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Par Sandra Mézière. Le 7ème art raconté avec passion depuis 2003. 4000 articles. Festivals de cinéma en direct : Deauville, La Baule, Cannes, Dinard...Critiques de films : avant-premières, à l'affiche, classiques. Actualité de romancière. Podcast.
Présidée par Bernard Giraudeau et Frédéric Mitterrand, la 23ème Nuit des Molières, hier soir, au Théâtre de Paris et en direct sur France 2, a dévoilé son palmarès.
On notera les deux prix reçus par Zabou Breitman (Molière de l'Adaptateur et Molière du théâtre privé pour le Petit Montparnasse) pour son adaptation de Raymond Depardon "Des gens" (Zabou Breitman dont je vous recommande plus que vivement le dernier film, "Je l'aimais" qui sort en salles le 6 mai) ainsi que les Molières du meilleur comédien et de la meilleure comédienne, ayant déjà tous deux laissé des rôles inoubliables au cinéma, dans "Je ne suis pas là pour être aimé" de Stéphane Brizé pour Patrick Chesnais, dans "Le Goût des autres" pour Anne Alvaro.
Molière du comédien : Patrick Chesnais dans «Cochons d'Inde»
Molière de la comédienne : Anne Alvaro dans «Gertrude (le cri)»
Molière du comédien dans un second rôle : Roland Bertin dans «Coriolan»
Molière de la comédienne dans un second rôle : Monique Chaumette dans «Baby Doll»
Molière du metteur en scène : Christian Schiaretti pour «Coriolan»
Molière de la révélation théâtrale : Aude Briant dans «Le Journal à quatre mains»
Molière de la révélation théâtrale masculine : David Lescot dans «La Commission centrale de l'enfance»
Molière de l'auteur francophone vivant : Jean-Claude Grumberg pour «Vers toi terre promise»
Molière de l'adaptateur :Zabou Breitman pour «Des gens», d'après «Urgences» et «Faits divers»
Molière du décorateur/scénographe : Catherine Bluwal pour «Le Diable rouge»
Molière du créateur costumes : Claire Risterucci pour «Madame de Sade»
Molière du créateur lumières : Marie-Hélène Pinon pour «Le Diable rouge»
Molière du théâtre public : «Coriolan» au TNP de Villeurbanne
Molière des compagnies : «L'oral et hardi», cie Faisan
Molière du théâtre privé : «Des gens», au Petit Montparnasse
Molière de la pièce comique : «Cochons d'Inde», de Sébastien Thiéry et Anne Bourgeois
Molière du théâtre musical : «L'Opéra de Sarah», au théâtre de l'Œuvre.
Ci-dessus: début de la Master Class "Braquo", d'Olivier Marchal, hier soir, à Canal plus
Dans le cadre du club 300 d’Allociné (dont je vous reparlerai -très- prochainement), et en partenariat avec Canal plus, dans les locaux de la chaine était organisée hier soir une Master Class avec Olivier Marchal, suite à la projection de quelques épisodes de la websérie documentaire « Braquo » (actuellement diffusée sur internet) consacrée à la série coréalisée par Olivier Marchal et Frédéric Schoendoerffer et programmée à la rentrée prochaine sur Canal plus. Le (très) petit nombre de blogueurs présents a contribué à procurer à cette rencontre un caractère très intime et à cet échange un caractère passionnant.
Ce web documentaire consacré à "Braquo" est une manière inédite d’annoncer la programmation d’une série, et de susciter l’intérêt et le désir du téléspectateur pour celle-ci. Ce making of réalisé sous la direction d’Olivier Marchal est constitué de 30 épisodes qui sont et seront diffusés sur internet, permettant ainsi aux internautes de s’immiscer dans les coulisses du tournage pour suivre les étapes de la conception de la série. Cette websérie documentaire imaginée par Canal+ et Capa a été confiée à un jeune réalisateur : Sacha Chelli. Depuis le 30 mars, un nouvel épisode hebdomadaire raconte donc une étape de la préparation sur le site http://www.braquo.tv : casting, formation des acteurs, crash, fusillades…
Le montage nerveux et rythmé contribue à l’immersion totale du téléspectateur et reflète parfaitement la tension et la fébrilité que génère un tournage, et celui-ci en particulier. La websérie témoigne ainsi de tout ce qui constitue un tournage : les tensions et les joies mais aussi de l’extrême précision du travail d’Olivier Marchal, de la passionnante, parfois angoissante mais surtout jubilatoire aventure que constitue un tournage comme celui-ci. Il s’y exprime sans langue de bois procurant ainsi à cette websérie le même réalisme, (évidemment me direz-vous puisqu’il s’agit ici de la réalité) qu’à la série elle-même.
Hervé Chabalier s’est déclaré particulièrement fier de « participer aux côtés de Canal à cette production originale pour le web : une websérie avant la série… la réalité précédant la fiction ! ». « Braquo, les coulisses » constitue ainsi un lieu d’expérimentation d’une nouvelle forme d’expression et d’écriture audiovisuelle. Canalplus.fr réunit en effet plus de 3 millions de visiteurs uniques mensuels et se positionne parmi les leaders de sites médias français.
Cette websérie relève donc de la volonté d’accompagner la sortie de la série « Braquo » très en amont et de tenir les internautes en haleine jusqu’à la diffusion télévisée de la série, l’objectif étant la qualité du contenu plutôt qu’un buzz inepte. Elle témoigne aussi du rôle croissant d’internet dans les stratégies de communication des diffuseurs et producteurs (et distributeurs concernant le cinéma).
Avec beaucoup de franchise, d’humilité aussi, Olivier Marchal a donc répondu aux questions concernant cette série atypique. Son souhait était avant tout de parler du « malaise grandissant », de la « difficulté d’être flic », de « la façon dont ils sont (mal)traités », estimant qu’ils méritent d’être pris en considération, qu’on s’occupe de leur mélancolie (pour ceux que le sujet intéresse, Olivier Marchal a évoqué un « Complément d’enquête » pour lequel il a été interviewé sur ce sujet, diffusé sur France 2 la semaine prochaine). Il souhaite surtout montrer ce que « l’on n’a pas encore trop vu : que de l’humain, que de l’émotion, juste des flics qui essaient de s’en sortir ». Dans cette série, tournée en 35mm (le projet initial était d’ailleurs destiné au cinéma), les enquêtes seront donc relativement anecdotiques.
Olivier Marchal s’est dit fasciné par ces policiers qu’il avait côtoyés de très près qui ont « plongé » du côté du banditisme sans qu’il s’aperçoive de rien, rien dans leur comportement ne permettant de déceler une quelconque remise en question ou encore moins cette double vie. Pour lui, il était aussi important que ses personnages restent malgré tous positifs, et que ces flics soient malgré eux obligés de commettre des exactions. Pour lui, cela pose un cas de conscience tous « ces voyous qui écrivent des livres et dont on fait des films », tout en précisant avoir écrit la bible du scénario de « Braquo »…avec un ancien braqueur.
Il a également évoqué le casting (Anglade, Duvauchelle, Rocher, Duchaussoy, Malerba), louant la prestation époustouflante d’Anglade dont la websérie permet d’entrevoir le perfectionnisme en accord avec celui du réalisateur. Des écorchés vifs plutôt que des acteurs « bankable » qui contribuent fortement au sentiment de réalisme de la série.
Olivier Marchal a aussi déclaré s’être régalé à écrire, étant réellement en empathie avec ses personnages. A une question concernant une éventuelle suite à la série de 8 fois 52 minutes, il a parlé d’une fin « ouverte et surprenante ».
Par ailleurs, Gaumont, qui a l’excellente idée de projeter actuellement un grand classique du cinéma, en projection numérique, dans certaines salles Gaumont, (un par mois, en Avril, "Le Cerveau") pour nous le faire redécouvrir pourrait aussi permettre que la série soit projetée au cinéma dans ce cadre-ci.
Il a aussi évoqué sa coréalisation avec Frédéric Schoendoerffer, salutaire selon lui en raison des journées de 20H de travail pour ce projet. Il est en tout cas très fier de cette série « noire, intense, mais jamais glauque, glamour dans son casting et son décor avec une histoire très romanesque » dont ces quelques extraits de la websérie laissent augurer le meilleur, dans la lignée des palpitants « Gangsters » ou « 36 quai des Orfèvres » (même si le ton et le cadre de la série seront différents).
Grâce à son expérience (Olivier Marchal a d'abord été policier à la P.J., inspecteur de la Brigade criminelle de Versailles et de la section antiterroriste, puis chef d'une brigade de nuit au milieu des années 1980), son cinéma est imprégné d’un réalisme, d’une justesse, d’une tension captivants mais aussi d’une direction d’acteurs précise qui ont renouvelé le polar français en lui apportant un nouveau souffle, et un style encore inédit.
Force est de constater que cette websérie inédite est terriblement efficace, qu’elle en montre suffisamment mais pas trop pour susciter le désir de voir la série qui, si elle se révèle aussi palpitante que ses coulisses, est promise à un joli succès, en tout cas souhaitons-le lui. A suivre donc à la rentrée prochaine sur Canal + pout la série et dès à présent sur http://www.braquo.tv pour la websérie vivement recommandée par Inthemoodforcinema.com .
Pitch de la série : Flics de terrain au SDPJ 92, Caplan (Jean-Hugues Anglade), Morlighem (Joseph Malerba), Vachewski (Nicolas Duvauchelle) et Roxane (Karole Rocher) interviennent sur tout le département des Hauts-de-Seine, entre Neuilly et Nanterre, quartiers chics et zones de non-droit. Mais leur vie bascule lorsque Rossi, leur commandant, injustement condamné dans une affaire, décide de se suicider. Dès lors, ils vont se lancer dans une contre-enquête pour laver son honneur et confondre ses accusateurs. Pris dans un engrenage mortel, ils vont être obligés de « monter au BRAQUO » pour sauver leur peau et protéger leurs familles. Harcelés par leur administration, poursuivis par l’IGS (la police des police), ils vont tourner le dos aux règles établies et à leurs illusions en adoptant un mode de vie régi par l’adrénaline, la prise de risque, le sang et la mort… BRAQUO suit au plus près la trajectoire de ces hommes ordinaires qui, malgré eux, vont progressivement plonger dans la violence et la paranoïa, tout en exerçant leur métier de flic.
J'étais alors (très) loin d'imaginer que quelques jours plus tard, par un mira(ge)cle, le père noël ou un mauvais plaisantin (que je préviens, le cas échéant, que je risque de me transformer en un être vengeur à côté duquel Walt Kowaslki sera un enfant de choeur), mais plutôt apparemment sur une préselection del'Agence de relations publiques "Rumeur Publique", Commeaucinema.comaurait séléctionnée mes blogs (In the mood for cinema, In the mood for Cannes, In the mood for Deauville ) parmi d'autres (j'ignorais d'ailleurs jusqu'au coup de fil m'annonçant ma sélection, hier, qu'une telle sélection aurait lieu) et donc moi-même pour que je sois leur invitée les 3 jours du Forum International Cinéma et Littérature de Monaco, munie du précieux sésame, l'accréditation professionnelle, pour assister à TOUS les évènements de ce festival!!
Outre le cadre idyllique, si je tenais tant (sans oser l'espérer!) à assister à ce festival c'est parce qu'il réunit mes deux passions, dévorantes, l'écriture et le cinéma et donc le roman et le scénario, ce festival étant devenu le rendez-vous incontournable de l'adaptation littéraire et "une véritable banque d'informations internationale pour les professionnels du cinéma, de la littérature, de la télévision, de la bande dessinée et des jeux vidéo".
Bien évidemment, je vous ferai un compte rendu en direct très "in the mood for Monaco" de cette expérience festivalière qui s'annonce palpitante, inédite, très différente des autres avec au programme: des avant-premières (« Frost-Nixon » de Ron Howard, avec Frank Langella, Michael Sheen, Sam Rockwell, d’après la pièce de Peter Morgan. En ouverture du Forum jeudi 19 « Chéri » de Stephen Frears, avec Michelle Pfeiffer et Rupert Friend, tiré du roman éponyme de Colette projeté le vendredi 20. « Je l'aimais » de Zabou Breitman, avec Daniel Auteuil et Marie-Josée Croze, tiré du roman éponyme de Anna Gavalda (éditions Le Dilettante) projeté lors de la soirée de clôture, samedi 21, en présence de l’équipe du film.), la master class d'Amos Gitaï, des tables rondes sur l'adaptation, les cérémonies d'ouverture et de clôture, et "accessoirement" les déjeuners et dîners officiels dans des conditions à la limite de l'indécence:-)...
Un compte rendu exhaustif en direct donc afin de vous faire vivre ce festival comme si vous y étiez (oui, bon, enfin presque...).
Une belle aventure en perspective, pour le moins inattendue! Ces blogs dont les buts initiaux étaient de partager mes découvertes cinématographiques et expériences festivalières, en plus de m'avoir permis de faire de très belles rencontres cinématographiques et humaines (oui, des âmes et des personnes en chair et en os se dissimulent derrière ces machines a priori déshumanisées appelées ordinateurs) suscitent donc à leur tour aussi désormais de belles pérégrinations festivalières. La petite dose de travail que cela représente parfois n'est donc rien au regard de toutes ces magnifiques expériences et du plaisir jubilatoire de pouvoir ainsi partager ma passion de plus en plus insatiable. (Si, c'est possible...)
Je me remets de mes émotions, révise le protocole (pour lequel, s'il est aussi compliqué que celui de la Monarchie Britannique, je risque de ne pas avoir assez des 15 jours à venir avant le festival pour le réviser. Qu'en sais-je du protocole britannique me direz-vous! Eh bien c'est une histoire, assez cocasse, liée au Festival du Film Britannique de Dinard ... 1999 dont j'étais membre du jury, des souvenirs d'ancienne combattante que je vous raconterai si vous êtes sages, enfin en réalité dès que j'aurai le temps) et vous reparle de ce festival, dans les moindres détails, très bientôt.
Ces prochains jours et pendant le festival, vous retrouverez ainsi donc de nouvelles informations concernant ce Forum International Cinéma et Littérature de Monaco surIn the mood for cinemamais aussi surCommeaucinema.com puisque j'aurai, de surcroît, la chance d'y avoir une page pour y partager ces pérégrinations monégasques.
Je remercie de nouveau Rumeur Publique, Commeaucinema.com de m'avoir séléctionnée, mon téléphone portable pour être tombé en panne au moment fatidique m'empêchant de réécouter le message qui l'était tout autant pour constater qu'il ne s'agissait pas d'une plaisanterie et... la SNCF pour avoir choisi le 19 mars, jour d'ouverture du festival, pour jour de grève!
Cyril Féraud, Charles Templon, Nora Arzeneder, Jeff Panacloc...et Jean-Marc, Fred Cavayé, Rémi Castillo (photo "In the mood for cinema")
Ce soir, à l'Elysées Biarritz avait lieu la 4ème cérémonie de remise des trophées des jeunes talents de l'année 2009(cliquez ici pour accéder au site officiel), cérémonie à laquelle "In the mood for cinema" était invité. Robert Hossein était le parrain de cette édition 2009.
Cette cérémonie créée par Rémi Castillo récompense les jeunes espoirs qui se sont illustrés au cours de l'année 2008 dans les disciplines suivantes: cinéma, télévision et humour...
La cérémonie a ainsi été entrecoupée de différents numéros comiques et le public a pu voter après ces prestations pour le meilleur jeune talent catégorie "humour". C'est d'ailleurs celui pour lequel j'ai voté qui a remporté ce prix: le jeune ventriloque Jeff Panacloc pour sa poésie, sa tendre drôlerie mais aussi son talent d'acteur sans lequel un tel numéro tomberait à plat. En espérant que ce prix lui permettra de trouver le producteur qu'il n'a pas encore. Ses concurrents étaient également prometteurs: le dynamique Baptiste pour son sketch "Prénoms" et "Les cuissards" pour "Les frères Flanel". Tous se démarquaient d'ailleurs par leurs talents d'acteurs.
Pour ce qui concerne le cinéma, c'est Nora Arzeneder pour "Faubourg 36" qui a été récompensée (face à Marc-André Grondin et Salomé Stévenin), consolation après son absence de nomination comme jeune espoir féminin aux César 2009, et Fred Cavayé pour son excellent premier film "Pour elle" (face à Philippe Claudel pour "Il y a longtemps que je t'aime" et face à Anna Novion pour "Les grandes personnes".)
Vous devriez retrouver ce trophée sur le plateau du Grand journal de Canal plus puisque c'est Yann Barthès (grand vainqueur aussi à l'applaudimètre) qui a obtenu le trophée du jeune journaliste. En son absence c'est ses cameramen du "Petit journal" qui ont récupéré le trophée comme vous le verrez dans la vidéo plus bas.
Le tout nouveau magazine "Studio Cinélive" était partenaire de cette cérémonie. J'en profite pour vous recommander leur nouveau blog.
Trophée du jeune animateur 2009 : Cyril Féraud (pour...(!) Le loto -France 2-)
Trophée du jeune comédien (télévision) 2009:Charles Templon (Que du bonheur- TF1)
Trophée du jeune journaliste 2009: Yann Barthès (Le petit journal-Canal +)
Trophée du jeune comédien ou de la jeune comédienne (cinéma) 2009: Nora Arzeneder (Faubourg 36)
Trophée du jeune réalisateur 2009: Fred Cavayé (Pour elle)
Robert Hossein et Céline Sciamma (lauréate 2009)
Trophée coup de coeur humour 2009: Jeff Panacloc (Jeff et Jean-Marc)
Un film de Woody Allen comme le sont ceux de la plupart des grands cinéastes est habituellement immédiatement reconnaissable, notamment par le ton, un humour noir corrosif, par la façon dont il (se) met en scène, par la musique jazz, par le lieu (en général New York).
Cette fois il ne s'agit pas d'un Juif New Yorkais en proie à des questions existentielles mais d'un jeune irlandais d'origine modeste, Chris Wilton (Jonathan Rhys-Meyer), qui se fait employer comme professeur de tennis dans un club huppé londonien. C'est là qu'il sympathise avec Tom Hewett (Matthew Goode), jeune homme de la haute société britannique avec qui il partage une passion pour l'opéra. Chris fréquente alors régulièrement les Hewett et fait la connaissance de Chloe (Emily Mortimer), la sœur de Tom, qui tombe immédiatement sous son charme. Alors qu'il s'apprête à l'épouser et donc à gravir l'échelle sociale, il rencontre Nola Rice (Scarlett Johansson), la pulpeuse fiancée de Tom venue tenter sa chance comme comédienne en Angleterre et, comme lui, d'origine modeste. Il éprouve pour elle une attirance immédiate, réciproque. Va alors commencer entre eux une relation torride...
Je mets au défi quiconque n'ayant pas vu le nom du réalisateur au préalable de deviner qu'il s'agit là d'un film de Woody Allen, si ce n'est qu'il y prouve son génie, dans la mise en scène, le choix et la direction d'acteurs, dans les dialogues et dans le scénario, « Match point » atteignant d'ailleurs pour moi la perfection scénaristique.
Woody Allen réussit ainsi à nous surprendre, en s'affranchissant des quelques « règles » qui le distinguent habituellement : d'abord en ne se mettant pas en scène, ou en ne mettant pas en scène un acteur mimétique de ses tergiversations existentielles, ensuite en quittant New York qu'il a tant sublimée. Cette fois, il a en effet quitté Manhattan pour Londres, Londres d'une luminosité obscure ou d'une obscurité lumineuse, en tout cas ambiguë, à l'image du personnage principal, indéfinissable.
Dès la métaphore initiale, Woody Allen nous prévient (en annonçant le thème de la chance) et nous manipule (pour une raison que je vous laisse découvrir), cette métaphore faisant écho à un rebondissement (dans les deux sens du terme) clé du film. Une métaphore sportive qu'il ne cessera ensuite de filer : Chris et Nola Rice se rencontrent ainsi autour d'une table de ping pong et cette dernière qualifie son jeu de « très agressif »...
« Match point » contrairement à ce que son synopsis pourrait laisser entendre n'est pas une histoire de passion parmi d'autres (passion dont il filme d'ailleurs et néanmoins brillamment l'irrationalité et la frénésie suffocante que sa caméra épouse) et encore moins une comédie romantique (rien à voir avec « Tout le monde dit I love you » pour lequel Woody Allen avait également quitté les Etats-Unis) ; ainsi dès le début s'immisce une fausse note presque imperceptible, sous la forme d'une récurrente thématique pécuniaire, symbole du mépris insidieux, souvent inconscient, que la situation sociale inférieure du jeune professeur de tennis suscite chez sa nouvelle famille, du sentiment d'infériorité que cela suscite chez lui mais aussi de sa rageuse ambition que cela accentue ; fausse note qui va aller crescendo jusqu'à la dissonance paroxystique, dénouement empruntant autant à l'opéra qu'à la tragédie grecque. La musique, notamment de Verdi et de Bizet, exacerbe ainsi encore cette beauté lyrique et tragique.
C'est aussi le film des choix cornéliens, d'une balle qui hésite entre deux camps : celui de la passion d'un côté, et de l'amour, voire du devoir, de l'autre croit-on d'abord ; celui de la passion amoureuse d'un côté et d'un autre désir, celui de réussite sociale, de l'autre (Chris dit vouloir « apporter sa contribution à la société ») réalise-t-on progressivement. C'est aussi donc le match de la raison et de la certitude sociale contre la déraison et l'incertitude amoureuse.
A travers le regard de l'étranger à ce monde, Woody Allen dresse le portrait acide de la « bonne » société londonienne avec un cynisme chabrolien auquel il emprunte d'ailleurs une certaine noirceur et une critique de la bourgeoisie digne de La cérémonie que le dénouement rappelle d'ailleurs.
Le talent du metteur en scène réside également dans l'identification du spectateur au (anti)héros et à son malaise croissant qui trouve finalement la résolution du choix cornélien inéluctable, aussi odieuse soit-elle. En ne le condamnant pas, en mettant la chance de son côté, la balle dans son camp, c'est finalement notre propre aveuglement ou celui d'une société éblouie par l'arrivisme que Woody Allen stigmatise. Parce-que s'il aime (et d'ailleurs surtout désire) la jeune actrice, Chris aime plus encore l'image de lui-même que lui renvoie son épouse : celle de son ascension.
Il y a aussi du Renoir dans ce Woody Allen là qui y dissèque les règles d'un jeu social, d'un match fatalement cruel ou même du Balzac car rarement le ballet de la comédie humaine aura été aussi bien orchestré.
Woody Allen signe un film d'une férocité jubilatoire, un film cynique sur l'ironie du destin, l'implication du hasard et de la chance. Un thème que l'on pouvait notamment trouver dans « La Fille sur le pont » de Patrice Leconte. Le fossé qui sépare le traitement de ce thème dans les deux films est néanmoins immense : le hiatus est ici celui de la morale puisque dans le film de Leconte cette chance était en quelque sorte juste alors qu'elle est ici amorale, voire immorale, ...pour notre plus grand plaisir. C'est donc l'histoire d'un crime sans châtiment dont le héros, sorte de double de Raskolnikov, est d'ailleurs un lecteur assidu de Dostoïevski (mais aussi d'un livre sur Dostoïevski, raison pour laquelle il épatera son futur beau-père sur le sujet), tout comme Woody Allen à en croire une partie la trame du récit qu'il lui « emprunte ».
Quel soin du détail pour caractériser ses personnages, aussi bien dans la tenue de Nola Rice la première fois que Chris la voit que dans la manière de Chloé de jeter négligemment un disque que Chris vient de lui offrir, sans même le remercier . Les dialogues sont tantôt le reflet du thème récurrent de la chance, tantôt d'une savoureuse noirceur (« Celui qui a dit je préfère la chance au talent avait un regard pénétrant sur la vie », ou citant Sophocle : « n'être jamais venu au monde est peut-être le plus grand bienfait »...). Il y montre aussi on génie de l'ellipse (en quelques détails il nous montre l'évolution de la situation de Chris...).
Cette réussite doit aussi beaucoup au choix des interprètes principaux : Jonathan Rhys-Meyer qui interprète Chris, par la profondeur et la nuance de son jeu, nous donnant l'impression de jouer un rôle différent avec chacun de ses interlocuteurs et d'être constamment en proie à un conflit intérieur ; Scarlett Johansson d'une sensualité à fleur de peau qui laisse affleurer une certaine fragilité (celle d'une actrice en apparence sûre d'elle mais en proie aux doutes quant à son avenir de comédienne) pour le rôle de Nola Rice qui devait être pourtant initialement dévolu à Kate Winslet ; Emily Mortimer absolument parfaite en jeune fille de la bourgeoisie londonienne, naïve, désinvolte et snob qui prononce avec la plus grande candeur des répliques inconsciemment cruelles(« je veux mes propres enfants » quand Chris lui parle d'adoption ...). Le couple que forment Chris et Nola s'enrichit ainsi de la fougue, du charme électrique, lascif et sensuel de ses deux interprètes principaux.
La réalisation de Woody Allen a ici l'élégance perfide de son personnage principal, et la photographie une blancheur glaciale semble le reflet de son permanent conflit intérieur.
Le film, d'une noirceur, d'un cynisme, d'une amoralité inhabituels chez le cinéaste, s'achève par une balle de match grandiose au dénouement d'un rebondissement magistral qui par tout autre serait apparu téléphoné mais qui, par le talent de Woody Allen et de son scénario ciselé, apparaît comme une issue d'une implacable et sinistre logique et qui montre avec quelle habileté le cinéaste a manipulé le spectateur (donc à l'image de Chris qui manipule son entourage, dans une sorte de mise en abyme). Un match palpitant, incontournable, inoubliable. Un film audacieux, sombre et sensuel qui mêle et transcende les genres et ne dévoile réellement son jeu qu'à la dernière minute, après une intensité et un suspense rares allant crescendo. Le témoignage d'un regard désabusé et d'une grande acuité sur les travers et les blessures de notre époque. Un chef d'œuvre à voir et à revoir !
« Match point » est le premier film de la trilogie londonienne de Woody Allen avant « Scoop » et « Le rêve de Cassandre ».
Il y a une semaine vous pouviez lire sur ce blog la critique des deux premiers épisodes de la saison 2 de Clara Sheller en avant-première. Nous savons depuis aujourd'hui que ces deux épisodes seront diffusés le 19 novembre, en prime time, sur France 2.