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50ème festival du cinéma américain de deauville

  • 50ème Festival du Cinéma Américain de Deauville : cérémonie de clôture, palmarès et critique de FINALEMENT de Claude Lelouch

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    Parmi les films projetés dans le cadre de l’hommage à Michelle Williams figurait The Fabelmans de Spielberg.  Un film qui est une déclaration d’amour fou à ses parents et au cinéma. Un film mélancolique, flamboyant, intime et universel. Une ode aux rêves qu’il faut poursuivre coûte que coûte, malgré le danger, comme on pourchasserait une tornade dévastatrice. Un film sur le pardon, la curiosité. À fleur de peau. À fleur d’enfance. La force du cinéma en un film. Le cinéma qui transcende, transporte, révèle. Qui mythifie la réalité et débusque le réel. Le cinéma qui éclaire et sublime la réalité comme une danse à la lueur des phares. L’art cathartique aussi comme instrument de distanciation. L’art qui capture la beauté, même tragique. 

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    C’est tout ce cinéma-là, aussi, qu’a célébré cette 50ème édition du Festival du Cinéma Américain de Deauville, une édition particulièrement enthousiasmante. Ce soir était venue l’heure de clore cette mémorable édition 2025.

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    Je n’ai pas eu le temps de vous parler de tous les films vus, je le ferai ultérieurement. ¨Parmi ces films, Megalopolis de Coppola, présenté en avant-première dans le cadre du festival, film dans lequel figurent quelques plans mémorables et moments poétiques comme celui lors duquel le démiurge César/ Driver/Coppola suspend littéralement le vol du temps et des images, même si le reste du film est désordonné, trop foisonnant d'idées et thèmes (passionnants pourtant)  peut-être. Coppola a par ailleurs bouleversé les festivaliers en évoquant son épouse récemment disparue. Mais je m’égare...

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    Revenons à cette clôture et cette cérémonie du palmarès lors de laquelle Natalie Portman (après l’inauguration de sa cabine sur les planches cet après-midi) a reçu un Deauville Talent Awar, remis par Isabelle Adjani qui a adressé une véritable déclaration d’admiration à l’actrice américaine : "Black swann est un film dingue dans lequel ton interprétation est dingue. Il y a eu All about eve. Il y aura désormais May december." Elle est aussi revenue sur son engagement et le rôle cruciale qu’elle a joué dans #Metoo :

    « Vous, Natalie Portman, n’avez cessé d’incarner des films (…) dont le cinéma à besoin. Vous êtes une actrice plurielle, une beauté de tous les temps, une diplômée de Harvard, une féministe engagée, citoyenne du monde, réalisatrice et productrice. Que faut-il avoir de plus pour donner un sens plus humain à la définition de star ? »

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    Avec un discours passionné et engagé, Natalie Portman a prouvé à quel point elle méritait cette admiration et cette distinction.

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    Parmi la compétition officielle qui comptait 14 films, 8 étaient des premiers longs-métrages, témoignant ainsi du rôle de découvreur de talents de ce festival.

    Le Prix Barrière a ainsi été attribué à La Cocina d’Alonso Ruizpalacios, film dont je vous avais parlé ici il y a quelques jours. « Quand j’ai dit à mon père que j’allais à Deauville, il m’a dit que c’était la ville de Un homme et une femme. C’est son film préféré. Merci à lui de m’avoir permis d’être là », a ainsi déclaré le réalisateur.

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    Je vous laisse découvrir le reste du palmarès ci-dessous dans lequel figure aussi mon favori, Color book de David Fortune qui a reçu le prix de la critique, un film poignant d'une grande tendresse et sensibilité auquel sied parfaitement son noir et blanc d'une douceur mélancolique.

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    La soirée s’est achevée avec la projection du 51ème film de Claude Lelouch, Finalement, en présence d’une partie de l’équipe du film. Je vous en propose ma critique, ci-dessous, sous le palmarès.

    PALMARES 
    Grand Prix
    IN THE SUMMERS d'Alessandra Lacorazza Samudio
    Prix du Jury
    THE KNIFE de Nnamdi Asomugha
    Prix Barrière du 50ème
    LA COCINA de Alonso Ruizpalacios
    Prix de la Révélation 2024
    IN THE SUMMERS d'Alessandra Lacorazza Samudio
    Prix du Public de la Ville de Deauville
    THE STRANGERS' CASE de Brandt Andersen
    Prix de la Critique
    COLOR BOOK de David Fortune

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    Prix CANAL + spécial 50e anniversaire
    THE SCHOOL DUEL de Todd Wiseman Jr.
    Prix d’Ornano-Valenti 2024
    RABIA de Mareike Engelhardt

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    Critique de FINALEMENT de Claude Lelouch

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    Un film de Claude Lelouch est toujours un évènement, a fortiori lorsqu’il est projeté en avant-première dans la ville qu’il a immortalisée par ce chef-d’œuvre qu’est Un homme et une femme (palme d’or 1966). L’émotion était d’autant plus au rendez-vous que cette projection a lieu quelques semaines seulement après le décès d’Anouk Aimée (à qui le festival a rendu un bouleversant hommage en ouverture).

    Dans ce 51ème film, Claude Lelouch nous invite à un inclassable et jubilatoire road movie dans lequel Kad Merad, qui porte ici le prénom de…Lino, avocat, devenu subitement « sans filtre » (moment de folie et/ou de lucidité) à cause d’une maladie, décide de disparaître et de partir sur les routes de France, seul et sans but…

    Pour ce film Claude Lelouch nous fait sillonner les routes de France qu’il filme amoureusement, de la baie du Mont-Saint-Michel (où a été tournée la très originale et intrigante bande annonce du film), à la Bourgogne, en passant par Béziers, Avignon, Le Mans, et évidemment Paris, là où vit la femme de Lino, Léa (Elsa Zylberstein, qui tourne ici pour la cinquième fois sous la caméra de Claude Lelouch), ses deux enfants dont Barbara (Barbara Pravi) et son frère (Boaz Lelouch), sa mère (Marie-France Pisier) et son meilleur ami (Michel Boujenah) sans oublier sa demi-sœur (Sandrine Bonnaire) qu’il rencontre pour la première fois alors qu’elle est mise en cause pour proxénétisme. Raphaël Mezrahi, Clémentine Celarié, Dominique Pinon, Julie Ferrier, Lionel Abelanski et François Morel font également partie de cet impressionnant casting. Et surtout la remarquable Françoise Gillard dans le rôle de Manon à qui l’on souhaite de nombreux autres rôles au cinéma après celui-ci. Elle crève et illumine littéralement l’écran par sa justesse remarquable et son sourire qui irradie.

    Entre comédie musicale et road movie, teinté de fantastique (avec l’apparition de Jésus, et ses disciples,) et de Dieu), ce film fait l’éloge de l’amour, la famille, la liberté…mais aussi du cinéma avec des références explicites à Sur la route de Madison de Clint Eastwood ( ce film qui se « termine par des souvenirs, de beaux souvenirs ») et à La Grande Illusion de Jean Renoir.

    Ce film ravira les inconditionnels du cinéma de Claude Lelouch (dont je suis) avec ses aphorismes récurrents (« On ne meurt pas d’une overdose de rêves », « Le pire n’est jamais décevant ») mais surtout avec de nombreuses références à ses anciens films, en particulier La Bonne année (Lino est ici le fils qu’auraient eu les personnages incarnés par Marie-France Pisier et Lino Ventura dans La Bonne année, rappelons-le le film préféré d’un certain …Kubrick) mais aussi L’aventure c’est l’aventure puisque Sandrine Bonnaire est ici la fille du personnage incarné par Nicole Courcel, leader du syndicat des prostituées dans le film en question. Le film fait aussi penser à Itinéraire d’un enfant gâté dans lequel Sam Lion (Jean-Paul Belmondo) disparaissait également.

    Chaque minute de ce film transpire de l’amour de la vie du cinéaste qui ne cesse de la sublimer. Empreint de nostalgie et de musique, ce nouveau long métrage est particulièrement séduisant. En apparence désordonné, il est au contraire particulièrement bien construit, entremêlant plusieurs récits (comme celui de l’autrice incarnée par Marianne Denicourt qui pourrait être le sujet d'un long-métrage entier).

    Le film commence par le spectacle d’un homme qui imagine ce qu’il ferait si la fin du monde avait lieu dans deux ans, et c’est finalement ce à quoi nous enjoint le cinéaste : profiter de chaque poussière de seconde.  D’emblée, le film est annoncé comme « une fable mise en scène par Claude Lelouch ». Une fable mélancolique et joyeuse, truffée de bonnes idées de scénario et de mise en scène qui prouvent que le cinéaste fourmille toujours d’imagination, et qu'il n'a rien perdu de sa fantaisie comme l’idée de cet avocat qui endosse les personnalités de ses clients, ce qui laisse perplexe ceux qui le prennent en stop puisqu’il leur raconte les pires horreurs qu’il aurait commises. C’est aussi déroutant que réjouissant pour le spectateur. L’avocat spécialisé dans les affaires de mœurs,  pour mieux comprendre les clients qu’il défend, se met ainsi à leur place.

    Une ode à la folie des sentiments mais aussi à la musique, «  le plus beau des médicaments » portée par celle d’Ibrahim Maalouf et les chansons de Barbelivien dont celle qui porte le titre du film, interprétée au dénouement par Barbara Pravi et Kad Merad, avec laquelle nous quittons la salle, bouleversés par cet instant de magie et par cette « histoire d’amour entre un piano et une trompette » qui nous donne envie d’empoigner la vie parce que  « Vivre mal, c'est pire que mourir » et « tout ce qu’on fait dans la vie, c’est pour aimer et être aimé ». Merci Monsieur Lelouch pour ce 51ème film, en espérant que ce Finalement porte mal son titre et qu'il ne s'agira pas du dernier...

       

     

  • Première - Festival du Cinéma Américain de Deauville 2024 - Critique de ANORA de Sean Baker

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    Après la remise du prix du Nouvel Hollywood à Mikey Madison fut projeté le dernier film de Sean Baker, palme d'or du Festival de Cannes 2024 : Anora.

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    Décidément, les films de la compétition du Festival de Cannes 2024 cassait les codes. Après le délicieusement hybride Emilia Perez, c’est à une nouvelle lecture du conte de Cendrillon que nous invitait Sean Baker avec Anora, lequel avait déjà réalisé sa relecture du conte de Perrault avec Tangerine en 2015 (prix du jury du Festival du Cinéma Américain de Deauville cette année-là).

    Anora (Mikey Madison) est une jeune strip-teaseuse de Brooklyn qui se transforme en Cendrillon des temps modernes lorsqu’elle rencontre le fils d’un oligarque russe. Sans réfléchir, elle épouse avec enthousiasme son prince charmant ; mais lorsque la nouvelle parvient en Russie, le conte de fées est vite menacé : les parents du jeune homme partent pour New York avec la ferme intention de faire annuler le mariage... et le « prince charmant » s’avère aussi riche que lâche. Anora se retrouve alors prise dans une course folle…

    Le cinéaste américain a fait le choix de tourner son film en 35 mm avec des optiques anamorphiques, afin de se rapprocher de l’esthétique du cinéma des années 70. Avec son chef opérateur Drew Daniels ils ont aussi privilégié la caméra à l’épaule, ce qui contribue à l’atmosphère frénétique, à la vivacité, au sentiment d’urgence constant mais aussi au réalisme.

    Drôle, féroce, déjanté, Anora est sans cesse surprenant jusqu’au dénouement, une véritable rupture de ton totalement inattendue, qui nous bouleverse littéralement et qui pourrait bien valoir la récompense suprême à ce film aussi inclassable que celui de Jacques Audiard, autre sérieux prétendant à la palme d’or.

    C’est une Amérique désabusée que portraiture ici Sean Baker, entre comédie, road movie et thriller. Un film empreint de la fougue de la jeunesse de son héroïne qui croit au conte de fées et à la comédie romantiques avec les codes desquelles Sean Baker jongle malicieusement en nous embarquant sur des voies inattendues, confrontant la couardise des hommes au courage de sa jeune protagoniste, loin des clichés.

    Mikey Madison crève littéralement l’écran du début à la fin. Il est impossible d’imaginer une autre actrice pour incarner Anora à laquelle elle apporte toute sa puissance tragi-comique.

    Avec ce conte de fées réécrit qui est aussi son huitième film, Sean Baker lorgne du côté des frères  Coen et a surtout réalisé un film aussi imprévisible que jubilatoire, burlesque, rythmé, déjanté. A l’image de son héroïne, il ose constamment pour notre plus grand plaisir.  Un conte à la fois cruel et mélancolique, débridé et poignant quand il se pose enfin…et nous cueille totalement après cette course effrénée, trépidante et passionnante.

  • 50ème Festival du Cinéma Américain de Deauville - Conversation avec James Gray

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    Un des évènements de cette 50ème édition auquel il était pour moi impossible de ne pas assister était la conversation avec James Gray animée par Gaël Golhen. En sep­tembre 1994, le cinéaste américain marquait les festivaliers deauvillais avec Little Odessa pour lequel le festival lui avait décerné le prix de la critique internationale.

    Depuis, son œuvre singulière l'a imposé comme un des cinéastes majeurs du cinéma américain, en seulement 8 longs métrages, toujours à la frontière entre cinéma de studio et cinéma indépendant.

    Récemment, il était venu présenter à Deauville Armageddon time dont je vous avais dit, ici, tout le bien que j'en pensais.

    L’intégralité de sa fil­mo­gra­phie est éga­le­ment pro­je­tée pen­dant le festival.

    Voici quelques extraits de cette passionnante master class lors de laquelle il a évoqué Alain Delon, Donald Trump, et évidemment sa propre filmographie :

    « On demande tout le temps aux artistes de résoudre des échecs sociaux ou politiques mais notre rôle est de communiquer la beauté, ce qui transcende tout cela. Transcender la réalité. »

    « La beauté pour moi, c'est Gene Hackman, il faisait voir son âme, il offrait son âme et c'est cela qui faisait apparaître la beauté dans son jeu. »

    « Pour moi, dans le monde industriel, les sociétés modernes, il y a un autoritarisme dangereux, on regarde l'économie le pays va bien, il y a des types affreux qui monopolisent la parole. Le problème vient du déclin de la religion, cela a créé un vide. On demande à des artistes de remplir ce vide. Beaucoup de gens sont en colère qu'ils n'arrivent pas à verbaliser. Le cinéma est important pour faire passer un message d'authenticité, des sentiments plus que de la vérité. »

    « Les films de super héros sont des films comme Mac Do, on les consomme très vite et oublie très vite. Alain Delon donne envie de trouver le milieu entre le grand spectacle d »connecté de la réalité et l'authenticité. Transcender tout cela pour faire voir d'une autre manière la laideur qui nous entoure. »

    « Pour moi, cinéma américain et français ne sont pas antinomiques. Dans les studios américains, à une certaine époque les réalisateurs étaient nés en Europe et ont émigré aux États-Unis donc ces cinéastes avaient une sensibilité européenne et l'esprit le poids de l'histoire. »

    « Au moment du covid, j'ai eu envie de lire des choses que je n'avais pas lues et de redécouvrir les 7 grandes pièces de Sophocle dont Ajax qui, bien que très ancienne, est complètement d’actualité, elle parle d'une confrontation honnête avec le conflit qui existe dans nos âmes. Elle demande d'aimer les humains pour leurs défauts et pas sûrement leurs qualités. Le rôle d'un artiste est de faire aimer les humains pour ce qu'ont de plus imparfait. »

    « L'artiste doit trouver une corrélation objective arriver à étendre notre sens de l'empathie pour les personnages. Faire voir un conflit interne. »

    « Si vous enlevez la musique de Delerue, Le Mépris ne serait pas la moitié du film qu'il est. »

    « Parfois j'échoue. Le genre est simplement une porte d'entrée dans un système narratif. J'utilise le genre pour parler d'authenticité. Le genre me permet de m'exprimer au-delà de certains codes. Le Mépris transcende toutes les règles établies, il y a beaucoup de détails qui comptent. Si on retire la musique de Delerue on se rend compte que le film n'est plus que la moitié de ce qu'il est. »

    « Je considère l'opéra comme le plus grand moyen d'expression artistique qui existe. Des grands auteurs d'opéra comme Puccini ou Verdi ne sont pas contraints par le poids du réalisme.  Je ne suis pas un fan d'opéra depuis le tout début. J'y suis arrivée à 25ans, 30ans. Je m'en suis servi dans The Yards. J'ai voulu atteindre cette sincérité. Pour moi l'opéra était une grande source d'inspiration. La Traviata de Verdi : moi Verdi a voulu inclure tout l'éventail des émotions humaines. »

    « J'aime le blues, le jazz, le rock jusqu'à 1985, les débuts du hip hop. J'aime un peu tout. »

    « Pour moi Trump violé tous les principes et idées qui sont miennes. C'est l'exact antithèse de ce pourquoi je vis. »

  • 50ème Festival du Cinéma Américain de Deauville – Première – NI CHAÎNES NI MAÎTRES de Simon Moutaïrou

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    En ce deuxième jour du 50ème Festival du Cinéma Américain de Deauville, ce film courageux, puissant, audacieux et sensoriel de Simon Moutaïrou a indéniablement marqué les esprits. Scénariste (notamment des remarquables Goliath et Boîte noire), pour son premier long métrage en tant que réalisateur, Simon Moutaïrou n’a pas choisi la facilité. Parmi un impressionnant casting figure le président du jury de ce 50ème Festival du Cinéma Américain de Deauville, Benoît Magimel, qui incarne un personnage particulièrement antipathique, mais toujours avec le même talent et la même intensité.

    1759. Isle de France (actuelle île Maurice). ​Massamba (Ibrahima Mbaye) et Mati (Anna Thiandoum), esclaves dans la plantation d’Eugène Larcenet (Benoît Magimel), vivent dans la peur et le labeur. Lui rêve que sa fille soit affranchie, elle de quitter l’enfer vert de la canne à sucre. Une nuit, elle s’enfuit. Madame La Victoire (Camille Cottin), célèbre chasseuse d’esclaves, est engagée pour la traquer. Massamba n’a d’autre choix que de s’évader à son tour. Par cet acte, il devient un « marron », un fugitif qui rompt à jamais avec l’ordre colonial.

    Le cinéaste a choisi d’aborder un sujet dont le cinéma français s’est peu emparé : celui des « marrons », ces esclaves fugitifs qui ont eu le courage de briser leurs chaines.

    C’est d’abord un film de contrastes, entre le décor paradisiaque de l’île Maurice, et les horreurs indicibles dont sont victimes les esclaves. Entre le vert et le bleu de l’île, et le rouge de leur sang. Le chef opérateur Antoine Sanier a ainsi créé une réalité hallucinée, presque fantastique, avec une aura magique qui fait écho aux mythes et légendes.

    C’est avant tout l’histoire d’hommes qui retrouve leur fierté, l’éloge de leur courage. Les vrais héros ce sont eux. Ce sont aussi leurs visages qui clôturent le film et cette scène d’une force tragique ineffable.

    Seul Félix Lefebvre qui incarne le fils de l’esclavagiste fait preuve d’humanité. La musique d’Amine Bouhafa souligne astucieusement les moments de tension, d’horreur ou de rare accalmie.

    Une expérience entre thriller et film fantastique. Un film ambitieux et marquant. Une histoire nécessaire de dignité retrouvé portée par deux comédiens remarquables, Ibrahima Mbaye et Anna Thiandoum.