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Cannes - Page 3

  • UNE AFFAIRE DE FAMILLE de Hirokazu Kore-Eda (compétition) : critique et conférence de presse

     

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    Au retour d’une nouvelle expédition de vol à l’étalage, Osamu et son fils recueillent dans la rue une petite fille qui semble livrée à elle-même. D’abord réticente à l’idée d’abriter l’enfant pour la nuit, la femme d’Osamu accepte de s’occuper d’elle lorsqu‘elle comprend que ses parents la maltraitent. En dépit de leur pauvreté, survivant de petites rapines qui complètent leurs maigres salaires, les membres de cette famille semblent vivre heureux – jusqu’à ce qu’un incident révèle brutalement leurs plus terribles secrets…

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    Entre documentaire et fable, chaque plan filmé comme un tableau, sans esbrouffe, avec humilité, s’intéressant à nouveau plus que jamais à la famille, et traitant de la société japonaise sous un angle inédit (car critique et s’intéressant aux laissés-pour-compte d’un Japon en crise économique), Kore-Eda (qui a déjà en 13 films, tant de chefs-d’œuvre, à son actif), est ici au sommet de son art.. Tous les ingrédients d'une palme d'or...

    Comme le titre semble nous l’indiquer, ce film est la quintessence de son cinéma, clamant dès celui-ci ce thème présent dans chacun de ses longs-métrages : la famille. Et quel film ! Un film d’une sensibilité unique. Des personnages bouleversants. Des blessés de la vie que la fatalité, la pauvreté et l’indifférence vont conduire à la rue et réunir par des liens du cœur, plus forts que ceux du sang. Une peinture pleine d’humanité, de nuance, de poésie, de douceur qui n’édulcore pas pour autant la dureté et l’iniquité de l’existence. Comme un long  travelling avant, sa caméra dévoile progressivement le portrait de chacun des membres de cette famille singulière, bancale et attachante pour peu à peu révéler en gros plan leurs âpres secrets et réalités. Kore-Eda, plus que le peintre de la société japonaise est celui des âmes blessées et esseulées, et plus que jamais il fait vibrer nos cœurs par ce film d’une rare délicatesse et bienveillance, avec cette famille de cœur à l’histoire poignante jalonnée de scènes inoubliables et qui nous laissent le cœur en vrac. Du grand art.

    « J'ai eu l'envie de traiter de la famille mais d'élargir mon champ de vision et de constater les points de friction entre la société et la famille. C'était l'envie d'élargir mon champ de vision par rapport aux films précédents. », « À chaque fois je reviens avec une nouvelle équipe à chaque fois c'est une nouvelle expérience il y a toujours ce plaisir renouvelé d'une expérience qui n'est jamais la même et se prolonge » a ainsi déclaré Kore-Eda lors de la conférence de presse cannoise à laquelle j’avais eu le plaisir d’assister en mai dernier et dont voici quelques-uns de mes clichés.

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  • Critique de JE VEUX VOIR de Khalil Joreige et Joana Hadjithomas

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    Je vous ai déjà parlé plusieurs fois de ce film, mon coup de coeur du Festival de Cannes 2008 que je vous recommande inconditionnellement: un film atypique et inclassable, un véritable bijou cinématographique. La présence de son coréalisateur Khalil Joreige au jury des courts métrages et de la Cinéfondation du Festival de Cannes 2018 est pour moi l'occasion de partager à nouveau mon enthousiasme pour ce film, un de mes souvenirs  les plus marquants du festival.

    Ci-dessous, ma critique du film écrite suite à sa projection dans la section Un Certain Regard du 61ème Festival de Cannes où il était présenté.

     

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    Ci-dessus, photos...floues "In the mood for Cannes": L'équipe du film "Je veux voir" au Festival de Cannes 2008.
     
     
    Alors que dehors des rafales de vent et des pluies torrentielles s’abattent sur la Croisette, je profite de ces quelques minutes de calme pour écrire : un  silence, une pause dans la frénésie cannoise  presque déstabilisante me faisant réaliser que cette vie irréelle ne dure que l’espace de 12 jours et s’achèvera dans ce qui me semble être une délicieuse éternité, que la réalité peut reprendre ses droits, qu’elle le fera. Quelques minutes pour faire un flash-back sur toutes ces images de vie et de cinéma contrastées, fortes dans les deux cas,  lumineuses (dans le premier cas) et sombres (dans le second), oniriques (dans le premier cas) et cauchemardesques (dans le second). Entre apesanteur réelle et pesanteur fictive, écartelée entre des émotions que même la tempête ne balaiera pas, tout juste se fera-t-elle l’écho de leur puissance, de leur violence presque fascinante. Quelques minutes donc pour évoquer la projection de cet après-midi dans la section Un Certain Regard : Je veux voir  réalisé par Joana Hadjithomas et Khalil Joreige dans lequel « joue » Catherine Deneuve.

    Pitch par l’équipe du film : « Juillet 2006. Une guerre éclate au Liban. Une nouvelle guerre mais pas une de plus, une guerre qui vient briser les espoirs de paix et l'élan de notre génération.  Nous ne savons plus quoi écrire, quelles histoires raconter, quelles images montrer. Nous nous demandons : " Que peut le cinéma ? ".
    Cette question, nous décidons de la poser vraiment. Nous partons à Beyrouth avec une " icône ", une comédienne qui représente pour nous le cinéma, Catherine Deneuve. Elle va rencontrer notre acteur fétiche, Rabih Mroué.  Ensemble, ils parcourent les régions touchées par le conflit. A travers leurs présences, leur rencontre, nous espérons retrouver une beauté que nos yeux ne parviennent plus à voir.  Une aventure imprévisible, inattendue commence alors…. ».

    Lors de la présentation du film au public, Khalil Joreige a déclaré : "Nous sommes très émus de présenter ce film aujourd’hui. Nous remercions Thierry Frémaux et l’équipe du Festival. Pour nous, ce film est une vraie aventure cinématographique qui, vous le verrez, devient de plus en plus intense et surprenante. Nous tenons à remercier Catherine Deneuve pour sa générosité et son audace, pour nous avoir permis de faire ce film." Et Joana Hadjithomas de conclure : "Je dédie cette projection à ceux qui auraient voulu être avec nous : notre équipe, nos familles, nos amis qui n’ont pas pu faire le voyage à cause des derniers événements."

    C’est donc de nouveau en miroir du monde pour reprendre les termes de Steve Mc Queen, le réalisateur de Hunger dont je vous parlais avant-hier que se positionne ce film. Un miroir dans lequel se reflètent et s’influencent intelligemment sa beauté et sa laideur, sa vérité et sa mythologie, sa réalité et sa fiction. Je veux voir est en effet un film inclassable qui mélange intelligemment fiction et documentaire, un mélange duquel résulte alors une impression troublante qui ne nuit pas au propos mais au contraire le renforce, paradoxalement le crédibilise.

    Un Certain Regard. Le nom de cette sélection était parfaitement choisi pour accueillir ce film. De regards il y est en effet beaucoup question.  Celui magnétique, troublé, inquiet, empathique, curieux de Catherine Deneuve. Un regard certain, en apparence en tout cas. C’est donc son regard ( elle est tantôt filmée de face, tantôt en caméra subjective) qui guide le nôtre. Le film commence ainsi : Catherine Deneuve est filmée de dos, à la fenêtre, à Beyrouth qu’elle regarde et surplombe. De dos avec cette silhouette tellement reconnaissable, celle de l’icône qu’elle représente pour les cinéastes qui l’ont choisie. Elle dit alors qu’elle veut voir. Elle veut voir les traces de la guerre. Elle veut voir ce qui ne lui paraît pas réel à travers l’écran de télévision.

    Cette rencontre ensuite avec Rabih Mroué qui sera son guide et chauffeur sonne tellement juste, semble tellement éclore sous nos yeux que nous sommes presque gênés d’être là et en même temps captivés. Catherine Deneuve ou son personnage, qu’importe, demande si elle peut fumer autant par politesse que pour amorcer une conversation, une complicité, puis elle s’interroge sur le fait que Rabih ne mette pas de ceinture. Il lui explique que depuis la guerre les principes ont un peu volé en éclats. Elle précise qu’elle n’est pas pour l’ordre mais que c’est quand même dangereux. Son visage ne trahit presque aucune émotion et n’en est justement que plus émouvant, de même lorsqu’elle demande pour la deuxième fois si elle peut fumer et reparle de la ceinture de sécurité après un évènement dangereux. Comme si ces propos trahissaient sa peur et la rassuraient, leur réitération les rendant tragiquement drôles. Son ton posé contraste avec l’inquiétude que trahit ses paroles.

    Peu à peu ils s’éloignent de Beyrouth, on leur interdit de filmer, ou le scénario prévoyait qu’on fasse croire qu’on leur interdisait de filmer. Le résultat est le même. Nous ne savons pas. Que ce soit fictif ou réel l’essentiel est que cela soit tellement évocateur. Un avion passe et émet un puissant fracas, comme une bombe que l’on lâcherait. Catherine Deneuve sursaute et pour la première fois ou presque son corps trahit sa peur. Le chauffeur lui explique que l’avion  israélien a passé le mur du son, que le but est juste de faire peur. Rare évocation de la situation politique. Le film est là pour nous permettre de voir, pas pour nous prendre à parti ou expliquer. Juste voir la désolation après et à travers la beauté. Juste pour voir ce contraste violent et magnifique.

    Que ce soit Catherine Deneuve ou son personnage qui sursaute en entendant cet avion, peu importe, la peur se transmet, traverse l’écran, nous atteint, comme le sentiment de désolation de ces carcasses d’acier et de ferrailles que des pelleteuses charrient longuement, symboles de tant de vies et de passés volés en éclat, abattus, piétinés, niés.

    La relation semble se nouer entre les deux personnages ( ?) sous nos yeux , entre les deux êtres ( ?) peut-être, une relation faîte de pudeur, d’intensité créée par la peur, la force de cette rencontre, son caractère unique et son cadre atypique (la scène où il lui dit les dialogues de  Belle de jour en Arabe, où il en oublie d’être attentif et se retrouve dans un endroit miné est à la fois effrayante et sublime, poétique et terriblement réaliste, l’instant poétique, cinématographique qu’ils vivent renforçant la peur créée par la soudaineté du surgissement d’une terrible réalité, potentiellement fatale). Une relation entre deux réalités, entre le cinéma et la réalité, aussi. Une belle rencontre en tout cas. Comme deux personnages de cinéma. Si réels (nous croyons vraiment à leur relation) et si cinématographique (ils forment sous nos yeux un couple qui pourrait être tellement cinématographique).

     La fin (Catherine Deneuve se rend à une réception en son honneur après cette journée que l’on devine si intense et éprouvante) pourrait être le début d’une fiction, une des plus belles fins qu’il m’ait été donné de voir au cinéma, qui prouve la force d’un regard, un regard décontenancé, un regard ébloui par les lumières d’une fête tellement décalées après celles de la journée, un regard qui cherche la complicité de celui devenu un ami, un regard qui cherche la réalité de ce qu’il a vécu ou ressenti dans celui d’un autre, un regard qui nous embarque dans son tourbillon d’émotions et d’intensité, tandis qu’un officiel obséquieux (non?) évoque « la formidable capacité de résilience des Libanais » comme il évoquerait la pluie et le beau temps. Le regard alors tellement passionné de Catherine Deneuve contraste avec la banalité du discours de ce dernier. Oui, un certain regard. Tellement troublé et troublant et expressif lorsqu’il croise le regard attendu qu’il ouvre une infinitude de possibles, qu’il ouvre sur le rêve, qu’il ouvre sur la puissance du cinéma, des images, d’une rencontre, qu’il ouvre sur un nouvel espoir. "Toute la beauté du monde". Malgré tout.

     La présence presque "improbable" et "onirique" de Catherine Deneuve comme l’ont définie les réalisateurs est à la fois un écho à la beauté du sud et un contraste saisissant avec le spectacle de désolation des paysages en ruine, des vies dévastées.  Elle y apparaît en tout cas magnifique de dignité et de courage. Oui, une belle leçon de dignité et de courage mais aussi de cinéma et d’espoir…

    Le mélange si habile de fiction et de documentaire, de mémoire historique et de mythologie cinématographique,  en fait un film, un témoignage aussi, inclassable, captivant, troublant,  jamais didactique, un film que l’on veut voir, et que l’on voudrait revoir, ne serait-ce que pour ce dernier regard échangé. Sublime. Inoubliable. Rare.

  • Le jury du 71ème Festival de Cannes

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    Ci-dessus, photo de Cate Blanchett au Festival du Cinéma Américain de Deauville ... peut-être une photo prémonitoire puisque Vincent Lindon sera à nouveau en lice cette année pour le prix d'interprétation avec En guerre de Stéphane Brizé.

    Comme chaque année, c'est quelques jours après la conférence de presse de l'annonce de la sélection officielle (dont vous pouvez retrouver le compte rendu, ici) que nous connaissons la composition du jury du Festival de Cannes. Nous savions déjà que la présidente en serait l'actrice et productrice australienne Cate Blanchett (retrouvez ici, mon article à ce sujet avec 3 critiques de films dans lesquels joue l'actrice). 5 femmes (souvent très engagées) et 4 hommes composent ce jury dont les membres appartiennent à 5 continents et 7 nationalités.

    Voici les membres de ce jury comme toujours prestigieux et éclectique :

    Chang Chen

    (Acteur, chinois)

    Ava DuVernay

    (Scénariste, réalisatrice, productrice, américaine)

    Robert Guédiguian

    (Réalisateur, scénariste, producteur, français)

     Khadja Nin

    (Auteur, compositeur, interprète, burundaise)

     Léa Seydoux

    (Actrice, française)

     Kristen Stewart

    (Actrice américaine)

     Denis Villeneuve

    (Réalisateur, scénariste canadien)

     Andrey Zvyagintsev

    (Réalisateur, scénariste russe)

    A l'occasion de la présence de son réalisateur dans le jury, je vous propose à nouveau la critique de FAUTE D'AMOUR, mon coup de cœur du Festival de Cannes 2017, prix du jury.

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    Cette critique est extraite de mon compte rendu du Festival de Cannes 2017 à retrouver ici.

    « Faute d’amour » est mon grand coup de cœur de cette édition que je retournerai voir pour vous en parler plus longuement et plus précisément.

    Boris et Genia sont en train de divorcer. Ils se disputent sans cesse et enchaînent les visites de leur appartement en vue de le vendre. Ils préparent déjà leur avenir respectif : Boris est en couple avec une jeune femme enceinte et Genia fréquente un homme aisé qui semble prêt à l’épouser... Aucun des deux ne semble avoir d'intérêt pour Aliocha, leur fils de 12 ans. Jusqu'à ce qu'il disparaisse.

    En 2007, Konstantin Lavronenko, remportait le prix d’interprétation masculine pour son rôle dans « Le Bannissement » de Zvyagintsev. Avec « Elena », Zvyangintsev remportait le Prix spécial du jury  Un  Certain Regard en 2011. Et le Prix du scénario pour « Leviathan » en 2014. Avec ce cinquième long-métrage, il frôle la perfection.

    Ce film palpitant m’a littéralement scotchée à l’écran du premier au dernier plan. Premiers plans de ces arbres décharnés, morts, comme un avertissement. Et de ce drapeau russe flottant sur le fronton d’une école déserte. « Je voulais parler d’absence d’empathie et d’égoïsme permanent et l’arrière-plan politique contribue à votre perception ». Voilà comment Zvyagintsev a évoqué son film lors de la conférence de presse des lauréats. Il a obtenu le grand prix, son film avait aussi tout d’une palme d’or. Et dans ces premiers plans, déjà, tout était dit.

    Chaque séquence, portée par une mise en scène vertigineuse d’une précision stupéfiante (perfection du cadre, des mouvements de caméra, de la lumière, du son même), pourrait être un court-métrage parfait et le tout esquisse le portrait d’êtres ne sachant plus communiquer ni aimer. La mère passe ainsi son temps sur Facebook et à faire des selfies. Métaphore de la Russie et plus largement d’un monde, individualiste, matérialiste et narcissique, où il est plus important de parler de soi sur les réseaux sociaux que de s’occuper de ses enfants. Où l’entreprise devient un univers déshumanisé dans l’ascenseur de laquelle les employés sont  silencieusement alignés tels des zombies.

    « Faute d’amour » est un film très ancré dans le pays dans lequel il se déroule mais aussi très universel. Le pays en question c’est une Russie qui s’essouffle (au propre comme au figuré, et tant pis pour ceux qui trouveront le plan le matérialisant trop symboliste). A l’arrière-plan, l’Ukraine. « Il y a une dimension métaphysique. La perte de l'enfant pour ces deux parents, c'est pour la Russie la perte de la relation naturelle et normale avec notre voisin le plus proche, l'Ukraine », a ainsi expliqué le cinéaste. Et quand la caméra explore le bâtiment fantôme, surgi d’une autre époque, figé, chaque pas dans cette carcasse squelettique nous rappelle ainsi à la fois les plaies béantes d’un pays et celles d’un enfant qui venait s’y réfugier.

    Le film est éprouvant, par moment étouffant, suffocant même. Il décrit des êtres et un univers âpres, abîmés,  cela ne le rend pas moins passionnant comme un éclairage implacable sur une société déshumanisée, pétrie de contradictions. Ainsi, le père travaille dans une société avec un patron intégriste qui ne supporte pas que ses employés divorcent tandis que la mère travaille dans un institut de beauté et passe son temps à s’occuper de son corps.

    Les scènes de disputes entre les parents sont d’une violence inouïe et pourtant semblent toujours justes, comme celle, féroce, où la mère dit à son mari qu’elle ne l’a jamais aimé et a fortiori celle que l’enfant entend, caché derrière une porte, dont nous découvrons la présence à la fin de celle-ci, dispute qui avait pour but de s’en rejeter la garde. L’enfant semble n’être ici qu’un obstacle à leur nouveau bonheur conjugal. Une séquence d’une force, d’une brutalité à couper le souffle. Et lorsque l’enfant se réfugie pour pleurer, secoué de sanglots, exprimant un désarroi incommensurable que personne ne viendra consoler, notre cœur saigne avec lui.

    Zvyangintsev, s’il stigmatise l’individualisme à travers ceux-ci, n’en fait pas pour autant un portrait manichéen des parents. La mère, Genia, a ainsi vécu elle aussi une enfance sans amour avec une mère surnommée « Staline en jupons » qui, elle-même, après une séquence dans laquelle elle s’est montrée impitoyable avec sa fille, semble s’écrouler, visiblement incapable de communiquer autrement qu’en criant et insultant, mais surtout terriblement seule. Genia apparaît au fil du film plus complexe et moins détestable qu’il n’y paraissait, la victime d’un système (humain, politique) qui broie les êtres et leurs sentiments. Son mari nous est presque rendu sympathique par la haine que sa femme lui témoigne et par son obstination silencieuse à aider aux recherches menées par des bénévoles qui témoignent d’une générosité qui illumine ce film glaçant et glacial.

    Des décors de l’appartement, d’une froideur clinique, à ces arbres squelettiques, à l’entreprise du père avec ses règles et espaces rigides, en passant par les extérieurs que la neige et l’obscurité envahissent de plus en plus au fil du film, tout semble sans âme et faire résonner ces pleurs déchirantes d’un enfant en mal d’amour (auxquelles d’ailleurs feront écho d’autres pleurs et d’autres cris lors de séquences ultérieures  également mémorables et glaçantes). Des plans qui nous hanteront bien après le film. Bien après le festival. Un très grand film qui m’a rappelée une palme d’or qui nous interrogeait sur les petitesses en sommeil recouvertes par l’immaculée blancheur de l’hiver, un film rude et rigoureux,« Winter sleep » de Nuri Bilge Ceylan. Une palme d’or que Zvyagintsev  (reparti avec le prix du jury) aurait indéniablement méritée pour ce film parfait de l’interprétation au scénario en passant par la mise en scène et même la musique, funèbre et lyrique, qui renforce encore le sentiment de désolation et de tristesse infinie qui émane de ces personnages que la richesse du scénario nous conduit finalement à plaindre plus qu’à blâmer. Du grand art.

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  • Hôtel Barrière Le Majestic Cannes : l'adresse de rêve où séjourner pendant le Festival de Cannes 2018

     

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    A moins d’un mois du 71ème Festival du Film de Cannes qui aura lieu du 8 au 19 mai et alors que vient d’être annoncée la sélection officielle de cette édition 2018 (retrouvez-la, détaillée, dans mon article à ce sujet, ici), je vous emmène aujourd’hui rêver un peu dans le plus beau palace de la Croisette et celui qui est à mon avis l’endroit idéal pour séjourner pendant le festival :  le fastueux hôtel Barrière Le Majestic.

    En 17 Festivals de Cannes couverts du premier au dernier jour (notamment sur mon blog consacré au Festival de Cannes "In the mood for Cannes"), j’ai eu l’occasion d’expérimenter toutes sortes d’hôtels cannois  (du plus au moins luxueux) et toutes sortes de restaurants sur la Croisette. J’ai ainsi choisi de vous parler aujourd’hui de l’un de ces hôtels cannois, celui que j’affectionne plus que les autres, le palace qui  sert aussi de cadre à mon premier roman, « L’amor dans l’âme » (Editions du 38), un roman dont l’intrigue se déroule au cœur du Festival de Cannes. Les passages qui se déroulent à l’hôtel Majestic ont ainsi pour décor son restaurant Le Fouquet’s,  le hall mais aussi  la somptueuse suite Mélodie inspirée du film de Verneuil Mélodie en sous-sol (mes photos souvenirs ci-dessous, encore merci à l’équipe de l’hôtel pour l’écho donné à mon roman et pour les photos réalisées dans la suite lors du Festival de Cannes 2017).

    Ci-dessus, publication de la page officielle de l’hôtel Barrière Le Majestic pendant le Festival de Cannes 2017.

    Ci-dessus, photos personnelles avec mon roman « L’amor dans l’âme » dans la suite Mélodie de l’hôtel Barrière Le Majestic.

    Si j’avais une baguette magique, c’est sans aucun doute en effet l’Hôtel Barrière Le Majestic que je choisirais pour séjourner pendant le festival, en raison de ses multiples atouts (que je vous présente ci-dessous) notamment de sa proximité avec le palais des festivals (c’est le palace le plus proche du palais) qui en font le lieu  de séjour rêvé pour les festivaliers, et bien sûr en raison de l’accueil et du service, toujours irréprochables dans les hôtels Barrière, comme ce fut par exemple le cas  lors de mon séjour de 10 jours à l’hôtel Barrière Le Royal de Deauville pendant le Festival du Cinéma Américain de Deauville 2017 (mon article, ici).

    Photo ci-dessus à l’hôtel Barrière le Royal de Deauville lors du Festival du Cinéma Américain 2017 © Dominique Saint

    Si je n’ai jamais séjourné au Majestic, j’y ai tant de souvenirs glanés au fil de mes 17 festivals de Cannes (comme ci-dessous en 2009 lorsque j’avais gagné le prix L’Oréal du meilleur blog, le hall a changé depuis mais est toujours aussi splendide) que je peux vous en parler comme si tel avait été le cas… Né en 1926, le Majestic n’a cessé de s’embellir et s’agrandir. Le 1er février 1926, l’Hôtel Majestic voit le jour : 250 Chambres avec Salles de bain, des salles de réception décorées par le peintre Francis di Signori, l’un des artistes les plus en vue de l’époque, des escaliers monumentaux en marbre de Carrare, un dallage en marbre rouge des Pyrénées, matériau précieux et lumineux… L’hôtel, déjà, est somptueux. En 1999, 40 nouvelles chambres voient le jour ainsi qu’une piscine moderne et raffinée parée de mosaïques réalisées par les verriers de Murano, un jardin terrasse et, directement sur la Croisette, une série de boutiques de luxe. La deuxième aile voit le jour en 2010 après un chantier colossal de plus de quatre ans.

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    L’hôtel , à l’image de sa plage dont je vous parlerai plus bas, se situe à la fois en plein centre de Cannes et un peu en retrait de son agitation.  Il est également situé sur la Croisette et à deux pas des boutiques de la rue d’Antibes, du port et du Suquet. Son concierge clefs d’or répondra à vos demandes avec affabilité et professionnalisme remarquables (je peux en témoigner).

    L’hôtel Le Majestic Barrière est aussi affilié aux Leading hôtels of the world, ce qui est aussi un indéniable gage de qualité. Le Majestic a reçu de nombreux prix et distinctions. Elu tour à tour « Luxury Hotel » aux « World Luxury Hotel Awards », « Best Hotel », « Hotel Best Architecture » et « Best resort Hotel » aux « International Hotel Awards » de Londres… Nommé « Meilleur Hôtel de bord de mer » au monde en 2012, il a reçu en 2015 les « Best Hotel France » et « Best Convention Hotel France » aux « International Hotel Awards ».

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    A fortiori pendant le festival, il est impossible de ne pas avoir le regard attiré par son entrée majestueuse qui est alors d’autant plus spectaculaire que, souvent, des studios américains rivalisent d’imagination pour la mettre en scène. Chaque année, plus de cinquante chambres deviennent ainsi des bureaux éphémères. L’hôtel affiche complet plusieurs mois à l’avance. Cela n’empêche pas certains de débarquer au dernier moment, comme cet Américain qui, en 1983, posa ses valises devant la loge, au plus fort du Festival. Lucien Barrière en personne lui céda son appartement privé. Il faut dire que l’homme en question se nommait… Paul Newman !

      La magie du Festival se vit tout au long de l’année grâce à une remarquable collection de plus de 2 500 clichés. Retraçant soixante ans de Festival, ces murs d’images donnent à voir les plus grands talents d’Hollywood (Al Pacino, Robert de Niro, Steven Spielberg…) et les monstres sacrés du cinéma français : Alain Delon, Jean-Paul Belmondo, Romy Schneider, Catherine Deneuve.  Pendant les douze jours du Festival, Le Majestic multiplie également les chiffres records : 14 000 serviettes de bain, 15 000 draps et 8 000 peignoirs,  16 000 savonnettes, 1000 litres de bain moussant, 8 000 roses déposées par les femmes de chambre dans les chambres,  500 pantalons et chemises à nettoyer et repasser par jour, •des effectifs qui passent de 350 à 700 personnes,  25 000 repas servis au restaurant ou dans les réceptions privées,  15 % de la recette annuelle de l’hôtel en matière de restauration, 2 tonnes de homard, 3 de poisson, 40 de fruits et légumes, 160 000 oeufs, 50 kilos de caviar, 350 kilos de foie gras et 800 de langoustes,  18 500 bouteilles de vin, dont plus de la moitié de champagne.

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    Une fois l’entrée franchie, vous découvrirez un hall aux proportions vertigineuses qui n’en reste pas moins particulièrement élégant, cosy et chaleureux. Si le luxe est présent, il est toujours synonyme de chic et jamais d’ostentation. En 2016, le Majestic Cannes a ainsi vu son décor évoluer et plusieurs de ses lieux emblématiques une nouvelle fois sublimés par les plus grands noms de la décoration.  La nouvelle décoration du lobby du Majestic, dévoilée à l’occasion du Festival de Cannes 2016, est assurée par les plus grands noms du monde de l’architecture : le Cabinet Danan s’est inspiré de Jacques-Emile Ruhlmann, l’un des acteurs principaux du style Art Déco des années 1920 – 1930. La lustrerie du hall et de la conciergerie a été confiée à la «poétesse de la lumière», Sylvie Maréchal.

    Le choix de chambres et suites est tellement pléthorique qu’il faudrait être particulièrement difficile pour ne pas trouver son bonheur. Dans la suite Mélodie précédemment évoquée,  dans laquelle fut tourné le film de Verneuil en 1963, vous pourrez profiter de la terrasse panoramique sur la Méditerranée mais aussi du service d’un Majordome dédié et d’un accueil Top VIP. Tels Jean Gabin et Alain Delon dont les portraits surmontent la tête de lit, vous serez ainsi la star de la Suite Mélodie. La superbe fenêtre en demi-lune qui s’étend du sol au plafond, la salle de bain de marbre rose et l’accès illimité au Centre de remise en forme et à l’Espace sensoriel avec sauna, hammam et douche expérience du Spa Diane Barrière sublimeront votre séjour. Un bijou de 150 m² lové sous la coupole Est. Comme en témoigne ma photo ci-dessous, la vue y est réellement à couper le souffle et même délicieusement vertigineuse !

    Ci-dessus, photo personnelle.

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     Ci-dessus, photos officielles de l’hôtel.
     
     
    Parmi les nombreuses chambres et suites proposées, j’ai également un faible pour la récente suite Michèle Morgan qui, comme la précédente, enchantera les amoureux du septième art.  La Suite Michèle Morgan, d’une superficie de 85m2, offre 2 chambres à coucher avec leurs salles de bains en marbre privatives, séparées par un agréable et spacieux salon central. Une suite créée à l’image de l’inoubliable interprète du Quai des brumes qui l’a inspirée: lumineuse et d’un chic intemporel. « J‘ai créé une suite à l’image de l’immense artiste qui l’a inspirée : lumineuse, d’un chic intemporel… » a ainsi déclaré la décoratrice Chantal Peyrat qui, au printemps 2017, a signé l’atmosphère de la Suite Michèle Morgan.
     
     
    Photos ci-dessus issues du site officiel de l’hôtel.
     

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    Autre suite de rêve,  particulièrement glamour et élégante, la suite Christian Dior : somptueux appartement de 450 m² avec une terrasse à 180° sur la Méditerranée. La magnifique Suite Christian Dior reprend les codes de la célèbre maison de couture parisienne. Vous pourrez apprécier la préciosité de la décoration inspirée de celle du 30 avenue Montaigne et les prestations haut de gamme des lieux. Majordome aux petits soins, délicate parure de linge brodé, home cinéma dernier cri et somptueuse salle à manger Louis XVI : rien ne manque ! Chaque détail des deux Suites qui composent ce vaste appartement est soigné. La terrasse panoramique et l’accès gratuit au Centre de remise en forme et à l’Espace sensoriel avec sauna, hammam et douche expérience du Spa Diane Barrière ajoutent au plaisir de ces lieux enchanteurs.
     
     
     
     
    Photos ci-dessus issues du site officiel de l’hôtel.
     
    Difficile aussi de ne pas succomber au charme de la suite Majestic Barrière : le luxe à son paroxysme avec cette suite située au 7ème étage, la plus somptueuse suite d’Europe dit-on. Elle possède ainsi une piscine chauffée à contre-courant en apesanteur sur une terrasse de 150 m² !  Ambiance yachting et vue spectaculaire sur la mer garanties. Confort et raffinement ultimes sur 450 m² avec un Majordome à votre service.  Egalement à disposition : un vaste dressing, un home cinéma avec écran motorisé de 3×2 mètres, une sublime salle à manger en chêne blanc et acajou, un espace fitness avec une douche expérience et un Majordome dédié. Vous pourrez aussi profiter d’une vue vertigineuse sur le Palais des Festivals et des Congrès, les îles de Lérins et l’Estérel. Une sublime oasis de paix et d’évasion, réalisée par l’architecte français Pascal Desprez.
     
     
     
     
    Photos ci-dessus issues du site officiel de l’hôtel.
     
    Bien sûr, les chambres plus « classiques » n’en sont pas moins luxueuses et singulières, comme la chambre Deluxe ville ci-dessous, de 25 m5. Vous n’aurez ainsi que l’embarras du choix parmi les 349 chambres et suites que compte l’hôtel.
     
     Photo ci-dessus issue du site officiel de l’hôtel.
     
    Parmi les multiples atouts de l’hôtel Barrière Le Majestic, celui-ci devrait ravir les cinéphiles (et me ravit en tout cas !) : l’hôtel dispose en effet d’une somptueuse Cinémathèque et même désormais d’un ciné-club. La Cinémathèque Diane peut ainsi contenir 35 personnes maximum. Un vaste choix de DVD vous est proposé par la Conciergerie… Films d’aventure, romantiques, pour enfants, blockbusters, en plusieurs langues ou sous-titrés : vous n’aurez que l’embarras du choix. L’Hôtel Le Majestic propose tous les dimanches soir le “Barrière Ciné-Club”. Une belle occasion de finir le week-end sur une note glamour en version grand écran, confortablement assis dans les fauteuils en velours, accompagné d’une coupe de Champagne et d’un mélange salé. Voilà ce à quoi vous donne accès cette offre à 35 euros par personne : accès à la projection privée, coupe de Champagne servie dans la salle de projection, accompagnée d’un mélange salé, visite d’une des cinq suites signatures. Le rêve ! Sur réservation uniquement. Le prochain ciné-club vous permettra de (re)découvrir The Revenant (2015) de Alejandro González Iñárritu avec Leonardo DiCaprio, Tom Hardy et Domhnall Gleeson dont vous pouvez retrouver ma critique détaillée, ici. Exceptionnellement,  vous pourrez visiter la Suite Michèle Morgan à cette occasion.
     
     
    Comme tout palace digne de ce nom, le Majestic vous propose un vaste choix de restauration. Le Fouquet’s est un peu ma Madeleine de Proust puisque j’y fêtais autrefois chaque année mon anniversaire qui a la bonne idée de tomber toujours pendant le festival du film. Je garde ainsi l’inénarrable souvenir d’un dîner lors duquel est arrivé dans la salle du Fouquet’s Pedro Almodovar et ses actrices qui venaient d’obtenir le prix d’interprétation féminine pour l’ensorcelant Volver en 2006 et qui étaient venus patienter là avant le dîner de clôture. De concert, la salle les avait applaudis. Et je me souviens encore avec émotion de la tape bienveillante de Pedro Almodovar sur le dos de mon père.
     
    Je suis retournée y déjeuner en mai dernier. Le service y était absolument parfait et d’une rare et exceptionnelle amabilité.

    Ci-dessus, publication du compte Instagram du Majestic. lors du Festival de Cannes 2017

     Le Fouquet’s Cannes cultive l’esprit brasserie de son prestigieux modèle parisien. À la carte, élaborée en collaboration avec Pierre Gagnaire (comme au Royal Barrière de La Baule où la cuisine est là aussi réellement excellente comme je vous le racontais, ici), des plats “canailles” réunissent célèbres gourmets et stars gourmandes. Vous pourrez par exemple opter pour la formule du midi : suggestion du chef ou choix d’un plat signalé sur la carte , le plateau de pâtisserie Fouquet’s (une pâtisserie au choix) et un café Grande Réserve. Le tout pour 32 euros par personne. Tous les jours au déjeuner de 12h00 à 16h00 du lundi au vendredi. Vous pourrez aussi choisir le menu Pierre Gagnaire,  tous les soirs, à 68 euros. Pour ma part, j’avais opté pour le Fish and chips. Un régal !
     
     
     
     Photos personnelles du déjeuner au Fouquet’s.
     
     
     
    Vous pourrez également opter pour le restaurant La petite maison de Nicole où les saveurs méridionales et les crustacés, notamment, sont à l’honneur.  Là, vous pourrez profiter des Soirées Musique Live ( tous les jeudis, vendredis et samedis soir), de l’ambiance musicale 100% Années 80 ( tous les mercredis soir -hors période de congrès-) avec entrée, plat, dessert, un verre de vin et 1/2 bouteille d’eau pour 52€ prix net par personne. Vous pourrez également profiter de la Formule du jeudi ( soirée musique live autour d’un dîner à partager-hors période de congrès-). Vous pourrez alors choisir 6 saveurs à partager, un dessert au choix, 1/2 bouteille d’eau minérale et  1/2 bouteille de vin par personne (59€ prix par personne, à partir de 2 personnes).
     
    Photo ci-dessus issue du site officiel de l’hôtel.
     
    Petite parenthèse pour vous recommander aussi l’excellent restaurant de plage de l’hôtel Barrière Le Gray d’Albion (photos ci-dessous), située non loin du Majestic.
     
     
     
    L’hôtel Majestic vous propose également 3 bars : la Rotonde Veuve Clicquot, le bar galerie du Fouquet’s, et la terrasse piscine.
     

    Photo ci-dessus de la plage Majestic issue du site officiel de l’hôtel.

    Autre atout de l’hôtel : sa sublime plage aménagée. C’est là que chaque année est célébré le début du festival mais aussi le clôture et, à chaque fois, l’élégance est au rendez-vous lors de fêtes auxquelles Gatsby le Magnifique n’aurait rien eu à envier. C’est sur la plage que se trouve désormais le BFire by Mauro Colagreco où vous pourrez déguster la délicieuse cuisine au feu de bois du chef. Vous pourrez aussi y rester alanguis sur un transat ou profiter de ses multiples activités nautiques.

    C’est là, sur la plage du Majestic, que se tiendra la Welcome Party du Festival de Cannes du mercredi 9 mai et, le lendemain, la soirée d’ouverture du Marché du Film. Bien d’autres événements leur succèderont jusqu’au bouquet final : le Dîner du Palmarès, organisée le samedi 19 mai, dont le menu est signé Pierre Gagnaire qui, le reste de l’année, supervise la carte des Fouquet’s. 650 invités se régaleront de mets imaginés par celui que ses pairs ont élu « le meilleur chef du monde ».

     

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    Vous pourrez aussi profiter de la splendide piscine extérieure chauffée à 27 degrés toute l’année.

    Photo ci-dessus issue du site officiel de l’hôtel.

    Vous pourrez également profiter du fitness center où vous pourrez notamment bénéficier d’une remise en forme personnalisée. Autre remarquable atout de l’hôtel : son Spa Diane Barrière dans un cadre au luxe infiniment zen avec stimulation multisensorielle, parcours personnalisés ou modelage sur-mesure. Vous pourrez profiter de 450 m² dédiés à votre seul bien-être. Vous pourrez savourer la signature du Spa Diane Barrière, associé à 2 marques reconnues de l’univers du bien-être: Biologique Recherche et son approche clinique du soin esthétique et LIGNE ST BARTH dont les soins vous transportent dans la douceur de vivre du monde Caraïbe.  Vous pourrez vous abandonner à des soins holistiques personnalisés, conçus pour détendre, restaurer et élever le corps, l’âme et l’esprit… Vous pourrez également opter pour un soin seconde peau,  un massage Chill Out avec des coquillages chauds ou faire appel à l’expertise d’un coach. Le Spa Diane Barrière c’est aussi un Espace Fitness avec cours collectifs et appareils cardio – musculation, 4 cabines de soins dont une double, une cabine coiffure ainsi qu’un Espace Sensoriel avec sauna et hammam. (Espace Sensoriel, accès libre et gratuit – Ouvert tous les jours de 9h00 à 20h00.)

    Je vous laisse découvrir le site officiel, l’excellent compte instagram et la page Facebook de l’hôtel qui vous réservent bien d’autres surprises. Par exemple, vous découvrirez que sur le toit du Majestic, au 7ème étage, sont installées des ruches, dont le miel multifleurs est utilisé pour la création des cocktails. Vous découvrirez également les nombreuses nouveautés 2018 du Spa et du fitness Center.

    Quelques clichés supplémentaires sur le ponton de la plage Majestic et en mer lors du tournage de Télématin réalisé lors du Festival de Cannes 2017.

    Cliquez ici pour revoir l’émission Télématin en direct de Cannes –

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    Comme chaque année, c’est l’agence ADR qui s’occupera de la plage Majestic pendant le festival. Voici le décor de la plage Majestic 71 en avant-première.
     
    Hôtel Majestic Barrière
    10 Boulevard de la Croisette, 06400 Cannes
  • La conférence de presse du Festival de Cannes 2018 en direct ici

    affiche du Festival de Cannes 2018.jpg

    Suivez, vous aussi, la conférence de presse d'annonce de la sélection officielle du Festival de Cannes 2018, en direct, ci-dessous. Dès cet après-midi, retrouvez mon article détaillant la sélection et, en attendant les nouvelles annonces,  retrouvez mon article récapitulatif dans lequel figurent toutes les informations d'ores et déjà officielles.

     

  • 71ème Festival de Cannes : les premières informations officielles

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    Comme chaque année, pour ce qui sera mon 18ème Festival de Cannes, vous pourrez suivre ici en direct le festival (ainsi que sur mes autres blogs Inthemoodforcannes.com, Inthemoodforfilmfestivals.com pour la partie cinéma et, pour la partie "luxe", Inthemoodforhotelsdeluxe.com). Vous pourrez également le suivre sur mes différents réseaux sociaux : @moodforcannes et @Sandra_Meziere pour twitter, @sandra_meziere pour Instagram et Facebook.com/inthemoodforcannes et http://facebook.com/inthemoodforcinema pour Facebook.

    Comme d'habitude, je ne partagerai ici aucune "rumeur" sur la programmation mais seulement les informations officielles.

    Pour l'instant, à 41 jours de l'ouverture officielle, nous savons seulement que :

    -Pour sa 71ème édition, le Festival de Cannes aura lieu du mardi 8 au samedi 19 mai! Il commencera un jour plus tôt mais aura une durée identique aux années précédentes

    -Cate Blanchett présidera le jury du Festival de Cannes 2018.

    Retrouvez mon article complet à ce sujet en cliquant ici avec trois critiques de films avec Cate Blanchett.

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    Photo personnelle ci-dessus prise lors de l'hommage rendu à l'actrice dans le cadre du Festival du Cinéma Américain de Deauville.

    -Le cinéaste français Bertrand Bonello présidera le Jury de la Cinéfondation et des Courts métrages de la 71ème édition du Festival de Cannes du 8 au 19 mai :« Qu’attendons-nous de la jeunesse, des cinéastes inconnus, des premiers films ? Qu’ils nous bousculent, qu’ils nous fassent regarder ce que nous ne sommes pas capables de voir, qu’ils aient la liberté, le tranchant, l’insouciance et l’audace que parfois nous n’avons plus. La Cinéfondation s’attache depuis 20 ans à faire entendre ces voix et je suis extrêmement fier cette année de pouvoir les accompagner. »

    -Vivier de nouveaux talents du 7ème art, l’Atelier de la Cinéfondation 2018 accueille ainsi 15 réalisateurs internationaux et leurs prometteurs projets de films. Cette 14ème édition sera, comme chaque année, l’occasion pour ces cinéastes et leurs producteurs de rencontrer des partenaires financiers à Cannes. Un précieux sésame pour passer à la réalisation ! Retrouvez les heureux sélectionnés de l'édition 2018 sur

    http://www.cinefondation.com/fr/.

     

    -A l’occasion du 50ème anniversaire de la sortie de "2001 : L’Odyssée de l’espace" le samedi 12 mai 2018 à Cannes vous pourrez (re)découvrir en avant-première mondiale le film culte de Stanley Kubrick, dans sa version originale 70mm. La copie sera présentée dans le cadre de Cannes Classics par Christopher Nolan qui a étroitement collaboré avec Warner Bros. Entertainment sur le processus de re-masterisation et qui honorera le Festival de Cannes de sa première venue.  Christopher Nolan participera également à une Masterclass le dimanche 13 mai 2018, au cours de laquelle il évoquera sa filmographie et partagera sa passion pour l’œuvre singulière de Stanley Kubrick.

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    - Ursula Meier présidera le Jury de la Caméra d’or. "Depuis 1994, la réalisatrice suisse façonne une cinématographie audacieuse qui souligne la complexité du monde. Ses 5 courts métrages, 2 œuvres télévisées, 2 documentaires et 2 longs métrages ont chacun rivalisé d’inventivité, et lui ont permis de s’imposer dans le paysage européen" a souligné le Festival de Cannes. Avec 6 professionnels à ses côtés, Ursula Meier désignera la meilleure première œuvre présentée en Sélection officielle, à la Semaine de la Critique - Cannes ou à la Quinzaine des Réalisateurs lors de la soirée de Clôture du Festival de Cannes, le samedi 19 mai.

    -A l'occasion d'une interview dans le Film Français, le délégué général du Festival de Cannes, Thierry Frémaux a annoncé quelques nouveautés  : désormais tout film en compétition devra sortir dans les salles françaises, la presse ne découvrira plus les films avant les festivaliers et la séance de gala sera ainsi la vraie première mondiale, la presse verra ainsi le film à 19h en même temps en Debussy et pour les séances de 22, le lendemain matin dans le grand théâtre Lumière.

    Le film français Cannes 2018.jpg

     -Pour cette année a été créé un nouveau prix intitulé "prix de la citoyenneté". Je vous en reparlerai longuement dans un prochain article.

    Dans les sélections parallèles :

    -L’affiche de la compétition de la Semaine de la Critique au prochain Festival de Cannes. Sur cette affiche figure l'actrice Noée Abita, révélation du film Ava de Léa Mysius dont vous pouvez retrouver ma critique ici.

    l'affiche de la semaine de la critique 2018.jpg

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    -Le réalisateur et scénariste norvégien Joachim Trier présidera le jury de la 57ème Semaine de la Critique qui décernera 3 prix à Cannes. Il sera entouré de l’actrice et jeune réalisatrice américaine Chloë Sevigny, du comédien argentin Nahuel Pérez Biscayart, récent lauréat d’un César pour son rôle dans 120 Battements par minute de Robin Campillo, Eva Sangiorgi, nouvelle directrice de la Viennale, Festival international du film de Vienne et du journaliste culturel français Augustin Trapenard.

    En attendant l'édition 2018 du Festival de Cannes en direct, retrouvez, en cliquant ici, mon compte rendu de l'édition 2017.

  • Cate Blanchett, présidente du jury du Festival de Cannes 2018 : 3 critiques de films avec l'actrice

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    Photo ci-dessus prise lors de l'hommage rendu à l'actrice dans le cadre du Festival du Cinéma Américain de Deauville.

    Comme chaque année, avec le mois de janvier arrivent les premières annonces concernant le Festival de Cannes que vous pourrez bien sûr suivre ici en direct ainsi que sur mon blog entièrement consacré au festival, Inthemoodforcannes.com.  Vient ainsi d'être annoncé le nom de la présidente du jury de ce 71ème Festival de Cannes. Il s'agit de l'actrice australienne,aussi talentueuse qu'engagée, Cate  Blanchett.

    Voici le communiqué de presse officiel du Festival de Cannes à ce sujet. En-dessous, en bonus, je vous propose 3 critiques de films avec Cate Blanchett.

    Je viens à Cannes depuis des années comme actrice, comme productrice, pour les soirées de gala et pour les séances en Compétition, pour le Marché même, a-t-elle déclaré. Mais je ne suis encore jamais venue pour le seul plaisir de profiter de la corne d’abondance de films qu’est ce grand festival. »

    Cate Blanchett succèdera à Pedro Almodóvar, Président de la 70e édition du Festival de Cannes dont le Jury a attribué la Palme d’or à The Square du réalisateur suédois Ruben Östlund.

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    Photo ci-dessus prise lors de la conférence de presse du jury du 70ème Festival de Cannes.

    « Le privilège que l’on me fait de me demander de présider le Jury et la responsabilité qui sera la mienne m’emplissent d’humilité, poursuit-elle. Cannes joue un rôle majeur dans l’ambition du monde de mieux se connaître en racontant des histoires, cette tentative étrange et vitale que tous les peuples partagent, comprennent et désirent ardemment. »

    Pierre Lescure, Président du Festival de Cannes et Thierry Frémaux, Délégué général, se réjouissent : « Nous sommes très heureux d’accueillir une artiste rare et singulière dont le talent et les convictions irriguent les écrans de cinéma comme les scènes de théâtre. Nos conversations, cet automne, nous promettent qu’elle sera une Présidente engagée, une femme passionnée et une spectatrice généreuse. »

    Cate Blanchett est de ces comédiennes pour qui jouer est une joie permanente, quelle que soit la nature de ce qui l’installe sur scène ou à l’écran. Au cinéma, toujours sous la direction de grands réalisateurs, elle alterne films indépendants et grosses productions en figurant au générique de tout ce qui compte dans le cinéma anglo-saxon contemporain : dans la trilogie du Seigneur des anneaux de Peter Jackson, dans L’Étrange histoire de Benjamin Button de David Fincher, dans Babel d’Alejandro González Iñárritu, La Vie Aquatique de Wes Anderson, The Good German de Steven Soderbergh, Coffee and Cigarettes de Jim Jarmusch. Liste non-exhaustive à laquelle il faut ajouter Steven Spielberg, Terrence Malick, Sally Potter, Ridley Scott, Woody Allen et Todd Haynes.
     

    Lorsqu’elle s’absente du grand écran, c’est pour rejoindre les scènes des théâtres du monde entier. Elle a codirigé avec Andrew Upton la Compagnie théâtrale de Sydney entre 2008 et 2013 et reçu plusieurs prix sur les planches de New York, Washington, Londres, Paris (elle y a joué Les Bonnes de Jean Genêt avec Isabelle Huppert, Présidente du Jury en 2009) ainsi que Sydney, bien sûr, où elle avait démarré dans Un Tramway nommé Désir produit par Liv Ulmann.

    En 2012, elle est faite Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres en France par le ministre de la Culture, et se voit remettre en Australie la Médaille du Centenaire pour son importante contribution à l’art. En 2015 elle reçoit le Lifetime Achievement Award de l’Académie australienne et, en 2017, elle devient Compagnon de l’ordre de l’Australie.

    Quand elle retourne au cinéma, elle reçoit en 2014 l’Oscar de la meilleure actrice pour Blue Jasmine de Woody Allen. Cette récompense succédait à celle qui lui fut attribuée en 2004 : Oscar du meilleur second rôle féminin pour Aviator de Martin Scorsese où elle campait une inoubliable Katharine Hepburn – c’est ainsi la première fois qu’une actrice gagne un Oscar en jouant une actrice… qui gagna aussi un Oscar.

    Cate Blanchett fut également nommée pour sa performance dans Carol de Todd Haynes, qu’elle a coproduit et qui fut présenté en Compétition à Cannes en 2015. A noter qu’en 2008, elle fut aussi nommée pour deux Oscars, meilleure actrice pour Elizabeth the Golden Age de Shekhar Kapur (avec qui elle avait travaillé dix ans plus tôt dans Elizabeth) et meilleur second rôle pour I’m not There de Todd Haynes (pour lequel elle remporta le prix de la meilleure actrice à la Mostra de Venise), ce qui fait d’elle l’une des cinq artistes dans l’histoire de l’Académie à avoir été nommée la même année dans ces deux catégories.

    Récemment, Cate Blanchett est apparue dans la superproduction Marvel Thor : Ragnarok, et sera bientôt à l’affiche d’Ocean’s 8, premier volet d’une saga entièrement féminine produite par Warner qui sortira en juin 2018. Cette année, on la verra aussi dans Where’d you go Bernadette, adaptation très attendue du roman de Maria Semple par Richard Linklater et dans celle de The House With a Clock in its Walls par Eli Roth.

    Cate Blanchett est également Ambassadrice de bonne volonté pour le Haut commissariat aux réfugiés de l’ONU (HCR), où elle défend leur cause à travers le monde.
    Le Festival de Cannes 2018 se déroulera du 8 au 19 mai prochains et, une fois n’est pas coutume, commencera un mardi et s’achèvera un samedi.

    CRITIQUE de BLUE JASMINE de Woody Allen

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    Jasmine est marié avec Hal (Alex Baldwin), un homme d’affaires fortuné avec lequel elle vit dans une somptueuse demeure à New York. Sa vie va brusquement voler en éclats. Elle va alors quitter New York et la vie de luxe pour vivre chez sa sœur Ginger au mode de vie beaucoup plus modeste, celle-ci habitant dans un petit appartement de San Francisco et gagnant sa vie en tant que caissière de supermarché.

    Après Barcelone, Londres, Paris et Rome, Woody Allen est donc de retour aux Etats-Unis. Comme à chaque fois, le lieu  a une importance capitale. Le film commence d’ailleurs par un vol en avion. Jasmine est encore entre deux villes et deux vies. New York et San Francisco. Deux villes qui s’opposent, géographiquement, temporellement et socialement pour Jasmine puisque l’une représente le passé et la richesse, l’autre le présent et la pauvreté. Deux faces de son existence. Le film est d’ailleurs brillamment monté avec ces mêmes allers et retours dans le montage, et une alternance entre le présent et des flashbacks sur la vie passée de Jasmine.  Après l’arrivée de Jasmine dans l’appartement de sa sœur ( « C’est chaleureux » dira-t-elle avec une douce condescendance), nous découvrons en flashback la première visite de Jasmine dans la magnifique propriété de Hal.

     

    Chaque film de Woody Allen est une véritable leçon de scénario, sur la manière d’exposer une situation, de croquer un personnage, et surtout de traiter les sujets les plus graves avec une apparente légèreté, de passer d’un genre à l’autre. Surtout, ici magistralement, il illustre par la forme du film le fond puisque Jasmine ment constamment, y compris à elle-même, la réalisation mentant au spectateur pour nous donner une apparence de légèreté comme Jasmine cherche à s’en donner une. Toute sa vie est d’ailleurs basée sur un mensonge. Son mari est tombé amoureux de son prénom qui n’est pas vraiment le sien. L’intelligence de l’écriture se retrouve jusque dans le titre du film, finalement aussi un mensonge comme l’est toute la vie de Jasmine.

    Woody Allen manie les paradoxes comme personne et y parvient une nouvelle fois avec une habileté déconcertante. Je ne suis pas forcément d’accord avec ceux pour qui c’est son meilleur film depuis « Match point », film au scénario parfait, audacieux, sombre et sensuel qui mêle et transcende les genres et ne dévoile réellement son jeu qu'à la dernière minute, après une intensité et un suspense rares allant crescendo. Le témoignage d'un regard désabusé et d'une grande acuité sur les travers et les blessures de notre époque. Un vrai chef d’œuvre. Depuis, il m’a enchantée avec chacun de ses films, même si certains furent moins réussis, et « Minuit à Paris » reste pour moi un de ses meilleurs :  une déclaration d’amour à Paris, au pouvoir de l’illusion, de l’imagination,  à la magie de Paris et du cinéma qui permet de croire à tout, même qu’il est possible au passé et au présent de se rencontrer et s’étreindre.

     

    Mais revenons au don de scénariste de Woody Allen. Dès les premiers plans, nous comprenons que Jasmine ne va pas très bien, qu’elle est aussi volubile que perdue.  Si Woody Allen manie savamment les paradoxes, il manie aussi les contrastes entre Ginger la brune et Jasmine la blonde, deux sœurs adoptées et diamétralement opposées.

    Le vernis de Jasmine et son allure impeccable de blonde hitchcockienne se fissurent progressivement. Sa vie dorée (au propre comme au figuré, prédominance du jaune) va exploser. Le statut social est essentiel pour Jasmine et cette déchéance sociale va la plonger en pleine dépression. Snob, a priori antipathique, elle va finalement susciter notre empathie grâce au talent de Woody Allen qui va nous dresse son portrait et celui de sa vie d’avant en flashbacks.

    Bien sûr, Cate Banchett avec ce rôle sur mesure, doit beaucoup à cette réussite. Elle parvient à nous faire aimer ce personnage horripilant, snob, condescendant, inquiétant même parfois mais surtout très seul, perdu, et finalement touchant. De ces personnes qui se révèlent plus complexes que leur apparente futilité voudrait nous le laisser croire, qui maquillent leurs failles derrière un culte de l’apparence et qu’il nous satisferait de croire seulement exaspérantes. Face à elle, Sally Hawkins est également parfaite.

    Derrière une apparence de légèreté (jusque dans la musique), Woody Allen a finalement réalisé un de ses films les plus sombres, encore une fois d’une étonnante modernité, en phase avec son époque, aussi peu linéaire et aussi sinueux que son montage. Les dialogues sont cinglants, cruels et réjouissants. Le casting est irréprochable et par de discrets plans séquences Woody Allen nous rappelle qu’il n’est pas seulement un grand dialoguiste et scénariste mais aussi un immense metteur en scène qui, tout aussi discrètement, fait coïncider la forme et le fond.

    Un dernier plan, finalement tragique,  lève le voile sur la réalité de Jasmine, et les vraies intentions du cinéaste,  notamment celle de dresser un magnifique portrait de femme, d’une époque aussi. Un film désenchanté, mélancolique, caustique, qui révèle finalement une nouvelle fois le don d’observation du cinéaste et sa capacité, en  à révélant les failles de ses personnages, aussi détestables puissent-ils être parfois a priori, et nous les faire aimer.

    Critique de L'ETRANGE HISTOIRE DE BENJAMIN BUTTON de David Fincher

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    L’existence de Benjamin Button (Brad Pitt) débute à la Nouvelle Orléans à l’âge auquel elle s’achève pour certains : à 80 ans. Il nait avec le corps d’un vieillard rabougri et il rajeunit progressivement sans que rien ne puisse arrêter l’impitoyable course du temps. Sa mère meurt en lui donnant la vie. Son père (Jason Flemyng), effrayé par cet être étrange, le dépose sur les marches d’une maison de retraite (ce n’est évidemment pas anodin) où il sera recueilli par la charmante Queenie (Taraji P.Henson), il grandira au contact des autres pensionnaires.

     Son histoire est lue dans une chambre d’hôpital par une fille (Julia Ormond) à sa mère Daisy (Cate Blanchett), une vieille dame à l’agonie qui possède le journal intime de Benjamin. Cette vieille dame est la femme dont Benjamin est tombé amoureux dès qu’il l’a vue, alors qu’elle n’était qu’une petite fille, la petite fille d’une des pensionnaires de la maison de retraite.

    Tandis qu’à l’extérieur de l’hôpital l’ouragan Katrina gronde, la lecture déroule le cours de cette étrange vie à rebours, de 1918 à nos jours…

     Adaptée d’une nouvelle de Scott Fitzgerald écrite en 1922, « L’étrange histoire de Benjamin Button »  (elle-même inspirée d’une pensée de Mark Twain : «  La vie serait bien plus heureuse si nous naissions à 80 ans et nous approchions graduellement de nos 18 ans ») est avant tout une idée prodigieuse, une métaphore magistrale sur la course-évidemment perdue d'avance- contre le temps, contre la mort, une brillante allégorie sur l’effroyable écoulement de temps. En cela, la très alléchante bande-annonce est à la fois fidèle et trompeuse. Fidèle en ce qu’elle reflète le sujet du film. Trompeuse en ce qu’elle n’en reflète que partiellement l’atmosphère, violemment mélancolique.

    Plus que quiconque, Benjamin se sait condamné par l’inéluctable compte à rebours mais aussi condamné à profiter intensément de chaque instant. Son existence est jalonnée de rencontres insolites, touchantes, marquantes (parmi lesquelles celle avec le troublant personnage  incarné par la talentueuse Tilda Swinton) inéluctablement tragiques car prisonnières de l’emprise du temps.

    Le film aurait pu être outrancièrement mélodramatique mais l’écueil est brillamment évité : toutes les morts surviennent hors-champ. Benjamin grandit et rajeunit pourtant entouré par la mort comme si un autre cyclone balayait son entourage. David Fincher n’a pas réalisé de ces films caricaturalement hollywoodiens qui usent et abusent du gros plan suréclairé et de la musique à outrance.  Le film est essentiellement en clair-obscur, la musique, judicieuse, d’Alexandre Desplat souligne sans surligner et laisse le plus souvent place au tic-tac récurrent, obsédant, omniprésent, terrifiant de l’horloge, symbole de ce temps que rien ne peut arrêter, même une horloge qui fonctionne à rebours, métaphore qui résonne d’autant plus dans une industrie hollywoodienne où rien ne semble arrêter la course effrénée et souvent ridicule au jeunisme.

     Malgré son sujet qui relève du conte (finalement plus philosophique que fantastique) costumes, décors, époques savamment reconstituées, tout concourt au réalisme (option finalement aussi courageuse que judicieuse), de même que les réactions ou plutôt la relative absence de réactions à la particularité de Benjamin contre laquelle personne, pas même lui-même, ne cherche à lutter. En cela, c’est un hymne à la différence, de surcroît parce que Queenie qui l’adopte, est une jeune femme noire qui adopte donc un enfant blanc né dans des circonstances très étranges, à une époque où le racisme régnait.

     « L’étrange histoire de Benjamin Button » est aussi et avant tout une magnifique histoire d’amour entre Benjamin et Daisy, une histoire qui défie les apparences, la raison, le temps et même la mort. L’histoire de deux destins qui se croisent, que les fils, tortueux, impitoyables et sublimes, du destin finissent toujours pas réunir, malgré le fracas du temps, de leurs temps, s’écoulant irrémédiablement dans deux directions opposées.

     C’est encore une formidable prouesse technique (qui a nécessité 150 millions de dollars et 150 jours de tournage) qui l’est d’autant plus qu’elle n’est jamais là pour épater mais pour servir admirablement l’histoire. Ainsi, il fut un temps question de Robert Redford pour incarner Benjamin Button vieux. C’est finalement Brad Pitt qui interprète Benjamin Button tout au long de sa vie. L’impact dramatique et visuel à le voir ainsi rajeunir sublimement jusqu’à incarner la jeunesse dans toute sa ténébreuse splendeur, puis dramatiquement à redevenir un enfant ayant tout oublié, n’en est que plus fort. Sa nomination aux Oscars en tant que meilleur acteur est amplement méritée (le film est nommé 13 fois) et doit davantage à sa performance d’acteur qu’au maquillage, prouvant après « Babel » et « L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford » (cliquez sur le lien ci-contre pour voir ma vidéo de la conférence de presse au Festival du Cinéma Américain de Deauville 2007 ainsi que la présentation du film) la très vaste palette de son jeu mais aussi l’intelligence de ses choix d’acteur. Face à lui Cate Blanchett incarne parfaitement cette femme finalement presque plus irréelle que lui, qui irradie, danse avec la vie, la dévore et la savoure.

     Certes, le film comporte quelques longueurs (L’épisode de la guerre était-il vraiment nécessaire ?) sans pour autant être jamais ennuyeux, tout concourant à servir son thème principal et à rappeler le temps qui s’écoule tragiquement. Le temps de la séance (2H44) épouse ainsi judicieusement le thème du film incitant à ne pas vouloir aller à tout prix contre le temps et à apprendre à l’apprivoiser, à laisser le temps au temps, profiter de chaque rencontre et chaque instant sans pour autant vouloir tout obtenir, réussir, immédiatement.

     Ce film est comme ces personnes (et comme son personnage principal) qui ne vous sont pas immédiatement sympathiques parce qu’elles ne cherchent pas à plaire à tout prix et par tous les moyens mais qui, quand vous les découvrez, progressivement et vraiment, vous procurent  une impression, émotion même, qui n’en sont que plus profondes et intenses. Le charme est alors plus durable que celui, volatile, d’une beauté éphémère et incandescente.

    « L’étrange histoire de Benjamin Button », malgré la singularité de son protagoniste, est un film à portée universelle sur la perte d’être chers,  la cruelle et inexorable fuite du temps, l’amour inconditionnel et intemporel.

     Au-delà de sa mélancolie, c’est aussi un magnifique hymne à la vie, dont chaque plan (une danse dans la nuit, un lever de soleil, une bouchée ou une gorgée dont ils se délectent…) chaque réplique incitent à « savourer » chaque instant, à croire en l’avenir, malgré tout, parce qu’ « on ne peut jamais savoir ce que l’avenir nous réserve ».

     Ce n’est peut-être pas le chef d’œuvre auquel je m’attendais, mais à l’image de l’existence il n’a peut-être que plus de mérite et ne  recèle que plus de beauté à sortir des sentiers battus et à charmer plus insidieusement, en cela c’est un beau et grand film qui porte et/ou hante bien après l’ouragan. Un film mélancolique , et  donc, malgré tout sombre, tendre aussi, un hymne à la vie dont on ne ressort en tout cas pas indemne tant il bouscule en soi (en moi en tout cas) tout ce qui constitue l’essence même de l’existence, de son sens et de son temps, inéluctablement destructeur et fatal.

    Critique de BABEL de Alejandro Gonzalez Inarritu

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    Je vous recommande vivement ce film qui avait reçu le prix de la mise en scène au Festival de Cannes 2006:  un de mes plus grands chocs cinématographiques cannois et, pour moi, un chef d’oeuvre. Voici la critique que j’avais alors publiée:

    En plein désert marocain, des enfants jouent avec un fusil que leur père vient d’acheter. Un coup de feu retentit et blesse une touriste américaine dans un bus qui passait sur la route, en contrebas. Les destins de cette femme (Cate Blanchett) et de son mari (Brad Pitt) dont le couple battait de l’aile, les destins des deux enfants responsables du coup de feu, le destin de la nourrice mexicaine des enfants du couple d’Américains, le destin d’une jeune Japonaise, en l’occurrence la fille de l’homme qui a donné le fusil à un Marocain qui l’a revendu au père des deux enfants : ces destins vont tous avoir une influence les uns sur les autres, des destins socialement et géographiquement si éloignés, mais si proches dans l’isolement et dans la douleur.

    Rares sont les films que je retourne voir, mais pour Babel vu au Festival de Cannes 2006 où il a obtenu le prix de la mise en scène et celui du jury œcuménique, c’était une vraie nécessité parce que Babel c’est plus qu’un film : une expérience. Ce film choral qui clôt le triptyque du cinéaste après Amours chiennes et 21 grammes fait partie de ces films après lesquels toute parole devient inutile et impossible, de ces films qui expriment tant dans un silence, dans un geste, qu’aucune parole ne pourrait mieux les résumer. De ces films qui vous hypnotisent et vous réveillent. De ces films qui vous aveuglent et vous éclairent. Donc le même choc, la même claque, le même bouleversement, quelques mois après, l’effervescence, la déraison et les excès cannois en moins. Malgré cela.

    Si la construction n’avait été qu’un vain exercice de style, qu’un prétexte à une démonstration stylistique ostentatoire, l’exercice aurait été alors particulièrement agaçant mais son intérêt provient justement du fait que cette construction ciselée illustre le propos du cinéaste, qu’elle traduit les vies fragmentées, l’incommunicabilité universelle.

    Le montage ne cherche pas à surprendre mais à appuyer le propos, à refléter un monde chaotique, brusque et impatient, des vies désorientées, des destins morcelés. En résulte un film riche, puissant où le spectateur est tenu en haleine du début à la fin, retenant son souffle, un souffle coupé par le basculement probable, soudain, du sublime dans la violence. Du sublime d’une danse à la violence d’un coup de feu. Du sublime d’une main sur une autre, de la blancheur d’un visage à la violence d’une balle perdue et d’une blessure rouge sang. Du sublime du silence et du calme à la violence du basculement dans le bruit, dans la fureur, dans la déraison.

    medium_P80601087315038.jpgUn film qui nous emmène sur trois continents sans jamais que notre attention ne soit relâchée, qui nous confronte à l’égoïsme, à notre égoïsme, qui nous jette notre aveuglement et notre surdité en pleine figure, ces figures et ces visages qu’il scrute et sublime d’ailleurs, qui nous jette notre indolence en pleine figure, aussi. Un instantané troublant et désorientant de notre époque troublée et désorientée. La scène de la discothèque est ainsi une des plus significatives, qui participe de cette expérience. La jeune Japonaise sourde et muette est aveuglée. Elle noie son désarroi dans ces lumières scintillantes, fascinantes et angoissantes. Des lumières aveuglantes: le paradoxe du monde, encore. Lumières qui nous englobent. Soudain aveuglés et sourds au monde qui nous entoure nous aussi.

    Le point de départ du film est donc le retentissement d’un coup de feu au Maroc, coup de feu déclenchant une série d’évènements qui ont des conséquences désastreuses ou salvatrices, selon les protagonistes impliqués. Peu à peu le puzzle se reconstitue brillamment, certaines vies se reconstruisent, d’autres sont détruites à jamais.

    Jamais il n’a été aussi matériellement facile de communiquer. Jamais la communication n’a été aussi compliquée, Jamais nous n’avons reçu autant d’informations et avons si mal su les décrypter. Jamais un film ne l’a aussi bien traduit. Chaque minute du film illustre cette incompréhension, parfois par un simple arrière plan, par une simple image qui se glisse dans une autre, par un regard qui répond à un autre, par une danse qui en rappelle une autre, du Japon au Mexique, l’une éloignant et l’autre rapprochant.

    Virtuosité des raccords aussi : un silence de la Japonaise muette qui répond à un cri de douleur de l’américaine, un ballon de volley qui rappelle une balle de fusil. Un monde qui se fait écho, qui crie, qui vocifère sa peur et sa violence et sa fébrilité, qui appelle à l’aide et qui ne s’entend pas comme la Japonaise n’entend plus, comme nous n’entendons plus à force que notre écoute soit tellement sollicitée, comme nous ne voyons plus à force que tant d’images nous soit transmises, sur un mode analogue, alors qu’elles sont si différentes. Des douleurs, des sons, des solitudes qui se font écho, d’un continent à l’autre, d’une vie à l’autre. Et les cordes de cette guitare qui résonnent comme un cri de douleur et de solitude.

    Véritable film gigogne, Babel nous montre un monde paranoïaque, paradoxalement plus ouvert sur l’extérieur fictivement si accessible et finalement plus égocentrique que jamais, monde paradoxalement mondialisé et individualiste. Le montage traduit magistralement cette angoisse, ces tremblements convulsifs d’un monde qui étouffe et balbutie, qui n’a jamais eu autant de moyens de s’exprimer et pour qui les mots deviennent vains. D’ailleurs chaque histoire s’achève par des gestes, des corps enlacés, touchés, touchés enfin. Touchés comme nous le sommes. Les mots n’ont plus aucun sens, les mots de ces langues différentes. Selon la Bible, Babel fut ainsi une célèbre tour construite par une humanité unie pour atteindre le paradis. Cette entreprise provoqua la colère de Dieu, qui pour les séparer, fit parler à chacun des hommes impliqués une langue différente, mettant ainsi fin au projet et répandant sur la Terre un peuple désorienté et incapable de communiquer.

    medium_P80601161052655.jpgC’est aussi un film de contrastes. Contrastes entre douleur et grâce, ou plutôt la grâce puis si subitement la douleur, puis la grâce à nouveau, parfois. Un coup de feu retentit et tout bascule. Le coup de feu du début ou celui en pleine liesse du mariage. Grâce si éphémère, si fragile, comme celle de l’innocence de ces enfants qu’ils soient japonais, américains, marocains, ou mexicains. Contrastes entre le rouge des vêtements de la femme mexicaine et les couleurs ocres du désert. Contrastes entres les lignes verticales de Tokyo et l’horizontalité du désert. Contrastes entre un jeu d’enfants et ses conséquences dramatiques. Contraste entre le corps dénudé et la ville habillée de lumière. Contraste entre le désert et la ville. Contrastes de la solitude dans le désert et de la foule de Tokyo. Contrastes de la foule et de la solitude dans la foule. Contrastes entre « toutes les télévisions [qui] en parlent » et ces cris qui s’évanouissent dans le désert. Contrastes d’un côté et de l’autre de la frontière. Contrastes d’un monde qui s’ouvre à la communication et se ferme à l’autre. Contrastes d’un monde surinformé mais incompréhensible, contrastes d’un monde qui voit sans regarder, qui interprète sans savoir ou comment, par le prisme du regard d’un monde apeuré, un jeu d’enfants devient l’acte terroriste de fondamentalistes ou comment ils estiment savoir de là-bas ce qu’ils ne comprennent pas ici.

    medium_P80601693016905.jpgMais toutes ces dissociations et ces contrastes ne sont finalement là que pour mieux rapprocher. Contrastes de ces hommes qui parlent des langues différentes mais se comprennent d’un geste, d’une photo échangée (même si un billet méprisant, méprisable les séparera, à nouveau). Contrastes de ces êtres soudainement plongés dans la solitude qui leur permet finalement de se retrouver. Mais surtout, surtout, malgré les langues : la même violence, la même solitude, la même incommunicabilité, la même fébrilité, le même rouge et la même blancheur, la même magnificence et menace de la nuit au-dessus des villes, la même innocence meurtrie, le même sentiment d’oppression dans la foule et dans le désert.

    Loin d’être une démonstration stylistique, malgré sa virtuosité scénaristique et de mise en scène Babel est donc un édifice magistral tout entier au service d’un propos qui parvient à nous transmettre l’émotion que ses personnages réapprennent. Notons que malgré la pluralité de lieux, de langues, d’acteurs (professionnels mais souvent aussi non professionnels), par le talent de son metteur en scène, Babel ne perd jamais sa cohérence qui surgit, flagrante, bouleversante, évidente, au dénouement.

    La mise en scène est volontairement déstructurée pour refléter ce monde qu’il met en scène, un monde qui s’égare, medium_P80601398560603.jpget qui, au moindre geste , à la moindre seconde, au moindre soupçon, peut basculer dans la violence irraisonnée, un monde qui n’a jamais communiqué aussi vite et mal, un monde que l’on prend en pleine face, fascinés et horrifiés à la fois, un monde brillamment ausculté, décrit, par des cris et des silences aussi ; un monde qui nous aveugle, nous assourdit, un monde de différences si semblables, un monde d’après 11 septembre.

    Babel est un film douloureux et clairvoyant, intense, empreint de la fébrilité du monde qu’il parcourt et dépeint de sa lumière blafarde puis rougeoyante puis nocturne. Un film magnifique et éprouvant dont la mise en scène vertigineuse nous emporte dans sa frénésie d’images, de sons, de violences, de jugements hâtifs, et nous laisse avec ses silences, dans le silence d’un monde si bruyant. Le silence après le bruit, malgré le bruit, le silence de l’harmonie retrouvée, l’harmonie éphémère car il suffirait qu’un coup de feu retentisse pour que tout bascule, à nouveau. La beauté et la douleur pareillement indicibles. Babel, tour de beauté et de douleur. Le silence avant les applaudissements, retentissants, mérités. Si le propre de l’Art c’est de refléter son époque et de l’éclairer, aussi sombre soit-elle, alors Babel est un chef d’œuvre. Une expérience dont on ne peut ressortir indemne ! Mais silencieux, forcément.

     

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