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IN THE MOOD FOR CINEMA - Page 553

  • Reprise des Master Class Jean-Laurent Cochet : le rendez-vous incontournable des amoureux du théâtre

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    Je vous ai déjà parlé un certain nombre de fois des Master Class de Jean-Laurent Cochet (voir les liens vers mes précédents articles à la fin de celui-ci), et cette fois-ci n’est certainement pas la dernière. De nouveau, hier soir, inexorablement aimantée par le théâtre de la Pépinière Opéra, je me suis en effet retrouvée à la Master Class Jean-Laurent Cochet  ayant à peine pris le temps d’y réfléchir.  Ces cours sont un peu comme des rendez-vous amoureux auxquels on se rend le cœur battant, exalté,  des rendez-vous d’amoureux du théâtre surtout… auxquels il est impossible de renoncer, de résister.

     A croire que tous les chemins mènent à la Pépinière Opéra, j’y ai croisé plusieurs connaissances…égarées de festivals divers. Mais dès que le bruissement de la salle se fait entendre, peut-être plus fébrile qu’ailleurs en raison de la particularité de l’exercice auquel Jean-Laurent Cochet et ses élèves se plient, seul ce qui se passe sur scène existe qui ne nous éloigne pas de l’existence mais au contraire, par l’étude, la sublimation des mots et des textes, la rend plus palpitante, fébrile elle aussi.

     Dès son arrivée sur scène, c’est un jeu entre les spectateurs et « le maître » Cochet qui observe, joue du silence, son regard malicieux balayant la salle. On parle de la magie du cinéma. Il faudrait évoquer aussi celle du théâtre, ici tellement flagrante. Rien : pas un décor, pas une mise en scène, pas un projecteur pour guider notre attention, notre regard, notre pensée. Juste les comédiens et les mots. Et notre souffle suspendu. Et l’écoute, cette écoute si rare et si précieuse comme l’a déploré Jean-Laurent Cochet. Cette écoute qui là semble reprendre sens. Loin du tumulte de l’existence. Et exaltant aussi ce tumulte.

     Cela commence par un exercice improvisé sur « Ruy Blas » de Victor Hugo. Six élèves débutants enchaînent à l’appel de leur nom  par Jean-Laurent Cochet, disant une phrase complétée par un autre sur ordre du maître : un exercice de haute voltige. L’exercice est périlleux d’autant plus qu’improvisé et le résultat est d’autant plus magistral, fascinant, comme si ces six interprétations n’en faisaient qu’une, comme si ces six comédiens en herbe constituaient chacun une part indissociable du texte et du personnage lui donnant ainsi vie. Rien que cela aurait déjà mérité le déplacement. 

     Puis, Jean-Laurent Cochet parle, il parle beaucoup. Du livre « L’affaire Molière » de Denis Boissier (Ed.Cyrille Godefroy) qui va faire grand bruit selon lequel Molière serait plus un acteur qu’un auteur, du fait que Corneille aurait écrit beaucoup de ses textes. Et puis de Molière on parle de Meryl Streep, trouvant qu’une de ses élèves lui ressemble et nous prenant à témoin, et de Meryl Streep il en vient à évoquer « Mamma mia » dans lequel l’actrice est magistrale. Jean-Laurent Cochet n’est pas sectaire, juste vigoureusement passionnée, tout en fustigeant le sectarisme, le politiquement correct de ceux qui ont osé dire qu’ils aimaient « La fille de Monaco » et détestaient « Mamma mia ! », sans doute considéré comme moins noble, dans lequel oui, Meryl Streep est exceptionnel, quelle que soit la qualité du film (voir ici mon article consacré  à l’ouverture du 34ème Festival du Cinéma Américain de Deauville pour laquelle ce film a été projeté). Il égratigne au passage certains cours qui pour raisons « politiques » se refusent à jouer certains auteurs comme Guitry. Guitry qu’il cite toujours à loisir comme Giraudoux sur un texte de qui un élève nous montrera à quel point c’est un métier avant d’être un art, à quel point chaque mot, chaque virgule, chaque intonation, chaque souffle importent et contribuent à faire vivre et exister un texte et un personnage, à quel point la langue française est multiple et précise, à quel point le comédien est funambule.

      L’élève qui  ressemble à Meryl Sreep joue un texte de Colette, dont on découvre l’étonnante poésie et diversité du style car comme souvent Jean-Laurent Cochet nous donne le nom de l’auteur après que le texte ait été joué. Et puis il nous parle de cinéma, des réalisateurs, cinq selon lui seulement méritant le nom de grands réalisateurs citant pour exemple Renoir et Grémillon. Il nous parle du théâtre évidemment, toujours avec autant de passion communicative,  de vigueur, de vivacité, de conviction : de ce théâtre qui est un métier avant tout, avant d’être un art, de ce théâtre qui est tout sauf de la démonstration, qui doit faire oublier que l’acteur joue, si ce n’est jouer à être. Et de tant de choses encore…

     Et puis arrive le second moment de grâce après celui du début. Un comédien avec lequel Jean-Laurent Cochet, toujours en phase avec l’actualité, trouve une ressemblance (du moins un emploi similaire) avec Paul Newman. Là encore, le texte est joué avant d’être nommé. Une histoire palpitante sur les ravages dévastateurs et criminels du temps, une histoire caustique, cruelle et tendre d’une étonnante modernité, que l’on croirait écrite hier…une nouvelle signée Maupassant que la modernité du jeu nous a fait croire contemporaine.  On a l’impression de voir les personnages tous exister sous nos yeux, de voir le décor, la scène, les lumières tantôt poétiques tantôt crues. Mais lorsque le comédien dit son dernier mot, un peu après même, le temps de reprendre notre souffle nous aussi, nous réalisons que tout cela n’existait que dans notre imagination guidée par le jeu du comédien si réel, vibrant : là.

     Et puis les fables de La Fontaine dont raffole toujours autant Jean-Laurent Cochet. Le dernier élève apparaît. Jean-Laurent Cochet le qualifie de génie et d’être d’exception. Il n’en dit pas davantage. Il ne dira plus un mot. Une démonstration de cette qualité du silence dont il fait l’éloge.  La dernière note d’un moment d’exception.

     Si le théâtre n’était pas tout à fait plein hier soir, il l’a souvent été. Sans nul doute, cela vaut plus que  15 euros (11 pour les étudiants) : un moment inestimable de poésie, où surgit la grâce là et quand on ne l’attend pas, qui suspend le vol du temps bien sûr mais surtout la volatilité de l’attention, un moment de passion, qui réunit des passionnés, un moment unique où tout peut arriver, surtout la flamme incandescente de la vie sublimée par le théâtre et les mots qui transfigurent ceux qui les jouent.

     « Les œuvres d’art qui ont cherché la vérité profonde et nous la présentent comme une force vivante s’emparent de nous et s’imposent  à nous ». Cette phrase d’Alexandre Soljenitsyne (Discours non prononcé pour le Prix Nobel de 1970) figure sur le programme de la soirée et l’illustre magnifiquement. Ces œuvres d’art dont on nous joue des bribes, cette force vivante nous accompagne longtemps après avoir franchi le seuil du théâtre et fera certainement que la prochaine fois de nouveau je serai inexorablement attirée par le théâtre de la Pépinière Opéra. Un rendez-vous amoureux vous disais-je, même avec la peur délicieuse au ventre, la peur pour ceux qui jouent là et qui jouent finalement tellement plus qu’un texte.  (ce qui d’ailleurs est déjà beaucoup…)

     Site internet : http://www.jeanlaurentcochet.com

    Prochaines Master Class : 20 octobre, 3 et 10 novembre. Théâtre de la Pépinière Opéra. 7 rue Louis Le Grand 75002 Paris- Location : 0142614416 –Tarif normal : 15€ , Tarif étudiant : 11€

    Mes autres articles consacrés au cours Cochet:

    -Article du 21 novembre 2005 : http://www.inthemoodforcinema.com/archive/2005/11/21/cours-publics-d’interpretation-de-jean-laurent-cochet-quand.html

    -Article du 11 Avril 2006 : http://www.inthemoodforcinema.com/archive/2006/04/11/prolongations-des-cours-publics-d’interpretation-de-jean-lau.html

    -Article du 21 septembre 2006 : http://www.inthemoodforcinema.com/archive/2006/09/21/reprise-des-cours-publics-jean-laurent-cochet.html

    -Article du 13 décembre 2006 : http://www.inthemoodforcinema.com/archive/2006/12/13/reprise-des-cours-publics-jean-laurent-cochet-en-2007.html

     J’en profite pour dire que je recherche un cours de théâtre pour débutants (ou presque) amateurs, avec préférence pour un cours « classique » (apprentissage de grands textes classiques plutôt qu’improvisation)… Merci d’avance pour l’info !

     Sandra.M

  • Palmarès du 19ème Festival du Film Britannique de Dinard

    N'ayant finalement pas assisté au 19ème Festival du Film Britannique de Dinard, je vous en livre néanmoins le palmarès en avant-première, ci-dessous. Vous pouvez également retrouver mes comptes rendus des éditions précédentes du Festival du Film Britannique sur ce blog.(voir sommaire dans la colonne de gauche de ce blog)

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    PALMARES

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    Le jury présidé par Lambert Wilson, et composé de Tara Fitzgerald, Valérie Kaprisky, Aïssa Maïga, Lucy Russell, Alice Taglioni, Gabriel Aghion, Arié Elmaleh, Rory McCann, un lecteur cinéphile de Ouest France ont attribué :

    Le Grand Prix : Trophée Hitchcock d’or

    BOY A de John Crowley

    Ce prix d’une valeur de 4600 euros se compose d’une aide à la distribution (3000 euros) et d’un soutien direct au réalisateur (1600 euros). Il contient également :

    Le Prix LTC

    Les Laboratoires des Travaux Cinématographiques offrent le développement d’une copie série du film primé par le Hitchcock d’or (ou du prochain film du vainqueur, si ce dernier a été développé dans un autre laboratoire).

    Le Prix LVT

    LVT (Laser Vidéo Titres) offre le sous-titrage du film primé par le jury (ou du prochain film, si ce dernier est déjà sous-titré).

    Le Prix CINECINEMA

    CINECINEMA offre une campagne de promotion sur ses antennes lors de sa sortie en salle.

    Trophée Grand Marnier®

    BOY A de John Crowley

    Décerné par le Jury pour le meilleur scénario

    Le Prix Kodak Limited : Trophée Hitchcock blanc

    BOY A de John Crowley

    Kodak offre un prix spécial pour le prochain film du directeur de la photo primé par le Hitchcock blanc.

    Le Prix Première du Public : Trophée Hitchcock d’argent

    BOY A de John Crowley

    Le public donne aussi son avis et décerne le Prix Première du public au film de son choix.

    Prix British Council d’une valeur de 1500 euros

    FORBACH de Claire Burger

    Pour marquer l’Entente Cordiale 1904 - 2004, le British Council a créé pour cette édition un nouveau prix qui récompensera le meilleur film d’étudiant dans la section « Confrontation Fémis – National Film and Television School ».

    « Coup de coeur » de l’association La Règle du Jeu

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    Ci-dessus l'équipe du film Hunger lors de l'Ouverture de la section Un Certain Regard au 61ème Festival de Cannes (photo "In the mood for cinema")

    HUNGER de Steve Mc Queen (voir ma critique en cliquant ici)

    Décerné par l’association « La Règle du Jeu » (exploitants de 40 salles du Grand Ouest). Aide à l’exploitation dans les salles adhérentes, d’un film déjà distribué.

  • Avant-première - « La très très grande entreprise » de Pierre Jolivet : l’éloge de la détermination

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    Hier soir, Blogbang et Pathé distribution organisaient une projection privée en avant-première de « La très très grande entreprise » de  Pierre Jolivet, dans les locaux de Pathé  avec, à l’issue de la projection, une passionnante rencontre avec le cinéaste.

    Il est toujours difficile de ne pas être influencée après avoir entendu un cinéaste évoquer son film, comme ce fut le cas hier, avec enthousiasme, conviction, passion, et après avoir ainsi presque « revisionné » le film par le prisme de son regard aiguisé donc voilà : forcément j’ai été influencée mais après tout un film reste indissociable de l’aventure humaine qui l’a porté et contribue aussi à sa richesse, ses faiblesses parfois aussi.

    J’en aurais presque oublié ce qui m’a dérangée au début du film : le caractère artificiel  (ou du moins qui m’a semblé comme tel, même si, c’est vrai, l’essentiel ne réside pas là) des liens qui unissent au départ ces quatre personnages,  la célérité avec laquelle ces personnages décident d’agir ensemble et mettent leurs vies personnelles extérieures à leur « mission » de côté (hors champ tout au long du film) pour partir à l’attaque de Naterris, mais j’évoque là Naterris, vous devez vous demander ce dont il s’agit.

    Naterris est une très très grande multinationale d'agro-chimie (comme son nom ne l’indique pas, sorte de mélange entre Nature et Terre qui, comme l’a souligné Pierre Jolivet, à l’image de toutes les industries polluantes, porte un nom censé évoquer la nature et l’écologie…), 9 milliards d'euros de chiffre d'affaires. De l'autre, Zaccharias (Roschdy Zem), Mélanie (Marie Gillain), Denis (Jean-Paul Rouve) et Kevin (Adrien Jolivet), ostréiculteur, aide-comptable, restaurateur, ouvrier... Au milieu : un étang pollué par Naterris, dont ces derniers sont riverains. Après deux ans d'une âpre procédure, Naterris est condamnée à leur verser une indemnité ridicule, à eux qui ont tout perdu. A l'inverse des autres plaignants prêts à accepter ce maigre pourboire, ces quatre-là décident de faire appel pour que justice leur soit " vraiment " rendue. Mais pour faire appel, ils n'ont que trente jours et doivent impérativement découvrir un élément nouveau au siège de Naterris, dont l'imposant gratte-ciel domine le parvis de la Défense. Mélanie, Zaccharias, Kevin et Denis décident donc de monter à Paris. Leur mission n'est pas impossible mais s'annonce... très, très difficile !

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    Pierre Jolivet revient à un genre qui lui a réussi, celui de la comédie sociale (comme dans « Ma petite entreprise » dans lequel il faisait déjà l’éloge de la solidarité et dans lequel jouait déjà Roshdy Zem) sur fond de mondialisation dévorante (il ne pouvait pas mieux tomber dans le contexte actuel de crise économique dont on nous rebat les oreilles…) et de scandale écologique (il connaît bien le sujet : notamment aux côtés de son frère Marc Jolivet, Pierre Jolivet a mené de nombreux combats écologistes ). Mais  ce qui fait la force de ce film et fait donc d’autant mieux passer le discours qui le sous-tend c’est le capital sympathie de ses personnages Zak, Kevin, Mélanie, Denis auxquels chacun peut s’identifier et au combat desquels chacun peut s’identifier : celui de David contre Goliath, de citoyens ordinaires contre une entreprise tentaculaire et impersonnelle.

    C’est pour le spectateur jubilatoire de les voir réaliser cette mission impossible avec pour seuls gadgets leurs cellules grises, et surtout leur détermination. C’est là le message du film d’ailleurs martelé par le cinéaste lors de la conversation qui a suivi la projection : mieux vaut se battre que de se laisser faire et avec de la détermination et aussi faibles que soient a priori nos moyens d’action on peut arriver à tout ou presque, y compris s’attaquer à une multinationale prétendument intouchable. Le discours est idéaliste à l’image de ces personnages pour qui l’enjeu de financier devient moral.

    L’autre force du film, c’est que plutôt que de faire un drame de ce sujet qui aurait pu s’y prêter Pierre Jolivet en a fait une comédie dont le comique réside principalement dans le caractère de ses personnages, les principaux et les autres croqués avec sensibilité, un regard incisif parfois doucement cruel concernant les personnages secondaires comme celui du vigile aux neurones aux abonnés absents (un pléonasme ? Selon Pierre Jolivet en tout cas…) qui regarde ou plutôt tente de regarder « Mélodie en sous-sol », visiblement un peu lent à son goût.

    Pierre Jolivet a expliqué avoir choisi la comédie pour que les personnes dont il parle et auxquelles il souhaite s’adresser puissent voir le film, contrairement à « Fred » par exemple, un film encensé par la critique mais qui parlait du chômage et a finalement été très peu vu par les chômeurs.

    Reste à savoir si dans un contexte de crise le public aura envie de voir un film dont le sujet le ramène à sa réalité. Pour le convaincre, je pourrais ajouter que la forme, le caractère à la fois touchant, presque burlesque, de ses personnages l’en distraira aussi, tout en portant un message citoyen, engagé. L’intention est louable alors que la plupart des comédies s’évertuent à nier toute réalité et à n’avoir pour objectif que de vider le cerveau de ceux qui les regardent.

    Le discours qui aurait par ailleurs pu  être simpliste se révèle plus malin : il n’oublie pas de spécifier que ces sociétés créent des emplois et investissent, créent parfois aussi des fondations, dont l’objectif n’est bien évidemment pas purement altruiste.

    Il faut évoquer évidemment les acteurs, en particulier les quatre acteurs principaux au premier rang desquels Roschdy Zem dont c’est ici la quatrième collaboration avec Pierre Jolivet et qui, une nouvelle fois, impose son personnage avec une évidence déconcertante, en force et sensibilité. Jean-Paul Rouve qui, de film en film, prouve la diversité de son jeu, en fait juste ce qu’il faut, ni trop ni pas assez, pour être crédible dans son rôle de cuisinier homosexuel, Marie Gillain est juste et touchante et Adrien Jolivet confirme son talent prometteur. Le rythme, notre empathie et même notre sympathie pour ces personnages leur doit beaucoup (sachant qu’eux-mêmes ont parfois enrichi leurs personnages de ces gestes, manies qui les rend drôles et touchants et qui agrémentent le scénario).

    Une « très très grande entreprise » à l’assaut de laquelle je vous engage à partir ! Dans cette période de morosité et pessimisme collectifs (du moins  médiatiquement proclamée telle) ce film nous emporte dans son tourbillon de détermination et de dynamisme salutaires avec une sincérité touchante qui ne peut qu’emporter l’adhésion malgré quelques raccourcis et caricatures inéluctables pour que la mécanique de la comédie fonctionne !

    2008_1003jolivet0003.JPGLors de la conversation, intimiste et très intéressante, qui a suivi la projection et dont je vous ai déjà révélé quelques bribes ci-dessus, l’intérêt et la curiosité de Pierre Jolivet pour ses interlocuteurs blogueurs semblait sincère (il a d’ailleurs lui-même avoué être accro à internet et ne pouvoir se coucher sans y jeter un œil) , il a d’ailleurs lui-même posé des questions. Il a par ailleurs révélé que dans le dénouement initialement écrit ( je ne vous raconterai évidemment pas celui qui s’y substitue et que vous verrez) l’usine Naterris devait être détruite  et Michael Moore devait interviewer nos quatre protagonistes, ce qui n’a pu se faire pour des raisons budgétaires. Si comme moi vous trouvez la scène dans laquelle Mélanie (Marie Gillain) donne un billet de 200 euros peu crédible et l’infiltration de ces quatre citoyens ordinaires peu plausible sachez que cela s’inspire d’éléments véridiques et de différents témoignages de personnes travaillant dans des multinationales similaires.  Pierre Jolivet a également fait part de son désir d’aller de plus en plus vers la comédie, ce qui n’empêche pas les sujets graves et profonds comme c’est le cas dans cette « très très grande entreprise ». La conversation se serait sans doute prolongée s’il n’avait fallu libérer la salle. Toutes les bonnes choses ont une fin…en attendant le prochain événement « in the mood for cinema »…

     Remarques :

    - Le footballeur Vikash Dhoraso fait une apparition... remarquée

    -La musique est signée Manu Katché  (batteur et pianiste qui a notamment travaillé avec Sting et Peter Gabriel)

    -Pierre Jolivet était membre du jury du 34ème Festival du Cinéma de Deauville.

    -Sortie en salles en France : le 5 novembre 2008

     Merci à Blogbang et Pathé distribution pour l’accueil et à Pierre Jolivet pour sa curiosité et son enthousiasme.

     Lien, la page de Pathé distribution consacrée au film : http://www.pathedistribution.com/accueil/filmavenir.php?IDFilm=1727

     FILMOGRAPHIE DE PIERRE JOLIVET

    -En tant qu’acteur : 

     Zim and co. (2005), de Pierre Jolivet

    Mon idole (2002), de Guillaume Canet

     Ma petite entreprise (1999), de Pierre Jolivet

     Amour et confusions (1997), de Patrick Braoudé

     A l'heure où les grands fauves vont boire (1993), de Pierre Jolivet

     Le Complexe du Kangourou (1986), de Pierre Jolivet

     Le Dernier combat (1983), de Luc Besson

     L'Avant dernier (1981), de Luc Besson

     Salut, j'arrive (1981), de Gérard Poteau

     Alors... heureux ? (1980), de Claude Barrois

     Le Désert de Pigalle (1958), de Leo Joannon

     -En tant que réalisateur :

     La Très très grande entreprise (2008)

     Je crois que je l'aime (2007)

     Zim and co. (2005)

     Filles Uniques (2003)

     Le Frère du guerrier (2002)

     Ma petite entreprise (1999)

     En plein cœur (1998)

     Fred (1997)

     A l'heure où les grands fauves vont boire (1993)

     Simple mortel (1991)

     Force majeure (1989)

     Le Complexe du Kangourou (1986)

     Strictement personnel (1985)

     -En tant que scénariste :

     La Très très grande entreprise (2008), de Pierre Jolivet

     Je crois que je l'aime (2007), de Pierre Jolivet

     Zim and co. (2005), de Pierre Jolivet

     Filles Uniques (2003), de Pierre Jolivet

     Le Frère du guerrier (2002), de Pierre Jolivet

     Ma petite entreprise (1999), de Pierre Jolivet

     Fred (1997), de Pierre Jolivet

     A l'heure où les grands fauves vont boire (1993), de Pierre Jolivet

     Fortune express (1991), de Olivier Schatzky

     Simple mortel (1991), de Pierre Jolivet

     Force majeure (1989), de Pierre Jolivet

     Le Complexe du Kangourou (1986), de Pierre Jolivet

     Subway (1985), de Luc Besson

     Strictement personnel (1985), de Pierre Jolivet

     Le Dernier combat (1983), de Luc Besson

     L'Avant dernier (1981), de Luc Besson

     Alors... heureux ? (1980), de Claude Barrois

     -En tant que producteur :

     -Strictement personnel (1985), de Pierre Jolivet

     -En tant que dialoguiste

     La Très très grande entreprise (2008), de Pierre Jolivet

     Le Frère du guerrier (2002), de Pierre Jolivet

     -En tant que conseiller technique :

     Mon idole (2002), de Guillaume Canet

     -En tant que scénariste (version originale) :

     Loin du paradis (1999), de Joseph Ruben

  • Avant-première : soirée blogueurs à TCM et projection-débat sur « Les films du Président »

    2008_1003tcm0001.JPGS’il y a bien une chaîne que je peux regarder à toute heure du jour et de la nuit (TCM diffuse des films 24H sur 24H, un véritable et délicieux piège à cinéphile) et me laisser immanquablement captiver par quelques images d’un film, le plus souvent un classique, en couleurs ou noir et blanc , c’est TCM (Turner Classic Movies, à ne pas confondre avec TMC : Télé Monte Carlo), c’est pourquoi c’est avec enthousiasme que je me suis rendue à l’invitation de Heaven et de la chaîne en question dans ses locaux, à Neuilly, pour rencontrer ses équipes , découvrir en avant-première le documentaire « Les Films du Président » et débattre avec le producteur du documentaire et avec Christian Viviani, journaliste à Positif et professeur à Paris 1.

     L’accueil est à l’image de la chaîne : chaleureux, décontracté,  cinéphile, familier (dans le sens noble du terme), familier comme ces films que la chaîne diffuse et que l’on peut revoir un nombre incalculable de fois, autant pour la qualité des films en question que la réminiscence de cet instant magique où les a vus pour la première fois. Voilà : TCM a le charme incomparable et mélancolique des souvenirs d’enfance et de ses premiers émois cinématographiques, même si la chaîne permet aussi souvent de découvrir des pépites cinématographiques méconnues.

    Après le cocktail et avoir eu le plaisir de passer de la virtualité d’internet à la réalité et de faire connaissance avec d’autres blogueurs que je « connaissais » parfois virtuellement (filmgeek) ou dont je découvre aujourd’hui les blogs (L'ouvreuse, Le petit cinephile, je vous recommande d’ailleurs les trois blogs précités) -une petite trentaine de blogueurs étaient présents, blogs politiques et cinéma-, place au documentaire…

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     « Les Films du président » est un documentaire de 52 minutes réalisé par Charles Antoine de Rouvre et produit par TCM, il s’inscrit dans « une programmation spéciale autour de la représentation du président américain au cinéma, tous les jeudis d’octobre à partir de 20h45, avec 10 films emblématiques, engagés, mettant en scène des hommes politiques charismatiques, humanistes ou torturés ».

     A un mois du verdict tant attendu pour connaître le prochain locataire de la Maison Blanche (le 44ème président des Etats-Unis sera élu le 4 novembre prochain), alors que vient d’avoir lieu le très attendu débat entre Joe Biden et Sarah Palin, TCM nous montre ainsi à quel point cinéma et actualité, et en particulier politique, s’influencent mutuellement. Pour s’en convaincre, il n’y a qu’à voir à quel point les meetings d’Obama et McCain et leurs prédécesseurs ressemblent à de véritables shows imprégnés de grandiloquence cinématographique, ou même un peu moins loin, il suffit de regarder la communication excessive et mise en scène de celle-ci par Nicolas Sarkozy ou le spectacle hybride et curieusement insouciant, à l’américaine, de Ségolène Royal au Zénith la semaine dernière pour se rendre compte à quel point le cinéma et à quel point peut-être aussi la politique américaine, dans sa communication, influencent la nôtre. Ainsi,  Jean-Paul Huchon le souligne-t-il dans le documentaire : « Avec Royal et Sarkozy, nous avons assisté pour la première fois à une véritable scénarisation de la campagne présidentielle ».

    président2.jpgLe documentaire décrypte donc la représentation du Président des Etats-Unis dans le cinéma américain en se basant sur des témoignages de politiques (Marielle de Sarnez, Françoise de Panafieu, Jean-Paul Huchon…) ou de cinéastes et acteurs (Edouard Baer, Alain Corneau, Philippe Torreton- que j’aurais aussi pu classer dans la première catégorie-, Lionel Delplanque, Yves Boisset), l’Universitaire Michel Chandelier et la journaliste de CNN Hala Gorani… mais aussi des extraits de films ( dont certains ont, à juste titre, regretté qu’ils soient en VF) : « Les trois jours du Condor » de Sydney Pollack, « JFK » d’Oliver Stone, « Mars Attacks » de Tim Burton, « Les hommes du Président » d’Alan J.Pakula...

    Ce qui marque d’emblée c’est la surreprésentation du président dans le cinéma américain. C’est  à la fois une figure mythique, christique, démiurgique mais aussi un homme qui incarne l’Amérique de façon binaire et manichéenne, qui incarne l’American dream, celui qui peut partir de rien et se retrouver dans la plus haute fonction de l’Etat (au contraire de la France où nos présidents et politiques sont le plus souvent des énarques). Si le Président est un héros  récurrent du cinéma américain et de tous les cinémas (de la comédie au film d’action), sa représentation évoluera néanmoins au fil de l’Histoire et de ses événements, notamment après le 11 septembre 2001.  

     Si les témoignages des politiques  (choisis ici pour leur cinéphilie) restent très consensuels (le producteur a admis qu'ils ont dû  couper au montage ce qui se révélait être une virulente critique de la mise en scène de leurs camps respectifs ( !), TCM étant une chaîne cinéma et le documentaire se voulant cinéphilique et non polémiste ou politique…) les autres sont en revanche plus éclairants notamment sur la difficulté de représenter le président dans le cinéma français (A ce propos, je vous recommande l’excellent « Promeneur du champ de mars » de Robert Guédiguian, cliquez ici pour lire ma critique). Grâce notamment à Griffith et l’usage que le cinéma américain  a fait de l’insert, un simple objet prend dans son cinéma une dimension symbolique et métaphorique et un simple plan du bureau ovale immédiatement reconnaissable suffit à personnaliser le pouvoir…tandis qu’en France sa représentation est plus problématique (Comme le dit très bien Edouard Baer : « La Maison Blanche c’est déjà un plan large, alors que l’Elysée c’est un plan serré ») là aussi parce que, où dans un pays la représentation du drapeau est synonyme de patriotisme, il l’est de nationalisme dans l’autre. Dans « Président » par exemple, Lionel Delplanque a délibérément usurpé la réalité en transformant le bureau de l’Elysée en un bureau de 400m2, en évitant toute représentation du drapeau français, en montrant des limousines gigantesques tout simplement pour symboliser un pouvoir que la réalité ne suffisait pas à représenter.  

     Au-delà du Président, c’est aussi une image de la démocratie américaine, parfois simpliste, qui est vulgarisée dans le monde entier. Aux Etats-Unis, il suffit de présenter une bannière étoilée, le bureau ovale (tant de fois représenté au cinéma…) sur lequel figurent souvent des téléphones le connectant au monde entier, un homme relativement âgé, charismatique, au regard perçant et à la voix déterminée pour que le tour soit joué : on se demande d’ailleurs comment le cinéma pourra représenter W.Bush tant il correspond peu à cette description…et j’attends avec impatience le « W » d’Oliver Stone, portrait au vitriol de l’actuel président américain.

     Au cinéma une femme a déjà été présidente et Morgan Freeman l’a déjà incarné, espérons que le cinéma sera prémonitoire. Réponse dans un mois. En attendant les caméras du monde entier restent braquées sur cette passionnante course à la Maison Blanche, filmant comme une fiction cette réalité tellement « cinégénique » et palpitante et brouillant encore un peu plus les repères entre cinéma et réalité. Toujours est-il que, pour cause de frilosité des diffuseurs  ou manque d’intérêt du public, il nous reste encore beaucoup à faire en France pour que la politique, ou du moins la figure présidentielle, soit aussi présente dans nos fictions.

    tcmlogo2.gif « Les grandes répliques sont celles qui tuent. Les grands acteurs sont immortels. Les grandes histoires racontent la vie. Les grandes émotions rendent vivant ». Telle est la devise de TCM. Alors si vous voulez entendre de grandes répliques, voir de grands acteurs, regarder de grandes histoires, vivre de grandes émotions, être tué et immortel, vous faire raconter la vie en vous rendant vivant, et donc vous plonger en pleins paradoxes…rendez-vous sur TCM !

     Programme des 10 films sur les présidents « made in Hollywood » : http://www.tcmcinema.fr/voir/prsidents-made-in-hollywood

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    Et un marathon spécial élections américaines de 24H à partir du samedi 1er novembre à 20H45.  Pour en connaître le programme : http://www.tcmcinema.fr/voir/marathon-prsident-made-in-hollywood

    Les diffusions du documentaire « Les Films du Président »:


    jeudi 2 octobre à 20h45
    vendredi 17 octobre à 23h30
    jeudi 23 octobre à 19h45
    lundi 27 octobre à 19h45
    mercredi 29 octobre à 23h50
    samedi 1er novembre à 20h45
    dimanche 2 novembre à 19h45

     LIENS :

    tcm.png

    Site internet de TCM : http://www.tcmcinema.fr

    Page du site TCM consacrée au cycle sur les « présidents made in hollywood »: http://www.tcmcinema.fr/voir/le-thme-du-mois

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    Remarque : la chaîne rend également hommage à Paul Newman, avec une soirée spéciale ce vendredi à partir de 20H45 : http://www.tcmcinema.fr/voir/paul-newman-blues

    Ci-dessous, ma photo dans le bureau ovale de la Maison Blanche reconstitué à Deauville pour le 30ème Festival du Cinéma Américain.

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    Ci-dessus, le bureau des Présidents de la République à l'Elysée (photo "In the mood for cinema")
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  • Avant-première : « Flics », la nouvelle série policière française, d’après une idée d’Olivier Marchal

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    Ci-dessus Yach et Constantine (Frédéric Diefenthal et Yann Sundberg)

     J’inaugure aujourd’hui une nouvelle rubrique  consacrée à l’actualité télévisuelle suite à l’avant-première exceptionnelle de la série « Flics » organisée par Allociné et GMT productions au cosy et mythique Studio 28 (« La salle des chefs d’œuvres, le chef d’œuvre des salles » selon Cocteau), à Montmartre, en présence d’une très grande partie de l’équipe : Frédéric Diefenthal, Yann Sundberg, Catherine Marchal, Edouard Montoute, Gwendoline Hamon, Guy Lecluyse, Alice Vial et Annabelle Hettmann.

     Cette série a été créée par Olivier Marchal ( ancien « flic » lui-même et scénariste et réalisateur de « Gangsters », « 36 Quai des Orfèvres », « Mr73 », sa trilogie sur « la solitude, la désespérance et l’errance » comme il la qualifie) et sera diffusée sur TF1 à partir du 9 octobre. Elle comprend quatre épisodes (pour le moment, il n’est pas exclu que d’autres soient tournés par la suite) et les deux premiers épisodes intitulés « Engrenage » et « Les Flics ne dorment pas la nuit » ont été projetés lors de cette avant-première.

     Synopsis : Yach (Frédéric Diefenthal) et Constantine (Yann Sundberg) sont commandants au sein des Brigades actives du sanctuaire de la PJ parisienne sous la direction de Léa Legrand (Catherine Marchal).  Autrefois complices, un drame a fait voler leur amitié en éclats. Un fantôme est de retour et ravive les plaies à moitié refermées.    Hantés par leur passé, les deux hommes se brûlent les ailes. Jusqu'où peuvent les mener leurs blessures ?

     Le réalisateur Nicolas Cuche nous prévient d’emblée : même si cette série a été initiée par Olivier Marchal, elle n’aspire pas forcément au même réalisme que les films que ce dernier a précédemment écrits et réalisés. La tension ressentie par Nicolas Cuche et par l’équipe présente au grand complet ( à l’exception d’Olivier Marchal...) sont palpables.  La projection commence donc sans tarder. Elle débute par un flash-back et la fusillade au cours de laquelle l’un des deux flics protagonistes Yach  est blessé et au cours de laquelle sont présents deux autres protagonistes, Constantine et  Léa Legrand. C’est là que se jouent le nœud de l’intrigue, des tensions, des rancœurs, des secrets qui  (dés)unissent ces trois personnages.

     On reconnaît d’abord le style Olivier Marchal : les amitiés assassines et assassinées,  l’immersion au 36 Quai des Orfèvres, les personnages de flics à fleur de peau fatigués de l’existence et mal-voire pas- rasés, taraudés par des blessures incurables et mystérieuses qui les emprisonnent et les détruisent, la confrontation de ces êtres solitaires blessés, l’omniprésence de la musique (signée Calogero), les héroïnes hitchcockiennes, et de nouveau « la solitude, la désespérance et l’errance » chères à Olivier Marchal. Les films d’Olivier Marchal me semblaient moins didactiques, plus âpres (comment montrer un cadavre calciné à 20H50 afin que la scène choque les personnages qui la vivent tout en étant regardable par tous…vous verrez… ), dans les caractères des personnages comme dans l’image mais cette série est destinée à passer sur TF1,  en prime time de surcroît : ceci expliquant peut-être cela.

     Si cette série n’a rien  à voir avec les surannés « Julie Lescaut » et « Navarro », elle marque tout de même un pas en avant dans les fictions (je parle sur TF1, France 2 et Canal plus ayant déjà diffusé des séries françaises plus réalistes depuis un certain temps), notamment grâce à la réalisation nerveuse et efficace de Nicolas Cuche (qui a également réalisé la série « David Nolande » dans laquelle Frédéric Diefenthal interprétait également le rôle principal).

     Dommage donc que la série ait parfois cédé à un sentimentalisme mièvre qui fait perdre toute crédibilité à l’intrigue et aux personnages notamment à l’occasion d’une scène de lecture de lignes de la main et d’évocation pseudo-romantique des étoiles qui a suscité l’hilarité générale et qui détone trop avec le reste décrédibilisant par ailleurs les rapports hiérarchiques censés exister entre les personnages présents lors de cette scène. Peut-être cette scène est-elle une des raisons pour lesquelles Olivier Marchal a un temps renié cette série et ce que TF1 a fait de son idée initiale (il semble qu’il ait adouci ses propos acerbes depuis) ? Ses (anti)héros flics devaient par ailleurs être plus âgés qu’ils le sont désormais.

      Dommage aussi que les « méchants » (un Ukrainien notamment qui m’a fait penser au personnage de Jeremy Irons dans le pourtant très réussi « Appaloosa » , dans lequel ce dernier ne semble être là que pour mettre en avant les héros du film –flics et cow boys même combat ?- et non pour exister) soient aussi archétypiques mais après tout la série s’intitule « Flics » et est surtout censé se pencher sur ceux-ci et leurs fêlures, leurs rancœurs, leurs solitudes, leurs blessures aussi bien physiques que morales.

     Je m’abstiendrai néanmoins de porter un jugement catégorique et définitif n’ayant vu que deux des quatre épisodes. Je vous invite donc à  regarder cette série (qui se revendique davantage d’ailleurs comme un film en 4 épisodes) dans son intégralité et à laisser vos commentaires sur ce blog…mais à tout choisir revoyez plutôt « Gangsters » ou « 36 Quai des Orfèvres »-cliquez ici pour lire ma critique- !

      Le chef d’œuvre des salles : sans aucun doute. La salle des chefs d’œuvre : pour cette fois-ci en tout cas, à vous de juger… en tout cas l’enthousiasme avec lequel l’équipe a défendu la série suite à la projection donne envie de laisser leur chance à ces flics, quoiqu’on en dise, attachants et interprétés (et défendus) avec conviction (à ce propos je trouve dommage que le personnage dont l’alliance subtile de force et fragilité me semblait intéressante succombe à la fin du deuxième épisode, et surtout ne me dîtes pas qu’il ressuscite...ce serait pire !).

     Jeudi 9 octobre, 20H50 : épisode 1(TF1)

    Jeudi 9 octobre, 21H40 : épisode 2

    Jeudi 16 octobre, 20H50 : épisode 3

    Jeudi 16 octobre, 21H40 : épisode 4

     

     Lien: le blog de la série sur Allociné: http://flics.leblog.allocine.fr

    Dès après-demain, la rubrique « chroniques télévisuelles » de ce blog s’étoffera avec un nouvel événement… A suivre sur « In the mood for cinema » !

    Et puisque de télévision il est question, je vous rappelle que France 2 diffusera ce soir le deuxième épisode de « Sagan » . (Voir ici ma critique de la version courte et cinématographique).

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    Ci-dessus, Nicolas Cuche, réalisateur de "Flics", lors de l'avant-première au Studio 28
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  • « Faubourg 36 » de Christophe Barratier : un hommage au cinéma d’hier

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    Je l’avoue : je n’avais aucune envie de voir ce film, la bande annonce me laissait présager un film daté et artificiel mais ayant vu tous les autres films à l’affiche dans mes cinéma favoris, je me suis finalement laissée tenter. Il m’a fallu un petit bout de temps pour m’accoutumer à ce cinéma désuet, à sa succession frénétique de plans, de situations et de personnages stéréotypés et puis je me suis replongée sans déplaisir dans mes souvenirs de ce cinéma que j’aimais tant : celui de Carné, de Duvivier, de Becker (Jacques) , celui de l’avant-guerre , perdu quelque part entre les espoirs du Front populaire et la montée des extrêmes et de l’antisémitisme, avec des références aussi à celui que l’on appelait de qualité française (cinéma de studio et de scénaristes d’après-guerre. )

     Evidemment ce film n’a rien à voir avec « Entre les murs » par exemple actuellement à l’affiche et il ne prétend d’ailleurs nullement au même cinéma (si vous ne devez voir qu’un film ce mois-ci c’est évidemment celui de Laurent Cantet) mais aussi diamétralement opposés que soient leurs styles et leurs écritures (d’ailleurs ne vous y trompez pas « Entre les murs » est un film très écrit, parfaitement écrit  même au point de donner cette parfaite illusion du documentaire, de vérité prise sur le vif) je les crois portés par la même sincérité, la même envie de mener un genre à son paroxysme, le même perfectionnisme.

    Dans un faubourg populaire du nord de Paris en 1936, l'élection printanière du gouvernement de Front Populaire fait naître les plus folles espérances et favorise la montée des extrêmes. C'est là que trois ouvriers du spectacle au chômage Pigoil, Milou et Jacky  ( respectivement incarnés par Gérard Jugnot, Clovis Cornillac et Kad Merad) décident d'occuper de force le music-hall qui les employait il y a quelques mois encore, pour y monter un "spectacle à succès".

    Clovis Cornillac ressemble à s’y méprendre à Jean Gabin dans les films d’avant-guerre, Nora Arnezeder (la découverte du film comme Jean-Baptiste Maunier dans « Les Choristes » avec lequel elle a un commun une fraîcheur et un talent éclatants) à Michèle Morgan : tous deux font inévitablement penser au couple mythique Nelly et Jean du « Quai des Brumes » de Marcel Carné auquel un plan d’ailleurs fait explicitement référence. Bernard-Pierre Donnadieu (Galapiat), quant à lui,  fait penser à Pierre Brasseur (Frédérick Lemaître) dans « Les enfants du paradis » de Carné et à  Jules Berry (Valentin) dans « Le jour se lève »  du même Carné  ou  dont j’ai d’ailleurs cru reconnaître le célèbre immeuble dessiné par Alexandre Trauner dans le premier plan du film… Les décors du film entier  font d’ailleurs penser à ceux de Trauner, avec cette photographie exagérément lumineuse entre projecteurs de théâtre et réverbères sous lesquels Paris et les regards scintillent de mille feux incandescents et mélancoliques. Et l'amitié qui unit les protagonistes de ce "Faubourg 36" fait évidemment penser à celle qui unissait ceux de "La belle équipe" de Duvivier. (Voir mes critiques des films précités dans ce paragraphe en cliquant ici).

      Barratier assume donc ses références, celles d’un cinéma académique, classique et populaire, prévisible,  empreint d’une douce nostalgie. Dommage qu’il n’ait pas trouvé un dialoguiste du talent de Prévert et qu’à la fin les personnages incarnés par Clovis Cornillac et Nora Arnezeder passent au second plan mais après tout le film s’intitule « Faubourg 36 » : c’est lui le vrai héros du film, lequel n’est pas vraiment une comédie musicale (même si la fin du film s’y apparente avec une belle énergie), plutôt un film sur un music hall, ceux qui le font vivre, pour qui il est une raison de vivre. Le destin, le conte de fée  d’une « Môme » qui assume pleinement le genre du film  sans les excès mélodramatiques et les maquillages outranciers du film éponyme...auquel quelques plans font d’ailleurs étrangement songer.

     On en reste peut-être un peu trop à distance comme on regarderait un beau spectacle avec l’impression que ses artistes s’amusent beaucoup entre eux mais ne nous font pas totalement entrer dans la danse mais ce voyage dans le temps et dans le cinéma d’hier que Christophe Barratier fait revivre le temps d’un film vaut néanmoins le détour ne seraient-ce que pour la beauté des plans emportés par une caméra dynamique, et pour ses comédiens portés par une énergie admirable au premier rang desquels François Morel qui apporte ici sa fantaisie imparable, Pierre Richard et sa bonhomie clownesque, Gérard Jugnot sa touchante justesse, Kad Merad son goût du second degré et sa –belle- voix que l’on découvre, et les seconds rôles qui, à l’image de ceux du cinéma auquel Barratier rend hommage, existent réellement.

     Quatre ans après « Les Choristes » (8 million de spectateurs) Christophe Barratier avec son second film a eu l’intelligence de ne pas forcer sa nature, d’être fidèle à ses convictions cinématographiques et impose  ainsi son style joliment désuet, musical, mélancolique, sentimental, photogénique (Tom Stern, photographie de Clint Eastwood signe ici la photographie) et enthousiaste avec une résonance sociale finalement très actuelle. Le film d’un réalisateur qui aime indéniablement le cinéma, ses acteurs et ses artifices revendiqués, et rien que pour cela, pour cette sincérité ce « Faubourg 36 » vaut le détour.

    appa.jpg Et après l’hommage au cinéma des années 30, mercredi prochain sort en salles l’hommage au western classique, l’hymne à l’amitié signé Ed Harris, « Appaloosa » que je recommande à tous les amateurs du genre...dont je suis (présenté en avant-première au dernier Festival du Cinéma Américain de Deauville) !

    A suivre sur "In the mood for cinema": l'avant-première de la série "Flics" d'Olivier Marchal en présence de toute l'équipe du film.

     Sandra.M

  • 19ème Festival du Film Britannique de Dinard: le programme (article complété le 27.09)

    festival-film-britannique-dinard-19eme-editio-L-2.jpgDu 2 au 5 octobre aura lieu la 19ème édition du Festival du Film Britannique de Dinard.

    Entre avant-premières, compétition, hommage (à Hugh Hudson), gros plan (sur Daphné du Maurier), expositions, rencontres, débats, courts et longs-métrages, comme chaque année le programme sera riche et varié.

    JURY 2008

    Le jury sera présidé par Lambert Wilson et composé de : Arié Elmaleh, Tara Fitzgerald, Valérie Kaprisky, Aïssa Maïga, Rory Mc Cann, Nicolas Roeg, Lucy Russell, Alice Taglioni et Sterenn Le Scan  .

    CONCOURS

    Vous pouvez d'ailleurs vous aussi faire partie du jury comme ce fut mon cas en 1999,  grâce au concours organisé par Ouest-France et ouvert à tous:

    il suffit d'envoyer rapidement une lettre de motivation d'un feuillet maximum (1500 caractères) à la rédaction Ouest-France, Jury du Festival, 15 Avenue Jean-Jaurès, BP  214, 35049 Saint-Malo Cedex .

    PROGRAMME DU 19ème FESTIVAL DU FILM BRITANNIQUE DE DINARD

    COMPETITION

    Boy A, de John Crowley.

    Clubbed, de Neil Thompson.

    A Complete History of my Sexual Failures, de Chris Waitt.

    The Escarpist, de Ruppert Wyatt.

    Helen, de Christine Molloy & Joe Lawlor.

    The Market, de Ben Hopkins.

    AVANT-PREMIERES

    Film d'ouverture

    My Life So Far (1999), de Hugh Hudson.


    Film de gala

    Somers Town, de Shane Meadows.


    Séance spéciale

    Young @ Heart (doc), de Stephen Walker.


    Avant-premières

    Adulthood, de Noel Clarke.

    The Agent, de Lesley Manning.

    The Crew, de Adrian Vitoria.

    The Duchess, de Saul Dibb.

    Eden Lake de James Watkins.

    The Edge of love, de John Maybury.

    Flashbacks of a Fool, de Baillie Walsh.

    French Film, de Jackie Oudney.

    Genova, de Michael Winterbottom.

    The Hide, de Marek Losey.

    Hunger de Steve McQueen. (voir ma critique ici)

    Love Live Long, de Mike Figgis.

    Man on Wire (doc), de James Marsh.

    The Meerkats (La Famille suricate) (doc), de James Honeyborne.

    Of Time and the City (doc), de Terence Davies.

    Shadows in the Sun, de David Rocksavage.

    Stephen Frears, A Portrait (A propos de Stephen Frears), de Philippe Pilard.

    INFORMATIONS PRATIQUES: ASSISTER AU FESTIVAL

    Pour assister au festival, si vous ne possédez pas de carte pass (300 vendues mi-juin) ou de pass professionnel ou presse attribués suite à examen par une commission professionnelle, vous pouvez acheter des places à 5,50 (en vous présentant environ une demi-heure avant les projections)...moins chères que des places de cinéma classiques.

    LIENS:

    Vous pouvez aussi retrouver mes comptes rendus des éditions précédentes en cliquant sur les liens ci-dessous:

    Mon compte-rendu du Festival du Film Britannique de Dinard 2007

    Mon compte-rendu du Festival du Film Britannique de Dinard 2006

    Mon compte-rendu du Festival du Film Britannique de Dinard 2005

    Site officiel du Festival du Film Britannique de Dinard 2008

    et évidemment bientôt le récit du festival sur http://www.inthemoodforcinema.com !

    Ajouts du 26.09: "Genova" de Michael Winterbottom en avant-première, en présence de Colin Firth

    Gabriel Aghion complète le jury.

    Le  festival fera un clin d'oeil à la trilogie londonienne de Woody Allen (les critiques des 3 films en question figurent sur ce blog, rendez-vous dans la rubrique "Critiques des films à l'affiche")

    Accéder directement à la grille horaire du festival en cliquant ici