Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

IN THE MOOD FOR NEWS (actualité cinématographique) - Page 8

  • En direct de la 23ème cérémonie des Prix Lumières ce lundi 5 février 2018

    lumieres.png

    Chaque année, je vous parle ici des Prix Lumières, les prix annuels créés en 1995 à l’initiative de Daniel Toscan du Plantier et du journaliste américain Edward Behr. Comme chaque année, vous pourrez me suivre en direct de la cérémonie (suivez-moi sur twitter @Sandra_Meziere) qui aura lieu ce lundi 5 février à 20H30 à l'Institut du Monde Arabe.

    Une centaine de films sortis en salles en 2017 concouraient pour les nominations aux Lumières de la presse internationale et 44 seront soumis au vote final de 80 académiciens représentant plus de trente pays. 

    En bas de cet article, retrouvez mes critiques de quelques-uns des films nommés.

    Jean-Paul Belmondo et Monica Bellucci seront les invités d'honneur de la cérémonie.

    Jean-Paul Bemondo invité d'honneur des prix Lumières.jpg

    Ci-dessus, photo personnelle prise lors de l'hommage rendu à Jean-Paul Belmondo dans le cadre du Festival de Cannes.

    Les films 120 battements par minute, Barbara, Orpheline, Le sens de la fête, arrivent en tête des nominations pour les 23èmes Lumières de la presse internationale.  Se détachent aussi Félicité, Au revoir là-haut, Le redoutable, Le brio, En attendant les hirondelles ou encore Une famille syrienne.   Les réalisateurs Mathieu Amalric, Robin Campillo, Laurent Cantet, Philippe Garrel, Alain Gomis et Michel Hazanavicius ; les actrices Jeanne Balibar, Juliette Binoche, Emmanuelle Devos, Charlotte Gainsbourg, Karin Viard et, pour la première fois nommée pour un film francophone, Hiam Abbass ; les acteurs Swann Arlaud, Daniel Auteuil, Jean-Pierre Bacri, Louis Garrel, Reda Kateb et Nahuel Pérez Biscayart figurent également parmi les nommés dans cette première sélection des Lumières de la presse internationale qui met en avant des noms confirmés, des talents émergents et des révélations éclatantes.   Christophe Agou, Barbet Schroeder, Eric Caravaca, Thierry Frémaux, Emmanuel Gras, Agnès Varda et JR sont nommés pour des documentaires qui, comme le reste des catégories, viennent illustrer encore une fois la richesse et la diversité du cinéma français.  

       Suivent les nommés pour les Lumières 2018 de la presse internationale, candidats aux nouveaux trophées créés par Joaquín Jiménez et la Monnaie de Paris.   

    Film

    120 battements par minute, de Robin Campillo

    Au revoir là-haut, de Albert Dupontel

    Barbara, de Mathieu Amalric

    Félicité, de Alain Gomis Orpheline, de Arnaud des Pallières

    Le sens de la fête, de Eric Toledano et Olivier Nakache

    Réalisateur

    Mathieu Amalric - Barbara

    Robin Campillo - 120 battements par minute

    Laurent Cantet - L'atelier

    Philippe Garrel - L'amant d’un jour

    Alain Gomis - Félicité

    Michel Hazanavicius - Le redoutable

    Actrice                  

    Hiam Abbass - Une famille syrienne

    Jeanne Balibar - Barbara

    Juliette Binoche - Un beau soleil intérieur

    Emmanuelle Devos - Numéro une

    Charlotte Gainsbourg - La promesse de l’aube

    Karin Viard - Jalouse

    Acteur

    Swann Arlaud - Petit paysan

    Daniel Auteuil - Le brio

    Jean-Pierre Bacri - Le sens de la fête

    Louis Garrel - Le redoutable

    Reda Kateb - Django

    Nahuel Pérez Biscayart - 120 battements par minute

    Scénario

    Christelle Berthevas, Arnaud des Pallières - Orpheline

    Robin Campillo, Philippe Mangeot - 120 battements par minute

    Albert Dupontel, Pierre Lemaitre - Au revoir là-haut

    Karim Moussaoui, Maud Ameline - En attendant les hirondelles

    Eric Toledano, Olivier Nakache - Le sens de la fête

    Image

    Christophe Beaucarne - Barbara

    Céline Bozon - Félicité

    Caroline Champetier - Les gardiennes

    Alain Duplantier - Le semeur

    Irina Lubtchansky - Les fantômes d’Ismaël

    Vincent Mathias - Au revoir là-haut

    Révélation masculine

     

    revelation455.jpg

    Khaled Alouach - De toutes mes forces

    Matthieu Lucci - L’atelier

    Nekfeu - Tout nous sépare

    Finnegan Oldfield - Marvin ou La belle éducation

    Pablo Pauly - Patients

    Arnaud Valois - 120 battements par minute

    Révélation féminine

    revelation454.jpg

    Iris Bry - Les gardiennes

    Laetitia Dosch - Jeune femme

    Eye Haïdara - Le sens de la fête

    Camélia Jordana - Le brio

    Pamela Ramos - Tous les rêves du monde

    Solène Rigot - Orpheline

    Premier film

    premier film.jpg

    Les bienheureux, de Sofia Djama

    En attendant les hirondelles, de Karim Moussaoui

    Grave, de Julia Ducournau

    Jeune femme, de Léonor Serraille

    Patients, de Grand Corps Malade et Mehdi Idir

    Petit paysan, de Hubert Charuel

    Film francophone

    Avant la fin de l’été, de Maryam Goormaghtigh

    La belle et la meute, de Kaouther Ben Hania

    Noces, de Stephan Streker

    Paris pieds nus, de Dominique Abel et Fiona Gordon

    Une famille syrienne, de Philippe Van Leeuw

    Film d'animation

    Drôles de petites bêtes, de Antoon Krings et Arnaud Bouron

    Le grand méchant Renard et autres contes, de Benjamin Renner et Patrick Imbert

    Zombillenium, d'Arthur de Pins et Alexis Ducord

    Documentaire

    Carré 35, de Eric Caravaca

    Lumière! L'aventure commence, de Thierry Frémaux

    Makala, d'Emmanuel Gras

    Sans adieu, de Christophe Agou

    Le vénérable W, de Barbet Schroeder

    Visages Villages, d'Agnès Varda et JR

    Musique

    Gaspar Claus - Makala

    Angelo Foley et Grand Corps Malade - Patients

    Grégoire Hetzel - Les fantômes d'Ismaël

    Igorrr - Jeannette, l’enfance de Jeanne d’Arc

    Arnaud Rebotini - 120 battements par minute

    Philippe Rombi - L'amant double

    CRITIQUES DES FILMS EN LICE

    CRITIQUE DE "120 BATTEMENTS PAR MINUTE" de ROBIN CAMPILLO

    battements6.jpg

    Cette critique est extraite de mon compte rendu du Festival de Cannes 2017 à retrouver ici. "120 battements par minute" a également obtenu le prix du public du Festival du Film de Cabourg 2017 dont vous pouvez retrouver mon bilan, là.

    C’est le film qui avait bouleversé les festivaliers au début de la 70ème édition du Festival de Cannes  et qui méritait amplement son Grand Prix. C’est d’ailleurs avec beaucoup d’émotion que Pedro Almodovar l’avait évoqué lors de la conférence de presse du jury du festival. On sentait d’ailleurs poindre un regret lorsqu’il a déclaré : « J'ai adoré 120 battements par minute. Je ne peux pas être plus touché par un  film. C'est un jury démocratique. Et je suis 1/9ème seulement. » Il avait également déclaré :   « Campillo raconte l'histoire de héros qui ont sauvé de nombreuses vies. Nous avons pris conscience de cela. »

    cinéma, Festival de Cannes, Festival de Cannes 2017, Almodovar, film, In the mood for cinema, Cannes

    Début des années 90. Alors que le sida tue depuis près de dix ans, les militants d'Act Up-Paris multiplient les actions pour lutter contre l'indifférence générale. Nouveau venu dans le groupe, Nathan (Arnaud Valois) va être bouleversé par la radicalité de Sean (Nahuel Perez Biscayart) qui consume ses dernières forces dans l’action. Sean est un des premiers militants d' Act Up. Atteint du VIH, il est membre de la commission prisons.  Au film politique va s’ajouter ensuite le récit de son histoire avec Nathan, nouveau militant, séronégatif.

    Le film s’attache en effet à nous raconter à la fois la grande Histoire et celle de ces deux personnages. Celle d’Act Up se heurtant aux groupes pharmaceutiques, essayant d’alerter  l’opinion publique et le gouvernement insensible à sa cause. Celle de l’histoire d’amour entre Sean et Nathan. Deux manières de combattre la mort. La première est racontée avec une précision documentaire. La seconde est esquissée comme un tableau avec de judicieuses ellipses. L’une domine tout le début du film avant que la seconde ne prenne une place grandissante, le film se focalisant de plus en plus sur l’intime même si le combat est toujours présent, en arrière-plan.

    La durée du film (2H10) devient alors un véritable atout nous permettant de nous immerger pleinement dans leur action et de faire exister chaque personnage, de nous les rendre attachants, de nous permettre d'appréhender la violence apparente de leurs actions qui deviennent alors simplement  à nos yeux des appels au secours, des cris de colère, si compréhensibles. Parce qu’il n’y a pas d’autre solution face à l’indifférence et l’inertie. Parce que le temps court et leur manque. La caméra s’attache et s’attarde à filmer les visages et les corps, vivants, amoureux, mais aussi les particules qui les détruisent inéluctablement. Deux réalités qui s’opposent. Une course contre la montre. Contre la mort.

    Nahuel Pérez Biscayart, Arnaud Valois et Antoine Reinartz sont impressionnants de force, d’intensité, de justesse, de combattivité. Ils rendent leurs personnages furieusement vivants et Adèle Haenel impose sa colère avec force, totalement imprégnée de son rôle.

    Campillo démontre ici une nouvelle fois son talent de scénariste (il fut notamment celui d’ « Entre les murs », palme d’or 2008 mais aussi  notamment des autres films de Laurent Cantet), dosant brillamment l’intime et le collectif, l’histoire d’amour et le combat politique et parvenant à faire de chacun des débats, parfois virulents,  des moments passionnants, témoignant toujours de ce sentiment d’urgence.  Certains ont reproché au film d’être trop long ou bavard mais aucun de ces échanges n’est vain ou gratuit. Ils sont toujours vifs et incisifs, enragés de l’urgence dictée par la maladie et la mort qui rôde. Ne pas s’arrêter, ne pas se taire pour ne pas mourir.

    La dernière partie du film, poignante, ne tombe pourtant jamais dans le pathos ni dans la facilité. Campillo raconte avec minutie et pudeur les derniers sursauts de vie, puis la mort et le deuil, leur triviale absurdité. « Mince » réagit une mère à la mort  de son enfant. Et c’est plus bouleversant que si elle s’était écroulée, éplorée.

     En immortalisant ces combats personnels et ce combat collectif, Campillo a réalisé un film universel, transpirant la fougue et la vie dont chaque dialogue, chaque seconde, chaque plan palpitent d'une urgence absolue. A l’image de la réalisation, effrénée, nerveuse,  d’une énergie folle qui ne nous laisse pas le temps de respirer. Avec sa musique exaltant la vie. Ses images fortes aussi comme ces corps allongés sur le sol de Paris symbolisant les défunts, des corps que la caméra surplombe, tourbillonnant autour comme si elle filmait un ballet funèbre. Sa poésie aussi. Un film jalonné de moments de grâce et d’images fortes qui nous laissent une trace indélébile. Lorsque la Seine devient rouge. Lorsque Sean évoque le ciel et la vie, plus prégnante avec la maladie, et que Paris défile, insolemment belle et mélancolique, derrière la vitre, irradiée de soleil.

    Un film qui rend magnifiquement hommage à ces combattants, à leur ténacité. Lorsque, finalement, le désir de vie l’emporte, avec ces battements musicaux et cardiaques, qui s’enlacent et se confondent dans un tourbillon sonore et de lumières stroboscopiques, qui exaltent la force de l’instant, et nous accompagnent bien après le générique de film, Campillo nous donne envie d’étreindre furieusement le moment présent. Un grand film.

    CRITIQUE DE "VISAGES VILLAGES" d'AGNES VARDA

    visagesvillages.jpg

    Que de poésie dans ce film, révélateur de la profondeur, la noblesse, la beauté et la vérité des êtres ! Présenté hors-compétition du dernier Festival de Cannes où il a reçu le prix L’œil d’or du meilleur documentaire, il est coréalisé par Agnès Varda et JR.

    Agnès Varda et JR ont des points communs : passion et questionnement sur les images en général et plus précisément sur les lieux et les dispositifs pour les montrer, les partager, les exposer. Agnès a choisi le cinéma. JR a choisi de créer des galeries de photographies en plein air. Quand Agnès et JR se sont rencontrés en 2015, ils ont aussitôt eu envie de travailler ensemble, tourner un film en France, loin des villes, en voyage avec le camion photographique (et magique) de JR. Hasard des rencontres ou projets préparés, ils sont allés vers les autres, les ont écoutés, photographiés et parfois affichés. Le film raconte aussi l’histoire de leur amitié qui a grandi au cours du tournage, entre surprises et taquineries, en se riant des différences.

    Dès le générique, le spectateur est saisi par la délicatesse et la poésie. Poésie ludique des images. Et des mots, aussi : « tu sais bien que j’ai mal aux escaliers » dit Agnès Varda lorsqu’elle peine à rejoindre JR, « Les poissons sont contents, maintenant ils mènent la vie de château» à propos de photos de poissons que l'équipe de JR a collées sur un château d’eau.

    « Le hasard a toujours été le meilleur de mes assistants », a ainsi déclaré Agnès Varda et en effet, de chacune de ces rencontres surgissent des instants magiques, de profonde humanité. Sur chacun des clichés, dans chacun de leurs échanges avec ces « visages » affleurent les regrets et la noblesse de leurs détenteurs.

    En parallèle de ces explorations des visages et des villages, se développe l’amitié entre ces deux humanistes qui tous deux ont à cœur de montrer la grandeur d’âme de ceux que certains appellent avec condescendance les petites gens (terme qui m’horripile), de la révéler (au sens photographique et pas seulement).

    En les immortalisant, en reflétant la vérité des visages que ce soit celui de la dernière habitante de sa rue, dans un coron du Nord voué à la destruction en collant sa photo sur sa maison, à ces employés d'un site chimique,  ils en révèlent la beauté simple et fulgurante. Et nous bouleversent. Comme cet homme à la veille de sa retraite  qui leur dit avoir « l’impression d’arriver au bout d’une falaise et que ce soir je vais sauter dans le vide ». Et dans cette phrase et dans son regard un avenir effrayant et vertigineux semble passer.

    Le photographe de 33 ans et la réalisatrice de « 88 printemps » forment un duo singulier, attachant, complice et attendrissant. Le grand trentenaire aux lunettes noires (qu’Agnès Varda s’évertuera pendant tout le film à lui faire enlever) et la petite octogénaire au casque gris et roux. Deux silhouettes de dessin animé. Les mettre l’un avec l’autre est déjà un moment de cinéma. Tous deux se dévoilent aussi au fil des minutes et des kilomètres de ce road movie inclassable. Et ces visages dont les portraits se dessinent sont aussi, bien sûr, les leur. Ce voyage est aussi leur parcours initiatique. Celui d’un JR gentiment taquin, empathique, et d’une Agnès Varda tout aussi à l’écoute des autres, tantôt malicieuse et légère (impayable notamment quand elle chante avec la radio) tantôt grave et nous serrant le cœur lorsqu’elle dit « la mort j’ai envie d’y être parce que ce sera fini ».

    Ce récit plein de vie et fantaisie est aussi jalonné par l’évocation tout en pudeur de ceux qui ne sont plus, du temps qui efface tout (parce que photographier les visages c’est faire en sorte qu’ils « ne tombent pas dans les trous de la mémoire ») comme la mer qui engloutit ce portrait de cet ami d’Agnès Varda qui avait pourtant été soigneusement choisi pour être collé sur un bunker en bord de mer. Et la nostalgie et la mélancolie gagnent peu à peu du terrain jusqu’à la fin. Jusqu’à cette « rencontre » avec le « redoutable » Jean-Luc Godard qui donne lieu à un grand moment de cinéma poignant et terriblement cruel. Jusqu’au lac où la vérité et le regard sont, enfin, à nu. Et le nôtre embué de larmes.

    Ajoutez à cela la musique de M. Et vous obtiendrez une ode au « pouvoir de l’imagination », un petit bijou de délicatesse et de bienveillance. Un pied de nez au cynisme. Passionnant. Poétique. Surprenant. Ensorcelant. Emouvant. Rare. A voir absolument.

    CRITIQUE DE "BARBARA" de MATHIEU AMALRIC

    barbara.jpg

    « Barbara » de Mathieu Amalric était en ouverture de la sélection Un premier regard, un pur moment de poésie, un choix judicieux pour l'ouverture.

    Une actrice (Jeanne Balibar) va jouer Barbara, le tournage va commencer bientôt. Elle travaille son personnage, la voix, les chansons, les partitions, les gestes, le tricot, les scènes à apprendre, ça va, ça avance, ça grandit, ça l'envahit même. Le réalisateur aussi travaille, par ses rencontres, par les archives, la musique, il se laisse submerger, envahir comme elle, par elle.

    Après son Prix de la mise en scène en 2010 pour le formidable « Tournée », Amalric s’intéressait donc à nouveau à une artiste, et faisait cette fois l’ouverture de Un Certain Regard après avoir déjà été en lice dans cette section avec « La Chambre bleue ».

    Ce film singulier ne cherche pas forcément à séduire et encore moins à nous prendre par la main avec des facilités scénaristiques. Il se mérite, se dérobe et se cherche. Et capture pourtant notre attention et notre émotion comme le ferait une chanson de Barbara, avec intensité. Celle que met l’étonnante Jeanne Balibar pour l’incarner au point de se confondre avec celle dont elle joue le rôle comme son personnage se confond avec la chanteuse qu’elle interprète.

    J’aurais aussi pu placer ce film dans ma catégorie « mise en abyme » mais ici c’est le sentiment d’une œuvre poétique, abrupte, confuse, audacieuse, inclassable qui domine. Tour à tour agaçante et séduisante. Quatre femmes en une. Balibar la femme que la caméra caresse. Balibar l’actrice. L’actrice qu’elle incarne dans le film, Brigitte. Barbara qu’incarne l’actrice qu’elle incarne dans le film réalisé par le réalisateur Amalric,…lui-même réalisateur dans son film.

    De ce dédale inénarrable, on ressort avec le souvenir d’une voix, celle de Barbara/Balibar, envoûtante, et d’une femme, de femmes, fantaisistes, captivantes et fuyantes. Et d’une actrice impressionnante.

     « Vous faites un film sur Barbara ou un film sur vous. »  demande ainsi Brigitte interprétant Barbara au réalisateur Amalric dans le film. «  -C’est pareil » lui répond le réalisateur s’immisçant dans la scène du film. Sans doute Amalric réalisateur pourrait-il nous faire la même réponse tant et surtout ces images parcellaires dessinent une déclaration d’amour du réalisateur dans le film à son actrice dans le film, à la chanteuse Barbara, et peut-être du réalisateur Amalric à l’actrice Balibar.

     

    CRITIQUE "LES FANTÖMES D'ISMAËL" de DESPLECHIN

    fantomes.jpg

    Longtemps le festival a choisi pour film d’ouverture des grosses productions, souvent américaines, s’accompagnant de génériques et montées des marches prestigieux. Après Woody Allen et son « Café Society » l’an passé –au passage retrouvez ma critique du film actuellement à l’honneur sur le site de Canal plus- ( un cinéaste qui, lui aussi, d’ailleurs, a souvent recouru à la mise en abyme) c’était au tour du français Arnaud Desplechin d’ouvrir le bal avec « Les fantômes d’Ismaël », hors compétition, après cinq sélections en compétition. « J'ai appris avec une grande émotion que le film faisait l'ouverture. C'est un honneur. J'étais très touché », a ainsi déclaré Arnaud Desplechin lors de la conférence de presse du film.

    À la veille du tournage de son nouveau film, la vie d’un cinéaste, Ismaël (Mathieu Amalric) est chamboulée par la réapparition d’un amour disparu, Carlotta disparue 20 ans auparavant, plus exactement 21 ans, 8 mois et 6 jours… Ce personnage irréel à la présence troublante et fantomatique est incarné par Marion Cotillard. La manière dont elle est filmée, comme une apparition, instille constamment le doute dans notre esprit notamment lorsqu’elle est filmée dans l’embrasure d’une porte, ses vêtements flottant autour d’elle. Quand elle danse pourtant (magnifique scène d’une grâce infinie sur «It Ain't Me Babe», de Bob Dylan), elle semble incroyablement vivante et envoûtante. Présente. « La scène de la danse est à 95% une invention de Marion » a ainsi précisé Arnaud Desplechin.

    Desplechin jongle avec les codes du cinéma pour mieux les tordre et nous perdre. Les dialogues sont magistralement écrits et interprétés  « Je voulais déchirer ma vie » dit Carlotta.  Ismaël répond : « C'est ma vie que tu as déchirée. » Qu’importe si certains les trouvent trop littéraires. C'est ce qui rend ce film poétique, évanescent.

    A la frontière du réel, à la frontière des genres (drame, espionnage, fantastique, comédie, histoire d’amour), à la frontière des influences (truffaldiennes, hitchcockiennes –Carlotta est bien sûr ici une référence à Carlotta Valdes dans « Vertigo » d’Hitchcock-) ce nouveau film d’Arnaud Desplechin est savoureusement inclassable, et à l’image du personnage de Marion Cotillard : insaisissable et nous laissant une forte empreinte. Comme le ferait un rêve ou un cauchemar.

    Le film est porté par des acteurs remarquables au premier rang desquels Marion Cotillard et Charlotte Gainsbourg (ses échanges avec Ismaël sont souvent exquis). « Charlotte Gainsbourg fait partie des gens qui m'ont donné envie de faire ce métier » a ainsi déclaré Marion Cotillard en conférence de presse. « J'ai le sentiment d'avoir trouvé un personnage quand j'ai trouvé sa manière de respirer » a-t-elle également ajouté. « Depuis "L'Effrontée" j'avais envie de tourner avec Charlotte Gainsbourg et cette fois-ci fut la bonne » a déclaré Desplechin.

    cinéma,festival de cannes,festival de cannes 2017,almodovar,film,in the mood for cinema,cannes

    La fin du film était elle aussi une ouverture. Un espoir. Un film plein de vie, un dédale dans lequel on s’égare avec délice porté par deux personnages énigmatiques, deux actrices magistrales. « Tout le film est résumé dans la réplique suivante : la vie m'est arrivée », a ainsi déclaré Arnaud Desplechin en conférence de presse. La vie avec ses vicissitudes imprévisibles que la poésie du cinéma enchante et adoucit. Le cinéma de Desplechin indéniablement.

    Retrouvez également mes critiques des films (également en lice) "Le Brio" et "Tout nous sépare"  dans mon compte rendu du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule, ici.

     

  • Festival cinéma Télérama du 24 au 31 janvier 2018 : une semaine pour revoir les meilleurs films de 2017 !

     

    FCT 18 - Affiche 240x320.jpg

    Il y a quelques semaines, je vous donnais mon top des films de 2017. Si vous avez manqué les films dont je vous parlais alors, voici l'occasion idéale de les rattraper. En effet, pour la 11ème année consécutive, BNP Paribas est partenaire du Festival cinéma Télérama qui aura lieu du 24 au 30 janvier 2018. Une semaine pour voir ou revoir les meilleurs films de l’année 2017 sélectionnés par la rédaction de Télérama dans les salles art et essai ainsi que des films en avant-première.

    Dans cette liste figurent ainsi 3 films de mon top 2017 dont LE film qui est pour moi le meilleur film de l'année passée : "Faute d'amour" dont vous pourrez ainsi retrouver ma critique ci-dessous ainsi que celles des autres films qui figuraient dans mon top : "120 battements par minute" et "Visages villages".

    Voici la liste des films que pourrez voir :

    • 120 battements par minute
    • Faute d'amour
    • Blade Runner 2049
    • The lost City of Z
    • Logan Lucky
    • Barbara
    • Visages villages
    • Un homme intègre
    • L'atelier
    • Le Caire confidentiel
    • La villa
    • Une vie violente
    • Certaines femmes
    • Une femme douce
    • Patients
    • Le grand méchant renard et autres contes

     

    et des films en avant-première :

    • America
    • Les bonnes manières
    • Razzia
    • Jusqu'à la garde
    • À l'heure des souvenirs

    3,50 € chaque séance avec le PASS dans Télérama ou sur Télérama.fr

    Plus d’infos sur : http://festivals.telerama.fr/festivalcinema

    1. FAUTE D'AMOUR d'Andreï Zviaguintsev

    zvyagintsev,cannes,festival de cannes,in the mood for cannes,in the mood for cinema,cinéma,film,loveless,faute d'amour

    Cette critique est extraite de mon compte rendu du Festival de Cannes 2017 à retrouver ici.

    « Faute d’amour » est mon grand coup de cœur de cette édition que je retournerai voir pour vous en parler plus longuement et plus précisément.

    Boris et Genia sont en train de divorcer. Ils se disputent sans cesse et enchaînent les visites de leur appartement en vue de le vendre. Ils préparent déjà leur avenir respectif : Boris est en couple avec une jeune femme enceinte et Genia fréquente un homme aisé qui semble prêt à l’épouser... Aucun des deux ne semble avoir d'intérêt pour Aliocha, leur fils de 12 ans. Jusqu'à ce qu'il disparaisse.

    En 2007, Konstantin Lavronenko, remportait le prix d’interprétation masculine pour son rôle dans « Le Bannissement » de Zvyagintsev. Avec « Elena », Zvyangintsev remportait le Prix spécial du jury  Un  Certain Regard en 2011. Et le Prix du scénario pour « Leviathan » en 2014. Avec ce cinquième long-métrage, il frôle la perfection.

    Ce film palpitant m’a littéralement scotchée à l’écran du premier au dernier plan. Premiers plans de ces arbres décharnés, morts, comme un avertissement. Et de ce drapeau russe flottant sur le fronton d’une école déserte. « Je voulais parler d’absence d’empathie et d’égoïsme permanent et l’arrière-plan politique contribue à votre perception ». Voilà comment Zvyagintsev a évoqué son film lors de la conférence de presse des lauréats. Il a obtenu le grand prix, son film avait aussi tout d’une palme d’or. Et dans ces premiers plans, déjà, tout était dit.

    Chaque séquence, portée par une mise en scène vertigineuse d’une précision stupéfiante (perfection du cadre, des mouvements de caméra, de la lumière, du son même), pourrait être un court-métrage parfait et le tout esquisse le portrait d’êtres ne sachant plus communiquer ni aimer. La mère passe ainsi son temps sur Facebook et à faire des selfies. Métaphore de la Russie et plus largement d’un monde, individualiste, matérialiste et narcissique, où il est plus important de parler de soi sur les réseaux sociaux que de s’occuper de ses enfants. Où l’entreprise devient un univers déshumanisé dans l’ascenseur de laquelle les employés sont  silencieusement alignés tels des zombies.

    « Faute d’amour » est un film très ancré dans le pays dans lequel il se déroule mais aussi très universel. Le pays en question c’est une Russie qui s’essouffle (au propre comme au figuré, et tant pis pour ceux qui trouveront le plan le matérialisant trop symboliste). A l’arrière-plan, l’Ukraine. « Il y a une dimension métaphysique. La perte de l'enfant pour ces deux parents, c'est pour la Russie la perte de la relation naturelle et normale avec notre voisin le plus proche, l'Ukraine », a ainsi expliqué le cinéaste. Et quand la caméra explore le bâtiment fantôme, surgi d’une autre époque, figé, chaque pas dans cette carcasse squelettique nous rappelle ainsi à la fois les plaies béantes d’un pays et celles d’un enfant qui venait s’y réfugier.

    Le film est éprouvant, par moment étouffant, suffocant même. Il décrit des êtres et un univers âpres, abîmés,  cela ne le rend pas moins passionnant comme un éclairage implacable sur une société déshumanisée, pétrie de contradictions. Ainsi, le père travaille dans une société avec un patron intégriste qui ne supporte pas que ses employés divorcent tandis que la mère travaille dans un institut de beauté et passe son temps à s’occuper de son corps.

    Les scènes de disputes entre les parents sont d’une violence inouïe et pourtant semblent toujours justes, comme celle, féroce, où la mère dit à son mari qu’elle ne l’a jamais aimé et a fortiori celle que l’enfant entend, caché derrière une porte, dont nous découvrons la présence à la fin de celle-ci, dispute qui avait pour but de s’en rejeter la garde. L’enfant semble n’être ici qu’un obstacle à leur nouveau bonheur conjugal. Une séquence d’une force, d’une brutalité à couper le souffle. Et lorsque l’enfant se réfugie pour pleurer, secoué de sanglots, exprimant un désarroi incommensurable que personne ne viendra consoler, notre cœur saigne avec lui.

    Zvyangintsev, s’il stigmatise l’individualisme à travers ceux-ci, n’en fait pas pour autant un portrait manichéen des parents. La mère, Genia, a ainsi vécu elle aussi une enfance sans amour avec une mère surnommée « Staline en jupons » qui, elle-même, après une séquence dans laquelle elle s’est montrée impitoyable avec sa fille, semble s’écrouler, visiblement incapable de communiquer autrement qu’en criant et insultant, mais surtout terriblement seule. Genia apparaît au fil du film plus complexe et moins détestable qu’il n’y paraissait, la victime d’un système (humain, politique) qui broie les êtres et leurs sentiments. Son mari nous est presque rendu sympathique par la haine que sa femme lui témoigne et par son obstination silencieuse à aider aux recherches menées par des bénévoles qui témoignent d’une générosité qui illumine ce film glaçant et glacial.

    Des décors de l’appartement, d’une froideur clinique, à ces arbres squelettiques, à l’entreprise du père avec ses règles et espaces rigides, en passant par les extérieurs que la neige et l’obscurité envahissent de plus en plus au fil du film, tout semble sans âme et faire résonner ces pleurs déchirantes d’un enfant en mal d’amour (auxquelles d’ailleurs feront écho d’autres pleurs et d’autres cris lors de séquences ultérieures  également mémorables et glaçantes). Des plans qui nous hanteront bien après le film. Bien après le festival. Un très grand film qui m’a rappelée une palme d’or qui nous interrogeait sur les petitesses en sommeil recouvertes par l’immaculée blancheur de l’hiver, un film rude et rigoureux,« Winter sleep » de Nuri Bilge Ceylan. Une palme d’or que Zvyagintsev  (reparti avec le prix du jury) aurait indéniablement méritée pour ce film parfait de l’interprétation au scénario en passant par la mise en scène et même la musique, funèbre et lyrique, qui renforce encore le sentiment de désolation et de tristesse infinie qui émane de ces personnages que la richesse du scénario nous conduit finalement à plaindre plus qu’à blâmer. Du grand art.

    2. 120 BATTEMENTS PAR MINUTE de Robin Campillo

     

    battements6.jpg

    Cette critique est extraite de mon compte rendu du Festival de Cannes 2017 à retrouver ici. "120 battements par minute" a également obtenu le prix du public du Festival du Film de Cabourg 2017 dont vous pouvez retrouver mon bilan, là.

    C’est le film qui avait bouleversé les festivaliers au début de la 70ème édition du Festival de Cannes  et qui méritait amplement son Grand Prix. C’est d’ailleurs avec beaucoup d’émotion que Pedro Almodovar l’avait évoqué lors de la conférence de presse du jury du festival. On sentait d’ailleurs poindre un regret lorsqu’il a déclaré : « J'ai adoré 120 battements par minute. Je ne peux pas être plus touché par un  film. C'est un jury démocratique. Et je suis 1/9ème seulement. » Il avait également déclaré :   « Campillo raconte l'histoire de héros qui ont sauvé de nombreuses vies. Nous avons pris conscience de cela. »

    cinéma, Festival de Cannes, Festival de Cannes 2017, Almodovar, film, In the mood for cinema, Cannes

    Début des années 90. Alors que le sida tue depuis près de dix ans, les militants d'Act Up-Paris multiplient les actions pour lutter contre l'indifférence générale. Nouveau venu dans le groupe, Nathan (Arnaud Valois) va être bouleversé par la radicalité de Sean (Nahuel Perez Biscayart) qui consume ses dernières forces dans l’action. Sean est un des premiers militants d' Act Up. Atteint du VIH, il est membre de la commission prisons.  Au film politique va s’ajouter ensuite le récit de son histoire avec Nathan, nouveau militant, séronégatif.

    Le film s’attache en effet à nous raconter à la fois la grande Histoire et celle des deux personnages. Celle d’Act Up se heurtant aux groupes pharmaceutiques, essayant d’alerter  l’opinion publique et le gouvernement insensible à sa cause. Celle de l’histoire d’amour entre Sean et Nathan. Deux manières de combattre la mort. La première est racontée avec une précision documentaire. La seconde est esquissée comme un tableau avec de judicieuses ellipses. L’une domine tout le début du film avant que la seconde ne prenne une place grandissante, le film se focalisant de plus en plus sur l’intime même si le combat est toujours présent, en arrière-plan.

    La durée du film (2H10) devient alors un véritable atout nous permettant de nous immerger pleinement dans leur action et de faire exister chaque personnage, de nous les rendre attachants, de nous permettre d'appréhender la violence apparente de leurs actions qui deviennent alors simplement  à nos yeux des appels au secours, des cris de colère, si compréhensibles. Parce qu’il n’y a pas d’autre solution face à l’indifférence et l’inertie. Parce que le temps court et leur manque. La caméra s’attache et s’attarde à filmer les visages et les corps, vivants, amoureux, mais aussi les particules qui les détruisent inéluctablement. Deux réalités qui s’opposent. Une course contre la montre. Contre la mort.

    Nahuel Pérez Biscayart, Arnaud Valois et Antoine Reinartz sont impressionnants de force, d’intensité, de justesse, de combattivité. Ils rendent leurs personnages furieusement vivants et Adèle Haenel impose sa colère avec force, totalement imprégnée de son rôle.

    Campillo démontre ici une nouvelle fois son talent de scénariste (il fut notamment celui d’ « Entre les murs », palme d’or 2008 mais aussi  notamment des autres films de Laurent Cantet), dosant brillamment l’intime et le collectif, l’histoire d’amour et le combat politique et parvenant à faire de chacun des débats, parfois virulents,  des moments passionnants, témoignant toujours de ce sentiment d’urgence.  Certains ont reproché au film d’être trop long ou bavard mais aucun de ces échanges n’est vain ou gratuit. Ils sont toujours vifs et incisifs, enragés de l’urgence dictée par la maladie et la mort qui rôde. Ne pas s’arrêter, ne pas se taire pour ne pas mourir.

    La dernière partie du film, poignante, ne tombe pourtant jamais dans le pathos ni dans la facilité. Campillo raconte avec minutie et pudeur les derniers sursauts de vie, puis la mort et le deuil, leur triviale absurdité. « Mince » réagit une mère à la mort  de son enfant. Et c’est plus bouleversant que si elle s’était écroulée, éplorée.

     En immortalisant ces combats personnels et ce combat collectif, Campillo a réalisé un film universel, transpirant la fougue et la vie dont chaque dialogue, chaque seconde, chaque plan palpitent d'une urgence absolue. A l’image de la réalisation, effrénée, nerveuse,  d’une énergie folle qui ne nous laisse pas le temps de respirer. Avec sa musique exaltant la vie. Ses images fortes aussi comme ces corps allongés sur le sol de Paris symbolisant les défunts, des corps que la caméra surplombe, tourbillonnant autour comme si elle filmait un ballet funèbre. Sa poésie aussi. Un film jalonné de moments de grâce et d’images fortes qui nous laissent une trace indélébile. Lorsque la Seine devient rouge. Lorsque Sean évoque le ciel et la vie, plus prégnante avec la maladie, et que Paris défile, insolemment belle et mélancolique, derrière la vitre, irradiée de soleil.

    Un film qui rend magnifiquement hommage à ces combattants, à leur ténacité. Lorsque, finalement, le désir de vie l’emporte, avec ces battements musicaux et cardiaques, qui s’enlacent et se confondent dans un tourbillon sonore et de lumières stroboscopiques, qui exaltent la force de l’instant, et nous accompagnent bien après le générique de film, Campillo nous donne envie d’étreindre furieusement le moment présent.

    3. VISAGES VILLAES D'Agnès Varda et JR

    visagesvillages.jpg

    Que de poésie dans ce film, révélateur de la profondeur, la noblesse, la beauté et la vérité des êtres ! Présenté hors-compétition du dernier Festival de Cannes où il a reçu le prix L’œil d’or du meilleur documentaire, il est coréalisé par Agnès Varda et JR.

    Agnès Varda et JR ont des points communs : passion et questionnement sur les images en général et plus précisément sur les lieux et les dispositifs pour les montrer, les partager, les exposer. Agnès a choisi le cinéma. JR a choisi de créer des galeries de photographies en plein air. Quand Agnès et JR se sont rencontrés en 2015, ils ont aussitôt eu envie de travailler ensemble, tourner un film en France, loin des villes, en voyage avec le camion photographique (et magique) de JR. Hasard des rencontres ou projets préparés, ils sont allés vers les autres, les ont écoutés, photographiés et parfois affichés. Le film raconte aussi l’histoire de leur amitié qui a grandi au cours du tournage, entre surprises et taquineries, en se riant des différences.

    Dès le générique, le spectateur est saisi par la délicatesse et la poésie. Poésie ludique des images. Et des mots, aussi : « tu sais bien que j’ai mal aux escaliers » dit Agnès Varda lorsqu’elle peine à rejoindre JR, « Les poissons sont contents, maintenant ils mènent la vie de château» à propos de photos de poissons que l'équipe de JR a collées sur un château d’eau.

    « Le hasard a toujours été le meilleur de mes assistants », a ainsi déclaré Agnès Varda et en effet, de chacune de ces rencontres surgissent des instants magiques, de profonde humanité. Sur chacun des clichés, dans chacun de leurs échanges avec ces « visages » affleurent les regrets et la noblesse de leurs détenteurs.

    En parallèle de ces explorations des visages et des villages, se développe l’amitié entre ces deux humanistes qui tous deux ont à cœur de montrer la grandeur d’âme de ceux que certains appellent avec condescendance les petites gens (terme qui m’horripile), de la révéler (au sens photographique et pas seulement).

    En les immortalisant, en reflétant la vérité des visages que ce soit celui de la dernière habitante de sa rue, dans un coron du Nord voué à la destruction en collant sa photo sur sa maison, à ces employés d'un site chimique,  ils en révèlent la beauté simple et fulgurante. Et nous bouleversent. Comme cet homme à la veille de sa retraite  qui leur dit avoir « l’impression d’arriver au bout d’une falaise et que ce soir je vais sauter dans le vide ». Et dans cette phrase et dans son regard un avenir effrayant et vertigineux semble passer.

    Le photographe de 33 ans et la réalisatrice de « 88 printemps » forment un duo singulier, attachant, complice et attendrissant. Le grand trentenaire aux lunettes noires (qu’Agnès Varda s’évertuera pendant tout le film à lui faire enlever) et la petite octogénaire au casque gris et roux. Deux silhouettes de dessin animé. Les mettre l’un avec l’autre est déjà un moment de cinéma. Tous deux se dévoilent aussi au fil des minutes et des kilomètres de ce road movie inclassable. Et ces visages dont les portraits se dessinent sont aussi, bien sûr, les leur. Ce voyage est aussi leur parcours initiatique. Celui d’un JR gentiment taquin, empathique, et d’une Agnès Varda tout aussi à l’écoute des autres, tantôt malicieuse et légère (impayable notamment quand elle chante avec la radio) tantôt grave et nous serrant le cœur lorsqu’elle dit « la mort j’ai envie d’y être parce que ce sera fini ».

    Ce récit plein de vie et fantaisie est aussi jalonné par l’évocation tout en pudeur de ceux qui ne sont plus, du temps qui efface tout (parce que photographier les visages c’est faire en sorte qu’ils « ne tombent pas dans les trous de la mémoire ») comme la mer qui engloutit ce portrait de cet ami d’Agnès Varda qui avait pourtant été soigneusement choisi pour être collé sur un bunker en bord de mer. Et la nostalgie et la mélancolie gagnent peu à peu du terrain jusqu’à la fin. Jusqu’à cette « rencontre » avec le « redoutable » Jean-Luc Godard qui donne lieu à un grand moment de cinéma poignant et terriblement cruel. Jusqu’au lac où la vérité et le regard sont, enfin, à nu. Et le nôtre embué de larmes.

    Ajoutez à cela la musique de M. Et vous obtiendrez une ode au « pouvoir de l’imagination », un petit bijou de délicatesse et de bienveillance. Un pied de nez au cynisme. Passionnant. Poétique. Surprenant. Ensorcelant. Emouvant. Rare. A voir absolument.

     

  • 1er Festival International du Film de Saint-Tropez - Les nouvelles étoiles du cinéma

    etoiles18.jpg

    Un nouveau festival de cinéma, c'est toujours un moyen supplémentaire de célébrer le septième art et de découvrir des pépites cinématographiques alors saluons l'arrivée du Festival International du Film de Saint-Tropez qui mettra à l'honneur "Les nouvelles étoiles du cinéma".

    Le festival aura Vincent Perrot pour directeur artistique, ce qui est déjà un bon présage, ce dernier étant un vrai cinéphile, également réalisateur de documentaires sur le cinéma. Il présentait d'ailleurs le mois dernier son documentaire sur Rémy Julienne au Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule (je vous en reparlerai bientôt). Claude Lelouch sera l'un des parrains du festival mais aussi Patrice Leconte, Christophe Barratier, Pierre Arditi, Ary Abittan, Danièle Thompson. Le festival annoncera ce soir le nom du président du jury de cette première édition.

    etoiles19.jpg

    Nouveau-né sur la planète cinéma, le Festival International du Film de Saint-Tropez « Les Nouvelles Etoiles du Cinéma » remettra les prix d’interprétation aux meilleures révélations d’acteurs et d’actrices.  L'objectif du festival sera de mettre en valeur les actrices et acteurs révélés dans un premier grand rôle.

    Lancé pour sa première édition du 10 au 14 avril 2018 à Saint-Tropez, ce festival compétitif s’adresse aux longs métrages, français et étrangers, et de tous genres. Il récompense et met en lumière les acteurs et actrices qui ont un grand rôle pour la première fois et dont la prestation est remarquable. Chaque jour, les projections se termineront par de grands dîners dans le Golfe de Saint-Tropez jusqu’à la soirée de Clôture, où les prix seront remis par un jury de professionnels.
    Ce festival marquera l’ouverture de la saison estivale à Saint-Tropez, célèbre village provençal mondialement connu. Véritable carrefour de la culture française et internationale, le Festival est entièrement fondé sur la révélation d’acteurs et actrices montantes, la passion du cinéma, la convivialité et l’échange. il offre aux invités et aux équipes des films une sélection internationale dans le célèbre village varois !

    Scène mythique du cinéma français et étranger depuis 1930, le village de Saint-Tropez offre un décor naturel de rêve aux réalisateurs et acteurs venus du monde entier. Marqués par ses nombreuses légendes du 7ème art, le Président Eric Michel et son équipe, souhaitent consolider ce lieu culte en y organisant cinq jours de projections, rencontres professionnelles et de festivités en hommage au cinéma et ses nouvelles étoiles !

    Pour en savoir plus sur ce nouveau festival :

    https://www.facebook.com/FestivalFilmSaintTropez/

    http://www.festival-sainttropez.com/

    sainttropez3.jpg

     

  • Programme du Festival des Antipodes de Saint-Tropez 2017

    cinemadesantipodes.jpg

    Voilà un bel évènement qui célèbre déjà sa 19ème édition et qui, chaque année, permet de découvrir des pépites cinématographiques venant des "Antipodes", à savoir d'Australie et de Nouvelle-Zélande. Au programme de ce festival : longs métrages inédits ou classiques, courts métrages et documentaires.

    Le film d’ouverture, « Drama » de Sophie Mathissen a été tourné en partie à Paris, et avec l’acteur François Vincentelli qui sera présent au festival et qui parrainera le jury des courts-métrages.
     

    drama2.jpg


    "THE CATCH", le film néo-zélandais de  Simon Mark-Brown fera la clôture du festival.
     
    Le jury longs-métrages sera présidé par le réalisateur australien Andrew Lancaster, entouré des actrices Marianne Denicourt, Caroline Proust, et des acteurs Manuel Blanc et Sagamore Stevenin. Ils auront pour passionnante charge de départager 6 longs-métrages en compétition.
     
    La cérémonie de clôture sera présentée par Laurie Cholewa.
     
    Au programme également : classiques, musique, exposition. Bref, de quoi vous immerger pleinement dans le Cinéma des Antipodes en plus dans un cadre idyllique.
     
    Pour tout savoir sur le festival à suivre du 9 au 15 octobre 2017 :
     
    http://festivaldesantipodes.com/index.php/fr-fr
     
    Suivez également le festival sur twitter (@cineantipodes ), sur Instagram (@festivaldesantipodes) et sur Facebook, ici.

     
      
    Lien permanent Imprimer Catégories : IN THE MOOD FOR NEWS (actualité cinématographique) Pin it! 0 commentaire
  • Le programme du Festival International du Film Culte de Trouville 2017

    cultetrouville.png

    progr2.jpg

    Avant de vous livrer mon compte rendu du Festival du Film de Cabourg 2017 et de vous parler du prochain Festival du Cinéma Américain de Deauville (qui met d'ailleurs lui aussi la comédie musicale à l'honneur sur son affiche avec une référence ostensible à "La La Land") pour lequel je vous réserve de belles surprises (accréditations à gagner mais pas seulement cette année), voici un petit résumé de ce qui vous attend au Festival du Film Culte de Trouville dont ce sera la deuxième édition, du 22 au 25 juin 2017. Un festival qui met en à l'honneur les classiques du cinéma : je ne pouvais pas ne pas vous en parler !

    FESTIVAL INTERNATIONAL DU FILM CULTE

    Créé par Karl Zero et Daisy D'Errata l'an passé, dès sa deuxième édition, ce nouvel évènement cinématographique parvient à mettre en œuvre une jolie programmation avec, comme dans tout festival qui se respecte, une compétition mais aussi un beau programme de rétrospectives de films culte.

    Macha Méril et Michel Legrand  (j'ai eu la chance de le voir plusieurs fois en concert, notamment au Festival du Cinéma et Musique de La Baule mais aussi lors du dernier Festival de Cannes - récit ici-, ne manquez pas celui qu'il donnera à Trouville !) seront ainsi les Présidents d'honneur de cette édition dont le thème est "le Cinéma Musical".

    A leurs côtés, un jury dont chaque membre a donc un lien avec cette thématique :

    Valérie Donzelli 

    Charlélie Couture

    Yann Moix

    « Les Willy 1er » (Ludovic Boukherma, Zoran Boukherma, Marielle Gautier et Hugo P . Thomas ) qui ont remporté  l’an passé la Mouette d’Or (Prix du film Culte 2016) suivi d’une pléthore d’autres prix en France et à l’étranger. Désormais, le vainqueur Culte de l’année précédente sera de retour l’année suivante, mais cette fois-ci dans le Jury. Ils ont beau être quatre… ils n’auront ainsi qu’une voix lors de la délibération.

    A l’issue de la Compétition, deux prix seront décernés par le Jury : - La Mouette d'or, Grand Prix du Film Culte de l’Année 2017 -et La Mouette d'argent,  Prix du Réalisateur Culte 2017 

    A l’issue de la Rétrospective, le Jury Culte 2017 remettra la Mouette de Platine, Grand Prix du Public du film Culte Vintage, élu grâce au vote des internautes parmi 50 films. 

    Sans oublier les membres à vie ainsi définis dans le dossier de presse : "autre particularité étonnante du FIFC, le Jury Culte de la première édition se trouva si heureux à Trouville l’an passé que chacune et chacun nous demanda s’il pourrait revenir… Il fut décidé sur l’heure (!) d’émettre sept cartes de « membres à vie » dont les titulaires peuvent donc légalement se présenter dès le 22 juin à Trouville: Dès lors, Laurent Baffie comme JoeyStarr, Olivier Van Hoofstatd (« Dikkenek ») mais aussi Sylvain Chomet (« Les Triplettes de Belleville ») ont d’ores et déjà fait valoir leurs droits… Jacques Séguéla lui, passera en voisin, quant à Arielle Dombasle, mythe et libellule à la fois, personne ne le sait ! Seul Jean-Pierre Marielle ne reviendra pas, car… il déteste la musique: « C’est bon pour les cons ! *» Irremplaçable Jean-Pierre !"

    La chanteuse et actrice Dani sera également présente "puisqu’ elle a exigé le rôle d’ouvreuse de la Salle Ephémère". C’est donc elle qui vendra bonbons et chocolats glacés, tandis que l’humoriste Raphaël Mezrahi "postule pour être en charge de l’accueil de la salle."  D’autres « bénévoles cultes » viendront d’ici au 22 juin renforcer le staff du festival.


    Le dimanche,  Michaël Youn viendra présenter "Fatal ". Et Quentin Dupieux fera de même avec « Steak »…Quant à Annie Cordy, elle représentera le  « Chanteur de Mexico ». Mathieu Amalric sera également présent pour défendre son magnifique « Barbara » (qui a reçu le "prix de la poésie du cinéma" lors du dernier Festival de Cannes dans le cadre duquel il était en lice dans la section "Un Certain regard" -mon avis ci-dessous-), en compagnie de tous les réalisateurs de la Compétition en piste pour la Mouette d’or et d’Argent !

    COMPETITION

    barbara.jpg

    Barbara de Mathieu Amalric - 2017 - France - 1H37 - Gaumont. Ouverture « Un Certain Regard » Cannes 2017. Sortie en salle le 6 septembre 2017.
    Une actrice va jouer Barbara, le tournage va commencer bientôt. Elle travaille son personnage, la voix, les chansons, les partitions, les gestes, le tricot, les scènes à apprendre, ça va, ça avance, ça grandit, ça l'envahit même. Le réalisateur aussi travaille, par ses rencontres, par les archives, la musique, il se laisse submerger, envahir comme elle, par elle.

    Mon avis :

    « Barbara » de Mathieu Amalric fut ma seule incursion dans la sélection Un Certain Regard cette année. Le film d’ouverture qui avait toute sa place dans ce chapitre intitulé Poésie. Il a d’ailleurs reçu le prix inédit …de la Poésie du cinéma.

    Une actrice (Jeanne Balibar) va jouer Barbara, le tournage va commencer bientôt. Elle travaille son personnage, la voix, les chansons, les partitions, les gestes, le tricot, les scènes à apprendre, ça va, ça avance, ça grandit, ça l'envahit même. Le réalisateur aussi travaille, par ses rencontres, par les archives, la musique, il se laisse submerger, envahir comme elle, par elle.

    Après son Prix de la mise en scène en 2010 pour le formidable « Tournée », Amalric s’intéressait donc à nouveau à une artiste, et faisait cette fois l’ouverture de Un Certain Regard après avoir déjà été en lice dans cette section avec « La Chambre bleue ».

    Ce film singulier ne cherche pas forcément à séduire et encore moins à nous prendre par la main avec des facilités scénaristiques. Il se mérite, se dérobe et se cherche. Et capture pourtant notre attention et notre émotion comme le ferait une chanson de Barbara, avec intensité. Celle que met l’étonnante Jeanne Balibar pour l’incarner au point de se confondre avec celle dont elle joue le rôle comme son personnage se confond avec la chanteuse qu’elle interprète.

    J’aurais aussi pu placer ce film dans ma catégorie « mise en abyme » mais ici c’est le sentiment d’une œuvre poétique, abrupte, confuse, audacieuse, inclassable qui domine. Tour à tour agaçante et séduisante. Quatre femmes en une. Balibar la femme que la caméra caresse. Balibar l’actrice. L’actrice qu’elle incarne dans le film, Brigitte. Barbara qu’incarne l’actrice qu’elle incarne dans le film réalisé par le réalisateur Amalric,…lui-même réalisateur dans son film.

    De ce dédale inénarrable, on ressort avec le souvenir d’une voix, celle de Barbara/Balibar, envoûtante, et d’une femme, de femmes, fantaisistes, captivantes et fuyantes. Et d’une actrice impressionnante.

     « Vous faites un film sur Barbara ou un film sur vous. »  demande ainsi Brigitte interprétant Barbara au réalisateur Amalric dans le film. «  -C’est pareil » lui répond le réalisateur s’immisçant dans la scène du film. Sans doute Amalric réalisateur pourrait-il nous faire la même réponse tant et surtout ces images parcellaires dessinent une déclaration d’amour du réalisateur dans le film à son actrice dans le film, à la chanteuse Barbara, et peut-être du réalisateur Amalric à l’actrice Balibar.

    Brigsby Bear de Dave McCary - 2017 - Etats-Unis - VOST - 1h37
    Après 25 ans de vie avec ses parents dans un maison isolée James décide d'aller vivre sa vie. Il emménage à Cedar Hills et apprend que personne - excepté lui - ne connaît l'émission Brigsby Bear Adventures, qui s'est d'ailleurs arrêtée sans jamais se terminer. Pour affronter sa nouvelle vie, le jeune homme décide de mettre en pratique les leçons de Brigsby et de lui donner une fin.

    Can Hitler Happen Here ? Film de Saskia Rifkin - 2017 - Etats-Unis -1H15 - Pilgrims 7 corporation. Des voisins démunis, des travailleurs sociaux ambitieux et des vautours immobiliers conspirent pour tourmenter une vieille dame excentrique. Ou peut-être qu'ils essayent simplement d'aider ?

    Pour le réconfort de Vincent Macaigne - 2017 - France - 1h30
    Pascal et Pauline reviennent sur les terres de leurs parents après des années de voyage, et se retrouvent dans l’impossibilité de payer les traites du domaine. Ils se confrontent à leurs amis d’enfance qui eux, d’origine modeste, n’ont jamais quitté leur campagne. A Emmanuel surtout, qui veut racheter leur terrain au meilleur prix pour l’expansion de ses maisons de retraite. Entre les amitiés d’hier et les envies de demain, la guerre aura-t-elle lieu ?

    Jeannette, l’enfance de Jeanne d’Arc Film musical de Bruno Dumont- 2017- France - 1h45 - Mémento. Selection Quinzaine des réalisateurs, Cannes 2017. Sortie en salle : prochainement.
    Domrémy, 1425. Jeannette n’est pas encore Jeanne d’Arc, mais à 8 ans elle veut déjà bouter les anglais hors du royaume de France. Inspirée du « Mystère de la charité de Jeanne d’Arc » (1910) et de « Jeanne d’Arc » (1897) de Charles Péguy, la Jeannette de Bruno Dumont revisite les jeunes années d’une future sainte sous forme d’un film musical à la BO électro-pop-rock signée Gautier Serre, alias Igorrr sur des chorégraphies signées Philippe Decouflé.

    Sans Adieu Documentaire de Christophe Agou- 2017- France - 1H39 - New Story. Sélection « ACID » Cannes 2017. Sortie en salle : prochainement
    Dans le Forez, Claudette, 75 ans, et ses voisins paysans « hors du temps » comme elle sentent bien que la société consumériste les ignore, tout en grignotant ce qui leur reste de patrimoine et de savoirfaire. Mais tous ne sont pas du genre à se laisser faire.

    RETROSPECTIVE DU FESTIVAL INTERNATIONAL DU FILM CULTE

    fifc.png

    La Rétrospective 2017 permettra aux festivaliers « culte » de revoir à nouveau cette année sur grand écran -et dans deux salles s’il vous plait !- neuf films culte, dont le vainqueur de la Mouette de Platine (ou « Grand Prix du Public du Film Culte Vintage 2017 ») qu’ils ont eux-mêmes élu en votant, tout au long de l’hiver, sur notre page Facebook du FIFC : « Les Demoiselles de Rochefort »… Pour ma part, j'avais voté pour "On connaît la chanson" d'Alain Resnais (ma critique ici).

    west99

    Derrière « Les Demoiselles de Rochefort», il est assez surprenant de trouver la charmante bluette « Dirty Dancing » devant notamment le chef-d'œuvre "West side story" (avec lequel j'hésitais pour ma part à voter). Comment ne pas être bouleversée par ce Roméo et Juliette du Upper West Side à New York ? La noirceur du thème, la musique sophistiquée, les problèmes sociaux évoqué restent étonnamment actuels sans parler de la partition de Bernstein et ses inoubliables et intemporels Something’s coming, Maria, America, Somewhere, Tonight, Jet Song, I Feel Pretty, One Hand, One Heart, Gee, Officer Krupke et Cool. Le film remporta dix Oscars (sur onze nominations) lors de la 34e cérémonie des Oscars.

     Pour que les années 2000 soient également représentées, et la France un peu plus, les programmateurs ont ajouté  « Podium» à la rétrospective, dans sa version longue et inédite en salles, celle qu’on nomme « director’s cut », « Steak» de Quentin Dupieux qui explicitera sa première œuvre tandis que Michaël Youn viendra présenter « Fatal ».  Les plus jeunes (et les autres) pourront aussi revoir  «Le  Magicien d’Oz» et les autres « Le Chanteur de Mexico » présenté par Annie Cordy.

    SEANCES SPECIALES

    En supplément de la compétition et de la rétrospective quatre séances spéciales seront organisées cette année: ce sont les « coups de cœur du FIFC » :


    Fatal de Michaël Youn (2010) en présence de son réalisateur, Michaël Youn.

    Xanadu de Robert Greenwald (1980) « Sans conteste le plus grand nanard musical de tous les temps… peut-être le plus mauvais film de tous les temps » Présenté par François Forestier,

    On est devenus (trop) cons ! de Fabrice Gardel (2016) présenté par l’équipe de l’INA Premium.

    CLÔTURE

    Cérémonie de Clôture et remise des prix le samedi 24 juin à 22h15 au Cinéma Ephémère suivi de la projection du film primé par la Mouette de Platine "Les Demoiselles de Rochefort".

    EVENEMENTS AUTOUR DU FESTIVAL

    CONCERT EXCEPTIONNEL DE MICHEL LEGRAND Le plus culte des compositeurs culte revisite ses plus grands succès culte dans un lieu de culte ! Une belle façon de célébrer la Fête de la Musique… Samedi 24 juin 20h en l’église Notre-Dame de Bonsecours, Trouville.


    JOURNEE CULTE JOURNÉE NORMANDIE En partenariat avec la Région Normandie, le FIFC met en place pour sa deuxième édition une journée professionnelle se déroulant le 22 juin. Voulant aider à la professionnalisation et l’agrandissement des réseaux des professionnels de la région Normandie, le FIFC a convié 10 producteurs issus du SPI (Syndicat des producteurs indépendants) à venir rencontrer 6 auteurs réalisateurs de Normandie afin que ces derniers leurs présentent leurs projets de longs-métrages. L’après-midi (ouverte au public et au professionnels) sera consacrée a une conférence présentant la politique de la Région Normandie et des missions assurées sur le territoire, puis de la projection d’"Une vie" de Stéphane Brizé suivie d’un débat avec le réalisateur et l’équipe du film « Willy 1er » à propos du film et pour partager l’expérience que représente un tournage en Normandie.


    DÉDICACES CULTE Bar des 4 Chats Dimanche 25 juin à 11h (entrée libre) Les membres du Jury Culte, les invités Culte et les célébrités culte de Trouville (dont Jérôme Garcin et Patrick Rambaud…) dédicaceront leurs derniers ouvrages, le tout « arrosé » en personne par les vignerons les plus culte de France (Marcel Richaud, Sébastien Bobinet…)


    EXPOSITION CULTE Les stars culte de la première édition du FIFC (devenus « membres à vie du FIFC » et donc ré-invités à cette deuxième édition), photographiées l’an passé à Trouville, par Michel Tréhet, si culte et si trouvillais : à retrouver dans le Hall des Cures Marines, le temps du Festival (entrée libre)


    MASTER CLASS Stéphane Lerouge, docteur es musicologie, ami et spécialiste mondial des compositeurs de bandes originales évoquera les oeuvres de Michel Legrand, d’Ennio Morricone, de Quincy Jones, et des films de François Truffaut. En présence de Jean Lecanuet (sous réserve).


    ET BIEN ENTENDU DES FÊTES…  CULTE DE CHEZ CULTE !* Cocktail « Champagne et Baccara » le vendredi 23 juin à partir de 19 h dans le cadre hollywoodien et kitschissime de la Villa Tara. Soirée « Bacchus et Paëlla » le vendredi 23 juin à partir de 23 hdans le cadre hype et néo-vintage du Bar des 4 Chats. Nuit « Les Demoiselles de Trouville chantent sous la pluie » le samedi 24 juin à partir de 00h. Au programme : "attractions, alcools variés avec modération, danses de vieux sans modération (Mambo et Cha-cha-cha live avec l’Art Big Band de Trouville) suivies de danses de jeunes (by Nicolas Ullman, artiste transformiste déjanté)". *sur invitation.

    INFORMATIONS PRATIQUES

    PRIX 

    Pass global* (accès à toutes les projections) pendant toute la durée du festival: 30€

    Réduction pour les habitants de Trouville: 25€

    Ticket simple* pour une seule projection: 5 €

    Réduction pour les habitants de Trouville: 3,50€

    Ticket pour le concert de Michel Legrand (samedi 24 juin à 20h, Eglise ND de Bonsecours, Trouville): 35€ (prix unique) Attention: nombre de place limité.

    *:Pass et tickets en prévente dès le 3 juin 2016 à l’Office du Tourisme (34, Bld Fernand Moureaux, Trouville)

    A partir du 20 juin, venez nous rendre visite ! Nous vous accueillons du 20 au 22 juin dans la tente du Festival de 9h30 à 19h30 : billetterie et boutique pour préparer au mieux votre expérience de festivalier culte !

    *:Le pass et les tickets donnent accès aux séances dans la limite des places disponibles.

    Se rendre à Trouville-sur-Mer

    Les moyens d’accès :

    200 km de Paris par l’autoroute A13

    Ligne SNCF de Paris Gare Saint Lazare à Trouville-Deauville (2 heures)

    8 km de l’Aéroport de Deauville Normandie – Ligne aérienne Deauville-Londres

    Pour plus d’informations

    A Trouville-sur-Mer

    Toutes les informations sur les hébergements, les restaurants, les moyens de transport…:

    Office de Tourisme de Trouville (Tél: 02 31 14 60 70)

    AU FESTIVAL DU FILM CULTE

    LES PROJECTIONS

    Salon des gouverneurs du Casino de Trouville
    Place Foch, 14360 Trouville sur mer

    Site officiel du festival

    Lien permanent Imprimer Catégories : IN THE MOOD FOR NEWS (actualité cinématographique) Pin it! 0 commentaire
  • Critique de LA COMTESSE AUX PIEDS NUS de Joseph L. Mankiewicz (à 20H ce soir au Forum des images en ouverture du cycle "Glamour")

    La comtesse aux pieds nus, Ava Gardner, cinéma, film, Humphrey Bogart

    « La Comtesse aux pieds nus » (en vo « The Barefoot Contessa ») est un film de 1954 de Joseph L.Mankiewicz, écrit, réalisé et produit par Joseph L.Mankiewicz (avec Franco Magli, pour la production), ce qui est loin d’être un simple détail puisque « La Comtesse aux pieds nus » est la première production de Joseph L.Mankiewicz qui s’était ainsi affranchi de la tutelle des grands studios américains (Il avait auparavant réalisé des films pour la 20th Century-Fox et pour la Metro-Goldwyn-Mayer.) en fondant sa propre société « Figaro Inc. ».

    La comtesse aux pieds nus, Ava Gardner, cinéma, film, Humphrey Bogart

     Ce film fit parler de lui bien avant sa sortie en raison des similitudes du scénario avec la vie de Rita Hayworth (star de la Columbia) parmi d’autres similitudes frappantes avec le cinéma d’alors comme la ressemblance entre l’antipathique Kirk Edwards et Howard Hughes. Le rôle fut même proposé à Rita Hayworth qui,  en raison de la ressemblance avec sa propre existence justement, refusa.

    « La Comtesse aux pieds nus » débute, en Italie, un sinistre jour de pluie à l’enterrement de la star hollywoodienne Maria d'Amato née Maria Vargas (Ava Gardner). Le scénariste et réalisateur Harry Dawes (Humphrey Bogart) se souvient de   leur première rencontre alors qu’elle travaillait comme danseuse, dans un cabaret de Madrid, alors que ce dernier cherchait une nouvelle vedette pour le compte du producteur et milliardaire Kirk Edwards (Warren Stevens). Face à la statue de Maria, aux pieds symboliquement dénudés, alternent ensuite les récits d’Oscar Muldoon (Edmond O’Brien), l’agent de publicité, de Harry Dawes et de son mari, le comte Vincenzo Torlato-Favrini (Rossano Brazzi) qui dissimule un douloureux secret…à cause duquel Maria perdra ses dernières illusions, et la vie.

    La comtesse aux pieds nus, Ava Gardner, cinéma, film, Humphrey Bogart

    Dès le départ, le récit est placé sous le sceau de la fatalité et de la tragédie. La pluie implacable. L’enterrement sous un ciel grisâtre. L’atmosphère sombre. La voix poignante et traînante d’Humphrey  Bogart. Cette statue incongrue, d’une blancheur immaculée. La foule qui se presse, vorace, pour assister à sa dernière scène, ultime cynique ironie du destin pour Maria, éprise d’absolu et de liberté, qui voit même son enterrement lui échapper, en tout cas l’enfermer dans un rôle, chacun, là encore, cherchant à se l’approprier.

    Au-delà de ses ressemblances avec des personnalités ayant réellement existé, « La Comtesse aux pieds nus » est un classique pour de nombreuses raisons, à commencer par l’originalité de sa construction, ses flashbacks enchâssés qui permettent d’esquisser un portrait de Maria qui, malgré tout, reste d’une certaine manière insaisissable. Ces récits sont encore une fois une manière de se l’approprier, de l’enfermer, de décrire « leur » Maria même si Harry Dawes lui voue une amitié sincère, seul personnage réellement noble, désintéressé, au milieu de ces univers décadents. Mankiewicz avait déjà utilisé ce procédé dans « Eve », autre chef d’œuvre sans concessions, sur l’univers du théâtre cette fois, et démonstration cruelle mais terriblement juste sur l’arrivisme.

    Mankiewicz décrit en effet, à travers le parcours de Maria (trois portraits d’une même femme) trois univers distincts : celui du cinéma hollywoodien, des grandes fortunes sur la Riviera  et de l’aristocratie italienne, trois univers à la fois dissemblables et semblables dans leur décadence, tous trois théâtres de faux-semblants, de lassitude et de désenchantement. Maria, si lumineuse, semble égarée dans ces mondes qui l’emprisonnent.

    Mankiewicz  définissait « La Comtesse aux pieds nus » comme une « version amère de Cendrillon ». Il multiplie ainsi les symboles, clins d’œil au célèbre conte de fée : les chaussures (mais qui ici sont haïes par Maria pour qui elles symbolisent la boue à laquelle elle a  voulu échapper), son rêve d’amour idéalisé, son mariage avec un comte (mais pas vraiment de conte puisqu’il s’avèrera être une tragédie). Le rêve se transforme constamment en amertume jusqu’à sa mort, jusqu’au dernier plan, dans ce cimetière, où, statufiée, emprisonnée dans une image infidèle, elle reste seule face à la foule qui s’éloigne et au cinéma qui reprend ses droits.

    La comtesse aux pieds nus, Ava Gardner, cinéma, film, Humphrey Bogart

    La photographie (du chef opérateur anglais Jack Cardiff) même (à l’exception des images de l’enterrement) rappelle les couleurs chatoyantes d’un conte de fée, ce qui n’en fait pas pour autant un film suranné mais, au contraire, en fait une œuvre particulièrement intemporelle dans la description de ces univers, éternels théâtres de vanités même si Mankiewicz dira que « le prince charmant aurait dû, à la fin, se révéler homosexuel, mais je ne voulais pas aller aussi loin" , limitant la modernité du film (même si deux plans y font référence) mais aussi dans la description de la solitude de l’artiste, auréolé de mystère.

    La mise en abîme, les flashbacks, l’intelligence des ellipses, la qualité de la voix off, la juste description de théâtre de faux semblants, les similitudes avec la réalité du cinéma hollywoodien de l’époque, tout cela en fait un classique mais, sans doute, sans les présences d’Humphrey Bogart et d’Ava Gardner n’aurait-il pas laissé une telle empreinte dans l’histoire du cinéma. Le premier interprète à la perfection ce personnage doucement désenchanté, mélancolique, lucide, fidèle, intègre, à la fois figure paternelle, protectrice et même psychanalyste de Maria. Et que dire d’Ava Gardner ? Resplendissante, étincelante, elle illumine le film, empreinte, à  l’image de celui-ci, de beauté tragique, et symbolise la liberté entravée. Personnage de conte de fée aux rêves brisés pour qui rien ne semblait impossible, même transformer la lune en projecteur et qui, peut-être, n’aura été heureuse et elle-même que l’espace d’une danse, sublime et qu’elle sublime,  au milieu de gitans, bohême, libre, animale, sensuelle, et l’instant d’un regard croisé ouvrant sur un océan de possibles.

     Ne pas oublier non plus Edmond O’Brien qui reçut l’Oscar et le Golden Globe du meilleur second rôle masculin, en 1954. Mankiewicz fut, quant à lui, nommé pour la meilleure histoire et le meilleur scénario original.

    En revoyant « La Comtesse aux pieds nus », des années après l’avoir revu de nombreuses fois, j’ai à nouveau été marquée par sa beauté désespérée, par sa justesse, et même par sa modernité, par la voix traînante et inimitable de Bogart, par l’élégance lumineuse et triste d’Ava Gardner, par le mystère de ce personnage noble épris d’absolu, être insaisissable et « féérique», presque irréel, dont, finalement, personne ne sondera les contours. Che sara sara : ce qui doit être sera, vieux dicton italien cité dans le film aux allitérations et assonances (et évidemment à la signification) portant la même beauté traînante et mélancolique que cette « Comtesse aux pieds nus » au destin fatal et à la magie tragique et non moins ensorcelante.

  • Partenariat - Mes critiques du mois sur le site internet de Canal +: "Dans les forêts de Sibérie" Sur Canal + cinéma ce soir

    cinéma, Canal +, film, In the mood for cinema, critique, Safy Nebbou, Raphaël Personnaz, Dans les forêts de Sibérie

    Chaque mois désormais, vous pourrez retrouver une de mes critiques sur le site officiel de Canal +, celle du film du mois diffusé sur la chaîne que je vous recommande. Pour avril, nous commençons ainsi avec "Dans les forêts de Sibérie" de Safy Nebbou. Et ne manquez pas la première diffusion du film ce soir sur Canal + cinéma, à 20H50. Cliquez ici pour lire ma critique sur le site de Canal +.