Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • Largo Winch" de Jérôme Salle, sortie en salles mercredi prochain: critique en avant-première

    largo2.jpgLe 16 novembre dernier, vous pouviez lire sur ce blog la critique en avant-première de "Largo Winch" de Jérôme Salle.

     Ce film vous est recommandé par "In the mood for cinema", il sort en salles ce mercredi 17 décembre.

    Cliquez ici pour lire mon article "Largo Winch de Jérôme Salle: film d'aventure à l'Européenne ou les tribulations sans répit de l'héritier inconoclaste".

    Cliquez ici pour voir la bande annonce de "Largo Winch".

    2008_1115largo0008.JPG

     

    Lien permanent Imprimer Catégories : CRITIQUES DES FILMS A L'AFFICHE EN 2008 Pin it! 1 commentaire
  • Avant-première- « I feel good » de Stephen Walker: mon coup de cœur de cette fin d’année!

    i feel good.jpg

    « I feel good » est un documentaire dans lequel son réalisateur, Stephen Walker, suit le quotidien de Young@Heart, une chorale unique au monde dont la moyenne d’âge de ses chanteurs, résidents d’une petite ville du Massachussetts, Northampton,  est de 80 ans (de 75 à 93 ans !). N’imaginez surtout pas une bande de grabataires plaintifs ânonnant des airs mièvres et surannés lénifiants (je ne citerai pas de noms mais ça vous rappellera probablement quelque chose ou quelques un(e)s). Non, les membres de cette chorale qui porte bien son nom ne chantent que des tubes punk, soul et hard rock, le tout avec une joie et un entrain communicatifs, sous la direction d’un jeune quinquagénaire, Bob Cilman, créateur, manager et chef d’orchestre exigeant de la troupe.

    Le film débute par  des plans d’une foule en délire dans une salle de concert pleine à craquer, puis revient sur les semaines de répétition qui ont précédé ce spectacle.

    Je vous mets au défi de rester insensibles et statiques devant ce documentaire, vrai coup de cœur de cette fin d’année cinématographique. Il a même réussi à dérider la salle de  projection presse : c’est dire…  Ce film est un véritable concentré d’émotions, de vie et de musique. Rien de graveleux ou d’impudique: Stephen Walker a la délicatesse d’écarter sa caméra là où d’autres auraient fait des gros plans racoleurs en ajoutant une musique sirupeuse et mélodramatique. Non : l’émotion ne vient pas de là. Elle vient des personnalités sur lesquelles Stephen Walker s’attarde, des personnalités dont, derrière les rides, les appareils respiratoires, les démarches hésitantes, les voix parfois tremblantes et autres cœurs balbutiants, on perçoit avant tout la joie de vivre transcendée, exaltée, ou simplement suscitée par la musique et des personnes dont, paradoxalement, la première « qualité » n’est pas d’être âgées mais d’être éprises de vie et d’une passion, pour le chant et la musique.

    Stephen Walker s’immisce donc dans la vie de la chorale et peu à peu cerne les personnalités touchantes de ses interprètes : la séductrice Eileen et ses 93 printemps, le persévérant Stan, l’infatigable Steven, la truculente Dora, le touchant Bob, Joe et sa joie de vivre communicative. Les chansons prennent une nouvelle résonance (comme « Nothing compares to you » à un moment crucial), parfois dramatique ou drôle, voire irrésistible.

    Le montage, habile et toujours pudique, entremêle subtilement entretiens avec les membres de la chorale, trajets épiques en voiture, images de leur clips, répétitions et spectacles nous faisant cerner leurs existences, leurs espoirs et désespoirs, et dressant un portrait entraînant mais aussi sans concessions de ces septuagénaires, plus souvent d’ailleurs octogénaires ou nonagénaires, un portrait qui est une véritable cure de jouvence. Il faut les voir reprendre « I feel good » de James Brown avec un enthousiasme et une chorégraphie qui n’ont rien de ridicules mais aussi  « Fix you » de Coldplay, « Should I stay or Should I go » des Clash, un “Yes we can can” -d’actualité!- de Lee Dorsey et cette version -incroyable et qui emporte l’adhésion générale- de "Schizophrenia" de Sonic Youth.

    Au-delà de cette bande originale irrésistible, ce film a un écho universel et poignant dont témoigne cette séquence dans une prison où la chorale suscite l’enthousiasme de ces gros bras aux physiques parfois patibulaires dont certains semblent sur le point de verser une larme et qui terminent par une standing ovation unanime.

    En chacun de ces chanteurs : ce sont en effet nos grands-parents que nous voyons mais aussi un miroir de nous-mêmes, parfois dur dans ce qu’il évoque d’inexorable mais l’espoir et la musique reprennent toujours le dessus, malgré tout, même la mort qui rôde et les rattrape parfois. Un miroir qui en 1H48 nous parle de l’essentiel, de vie et de (et en) chanson qui défient la mort et nous va droit au cœur.

    Un film plein d’espoir, un hymne à la vie mais surtout à la passion, celle qui permet de surmonter les difficultés, la douleur, l’âge, de se surpasser, de narguer la mort même parfois.  Un film drôle et bouleversant qui tord le cou aux préjugés et aux lieux communs sur l’âge. Ce qui aurait pu être pathétique se révèle magique. En 1H48 ce film m’a autant bouleversée qu’il m’a fait rire, et taper des pieds. J’en suis ressortie le sourire aux lèvres et la larme à l’œil,  l’envie de chanter, de danser, de croquer la vie à pleines dents, de la regarder en face aussi, avec ses failles et ses difficultés,  de vivre pleinement ses passions, plus fortes que tout et qui rendent aussi plus fort que tout...et l’envie d’acheter une place pour leur prochaine tournée ! Un film dont on ressort en chantant et pensant « I feel good ».

    Un remake serait en préparation, la société de production Working Title voudrait en faire une fiction. C’est dommage : ce qui constitue la richesse de ce film et qui suscite une telle émotion c’est justement tout ce qui n’est pas prévisible, ce qu’une fiction ne pourra pas retranscrire. Ce film a d’ailleurs reçu de très nombreux prix et notamment le prix du jury et le prix du public au dernier Festival Paris Cinéma. Stephen Walker a réalisé 23 films pour la BBC et Channel 4 mais « I feel good » est son premier film pour le cinéma… et certainement pas le dernier, je l’espère en tout cas !

    Sortie en salles: le 24 décembre

    Durée du film: 1H48

    Site internet du film : http://www.ifeelgood-lefilm.com

    Sandra.M

    i feel good2.jpg
  • Nominations pour les Golden Globe Awards 2009

    golden globes.gifHier ont été annoncées les nominations pour la 66ème édition des Golden Globes Awards (qui auront lieu le 11 janvier 2009) qui préfigurent en général les nominations des Oscars (dont la 81ème cérémonie aura lieu le 22 février prochain.)

     « L’Etrange histoire de Benjamin Button » (de David Fincher), « Frost / Nixon » (de Ron Howard)  et « Doute » (de John Patrick Shanley) comptabilisent le plus grand nombre de nominations : 5 chacun. A noter : 4 nominations pour Woody Allen avec « Vicky Cristina Barcelona » (dont 3 pour ses acteurs, à l’exception de Scarlett Johansson, la seule du quatuor absente des nominations).

    Heath Ledger est nommé à titre posthume pour son rôle de Joker dans « The dark night ». Meryl Streep  et Kate Winslet sont toutes deux nommées deux fois.

    Parmi les nominations françaises, on retrouve Alexandre Desplat (déjà récompensé il y a deux ans pour « Le voile des illusions »). Le drame de Philippe Claudel « Il y a longtemps que je t’aime » est nommé dans deux catégories : meilleure actrice pour Kristin Scott Thomas (récemment récompensée aux European Film Awards) et comme meilleur film étranger face à « Gomorra », « Everlasting moments », « La bande à Baader » et « Valse avec Bachir ».  

    En bonus, la bande annonce de « Frost / Nixon », en bas de cette note.

    frostnixon.jpg

    Meilleur film dramatique 

     Frost / Nixon, l'heure de vérité 

    Le Liseur

    Les Noces rebelles

     L'Etrange histoire de Benjamin Button 

    Slumdog Millionaire 

    Meilleur acteur dans un drame

    Frank Langella  (Frost / Nixon, l'heure de vérité)

    Sean Penn (Harvey Milk)

    Leonardo DiCaprio (Les Noces rebelles)

    Brad Pitt (L'Etrange histoire de Benjamin Button)

    Mickey Rourke (The Wrestler) 

    Meilleure actrice dans un drame

    il y a.jpg

    Meryl Streep  (Doute)

    Kristin Scott Thomas (Il y a longtemps que je t'aime)

    Angelina Jolie (L'Echange)

    Kate Winslet (Les Noces rebelles)

    Anne Hathaway (Rachel Getting Married) 

    Meilleure comédie ou comédie musicale 

    mamma mia affiche.jpg

    Be Happy

    Bons Baisers de Bruges

    Burn After Reading

    Mamma Mia !

    Vicky Cristina Barcelona

    Meilleur acteur dans une comédie ou une comédie musicale

    vicky2.jpg

    Colin Farrell  (Bons Baisers de Bruges)

    Brendan Gleeson (Bons Baisers de Bruges)

    James Franco (Délire Express)

    Dustin Hoffman (Last Chance for Love)

    Javier Bardem (Vicky Cristina Barcelona)

    Meilleure actrice dans une comédie ou une comédie musicale 

    Sally Hawkins(Be Happy)

    Frances McDormand (Burn After Reading)

    Emma Thompson(Last Chance for Love)

    Meryl Streep (Mamma Mia !)

    Rebecca Hall (Vicky Cristina Barcelona) 

    Meilleur acteur dans un second rôle 

    Philip Seymour Hoffman (Doute)

    Heath Ledger (The Dark Knight, Le Chevalier Noir)

    Ralph Fiennes  (The Duchess)

    Tom Cruise (Tonnerre sous les Tropiques)

    Robert Downey Jr. (Tonnerre sous les Tropiques)

    Meilleure actrice dans un second rôle

    doubt.jpg

    Amy Adams (Doute)

    Viola Davis (Doute)

    Kate Winslet (Le Liseur)

    Marisa Tomei (The Wrestler)

    Penélope Cruz (Vicky Cristina Barcelona)

    Meilleur réalisateur

    Ron Howard (Frost / Nixon, l'heure de vérité)

    Stephen Daldry (Le Liseur)

    Sam Mendes (Les Noces rebelles)

    David Fincher (L'Etrange histoire de Benjamin Button)

    Danny Boyle (Slumdog Millionaire)

    Meilleur scénario

    Doute (John Patrick Shanley)

    Frost / Nixon, l'heure de vérité (Peter Morgan)

    Le Liseur (David Hare)

    L'Etrange histoire de Benjamin Button (Eric Roth)

    Slumdog Millionaire (Simon Beaufoy) 

    Meilleure musique 

    Frost / Nixon, l'heure de vérité (Hans Zimmer)

    L'Echange(Clint Eastwood)

    Les Insurgés (James Newton Howard)

    L'Etrange histoire de Benjamin Button(Alexandre Desplat)

    Slumdog Millionaire (A.R. Rahman)

    Meilleure chanson

    Gran Torino (Jamie Cullum, Clint Eastwood, Kyle Eastwood, Michael Stevens)

    The Wrestler (Bruce Springsteen)

    Volt, star malgré lui (Miley Cyrus, Jeffrey Steele)

    WALL.E(Peter Gabriel, Thomas Newman) 

    Meilleur film d'animation 

    Kung Fu Panda

    Volt, star malgré lui

    WALL.E

    Meilleur film en langue étrangère

    valse.jpg

    Everlasting moments

    Gomorra

    Il y a longtemps que je t'aime

    La Bande à Baader

    Valse avec Bachir

     Pour ceux qui voudraient connaître les nominations pour la télévision et les séries, rendez-vous sur le site officiel des Golden Globe Awards.

    Ci-dessous, la bande annonce de "Frost/Nixon" de Ron Howard

     

  • « Nuit de chien » de Werner Schroeter : avant-première et rencontre avec l’équipe du film au ciné club de SciencesPo

    nuit de chien.jpg

    En préambule, je remercie le ciné club de SciencesPo pour la publication dans sa gazette de décembre (cliquez ici pour accéder à la Gazette de décembre) de mon article sur la rencontre avec Catherine Deneuve et souhaite la bienvenue à ceux qui découvriraient ce blog à cette occasion. J’en profite également pour rappeler que les événements organisés par le ciné club sont ouverts à tous et gratuits. Dommage que l’avant-première d’hier et la passionnante rencontre qui lui a succédé (avec le producteur du film Paulo Branco, le scénariste Gilles Taurand et la comédienne Amira Casar) n’aient pas attiré plus d’une vingtaine de personnes (même moins pour le débat !), contrairement à la précédente rencontre, avec Louis Garrel et Christophe Honoré, pour laquelle l’amphithéâtre Boutmy n’avait pu accueillir tout le monde.

    Ossorio (Pascal Greggory), un homme d’une quarantaine d’années, descend d’un train au milieu d’une foule de réfugiés et de soldats épuisés et débarque à la gare de Santa Maria, en pleine nuit. C’est dans une ville assiégée que ce héros d’une résistance en débâcle tente de retrouver ses anciens alliés et celle qu’il aime, Clara Baldi. Mais la situation a bien changé, et les amis d’hier n’ont plus le même discours. Tandis qu’une milice déchaînée terrorise la ville, chacun cherche désormais à sauver sa peau.

    « Nuit de chien » est l’adaptation du roman de l’écrivain uruguayen Juan Carlos Onetti « Para esta noche ». L’intrigue se déroule en une nuit, une nuit cauchemardesque et absurde, nous entraînant dans « un voyage au bout de la nuit » dont on ne revient ni indifférent, ni indemne.

    Je l’avoue : je n’avais encore vu aucun film du fantasque et iconoclaste cinéaste allemand Werner Schroeter qui fait en effet partie de ces cinéastes que l’on adore ou déteste, par lequel on est subjugué ou dont le cinéma nous laisse à distance et impassible, ou même suscite le rejet, le mépris (le film a été copieusement hué à la Mostra de Venise 2008 dont il est pourtant reparti primé). Werner Schroeter a par ailleurs reçu l’ours d’or à Berlin en 1980 pour « Palermo » et a récemment fait tourner Isabelle Huppert dans « Malina » (1991), « Poussières d’amour » (1996) et « Deux » (2002).

    En ce qui me concerne, c’est son ensorcelante poésie désenchantée et désespérée qui survit malgré la noirceur kafkaïenne et  la radicalité du propos ( qui, là, ne laisse personne , ou presque, survivre), qui l’a emporté. Le film est en effet d’une noirceur abyssale, il nous dépeint un monde sans espoir, encerclé par la guerre, le fascisme, le chaos, la trahison, la mort. Bien que Santa Maria soit une ville imaginaire au décor crépusculaire ( pour créer cette atmosphère dense, Werner Schroeter dit s’être inspiré de « Touch of Evil » d’Orson Welles et « Kiss me deadly » d’Aldrich), le film a été tourné au Portugal, à Porto, et est adapté d’un roman écrit en 1943,  son propos a un caractère tristement intemporel et universel. Ce roman préfigurait ainsi certains des épisodes les plus tragiques de l’Histoire récente de l’Amérique latine ou d’ailleurs.

     L’Homme doit alors résister à la brutalité, la bestialité même, à cet ennemi peut-être encore plus interne qu’externe. Abandonner, se soumettre ou résister : le dilemme n’a finalement ni époque ni frontières. Cette société sans espoir est à la fois fantasmagorique, imaginaire et terriblement réaliste et actuelle, traversée pourtant de moments de beauté fragile et désespérée, d’innocence en péril.(Trois enfants jalonnent cette nuit : deux d’entre eux semblent être totalement insensibles au malheur et à la douleur).

    Certains seront très certainement décontenancés, heurtés, par la déconstruction du récit, la logique de l’absurde, l’aspect fantasmagorique, l’outrance irrévérencieuse. D’autres, comme moi, se laisseront porter par ces mouvements chorégraphiés aussi repoussants que fascinants, cet opéra flamboyant qui « encense les sens » (pour reprendre les termes d’Amira Casar), ce mélange d’absurde, de baroque, de burlesque, de grotesque, de picturalité éclatante, de théâtralité parfois dérangeante,   et d’humour noir, très noir.

    Werner Schroeter est un grand mélomane, « Nuit de chien » est d’ailleurs très imprégné d’opéra (Amira Casar a d’ailleurs précisé que pendant le tournage Werner Schroeter pouvait aussi bien passer la Traviata qu’un air de Pink Floyd) mais aussi de théâtre et de danse, et se regarde comme un opéra baroque, se vit comme une expérimentation déroutante, une expérience sensuelle et crue(lle) d’une mélancolie féroce. « Nuit de chien » ne flatte pas le spectateur en l’emmenant sur des sentiers battus mais l’enrichit peut-être davantage en l’embarquant dans un véritable univers, sans pareil, sans issue et sans espoir aussi. Pour Werner Schroeter, pourtant, il ne faut pas avoir peur de la mort : ce n’est pas un ennemi à affronter mais une fatalité à apprivoiser.

    Les membres de l’équipe du film présents hier soir l’ont défendu avec une passion communicative. Certains m’ont  récemment demandé pourquoi je n’avais pas rédigé de compte rendu de la rencontre avec Louis Garrel et Christophe Honoré invités lors d’une précédente séance du même ciné club. Je pourrais leur répondre que là où un comédien ne cherchait qu’à se mettre en valeur, à capter voire capturer l’attention (pas toujours avec le meilleur goût) nuisant presque davantage au film que le valorisant, dans sa posture, ses propos, son attitude et même sa tenue vestimentaire, une comédienne, Amira Casar en l’occurrence, au contraire, cherchait avant tout à se mettre en retrait et à partager son enthousiasme pour ce film dont elle est particulièrement fière de faire partie, dans lequel elle est d’ailleurs douloureusement radieuse. Il faudrait d’ailleurs aussi évoquer Pascal Greggory qui promène tout au long du film sa gravité désenchantée,  Samy Frey plus inquiétant que –et comme- jamais mais aussi Bulle Ogier, Bruno Todeschini, Eric Caravaca, Nathalie Delon, Jean-François Stévenin, Elsa Zylberstein qui font également partie de la distribution.

     Gilles Taurand (notamment scénariste pour Téchiné), habitué à un cinéma avec une structure narrative plus conventionnelle, a également évoqué sont travail avec beaucoup de conviction. Pour lui, un scénariste doit, une fois son scénario livré au réalisateur, l’abandonner et regarder ensuite le  film et le redécouvrir comme un simple spectateur. Il a ainsi ajouté le personnage de Clara Baldi qui n’existait pas dans le roman, choisi de centrer le récit sur le point de vue d’Ossorio, et il a précisé, sans le déplorer, bien au contraire, que Werner Schroeter avait ajouté beaucoup d’éléments baroques qui ne figuraient pas dans le scénario (n’en voyant d’ailleurs lui-même pas toujours le sens). Pour lui, savoir ainsi transfigurer un scénario est la marque des grands réalisateurs. Et que l’on apprécie ou non ce réalisateur et ce film en particulier, on ne peut lui nier un véritable regard, une acuité et une sensibilité particulières aussi inclassables et déstabilisants, voire dérangeants soient-ils. Une œuvre, indéniablement.

    « Nuit de chien » a reçu le Lion spécial du jury de la Mostra de Venise 2008 et sortira en salles en France, le 7 janvier 2009.

    Liens :

    Site officiel de Nuit de chien

    Site internet du ciné club de SciencesPo

    Page du ciné club sur Facebook pour être informé des projections

    Gazette de novembre du ciné club de SciencesPo

    Gazette de décembre du ciné club de SciencesPo

     Sandra.M

  • Palmarès de la 21ème édition des European Film Awards: "Gomorra" de Matteo Garrone, grand vainqueur

    EFA.jpgHie soir, à Copenhague, avait lieu la 21ème édition des European Film Awards. En voici le palmarès ci-dessous.

    « Gomorra » de Matteo Garrone (Grand Prix du Festival de Cannes 2008) en repart grand vainqueur avec 5 récompenses (un film que je n’ai malheureusement pas encore vu).

    Deux films français ont également été récompensés : « Il y a longtemps que je t’aime » par le biais du prix de la meilleure actrice attribué à Kristin Scott Thomas et « La Graine et le Mulet » d’Abdellatif Kechiche qui a reçu le prix FIPRESCI de la critique. (C'est Josée Dayan qui va être contente: voir ici).

    "Hunger" (du prix Fassbinder: voilà qui devrait amuser Thierry Frémaux, cliquez ici pour lire mon article à ce sujet) et "Valse avec Bachir", deux films dont je vous ai également longuement parlé cette année, ont été également récompensés.

     PALMARES

    EFA2.jpg
    Ci-dessus Matteo Garrone (Crédits photo: Rune Evensen/ScanPix)

    European Film Award du meilleur film : « Gomorra » de Matteo Garrone

    European Film Award du meilleur réalisateur : Matteo Garrone pour « Gomorra »

    European Film Award du meilleur acteur : Toni Servillo pour « Gomorra » et « Il Divo »

    EFA4.jpg
    Ci-dessus: Toni Servillo (Crédits photos: Rune Evensen/ScanPix)

    European Film Award de la meilleure actrice : Kristin Scott Thomas pour « Il y a longtemps que je t’aime »

    il y a.jpg

    European Film Award du meilleur scénario : Gianni di Gregorio, Massimo Gaudioso, Matteo Garrone, Maurizio Braucci, Roberto Saviano, Ugo Chiti pour « Gomorra »

    European Film Award de la meilleure photographie :  Marco Onorato pour « Gomorra »

    European Film Award de la meilleure musique : Max Richter pour « Valse avec Bachir »

    valse.jpg

    Prix d’excellence : « Katyn » ( Magdalena Biedrzycka)

    Prix Fassbinder de la Découverte Européenne : Steve Mc Queen pour « Hunger »

    EFA5.jpg
    Ci-dessus: Steve Mc Queen (Crédits photo: Rune Evensen/ScanPix)

    Prix Arte du meilleur documentaire : Helena Trestikova (« René »)

    Prix UIP du meilleur court métrage : Darren Thornton (« Frankie »)

    Prix FIPRESCI de la critique : « La Graine et le Mulet » d’Abdellatif Kechiche

    EFA1.jpg
    ci-dessus: Abdellatif Kechiche (Crédits photo: Rune Evensen/ScanPix)

    Prix du Public- Meilleur film : « Harry Potter et l’ordre du Phenix » (David Yates)

    Prix screen international de la contribution européenne au cinéma mondial : Kristian Levring,  Lars Von Trier, Soren Kragh-Jacobsen, Thomas Vinterberg

    Prix de la European Film Academy pour l’ensemble d’une œuvre : Judi Dench

    EFA3.jpg
    Ci-dessus: Judi Dench (Crédits photo: Rune Evensen/ScanPix)

    SELECTION

    Prix du Public - Meilleur film

    [Rec] (Paco Plaza, Jaume Balaguero)

    Arn - The Knight Templar (Peter Flinth)

    Ben X (Nic Balthazar)

    Bienvenue chez les Ch'tis (Dany Boon)

    Ensemble, c'est tout (Claude Berri)

    Harry Potter et l'Ordre du Phénix (David Yates)

    Keinohrhasen (Til Schweiger)

    La Vague (Dennis Gansel)

    L'Orphelinat (Juan Antonio Bayona)

    Mongol (Sergei Bodrov)

    REVIENS-MOI (Joe Wright)

    Saturno Contro (Ferzan Ozpetek)

    Meilleur film

    Be Happy (Mike Leigh)

    Entre les murs (Laurent Cantet)

    Gomorra (Matteo Garrone)

    Il Divo (Paolo Sorrentino)

    L'Orphelinat (Juan Antonio Bayona)

    Valse avec Bachir (Ari Folman)

    Meilleur réalisateur

    Laurent Cantet (Entre les murs)

    Matteo Garrone (Gomorra)

    Steve McQueen (II) (Hunger)

    Paolo Sorrentino (Il Divo)

    Andreas Dresen (Septième ciel)

    Ari Folman (Valse avec Bachir)

    Meilleur acteur

    Elmar Wepper (Cherry Blossoms)

    Thure Lindhardt, Mads Mikkelsen (Flame & Citron)

    Toni Servillo (Gomorra)

    Michael Fassbender (Hunger)

    Toni Servillo (Il Divo)

    Jürgen Vogel (La Vague)

    James McAvoy (REVIENS-MOI)

    Meilleure actrice

    Sally Hawkins (Be Happy)

    Kristin Scott Thomas (Il y a longtemps que je t'aime)

    Arta Dobroshi (Le Silence de Lorna)

    Hiam Abbass (Les Citronniers)

    Belen Rueda (L'Orphelinat)

    Ursula Werner (Septième ciel)

    Meilleur scénario

    Gomorra (Roberto Saviano, Maurizio Braucci, Ugo Chiti, Gianni Di Gregorio, Matteo Garrone, Massimo Gaudioso)

    Il Divo (Paolo Sorrentino)

    Les Citronniers (Suha Arraf, Eran Riklis)

    Valse avec Bachir (Ari Folman)

    Meilleure musique

    L'Orphelinat (Fernando Velázquez)

    Moscow, Belgium (Tuur Florizoone)

    REVIENS-MOI (Dario Marianelli)

    Valse avec Bachir (Max Richter)

    Meilleure photographie

    Gomorra (Marco Onorato)

    Il Divo (Luca Bigazzi)

    L'Orphelinat (Oscar Faura)

    Mongol (Rogier Stoffers, Sergei Trofimov)

    Prix d'Excellence

    Delta (Márton Ágh)

    Katyn (Magdalena Biedrzycka)

    La Nouvelle vie de Monsieur Horten (Petter Fladeby)

    Un conte de Noël (Laurence Briaud)

    Site officiel: http://www.europeanfilmacademy.org

  • In the mood for news: quelques informations cinématographiques...

    -Comme le film que je viens de voir ne vaut pas la peine d’être évoqué, exceptionnellement aujourd’hui ce sera une note avec quelques informations cinématographiques en vrac.

     

    -D’abord, je voulais vous parler de deux sites internet. Le premier a été créé par un blogueur et est assez impressionnant de par la qualité et la quantité des informations liées au septième art qu’il recèle. Vous y trouverez une gigantesque base de données sur les films et les filmographies, des quiz,  des news,  vous pourrez aussi lire de nombreuses critiques liées à un film en particulier. Le but du site est « de partager le cinéma entre amis ». Ce site est en effet très interactif et vous pourrez y ajouter des informations concernant un film, signifier les films dont vous êtes fans, créer vos propres quiz etc.  Un site ludique et informatif très « in the mood for cinema » sur lequel je vous recommande donc de vous inscrire. Ce site s’intitule « Cinefriends ». (Cliquez sur le nom pour y accéder).

     

    -salon2.JPGEnsuite, le second site que je voulais évoquer est celui du prochain Salon du Cinéma (3ème édition) qui aura lieu du 16 au 18 janvier 2009, à Paris. Le Salon a aussi son blog d’ores et déjà régulièrement mis à jour. Cette année le Salon déménage vers un lieu plus approprié que le parc des expositions qui rendait certaines interventions inaudibles. Ce sera donc la Grand Halle de la Villette. Vous pouvez retrouver mes comptes rendus de l’édition 2007 et de l’édition 2008 du Salon du cinéma sur « In the mood for cinema ».

     

    -En vous rappelant que le Ciné club de SciencesPo, mercredi prochain, organise une avant-première exceptionnelle ouverte à tous, de « Nuit de chien » de Werner Shroeter (Lion Spécial du Jury de la Mostra de Venise 2008), suivie d’un débat avec l’équipe du film (Amphi Boutmy, 27 rue Saint-Guillaume, Paris 75006, à 17H, un conseil : arrivez un peu en avance)  voici un bref compte rendu du débat  organisé lors de la 61ème journée dédicaces de SciencesPo, débat dont le thème était « Le passage à l’écran : l’adaptation tue-t-elle le livre ? ».

     

    dédicaces2.jpg Pour y répondre Paulo Branco (producteur), Josée Dayan (réalisatrice et productrice), Mamadou Mahmoud N’Dongo  (écrivain et scénariste), Laurent Aknin (historien et critique de cinéma) ont répondu présents. Le débat était animé par le journaliste et chroniqueur littéraire Hubert Artus. Dommage que les rangs du grand amphi Boutmy aient été aussi clairsemés, pour ne pas dire quasiment vides, pour un débat qui s’est avéré passionnant en particulier en raison des deux formes de cinéma, relativement différentes, pour ne pas dire opposées (bien que s’accordant sur certains points) que défendaient le producteur indépendant Paulo Branco et la réalisatrice (qui a expliqué qu’elle était aussi productrice) de téléfilms Josée Dayan (qui a également réalisé pour le cinéma et notamment « Cet amour-là » , d’ailleurs une adaptation du roman de Yann Andrea sur la relation de ce dernier avec Marguerite Duras).

     

     Josée Dayan avec la gouaille et le franc-parler qui la caractérise a tout d’abord évoqué son profond respect pour l’écriture, en admettant qu’elle ne savait pas écrire un scénario, ajoutant que très peu de metteurs en scène le savent et que les scénarii, lorsqu’ils sont écrits par les réalisateurs, en souffrent bien souvent. Selon cette dernière « on ne peut pas décider du jour au lendemain qu’on est scénariste ou dialoguiste ». Ce qu’elle préfère, c’est « le rapport aux acteurs. » Elle a ainsi annoncé qu’elle allait adapter « Baisers de cinéma » d’Eric Fottorino pour le cinéma, notamment parce qu’à la télévision, la dispersion de l’attention du téléspectateur nécessite des récits plus construits, plus droits, plus linéaires qu’au cinéma.

     

    Pour Laurent Aknin, la principale différence entre cinéma et télévision provient du fait « qu’un livre est une langue, que le cinéma est un langage. » Pour lui, il ne peut pas y avoir de trahison car ce sont deux modes d’expression totalement différents. Rares sont donc les romans inadaptables…à l’exception peut-être de « La disparition » de Georges Perec (qui ne contient pas une seule fois la lettre e). Pour lui il n’est pas dommageable de supprimer des personnages mais en revanche il ne faut pas manquer des passages ou des personnages que le lecteur-spectateur serait fâché de ne pas retrouver.

     

    2008_1206boutique0017bis.jpg Paulo Branco, à l’inverse de Josée Dayan, a déploré la « dictature du scénario ». Pour cette dernière, un grand nombre de films passant en salles sont complètement ratés en raison de leurs « scénarii ineptes ». Elle a ajouté qu’elle aimait être « emportée » par un film , oublier qu’elle est elle-même réalisatrice, ce qui lui arrive très rarement aujourd’hui, ajoutant s’être « emmerdée » pendant toute la première heure de « La graine et la mulet » d’Abdellatif Kechiche (cliquez ici pour accéder à ma critique de « La Graine et le mulet »), au contraire de Paulo Branco qui estime que ce rythme particulier est justement une des richesses du film, que ce rythme a délibérément été choisi par le réalisateur, ce à quoi Josée Dayan a répliqué que « l’ennui peut devenir une fascination ».

     

    Pour Laurent Aknin, le cinéma est le reflet souvent en avance de quelque chose.

     

     Pour Mamadou Mahmoud N’Dongo, les téléfilms américains ont ainsi préparé l’élection d’Obama. Pour lui le cinéma est « une écriture visuelle ». Il a aussi évoqué l’influence du cinéma dans son écriture littéraire.

     

    Josée Dayan a précisé que ce n’était pas pour autant qu’elle n’aimait pas la Nouvelle Vague citant pour exemple « les films avec Jeanne Moreau », « Les Amants » de Louis Malle (celui-ci faisant pour elle partie de la Nouvelle Vague), les films de Jacques Demy, « Le Mépris » ou « Pierrot le fou » de Jean-Luc Godard, « Hiroshima mon amour » d’Alain Resnais. Pour elle, les réalisateurs actuels sont les héritiers de la Nouvelle Vague sans avoir la même aptitude. Josée Dayan a terminé en disant que « si le cinéma français va si mal (il me semblait pourtant qu’il ne s’en tirait pas trop mal, voir mon bilan de l’année cinéma 2008) c’est parce que le cinéma français est mal écrit. » Elle a ajouté que malheureusement les producteurs sont désormais  à la solde des chaînes (en ce qui concerne l’influence, souvent déplorable, des chaines, je ne peux qu’acquiescer) et donc qu’il ne peut plus rien y avoir de personnel…prenant bien soin de souligner que Paulo Branco était l’exception qui confirmait la règle…

     

    -largo2.jpgPuisque d’adaptation il est question, une dernière information pour aujourd’hui : « Largo Winch » aura bien une suite (sortie en salles le 17 décembre, cliquez ici pour lire ma critique de « Largo Winch » de Jérôme Salle). Ce scénario sera de nouveau réalisé par Jérôme Salle. Il sera adapté du septième tome de la bande dessinée de Jean Van Hamme et Philippe Francq « La Forteresse de Makiling ». Cette fois-ci l’histoire se déroulera en Birmanie, toujours avec Tomer Sisley dans le rôle principal, il aura cette fois pour charge de libérer son ami Simon (absent du premier épisode filmique) d’une des prisons les plus dangereuses du pays.

     

    To be continued…

     

    Sandra.M