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lumieres 2023

  • Cinéma - 28ème cérémonie des Lumières de la presse internationale : les nominations

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    Je vous parle chaque année de cette cérémonie avec laquelle est donné le coup d’envoi des récompenses cinématographiques de l’année. Cette cérémonie des Lumières de la presse internationale célèbre ainsi les meilleurs talents et films du 7ème art français.

    Les prix Lumières, qui furent créés par Edward Behr et Daniel Toscan du Plantier, sont décernés par les membres de l’Académie des Lumières, correspondants de la presse internationale issus de 36 pays. Cette 28ème cérémonie aura lieu le lundi 16 janvier 2023 à 20h00 au Forum des images. L’an passé, c’est Audrey Diwan qui avait reçu le prix du meilleur film pour son adaptation du livre de celle qui est devenue depuis le Prix Nobel 2022 de littérature, Annie Ernaux, L’évènement.

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    Avec six nominations, La nuit du 12 de Dominik Moll domine cette année la sélection. Ce film, pourtant particulièrement âpre dans une période qui l’est autant, avait créé la surprise cet été, totalisant presque 500000 entrées.  Chaque année, la police judiciaire ouvre 800 enquêtes pour homicide. 20% demeurent irrésolues. Ce film raconte une de ces enquêtes dans le décor glacial et glaçant des environs de Grenoble. Sans doute son discours féministe explique-t-il aussi le succès de ce film noir qui est avant tout un plaidoyer contre la misogynie.

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    La nuit du 12 devance Pacifiction - Tourment sur les îles d’Albert Serra (cinq nominations), Saint Omer d’Alice Diop et Les enfants des autres de Rebecca Zlotowski (quatre nominations chacun). Ces quatre longs métrages seront en lice pour le Lumière du meilleur film avec Revoir Paris d’Alice Winocour. Quatre nominations aussi pour L’innocent de Louis Garrel et trois pour Vortex de Gaspar Noé.

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    Une seule nomination pour le dernier film d’Emmanuel Mouret, Chronique d’une liaison passagère, pour Vincent Macaigne comme meilleur acteur. Je vous le recommande vivement. La (trompeuse) légèreté de cette fable fait un bien fou et ne rend que plus émouvants la partie finale qui nous cueille savamment et subitement avec ces plans de décors vides où les protagonistes vécurent des moments heureux auxquels la musique apporte une douce mélancolie. Une fantaisie enchantée que nous quittons avec en tête la Javanaise et les sonates de Mozart et l’envie de danser la vie. La mise en scène aurait également mérité d'être nommée, pour son inventivité. La caméra de Mouret virevolte entre les acteurs, les accompagne dans leurs mouvements incessants, dans leur indécision, leur ambivalence, notamment par des plans-séquence magistraux ou les plongeant dans des décors plus grands qu’eux, ceux de la grande aventure de leur vie. Ils sont aussi souvent filmés dans de superbes contre-jours ou de dos. Ces choix de mise en scène incitent ainsi le spectateur à interpréter leurs émotions dans leurs gestes tout en retenue. Sandrine Kiberlain est aussi oubliée des nominations. Solaire et aventureuse, (irrésistible dans des comédies comme Les Deux Alfred récemment mais aussi bouleversante dans un film comme Mademoiselle Chambon en institutrice introverti), elle prouve une nouvelle fois qu’elle est aussi à l’aise dans le drame que dans la comédie (comme elle le sera à nouveau la semaine prochaine dans le réjouissant Parfum vert de Nicolas Pariser), comme l'est Vincent Macaigne.

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    Face à Vincent Macaigne sont nommés Bastien Bouillon,  Louis Garrel, Benoît Magimel mais aussi Denis Ménochet, pour As bestas de Rodrigo Sorogoyen. Dans ce film, un village en déclin et la campagne de Galice, sauvage, grisâtre et monotone, constituent un personnage à part entière, à la fois fascinant et inquiétant, hostile et admirable.  Ajoutez à cela un scénario impeccable ( de Isabel Peña et Rodrigo Sorogoyen), une interprétation de Marina Foïs et Denis Ménochet d’une justesse qui ne flanche jamais, et qui contribue beaucoup au parfait équilibre de l'ensemble, et vous obtiendrez un film là aussi âpre mais remarquable. 

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    As bestas est également nommé comme meilleure coproduction internationale, notamment face à Flee de Jonas Poher Rasmussen, Ce film d’animation a cumulé les récompenses, à juste titre, notamment au Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule 2022 dans le cadre duquel il a reçu le coup de projecteur 2022 Universciné. Il a également gagné le Cristal du long-métrage au festival d'Annecy 2021 et figurait parmi les films de la sélection officielle du Festival de Cannes 2020.  Une histoire vraie racontée avec beaucoup de pudeur alternant les images d’animation et les images d’archives réelles pour souligner la dimension documentaire et les turbulences de l’Histoire. Ce film universel et poignant permet à un homme hanté par son passé gardé secret jusque-là de s’en libérer. L’émotion est d’autant plus présente qu’il entre en résonance avec l’actualité, celle connue par d’autres réfugiés, mais aussi avec le retour des Talibans au pouvoir en Afghanistan. Là où dans une actualité et un zapping carnassier, une information tragique en chasse tristement une autre, Flee, avec beaucoup de subtilité, force en douceur notre regard à s’y attarder. Poignant et indispensable.

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    Une seule nomination également pour ce qui est aussi un des films forts de cette année : En corps de Cédric Klapisch pour lequel est nommée Marion Barbeau comme révélation féminine. Un joyeux élan de vie, de danse, d’espoir. Un film duquel se dégage une grâce énergique qui vous donne envie de croire encore (en corps) et plus que jamais qu’il est toujours possible de faire danser la vie, de se relever, de s’élever même, malgré les chutes et les blessures. Pour moi, il y aura désormais deux films références sur la danse. Un film entrelaçant le noir et le blanc, une quête de perfection obsessionnelle, une expérience sensorielle, une danse funèbre et lyrique, un conte obscur sensuel et oppressant à la beauté hypnotique : Black swan de Darren Aronofsky. Et son exact contraire, En corps. Dans l'un, la passion de la danse détruit. Dans l'autre, elle élève. Alors, n’écoutez pas les critiques vengeresses qui qualifient ce beau film de mièvre. C’est tout sauf cela. C’est tendre, drôle, émouvant, faussement léger, profond, réconfortant, énergique, optimiste. Cela donne envie d’étreindre l’existence.  Rien que son (sublime) générique vaut le déplacement ! Ce film lumineux met le cœur en joie, vous cueille quand vous ne vous y attendez pas, par un flashback et un plan, de loin, d’un père qui enlace sa fille, filmés tout en pudeur.  Comme toujours, Klapisch capte la beauté et le romanesque de Paris mais aussi l’air du temps. Dans le film Paris notamment, il filmait comme nul autre cette ville au cœur battant, insouciante, qui vibre, qui danse, une ville de tous les possibles, une ville et une vie où rien n’empêche personne de « donner une chance au hasard », de faire valser les fils du destin. Et puis il y a Marion Barbeau, danseuse de l’Opéra de Paris, (quelle révélation !), à la fois fragile et forte, si solaire et incroyablement juste !

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    Une seule nomination également aussi comme révélation féminine, pour Rebecca Marder, dans le formidable premier long-métrage de Sandrine Kiberlain, Une jeune fille qui va bien. Un film aux résonances universelles comme l'est le livre le Journal d’Anne Frank, qui doit tout autant être montré aux jeunes générations. Pour ne pas oublier. Que cela fut. Que cela pourrait advenir à nouveau. Que le présent et la liberté sont aussi précieux que fragiles. Cette ode à la vie les célèbre magnifiquement et nous laisse avec leur empreinte, pugnace et sublime. Un grand premier film qui nous rappelle qu’il ne faut jamais oublier, et que l’on n’oubliera pas. Rebecca Marder est une Irène qui irradie de joie de vivre. Avec sa charmante maladresse et sa vitalité contagieuse, elle est absolument irrésistible. Elle vibre de l’amour du théâtre et de la vie, des premiers élans amoureux aussi. Et elle contamine tout le film de la fouge de sa jeunesse. Derrière sa légèreté perce pourtant par moments une gravité qui n’en est que plus ravageuse. Elle apporte toute sa grâce à ce rôle magnifique, délicat, plein de charme et de candeur derrière lesquels elle dissimule la lucidité de ce qui se trame et que son corps lui rappelle. Pensionnaire depuis 2015 de la Comédie-Française, elle avait joué auparavant dans La Daronne, Un homme pressé et Seize Printemps, même si c’est là son premier grand rôle, et probablement pas le dernier. Et autour d’elle, quelle pléiade d’acteurs ! 

    Je regrette pour ma part l’absence d’autres grands films de cette année. Je vous invite à retrouver mes critiques de tous ces films dans la rubrique intitulée Critiques des films à l’affiche en 2022, sur Inthemoodforcinema.com, ici.

    Le lundi 16 janvier 2023, l’Académie des Lumières remettra 13 prix (film, mise en scène, actrice, acteur, révélation féminine, révélation masculine, premier film, animation, documentaire, coproduction internationale, image et musique). Les lauréats recevront un Lumière, trophée créé par la Monnaie de Paris, signé Joaquín Jiménez.

    NOMINATIONS

    MEILLEUR FILM

    LES ENFANTS DES AUTRES de Rebecca Zlotowski

    LA NUIT DU 12 de Dominik Moll

    PACIFICTION – TOURMENT SUR LES ÎLES d'Albert Serra

    REVOIR PARIS d'Alice Winocour

    SAINT OMER d'Alice Diop

     

    MEILLEURE MISE EN SCÈNE

    Valeria Bruni-Tedeschi pour LES AMANDIERS

    Dominik Moll pour LA NUIT DU 12

    Gaspar Noé pour VORTEX

    Albert Serra pour PACIFICTION – TOURMENT SUR LES ÎLES

    Rebecca Zlotowski pour LES ENFANTS DES AUTRES

     

    MEILLEUR SCÉNARIO

    Alice Diop, Marie NDiaye, Amrita David pour SAINT OMER

    Louis Garrel, Tanguy Viel, Naïla Guiguet pour L’INNOCENT

    Christophe Honoré pour LE LYCÉEN

    Dominik Moll, Gilles Marchand pour LA NUIT DU 12

    Rebecca Zlotowski pour LES ENFANTS DES AUTRES

     

    MEILLEUR DOCUMENTAIRE

    LES ANNÉES SUPER 8 d'Annie Ernaux & David Ernaux-Briot

    LA COMBATTANTE de Camille Ponsin

    H6 de Ye Ye

    NOUS d'Alice Diop

    RETOUR À REIMS (FRAGMENTS) de Jean-Gabriel Périot

     

    MEILLEUR FILM D'ANIMATION

    ERNEST ET CÉLESTINE : voyage en Charabie

    de Julien Chheng & Jean-Christophe Roger

    LE PETIT NICOLAS, qu’est-ce qu’on attend pour être heureux ?

    d'Amandine Fredon et Benjamin Massoubre

    LE PHARAON, LE SAUVAGE ET LA PRINCESSE de Michel Ocelot

    LES SECRETS DE MON PÈRE de Véra Belmont

    LES VOISINS DE MES VOISINS SONT MES VOISINS

    de Anne-Laure Daffis & Léo Marchand

     

    MEILLEURE ACTRICE

    Juliette BINOCHE pour OUISTREHAM d'Emmanuel Carrère

    Laure CALAMY pour À PLEIN TEMPS d’Éric Gravel

    Virginie EFIRA pour LES ENFANTS DES AUTRES de Rebecca Zlotowski

    Françoise LEBRUN pour VORTEX de Gaspar Noé

    Noémie MERLANT pour L’INNOCENT de Louis Garrel

     

    MEILLEUR ACTEUR

    Bastien BOUILLON pour LA NUIT DU 12 de Dominik Moll

    Louis GARREL pour L’INNOCENT de Louis Garrel

    Vincent MACAIGNE pour CHRONIQUE D’UNE LIAISON PASSAGÈRE d'Emmanuel Mouret

    Benoît MAGIMEL pour PACIFICTION – TOURMENT SUR LES ÎLES

    d'Albert Serra

    Denis MÉNOCHET pour AS BESTAS de Rodrigo Sorogoyen

     

    RÉVÉLATION FÉMININE

    Marion BARBEAU pour EN CORPS de Cédric Klapisch

    Hélène LAMBERT pour OUISTREHAM d'Emmanuel Carrère

    Guslagie MALANDA pour SAINT OMER d'Alice Diop

    Rebecca MARDER pour UNE JEUNE FILLE QUI VA BIEN de Sandrine Kiberlain

    Nadia TERESZKIEWICZ pour LES AMANDIERS de Valeria Bruni-Tedeschi

     

    RÉVÉLATION MASCULINE

    Adam BESSA pour HARKA de Lotfy Nathan

    Stefan CREPON pour PETER VON KANT de François Ozon

    Dimitri DORÉ pour BRUNO REIDAL de Vincent Le Port

    Paul KIRCHER pour LE LYCÉEN de Christophe Honoré

    Aliocha REINERT pour PETITE NATURE de Samuel Theis

     

    MEILLEUR PREMIER FILM

    BRUNO REIDAL de Vincent Le Port

    HARKA de Lotfy Nathan

    LES PIRES de Lise Akoka & Romane Gueret

    LE SIXIÈME ENFANT de Léopold Legrand

    TOUT LE MONDE AIME JEANNE de Céline Devaux

     

    MEILLEURE COPRODUCTION INTERNATIONALE

    AS BESTAS de Rodrigo Sorogoyen

    LA CONSPIRATION DU CAIRE de Tarik Saleh

    FLEE de Jonas Poher Rasmussen

    R.M.N de Cristian Mungiu

    RIEN À FOUTRE d'Emmanuel Marre & Julie Lecoustre

     

    MEILLEURE IMAGE

    Sébastien BUCHMANN pour LES PASSAGERS DE LA NUIT de Mikhaël Hers

    Benoît DEBIE pour VORTEX de Gaspar Noé

    Patrick GHIRINGHELLI pour LA NUIT DU 12 de Dominik Moll

    Claire MATHON pour SAINT OMER d'Alice Diop

    Artur TORT pour PACIFICTION – TOURMENT SUR LES ÎLES d'Albert Serra

     

    MEILLEURE MUSIQUE

    Benjamin BIOLAY pour ET J’AIME À LA FUREUR d'André Bonzel

    Irène DRESEL pour À PLEIN TEMPS d’Éric Gravel

    Grégoire HETZEL pour L’INNOCENT de Louis Garrel

    Olivier MARGUERIT pour LA NUIT DU 12 de Dominik Moll