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IN THE MOOD FOR CINEMA - Page 482

  • Mon bilan de l'année cinéma 2009 (version courte publiée dans le journal de l'ENA)

    noces.jpgIl y a quelques jours, je publiais mon bilan de l'année cinéma 2009 dans sa version longue , ici . Je vous propose aujourd'hui la version courte, telle que publiée dans le journal de l'ENA (l'ENA hors les murs) de janvier prochain, en attendant demain et le retour de mes articles en direct.

    Vous pouvez aussi toujours donner votre top 10 de l'année cinématographique et retrouver le mien, en cliquant ici.

    Selon Jean Renoir, « L'art du cinéma consiste à s'approcher de la vérité des Hommes et non pas à raconter des histoires de plus en plus surprenantes ». En 2009, le cinéma, plus que jamais, semble s'être divisé en deux parties bien distinctes,  à l'image d'un monde lui-même écartelé, avec d'un côté, des films ancrés dans la réalité, cherchant à la disséquer, à approcher la vérité, de l'autre des films, souvent fantastiques, de plus en plus surprenants, a priori éloignés du réel. Cette année aura été celle de la diversité : entre comédies classiques et cinéma engagé, succès et échecs inattendus... L'oxymore du titre d'un des premiers grands succès de cette année 2009, Slumdog Millionaire -slumdog signifiant chien des taudis- (auréolé de 8 Oscars) est à l'image de cette année cinématographique : riche de contradictions.

    Un besoin de vérité et d'évasion : entre cinéma de l'intime et grand spectacle

    Le point commun entre les grands succès de cette année est le besoin d'évasion, aussi bien des spectateurs souhaitant échapper à une actualité morose que des personnages des films, prisonniers de leur réalité ou même d'un univers carcéral au sens propre avec, d'un côté, des films intimistes, centrés sur la « cellule » familiale ou amoureuse,  de l'autre des films à grand spectacle, souvent fantastiques.

    Le grand succès critique  de cette année, « Un Prophète » témoigne de ce désir insaisissable de liberté, tout en conciliant drame intime et universel, habile métaphore de la société (à l'intérieur de la prison) et génie poétique de son réalisateur Jacques Audiard. « Qu'un seul tienne et les autres suivront », premier long métrage choral réussi de Léa Fehner avait d'ailleurs pour cadre ce même univers carcéral.

    Entre le film phénomène Paranormal Activity (11000 $ de budget pour plus de 20 millions de $ de recettes rien qu'aux Etats-Unis), Harry potter et le prince de sang mêlé, 2012, Twilight (respectivement 2ème,  7ème, 11ème-pour le chapitre 1- du box office français) mais aussi The box, les succès de cette année auront témoigné de cette envie d'ailleurs et de fantastique, de même avec L'étrange histoire de Benjamin Button de David Fincher, une brillante allégorie sur l'effroyable écoulement  du temps.

    A l'inverse, cette année aura été aussi celle de films intimistes avec des personnages prisonniers d'un quotidien suffocant comme dans le chef d'œuvre de cette année 2009, Les noces rebelles de Sam Mendès réflexion palpitante sur les idéaux de jeunesse, la cruauté de la réalité, la médiocrité,  l'hypocrisie et le conformisme de la société mettant en scène un couple unique et universel. On retrouve cette même volonté d'échapper au quotidien notamment dans Joueuse de Caroline Bottaro,  dans le film de Catherine Corsini au titre significatif Partir ou encore dans Melle Chambon, le bijou de délicatesse de S.Brizé qui fait de ses personnages des héros du quotidien emprisonnés dans un fier et douloureux silence, dans la lancinance de l'existence. C'est aussi cette vérité humaine que capte magistralement Xavier Giannoli dans le bien nommé A l'origine, dans lequel le mensonge qui va étouffer, porter,  puis enchaîner son personnage principal  (d'ailleurs ancien prisonnier) sera le moyen d'échapper à cette prison.

    Il est évidemment impossible de clore cette partie sans parler d'Avatar, révolution technique, film le plus cher de tous les temps, vibrant plaidoyer pour la défense de la planète et expérience cinématographique visuellement vertigineuse, voyage spectaculaire dans l'imaginaire qui en célèbre la magnifique force, créatrice et salvatrice. Finalement un film qui, aussi éloigné de la réalité puisse-t-il paraître, nous ramène aux blessures de notre époque, plus engagé et ancré dans le réel qu'il n'y paraît.

    Un cinéma engagé et ancré dans le réel

    En 2009 le cinéma cherche aussi plus que jamais à éveiller les consciences, à se faire le miroir informant du monde, le reflet de sa poésie mais aussi de ses colères, ses blessures. Home, le documentaire de Yann Arthus-Bertrand projeté dans 130 pays, visuellement époustouflant, et loin d'être exempt de contradictions a le mérite de vouloir (r)éveiller les consciences, individuelles et politiques. Avec la même optique, Nicolas Hulot, avec Le syndrome du Titanic a connu un cuisant échec.

    C'est une autre cruelle réalité,  de l'Amérique latine, que deux metteurs en scène ont filmée, et qui a coûté la vie au premier d'entre eux : Christian Poveda dans La vida  loca et Cary Joji Fukunaga dans Sin nombre, éclairage édifiant sur la sombre et impitoyable réalité des gangs dont le style documentaire (caméra à l'épaule) épouse judicieusement l'impression de rage, de d'urgence que connaissent les personnages principaux en lesquels  combattent innocence et violence, rage de vivre et de tuer pour vivre. Cette cruelle réalité est aussi celle de l'immigration également présente dans Eden à l'ouest de Costa-Gavras.  Dans  Puisque nous sommes nés, Jean-Pierre Duret et Andrea Santana, par des images d'une beauté âpre, nous montrent quant à eux un Brésil où règne  la ségrégation économique mais qui semble là-bas être devenue une morne habitude.

    Le cinéma permet aussi de donner de la voix à une révolte étouffée, celle de la jeunesse iranienne dans le lyrique Les Chats persans  de Bahman Ghobadi qui suit le  bouillonnement musical underground  et qui exprime l'audace, la révolte, la fureur de vivre de la jeunesse iranienne qui manifeste, et même joue de la musique au péril de sa vie, la transformant en acte de résistance pacifiste.

    Avec L'armée du crime, c'est à une autre résistance d'une autre armée des ombres que Guédiguian, avec solennité et sobriété, rend hommage, celle de juifs résistants et communistes tandis qu'Haneke avec le multi primé « Le Ruban blanc «  (notamment palme d'or 2009) poursuit son examen de la violence en décortiquant ici les racines du nazisme, par une démonstration implacable et saisissante et grâce à la somptuosité glaciale  et glaçante de la réalisation, le  ruban blanc étant le signe ostentatoire d'un passé qui voulait se donner le visage de l'innocence.

    Avec The Messenger, grand prix du Festival du Cinéma Américain de Deauville, Oren Movermann stigmatise les conséquences effroyables de la guerre en Irak et ses douleurs et horreurs indicibles.

    Avec « Rapt » (inspiré de l'affaire du Baron Empain) Lucas Belvaux analyse la barbarie et l'inhumanité contemporaines mais dénonce aussi, en filigrane, les outrances des médias, lunatiques et amnésiques. Comme François Favrat, dans La Sainte-Victoire, il met en scène une société de l'image où cette dernière l'emporte sur les faits. Il montre comment, un homme politique, malgré son intégrité, pour appliquer sa politique, machiavélien sans être machiavélique va devoir renoncer à certaines de ses idées pour en défendre d'autres et pour conserver le pouvoir.

    Les succès de l'année, habituels ou inattendus : la comédie à l'honneur

    Outre le cinéma fantastique, le grand vainqueur de cette année 2009 aura été la comédie, l'humour ayant été plus que jamais « la politesse du désespoir ». Ce sont surtout des comédies sur l'enfance et l'adolescence, essentiellement françaises, qui ont emporté l'adhésion du public au premier rang desquelles Le petit Nicolas (plus de 5 millions d'entrées),  LOL  (3,6 millions d'entrées), Neuilly sa mère (2, 5 millions d'entrées)... sans oublier le phénomène  Twilight  également destiné à un public adolescent. Le grand vainqueur du box office français de cette année est une comédie d'animation qui totalise plus de 7, 8 millions de spectateurs : L'Age de glace 3.

    Et puis il y a ceux qui, films après films, continuent à nous surprendre: Clint Eastwood avec Gran Torino, un film qui nous enserre subrepticement dans son univers et nous assène le coup (et le moment) de grâce au moment où nous nous y attendons le moins ; Woody Allen qui, avec Whatever works parvient  encore à nous émouvoir et nous étonner, avec une  audace toujours aussi réjouissante, avec cet hymne à la liberté amoureuse ou artistique, et à la vie et ses « hasards dénues de sens» ; Alain Resnais enfin qui, bien qu'octogénaire, avec Les herbes folles a signé le film le plus fou, jeune, inventif, iconoclaste de cette année.

    De grands rôles plus que de grands films

    Cette année 2009  aura surtout offert de beaux personnages permettant à des acteurs de se révéler et à d'autres de revenir là où on ne les attendait pas : celle qui, en recevant son prix d'interprétation à Cannes a espéré que son père aurait été « fier et choqué », Charlotte Gainsbourg  pour  Antéchrist  mais aussi Isabelle Adjani dans le rôle inattendu d'un professeur de banlieue (La Journée de la jupe de Jean-Paul Lilienfeld ) dans un film au départ destiné seulement à la télévision ; Mickey Rourke en boxeur dans The Wrestler  sans oublier Kate Winslet dont, dans les Noces Rebelles, chacune de ses expressions contient une infinitude de possibles ou encore Yvan Attal, époustouflant dans Rapt, émacié, méconnaissable avec son regard  renversant d'homme blessé et seul mais digne.  Il faudrait encore parler de Penelope Cruz d'une mélancolie resplendissante dans Etreintes brisées ; Vincent Lindon  dans  Welcome et Melle Chambon tout en violence et sensibilité, certitudes et fêlures, force et fragilité. François Cluzet dans A l'origine incarne, quant à lui, un personnage énigmatique et dense qui, porté par un acteur au sommet de son art, nous emporte totalement  dans ses mensonges et ses contradictions.  

    Quant aux révélations : Firat Ayverdi dans  Welcome mais surtout Tahar Rahim dans Un Prophète  qui campe un personnage à la fois fragile, énigmatique, égaré,  malin,  angélique et (puis) diabolique dont le regard et la présence, le jeu nuancé magnétisent l'écran mais aussi Christoph Waltz, acteur autrichien méconnu, lauréat du prix d'interprétation à Cannes.

     Mais sans doute les plus bouleversants ont-il été deux acteurs à qui la magie du cinéma a redonné vie dans L'Enfer d'Henri-Georges Clouzot : Romy Schneider et Serge Reggiani, la première qui hante, capture, éblouit l'écran, dont le jeu témoigne d'une fascinante modernité et face à elle, Reggiani qui épouse le visage de la folie maladive avec une rage bouleversante.

    Un cinéma de la mise en abyme

    Peut-être parce que, comme le disait  Truffaut « Les films sont plus harmonieux que la vie. Il n'y a pas d'embouteillages dans les films, il n'y a pas de temps mort » le cinéma a-t-il autant été mis à l'honneur cette année, à commencer dans le film précité,  une expérience visuelle et sonore, sensuelle, novatrice et éblouissante qui prouve qu'il n'est peut-être pas nécessaire d'atteindre le budget d'Avatar pour innover et surprendre, ce que Clouzot avait réussi avec ces images de 1964.

    Avec Etreintes brisées, Pedro Almodovar, livre lui aussi  une véritable déclaration d'amour au cinéma qui y est paré de toutes les vertus même celle de l'immortalité, un film d'une gravité mélancolique dans lequel,  cinéma et réalité se répondent, s'imbriquent, se confondent. Avec Inglourious basterds Quentin Tarantino  signe une leçon et une déclaration d'amour fou et d'un fou magnifique au cinéma à tel point qu'il permet de réécrire la page la plus tragique de l'Histoire  

     Evidemment, on ne peut évoquer ces films sur le cinéma sans songer au Bal des actrices de Maïwenn, à Visage de Tsaï Ming-Liang,  Le père de mes enfants de Mia Hansen-Love... D'autres films ont aussi évoqué le cinéma de manière plus métaphorique comme  Gran Torino dans lequel un  mythe du cinéma américain que représente Clint Eastwood fait preuve d'autodérision en faisant se répondre et confondre subtilement cinéma et réalité, son personnage et sa vérité, pour nous livrer un visage à nu et déchirant et  nous donner une belle leçon d'espoir, de vie, d'humilité et de cinéma...

    Nombreux sont donc ainsi les cinéastes à avoir  signé des films de cinéphiles, des mises en abyme savoureuses, des déclarations passionnées au cinéma mais finalement aussi des hymnes à la vie que le cinéma exhale et exalte.

    2009 aura donc été une année phare pour la comédie et le cinéma fantastique mais aussi  pour les films de genre(s) conciliant les paradoxes et les transcendant. 2009 aura vu le cinéma redevenir un évènement (sorties savamment orchestrées : This is it, Avatar, Home...), s'inventer et se réinventer des mythes et des légendes. Plus que jamais, le cinéma aura signifié un besoin de rêve et d'évasion, un retour aux sources de l'enfance et de l'adolescence et, même si « la vraie vie est ailleurs », comme pour Rimbaud et dans le titre du film de Frédéric Choffat, c'est aussi dans son propre reflet et univers que le cinéma en trouve finalement les clefs, en décèle les failles et les remèdes. Peut-être que finalement l'art du cinéma, en 2009, consistait à concilier cet apparent paradoxe défini par Renoir : s'approcher de la vérité des hommes tout en ne cessant pas de nous surprendre ...

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  • Ce soir, ne manquez pas "Louis XV le soleil noir" de Thierry Binisti, sur France 2!

    soleil3.jpgJe vous en parlais déjà il y a quelques jours, ce soir, à 20H35, sur France 2, sera diffusé le documentaire fiction "Louis XV le soleil noir" de Thiery Binisti, avec Stanley Weber dans le rôle du roi, un divertissement pédagogique passionnant que je vous recommande sans aucune réserve!

    Cliquez ici pour lire ma critique en avant-première de "Louis XV le soleil noir" et pour voir la bande annonce.

  • Away I go...

    Les articles en direct reprendront très bientôt de plus belle sur inthemoodforcinema.com avec, dès mon retour, la critique des films " Le Siffleur",  "Le dernier vol", de nouvelles destinations touristiques, mon bilan plus personnel de l'année cinématographique écoulée et de nombreux nouveaux articles...et je vous le promets d'ores et déjà, de très belles surprises pour 2010!

     En attendant, je vous souhaite un:

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  • Concours: 10x2 places pour "Cracks" de Jordan Scott avec Eva Green...

    cracks.jpgComme c'est noël, de nouveau un concours très simple et 10x2 places de cinéma à gagner, cette fois pour "Cracks" de Jordan Scott avec Eva Green...

    Pour remporter ces places, rien de plus simple, soyez parmi les 10 premiers à m'envoyer vos coordonnées avec pour intitulé de votre email "concours cracks" à inthemoodforcinema@gmail.com .

    Bonne chance et joyeuses fêtes de noël à tous!

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  • Bande annonce de "Mother" de Bong Joon-ho

    mother2.jpgVoici la bande annonce du très beau film de Bong Joon-ho, "Mother", qui sortira en salles le 27 janvier prochain .

    Retrouvez ma critique de "Mother" en avant-première, en cliquant ici et mon interview de son réalisateur Bong Joon-ho, en cliquant ici.


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  • "Les chats persans" de Bahman Ghobadi : à ne surtout pas manquer aujourd'hui!

    leschatspersans.jpgJe vous rappelle que c'est aujourd'hui que sort en salles le très beau film de Bahman Ghobadi, "Les chats persans", qui figure dans mon top 10 de cette année 2009 et que je vous recommande donc vivement.

    Cliquez ici pour voir mes vidéos du passionnant débat avec l'équipe du film ainsi que pour lire ma critique du film.

    Cliquez ici pour voir la bande annonce et écouter une partie de la très belle bande originale du film

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  • Avant-première – Louis XV à Versailles (Louis XV le soleil noir de Thierry Binisti ) sur France 2, le 25 décembre, à 20H35

    soleil3.jpgIl y a quelques semaines, France 2 m'envoyait le documentaire-fiction « Louis XV à Versailles » et le documentaire « Versailles, la vie dorée » en prévision d'une soirée exceptionnelle consacrée au XVIIIème siècle,  le 25 décembre, à 20H35. J'ai donc commencé par le documentaire-fiction « Louis XV le soleil noir » malgré mes réticences envers ce genre hybride et la crainte d'une vulgarisation trop simpliste de l'Histoire. Rapidement mes réticences ont volé en éclats tant j'ai été, dès les premières minutes, agréablement stupéfaite par la qualité de ce que je regardais. Je dois l'avouer : je m'attendais à des images ternes, un jeu approximatif, une Histoire anecdotique et simplifiée. Quelle ne fut donc pas ma surprise devant ces costumes et des décors (le tournage a eu lieu à Versailles) somptueux, cette photographie d'une beauté crépusculaire, et la qualité des textes et de l'aspect historique !

     Pris entre le Roi soleil (Louis XIV) et le roi conduit à l'échafaud (Louis XVI), Louis XV reste  ainsi pour le public un roi sans visage et sans destin, sans légendes et sans images. Une éclipse troublante alors que Louis XV -sa personne, sa trajectoire, son époque- offre une matière d'une richesse dramaturgique égale à sa complexité.  En effet, c'est au cours des cinquante années de règle de Louis XV (1724-1774) que se développèrent des idées et des modes de vie nouveaux qui ont déterminé notre Histoire...

     Louis XV est en effet à l'image de cette éclipse totale de 1724 à laquelle il assista : un roi éclipsé par son prédécesseur, le roi soleil dont personne n'ignorait le rayonnement auquel s'oppose donc ce titre de « soleil noir ». Louis XV, roi méconnu, souvent réduit à une caricature de roi léger et frivole, et à qui aucun film n'avait encore été consacré ! Il apparaît ici dans toute sa complexité, profond, mélancolique, taciturne, avec certes un goût prononcé pour le libertinage.

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     La combinaison astucieuse entre fiction et documentaire permet d'explorer la politique et l'intime, la vie quotidienne et les faits historiques mais aussi d'humaniser le roi (et même de le rendre presque contemporain et attachant,  tout en restant fidèle à l'Histoire) passionné de science, orphelin, solitaire, incapable de s'attacher, un personnage complexe loin de l'image du roi frivole à laquelle on voulait le réduire.

     Ce documentaire-fiction a Versailles pour seul cadre et au lieu de le restreindre et de restreindre l'horizon, cette unité de lieu cristallise et symbolise au contraire les contradictions de la société et le bouillonnement artistique et intellectuel de l'époque, un bouillonnement auquel, au début de son règne, le roi fut sensible,  il termina pourtant son règne dans la déchéance et la haine.

     Le portrait nuancé de Louis XV nous permet aussi de mieux appréhender ce siècle des philosophes, des arts et des sciences, du goût et de la liberté, les débats d'idées de d'Alembert et Diderot mais aussi la colère sourde du peuple, quinze ans avant la révolution ; les fondements de la modernité et les éléments qui vont conduire à la fin de la monarchie.

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     Et puis il y a Versailles, tantôt gris ou éblouissant, prison dorée ou astre étincelant, Versailles et sa magnificence, filmé la plupart du temps en contre-plongée pour signifier le poids écrasant qu'il représentait pour le roi.

     Dans le rôle de Louis XV, Stanley Weber (fils d'un certain Jacques) est absolument incroyable. Même lorsqu'il joue Louis XV à la fin de sa vie il nous fait oublier, par la densité de son jeu, son jeune âge, incarnant le roi avec un mélange de puissance et de fragilité, à la fois majestueux et mélancolique, avec un jeu d'une justesse et d'une intensité rares. Il faudrait aussi évoquer toute la distribution grâce à la justesse du jeu de laquelle on a vraiment l'impression de déambuler dans les couloirs de Versailles, tant leur jeu nous donne à croire qu'ils appartiennent réellement au siècle des Lumières. Il m'a même semblé reconnaître deux élèves du cours Cochet prouvant une nouvelle fois à quel point c'est un vivier de grands comédiens.

     Après « Apocalypse », France Télévisions nous propose une nouvelle fois un divertissement pédagogique passionnant de très grande qualité, aussi bien dans le fond que dans la forme.  Je vous  recommande cette immersion dans les allées tumultueuses de Versailles et dans les mystérieux murmures de l'Histoire, dans le bouillonnant siècle des Lumières et dans la personnalité tourmentée de Louis XV, sans aucune réserve. Jeudi 25 décembre, à 20H35, sur France 2.