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IN THE MOOD FOR CINEMA - Page 180

  • Critique de SILS MARIA d'Olivier Assayas - Compétition officielle

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    Synopsis: À dix-huit ans, Maria Enders a connu le succès au théâtre en incarnant Sigrid, jeune fille ambitieuse et au charme trouble qui conduit au suicide une femme plus mûre, Helena. Vingt ans plus tard on lui propose de reprendre cette pièce, mais cette fois de l'autre côté du miroir, dans le rôle d'Helena...

     Olivier Assayas est un habitué de la Croisette. Il y revient ainsi après Demonlover (sélection officielle en 2002), Clean (prix d'interprétation féminine pour Maggie Cheung en 2004) et Carlos (présenté hors compétition en 2010).

     Le serpent de Maloja est un étirement en bande de nuages bas observé en automne. Il s'allonge de Sils Maria à Silvaplana allant jusqu’à St Moritz et laisse encore aujourd'hui les spécialistes perplexes de lorsque  les vents de l'Engadine, des vents de nuit à courant descendant, s'observent en plein jour. Ce serpent métaphorise le film: sinueux, fascinant, trouble, troublant.

    Le cinéma n'est bien sûr pas avare de films sur le cinéma, celui-ci présente d'ailleurs des similitudes avec l'un de ses illustres prédécesseurs, "Eve". Le deuil dès les premières minutes place le film sous une couleur sombre. Le début du déclin pour cette actrice pourtant encore dans la force de l'âge?

    Le film s'oriente ensuite sur  les rapports troubles et troublants  entre Maria et Valentine, à la fois répétitrice, assistante, (amie?), entre envie, jalousie et altruisme.

    Puis, c'est le passé qui ressurgit, un rôle emblématique dans la carrière d'une actrice, marquée par celui-ci, qui se confond avec celui-ci.

    Chaque scène est alors empreinte de gravité, de profondeur, de multiples sens, et le jeu même de la comédienne se prête à de multiples interprétations, la frontière entre la pièce et la réalité étant constamment et de plus en plus floue. Le film en devient aussi palpitant que ludique et, un peu à l'image de sa prestation magistrale dans "Copie conforme", Juliette Binoche joue de telle façon qu'elle brouille nos repères. Les scènes dans la montagne où tout semble alors pouvoir survenir sont d'une tension rare. Un rôle qui pourrait valoir à Juliette Binoche à nouveau le prix d'interprétation qui ne serait nullement usurpé.

    Et un grand film  très ancré dans son époque, sa violence médiatique, un film sur l'étanchéité des frontières entre l'art et la vie, et l'implacable violence du temps qui passe. Un film au charme vénéneux, un jeu de miroirs et de reflets mélancolique, envoûtant et brillant au propre comme au figuré. Et réellement fascinant. Ou quand la vie devient un art... Et une révélation: Kristen Stewart, d'une justesse remarquable.

    Complément - Critique de "Copie conforme" de Kiarostami

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    « Copie conforme » est le premier film du cinéaste iranien tourné hors de ses frontières, un film qu'il a écrit pour Juliette Binoche.

    Face à James (William Shimell), un écrivain quinquagénaire anglo-saxon qui donne en Italie, à l'occasion de la sortie de son dernier livre, une conférence ayant pour thème les relations étroites entre l'original et la copie dans l'art elle est une jeune femme d'origine française, galeriste qu'il rencontre. Ils partent ensemble pour quelques heures à San Gimignano, petit village près de Florence. Comment distinguer l'original de la copie, la réalité de la fiction ? Ils nous donnent ainsi d'abord l'impression de se rencontrer puis d'être en couple depuis 15 ans.

    Selon James, lors de sa conférence,  une bonne copie peut valoir un original et tout le film semble en être une illustration. James et la jeune femme semblent jouer à « copier » un couple même si la réponse ne nous est jamais donnée clairement. Peut-être est-elle folle ? Peut-être entre-t-elle dans son jeu ? Peut-être se connaissent-ils réellement depuis 15 ans ? Ce doute constitue un plaisir constant pour le spectateur qui devient alors une sorte d'enquêteur cherchant dans une phrase, une expression une explication. Il n'y en aura pas réellement et c'est finalement tant mieux.

    Ainsi Kiarostami responsabilise le spectateur. A lui de construire son propre film. Les personnages regardent souvent face caméra en guise de miroir, comme s'ils se miraient dans les yeux du spectateur pour connaître leur réelle identité. « Copie conforme » est donc un film de questionnements plus que de réponses et c'est justement ce qui le rend si ludique, unique, jubilatoire. Le jeu si riche et habité de Juliette Binoche, lumineuse et sensuelle, peut ainsi se prêter à plusieurs interprétations.

    Un film qui nous déroute, un film de contrastes et contradictions, un film complexe derrière une apparente simplicité. A l'image de l'art évoqué dans le film dont l'interprétation dépend du regard de chacun, le film est l'illustration  pratique de la théorie énoncée par le personnage de James. De magnifiques et longs plans-séquences, des dialogues brillants, une mise en scène d'une redoutable précision achèvent de faire de ce film en apparence si simple une riche réflexion sur l'art et sur l'amour.

    William Shimell (chanteur d'opéra dont c'est le premier rôle) et Juliette Binoche excellent et sont aussi pour beaucoup dans cette réussite. Un film sur la réflexivité de l'art  qui donne à réfléchir. Un dernier plan délicieusement énigmatique et polysémique qui signe le début ou le renouveau ou la fin d'une histoire plurielle. Un très grand film à voir absolument. Un vrai coup de cœur.

    « Copie conforme » est le 9ème film présenté à Cannes par Kiarostami qui a par ailleurs été membre du jury longs métrages  en 1993, du jury de la Cinéfondation en 2002 et Président du jury de la Caméra d'Or en 2005. Enfin, il a  remporté la Palme d'Or en 1997 pour "Le goût de la cerise."

    Juliette Binoche raconte ainsi sa rencontre avec Kiatostami: "Je suis partie en Iran rencontrer Abbas (je l'avais croisé à Cannes, à l'Unesco, chez Jean-Claude Carrière). Il m'a dit "Viens à Téhéran !". Je l'ai cru, j'y suis allée, deux fois. Un soir il m'a raconté l'histoire que nous avons tourné ensemble cet été, il m'a raconté chaque détail, le soutien-gorge, le restaurant, l'hôtel, bref, il m'a dit que c'était une histoire qui lui était arrivée. A la fin, après avoir parlé pendant 45 minutes dans un anglais impeccable, il m'a demandé : "Tu me crois ?". Je lui ai dit : "Oui". Il m'a dit : "Ce n'est pas vrai !". Je suis partie d'un éclat de rire qui lui a donné envie de faire ce film, je crois !", explique-t-elle.

     

     

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  • Critique de DEUX JOURS, UNE NUIT de Jean-Pierre et Luc Dardenne - Compétition officielle

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    Synopsis: Sandra, aidée par son mari, n’a qu’un week-end pour aller voir ses collègues et les convaincre de renoncer à leur prime pour qu’elle puisse garder son travail.

     Si Marion Cotillard avait déjà montré toute l'amplitude dans son talent dans un autre films présenté à Cannes en compétition ("De rouille et d'os" de Jacques Audiard), elle crève ici littéralement l'écran dans ce sublime portrait de femme fragile et téméraire. Physiquement transformée mais aussi admirablement dirigée (ce n'est pas un scoop que de dire que les Dardenne sont d'exceptionnels directeurs d'acteurs.) elle est pour beaucoup dans l'empreinte que nous laisse ce film grave et lumineux, ancré dans notre époque et intemporel. Elle pourrait bien entendu prétendre à un prix d'interprétation.

    Avec ce thriller social qui est aussi un conte (cruel), les Dardenne prouvent une nouvelle fois l'étendue de leur imaginaire et de leur talent. Ils arrivent à nous surprendre avec la répétition intrinsèque au sujet, à créer un suspense haletant. Filmée au plus près, en gros plan, le plus souvent, c'est comme toujours le personnage, l'humain qui est au centre, a fortiori ici puisqu'il s'agit pour le personnage de retrouver une dignité, une identité.

    Après deux Palmes d’or (pour "Rosetta" et pour "L’enfant") et un Grand Prix du Jury pour "Le Gamin au vélo", les Dardenne pourraient être les premiers à décrocher trois fois la récompense suprême avec ce film, une nouvelle fois, au cœur de la réalité sociale.

    Un film poignant qui évite toujours l'écueil du pathos, un film illuminé par une actrice qui n'a pas fini de révéler toute la palette de son talent et qui, ici, fascine, éblouit dans le rôle de cette femme qui s'accepte, retrouver son identité, et demande à ses anciens collègues de répondre à un terrible dilemme: la morale  ou la raison. Magistral.

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  • Critique de MOMMY de Xavier Dolan

     

    Mommy, c’est Diane Després (Anne Dorval), surnommée…Die (l’ironiquement bien nommée), une veuve qui hérite de la garde de son fils, Steve, un adolescent TDAH impulsif et violent (Antoine-Olivier Pilon). Ils tentent de surmonter leurs difficultés, notamment financières. Sur leurs routes, ils vont trouver Kyla (Suzanne Clément), l’énigmatique voisine d’en face, qui va leur venir en aide.

    Il y a des films, rares, singuliers, qui possèdent ce supplément d’âme ineffable, qui exhalent cette magie indicible (la vie, au fond,  cette « vitalité » dont Truffaut parlait à propos des films de Claude Sautet, on y revient…) qui vous touchent en plein cœur, qui vous submergent d’émotion(s). Au-delà de la raison. Oui, c’est cela : un tourbillon d’émotions dévastatrices qui emportent notre raison avec elles. Comme un coup de foudre…Un coup de foudre cinématographique est comme un coup de foudre amoureux. Il rend impossible toute raison, tout raisonnement, il emporte notre rationalité, nous transporte, nous éblouit, et nous donne une furieuse envie d’étreindre le présent et la vie. Et de croire en l’avenir.

    La situation vécue par Diane et son fils est âpre et chaotique mais Xavier Dolan l’auréole de lumière, de musique et d’espoir. Dès les premières minutes, avec ces éclats de lumière et du soleil qui caressent Diane, la magie opère. Xavier Dolan nous happe dans son univers pour ne plus nous lâcher jusqu’à la dernière, bouleversante, seconde. Un univers éblouissant, étourdissant, dans la forme comme dans le fond qui envoûte, électrise, bouleverse, déroute. En un quart du seconde, il nous fait passer du rire aux larmes, mêlant parfois les deux, mêlant aussi l’emphase et l’intime (il n’est finalement pas si étonnant que Titanic  soit un de ses films de prédilection) avec pour résultat cette émotion, ce mélodrame poignant, poétique, fougueux, étincelant, vivace. Débordant de vie.

    Certaines scènes (nombreuses) sont des moments d’anthologie, parfois à la frontière entre (mélo)drame et comédie. Il y a  notamment cette scène onirique qui raconte ce que la vie aurait pu être « si » Steve n’avait pas été malade et qui m’a bouleversée. Que peut-il y avoir de plus bouleversant que de songer à ce que la vie pourrait être « si »…? Ou encore cette scène où, dans un karaoké, si fier, Steve chante Andrea Bocelli, sous les quolibets, et alors que sa mère a le dos tourné, nous faisant éprouver avec lui la douleur qu’il ressent alors, la violence, contenue d’abord, puis explosive.

    Mommy, c’est donc Anne Dorval qui incarne avec une énergie débordante et un charme et un talent irrésistibles cette mère révoltée, excentrique et pudique, exubérante, malicieuse, forte et blessée qui déborde de vitalité et surtout d’amour pour son fils. Suzanne Clément, plus en retrait, mal à l’aise avec elle-même (elle bégaie) et la vie,  est tout aussi touchante et juste, reprenant vie au contact de Diane et son fils, comme elle, blessé par la vie, et communiquant difficilement. Ces trois-là vont retrouver l’espoir au contact les uns des autres, se charmer, nous charmer. Parce que si le film raconte une histoire dramatique, il déborde de lumière et d’espoir. Un film solaire sur une situation sombre, à la fois exubérant et pudique, à l’image de Diane.

    Le film ne déborde pas seulement de lumière et d’espoir mais aussi d’idées brillantes et originales comme le format 1:1 qui n’est pas un gadget ou un caprice mais un vrai parti pris formel qui crée une véritable résonance avec le fond (Xavier Dolan l’avait déjà utilisé sur le clip College Boy d’Indochine en 2013) sans parler de ce format qui se modifie au cours du film (je vous laisse découvrir quand et comment, scène magnifique) quand l’horizon s’élargit pour les trois protagonistes.  Par ce procédé et ce quadrilatère, le visage -et donc le personnage- est au centre (tout comme il l’est d’ailleurs dans les films de Claude Sautet, et si Un cœur en hiver est mon film préféré, c’est notamment parce que ses personnages sont d’une complexité passionnante). Grâce à ce procédé ingénieux, rien ne distrait notre attention qui en est décuplée.

    Les films de Xavier Dolan, et celui-ci ne déroge pas à la règle, se distinguent aussi par une bande originale exaltante, entraînante, audacieuse, judicieuse, ici Céline Dion, Oasis, Dido, Sarah McLachlan, Lana del Rey ou encore Andrea Bocelli. Un hétéroclisme à l’image de la folie joyeuse qui réunit ces trois êtres blessés par la vie qui transporte littéralement le spectateur.

    Bien sûr plane l’ombre d’Elephant de Gus Van Sant mais ce film et le cinéma de Xavier Dolan en général ne ressemblent à aucun autre.  Sur les réseaux (a)sociaux (je repense à cette idée de Xavier Dolan -qui, comme Paolo Sorrentino et Pedro Almodovar, dans le cadre du Festival Lumière, comme le veut désormais la tradition du festival, a été invité à tourner sa version de « La sortie des usines Lumière »,- qui a choisi de demander à ses acteurs d’un jour de se filmer eux-mêmes pour montrer le narcissisme et l’égoïsme des réseaux dits sociaux), certains critiquent la précocité de Xavier Dolan encensée par les médias. Sans doute de la jalousie envers son indéniable talent. D’ailleurs, plus que de la précocité, c’est une maturité qui m’avait déjà fascinée dans Les amours imaginaires. Je m’étais demandée comment, à 21 ans, il  pouvait faire preuve d’autant de perspicacité sur les relations amoureuses. Je vous recommande au passage Les amours imaginaires, cette fantasmagorie pop et poétique sur la cristallisation amoureuse, sur ces illusions exaltantes et destructrices, sublimes et pathétiques, un film enivrant et entêtant comme… un amour imaginaire.

    Mommy est le cinquième film, déjà, de Xavier Dolan. C’est d’autant plus fascinant qu’il ne se « contente » pas de  mettre en scène et de diriger, magistralement, ses acteurs mais qu’il est aussi scénariste, monteur, producteur, costumier. Ici, il ne joue pas (en plus de tout cela, c’est aussi un très bon acteur), se trouvant trop âgé pour le rôle d’Antoine-Olivier Pilon qui crève d’ailleurs littéralement l’écran et dont le personnage, malgré ses excès de violence et de langage, emporte la sympathie du spectateur.

    Vous savez ce qu’il vous reste à faire (le film est encore à l’affiche) si vous voulez, vous aussi, ressentir les frissons savoureux procurés par le poignant Mommy de Dolan, fable sombre inondée de lumière, de musique, de courage, quadrilatère fascinant qui met au centre son antihéros attachant et sa mère dans un film d’une inventivité, maturité, vitalité, singularité,  émotion rares et foudroyantes de beauté et sensibilité. Un coup de foudre, vous dis-je.

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  • Festival de Cannes 2014: en attendant l'épisode 5 de mes pérégrinations cannoises...

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    Emportée par le tourbillon des films et de quelques soirées (avec parcimonie pour ces dernières et avec frénésie pour les premières) ou même une escapade en mer ou des concerts, je n'ai pas écrit ici depuis plusieurs jours afin de le faire ultérieurement pour vous parler avec la précision qu'il se doit des films (une vingtaine) vus depuis mon dernier article. Samedi, j'aurai ainsi vu tous les films de la compétition officielle (d'un très haut niveau comme toujours même si je n'ai pas encore eu de coup de foudre cinématographique, en précisant qu'il me reste à rattraper les films de Dolan et Sissako et que je verrai le film d'Assayas demain matin et en précisant que l'admiration et l'émotion ont néanmoins été rendez-vous pour certains films et cinéastes) et pourrai vous en faire un bilan complet et un véritable compte rendu après le festival. Je vous parlerai également de films hors compétition comme le magnifique "Incompresa" d'Asia Argento vu ce soir, film qui exhale toutes les blessures, la cruauté et la fantaisie de l'enfance mais aussi de courts métrages (ceux des talents Cannes Adami), de documentaires ou encore des très nombreuses conférences de presse auxquelles j'ai eu le plaisir d'assister (Xavier Dolan  a donné la conférence de presse la plus passionnante du festival ce matin, je vous la résumerai également). En attendant de vous livrer mes pronostics et mon compte rendu, pour vous faire patienter, voici une petite sélection de mes clichés de quelques évènements cannois auxquels j'ai eu la chance d'assister... Pour patienter, vous pouvez aussi retrouver les premiers épisodes de mes pérégrinations cannoises sur http://inthemoodforfilmfestivals.com ...ou lire mes "Ombres parallèles" pour ma vision fictive du festival ou encore me suivre sur twitter puisque je commente le festival en direct (@moodforcannes / @moodforcinema pour le compte principal) et y donne brièvement mon opinion sur tous les films vus. A très bientôt donc pour le prochain épisode de mes pérégrinations cannoises, mes pronostics mais aussi la clôture à laquelle j'ai également le plaisir d'être invitée.

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  • Critique de THE SEARCH de Michel Hazanavicius - Compétition officielle

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    Synopsis: Le film se passe pendant la seconde guerre de Tchétchénie, en 1999. Il raconte, à échelle humaine, quatre destins que la guerre va amener à se croiser. Après l’assassinat de ses parents dans son village, un petit garçon fuit, rejoignant le flot des réfugiés. Il rencontre Carole, chargée de mission pour l’Union Européenne. Avec elle, il va doucement revenir à la vie. Parallèlement, Raïssa, sa grande sœur, le recherche activement parmi des civils en exode. De son côté, Kolia, jeune Russe de 20 ans, est enrôlé dans l’armée. Il va petit à petit basculer dans le quotidien de la guerre.

    The Search est le remake des "Anges marqués", un film de 1948 réalisé par Fred Zinnemann dont Montgomery Clift tenait le rôle principal. Alors que ce film retraçait l’histoire d’un soldat américain tentant d’aider un garçon à retrouver sa mère dans le Berlin de l’après-guerre, Michel Hazanavicius a transposé le récit à la seconde guerre de Tchétchénie qui débute en 1999.

     Deux raisons principales font de "The Search" un film à voir absolument: le choc du plan-séquence par lequel le film débute et  la révélation d’un acteur qui y crève l’écran (Maxim Emelianov).Sans doute certains seront-ils surpris par ce virage radical après "The Artist" mais ils retrouveront la muse du réalisateur, Bérénice Béjo.

     Le film raconte deux histoires parallèles, l'une qui relève presque du documentaire, terrible et palpitante: celle d'un jeune homme qui se retrouve enrôlé dans une terrible armée (la Russie) et le destin d'une petit garçon qui a assisté au massacre de ses parents. Ou l'innocence pervertie. L'effet miroir décuple l'émotion et rend le dénouement d'autant plus poignant, d'une beauté et d'une force redoutables. Les nombreux témoignages sur lesquels s'est basé sur cinéaste pour écrire le film lui apportent de la crédibilité et de l'émotion.

    Une démonstration implacable sur le pouvoir de la guerre à broyer les hommes. Une nouvelle réussite.

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  • Critique de WHIPLASH de Damien Chazelle - Quinzaine des Réalisateurs

    Interprété magistralement par Miles Teller et J.K. Simmons,  le premier jouant le rôle d’Andrew, un jeune élève du Conservatoire de dix-neuf ans qui rêve de devenir l’un des meilleurs batteurs de jazz de sa génération et l’autre, son professeur Terence Fletcher,  qui dirige le meilleur orchestre de l’établissement, « Whiplash » a été  tourné en 19 jours. Le film n’en est pas moins remarquable dans la précision et l’exigence à l’image de la musique qu’il exalte et sublime.

     Andrew Nieman. A une lettre près, (Niemand) personne en Allemand. Et Andrew semble avoir une seule obsession, devenir quelqu’un par la musique. Assouvir sa soif de réussite tout comme le personnage interprété par J.K Simmons souhaite assouvir sa soif d’autorité. Une confrontation explosive entre deux desseins, deux ambitions irrépressibles, deux folies.  L’objet rêvé pour le manipulateur machiavélique qui sous le fallacieux prétexte que « la fin justifie les moyens » use et abuse de sa force et son pouvoir pour obtenir le résultat qu’il souhaite mais surtout asseoir son emprise. J.K Simmons donne corps et froideur d’âme à ce personnage tyrannique et irascible qui sait se montrer mielleux pour atteindre son objectif.

     La réalisation s’empare du rythme fougueux, fiévreux, animal de la musique, grisante et grisée par la folie du rythme et de l’ambition, dévastatrice, et joue judicieusement et avec manichéisme sur les couleurs sombres, jusque dans les vêtements: Fletcher habillé en noir comme s’il s’agissait d’un costume de scène à l’exception du moment où il donne l’impression de se mettre à nu et de baisser la garde, Andrew habillé de blanc quand il incarne encore l’innocence puis de noir à son tour et omniprésence du rouge (du sang, de la viande, du tshirt d’un des « adversaires » d’Andrew) et des gros plans lorsque l’étau se resserre, lorsque le duel devient un combat impitoyable, suffocant.

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    Les rires  sur l’humiliation et sur les ruses et sentences de dictateur (qu’est finalement le professeur) étaient finalement plus dérangeants que le film lui-même, le public étant d’une certaine manière manipulée à son tour, se laissant fasciner par ce personnage tyrannique. Prêt à tout pour réussir, Andrew poussera l’ambition à son paroxysme, au bord du précipice, jusqu’à l’oubli, des autres, de la dignité, aux frontières de la folie.

     Le face à face final est un véritable combat de boxe (et filmé comme tel) où l’immoralité sortira gagnante : la dictature et l’autorité permettent à l’homme de se surpasser… La scène n’en est pas moins magnifiquement filmée  transcendée par le jeu enfiévré et exalté des deux combattants.

    Bien que batteur depuis ses quinze ans, et ayant pris des cours trois jours par semaine pendant quatre heures pour parfaire sa technique et ne faisant « que » 70% des prestations du film, Miles Teller est impressionnant dans l’énergie, la détermination, la folie, la maîtrise, la précision.

     Damien Chazelle s'est inspiré de son expérience personnelle pour écrire et réaliser « Whiplash », ayant appris par le passé  la batterie avec un professeur tyrannique, ce qui l’a conduit à emprunter une autre voie : celle du cinéma. Une décision sans aucun doute judicieuse même si j’espère qu’il continuera à allier cinéma et musique dans ses prochains films, son amour de la musique transparaissant, transpirant même dans  chaque plan du film, une forme qui témoigne de ce que montre aussi le fond du film: l’art n’est pas (le plus souvent) une inspiration miraculeuse mais le résultat d’un travail passionné et acharné.

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  • Critique de MAPS TO THE STARS de David Cronenberg - Compétition officielle

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    Synopsis: A Hollywood, la ville des rêves, se télescopent les étoiles : Benjie, 13 ans et déjà star; son père, Sanford Weiss, auteur à succès et coach des célébrités; sa cliente, la belle Havana Segrand, qu’il aide  à se réaliser en tant que femme et actrice.
    La capitale du Cinéma promet aussi le bonheur sur pellicule et papier glacé à ceux qui tentent de rejoindre les étoiles: Agatha, une jeune fille devenue, à peine débarquée, l’assistante d’Havana et le séduisant chauffeur de limousine avec lequel elle se lie, Jerome Fontana, qui aspire à la célébrité.
    Mais alors, pourquoi dit-on qu’Hollywood est la ville des vices et des névroses, des incestes et des jalousies ? La ville des rêves fait revivre les fantômes et promet surtout le déchainement des pulsions et l’odeur du sang.

    Deux films mettent cette année le cinéma au centre de leur intrigue. Cannes affectionne les mises en abyme. Celle-ci ne pourra laisser indifférente. Julianne Moore, remarquable, y incarne une actrice cruelle, ravagée par l’ambition et craignant plus que tout de l’être par les années dans cette plongée lucide et cynique dans l’envers du décor d’Hollywood.

     Maps to the stars marque ainsi la cinquième participation de David Cronenberg au Festival de Cannes, après Crash en 1996, Spider en 2002, A History of Violence en 2005 et Cosmopolis en 2012. Il fut par ailleurs Président du Jury en 1999. Il retrouve ici Robert Pattinson, avec qui il avait précédemment collaboré dans Cosmopolis (cf ma critique plus bas).

     Ce film cynique exhale pourtant une poésie désenchantée notamment grâce aux vers de Paul Eluard, tirés de son poème Liberté. Corrosif, lucide, satirique, cynique, poétique, fantastique, réaliste, cruel, ancré dans son époque et intemporel, subversif, doté d'un scénario redoutable saupoudré d'un humour noir qui l'est tout autant, avec ce film choral en forme de portrait d'un microcosme cinématographique incestueux Cronenberg (ou son actrice principale, d'une cruauté effroyable?) pourrait bien figurer au palmarès. Un film singulier à voir absolument.

    COMPLEMENT:

    Critique de "Cosmopolis" de David Cronenberg

    Aujourd'hui, "Cosmopolis" a divisé les festivaliers, les uns étant agacés par cette logorrhée jugée absurde, les autres fascinés par cette brillante allégorie sur notre époque. Je faisais plutôt partie de la seconde catégorie affectionnant les films comme celui-ci qui font confiance au spectateur même si pas forcément adaptés à un Festival de Cannes où une actualité chasse l’autre, où le temps est plus celui de la réaction excessive et immédiate que celui de la réflexion.

    Robert Pattinson y interprète Eric Packer dans une ville de New York en ébullition, alors que l’ère du capitalisme touche à sa fin. Eric Packer, golden boy de la haute finance, s’engouffre dans sa limousine blanche, coupée des bruits et du tumulte du monde extérieur. Alors que la visite du président des Etats-Unis paralyse Manhattan, Eric Packer n’a qu’une seule obsession : une coupe de cheveux chez son coiffeur à l’autre bout de la ville. Au fur et à mesure de la journée, le chaos s’installe, et il assiste, impuissant, à l’effondrement de son empire. Il est aussi certain qu’on va l’assassiner. Quand ? Où ? Il s’apprête à vivre les 24 heures les plus importantes de sa vie.

    A l’image de son personnage principal, le film de David Cronenberg (axé avant tout sur les dialogues, quasiment intégralement repris de l’œuvre éponyme dont il est l’adaptation) ne cherche pas à tout prix à être aimable ni à faire de cette adaptation de l’œuvre réputée inadaptable de Don Delillo un film grand public et facilement accessible. Le film nous tient à distance (de la réalité et des émotions) comme l’univers froid et aseptisé du véhicule d’Eric Packer le tient à distance du monde extérieur. La limousine est son univers mental, fou, déréglé où il additionne les rencontres comme les chiffres sur son compte en banques : avec froideur et cynisme.

    Dans ce monde où l’argent règne en maître, la sensibilité est anesthésiée et Robert Pattinson est la vraie découverte (qui aurait misé sur lui pour un tel rôle ?) et il fallait sans doute la folie géniale de Cronenberg pour y penser. Sa beauté froide se prête parfaitement au cynisme et à la cruauté de son personnage exacerbés par sa jeunesse éclatante : il passe de la maîtrise à l’abandon et la folie, ou parfois expriment les trois expressions en même temps avec une apparente facilité déconcertante. La réalisation précise, glaciale de Cronenberg renforce l’impression de voir un être déshumanisé et désespéré, la triste et lucide représentation de golden boys insensibilisés, coupés de la réalité mais aussi d’une époque insensibilisée.

    « Cosmopolis » est un film déroutant, parfois agaçant, mais fascinant et passionnant par sa réalisation et son interprétation glaciales, cliniques, glaçantes et impressionnantes. Métaphore d’une époque paranoïaque, cynique, à la fois rassasiée de désirs et avide de désirs, « Cosmopolis » se regarde comme une œuvre abstraite, absconse diront certains. Une œuvre en tout cas.

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