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  • Critique - LES MAGNETIQUES de Vincent Maël Cardona - Prix d'Ornano-Valenti - Festival du Cinéma Américain de Deauville

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    Les Magnétiques de Vincent Maël Cardona a obtenu aujourd'hui le prix d'Ornano-Valenti du Festival du Cinéma Américain de Deauville, toujours un gage de talent et de qualité. Il fut également présenté dans le cadre de la Quinzaine des Réalisateurs 2021. Il avait reçu le prix de la SACD. En bref, je vous donne quelques excellentes raisons de le découvrir, urgemment. Avant cela, son synopsis.

    Une petite ville de province au début des années 80. Philippe (Thimotée Robart) vit dans l’ombre de son frère, Jérôme (Joseph Olivennes), le soleil noir de la bande, extraverti, extravagant même. Entre la radio pirate, le garage du père (Philippe Frécon) et la menace du service militaire, les deux frères ignorent qu’ils vivent là les derniers feux d’un monde sur le point de disparaître. La première partie se déroule en province, entre la radio, le garage de leur père…et la belle Marianne (Marie Colomb), en stage dans le salon de coiffure local, la petite amie de Jérôme dont Philippe tombe fou amoureux. La deuxième partie se déroule à Berlin où Philippe effectue son service militaire, n’ayant pas réussi à se faire réformer.


    Ce sublime titre sied magnifiquement à ce film enfiévré de sons et de musiques qui est cela de la première à la dernière seconde. Magnétique !

    Le film débute le 10 mai 1981.  Quatre jours avant le premier tour de la Présidentielle 2022, voilà de quoi vous plonger dans l’ambiance de celle de 1981. Celle de l’’espoir et du sentiment de tous les possibles. Et d’un monde scindé en deux qu’on croyait à jamais révolu…Mais, surtout, si vous avez connu les années 1980, ce film vous insufflera forcément un parfum de nostalgie tout en étant d’une contemporanéité et modernité époustouflantes.

    Ce  film suinte la fougue, l’énergie, le désir, les certitudes folles, l’urgence ardente, la fragilité, le charme et la déraison de la jeunesse. Comme il y en a peu.

    Vous serez forcément emportés par ce maelstrom de sons, de musiques, d’émotions, ce vertige fascinant d’ondes et de lueurs stroboscopiques. Par ce montage visuel et sonore d’une inventivité rare qui sublime la puissance sensuelle des sons et de la musique. Une véritable expérience sensorielle.

    Vous serez aussi forcément fascinés par la mise en scène inspirée de Vincent Maël Cardona et ses nombreux moments d’anthologie, d’une déclaration originale sur les ondes, à une scène tout en pudeur et « magnétisme » sur la musique de Claude-Michel Schönberg. Sans oublier des plans dans l’embrasure d’une porte qui se répondent comme un hommage à John Ford.

     Vous serez forcément charmés par son héros timide et discret, interprété magistralement par Thimotée Robart (toute la distribution est d’ailleurs remarquable), un ancien perchman (une belle ironie pour un film qui met tant en valeur le son), avec sa voix qui vous emporte comme une mélopée qui vous dit : « La maladie de la jeunesse ce n'est pas de savoir ce qu'on veut mais de le vouloir à tout prix. Moi je sais ce que je veux. Je détestais ma voix. C'était tout ce que j'avais à l'intérieur tout ce que je voulais cacher. »

    Croyez-moi, ce film vous donnera envie d’empoigner, célébrer et danser la vie, l’avenir et la liberté.

    Et puis un film qui cite les Lettres à un jeune poète de Rainer Maria Rilke est forcément recommandable : « Les êtres jeunes, neufs en toutes choses, ne savent pas encore aimer ; ils doivent apprendre. »  Pour terminer, une autre citation de « Lettres à un jeune poète » (qui n’est pas dans le film mais qui pourrait s’appliquer à celui-ci) : « Si beaucoup de beauté est ici, c'est que partout il y a beaucoup de beauté. »

  • Critique de 99 HOMES de Ramin Bahrani- Hommage à Michael Shannon - Festival du Cinéma Américain de Deauville

     

    cinéma, Deauville, Festival du Cinéma Américain, Michael Shannon, Deauville, Normandie, film

    "99 homes" a reçu le grand prix du Festival du Cinéma Américain de Deauville 2015.

    Le film était projeté aujourd'hui à Deauville, dans le cadre de l'hommage à Michael Shannon, Deauville Talent Award 2022.

    Malgré leur diversité de styles, d’époques, de points de vue (14 films étaient ainsi présentés en compétition), des thématiques communes se dégageaient ainsi des films en lice du Festival du Cinéma Américain de Deauville 2015 : des personnages avides de liberté, emprisonnés dans un quotidien étouffant, une vie qu’ils n’ont pas choisie à laquelle ils désirent échapper, englués dans les difficultés économiques, marqués par l’absence du père et/ou le deuil comme la métaphore d’un monde en quête de (re)pères et d’un nouveau souffle de liberté. Comme chaque année, cette compétition nous donnait à voir une autre Amérique, l’envers de l’American dream, les failles et blessures qui se cachent derrière l’étincelante bannière étoilée, la réalité souvent crue que le cinéma américain préfère habituellement dissimuler et édulcorer. En cela, ce fut une plongée passionnante dans une autre Amérique.

    Le film qui a reçu le Grand prix « 99 homes » de Ramin Bahrani explore d’ailleurs ces différentes thématiques. Un homme dont la maison vient d’être saisie par sa banque (Andrew Garfield), se retrouve à devoir travailler avec le promoteur immobilier véreux (Michael Shannon) qui est responsable de son malheur.

    Cela commence par une image choc. Un homme ensanglanté, mort, chez lui. Dès le début, musique, montage vif, caméra fébrile au plus près des visages contribuent à souligner le sentiment d’urgence, de menace qui plane.

    Si la situation est manichéenne: les autorités contre les propriétaires expulsés tels les méchants contre les gentils d’un western dont le film emprunte d’ailleurs les codes (à l’image du film qui a reçu le prix d’Ornano Valenti du festival, un de mes coups de cœur de ce festival, « Les Cowboys » de Thomas Bidegain), bien vite le spectateur décèle la complexité de la situation (notamment grâce au jeu plus nuancé qu’il ne semble de Michael Shannon, dont le cynisme se craquèle par instants fugaces), un « far west » des temps modernes dans lequel chacun lutte pour sa survie, au mépris de la morale.

    C’est l’envers de l’American dream. Dans cette Amérique-là, pour faire partie des « gagnants », tous les coups sont permis. Ramin Bahrani a retranscrit des situations réelles d’expulsion pour enrichir son film, lui apportant un aspect documentaire intéressant qui montre comment la machine (étatique, judiciaire, bancaire) peut broyer les êtres et les âmes.

    Dommage cependant que, pour appuyer un propos déjà suffisamment fort et qui se suffisait à lui-même, il ait fallu recourir à cette musique dont l’effet d’angoisse produit est certes incontestable mais qui est peut-être superflue.

    Le drame social devient alors thriller. La fin (sauver sa peau) justifie alors les moyens, tous les moyens. L’homme qui travaille pour le promoteur immobilier (avec lequel une sorte de relation filiale s’établit, l’un et l’autre ayant en commun de ne pas vouloir devenir ce que leurs pères furent, à tout prix), prêt à tout pour sauver sa famille, même faire vivre à d’autres le même enfer que celui qu’il a vécu (en essayant tout de même d’y mettre les formes) deviendra-t-il un parfait cynique ou finira-t-il par recouvrer une conscience, une morale? C’est autour de ce suspense que tient le film.

    La tension culmine lors de la scène finale, attendue, et qui finalement emprunte là aussi aux codes du western: la morale est sauve. N’est-elle pas un peu facile ? Je vous en laisse juges…

    « Sa force dramatique intense et son interprétation absolument exceptionnelle » ont convaincu le jury de lui attribuer le Grand prix comme l’a expliqué son président, le cinéaste Benoît Jacquot qui, lors de la clôture, a d’ailleurs précisé que le jury n’avait vu « quasiment que de bons films ». Un thriller social que je vous recommande.

  • Critique de JOHN AND THE HOLE de Pascual Sisto (Compétition - Festival du Cinéma Américain de Deauville)

    cinéma, Deauville, Festival du Cinéma Américain de Deauville, John and the hole, film, Deauville

    John (Charlie Shotwell) ressemble à tous les collégiens de son âge ; élève moyen, il aime jouer aux jeux vidéo en ligne avec ses copains. En famille aussi, il se sent bien… Un jour, avec le drone que lui a offert son père, il découvre, par hasard, au fond de son jardin, un vieux bunker. Contre toute attente, il décide d’y enfermer sa sœur et ses parents après les avoir drogués...

    John se révèle rapidement différent des autres enfants : froid et détaché. Une atmosphère de menace latente pèse sur la famille qui vit dans une maison moderne et dénuée d’âme comme un miroir du jeune John. Les repas se déroulent dans un quasi-silence seulement rompu par des échanges sans intérêt. John est inscrit pour des compétitions de tennis, ce qui semble réjouir son père mais le laisser comme tout le reste : froid et indifférent. L’étrangeté s’immisce peu à peu et commence avec le mensonge de John qui raconte avoir perdu son drone pourtant toujours en sa possession.

    Il pose constamment des questions décalées et étranges pour son jeune âge. Avec son meilleur ami Peter, les jeux auxquels ils s’adonnent tournent souvent autour de la mort dans la piscine, ce qui ne fait que renforcer l’impression de menace sous-jacente. Une fois son plan diabolique mis à exécution, John considère ses parents et sa sœur avec une indifférence terrifiante comme s’ils étaient déshumanisés, comme des animaux de laboratoire ou comme des jouets inanimés.

    Les plans sont aussi maîtrisés et longs que les dialogues sont parcimonieux. Le spectateur est à l’affût du moindre indice, captivé par cette ambiance. Un jeu subtil de mise en abyme apparaît peu à peu par le truchement d’une mère qui  raconte à sa petite fille l’histoire de John et le trou, ajoutant encore un degré de mystère et d’étrangeté.

    Mystérieux, palpitant, singulier, glacial, glaçant, perturbant, ce premier long-métrage qui fait confiance au spectateur pour se créer son propre film (et cela fait un bien fou) doit aussi beaucoup à l’interprétation énigmatique et inquiétante du jeune Charlie Shotwell, déjà remarqué dans The  Nest et Captain Fantastic qui furent aussi projetés et récompensés à Deauville. Il y a du Haneke et du Lanthimos dans ce film mais surtout du Pascual Sisto, un cinéaste à part et sans aucun doute à suivre. Un film qui sort des sentiers battus qui bouscule et interroge. Une pépite à voir absolument !

  • Critique de L'AMOUR, C'EST MIEUX QUE LA VIE de Claude Lelouch - Première du Festival du Cinéma Américain de Deauville

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    Rendez-vous sur mon compte instagram (@sandra_meziere) pour retrouver les vidéos de la mémorable présentation du film lors de la première mondiale qui eut lieu dans le cadre du Festival du Cinéma Américain de Deauville 2021.

     « Qu'est-ce que vous choisiriez : l'art ou la vie ? » demande le personnage de Jean-Louis Trintignant dans Un homme et une femme.  « La vie est le plus grand cinéaste du monde » a aussi coutume de répéter Claude Lelouch. En 50 films, il n’a en effet eu de cesse de célébrer la vie. La plus flamboyante de ses réussites fut bien sûr Un homme et une femme, palme d’or à Cannes en 1966, Oscar du meilleur film étranger et du meilleur scénario parmi 42 autres récompenses. Un film qui narre la rencontre de deux solitudes blessées et qui prouve que les plus belles histoires sont les plus simples et que la marque du talent est de les rendre singulières et extraordinaires. La caméra de Lelouch y scrute les âmes. Par une main qui frôle une épaule si subtilement filmée. Par le plan d'un regard qui s'évade et s'égare. Par un sourire qui s'esquisse. Par des mots hésitants ou murmurés. Le tout sublimé par la musique de Francis Lai. Dans chacun de ses films, on retrouve ses « fragments de vérité », sa vision romanesque de l’existence, ses aphorismes, des sentiments grandiloquents, une naïveté irrévérencieuse (là où le cynisme est plus souvent roi), les hasards et coïncidences et leur beauté parfois cruelle. Et des personnages toujours passionnément vivants. Dans chacun de ses films, la vie est un jeu. Sublime et dangereux. Grave et léger.  Aujourd’hui sort en salles le 50ème film de Claude Lelouch qui fut présenté en première mondiale au Festival du Cinéma Américain de Deauville.  Même si à ce  film, je préfère Un homme et une femmeLa bonne année (un des films préférés de Kubrick qui montrait ce film à ses comédiens avant de tourner), Itinéraire d’un enfant gâté, magnifique métaphore du cinéma qui nous permet de nous faire croire à l’impossible, y compris le retour des êtres disparus.  Ou encore Les plus belles années d’une vie avec ce visage de Trintignant qui soudain s'illumine par la force des souvenirs de son grand amour, comme transfiguré, jeune, si jeune soudain et quelle intensité poétique et poignante lorsqu’Anouk Aimée est avec lui comme si le cinéma (et/ou l'amour) abolissai(en)t les frontières du temps de la mémoire. Encore un des pouvoirs magiques du cinéma auquel ce film est aussi un hommage. Comme chacun des films de Lelouch l’est. Chacun de ses films est en effet une déclaration d’amour. Au cinéma. Aux acteurs. À la vie. À l’amour. Aux hasards et coïncidences. Si « L’amour, c’est mieux que la vie » ne m’a pas autant enchantée que certains de ses films précédents, je vous le recommande néanmoins, ne serait-ce que pour Sandrine Bonnaire qui y est  lumineuse comme elle ne l’a jamais été et dont chaque apparition est un moment d’anthologie. En préambule des « Plus belles années d’une vie » figure une citation de Victor Hugo : « Les plus belles années d’une vie sont celles qu’on n’a pas encore vécues ». Alors, en ces temps moroses, laissons-nous embarquer par ce nouvel hymne à la vie, à l’image de son actrice principale, dotée d’un charme auquel on pardonne tout.

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  • Critique de JANE PAR CHARLOTTE de Charlotte Gainsbourg - Festival du Cinéma Américain de Deauville 2021

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    Les magnétiques. Tel est le titre du film lauréat du prix d'Ornano-Valenti de ce Festival du Cinéma Américain de Deauville 2021. Tel pourrait aussi être celui de ce documentaire réalisé et présenté par Charlotte Gainsbourg, présidente du jury de cette édition 2021 du festival.

    Parfois les films qui provoquent les voyages les plus intenses ne sont pas les plus clinquants ou démonstratifs. Plutôt que d’évoquer « Dune » (dont le principal mérite de sa projection à Deauville fut de nous permettre de mesurer l’impressionnant son immersif du Centre International de Deauville), quelques mots sur le documentaire projeté dans le cadre de « L’heure de la Croisette » intitulé  « Jane par Charlotte» dans lequel Charlotte Gainsbourg « capture l'instant présent » reprenant ainsi les mots et la démarche de Varda (le titre se réfère à "Jane B. par Agnès V") mais avec sa singularité et sa sensibilité, à fleur de peau. Un dialogue intime mais jamais impudique entre Gainsbourg et Birkin qui, pendant 3 ans et avec un dispositif minimaliste, au gré des voyages, du Japon à la Bretagne en passant par les États-Unis, et au gré de l’évocation des « petits riens » devient un dialogue universel entre une mère et sa fille, un zoom progressif d'une fille sur sa mère, sans fards. Jane Birkin y apparaît telle qu’elle est : sans méfiance, fantasque, empathique. Mais aussi seule, insomniaque, tourmentée. Tourmentée par les deuils et leurs chagrins inconsolables. La maladie. Le drame ineffable la perte de sa fille Kate. Le temps insatiable et carnassier qui altère la beauté et emporte les êtres chers. Au milieu de tout cela, la visite « comme dans un rêve » de la maison de la rue de Verneuil, l'ombre de Serge Gainsbourg et les silences éloquents et émouvants. Le portrait d’une femme majestueuse. Un portrait qui s’achève par la voix mélodieuse et les mots bouleversants de sa fille se livrant à son tour, enfin, et évoquant la peur terrifiante et universelle de la perte de sa mère et qui, par ce film, tente d'appréhender l'inacceptable, de l'apprivoiser, de retenir chaque poussière d’instant en compagnie de celle dont l'intermédiaire de la caméra lui permet paradoxalement de se rapprocher. Un bijou de tendresse et d’émotion portée par une judicieuse BO (de Bach aux interludes électroniques de Sebastian). D’humour aussi, d'humour beaucoup, grâce au regard décalé, espiègle et clairvoyant que Jane Birkin porte sur elle-même, la vie, les autres, mais aussi celui que sa fille porte sur sa mère. Un film comme elles, réservées et terriblement audacieuses : riche de leurs séduisants paradoxes. Léger dans la forme et teinté de touches de gravité. Libre aussi. Et encore cela : délicat, iconoclaste, éperdument vivant et attachant. Un documentaire qui, en capturant le présent et sa fragilité, nous donne une envie folle d’étreindre chaque seconde de notre vie et aux filles de s'accrocher à leurs mères comme elles deux dans ce dernier plan avec l'illusion d'empêcher ainsi l'inexorable, que la vague effroyable de l'impitoyable faucheuse ne les emporte un jour, à tout jamais...


    Je voudrais remonter le temps. Redevenir celle qui, en 1999, avait eu la chance de partager 5 jours mémorables avec Jane Birkin en tant que membre d'un jury qu'elle présidait au Festival du Film Britannique de Dinard (petite digression pour vous dire que la 32ème édition 2021 a lieu en ce moment, jusqu’au 3 octobre). Et lui dire à quel point sa bienveillance, cette confiance sans filtre envers les autres qui transpire dans ce documentaire, m'avaient émue...Et lui dire merci tout simplement.  Alors merci Jane et merci Charlotte Gainsbourg pour ce portrait qui entremêle les émotions, nuancé aussi à l'image du film de clôture de ce festival, le magistral dernier long-métrage de Yvan Attal, "Les choses humaines" dont je vous parlerai plus tard.

    "Jane par Charlotte" sort en salles le 27 octobre. Et vous l'aurez compris : je vous le recommande vivement. 

    Rendez-vous sur mon compte instagram (@sandra_meziere) pour retrouver les vidéos de la présentation du film dans le cadre du Festival du Cinéma Américain de Deauville.

  • Critique de JANE PAR CHARLOTTE de Charlotte Gainsbourg - Festival du Cinéma Américain de Deauville 2021

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    Les magnétiques. Tel est le titre du film lauréat du prix d'Ornano-Valenti de ce Festival du Cinéma Américain de Deauville 2021. Tel pourrait aussi être celui de ce documentaire réalisé et présenté par Charlotte Gainsbourg, présidente du jury de cette édition 2021 du festival.

    Parfois les films qui provoquent les voyages les plus intenses ne sont pas les plus clinquants ou démonstratifs. Plutôt que d’évoquer « Dune » (dont le principal mérite de sa projection à Deauville fut de nous permettre de mesurer l’impressionnant son immersif du Centre International de Deauville), quelques mots sur le documentaire projeté dans le cadre de « L’heure de la Croisette » intitulé  « Jane par Charlotte» dans lequel Charlotte Gainsbourg « capture l'instant présent » reprenant ainsi les mots et la démarche de Varda (le titre se réfère à "Jane B. par Agnès V") mais avec sa singularité et sa sensibilité, à fleur de peau. Un dialogue intime mais jamais impudique entre Gainsbourg et Birkin qui, pendant 3 ans et avec un dispositif minimaliste, au gré des voyages, du Japon à la Bretagne en passant par les États-Unis, et au gré de l’évocation des « petits riens » devient un dialogue universel entre une mère et sa fille, un zoom progressif d'une fille sur sa mère, sans fards. Jane Birkin y apparaît telle qu’elle est : sans méfiance, fantasque, empathique. Mais aussi seule, insomniaque, tourmentée. Tourmentée par les deuils et leurs chagrins inconsolables. La maladie. Le drame ineffable la perte de sa fille Kate. Le temps insatiable et carnassier qui altère la beauté et emporte les êtres chers. Au milieu de tout cela, la visite « comme dans un rêve » de la maison de la rue de Verneuil, l'ombre de Serge Gainsbourg et les silences éloquents et émouvants. Le portrait d’une femme majestueuse. Un portrait qui s’achève par la voix mélodieuse et les mots bouleversants de sa fille se livrant à son tour, enfin, et évoquant la peur terrifiante et universelle de la perte de sa mère et qui, par ce film, tente d'appréhender l'inacceptable, de l'apprivoiser, de retenir chaque poussière d’instant en compagnie de celle dont l'intermédiaire de la caméra lui permet paradoxalement de se rapprocher. Un bijou de tendresse et d’émotion portée par une judicieuse BO (de Bach aux interludes électroniques de Sebastian). D’humour aussi, d'humour beaucoup, grâce au regard décalé, espiègle et clairvoyant que Jane Birkin porte sur elle-même, la vie, les autres, mais aussi celui que sa fille porte sur sa mère. Un film comme elles, réservées et terriblement audacieuses : riche de leurs séduisants paradoxes. Léger dans la forme et teinté de touches de gravité. Libre aussi. Et encore cela : délicat, iconoclaste, éperdument vivant et attachant. Un documentaire qui, en capturant le présent et sa fragilité, nous donne une envie folle d’étreindre chaque seconde de notre vie et aux filles de s'accrocher à leurs mères comme elles deux dans ce dernier plan avec l'illusion d'empêcher ainsi l'inexorable, que la vague effroyable de l'impitoyable faucheuse ne les emporte un jour, à tout jamais...


    Je voudrais remonter le temps. Redevenir celle qui, en 1999, avait eu la chance de partager 5 jours mémorables avec Jane Birkin en tant que membre d'un jury qu'elle présidait au Festival du Film Britannique de Dinard (petite digression pour vous dire que la 32ème édition 2021 a lieu en ce moment, jusqu’au 3 octobre). Et lui dire à quel point sa bienveillance, cette confiance sans filtre envers les autres qui transpire dans ce documentaire, m'avaient émue...Et lui dire merci tout simplement.  Alors merci Jane et merci Charlotte Gainsbourg pour ce portrait qui entremêle les émotions, nuancé aussi à l'image du film de clôture de ce festival, le magistral dernier long-métrage de Yvan Attal, "Les choses humaines" dont je vous parlerai plus tard.

    "Jane par Charlotte" sort en salles le 27 octobre. Et vous l'aurez compris : je vous le recommande vivement. 

    Rendez-vous sur mon compte instagram (@sandra_meziere) pour retrouver les vidéos de la présentation du film dans le cadre du Festival du Cinéma Américain de Deauville.

  • Conversation avec Johnny Depp - Festival du Cinéma Américain de Deauville

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    L'évènement de de dimanche à Deauville fut la passionnante rencontre avec Johnny Depp dont voici quelques citations qui témoigne de la liberté et du souci d'indépendance de l'acteur mais aussi de sa place singulière dans le cinéma américain.

    "-Je ne suis pas certain d'avoir eu envie d'être un acteur. Je n'en suis pas encore certain maintenant.
    -La télévision était le diable pour moi
    - La Fox m'a transformé en produit ce que je n'étais pas. C'était la meilleure école que je puisse avoir car il n'y a pas meilleur moyen d'apprendre le processus pendant des mois.
    -Je n'aimais pas l'idée d'être labellisé
    -Je voulais être viré de 21 Jump Street. J'ai tout essayé mais je n'ai pas réussi pendant 2 ans.
    Je ne suis pas à l'aise avec le mot fan car il y a les gens qui paient pour aller voir le film,  . Avant d'être mes fans ce sont mes employeurs.
    -J'aime bien mes aspects cassés des personnages car on a tous en nous quelque chose de cassé.
    -Vous vous sentez très seul quand vous faites ces choix mais le il faut. Qui d'autre ?
    -Mickael Jackson, Tom Hanks... voulaient le rôle d'Edward mais la Fox pensait que la meilleure option était Tom Cruise. Il aurait  été bon à sa façon.
    -Je pleure devant la pureté, devant cette histoire.
    - Tim a été le premier  à me comprendre moi, qui je suis.
     - Burton s'est opposé aux studios et Burton a tenu bon pour m'imposer.
    - Le scénario de Edward m'a ému, bouleversé."

    D'autres extraits en vidéo sur mon compte instagram.

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