tombe amoureux de la jolie Sun Na, danseuse dans un bar. Elle aussi espère un jour briller à l’écran… Avec cette comédie musicale romantique et virevoltante, au rythme soutenu, Peter Ho-Sun Chan a su nous éblouir sans nous aveugler ou nous tromper, ayant construit un véritable scénario dont la fin peut rappeler celle du sublime Casablanca de Michael Curtiz dont les amateurs ne pourront qu’être charmés mais aussi les amoureux du septième art puisque Perhaps love est aussi une mise en abyme lyrique. Au palmarès des applaudissements de ce 8ème festival, Perhaps love, ses amours contrariés , son rythme époustouflant, ressortent incontestablement vainqueur. A juste titre.

     

    Les deux films suivants, projetés le dernier jour du festival, Shangaï dreams de Wang Xiaoshuaï et Dam street de Li Yu se ressemblent beaucoup. De par leur nationalité d’abord. Ce sont en effet deux films chinois.  Ensuite, par le climat social répressif que l’un et l’autre relatent, cette vie quotidienne en apparence tranquille, en réalité suffocante. Le producteur de Dam street a d’ailleurs insisté sur le fait que la censure ne s’y était pas opposée, notable avancée, pour un pays qui , il y a peu de temps encore, aurait refusé ce film qui ne le glorifie pas vraiment.

     

    Dans Dam street il s’agit donc de Xiao-Yun, une lycéenne de 16 ans qui vit dans une petite ville de Chine confrontée au climat social répressif des années 80. Elle est expulsée de l’école lorsqu’elle découvre qu’elle est enceinte mais elle décide néanmoins d’accoucher. La jeune réalisatrice nous dépeint les destins croisés de cette lycéenne dix ans plus tard et de l’enfant qu’elle ignore être le sien et qu’elle croyait mort. Des liens ambigus vont se tisser entre ces deux personnages en mal d’amour et de repères jusqu’à ce que la vérité éclate et rende cette belle relation impossible. Malgré la noirceur du sujet, Xiao-Yun a réussi un film empreint d’humanité mais surtout d’humour. Un portrait de femme et de la Chine émouvant et particulièrement réussi. Un film tout en nuances. A voir absolument.

     

    Le second film chinois, présenté dans le Panorama, dont je vous avais déjà parlé lors du festival de Cannes 2005 et où lui avait d’ailleurs été décerné le prix du jury nous montre aussi un visage peu glorieux de son pays. Wang Xiaoshuai s’est ainsi réjoui qu « avec tous les changements en cours en Chine dans le milieu du cinéma les censeurs aient accepté son film ». Là aussi il s’agit d’une jeune fille, Qing Hong, qui habite dans la province de Guizhou avec ses parents et son frère. C’est là qu’elle a grandi, où vivent ses amis, où elle connaît son premier amour. Shangaï dreams, tel est donc le titre. Un peu d’onirisme enfin en perspective, du moins est-ce ce que laisse présager le titre…mais les rêves ici sont plutôt ceux qui achoppent dans la rude réalité du quotidien. En effet, dans les années 60, sur les recommandations du gouvernement, de nombreuses familles ont quitté les grandes villes chinoises pour s’établir dans des régions pauvres, afin d’y développer l’industrie locale. Son père pense que leur avenir est à Shangaï. On songe à l’héroïne japonaise de  Bashing, elle aussi prisonnière dans son propre pays. Ici aussi elle est prisonnière, prisonnière de l’étroitesse des conventions, une prison que désignent les barreaux de la fenêtre de sa chambre derrière lesquels elle est filmée comme un oiseau épris de liberté et enfermé et que désignent aussi les longues et silencieuses séquences : un silence assourdissant de mal être, d’espoir déchu. Seuls quelques sons brisant le silence reviennent comme un refrain lancinant : le tic tac de l’horloge ou les vrombissements de l’usine comme pour lui rappeler constamment ce présent auquel elle tente d’échapper. Un immense fossé sépare les deux générations avec, paradoxalement, les enfants qui veulent rester d’un côté et les parents qui veulent partir de l’autre. Le fossé devient bientôt un gouffre infranchissable. La tension monte peu à peu, jusqu’à l’explosion fatale, le drame inéluctable dans cette ville maussade où l’amour semble voué à l’échec. La fin est bouleversante d’intensité retenue et rien que pour cela ces rêves là méritent qu’on prenne le temps de les regarder s’envoler.

     

    Arrive enfin l'heure fatidique de la cérémonie de clôture plutôt sinistre,  le jury de la compétition officielle (composé de Florence Thomassin, Jean-Marie Duprez, François Guérif, Bernard Rapp, Romain Slocombe, Maryline Canto, Benoît Cohen), divisé, du propre aveu du président Jacques Weber, a donc annoncé les noms des lauréats sans le moindre commentaire et avec un entrain à faire pâlir de jalousie les personnages de It’s only talk.  (voir palmarès ci-dessous).

     

    Heureusement le festival s’est achevé par un film magnifique et contrairement à son réalisateur, le coréen Chung Yoon-chui qui a déclaré qu’il aurait "préféré aller courir sur les Planches plutôt que de le présenter", ce film ne nous a pas fait regretter d’être là. Dans Marathon donc, vingt ans après sa naissance Cho-won, autiste, possède le niveau intellectuel d’un garçon de cinq ans. Sa mère se bat corps et âme afin d’insérer son fils dans la société et pense détenir la clef en découvrant sa passion pour la course à pied. Son ambition de voir un jour son fils courir un marathon la pousse à engager un célèbre entraîneur, autrefois champion du monde de la discipline. Cette décision marquera une rupture dans la relation fusionnelle entre cette mère et son fils. Ce film particulièrement émouvant a transformé le CID en une véritable fontaine lacrymale. Vous vous dîtes peut-être que c’est un remake de Forrest Gump et Rain man mélangés. Non, la bannière étoilée, c’est en septembre rappelez-vous. Détrompez-vous tout d’abord parce qu’il s’agit d’une histoire inspirée d’un fait réel. Ensuite, là où le cinéma américain aurait sorti les violons, ce film coréen vous charme insidieusement comme une petite musique ensorcelante, comme cet antihéros si attachant magistralement interprété qui ne devient pas superman mais obtient des victoires retentissantes dans la vie de tous les jours.  On rit aussi, beaucoup, mais on ne rit pas de lui mais avec lui. Jamais le réalisateur ne tombe dans les clichés liés à l’autisme tout en analysant les ravages que cela peut engendrer sur l’entourage. Ce personnage cherche avant tout à exister plutôt qu'à réussir à tout prix. En tout cas, il existe sous nos yeux avec une véracité étonnante. Un film bouleversant à la projection duquel je vous engage vivement à courir lors de sa sortie.

     

    Deauville.  Lundi matin, 13 mars 2006. Les Planches sont désertes. Je repense à tous ces films qui semblaient se répondre comme une longue complainte. Celles de personnages qui n’arrivent pas à communiquer, qui errent égarés, qui courent après des rêves déchus, qui étouffent dans leur quotidien, autistes dans tous les sens du terme (deux films abordent même le thème de l’autisme au sens littéral !), un monde souvent irrationnel, hostile, déshumanisé, un monde d’après 11 septembre auquel un des personnages de It’s only talk a d'ailleurs fait allusion. La bannière étoilée, même remplacée, n’est finalement jamais bien loin. Comme si le manque d’espoir était lui aussi victime de la mondialisation.  Ne connaissant décidément pas de frontières. Retour sur les Planches. Mer et ciel brillent à l’unisson. Je respire en me souvenant que, malgré tout, il existe encore des ours qui parlent, des perhap’s love et des neiges d’avril. Encore des lueurs d’espoir, un peu perdues certes mais d’autant plus remarquables et étincelantes dans ce flot de noirceur. Je laisse Deauville et ses Planches d'une revogirante mélancolie. A dans 6 mois, pour son autre festival et un autre drapeau.

     

    A noter:

     

    -Mes coups de coeur du festival du film asiatique de Deauville 2006: April snow, Citizen dog, 4:30, Perhaps love, Dam street, Shangaï dreams, Marathon.

     

    -Ce festival du film asiatique de Deauville 2006 proposait cette année également un Village Asia, d'accès libre et gratuit,  (avec exposition de mangas etc), véritable village consacré à la découverte du continent asiatique, qui sera renouvelé et enrichi l'an prochain.

     

    - Si vous aimez le cinéma asiatique, du 14 au 28 Mars 2006, se déroulent les Reflets du cinéma coréen en Mayenne où vous pourrez notamment (re)voir le sublime Locataires de Kim Ki Duk projeté au festival du film asiatique de Deauville 2005, mais aussi des films projetés au festival 2006 comme April snow.

     

    - Prochains festivals à suivre sur "Mon festival du cinéma":

    Festival de Cannes 2006  qui se déroulera du 17 au 28 Mai 2006, au sujet duquel vous trouverez bientôt de nombreuses informations, sur ce blog.

    Festival du film américain de Deauville 2006 qui se déroulera du  1er au 10 septembre 2006.

     

    -Site officiel du festival du film asiatique de Deauville

     

    PALMARES DU FESTIVAL DU FILM ASIATIQUE DE DEAUVILLE 2006

     

    -Le jury présidé par Jacques Weber et entouré de Marilyne Canto, Benoît Cohen, Jean-Marie Duprez, François Guérif, Bernard Rapp, Romain Slocombe et Florence Thomassin a décerné les prix suivants :

     LOTUS DU MEILLEUR FILM - Grand Prix / Great Prize : DAM STREET de/by Li Yu (Chine / China)

     LOTUS DU JURY - Prix du Jury / Jury's Prize : THE PETER PAN FORMULA de/by CHO Chang-ho (Corée du Sud / South Korea)

    LOTUS DU MEILLEUR SCENARIO - Prix du Groupe Lucien Barrière / Best Script Prize : MIDNIGHT MY LOVE de/by Kongdej Jaturanrasmee (Thaïlande / Thailand)

    -Le jury composé de journalistes a décerné le prix suivant :

    LOTUS AIR FRANCE - Prix de la Critique / Critic's Prize : CITIZEN DOG de/by Wisit Sasanatieng (Thaïlande / Thailand)

    -Le jury Action Asia présidé par Jérôme Paillard, entouré de Ida Daussy, Julie Gayet, Olivier Megaton et Linh-Dan Pham a décerné le :

     LOTUS ACTION ASIA - Grand Prix Action Asia, parrainé par la chaîne 13ème Rue / Action Asia Prize : A BITTERSWEET LIFE de/by KIM Jee-woon (Corée du Sud / South Korea))

    Sandra.M

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  • De retour de la cérémonie (mouvementée) des César: compte-rendu et palmarès

    La fête du cinéma a-t-on coutume de dire à propos de la cérémonie des César, la grande fête de la non moins grande famille du cinéma disent également les plus cyniques et les plus idéalistes, sur un ton différent, ironique ou bienveillant selon ceux dont il s’agit. Particulièrement encline à célébrer Monsieur 7ème art pour qui j’éprouve une admiration sans bornes, voire une passion dévorante, c’est donc enthousiaste que je me suis rendue au théâtre du Châtelet où se déroulait cette 31ème cérémonie, hier soir. Que cette famille a bien d’étranges coutumes : les arrivées s’y déroulent sous les huées et encadrées de CRS, au son de slogans quelque peu revendicatifs, même vindicatifs. Il en fallait plus pour faire faiblir mon enthousiasme, et après avoir montré patte blanche, ou plutôt sésame rouge, trois fois, je me retrouvai enfin dans le hall du théâtre. Au regard de la cohue innommable qui régnait dans le hall, je me suis dit que, décidément , Monsieur septième art a beaucoup d’admirateurs et de serviteurs. J’en reconnaissais quelques uns d’ailleurs célébrés hier soir qui piétinaient d’impatience. Une étrange fébrilité régnait : robes de soirées et smokings faisant la queue comme aux heures de pointe du métro. Petit air de déjà vu cannois.

     

    Après quelques minutes d’errance dans les couloirs du magnifique théâtre du Châtelet, je me retrouvai enfin à ma place, prête à déguster le palmarès, à savourer l’humour de Valérie Lemercier, bref à goûter les délices de la fête. Mon regard tout ébloui qu’il est toujours par le fascinant Monsieur septième art, n’en est pas pour autant naïvement aveuglé et après avoir parcouru de haut en bas la statuette géante posée sur la scène, il n’en remarqua pas moins l’agitation, semblait-il inhabituelle, qui régnait aux pieds de ladite statuette, la scène étant envahie par quelques personnes répondant aux doux noms d’intermittents visiblement pas vraiment enclines à faire la fête, elles. Le producteur de la soirée essayait bien de les raisonner mais sans vraiment l’écouter, leurs réponses se confondaient en un galimatias ininterrompu. Une femme dans la salle, particulièrement excédée, commença à prendre fait et cause pour eux, et le décor tamisé qui aurait plutôt dû inciter à une belle sérénité, commençait de plus en plus à ressembler à un ring improvisé. Les premiers rangs où se trouvaient les césarisés d’honneur, le Ministre de la culture, et les principaux nommés, restaient étrangement stoïques et imperturbables.

     

    Tandis que les minutes s’écoulaient, forcément tout aussi impassiblement, et que l’heure prévue du début de la cérémonie était déjà dépassée, le producteur visiblement lui aussi dépassé, par les évènements, commençait à évoquer la possibilité d’annuler la soirée si une solution n’était pas rapidement trouvée, rappelant par ailleurs aux intermittents que la projection d'un film de deux minutes produits par eux était prévu, fait exceptionnel sur Canal plus, qui ne « diffusait habituellement que ses propres productions ». Applaudissements. Murmures de protestation à l’évocation d’une annulation. Finalement les intermittents se sont décidés à quitter la scène. L’altercation, cette fois, plus seulement verbale s’est transportée dans la salle, à cinquante centimètres des premiers rangs, toujours aussi imperturbables. La production s’est finalement résolue à les faire évacuer de manière assez musclée pour le bon déroulement de la soirée, de la fête rappelons-le. De la fête qui célèbre le cinéma. De la fête qui célèbre ceux qui manifestent aussi. Mais ne nuisent-ils pas plus à leurs discours qu’ils ne le servent en agissant ainsi, tout comme ils l’avaient fait à Avignon, sabotant leur propre outil de travail, surtout que, concernant les César, un temps de parole leur avait été initialement réservé ? Parce que les César ne sont pas qu’une fête, c’est aussi le moyen d’apporter un autre regard, encore une fois de donner un coup de projecteur sur des films qui n’en avaient peut-être pas eu auparavant et sur ceux qui les font.

     

     21H20.Obscurité. Décompte des 5 dernières secondes. Action. Les noms des disparus. Puis, Carole Bouquet, magnifiquement vivante et Hamlet. Shakespeare, comme si de rien n’était. Shakespeare, comme si la quiétude avait toujours régné. La magie du cinéma. La salle retient son souffle. La fébrilité, craintive et admirative à la fois. Devant moi, l’œil narquois, quelqu’un susurre « il va sûrement y avoir de l’animation ». Je crains pour lui qu’il n’ait été déçu. Heureusement d’ailleurs. La fête qui a pourtant eu un goût amer, s’est déroulée à peu près normalement alors qu’elle aurait pu ne pas se dérouler du tout. Le film des intermittents n’est finalement pas passé. A trop vouloir en dire et surtout à trop maladroitement vouloir le dire, leur message n’est malheureusement pas passé, si ce n’est par quelques interpellations depuis la salle, rapidement interceptées.

     

     Valérie Lemercier a donc enchaîné avec cet humour cinglant, absurde et jubilatoire dont elle ne s’est pas départie de la soirée, succédant impérialement à Gad Elmaleh, déridant la salle après ces prémisses pour le moins tendues, la crainte d’une interruption ayant plané toute la soirée et lui ayant donné cette teinte un peu morose.

     

    Puis les meilleurs serviteurs de Monsieur Septième art, du moins ceux ayant reçu le plus grand nombre de suffrages de l’Académie, se sont vu remettre la célèbre statuette. Un palmarès plutôt consensuel, contrairement à l’an passé où l’Esquive d’Abdellatif Kechiche et Quand la mer monte de Yolande Moreau et Gilles Porte avaient créé la surprise. De battre mon cœur s’est arrêté de Jacques Audiard  a ainsi remporté 8 César ( film qui est, rappelons-le, un remake de Fingers de James Toback, un film de 1978), un film dont je vous avais parlé lors de sa sortie qui, certes, méritait d’être primé, mais peut-être pas autant, les magnifiques Entre ses mains d’Anne Fontaine et La petite Jérusalem de Karin Albou ayant été en conséquence complètement oubliés du palmarès. Michel Bouquet et Nathalie Baye, tous deux magistraux respectivement dans Le promeneur du champ de Mars de Robert Guédiguian et dans le Petit Lieutenant de Xavier Beauvois, ont heureusement permis à leurs films respectifs, également remarquables, de figurer au palmarès grâce à leurs César de meilleur acteur et de meilleure actrice, 23 ans après celui reçu pour La Balance pour Nathalie Baye.

     

    Cette année Les César ont également eu la bonne idée de primer doublement les scénaristes ajoutant un prix de la meilleure adaptation, dévolu à... De battre mon cœur s’est arrêté de Jacques Audiard.

     

     Pierre Richard et Hugh Grant, tous deux césarisés d’honneur ont heureusement apporté un parfum de prestige à une cérémonie qui en manquait cruellement, Hugh Grant n’oubliant pas de faire un clin d’œil à Dinard, en habitué de la ville en question et du festival du film britannique.

     

    Enfin, l’onirique After Shave de Hany Tamba, déjà, à juste titre, primé dans de multiples festivals a reçu le César du meilleur court métrage. Quand, comme les a nommés Valérie Lemercier « les gagnants de l’euro million 2006 » à savoir Clavier, Jugnot, Lhermitte, Chazel, Blanc, Balasko avec « le numéro complémentaire » Lavanant, remportent le jackpot  avec un film dont la plupart des spectateurs ressortent (et moi la première) déçus avec le sentiment d’une imposture, il est important que des cérémonies comme celles-ci mettent en lumière des films qui ne bénéficient pas d’une telle couverture médiatique et d’un tel a priori positif (moi la première également), ou même  d'une affection presque irrationnelle contre lesquels même un bouche à oreille plutôt négatif ne peuvent rien. Une fête utile finalement, ou qui devrait l’être.

     

    A peine avais-je redescendu les marches du Châtelet que le parfum de prestige s’était évanoui. Les espoirs de mon voisin de devant précité aussi. Mais le désir de voir et "d'écrire du cinéma" étaient plus prégnants que jamais. Cette magie qui évince, sublime, magnifie et a tant d’autres pouvoirs encore. Oui, j’ose toujours y croire… Viva il cinéma.

     

    Vous pouvez retrouver les critiques de (presque) tous les films en compétition sur ce blog (les liens vers les articles figurent dans l'article ci-dessous intitulé "Mon festival du cinéma invité à la cérémonie des César 2006". )

    Vous pouvez également laisser vos commentaires sur la cérémonie et palmarès ci-dessous.

     

    Sandra.M

     

    PALMARES DES CESAR 2006

     

     César du meilleur film français de l'année

    De battre, mon coeur s'est arrêté (Jacques Audiard)

    César du meilleur réalisateur

     Jacques Audiard (De battre, mon coeur s'est arrêté)

     César du meilleur acteur

     Michel Bouquet (Le Promeneur du champ de Mars)

     César de la meilleure actrice

    Nathalie Baye (Le Petit lieutenant)

     César du meilleur acteur dans un second rôle

    Niels Arestrup (De battre, mon coeur s'est arrêté)

    César de la meilleure actrice dans un second rôle

    Cécile de France (Les Poupées russes)

     César du meilleur espoir masculin

    Louis Garrel (Les Amants réguliers)

    César du meilleur espoir féminin

     Linh Dan Pham (De battre, mon coeur s'est arrêté)

    César du meilleur premier film

    Le Cauchemar de Darwin (Hubert Sauper)

    César de la meilleure musique écrite pour un film

    De battre, mon coeur s'est arrêté (Alexandre Desplat)

    César de la meilleure photographie

     De battre, mon coeur s'est arrêté (Stéphane Fontaine)

    César des meilleurs décors

    Gabrielle (Olivier Radot)

     César du meilleur son

     La Marche de l'empereur (Gérard Lamps, Laurent Quaglio)

    César des meilleurs costumes

     Gabrielle (Caroline de Vivaise)

    César du meilleur montage

    De battre, mon coeur s'est arrêté (Juliette Welfling)

    César du meilleur court-métrage

    After Shave, Beyrouth après-rasage (Hany Tamba)

    César du meilleur film étranger

     Million dollar baby (Clint Eastwood)

     César du meilleur scénario original

    Va, vis et deviens (Alain-Michel Blanc, Radu Mihaileanu)

    César de la Meilleure adaptation

    De battre, mon coeur s'est arrêté (Jacques Audiard, Tonino Benacquista)

    César d'honneur

    Hugh Grant

    Pierre Richard

     

     

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  • "Mon festival du cinéma", invité à la cérémonie des César 2006

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     Pour certains, les César représentent une cérémonie futile et inutile, la pseudo-fête de la pseudo-famille du cinéma, la fête des Narcisse et autres adorateurs d'eux-mêmes plus ou moins renommés, un heureux prétexte pour dîner ensuite ensemble au Fouquet's et se regarder en chiens de faïence. Pour d’autres qui croient encore en la magie du cinéma, c’est avant tout un concentré d’émotions, de talents, et même parfois un coup de projecteur fabuleux sur certains plus habitués à l’ombre qu’à la lumière qui, parfois injustement les avait ignorés ou s'en était rapidement détournée, sur d’autres qui se trouvent projetés de l’un à l’autre en un quart de seconde. Vous savez : ce quart de seconde ou le lauréat potentiel apprendra qu’il restera définitivement au rang de nommé, ce quart de seconde où son sourire d’espoir ragaillardi par les nombreux messages débordants d’enthousiasme et de flagornerie de ses nouveaux amis se fige en un rictus amer que son orgueil lui dicte de masquer en sourire fair play, ce quart de seconde où il passe d’une belle illusion à une désillusion cruelle, ce quart de seconde où son voisin qui le regardait béatement applaudit à tout rompre en regardant aussi béatement son concurrent de lauréat, ce quart de seconde où le temps s’arrête pour certains, a des relents d’éternité pour d’autres, ce quart de seconde où les regards se détournent pour n’avoir plus qu’un seul point de mire, ce quart de seconde où les César deviennent pour certains la fameuse cérémonie inutile, pour d'autres essentielle. Concentré d’émotions donc. Celle d’Isabelle Adjani l’an passé. Celle d’Annie Girardot impériale et bouleversée, bouleversante, rappelant brusquement son existence à la famille précitée, si facilement amnésique, recouvrant trop facilement la mémoire. Celle de Jean Gabin, premier à présider la cérémonie en 1976. Tant d’autres encore. Des instants absurdes, cocasses, magiques, de l’imprévu comme la télévision nous en offre trop rarement. Forcément, cette magie-là appartient (encore) au cinéma. Des coups de projecteurs miraculeux qui ont permis à certains films d’avoir une seconde vie comme l’Esquive d’Abdellatif Kechiche ou Quand la mer monte de Yolande Moreau et Gilles Porte, deux films indépendants, l’an passé.  C'est surtout ça pour moi, les César et c'est déjà formidable. Tout le monde n'a pas une seconde chance, non? Pour eux, les César n’ont pas été futiles mais primordiaux. Les César, ce sont donc une nouvelle vie pour certains, un couronnement, un espoir déçu pour d’autres. Mais le quart de seconde fatidique pour tous en tout cas. Tant de quarts de secondes que je ne manquerai pas d’observer et de vous relater à mon retour de la Cérémonie. Le quart de seconde qui permettra à La petite Jérusalem de Karin Albou, Je ne suis pas là pour être aimé de Stéphane Brizé, et Entre ses mains  d'Anne Fontaine de l’avoir cette seconde vie, je l’espère car ils le méritent!

     

     Vous pourrez également suivre la cérémonie des César sur Canal + à partir de 20H30, ce samedi 25 février.

     

    Vous pouvez retrouver mes critiques des films suivants, nommés aux César, en cliquant sur le nom du film en question (comme chaque année de magnifiques films comme Mon Ange de Serge Frydman ou Le temps qui reste de François Ozon sont totalement oubliés par les César mais aussi quelques autres dont vous pouvez néanmoins également en retrouver les critiques sur ce blog) :

    -De battre mon cœur s’est arrêté de Jacques Audiard (10 nominations)

     -Joyeux Noël  de Christian Caron(6 nominations)

    -Le Petit Lieutenant de Xavier Beauvois (5 nominations)

    -L’enfant des frères Dardenne(4 nominations)

    -Caché de Michael Haneke (4 nominations)

    -Je ne suis pas là pour être aimé de Stéphane Brizé(3 nominations)

    -La petite Jérusalem de Karin Albou(2 nominations)

    -Le Promeneur du champ de Mars  de Robert Guédiguian(2 nominations)

    -Entre ses mains d'Anne Fontaine(2 nominations)

    -Palais Royal de Valérie Lemercier (2 nominations)

    -Lemming de Dominik Moll (1 nomination)

    Match point de Woody Allen (1 nomination)

    -Mar Adentro d'Alenjandro Amenabar(1 nomination)

    -Backstage d'Emmanuelle Bercot(1 nomination)

    -After Shave  de Hany Tamba (1 nomination)

     

     Cette année la cérémonie sera présidée par Carole Bouquet, succédant à Isabelle Adjani et sera présentée par Valérie Lemercier qui succède à Gad Elmaleh. Cette dernière est par ailleurs nommée dans la catégorie « Meilleure actrice » pour son rôle dans Palais Royal qu’elle a par ailleurs réalisé.

     

                                                                         Nommés:

     

    Meilleur acteur :

    -Michel Bouquet pour Le promeneur du Champ de Mars

    -Patrick Chesnais pour Je ne suis pas là pour être aimé

    - Romain Duris pour De battre mon coeur s'est arrêté

    -José Garcia  pour Le couperet

    -Benoît Poelvoorde pour Entre ses mains

     

    "Je ne suis pas là pour être aimé", est un film sublime qui mériterait un coup de projecteur et une seconde chance qu’un César du meilleur acteur pourrait bien sûr lui apporter, ce film a d’ailleurs été plébiscité par les lecteurs de "Mon festival du cinéma" lors de notre sondage sur les films de l’année. Benoît Poelvoorde a réussi une composition exceptionnelle dans le film d’Anne Fontaine qui ne l’était pas moins: "Entre ses mains", mon coup de cœur de l’année 2005. Pour ces raisons, j’aimerais beaucoup que l’un ou l’autre le reçoive même si Michel Bouquet, qui n’a plus rien à prouver, a été formidable en Mitterrand dans le film de Guédiguian. L’Académie choisira-t-elle de récompenser la longévité et la carrière, de mettre en lumière un film qui n’a pas reçu le succès mérité, de récompenser Romain Duris, de saluer sa jeune et non moins brillante carrière, surtout son très beau rôle dans le film d'Audiard , ou bien de récompenser Benoït Poelvoorde car, c'est vrai, elle aime récompenser les comiques qui passent au drame…A suivre…

     

    Meilleure actrice

    -Nathalie Baye pour Le petit lieutenant

    -Isabelle Carré pour Entre ses mains

    -Anne Consigny pour Je ne suis pas là pour être aimé

    -Isabelle Huppert pour Gabrielle

    -Valérie Lemercier pour Palais Royal !

     

    Mon cœur balance entre Nathalie Baye dans "Le petit lieutenant"(déjà césarisée pour "La Balance") et Isabelle Carré dans "Entre ses mains." Nathalie Baye est comme toujours excellente mais primer Isabelle Carré permettrait à la fois de récompenser une jeune actrice formidable qui a déjà beaucoup tourné et de donner un coup de projecteur sur "Entre ses mains"…à moins que Benoît Poelvoorde n’ait lui aussi été récompensé…ou que l'Académie ne crée la surprise en récompensant Anne Consigny, touchée par "Je ne suis pas là pour être aimé" et en faisant ainsi "L'esquive"2006.

     

    Meilleur acteur dans un second rôle

    -Niels Arestrup De battre mon coeur s'est arrêté

    -Maurice Benichou Caché

    -Dany Boon Joyeux Noël

    -Georges Wilson Je ne suis pas là pour être aimé

    -Roschdy Zem Le petit lieutenant

     

    "Caché" a été injustement méprisé par les Media à sa sortie, j'aimerais donc qu'il soit primé par le truchement de ce César du meilleur acteur dans un second rôle. Il est pourtant plus probable que le prix aille à Niels Arestrup.

     

    Meilleure actrice dans un second rôle

    -Catherine Deneuve Palais Royal !

    - Cécile de France Les poupées russes

    -Noémie Lvovsky Backstage

    -Charlotte Rampling Lemming

    -Kelly Reilly Les poupées russes

     

    Probablement un des prix les plus difficiles à remettre tant les comédiennes nommées sont différentes de par leurs carrières, âges, ou rôles. Un prix pour Noémie Lvovsky ou pour Charlotte Rampling pourraient là aussi remettre à l’honneur des films qui ne l’ont pas suffisamment été. Primer Kelly Reilly ou Cécile de France permettrait de récompenser un cinéma de divertissement de qualité un peu  boudé par les César et par ailleurs deux jeunes actrices de talent. Quant à Catherine Deneuve, qui mériterait peut-être davantage un César d’honneur, elle semble s’être un peu égarée dans cette catégorie. L'Académie osera-t-elle lui préférer une jeune comédienne comme Kelly Reilly? Réponse samedi soir.

     

     Meilleur espoir masculin

    -Walid Afkir Caché

    - Louis Garrel Les amants réguliers

    - Adrien Jolivet Zim and co.

    -Gilles Lellouche Ma vie en l'air

    - Aymen Saïdi Saint-Jacques... La Mecque

     

     N’ayant pas vu 3 des 5 films en question, je me contenterai de souhaiter à nouveau un coup de projecteur sur "Caché" et donc un César du meilleur espoir masculin pour Walid Afkir.

     

    Meilleur espoir féminin

    -Mélanie Doutey Il ne faut jurer de rien !

    -Déborah François L'enfant

    Marina Hands Les âmes grises

    -Linh-Dan Pham De battre mon coeur s'est arrêté

    -Fanny Valette La petite Jérusalem

     

    Je vote pour Fanny Valette car ce film sublime (caractère auquel la jeune actrice a largement contribué) mérite vraiment un coup de projecteur. Déborah François est elle aussi très talentueuse mais "L’enfant" a déjà reçu un large écho médiatique dont "La petite Jérusalem" n'a malheureusement pas bénéficié. 

     

    Meilleur réalisateur

    -Jacques Audiard De battre mon coeur s'est arrêté

    - Xavier Beauvois Le petit lieutenant

    - Jean-Pierre Dardenne Luc Dardenne L'enfant

    -Michael Haneke Caché

    -Radu Mihaileanu Va, vis et deviens

     

    Je n’ai malheureusement pas vu "Va, vis et deviens", donc je voterai pour "Caché", même si peut-être le jury souhaitera récompenser "Va, vis et deviens" , "Caché" ayant été déjà primé et donc médiatisé à Cannes,de même que "L'enfant" d'ailleurs étrangement devenu français depuis le festival de Cannes!

     

     Meilleur film français

    -De battre mon coeur s'est arrêté Jacques Audiard

    -L'enfant Jean-Pierre Dardenne Luc Dardenne

    -Joyeux Noël Christian Carion

    Le petit lieutenant Xavier Beauvois

    -Va, vis et deviens Radu Mihaileanu

     

    Meilleur premier film

    Anthony Zimmer Jérôme Salle

     Le cauchemar de Darwin Hubert Sauper

    Douches froides Antony Cordier

    La marche de l'empereur Luc Jacquet

    -La petite Jérusalem Karin Albou

     

    "Anthony Zimmer" avait de qualités photgraphiques et de mise en scène indéniables mais encore une fois "La petite Jérusalem" mérite vraiment d’être mise en avant.

     

    Meilleur scénario original

    -Xavier Beauvois Guillaume Breaud Jean-Éric Troubat Cédric Anger Le petit lieutenant

    - Christian Carion Joyeux Noël

    -Jean-Pierre Dardenne Luc Dardenne L'enfant

    -Michael Haneke Caché

    -Radu Mihaileanu Alain-Michel Blanc Va, vis et deviens

     

    Peut-être ce prix sera-t-il dévolu à "Joyeux Noël" dont le sujet, et donc son scénario, avait beaucoup touché à sa sortie...Mais pourquoi pas créer la surprise là aussi avec "Va, vis et deviens"?

     

    Meilleure adaptation

    -Jacques Audiard Tonino Benacquista De battre mon coeur s'est arrêté

    -Patrice Chéreau Anne-Louise Trividic Gabrielle

    -Costa-Gavras Jean-Claude Grumberg Le couperet

    -Anne Fontaine Julien Boivent Entre ses mains

    -Gilles Taurand Georges-Marc Benamou Le promeneur du Champ de Mars

     

    Gilles Taurand et Georges-Marc Benamou ont réussi un véritable tour de force: réconcilier détracteurs et défenseurs de l'ancien Président de la République, ayant évité tout angélisme ou tout manichéisme simplificateurs.

     

    Meilleure musique écrite pour un film

    -Armand Amar Va, vis et deviens

    -Alexandre Desplat De battre mon coeur s'est arrêté

    -Philippe Rombi Joyeux Noël

    -Émilie Simon La marche de l'empereur

     

    Probablement Emilie Simon se verra-t-elle couronnée puisque ses musiques jouent un rôle prépondérant dans le succès aussi phénomènal qu’inattendu de "La marche de l’empereur."

     

     Meilleur court-métrage

     -After shave Hany Tamba

    - Obras Hendrick Dusollier

    -La peur, petit chasseur Laurent Achard

    -Sous le bleu David Oelhoffen

     

    De ces courts-métrages je n’ai vu qu’"After shave", vu dans deux festivals (Cabourg et Lille), primé dans de nombreux festivals. Pourquoi pas un César qu’il mériterait pour sa poésie rare et d'autant plus appréciable?

     

     Meilleure photo

    - Stéphane Fontaine (A.F.C.) De battre mon coeur s'est arrêté

    -Éric Gautier (A.F.C.) Gabrielle

    -William Lubtchansky (A.F.C.) Les amants réguliers

     

    Meilleurs décors

    -Loula Morin Les âmes grises

    -Olivier Radot Gabrielle

    -Jean-Michel Simonet Joyeux Noël

     

    Meilleur son

    -Laurent Quaglio Gérard Lamps La marche de l'empereur

    -Guillaume Sciama Benoît Hillebrant Olivier Dô Hùu Gabrielle

    -Brigitte Taillandier Pascal Villard Cyril Holtz Philippe Amouroux De battre mon coeur s'est arrêté

     

    Meilleur montage

    -Sabine Emiliani La marche de l'empereur

    -Francine Sandberg Les poupées russes

    -Juliette Welfling De battre mon coeur s'est arrêté

     

    Le montage est remarquable dans le film d'Audiard. "Les poupées russe"s, bien qu'étant selon moi un film très réussi, voire plus que "L'auberge espagnole", est peut-être un peu long. Les manchots ont été humanisés par le montage... Je vote donc pour Juliette Welfling.

     

    Meilleurs costumes

    -Pascaline Chavanne Les âmes grises

    - Alison Forbes-Meyler Joyeux Noël

    -Caroline de Vivaise Gabrielle

     

    Meilleur film étranger

    -A history of violence David Cronenberg

    -Mar adentro Alejandro Amenabar

    -Match point Woody Allen

    -Million dollar baby Clint Eastwood

    -Tu marcheras sur l'eau Eytan Fox

     

    "Match point" a été élu meilleur film de l’année par les lecteurs de "Mon festival du cinéma", selon moi également. L’Académie des César sera-t-elle du même avis ? "Mar adentro" serait peut-être davantage césarisable... A voir...

     

    Lien: Site officiel des César

     

    Sandra.M

    Lien permanent Imprimer Catégories : CESAR (2005 à 2009) Pin it! 2 commentaires
  • Le festival du film asiatique de Deauville 2006 sur "Mon festival du cinéma"

     Après avoir fait partie de son jury Première l’an passé, je serai bien sûr de nouveau à Deauville pour son festival du film asiatique (8 au 12 Mars 2006) pour vous le relater, festival dont je suis désormais tout aussi inconditionnelle, voire plus, que de son festival du film américain.

     

    Tandis que le second s’endort un peu sur ses acquis le premier ne cesse de prendre de l’ampleur à l’image du cinéma qu’il met à l’honneur, toujours plus inventif. Au programme : 40 films en 4 jours répartis parmi les 3 sélections : compétition, panorama, section Asia qui raviront autant les cinéphiles avertis que les amateurs de films d’action…parfois les mêmes d’ailleurs.

     

    Pour l’instant, il est prévu que le festival rende hommage à Chen Kaige, réalisateur notamment d’Adieu ma concubine, palme d’or ex-aequo à Cannes en 1993. Le festival mettra également en lumière le travail de Ryuchi Hiroki. Une exposition manga est par ailleurs prévue au programme, dans l’enceinte du CID. Pour l’instant, ce sont les seules informations qui nous ont été communiquées. Très bientôt, vous pourrez retrouver le programme sur ce blog.

     

    Site officiel du festival du film asiatique de Deauville 2006

     

    Sandra.M

    Lien permanent Imprimer Catégories : FESTIVAL DU FILM ASIATIQUE DE DEAUVILLE 2006 Pin it! 6 commentaires