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  • "Welcome" de Philippe Lioret, ce soir, à 20H50, sur Canal+

    Ce soir, Canal plus, à 20H50 diffuse "Welcome", le film de Philippe Lioret reparti bredouille des César malgré ses 10 nominations. Ma critique, ci-dessous (publiée lors de la sortie du film en salles):

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    Pour impressionner et reconquérir sa femme Marion (Audrey Dana), Simon (Vincent Lindon), maître nageur à la piscine de Calais (là où des centaines d’immigrés clandestins tentent de traverser pour rejoindre l’Angleterre, au péril de leur vie)  prend le risque d’aider en secret un jeune réfugié kurde, Bilal (Firat Ayverdi) qui tente lui-même de traverser la Manche pour rejoindre la jeune fille dont il est amoureux, Mina (Dira Ayverdi).

     

    Cela faisait un peu plus d’un an que j’attendais la sortie de ce film, depuis que Philippe Lioret l’avait évoqué avec un enthousiasme débordant lors du Salon du Cinéma 2008… Alors ? Alors…

     

    La première demi-heure, intense, âpre, au style documentaire  suit au plus près Bilal ( au plus près de son visage, de ses émotions, de sa douleur, de ses peurs)  et nous embarque d’emblée dans son parcours périlleux. Il nous embarque et il conquiert dès les premières minutes notre empathie, notre révolte aussi contre une situation inhumaine, encore à ce jour insoluble, mais contre laquelle se battent des bénévoles comme Audrey tandis que d’autres préfèrent fermer les yeux comme Simon. La réalité sociale sert ensuite de toile de fond lorsqu’apparaît Simon, et avec son apparition c’est le documentaire qui cède le pas à la fiction.

     

    Jusqu’où iriez-vous par amour ? Tel était le slogan du précèdent film dans lequel jouait Vincent Lindon : « Pour elle ». Tel pourrait aussi être celui de « Welcome ». Ce n’est, au début, pas vraiment par altruisme qu’agit Simon mais plutôt avec l’intention d’impressionner Marion, de lui prouver qu’il n’est pas comme eux, comme ceux qui baissent la tête au lieu d’agir, comme ceux qui font éclater ou  renaître un racisme latent et peu glorieux qui rappelle de tristes heures, et qui rappelle aux étrangers qu’ils sont tout sauf « welcome ».

     

     Peu à peu Bilal,  son double,  va ébranler les certitudes de Simon, Simon qui se réfugiait dans l’indifférence, voire l’hostilité, aux étrangers qu’il croisait pourtant tous les jours. L’un fait face à son destin. L’autre lui a tourné le dos. L’un a été champion de natation, mais n’a pas réalisé ses rêves. L’autre rêve de devenir champion de football. Mais l’un et l’autre sont prêts à tout pour reconquérir ou retrouver la femme qu’ils aiment. L’un et l’autre vont s’enrichir mutuellement: Simon va enseigner  la natation à Bilal, et Bilal va lui à ouvrir les yeux sur ce qui se passe autour de lui.

     

    Le film doit beaucoup à l’interprétation de Vincent Lindon (toujours aussi exceptionnel), tout en violence et sensibilité, en force et fragilité. Il manie et allie les contradictions et les ambiguïtés de son personnage avec un talent époustouflant,  faisant rapidement oublier ces  déstabilisantes minutes de changement de ton et de passage du style documentaire à la fiction (ce parti pris initial de documentaire aurait peut-être été plus intéressant, mais nous aurait  certes privés de l’incroyable prestation de Vincent Lindon et aurait aussi privé le film d’un certain nombre de spectateurs). L’interprétation du jeune Firat Ayverdi  et des   autres acteurs, également non professionnels, est  elle aussi  troublante de justesse et contribue à la force du film.

     

    Philippe Lioret a coécrit le scénario avec Emmanuel Courcol, Olivier Adam (avec lequel il avait déjà coécrit « Je vais bien, ne t’en fais pas »),   un scénario d’ailleurs parfois un peu trop écrit donnant lieu à quelques invraisemblances (en contradiction avec l’aspect engagé du film et la réalité de  sa toile de fond) qui tranche avec l’aspect documentaire du début ( histoire de la bague un peu téléphonée) mais permet aussi de souligner certaines réalités par des détails qu’un documentaire n’aurait pas forcément pu saisir (quoique) comme cette annonce d’une avalanche aux informations et de ses quelques victimes qui semblent alors disproportionnées face à cette autre réalité passée sous silence, comme ce marquage, s'il est réel, absolument insoutenable et intolérable.

     

    La photographie aux teintes grisâtres et la mise en scène appliquée de Philippe Lioret s’efface devant son sujet, devant ses personnages surtout, toujours au centre de l’image, souvent en gros plan, ou du moins en donnant l’impression tant ils existent et accrochent notre regard.

     

    Peut-être aurait-il été encore plus judicieux que cette réalisation  soit empreinte de la même rage et de la même tension que ceux dont elle retrace l’histoire, et peut-être est-ce ce qui manque à ce film aux accents loachiens pour qu’il ait la saveur d'un film de Loach. Peut-être aussi est-ce la raison pour laquelle je suis finalement restée sur la rive.  Sans doute est-ce lié à l’attente suscitée depuis plus d’un an par ce film mais plus certainement encore par le souvenir indélébile, forcément plus viscéral et plus âpre, plus marquant parce que réel,  de centaines de clandestins, dans un autre port, dans un autre pays, mais si semblables, sans doute ce souvenir de la réalité d’une souffrance inouïe soudainement sous mes yeux et si tangible prise en pleine face m’a -t-il réellement et  autrement fait prendre conscience de cette douloureuse et insoutenable réalité: chaque visage (souvent très très jeune) entrevu alors portant sur lui, à la fois si pareillement et si différemment,  la trace d’une longue et inconcevable route, d’une histoire  douloureuse, d’une détermination inébranlable, d’un pays pour lui inhospitalier, inique ou en guerre et à quel point la réalité du pays qu’ils ont quittée devait être violente et insupportable pour qu’ils aient le courage et/ou l’unique issue de prendre tous ces risques et de se confronter à la réalité de pays qui ne souhaitent ou du moins ne savent pas forcément davantage  les accueillir et panser leurs plaies.

     

    Philippe Lioret, par ce film indéniablement engagé, a le mérite de mettre en lumière une part d’ombre de la société française, et plus largement de violentes et flagrantes disparités mondiales. Le film en est à sa cinquième semaine d’exploitation et prouve ainsi que le public ne s’intéresse pas seulement aux comédies formatées que les diffuseurs s’acharnent à lui proposer et que l’âpreté d’un sujet, pourvu qu’il soit traité avec sensibilité et intelligence, pouvait aussi susciter son intérêt et le faire se déplacer en nombre. Alors à quand « Welcome » à 20H30 sur TF1 ? Il n’est pas interdit de rêver…

     

    Sandra.M

  • Cérémonie et Palmarès des Prix Lumières 2009 à l’Hôtel de Ville de Paris

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    lumieres1.jpgAprès  France 2 hier midi (récit à suivre sur le blog), direction l'hôtel de ville pour la remise des Prix Lumières du cinéma 2009 dans ses somptueux salons servant pour la première fois de cadre à la cérémonie qui célébrait sa quinzième édition. Pour l'occasion, un générique prestigieux avait été réuni : Régis Wargnier (président d'honneur de la cérémonie), la très et trop rare Isabelle Adjani, Xavier Giannoli, Patrick Poivre d'Arvor, Charles Berling, Firat Ayverdi (la découverte de « Welcome » de Philippe Lioret), Mathilda May...

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    A l'instar des Golden globes américains (dont vous pourrez retrouver le palmarès sur inthemoodforcinema.com), les Lumières récompensent les meilleurs artistes du cinéma français et francophone de l'année écoulée. Egalement à l'instar des Golden Globes, ces prix préfigurent en général les César. A n'en pas douter la tonalité en sera donc engagée et politique (Haïti, l'identité nationale- Régis Wargnier a ainsi évoqué un « débat truqué et tronqué »- se sont invitées à la cérémonie...) et « Un Prophète » sera sans aucun doute à l'honneur.  Pour son très beau film "Un Prophète" (dont vous pouvez retrouver ma critique en cliquant ici) Jacques Audiard a ainsi reçu le prix du meilleur réalisateur et le jeune Tahar Rahim (absent tout comme Jacques Audiard pour cause de Golden globes) a reçu le prix du meilleur acteur, des acteurs reconnus aux carrières prestigieuses étaient ainsi nommés pour ce prix alors que la sienne débute tout juste (ce qu'il a reconnu avec beaucoup d'humilité, voire vidéo ci-dessous, un prix non moins mérité): Vincent Lindon (particulièrement convaincant dans « Welcome » pour lequel il était nommé mais davantage encore à mon avis dans « Melle Chambon »), Yvan Attal (sidérant dans « Rapt »), François Cluzet (bluffant dans « A l'origine" ), Romain Duris (nommé pour « Persécution » que je n'ai pas encore vu) .

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    Mia Hansen-Love a reçu le prix du scénario pour "Le Père de mes enfants" (prouvant ainsi, contrairement à une remarque initiale du remettant de son prix, Frédéric Beigbeder, qu'un scénario peut être écrit seul, même si elle était l'unique nommée dans cette catégorie à avoir écrit son scénario seule), un prix mérité pour un film que je vous recommande à nouveau. 

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     La surprise est venue de « Welcome » de Philippe Lioret récompensé du prix du meilleur film, sans doute autant pour ses qualités (certaines) que pour son sujet...

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    Le moment d'émotion pendant lequel la salle a suspendu son souffle  est évidemment venu d'Isabelle Adjani (voir ma vidéo dans l'article ci-dessous ou en cliquant ici).

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    Des récompenses qui ont une nouvelle fois montré à quel point le cinéma est un métier de passion, de liberté, d'obstination, voire de déraison...et parfois même de « courage » pour reprendre le terme d'Isabelle Adjani.

    La seule faute de goût de cette cérémonie s'étant jusque-là parfaitement déroulée et sans trop de formalités malgré son lieu chargé d'Histoire et d'apparats est sans doute « Danse macabre » de Pedro Pires ,  le court-métrage mis à l'honneur (projeté lors de la cérémonie) un cheminement funeste certes très esthétique qui fait danser le cinéma avec la mort mais au sujet d'un réalisme déprimant qui aurait difficilement pu être plus angoissant... (si vous voulez commencer votre journée avec optimisme et entrain, rengardez-donc la bande-annonce  de ce ballet macabre ci-dessous...).

    La cérémonie a été ponctuée de deux hommages : l'un à Jocelyn Quivrin (lauréat 2007 du prix Lumières du meilleur espoir masculin), l'autre à Eric Rohmer. Le court-métrage écrit et réalisé par Jocelyn Quivrin  « Acteur » a ainsi été projeté (voir sa bande annonce ci-dessous), un film qui, selon Frédéric Beigbeder qui lui a rendu hommage, montre combien l'acteur en question ne « voulait pas séparer le cinéma de la vie » et qu'il savait « rester naturel dans des conditions qui ne sont pas naturelles. » Ironie du sort, Jocelyn Quivrin devait réaliser « Maestro », un long-métrage inspiré de sa rencontre avec...Eric Rohmer.


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    La soirée s'est terminée par un cocktail dans les salons dorés de l'hôtel de ville en présence des lauréats et remettants, l'occasion de passer une excellente soirée en compagnie de mes collègues blogueuses de Esprit paillettes et Cinémaniac sur les blogs desquelles vous trouverez également un compte rendu de la cérémonie et de cette fin de soirée qui a davantage ressemblé à une danse joyeuse dans les dédales majestueux de la mairie de Paris... qu'à une "danse macabre".

     PALMARES « LES LUMIERES 2009 »

    Meilleur Film - « Welcome » de Philippe Lioret

    Meilleur Réalisateur - Jacques AUDIARD pour « Un prophète »

    Meilleur Scénario - Mia HANSEN-LOVE pour « Le Père de mes enfants »

    Meilleur Acteur - Tahar RAHIM pour « Un prophète » de Jacques Audiard

    Meilleure Actrice - Isabelle ADJANI pour « La Journée de la jupe » Jean-Paul Lilienfeld

    Meilleur Espoir Féminin - Pauline ETIENNE pour « Qu'un seul tienne et les autres suivront » de Léa Fehner.

    Meilleur Espoir Masculin - Vincent LACOSTE et Anthony SONIGO pour « Les Beaux Gosses » de Riad Sattouf

    Meilleur Film Francophone - « J'ai tué ma mère » de Xavier Dolan (Québec)

    Prix du Public mondial TV5Monde - « Où est la main de l'homme sans tête » de Stéphane et Guillaume MALANDRIN (Belgique, Pays-Bas, France)

    Prix de la CST (Commission supérieure technique de l'image et son) - Glynn SPEECKAERT directeur photo pour « À l'origine » de Xavier Giannoli.

    D'autres photos et vidéos viendront prochainement enrichir cet article...

  • « Welcome » de Philippe Lioret avec Vincent Lindon, Firat Ayverdi, Audrey Dana…: critique du film

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    Pour impressionner et reconquérir sa femme Marion (Audrey Dana), Simon (Vincent Lindon), maître nageur à la piscine de Calais (là où des centaines d’immigrés clandestins tentent de traverser pour rejoindre l’Angleterre, au péril de leur vie)  prend le risque d’aider en secret un jeune réfugié kurde, Bilal (Firat Ayverdi) qui tente lui-même de traverser la Manche pour rejoindre la jeune fille dont il est amoureux, Mina (Dira Ayverdi).

     

    Cela faisait un peu plus d’un an que j’attendais la sortie de ce film, depuis que Philippe Lioret l’avait évoqué avec un enthousiasme débordant lors du Salon du Cinéma 2008… Alors ? Alors…

     

    La première demi-heure, intense, âpre, au style documentaire  suit au plus près Bilal ( au plus près de son visage, de ses émotions, de sa douleur, de ses peurs)  et nous embarque d’emblée dans son parcours périlleux. Il nous embarque et il conquiert dès les premières minutes notre empathie, notre révolte aussi contre une situation inhumaine, encore à ce jour insoluble, mais contre laquelle se battent des bénévoles comme Audrey tandis que d’autres préfèrent fermer les yeux comme Simon. La réalité sociale sert ensuite de toile de fond lorsqu’apparaît Simon, et avec son apparition c’est le documentaire qui cède le pas à la fiction.

     

    Jusqu’où iriez-vous par amour ? Tel était le slogan du précèdent film dans lequel jouait Vincent Lindon : « Pour elle ». Tel pourrait aussi être celui de « Welcome ». Ce n’est, au début, pas vraiment par altruisme qu’agit Simon mais plutôt avec l’intention d’impressionner Marion, de lui prouver qu’il n’est pas comme eux, comme ceux qui baissent la tête au lieu d’agir, comme ceux qui font éclater ou  renaître un racisme latent et peu glorieux qui rappelle de tristes heures, et qui rappelle aux étrangers qu’ils sont tout sauf « welcome ».

     

     Peu à peu Bilal,  son double,  va ébranler les certitudes de Simon, Simon qui se réfugiait dans l’indifférence, voire l’hostilité, aux étrangers qu’il croisait pourtant tous les jours. L’un fait face à son destin. L’autre lui a tourné le dos. L’un a été champion de natation, mais n’a pas réalisé ses rêves. L’autre rêve de devenir champion de football. Mais l’un et l’autre sont prêts à tout pour reconquérir ou retrouver la femme qu’ils aiment. L’un et l’autre vont s’enrichir mutuellement: Simon va enseigner  la natation à Bilal, et Bilal va lui à ouvrir les yeux sur ce qui se passe autour de lui.

     

    Le film doit beaucoup à l’interprétation de Vincent Lindon (toujours aussi exceptionnel), tout en violence et sensibilité, en force et fragilité. Il manie et allie les contradictions et les ambiguïtés de son personnage avec un talent époustouflant,  faisant rapidement oublier ces  déstabilisantes minutes de changement de ton et de passage du style documentaire à la fiction (ce parti pris initial de documentaire aurait peut-être été plus intéressant, mais nous aurait  certes privés de l’incroyable prestation de Vincent Lindon et aurait aussi privé le film d’un certain nombre de spectateurs). L’interprétation du jeune Firat Ayverdi  et des   autres acteurs, également non professionnels, est  elle aussi  troublante de justesse et contribue à la force du film.

     

    Philippe Lioret a coécrit le scénario avec Emmanuel Courcol, Olivier Adam (avec lequel il avait déjà coécrit « Je vais bien, ne t’en fais pas »),   un scénario d’ailleurs parfois un peu trop écrit donnant lieu à quelques invraisemblances (en contradiction avec l’aspect engagé du film et la réalité de  sa toile de fond) qui tranche avec l’aspect documentaire du début ( histoire de la bague un peu téléphonée) mais permet aussi de souligner certaines réalités par des détails qu’un documentaire n’aurait pas forcément pu saisir (quoique) comme cette annonce d’une avalanche aux informations et de ses quelques victimes qui semblent alors disproportionnées face à cette autre réalité passée sous silence, comme ce marquage, s'il est réel, absolument insoutenable et intolérable.

     

    La photographie aux teintes grisâtres et la mise en scène appliquée de Philippe Lioret s’efface devant son sujet, devant ses personnages surtout, toujours au centre de l’image, souvent en gros plan, ou du moins en donnant l’impression tant ils existent et accrochent notre regard.

     

    Peut-être aurait-il été encore plus judicieux que cette réalisation  soit empreinte de la même rage et de la même tension que ceux dont elle retrace l’histoire, et peut-être est-ce ce qui manque à ce film aux accents loachiens pour qu’il ait la saveur d'un film de Loach. Peut-être aussi est-ce la raison pour laquelle je suis finalement restée sur la rive.  Sans doute est-ce lié à l’attente suscitée depuis plus d’un an par ce film mais plus certainement encore par le souvenir indélébile, forcément plus viscéral et plus âpre, plus marquant parce que réel,  de centaines de clandestins, dans un autre port, dans un autre pays, mais si semblables, sans doute ce souvenir de la réalité d’une souffrance inouïe soudainement sous mes yeux et si tangible prise en pleine face m’a -t-il réellement et  autrement fait prendre conscience de cette douloureuse et insoutenable réalité: chaque visage (souvent très très jeune) entrevu alors portant sur lui, à la fois si pareillement et si différemment,  la trace d’une longue et inconcevable route, d’une histoire  douloureuse, d’une détermination inébranlable, d’un pays pour lui inhospitalier, inique ou en guerre et à quel point la réalité du pays qu’ils ont quittée devait être violente et insupportable pour qu’ils aient le courage et/ou l’unique issue de prendre tous ces risques et de se confronter à la réalité de pays qui ne souhaitent ou du moins ne savent pas forcément davantage  les accueillir et panser leurs plaies.

     

    Philippe Lioret, par ce film indéniablement engagé, a le mérite de mettre en lumière une part d’ombre de la société française, et plus largement de violentes et flagrantes disparités mondiales. Le film en est à sa cinquième semaine d’exploitation et prouve ainsi que le public ne s’intéresse pas seulement aux comédies formatées que les diffuseurs s’acharnent à lui proposer et que l’âpreté d’un sujet, pourvu qu’il soit traité avec sensibilité et intelligence, pouvait aussi susciter son intérêt et le faire se déplacer en nombre. Alors à quand « Welcome » à 20H30 sur TF1 ? Il n’est pas interdit de rêver…

     

    Sandra.M

    Lien permanent Imprimer Catégories : CRITIQUES DES FILMS A L'AFFICHE EN 2008 Pin it! 2 commentaires