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IN THE MOOD FOR NEWS (actualité cinématographique) - Page 11

  • Oscars 2017 : liste des nommés

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    Alors que demain seront dévoilés les nommés aux César 2017, la liste des nommés pour la 89ème cérémonie des Oscars qui aura lieu le 26 février prochain au Dolby Theatre de Los Angeles vient d’être dévoilée avec un record pour "La La Land"  de Damien Chazelle (ma critique demain), nommé 14 fois, égalant ainsi "Eve" le chef-d'œuvre  de Joseph L. Mankiewicz et  "Titanic" de James Cameron.

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    Après son Golden Globe  pour son rôle dans "Elle" de Paul Verhoeven (un film que j’ai détesté mais dans lequel elle est remarquable, comme toujours ou presque), Isabelle Huppert est nommée comme meilleure actrice aux Oscars.

     Dans la catégorie meilleur film en langue étrangère, sont également nommés le remarquable "Le Client" d'Asghar Farhadi, prix du scénario et de l’interprétation masculine lors du dernier Festival de Cannes mais aussi le magnifique Tanna (prix du scénario au dernier Festival de La Baule.)

     Le cinéma français est également représenté dans la catégorie meilleur film d’animation avec "Ma vie de courgette" et "La Tortue rouge" (pour lequel je vous avais fait part de mon enthousiasme dans mon compte rendu du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule).

    Les nommés aux Oscars 2017

    Meilleur film

    "Comancheria"

    "Fences"

    "Les Figures de l'ombre"

    "La La Land"

    "Lion"

    "Manchester by the Sea"

    "Moonlight"

    "Premier Contact"

    "Tu ne tueras point"

    Meilleur réalisateur

    Denis Villeneuve, "Premier Contact"

    Mel Gibson, "Tu ne tueras point"

    Damien Chazelle, "La La Land"

    Kenneth Lonergan, "Manchester by the Sea"

    Barry Jenkins, "Moonlight"

    Meilleure actrice

    Isabelle Huppert, "Elle"

    Ruth Negga, "Loving"

    Natalie Portman, "Jackie"

    Emma Stone, "La La Land"

    Meryl Streep, "Florence Foster Jenkins"

    Meilleur acteur

    Casey Affleck, "Manchester by the Sea"

    Andrew Garfield, "Tu ne tueras point"

    Ryan Gosling, "La La Land"

    Viggo Mortensen, "Captain Fantastic"

    Denzel Washington, "Fences"

    Meilleur second rôle féminin

    Viola Davis, "Fences"

    Naomie Harris, "Moonlight"

    Nicole Kidman, "Lion"

    Octavia Spencer, "Les Figures de l'ombre"

    Michelle Williams, "Manchester by the Sea"

    Meilleur second rôle masculin

    Mahershala Ali, "Moonlight"

    Jeff Bridges, "Comancheria"

    Lucas Hedges, "Manchester by the Sea"

    Dev Patel, "Lion"

    Michael Shannon, "Nocturnal Animals"

    Meilleur scénario original

    "Comancheria"

    "La La Land"

    "The Lobster"

    "Manchester by the Sea"

    "20th Century Women"

    Meilleur scénario adapté

    "Fences"

    "Les Figures de l'ombre"

    "Lion"

    "Moonlight"

    "Premier Contact"

    Meilleur film d'animation

    "Kubo et l'armure magique"

    "Ma vie de courgette"

    "La Tortue rouge"

    "Vaiana, la légende du bout du monde"

    "Zootopie"

    Meilleur film documentaire

    "Fuocoammare, par-delà Lampedusa"

    "Je ne suis pas votre nègre"

    "Life, Animated"

    "O.J.: Made in America"

    "The 13th"

    Meilleur film en langue étrangère

    "Le Client"

    "Mr. Ove"

    "Les Oubliés"

    "Tanna"

    "Toni Erdmann"

    Meilleure musique de film

    "Jackie"

    "La La Land"

    "Lion"

    "Moonlight"

    "Passengers"

    Meilleure chanson originale

    "Audition (The Fools Who Dream)", "La La Land"

    "Can't Stop the Feeling!", "Les Trolls"

    "City of Stars", "La La Land"

    "The Empty Chair", "Jim: The James Foley Story"

    "How Far I'll Go", "Vaiana, la légende du bout du monde"

    Meilleure photographie

    "La La Land"

    "Lion"

    "Moonlight"

    "Premier Contact"

    "Silence"

    Meilleur montage

    "Comancheria"

    "La La Land"

    "Moonlight"

    "Premier Contact"

    "Tu ne tueras point"

    Meilleurs effets visuels

    "Deepwater"

    "Doctor Strange"

    "Le Livre de la Jungle"

    "Kubo et l'armure magique"

    "Rogue One: A Star Wars Story"

    Meilleurs décors

    "Les Animaux fantastiques"

    "Ave, César !"

    "La La Land"

    "Passengers"

    "Premier Contact"

    Meilleurs costumes

    "Alliés"

    "Les Animaux fantastiques"

    "Florence Foster Jenkins"

    "Jackie"

    "La La Land"

    Meilleurs maquillages et coiffures

    "Mr. Ove"

    "Star Trek Sans limites"

    "Suicide Squad"

    Meilleur son (montage)

    "Deepwater"

    "Tu ne tueras point"

    "La La Land"

    "Premier Contact"

    "Sully"

    Meilleur son (mixage)

    "La La Land"

    "Premier Contact"

    "Rogue One: A Star Wars Story"

    "Tu ne tueras point"

    "13 Hours"

    Meilleur court métrage de fiction

    "Ennemis intérieurs"

    "La Femme et le TGV"

    "Silent Nights"

    "Sing"

    "Timecode"

    Meilleur court métrage documentaire

    "Extremis"

    "4.1 Miles"

    "Joe's Violin"

    "Watani: My Homeland"

    "The White Helmets"

    Meilleur court métrage d'animation

    "Blind Vaysha"

    "Borrowed Time"

    "Pear Cider and Cigarettes"

    "Pearl"

    "Piper"

  • Palmarès des Golden Globes 2017

     

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  • Le film de l'année 2016 est ... FRANTZ de François Ozon - Critique

    Voici le film que je considère comme le meilleur film de l'année. Et si vous voulez savoir pourquoi, retrouvez ma critique ci-dessous, publiée lors de la sortie en salles de "Frantz". Retrouvez également mon top cinéma 2016 en cliquant ici.

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    A Deauville, le dernier jour du 42ème Festival du Cinéma Américain, j’ai ignominieusement été infidèle au festival l’espace de deux heures pour aller au Morny, le cinéma de la ville, pour voir  (enfin !) « Frantz », le nouveau film de François Ozon, que j’attendais avec tant d’impatience de découvrir. Dehors régnait un soleil resplendissant  et irréel mais un film en noir et blanc m’attendait et rien, pas même cet astre insolemment radieux, n’aurait pu me dévier de ma route. Malgré le festival, les spectateurs étaient nombreux, comme moi, à avoir fait l’école buissonnière pour aller à la rencontre de « Frantz ». En un quart de seconde, ce moment délicieux où vous entrez dans un film, avec prudence et délectation, comme lorsque retentissent les premières notes d’une musique brisant le silence, espérées et redoutées, qui vous transportent ou vous laissent sur le bord du chemin, Frantz m’a emportée dans sa valse poétique pour, en un instant, éclipser Deauville et le soleil et la réalité.  

    Comme chez Woody Allen, les scènes d’exposition chez Ozon sont toujours époustouflantes de maitrise. Le cinéaste a le don, en un éclair, de happer le spectateur et de le plonger dans son univers. Je me souviens encore de la maestria des premiers plans trompeurs de son précédent film  Une nouvelle amie, des plans qui donnent l’illusion qu’une femme se prépare pour une cérémonie de mariage…qui est en fait son enterrement. Tout est dit, déjà, dans le premier plan (le deuil, l’apparence trompeuse, l’illusion, le double, la double identité) qui témoigne du sens aigu et magistral de la manipulation du cinéaste qui culminait dans son film Dans la maison,  labyrinthe joyeusement immoral, drôle et cruel. Ici, dans Frantz, même maestria et thématiques similaires : deuil, illusion, double…

    1919. Le noir et blanc. Les cloches d’une église qui retentissent. Et me voilà au lendemain de la guerre 1914-1918, dans une petite ville allemande. Anna (Paula Beer), tous les jours, se rend sur la tombe de son fiancé, Frantz, tué sur le front en France. Les premières minutes sont placées sous le sceau du deuil, sa douleur sourde et indicible, incomprise, notamment celle du père de Frantz. Et puis une silhouette fantomatique apparaît, furtivement, un homme de dos, courant dans la rue. C’est ensuite au cimetière qu’Anna le verra, sur la tombe de Frantz : Adrien Rivoire (Pierre Niney). Quand le nom de l’un rime avec la France, celui de l’autre rime avec miroir et revoir. Ozon déjà sème quelques indices. Adrien dit être un ami français de Frantz (francophile au point d’avoir ajouté un « t » à son prénom) « timide et tourmenté », un amoureux des mots, de la musique, de la poésie dont le film exalte le pouvoir et la beauté.

    Je ne manque jamais un film réalisé par François Ozon. Pour ses scénarii retors et labyrinthiques, pour ses thématiques récurrentes qu’il aborde toujours en empruntant une route sinueuse (le deuil, le mensonge, le désir souvent enfoui ou inavoué), pour son sens précis et implacable de la mise en scène (maligne, complice ou traitre) souvent riche de mises en abyme, pour sa capacité malgré la récurrence de ces thèmes à se réinventer. J’ai vu tous les films avec Pierre Niney (deux pièces de théâtre à la Comédie Française aussi, quel souvenir que son rôle d’Hippolyte dans Phèdre !) car l’intelligence de son jeu, sa capacité à se métamorphoser (il figure d’ailleurs à l’affiche de trois films très différents en 2016 : Five,  Frantz, L’Odyssée), à incarner finalement ce mensonge permanent qu’est le jeu d’acteur, ne cessent de me surprendre. Ces deux menteurs de haute voltige ne pouvaient que se rencontrer et, forcément, pour un film sur le mensonge, celui, salvateur, qu’on se raconte pour supporter la vérité. Et quel film ! Avant le film de François Ozon, il y a eu la pièce de théâtre de Maurice Rostand adaptée par Ernst Lubitsch en 1932 dans un film intitulé Broken Lullaby dont Frantz est le remake (scénario de François Ozon avec la collaboration de Philippe Piazzo).

    En 2001, Sous le sable, était le premier film de François Ozon sur le deuil et le refus de son acceptation. Charlotte Rampling refusait  ainsi d’accepter la mort de son mari tout comme ici Adrien et Anna sont éprouvés par la mort de Frantz qu’ils tentent de faire revivre à leur manière. L’un, Adrien, en évoquant leurs souvenirs communs. L’autre, Anna, en transformant Adrien en double de Frantz. Ainsi, Adrien voit Frantz quand il se regarde dans le miroir. Scène magnifiquement lyrique aussi lorsque leurs deux voix se superposent. Dans Une nouvelle amie, lorsque Claire et David révèlent leurs vraies personnalités en assumant leur féminité, travestissant la réalité, maquillant leurs désirs et leurs identités, c’est aussi pour faire face au choc dévastateur du deuil. Dans, déjà, Le temps qui reste, la mort rôdait, constamment, film sur les instantanés immortels d’un mortel qui en avait plus que jamais conscience face à l’imminence de l’inéluctable dénouement. « Nous avons tous perdu des êtres chers mais il faut continuer à vivre » « Je ne veux pas l’oublier », « On ne remplace jamais un être aimé, n’est-ce pas ? », « Je ne chante plus depuis la mort de mon fils ». Dans Frantz, les dialogues clament cette douleur ineffable et l’incompréhension qu’elle suscite, le gouffre dans lequel le deuil fait chuter et isole.

    A cela s’ajoute la confusion des sentiments qu’Ozon sait mieux que nul autre suggérer. Dans Une nouvelle amie, la souffrance commune de Claire et David, celle du deuil, va révéler une autre douleur commune, celle d’une personnalité qui les étouffe et n’est pas réellement la leur. Adrien a aussi une identité incertaine que sa mère qualifie de « fragile » et sa personnalité, attachante et trouble, constitue une des richesses de ce film multiple qui possède une structure dichotomique d’une rare intelligence : la France et l’Allemagne, Anna et Adrien (dont les prénoms commencent d’ailleurs par la même lettre), Adrien et Frantz. Frantz, Anna, Adrien, sont les miroirs les uns des autres. D’ailleurs, la caméra cadre souvent deux ou trois personnages. Parfois, elle se rapproche ou s’’éloigne brusquement comme les battements de cœur s’accélèrent, et tout comme les cœurs palpitent derrière l’apparente froideur du noir et blanc.  Ceux des personnages et du spectateur.

    Au lieu de créer une distance, au contraire, le noir et blanc procure un caractère intemporel au film, et la couleur qui, par moments, s’y substitue là encore avec un talent admirable (parfois dans un même plan) incarne le bonheur ou la clairvoyance qui, brusquement, surgissent et éclairent le film. La photographie qui rappelle parfois les films expressionnistes allemands est d’une beauté, d’une simplicité et d’une force renversantes. Difficile de croire que le noir et blanc était un choix économique et donc par défaut tant il apporte au film. Certaines images, d’une simplicité et d’une force bouleversantes, restent gravées comme ce plan d’Anna devant une croix ou d’Adrien qui écrit à la lueur d’une bougie ou encore d’Anna qui semble glisser dans l’eau. La composition de chaque plan relève de la perfection.

    Ozon avait comme référence le chef d’œuvre d’Haneke, Le ruban blanc, perfection du genre : somptuosité glaciale et glaçante de la réalisation,  perfection du cadre et des longs plans fixes aussi paralysants que l’inhumanité qui émane des personnages. Derrière ce noir et blanc, ces images d’une pureté étrangement parfaite, à l’image de ces chérubins blonds symboles d’innocence et de pureté (que symbolise aussi le ruban blanc qu’on leur force à porter) se dissimulent la brutalité et la cruauté. Le noir et blanc ici aussi dissimule, il est comme un voile sur la vérité.

    Ozon s’est aussi référé à un autre chef d’œuvre, celui de Kazan, La Fièvre dans le sang dont le titre original  Splendor in the grass  provient d’un poème de William Wordsworth Intimations of immortality from Reflections of Early Childhood qui dit notamment ceci: «Bien que rien ne puisse faire revenir le temps de la splendeur dans l’herbe…nous ne nous plaindrons pas mais trouverons notre force dans ce qui nous reste ». Ces vers sont repris au dénouement du film, ils reflètent toute la beauté désenchantée par laquelle il s’achève qui contraste tellement avec le premier plan du film qui symbolise tout le désir, toute la fureur de vivre qui embrase les deux personnages : un baiser fougueux dans une voiture derrière laquelle se trouve une cascade d’une force inouïe, métaphore de la violence de leurs émotions qui emportent tout sur leur passage. Ces vers pourraient aussi conclure le film d’Ozon comme un écho à la peinture par laquelle il s’achève. Et la scène du début de La Fièvre dans le sang  pourrait faire écho aux désirs contenus et réfrénés des personnages du film d’Ozon (peut-être de tous ses films d’ailleurs).

    Et que dire de cette musique qui vous étreint le cœur, tantôt intrigante comme celle de Bernard Herrmann, tantôt romanesque et lyrique, poignante. Comme les mots de Verlaine qui résonnent comme une mélopée ensorcelante et mélancolique. Comme certaines phrases qui en disent plus que de longs discours. Tranchantes. « Ma seule blessure, c’est Frantz ». Constamment le film  va à l’essentiel et nous touche droit au cœur. Le temps d’une valse. D’un air de violon. D’un regard, baissé, fuyant ou affronté. De quelques mots qui évoquent toute l’horreur de la guerre, mieux qu’une image sanglante. (« Le bruit est effroyable. ») C’est aussi la musique qui  porte et réunit Adrien (le violon que le père de Frantz appelle le « coeur de son fils ») et Anna, et qui les agressera, chacun de leur côté (nouvelle dichotomie et jeu de miroir). L’art devient alors une arme.  Comme un écho aux célèbres scènes de Casablanca de Michael Curtiz et  de La grande illusion de Renoir (certains plans rappellent d’ailleurs le cinéma de Renoir) lorsqu’Anna est « agressée » par la Marseillaise -magnifique scène- et Adrien par un chant allemand.

    Que ce film connaisse le succès me réjouit, lui qui fait l’éloge du doux mensonge, celui qui maquille la vérité pour la rendre plus supportable, alors que notre époque justement est avide de vérité, de transparence, et qu’elle bannit le mystère, souvent salutaire, que ce film exhale magnifiquement. L’illusion comme rempart contre le désespoir et l’inacceptable. Et donc le cinéma.

    Evidemment ce film ne serait pas ce qu’il est sans son remarquable casting, du père de Frantz (Ernst Stötzner) à la mère d’Adrien (Cyrielle Clair) sans oublier Alice de Lencquesaing (peu de scènes mais une forte présence) et évidemment ses deux acteurs principaux. Pierre Niney, une fois de plus, « est » son personnage dans un rôle qui relevait du défi. Il a ainsi appris l’allemand (ce qui contribue à l’authenticité du film, loin de ces films américains dans lesquels Allemands et Français parlent un anglais irréprochable), mais aussi la valse et le violon. Après avoir adopté la voix si particulière, la touchante complexité et l’élégante gaucherie de Yves Saint Laurent dans le film éponyme, et avoir appris à dessiner pour ce rôle (rôle qui lui a valu un César après deux nominations comme meilleur espoir pour J’aime regarder les filles  et pour Comme des frères dans lequel il incarnait un personnage burlesque, lunaire, attachant), après avoir incarné « un homme idéal » qui possédait le charme trouble, solaire et insondable de Tom Ripley dans « Plein soleil », à l’inverse, ce personnage incarne la vulnérabilité. Qu’il soit un personnage lunaire, un idéaliste, un menteur, un héros romantique, un artiste timide, ou qu’il jongle avec les Alexandrins, il reste tout aussi crédible. Et ici en jeune homme fragile, tourmenté, modifiant sa démarche, ses expressions, son phrasé, sobres, doux et lents. Le tout toujours avec autant d’implication, de justesse, de modernité. Face à lui, il fallait une actrice exceptionnelle et Paula Beer l’est indéniablement. Si le film confirme le talent de Pierre Niney, sa capacité à se transformer, à tout pouvoir jouer, à s’impliquer pleinement dans ses rôles, Paul Beer est la révélation du film. Elle incarne brillamment et avec une justesse sidérante la fragilité et la détermination, la force et la douceur d’Anna. Un sublime portrait de femme amoureuse, manipulatrice par bienveillance, blessée et combattante. Elle vient de recevoir le prix Marcello Mastroianni du Meilleur Espoir pour son rôle à la Mostra de Venise. Un prix amplement mérité.

    Que ce soit dans Potiche, Jeune et jolie, Dans la maison, Huit femmes, Une nouvelle amie, dans le cinéma de François Ozon, les êtres ne sont jamais réellement ce qu’ils paraissent. Ils cachent une blessure, un secret, leur identité, un amour, une culpabilité. Et au cinéma comme dans la vie, ce sont leurs failles et leurs mystères qui rendent les êtres complexes, différents, intéressants, attachants. Ses films sont souvent en trompe-l’œil, multiples et audacieux derrière une linéarité et un classicisme apparents. Manipulateur hors-pair, Ozon souvent fait l’éloge de l’illusion et ainsi de son propre art comme dans Dans la maison dans lequel il s’amusait avec les mots faussement dérisoires ou terriblement troublants et périlleux mais aussi avec les codes de l’art (« L’art nous éveille à la beauté des choses » pouvait-on entendre). Ici, à nouveau, il fait l’éloge de l’art (écriture, musique, peinture)-que Rilke soit le poète préféré d’Anna n’est ainsi pas anodin, lui qui dans Lettres à un jeune poète mieux que quiconque a su définir l’art et l’amour, et les liens qui les unissent-, l’art donc, pont entre les êtres, au-delà des frontières, même celles de la mort.

    Aussi envoûtant et ciselé qu’un vers de Verlaine, que « les sanglots longs des violons de l’automne », Frantz est un poème mélancolique, une valse élégante, une peinture fascinante et délicate, une musique troublante grâce au cadrage rigoureusement implacable, à la photographie d’une élégance à couper le souffle, au scénario brillant et aux dialogues précis et à l’interprétation d’une justesse remarquable. L’émotion quand elle est contenue tout comme la vérité, masquée, n’en sont que plus fortes, et au dénouement, vous terrassent. Et c’est le cas ici. Et surtout, au-delà de tout cela (mensonges, culpabilité, manipulation, désirs enfouis) et de cette présence étouffante des absents que le film dépeint admirablement, Frantz est un film somptueux sur la réconciliation et un hymne à la vie. Il fallait tout le talent du cinéaste pour, avec Le Suicidé (1877), le magnifiquement sinistre tableau de Manet, nous donner ainsi envie d’embrasser la vie.

    A la sortie de la projection, étourdie par autant de beauté, à l’exploitant qui demandait aux spectateurs ce qu’ils avaient pensé du film, j’ai souri et j’ai dit « sublime ». Simplement. Incapable de dire plus et mieux. Bouleversée et portée par le film. Et c'est la marque des grands films que de vous bousculer et de vous accompagner comme c’est le cas pour moi plusieurs jours après avoir vu ce film. Bouleversant. Poétique. Romanesque.  Sensible. Rare.

     

  • Cinéma - Top des meilleurs films de 2016

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    C'est dans le cadre de festivals de cinéma, comme chaque année, que j'ai découvert de nombreuses pépites (comme  "Tanna" au Festival de Cabourg). 7 des 10 films en tête de mon classement sont ainsi des films qui furent projetés dans le cadre du Festival de Cannes (le plus souvent en compétition). A qui douterait encore de la qualité de la sélection...

    Comme je vous le disais dans l'article précédent, LE film de l'année 2016 est pour moi  FRANTZ de François Ozon, et si vous voulez savoir pourquoi cliquez ici pour lire ma critique. Vous ne trouverez pas dans ce top "Victoria" (je cherche encore à comprendre l'engouement pour ce film, truffé de clichés) ni "Toni Erdmann" que j'ai trouvé sinistre ou encore "Sing street" d'une charmante naïveté mais qui ne m'a pas enthousiasmée comme les précédents films de John Carney. Vous n'y trouverez pas non plus "Ma vie de courgette" tout simplement parce que je ne l'ai pas encore vu (je vais essayer de rattraper ça très vite, de même que quelques films importants de cette année manqués lors de leur sortie).

    Cliquez sur les titres des films pour accéder à mes critiques ou aux bilans de festivals dans lesquels je parle des films en question:

    S'il fallait n'en garder que 10, mes 10 coups de foudre cinématographiques de l'année:

    L'ordre des films est aléatoire...

    FRANTZ de François Ozon

    JUSTE LA FIN DU MONDE de Xavier DOLAN

    LA FORÊT DE QUINCONCES de Grégoire Leprince-Ringuet

    JULIETA de Pedro Almodovar

    LE  CLIENT de Asghar Farhadi

      MAL DE PIERRES de Nicole Garcia

    TANNA de Bentley Dean et Martin Butler

    DEMAIN TOUT COMMENCE de Hugo Gélin

    MOI DANIEL BLAKE de Ken Loach

    BACCALAUREAT de Cristian Mungiu

    Mais il faudrait aussi ajouter  les  coups de cœur de l'année :

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    Les films français parfaitement maitrisés, de remarquables divertissements : CHOCOLAT de Roschdy Zem, L'OUTSIDER de Christophe Barratier, L'ODYSSEE de Jérôme Salle

    Le film envoûtant de l'année:  DANS LES FORÊTS DE SIBERIE de Safy Nebbou,

    Le film américain de l'année: THE REVENANT d'Alejandro González Iñárritu

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    Les moments de poésie de l'année:  PATERSON de Jim Jarmusch, LA TORTUE ROUGE de Michael Dudok de Wit et LA JEUNE FILLE SANS MAINS de Sébastien Laudenbach

    Les découvertes de festivals: le film d'un réalisateur confirmé BROOKLYN VILLAGE de Ira Sachs ou un premier long-métrage COMPTE TES BLESSURES de Morgan Simon

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    Le  film de Woody Allen de l'année: CAFE SOCIETY

    Le film de Lelouch de l'année: UN + UNE

    Le film sur la fièvre de la création de l'année: LA DANSEUSE de Stéphanie Di Giusto

    Le scénario de l'année: MADEMOISELLE

    Le film romantique de l'année: A SERIOUS GAME de Pernilla August

    L'adaptation de l'année : UNE VIE de Stéphane Brizé

  • 2016 : une année de festivals de cinéma

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    2016 a été une année particulièrement riche pour moi, grâce à  la concrétisation d'un rêve, devenir un auteur publié (et l'aventure ne fait que commencer, et quelle aventure !), mais aussi les habituels festivals de cinéma, six cette année, et autant de belles rencontres dont 2016 ne fut pas avare. Sans doute en 2017 me consacrerai-je davantage à d'autres projets (mais jamais loin du cinéma) mais je ne sais pas encore si je pourrai résister aux invitations aux habituels rendez-vous festivaliers.  A suivre...

    En attendant, retrouvez le compte rendu de chacun de ces festivals ( et des  César) en cliquant sur leurs affiches.

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  • Idée cadeau cinéma pour Noël : un abonnement à la Box fait son cinéma

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    A deux jours de Noël, vous manquez d'idées de cadeaux ? Pas de panique. J'ai ce qu'il vous faut. Un cadeau original, pour les amoureux du cinéma, qui en plus s'égrènera tout au long de l'année et auquel vous serez sans doute le seul ou la seule à avoir pensé : un abonnement à la Box fait son cinéma.

    J'ai moi-même la chance de la recevoir chaque mois et c'est à chaque fois une excellente surprise. Je n'ai pas résisté à l'envie de revoir les classiques reçus comme "Taxi driver" ou "Forrest Gump".

    Il s'agit ainsi de la toute 1ère box surprise sur abonnement dédiée à l’univers des plus grands films. Une mine d'or pour cinéphiles! Et un plaisir enfantin que de découvrir les surprises que recèlent la boîte.

    Le principe est simple : les abonnés reçoivent chaque mois à domicile une box surprise composée d’un film qu’il faut avoir vu au moins une fois dans sa vie (format DVD ou Bluray au choix lors de l’inscription) et de produits soigneusement sélectionnés en lien avec le film et/ou sa thématique ainsi qu’un vrai kit clé en main pour plonger dans l’atmosphère du film et organiser son propre ciné club à la maison.

    Cet abonnement mensuel automatiquement renouvelable est au tarif de 17,90€ + 4€ de frais d’envoi.  Mais il est bien sûr sans engagement, les clients peuvent se désabonner à tout moment sur un simple clic dans leur compte client.

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    Chaque boîte contient un livret explicatif aussi instructif que ludique qui fourmille d'anecdotes passionnantes sur le film ou l'époque de celui-ci, des questions, des informations sur les lieux de tournage, des liens qui vous permettent de vous plonger dans l'univers musical du film etc. Bref, rien que pour le livret, cela vaudrait déjà la peine de s'abonner! A ce livret  que vous trouverez dans chaque box, comme dans la box "Nouvelle Vague" vient s'ajouter le DVD du film, en l'espèce "A bout de souffle", La Petite anthologie des Cahiers du cinéma sur la Nouvelle vague (une passionnante mine d'informations sur les films de la Nouvelle Vague), un petit carnet La Box fait son cinéma qui ne me quitte déjà plus (idéal pour griffonner les idées pour mon prochain roman, des bribes de critiques de films ou tout ce que vous voudrez), le célèbre et indémodable T-shirt porté par Jean Seberg dans "A bout de souffle" et même un sachet de popcorn!

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    La Box fait son cinéma, Nouvelle Vague, partenariat, Godard, A bout de souffle, cinéma, In the mood for cinema, partenariat, mode, Jean Seberg, Jean-Paul Belmondo

    Vous devinerez aisément à quel film était associé le tshirt ci-dessous ...

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    Voici les films reçus jusqu'à présent:

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    Je vous laisse deviner à quels films étaient associés les cadeaux ci-dessous, en plus des livres:

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    Alors? Vous voulez la commander? Cliquez sur ce lien ou sur l'affiche de "La Box fait son cinéma" dans la colonne de droite du blog ou sur le visuel ci-dessous. Dans quelques jours, je vous présenterai la Box suivante. Je suis déjà impatiente de découvrir quelles surprises elle me réserve !

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    Et pour ceux qui ne seraient pas intéressés par la Box, ou qui souhaiteraient des idées, par exemple de livres en plus de celle-ci, mon éditeur Les Editions du 38  vous donne aussi quelques idées:

    Toutes les infos en cliquant ici.

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  • 22ème cérémonie des Lumières, prix de la presse internationale 2017 : liste des nommés

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    Les films « Elle », « La mort de Louis XIV », « Rester vertical », « Une vie, « La danseuse », « Frantz », « Nocturama », « Les ogres » ou encore « Ma vie de Courgette », « Juste la fin du monde » et « Mal de pierres » arrivent en tête des nominations pour les 22èmes Lumières de la presse internationale, les prix annuels qui seront remis au Théâtre de la Madeleine le lundi 30 janvier 2017.

    Ces nominations me réjouissent puisque sont nommés les films que je vous ai recommandés cette année dont vous pourrez retrouver mes critiques en cliquant sur leurs titres ci-dessous (et même si l'absence de "Frantz" dans certaines catégories notamment meilleur film et meilleur acteur me semble une aberration...).  Je me réjouis en revanche des nombreuses nominations pour "Mal de pierres" dont je vous avais dit tout le bien que j'en pensais lors de sa projection cannoise suite à laquelle le film avait été injustement méprisé.

    "Frantz" de François Ozon

    "Juste la fin du monde" de Xavier Dolan

    "Mal de pierres" de Nicole Garcia

    "L'Odyssée" de Jérôme Salle

    Les réalisateurs Bertrand Bonello, Stéphane Brizé, Léa Fehner, Alain Guiraudie, Albert Serra et Paul Verhoeven ; les actrices Judith Chemla, Marion Cotillard, Virginie Efira, Isabelle Huppert, Sidse Babett Knudsen et Soko ; les acteurs Pierre Deladonchamps, Gérard Depardieu, Nicolas Duvauchelle, Jean-Pierre Léaud, Omar Sy, James Thierrée et Gaspard Ulliel figurent aussi parmi les nommés dans cette première sélection qui illustre la richesse et la grande diversité du cinéma français et francophone sorti en salles en 2016.

    Plus de 80 films concouraient pour les nominations aux Lumières de la presse internationale. Pour donner toutes les chances aux films marquants de l’année, l’Académie des Lumières a mis à disposition de ses membres - une centaine de correspondants représentant plus de vingt pays -, une vidéo library en partenariat avec Cinando / Le Marché du Film de Cannes. Le site a déjà reçu près de 800 visites.

    Après avoir incorporé la musique et le documentaire l’an passé, les Lumières de la presse internationale, créées en 1995 à l’initiative de Daniel Toscan du Plantier et du journaliste américain Edward Behr, réserveront un prix pour la première fois au cinéma d’animation. 

    Liste des nommés:

    Film

    Elle, de Paul Verhoeven

    La mort de Louis XIV, de Albert Serra

    Nocturama, de Bertrand Bonello

    Les ogres, de Léa Fehner

    Rester vertical, de Alain Guiraudie

    Une vie, de Stéphane Brizé

     

    Réalisateur

    Bertrand Bonello - Nocturama

    Stéphane Brizé - Une vie

    Léa Fehner - Les ogres

    Alain Guiraudie - Rester vertical

    Albert Serra - La mort de Louis XIV

    Paul Verhoeven - Elle

     

    Actrice Judith Chemla - Une vie

    Marion Cotillard - Mal de pierres

    Virginie Efira - Victoria

    Isabelle Huppert - Elle

    Sidse Babett Knudsen

    - La fille de Brest

    Soko - La danseuse

     

    Acteur Pierre Deladonchamps - Le fils de Jean

    Gérard Depardieu - The End

    Nicolas Duvauchelle - Je ne suis pas un salaud

    Jean-Pierre Léaud - La mort de Louis XIV

    Omar Sy et James Thierrée - Chocolat

    Gaspard Ulliel - Juste la fin du monde

     

    Scénario

    David Birke - Elle

    Léa Fehner, Catherine Paillé et Brigitte Sy - Les ogres

    Emilie Frèche et Marie-Castille Mention-Schaar - Le ciel attendra

    Alain Guiraudie - Rester vertical François Ozon - Frantz

    Céline Sciamma - Ma vie de Courgette

     

    Image

    Christophe Beaucarne - Mal de pierres

    Benoît Debie - La danseuse

    Antoine Héberlé - Une vie

    Léo Hinstin - Nocturama Pascal Marti - Frantz

    Jonathan Ricquebourg - La mort de Louis XIV

     

    Révélation masculine

    Damien Bonnard - Rester vertical

    Corentin Fila et Kacey Mottet Klein - Quand on a 17 ans

    Finnegan Oldfield - Bang Gang Toki Pilioko - Mercenaire

    Sadek - Tour de France

    Niels Schneider - Diamant noir

     

    Révélation féminine

    Oulaya Amamra et Déborah Lukumuena - Divines

    Paula Beer - Frantz

    Lily Rose Depp - La danseuse Manal Issa - Peur de rien

    Naomi Amarger et Noémie Merlant - Le ciel attendra

    Raph - Ma Loute

     

    Premier film Apnée, Jean-Christophe Meurisse

    La danseuse, Stéphanie di Giusto

    Diamant noir, Arthur Harari

    Divines, Houda Benyamina

    Gorge cœur ventre, Maud Alpi

    Mercenaire, Sacha Wolff

     

    Film francophone Belgica, Felix van Groeningen

    La fille inconnue, Jean Pierre et Luc Dardenne

    Hedi, Mohammed Ben Attia

    Juste la fin du monde, Xavier Dolan

    Mimosas, Oliver Laxe

    Les Premiers, les Derniers, Bouli Lanners

     

    Film d'animation

    La jeune fille sans mains, Sébastien Laudenbach

    Louise en hiver, Jean-François Laguionie

    Ma vie de Courgette, Claude Barras

    La tortue rouge, Michael Dudok de Wit

    Tout en haut du monde, Rémi Chayé

     

    Documentaire

    Le bois dont les rêves sont faits, Claire Simon

    Dernières nouvelles du cosmos, Julie Bertuccelli

    Merci Patron !, François Ruffin

    La sociologue et l’ourson, Etienne Chaillou et Mathias Théry

    Swagger, Olivier Babinet

    Voyage à travers le cinéma français, Bertrand Tavernier

     

    Musique

    Sophie Hunger - Ma vie de Courgette

    Ibrahim Maalouf - Dans les forêts de Sibérie

    Laurent Perez del Mar - La tortue rouge

    ROB - Planétarium

    Philippe Rombi - Frantz

    Gabriel Yared - Juste la fin du monde