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IN THE MOOD FOR CINEMA - Page 579

  • "La règle du jeu ", le clairvoyant drame gai de Jean Renoir

    • Mes analyses des classiques du septième art disponibles en DVD se poursuivent, cette semaine avec « La Règle du jeu » de Jean Renoir (1939). Souvent classé comme le meilleur film de tous les temps, (je vous rappelle ainsi qu’il figure dans les propositions de mon sondage sur les meilleurs films de l’Histoire du cinéma auquel vous pouvez encore participer -voir rubrique « sondages cinématographiques ci-contre » -), c’est en tout cas incontestablement un chef d’œuvre de l’Histoire du cinéma…
    •  La règle du jeu : le constat désespéré et la métaphore cynique d’une société en crise
    • Au premier rang de ces nombreux films qui, avant-guerre, dépeignaient une société en crise se trouve La règle du jeu, qui, derrière son apparente légèreté, établit un constat cynique et désespéré de la décomposition morale de la France et qui en fit un chef d’œuvre annonciateur d’un avenir inéluctable. Le dernier film d’avant-guerre de Renoir est aussi le film annonciateur de la guerre. Les successions de styles auxquels recourt Renoir, entre vaudeville, satire et tragédie ne sont pas utilisées gratuitement mais contribuent à créer une véritable peinture sociale.
    • Une alliance subtile de vaudeville, satire et tragédie
    • Dès le départ le cadre est planté, Renoir sous-titrant son film « fantaisie dramatique » et en définissant ainsi l’atmosphère. Tout comme son synopsis le film échappe à toute définition, Renoir prenant néanmoins soin de nous préciser au préalable que « ce divertissement dont l’action se passe à la veille de la guerre de 1939 n’a pas la prétention d’être une étude de moeurs. Les personnages qu’il présente sont purement imaginaires. » Ces personnages ce sont d’abord André Jurieux (Roland Toutain), le film débutant par l’atterrissage de son avion au Bourget. Celui-ci vient en effet de battre un record après avoir traversé l’Atlantique. Ovationné il ne pense qu’à Christine de La Chesnaye ( Nora Grégor), une femme du monde avec qui il avait une eu liaison platonique et qu’il s’attendait à voir à son retour. Il crie son désespoir à la radio puis tente de se suicider en voiture. Afin d’arranger les choses son ami Octave (Jean Renoir), également ami des La Chesnaye, le fait inviter à une partie de chasse que ceux-ci donnent dans leur propriété en Sologne, à La Colinière. Les terres sont surveillées par l’ombrageux Schumacher, qui surprend en flagrant délit de braconnage Marceau (Carette). Amusé le marquis le prend alors à son service. Christine découvre par hasard la liaison de son mari avec une de leurs amies Geneviève de Marras (Mila Parély). Par dépit elle répond aux avances du fade Saint-Aubin (Pierre Nay)…mais Octave aussi est amoureux d’elle. Une fête costumée va alors devenir le cadre d’un véritable vaudeville où maîtres et valets vont s’entrecroiser, Jurieux se battant avec Saint-Aubin, puis le marquis avec Jurieux, Schumacher courant après Marceau l’ayant surpris dans les bras de sa femme, Lisette (Paulette Dubost). Alors que tout s’apprêtait à rentrer dans l’ordre, Schumacher (Gaston Modot) se méprend en croyant Lisette dans les bras d’Octave alors qu’il s’agissait de Christine et abusé par un échange de costumes, il tue Jurieux d’un coup de carabine. Les Chesnaye après ce « déplorable accident » vont sauver la face après le salut final… Comme au théâtre tout le monde revient saluer à la fin. On passe du vaudeville à la satire. Les personnages paraissent en effet de prime abord fantasques, au début le film s’apparente à un vaudeville même s’il commence avec un ton tragique et la tentative de suicide d’André Jurieu. Le vaudeville est d’ailleurs annoncé dès l’exergue avec la citation de Beaumarchais : « Si l’amour porte des ailes, n’est-ce pas pour voltiger ».Dans ce vaudeville les couples s’échangent et les portes claquent. Renoir avait d’ailleurs songé à appeler son film Les caprices de Marianne. C’est même le burlesque qui succède au vaudeville lorsqu’Octave ne parvient pas à enlever sa peau d’ours et lorsque tout le monde passe devant lui sans prendre le temps de la lui enlever. On repasse ensuite à la tragédie : les personnages sincères, comme Octave ou Jurieu, sont écartés du jeu. Mais c’est la satire qui prédomine : les personnages deviennent alors odieux. Tous les styles de récit se mêlent sans que cela jamais ne paraisse incohérent. Le ton est annoncé dès le début par La Chesnaye : « nous jouerons la comédie, nous nous déguiserons », mais ce déguisement là n’est pas seulement vestimentaire c’est aussi celui derrière lequel se dissimule l’hypocrisie des personnages.
    • La volonté satirique de Renoir
    • Renoir annonce donc ambitionner de faire « une description exacte des bourgeois de notre époque ». Le jeu annoncé par le titre est pourtant le jeu social et dans ce jeu-là Renoir n’épargne personne qu’il s’agisse des riches ou des pauvres... et les deux seuls personnages qui échappent à ce règlement de comptes se retrouveront hors du jeu, qu’il s’agisse de l’aviateur André Jurieu qui sera assassiné ou Octave, évincé, après avoir rêvé un moment de pouvoir partir avec Christine. Les femmes ne sont pas épargnées, elles y sont aussi cyniques. Tel Beaumarchais, Renoir raille les manèges mondains, La Règle du jeu étant empreinte de l’esprit du 18ème siècle, ne serait-ce que l’exergue empruntée au Mariage de Figaro. La volonté satirique est par ailleurs flagrante comme à travers cette réplique dont la censure exigea la suppression : « On est à une époque où tout le monde ment : les prospectus des pharmaciens, les gouvernements, le cinéma, la radio, les journaux…Alors pourquoi veux-tu que nous autres les simples particuliers, on ne mente pas aussi ? ». Le monde dépeint par Renoir est un spectacle dans lequel chacun a ses raisons d’endosser un rôle. C’est avant tout la violence de la société que dénonce Renoir, une société pour qui tout peut rentrer dans l’ordre après une mort comme tout rentre dans l’ordre après la mort de Jurieu, une société qui vient saluer comme si de rien n’était après ce « déplorable accident ». Les personnages ne sont pas spontanés et malgré les sentiments qu’il éprouve pour Christine, Jurieu veut avoir une conversation avec La Chesnaye : «Christine tout de même il y a des règles. » Chacun affecte le respect des convenances sociales et le respect d’autrui. Ainsi La Chesnaye fait l’éloge de la liberté : « Sur cette terre il y a quelquechose d’effroyable, c’est que chacun a ses raisons. » « D’ailleurs je suis pour que chacun les expose librement (…) contre les barrières. » Quant aux domestiques ils ne sont pas épargnés : ils réinventent une société à l’image de celle des maîtres qu’ils critiquent. Les employés singent leurs maîtres comme lors de cette scène de repas. Ils semblent libres mais sont en réalité totalement assujettis, La Chesnaye signifiant ainsi à Schumacher qu’il n’a pas le droit d’être dans le château, que ce n’est pas son domaine, qu’il doit se cantonner à l’extérieur. Le mépris des uns pour les autres est également fustigé : « Au contraire, il faut bien que ces gens-là s’amusent comme les autres. » Les différentes classes font donc preuve de la même hypocrisie et ont les mêmes défauts, les mêmes faiblesses.
    • Un chef d’œuvre-testament : le film annonciateur d’un avenir inéluctable
    • Dans La règle du jeu, Renoir fait preuve d’une réelle virtuosité technique qui presque 70 ans après, reste encore un véritable modèle. Cette virtuosité n’est pas une simple démonstration ostentatoire et gratuite mais elle est au service d’un véritable propos dont l’acuité est, aujourd’hui encore, sidérante.
    • La virtuosité technique de l’œuvre
    • La règle du jeu est ainsi d’une force plastique saisissante. Ce qui apparaît d’abord, c’est le goût du théâtre ou plutôt de la théâtralité à travers les déguisements, les chassés croisés. Le final est d’ailleurs très théâtral et annoncé par la citation de Beaumarchais du début. Mais si les références au théâtre sont multiples La règle du jeu est loin d’être une pièce filmée. La caméra semble voguer au hasard et dissimule en réalité un brio inégalé grâce à une profondeur et une largeur de champ si signifiantes. Les dialogues semblent être improvisés, les situations semblent se chevaucher. On a l’impression de voir la rapidité et la confusion d’images réelles même si pour Bazin « toute image cinématographique est réaliste par essence. » Le travail sur le son est admirable provenant tantôt de la TSF, du phono, de la poupée mécanique, des instruments etc. La musique n’est pas non plus anodine, elle révèle la fausseté des sentiments comme ces grenouilles qui coassent à la fin du film. La virtuosité technique de l’œuvre notamment grâce à la profondeur de champ ajoute encore à la complexité de l’œuvre et à celle du propos qui, derrière le vaudeville, dissimule la gravité.
    • La virtuosité observatrice de l’œuvre : un regard clairvoyant sur une société aveugle et aveuglée
    • Cette virtuosité technique n’est donc pas innocente mais au contraire utilisée au service d’un propos. Ce qui pourrait n’être qu’une comédie virevoltante est en réalité un des films qui observent et décryptent le mieux sa société et les causes de la guerre. Renoir dépeint en effet la fin d’un monde dont l’aveuglément permet l’émergence du fascisme. La tension est d’ailleurs à son comble pendant le tournage, Hitler ayant envahi la Tchécoslovaquie au mois de Mars. Le marquis, qui est d’origine juive, se fait ainsi traiter dans son dos de « métèque » par un des domestiques, ce à quoi le cuisinier réagit vivement : « A propos de juif, La Chesnaye, tout métèque qu’il est… » L’antisémitisme et le racisme y sont latents, les domestiques insistent ainsi sur le fait que « La mère de La Chesnaye avait un père qui s’appelait Rosenthal et qui arrivait tout droit de Francfort ». On y parle « des histoires de nègres » et il est question de « parasites ». Le film n’est pas prémonitoire mais révélateur de la dégradation de la société que Renoir a minutieusement observée. Les réactions que suscita le film à ce sujet furent d’ailleurs tout aussi révélatrices d’un état d’esprit comme celui de Brasillach qui estima que c’était inquiétant « d’oser montrer pour la première fois un juif sympathique », estimant que « de La Chesnaye est plus juif que jamais…Une autre odeur monte de lui du fond des âges, une autre race qui ne chasse pas, qui n’a pas de château, pour qui la Sologne n’est rien… Jamais peut-être l’étrangeté du juif n’avait été aussi fortement, aussi brutalement montrée. » C’est pourtant le film que sera fustigé et non ces propos outrageants. La scène de la chasse est par ailleurs particulièrement révélatrice du climat de l’époque. Les tireurs, hommes ou femmes, tuent avec froideur. La mort est d’ailleurs omniprésente comme lorsque les personnages sont déguisés en squelettes : la mort danse, les fantômes rodent autour d’eux. C’est le spectre de la guerre qui rôde. C’est une époque où « c’est assommant les gens sincères. » Etre sincère c’est voir la réalité, et dans la réalité le monde est à la veille de la guerre. Et même derrière les lieux communs, on perçoit la crainte de l’avenir, et la noirceur du présent. Ainsi pour Marceau : « Dans notre partie, c’est comme dans tout y a la crise. » Rien n’est laissé au hasard. Ainsi Marceau justement est le nom du plus grand général républicain de la Révolution Française. La véritable terreur pour La Chesnaye et ses invités c’est le Front Populaire. Dans La Marseillaise, La Chesnaye est d’ailleurs un défenseur ultraroyaliste… L’œuvre de Renoir devient en quelque sorte une véritable Comédie humaine où les mêmes personnages ou du moins les mêmes noms et caractéristiques se retrouvent de films en films. Quand la société se donne en spectacle les tenues ne sont pas innocentes : ils sont déguisés en tyroliens et chantent une chanson ultranationaliste, un hymne boulangiste à la gloire de l’armée française. Les idéaux d’avant sont tournés en dérision et ceux qui sont mis en avant laissent présager un avenir inquiétant. Comme la société qu’il retranscrit le film oscille constamment entre le drame et la tragédie… et cette audace à une période où on ne pouvait plus rire de tout fut certainement une des causes de l’échec commercial que connut La règle du jeu. Qu’il s’agisse d’un « drame gai » ou d’une « fantaisie dramatique », la qualification demeure antithétique à l’image de cette société de paradoxes que Renoir décrit. Si le film se présente comme une comédie frivole en dehors de l’actualité, c’est en donc réalité une comédie grinçante qui en démontre subtilement les travers. « On sait jamais, y a rien d’impossible. » dit Marceau à de La Chesnaye, oui rien semble vouloir nous dire Renoir : pas même l’horreur qui se profile aux portes de la France…, pas même l’aveuglement de la société face au danger imminent qui la menace.
    •  Un échec commercial : une société qui refuse de se reconnaître
    • Tout comme la réalité et le destin échappent au déserteur du Quai des brumes, il échappe au bourgeois et à l’aristocrate de La règle du jeu, pourtant la réussite du premier fut tout aussi retentissant que l’échec du second. Même après que Renoir ait réduit son film de 23 minutes, La règle du jeu suscite un rejet unanime de la part du public. On cassait même les fauteuils dans certaines salles. Il provoqua également le rejet de la critique même s’il fut moins unanime, Georges Sadoul le qualifiant ainsi « d’incohérence ». Renoir songea même à abandonner le cinéma, il se résolut finalement à l’exil. A la veille de la seconde guerre mondiale on ne peut en effet applaudir une telle fantaisie, aussi dramatique soit-elle, ou peut-être justement parce-qu’elle fut aussi dramatique. On ne supporta pas la dénonciation de l’hypocrisie sociale de ce petit monde « dansant sur un volcan. » Renoir disait en effet avoir voulu « peindre une société qui danse sur un volcan » . Est-ce là l’origine du mal qui progresse et menace l’Europe ? Renoir semble le sous-entendre. On ne pardonna pas non plus à Renoir d’avoir utilisé un juif pour manifester un semblant d’humanité. L’amitié même n’y est qu’un leurre…et « c’est la fatalité qui a voulu qu’André Jurieu soit victime de cette erreur. »« Au contraire, il faut bien que ces gens-là s’amusent comme les autres. » La caricature y est plus visible que dans les autres films de Renoir et le public ne l’admet pas tout comme ce drame gai aux portes d’un drame, un drame imminent rappelé par les danses macabres : spectres armés de lanternes précédant le squelette de la mort au son de la Danse macabre de Saint-Saens. La fête permet d’oublier que l’on est aux portes d’une catastrophe et on ne pardonnera pas à Renoir de l’avoir interrompue. Les remous suscités par la première projection furent tels que Renoir se hâta de préciser qu’il n’avait pas eu la prétention de faire une étude de mœurs ; les personnages étant « purement imaginaires. » Quand le film ressortit en copie complète dans les ciné-clubs en 1960 il fut pourtant reconnu comme un chef-d’œuvre incontesté…
    • Sandra.M

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  • "In the mood for love"le poème mélancolique du président du festival de Cannes 2006

    A une semaine du festival de Cannes, "Mon festival du cinéma" vous invite à revoir le chef d'oeuvre du président du jury de cette édition 2006, Wong Kar-Wai.

    Oui, je l’avoue, je n’ai toujours pas vu 2046. A dessein. In the mood for love c’est un peu comme ces moments de nos vies que l’on a filmés et dont on laisse les films croupir dans les tiroirs de crainte que les images ainsi immortalisées soient moins belles que celles de nos souvenirs. Souvenirs sacrés, idéalisés peut-être. Sacrés aussi sont les souvenirs d’In the mood for love. Souvenirs indicibles et indélébiles. Indicibles et indélébiles, telles sont aussi les émotions que procure ce film envoûtant… à l’image des sentiments qu’il retranscrit. A partir d’un synopsis plutôt conventionnel ,d’un schéma vaudevillesque(deux voisins ,Su -Maggie Cheung- et Chow-Tony Leung- , découvrent la tromperie de leurs époux respectifs ,s’éprennent peu à peu l’un de l’autre…mais préfèreront renoncer à leur amour plutôt qu’à leurs idéaux),Wong Kar Wai a réalisé un véritable poème lyrique et nostalgique à la beauté picturale et à l’inventivité visuelle indéniables, inégalées, innovantes, un film tout en nuances dont la mélancolie est encore exacerbée par une atmosphère musicale sublime qui cristallise les sentiments retenus des personnages. Poème langoureux et nostalgique qui nous entraîne, nous emporte délicieusement dans sa mélodieuse complainte. Rarement, voire jamais, au cinéma les frémissements, les palpitations, l’intransmissible incandescence d’un amour implicite, interdit, et ainsi sublimés, avaient été aussi bien suggérés à tel point que les sentiments des personnages semblent émaner de l’écran, presque s’en échapper et nous envahir. Réminiscences des sublimes sensations de nos passés ou de nos rêves, c’est selon, que Wong Kar Waï parvient à faire (res)surgir. Magicien de la caméra. Wong Kar Wai a préféré la suggestion à la démonstration ostentatoire. L’enfermement de Maggie Cheung est ainsi suggéré par des tenues qui emprisonnent son corps et sa passion contenue est reflétée par leurs teintes chatoyantes auxquelles fait écho le décor rouge qui contraste avec les couleurs ternes et les conventions du Hong Kong des années 60. Le ralenti et la musique ensorcelante qui les accompagnent lorsqu’ils se croisent dans un couloir étroit suffisent à nous faire comprendre les sentiments et les impressions d’une sensualité tacite qui les envahissent malgré l’étroitesse des conventions. Les nombreuses ellipses temporelles permettent au spectateur de laisser libre cours à son imagination :un spectateur qui, par une sorte de mimétisme , se laisse peu à peu submerger par l’émotion indéfinissable que suscite cette ambiance…Jamais une histoire d’amour n’avait été racontée avec autant de pudeur, de nuance, d’élégance. Le spectateur est immergé dans cette « ambiance de l’amour », un titre étrange à l’image de la singularité des impressions qu’il inspire. Grâce à l’ingéniosité de la réalisation le spectateur est happé par cet univers, cette histoire…une histoire intemporelle et universelle qui substitue mieux que jamais à notre regard « un monde qui s’accorde à ses désirs » pour reprendre la citation de Bazin qui pourrait avoir été inspirée par ce film. Alors bien sûr on pourrait établir un parallèle avec Sur la route de Madison  de Clint Eastwood ou encore avec les films de James Ivory pour l’admirable peinture des sentiments contenus mais, au-delà de celle-ci, Wong Kar Waï a su créer une atmosphère ensorcelante, languissante, presque onirique qui fait de son film une œuvre inclassable et novatrice …On pourrait aussi me rétorquer que la stylisation est exacerbée (et peut-être pour certains exaspérante ), que cette beauté picturale cherche à dissimuler une faiblesse scénaristique mais c’est justement cette symphonie picturale et musicale qui contribue à la richesse du scénario. Alors quand cette rêverie cinématographique s’achève, le spectateur quitte avec peine cette atmosphère enchanteresse, la magie du cinéma portée à son paroxysme…une magie prolongée par des images et une musique indissociables et inoubliables qui nous accompagnent longtemps après le générique de fin, qui m’accompagnent toujours. Le film entier est un poème langoureux, une mélodie savoureuse et ensorcelante, une longue parabole amoureuse qui vous laissera le souvenir inaltérable et brûlant d’un grand amour.

    Sandra.M

    Lien permanent Imprimer Catégories : FESTIVAL DE CANNES 2006 Pin it! 2 commentaires
  • "Quatre étoiles": la comédie grisante de Christian Vincent

    Un des principes de ce blog est l’éclectisme et à une semaine du festival de Cannes, mes goûts et mes aspirations, éclectiques donc, penchent plutôt vers la légèreté. Cela tombe bien. Figure actuellement à l’affiche une comédie parfaite en prélude cannois puisqu’elle a la Croisette et son mythique Carlton pour cadre, ce « 4 étoiles » auquel le titre fait référence.

    C’est en effet là que Franssou, (Isabelle Carré) jeune assistante d’anglais, qui vient d’hériter de 50000 euros décide de faire la cigale en les dépensant tout l’été plutôt que de faire la fourmi en les mettant sur un compte épargne. Evidemment dans le second cas, l’intrigue aurait tourné cours, ce qui aurait été bien dommage, et puis le compte épargne est plus utile que glamour. Franssou n’aurait alors pas non plus rencontré Stéphane (José Garcia), escroc baratineur qui vit au Carlton sans en avoir les moyens, juste le bagout de faire croire qu’il les a. On se fie aux apparences et il y interpelle, tutoie, apostrophe, comme s’il était chez lui jusqu’au jour où il entre dans la chambre de Franssou, par la même occasion il entre dans sa vie et n’en sortira pas de sitôt. Apparition fracassante et tonitruante de José Garcia qu’elle ne quittera guère plus que quelques secondes ensuite. Cet "escroc mais pas trop" comme dirait Woody a lui aussi bien tort de se fier aux apparences. L’arroseur va être arrosé, l’escroc escroqué… et ces deux-là vont bientôt s’entendre pour arnaquer un troisième, un coureur automobile qui cherche à acheter une maison en fonction du garage. La proie idéale.

    Ce duo fonctionne comme ceux des meilleures comédies hollywoodiennes des années 40 et 50 auxquelles Christian Vincent rend hommage, également à Lubitsch avec Haute Pègre comme référence avouée. Hommage (furtif) également à Renoir et sa Règle du jeu avec l’évocation d’un certain La Chesnaye.

     Le décor scintillant est ici aussi un personnage à part entière et contribue à cette délicieuse évasion. Le début laisse présager un humour délicieusement noir pour finalement nous entraîner dans une cavalcade effrénée et joyeusement amorale. Cette comédie est tellement pétillante, autant que les bulles de champagne que les héros passent leur temps à siroter, que son rythme nous fait oublier les lacunes scénaristiques (pourtant certaines). Le dénouement est certes prévisible mais l’important dans ce genre de comédie n’est pas vraiment ce qui arrive mais comment cela arrive. Ce film plein d’énergie la transmet au spectateur. Les acteurs prennent plaisir à jouer ou nous le font croire, ce qui est encore plus louable : Isabelle Carré si sombre dans la plupart de ses rôles, si lumineuse ici, fait penser à Julia Roberts dans Pretty Woman ou à Audrey Hepburn, et prouve une nouvelle fois l’étendue de sa palette qu’elle n’a certainement pas fini de nous montrer, tout comme José Garcia, hâbleur à souhait, ou encore François Cluzet, irrésistible de naïveté.

    On murmure qu’une suite serait en préparation. Ne l’attendez pas pour arpenter avec délice les couloirs de ce Quatre étoiles. 8 euros et quelques centimes, ce n’est pas cher payé pour cette coupe de champagne euphorisante. La griserie est certes éphémère mais elle a le mérite de ne pas provoquer d’effets secondaires si ce n’est une soudaine bonne humeur. A regarder sans modération.

     Sandra.M

    Lien permanent Imprimer Catégories : CRITIQUES DES FILMS A L'AFFICHE(2004 à 2007) Pin it! 3 commentaires
  • Quinzaine des Réalisateurs, Semaine de la critique: l'autre Festival de Cannes, avis aux cinéphiles!

    Bien sûr le Festival de Cannes c’est la Sélection Officielle (Compétition et un Certain Regard) surmédiatisée mais c’est aussi la Quinzaine des Réalisateurs et la Semaine de la critique qui regorgent également de pépites cinématographiques et permettent à des jeunes cinéastes d’émerger, à la fois si loin et si proches des projecteurs braqués sur le Palais des Festivals. Avis aux cinéphiles: avec un peu de patience ces séances sont par ailleurs beaucoup plus accessibles.

     

    La Quinzaine des Réalisateurs est organisée par la SRF (Société des Réalisateurs de Films) depuis 1969. Ce festival qui se déroule en même temps que la Compétition Officielle en est même totalement indépendant. Alors que la Sélection Officielle projette essentiellement (certes pas uniquement) des films de réalisateurs ayant déjà acquis une certaine notoriété, la Quinzaine des Réalisateurs a pour objectif d’aider les cinéastes à se faire connaître du public et de la critique. Il s’agit donc à la fois de faire connaître de jeunes cinéastes mais également des cinéastes connus dans leurs pays et méconnus en Occident. La sélection de la Quinzaine est donc particulièrement éclectique avec au programme des longs métrages de fiction mais aussi des courts métrages et des documentaires. Les seuls critères sont « l’expression d’un talent personnel » et « une écriture cinématographique originale ».

    La Quinzaine des Réalisateurs ce sont :

    22 Longs métrages

    11 Courts métrages

    3 Séances spéciales

    19 Pays

     

    Longs métrages  présentés à la Quinzaine des Réalisateurs 2006:

     

    A Fost sau n-a fost ? Roumanie - 1h29 (2006) PORUMBOIU Corneliu

    Anche libero va bene Italie - 1h48 (2006) ROSSI STUART Kim.

     Anges exterminateurs (Les) France - 1h40 (2006) BRISSEAU Jean-Claude

     Azur et Asmar Espagne, Italie, Belgique, France - 1h30 (2006) OCELOT michel

     Bug États-Unis - 1h41 (2006) FRIEDKIN William

    Ça brûle Suisse, France - 1h51 (2006) SIMON Claire

    Changement d’adresse France - 1h25 (2006) MOURET Emmanuel

     Congorama France, Belgique, Canada - 1h45 (2006) FALARDEAU Philippe

    Daft Punk’s Electroma États-Unis - 1h14 (2006) BANGALTER Thomas DE HOMEM-CHRISTO Guy-Manuel

     Dans Paris France - 1h30 (2006) HONORE Christophe

    Day Night Day Night Allemagne, États-Unis - 1h30 (2006) LOKTEV Julia

    Fehér tenyér (White Palms ) Hongrie - 1h41 (2006) HADJU Szabolcs

    Hawk is Dying (The) États-Unis - 1h46 (2005) GOLDBERGER Julian

    Honor de Cavalleria Espagne - 1h50 (2006) SERRA Albert

     Host (The) (Gue Mool) Corée, Sud - 1h59 (2006) BONG Joon-ho

    Jindabyne Australie - 2h03 (2006) LAWRENCE Ray

     Lying États-Unis - 1h32 (2006) M. BLASH

    On ne devrait pas exister France - 1h30 (2006) HPG

    Princess Allemagne, Danemark - 1h23 (2006) MORGENTHALER Anders

    Sommer 04 An Der Schlei (Été 2004 au bord de la Schlei) Allemagne - 1h37 (2006) KROHMER Stefan

    Transe (Trance) France, Portugal, Italie - 2h06 (2006) VILLAVERDE Teresa

    Yureru (Sway) Japon - 2h00 (2006) NISHIKAWA Miwa

     

    Séances spéciales  de la Quinzaine des Réalisateurs

     

    Fantasma Argentine, France, Pays-Bas - 1h03 (2006) ALONSO Lisandro

    Mala noche États-Unis - 1h20 (1985) VAN SANT Gus

    Melvil France - 1h07 (2006) POUPAUD Melvil

     

    Voir le reste du programme sur le Site internet officiel de la Quinzaine des Réalisateurs.

     

    La Semaine de la Critique

     

     Plus ancienne section parallèle du Festival International du Film de Cannes, la Semaine de la Critique, quant à elle, contribue depuis ses débuts à la découverte de nouveaux réalisateurs, sa sélection ne présentant que des premières et deuxièmes œuvres. C’est cette exigence qui fait d’ailleurs toute sa spécificité. Bernardo Bertolucci, Barbet Schroeder, Ken Loach, Wong Kar Waï, Jacques Audiard, Arnaud Desplechin ou encore François Ozon y ont ainsi été découverts. Chaque année, ce sont 7 longs métrages et 7 courts métrages, sélectionnés parmi des centaines de films, qui concourent pour le Grand Prix de la Semaine Internationale de la Critique. La Semaine accueille également des films hors compétition qui témoignent de « démarches et de regards originaux. » Les derniers films découverts et primés à la Semaine ont été Amores perros du Mexicain Gonzalez Iñarritu (qui a depuis réalisé 21 grammes), Respiro d’Emanuele Crialese avec Valeria Golino, Depuis qu’Otar est parti de Julie Bertuccelli et cette année Brodeuses d’Eléonore Faucher  (dont je vous avais déjà parlé sur "Mon festival du cinéma" ) avec Ariane Ascaride. De plus, c’est un autre film de la Semaine qui a remporté la Caméra d’Or en 2004 (récompensant le meilleur premier film à Cannes toutes sections confondues) : Or (Mon trésor), de Keren Yedaya. La Semaine n’a pas pour but de concurrencer la Sélection Officielle (qui s’y hasarderait ?) mais au contraire de découvrir des talents et de les accompagner au-delà de la présentation cannoise notamment par des reprises de la sélection.

     

    Longs métrages sélectionnés à la Semaine de la Critique 2006

     

     Drama/Mex de Gerardo Naranjo (Mexique)

    Friss Levegö (Fresh Air) d’Ágnes Kocsis (Hongrie)

     Komma de Martine Doyen (Belgique)

     Sonhos de Peixe de Kirill Mikhanovsky (Brésil / Russie / Etats-Unis)

     Den Brysomme Mannen (The Bothersome Man) de Jens Lien (Norvège)

     Pingpong de Matthias Luthardt (Allemagne)

    Les Amitiés maléfiques d’Emmanuel Bourdieu (France)

     

    Courts métrages sélectionnés à la Semaine de la Critique 2006

     

     Kristall de Christoph Girardet & Matthias Müller (Allemagne)

    Kvinna Vid Grammofon (Woman and Gramophone) de Johannes Stjärne Nilsson & Ola Simonsson (Suède)

     L’Écluse d’Olivier Ciechelski (France)

    Alguma Coisa Assim (Something Like That) d’Esmir Filho (Brésil)

     News d’Ursula Ferrara (Italie)

    Iron de Hiroyuki Nakano (Japon)

     Printed Rainbow de Gitanjali Rao (Inde)

     

    Film du Parrain

    “Godfather" Destricted de Marina Abramovic - Matthew Barney - Marco Brambilla - Larry Clark - Gaspar Noé - Richard Prince - Sam Taylor-Wood (USA / GB)

     

    Soirée d’ouverture de la Semaine de la critique 

    Les Amitiés maléfiques d’Emmanuel Bourdieu (France)

     

     Soirée de clôture de la Semaine de la critique

     Free Jimmy (Slipp Jimmy Fri) de Christopher Nielsen (GB / Norvège)

     

    Révélation Fipresci de l’année

    Look Both Ways de Sarah Watt (Australie)

     

     Séance "Très Spéciale" 

    Screening I Psihi Sto Stoma (Soul Kicking) de Yannis Economidis (Grèce)

     

    Nouvelle image 

     Nocturnes pour le roi de Rome de Jean-Charles Fitoussi (France)

     

    Documentaire 

     Kigali, des images contre un massacre de Jean-Christophe Klotz (France)

     

    Carte blanche à Cannes Cinéma

    Une équipe de rêve de René Letzgus (France)

     

    Pour la liste des moyens métrages et La Collection Canal + Ecrire pour... ainsi que pour toutes les informations pratiques, je vous renvoie au Site internet officiel de la Semaine de la critique.

     

    Sandra.M

    Lien permanent Imprimer Catégories : FESTIVAL DE CANNES 2006 Pin it! 3 commentaires
  • "Mon festival du cinéma" à la une...

    Après un encart dans Netizen  dans le numéro de mars 2006, après la couverture et un article dans Ouest-France, édition de la Mayenne (du samedi 6-dimanche 7 mai 2006), Mon festival du cinéma passera bientôt dans le journal du blogue sur France 5, lors d'un numéro consacré aux blogs sur le cinéma, à l'occasion du Festival de Cannes. Vous y trouverez également un reportage sur un excellent blog recommandé par "Mon festival du cinéma"... Pour en savoir plus rendez-vous sur France 5. 

    J'en profite également pour souhaiter la bienvenue à tous les nouveaux internautes (de plus en plus nombreux, "Mon festival du cinéma" ayant dépassé les 7500 visites en Avril 2006) qui découvrent "Mon festival du cinéma" à ces occasions.

    Sandra.M

    Lien permanent Imprimer Catégories : LE BLOG "IN THE MOOD FOR CINEMA" DANS LES MEDIAS Pin it! 2 commentaires
  • Rencontre-débat avec Benoît Peeters le 30 Mai!

    Le Master 2 Pro Cinéma (scénario, réalisation production) de l'Université de Paris 1-Panthéon Sorbonne vous propose une rencontre sur le thème: "Création et films à petit budget: contraintes et libertés de production et de diffusion" avec pour invité Benoît Peeters, scénariste de bandes dessinées et de films, réalisateur et écrivain.

    Mardi 30 Mai à 17H: projection du film Le dernier plan réalisé par Benoît Peeters

    19H-21H: rencontre avec le réalisateur

    Adresse de la rencontre:Université Paris 1-Panthéon Sorbonne Amphi Saint-Charles 47-53 rue des Bergers Paris 15. Métro Charles Michel ou Lourmel. Entrée libre dans la limite des places disponibles.

    Après Alain Cavalier, Raoul Coutard, Claude Miller, Gilles Sandoz et Pierre Chevalier, Marin Karmitz, cette caméra subjective est la dernière de l'année universitaire: à ne manquer sous aucun prétexte!

    Téléchargez l'affiche de la rencontre: ici.

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  • Compléments de programmation de la Sélection cannoise à J-12

    Depuis 2004, le Festival de Cannes a regroupé l'ensemble de ses initiatives en faveur du patrimoine au sein de  Cannes Classics. Cette programmation a pour ambition, aux côtés des films de la Sélection officielle, de mettre en valeur des œuvres du passé, présentées en copies neuves ou restaurées, qui s'apprêtent à connaître une vie nouvelle en cinémathèques, en salles ou en DVD. Le lieu principal de projection est la salle Buñuel (Palais des festivals, 5e étage).

    Cette année, Cannes Classics sera honoré de la présence de Joanna Shimkus, épouse à la ville de Sydney Poitier, pour la projection des Aventuriers (1967) de Robert Enrico (photo du film ci-contre) où l'actrice d'origine canadienne joue aux côtés d'Alain Delon et de Lino Ventura. Elle sera là pour présenter le film accompagnée de la famille du réalisateur Robert Enrico. Le Festival a également invité Danielle Darrieux qui viendra présenter son film : Nouvelle Chance d'Anne Fontaine (2006).

     Du 18 au 27 mai, Cannes Classics projettera de nombreux classiques. 6 thèmes différents seront déclinés donnant lieu à des projections : Carol Reed, Norman McLaren, le cinéma d'Alejandro Jodorowsky , un hommage au Nederland Filmmuseum , des documentaires sur le cinéma.

    Enfin, comme il en est désormais la tradition, Cannes Classics propose une sélection de dix copies neuves ou restaurées (choisies parmi les propositions des studios, maisons de productions, cinémathèques, archives nationales) présentées entre le 18 et le 27 mai salle Buñuel. Particularité 2006 : trois films muets sont intégrés à la sélection. Avec également la projection exceptionnelle, salle Debussy, de la copie restaurée de Platoon d'Oliver Stone (1986). Le metteur en scène présentera à cette occasion et en avant-première mondiale 20 minutes de son nouveau film World Trade Center.

     Pour plus de détails sur la sélection Cannes Classics, rendez-vous sur le Site officiel du Festival de Cannes.

     

    La Cinéfondation

     

    Le Jury de la Cinéfondation présidé cette année par Andreï Konchalovsky accueillera Tim Burton aux côtés de Sandrine Bonnaire, Souleymane Cissé, Daniel Brühl et Zbigniew Preisner. Le Jury annoncera les trois prix de la Cinéfondation vendredi 26 mai. Il décernera par ailleurs la Palme d'Or du court métrage, au cours de la cérémonie de clôture du 59e Festival de Cannes, le dimanche 28 mai 2006.

     

    Compte à rebours : J-12 avant mon premier article en direct de la Croisette…

     

    Sandra.M

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