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festival de cannes - Page 22

  • « Villa Amalia » de Benoît Jacquot avec Isabelle Huppert, Jean-Hugues Anglade, Xavier Beauvois…

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    Année chargée pour la Présidente du jury du 62ème Festival de Cannes puisque, après « Un  Barrage contre le Pacifique », l’adaptation cinématographique du roman éponyme de Marguerite Duras par Rithy Panh, Isabelle Huppert est en effet actuellement à l’affiche de « Villa Amalia » de Benoît Jacquot.

     

    Par hasard, Ann (Isabelle Huppert),  pianiste de profession,  surprend son mari Thomas (Xavier Beauvois) embrassant une autre femme. Au même instant, alors qu’elle est hypnotisée et terrassée par cette scène, se déroulant derrière les grilles d’un jardin, un ami surgi de l’enfance, Georges, (Jean-Hugues Anglade) la surprend. Avec son appui, elle décide alors de changer de vie, de tout quitter, pour bientôt se retrouver sur une île, là où se trouve la villa Amalia…

     

    Adapté du roman éponyme de Pascal Quignard, « Villa Amalia » est le cinquième film du réalisateur avec Isabelle Huppert et pour cette cinquième collaboration il a choisi un thème universel pour un film qui ne l’est pas. Le profond malaise (et même l’agacement) que m’a inspiré ce film m’a probablement ôté tout jugement purement cinématographique, d’où cette critique inhabituellement courte et négative… En effet, rarement l’atmosphère d’un film m’aura mise si mal à l’aise, à tel point que j’ai failli quitter la salle avant la fin. Le film est ainsi imprégné du dépouillement, de la brutalité et de l’austérité de son personnage principal, et alternativement d’une musique (de Bruno Coulais) et d’un silence vertigineux.

     

    Ann se dépouille de tout ce qui lui pèse et l’emprisonne et caractérise sa vie d’avant : biens matériels (photos, sa maison d’une blancheur terrifiante et nauséeuse, cheveux, pianos …) et même de son identité pour endosser celle de son ami d’enfance, symbole de cette innocence qu’elle veut retrouver et de sa renaissance. Comme un signe du destin, elle qui a perdu son frère va habiter la maison qu’un homme décédé avait construit pour sa sœur, une maison qui domine la mer, où elle fait corps avec le paysage et la nature. (Benoît Jacquot use et abuse des plans larges pour bien nous le faire comprendre).

     

    Le réalisateur de « L’école de la chair » signe ici un film désincarné et nous embarque dans une maison sans âme où son héroïne semble s’évader tandis que je ne rêvais que d’une chose : en faire de même pour fuir ce film oppressant, où le bleu de la mer et le rouge de cette villa Amalia ne parviennent pas à apporter des couleurs à ce film d’une pâleur cadavérique…

     

    Isabelle Huppert interprète avec justesse ce personnage antipathique noyé (elle nage, beaucoup et avec violence, pour ne pas couler, ne pas être submergée)  dans sa pesante réalité qui prend visage humain le temps d’une main sur un visage, et Jean-Hugues Anglade, irréprochable, avec ce rôle d’homme sentimental et attachant, atténue par sa douceur la rugosité d’Ann et celle du film. Leurs scènes communes apportent cette émotion qui fait défaut au reste du film,  se tenant par la main, comme deux enfants partageant un secret, égarés dans un monde d’adultes qui ne comprend pas leur singularité, leurs envies de fuites.

     

     Ne parlons pas du scénario : là n’est pas l’objet de ce film délibérément elliptique (et se noyant paradoxalement, lui aussi, dans des détails inutiles) qui certes nous donne le goût de l’abandon, et  de la liberté : celle en tout cas de fuir ce film sombre et morose  comme Ann sa réalité étouffante…

     

    Sur le même thème voyez plutôt le splendide « Into the wild » de Sean Penn et pour lire un autre point de vue sur ce film et contrebalancer cette critique, je vous conseille la critique suivante : http://www.toujoursraison.com/2009/04/villa-amalia.html .

     

    Sandra.M

     

  • Sean Penn aux César et "Into the wild" sur Canal plus

    into.jpgAprès avoir présidé le 61ème Festival de Cannes, Sean Penn revient dans l'Hexagone pour la cérémonie des César le vendredi 27 février prochain (retransmise en direct sur Canal plus) lors de laquelle il remettra le César du meilleur film, accompagné de la présidente des César 2009, Charlotte Gainsbourg.

    A cette occasion, je vous propose de revoir son magnifique dernier film en tant que réalisateur "Into the wild" qui sera diffusé sur Canal plus, mardi 17 février à 20H45.

    Cliquez ici pour lire ma critique d' "Into the wild" de Sean Penn.

    En bonus, la bande-annonce, ci-dessous:

    Lien permanent Imprimer Catégories : CESAR (2005 à 2009) Pin it! 0 commentaire
  • Isabelle Huppert présidera le jury du 62ème Festival de Cannes

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    pianiste.jpgC’est Isabelle Huppert qui succédera à Sean Penn et présidera le jury du 62e Festival international de Cannes du 13 au 24 mai 2009, un festival qui l'a récompensée du prix d’interprétation féminine à deux reprises :  avec "La Pianiste" de Michael Haneke en 2001 (un prix décerné à l'unanimité) et "Violette Nozière" de Claude Chabrol en 1978.

     Isabelle Huppert est en effet une habituée de ce festival dont elle fut également jurée (en 1984, sous la présidence de Dirk Bogarde, la palme d'or sera alors remise à Wim Wenders pour "Paris, Texas") et maîtresse de cérémonie, et où pas moins de 14 films dans lesquels elle a joué ont été présentés en compétition.

    Très peu de femmes ont présidé ce prestigieux jury : Liv Ullman, Jeanne Moreau, Françoise Sagan...

    violette.jpgEn plus de ses récompenses cannoises, parmi de nombreux prix l'actrice fétiche de Claude Chabrol (qu'il serait d'ailleurs amusant de retrouver également dans le jury...?) a été récompensée de prix spéciaux pour sa carrière à San Sebastian en 2003 et à Venise en 2005 (Lion d'or pour l'ensemble de sa carrière).

    "Je suis très heureuse et très fière. Cannes et moi, c'est une longue histoire et ce prochain rendez-vous scelle définitivement mon amour pour le festival, et donc pour le cinéma mondial.Cannes, c'est la porte ouverte à toutes les nouvelles idées du monde. En être une spectatrice privilégiée m'enthousiasme", a déclaré Isabelle Huppert.

    Thierry Frémaux, délégué général du festival présidé par Gilles Jacob, a expliqué avoir voulu "rendre hommage à celle qui met sa popularité de comédienne au service du cinéma d'auteur, qui s'engage auprès des jeunes metteurs en scène et que les cinéastes étrangers admirent".

    FILMOGRAPHIE D’ISABELLE HUPPERT

    I'm Not A Fucking Princess (projet) (Prochainement), de Eva Ionesco

    Copacabana (Prochainement), de Marc Fitoussi

    Des parents formidables (projet) (Prochainement), de Jean-Marie Poiré

    Une affaire de trahison (projet) (Prochainement), de Olivier Assayas

    White Material (Prochainement), de Claire Denis Maria

    L'Amour caché (Prochainement), de Alessandro Capone Danielle

    Villa Amalia (2009), de Benoît Jacquot

    Un barrage contre le Pacifique (2009), de Rithy Panh

    Home (2008), de Ursula Meier

    Nue propriété (2007), de Joachim Lafosse

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    Médée Miracle (2007), de Tonino De Bernardi

    L'Ivresse du pouvoir (2006), de Claude Chabrol  

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    Gabrielle (2005), de Patrice Chéreau

    J'adore Huckabees (2005), de David O. Russell

    Les Soeurs fâchées (2004), de Alexandra Leclère

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    Ma mère (2004), de Christophe Honoré

    Le Temps du loup (2003), de Michael Haneke

    Deux (2002), de Werner Schroeter

    La Vie promise (2002), de Olivier Dahan

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    8 femmes (2002), de François Ozon

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    La Pianiste (2001), de Michael Haneke

    Comédie de l'innocence (2001), de Raoul Ruiz

    Merci pour le chocolat (2000), de Claude Chabrol

    Les Destinées sentimentales (2000), de Olivier Assayas

    Saint-Cyr (2000), de Patricia Mazuy

    La Fausse Suivante (2000), de Benoît Jacquot

    La Vie moderne (2000), de Laurence Ferreira Barbosa

    Pas de scandale (1999), de Benoît Jacquot

    L'Ecole de la chair (1998), de Benoît Jacquot

    Rien ne va plus (1997), de Claude Chabrol

    Les Affinités électives (1997), de Paolo Taviani

    Les Palmes de M. Schutz (1997), de Claude Pinoteau

    Poussieres d'amour (1996), de Werner Schroeter  

    Les Voyages de Gulliver (TV) (1996), de Charles Sturridge

    La Cérémonie (1995), de Claude Chabrol

    Lumière et compagnie (1995), de Lasse Hallström Voix (segment A. Kiarostami)

    Un siècle d'écrivains : Nathalie Sarraute (TV) (1995), de Jacques Doillon récitante (voix)

    Amateur (1994), de Hal Hartley

    La Séparation (1994), de Christian Vincent

    L'Inondation (1994), de Igor Minaiev

    Après l'amour (1992), de Diane Kurys

    Madame Bovary (1991), de Claude Chabrol

    Malina (1991), de Werner Schroeter

    Contre l'oubli (1991), de Patrice Chéreau

    La Vengeance d'une femme (1990), de Jacques Doillon

    Une Affaire de femmes (1988), de Claude Chabrol

    Migrations (1988), de Aleksandar Petrovic

    Les Possédés (1988), de Andrzej Wajda  

    Faux témoin (1987), de Curtis Hanson

    Milan noir (1987), de Kerry McMullen

    Cactus (1986), de Paul Cox

    Sac de noeuds (1985), de Josiane Balasko

    Signé Charlotte (1985), de Caroline Huppert

    La Garce (1984), de Christine Pascal

    Passion (1984), de Jean-Luc Godard  

    Coup de foudre (1983), de Diane Kurys

    La Femme de mon pote (1983), de Bertrand Blier

    L'Histoire de Piera (1983), de Marco Ferreri

    La Truite (1982), de Joseph Losey

    Eaux profondes (1981), de Michel Deville

    Coup de torchon (1981), de Bertrand Tavernier

    La Porte du paradis (1981), de Michael Cimino

    Les Ailes de la colombe (1981), de Benoît Jacquot

    La Dame aux camelias (1981), de Mauro Bolognini

    Loulou (1980), de Maurice Pialat

    Les Héritières (1980), de Marta Meszaros

    Les Soeurs Brontë (1979), de André Téchiné

    Retour à la bien-aimee (1979), de Jean-François Adam

    Sauve qui peut (la vie) (1979), de Jean-Luc Godard

    Violette Nozière (1978), de Claude Chabrol

    Des enfants gâtés (1977), de Bertrand Tavernier

    Les Indiens sont encore loin (1977), de Patricia Moraz

    Le Juge et l'Assassin (1976), de Bertrand Tavernier

    La Dentellière (1976), de Claude Goretta

    Le Petit Marcel (1976), de Jacques Fansten

    Docteur Françoise Gailland (1976), de Jean-Louis Bertucelli

    Je suis Pierre Rivière (1976), de Christine Lipinska

    Dupont Lajoie (1975), de Yves Boisset

    Aloïse (1975), de Liliane de Kermadec

    Rosebud (1975), de Otto Preminger

    Le Grand délire (1975), de Denis Berry

    Les Valseuses (1974), de Bertrand Blier   

    Glissements progressifs du plaisir (1974), de Alain Robbe-Grillet  

    Sérieux comme le plaisir (1974), de Robert Benayoun

    César et Rosalie (1972), de Claude Sautet

    Le Bar de la fourche (1972), de Alain Levent  

    Faustine et le bel été (1972), de Nina Companeez

    Je vous rappelle que vous pourrez suivre ce 62ème Festival de Cannes, en direct sur « In the mood for cinema » et sur « In the mood for Cannes ».

  • "Je veux voir" de Joana Hadjithomas et Khalil Joreige: à ne manquer sous aucun prétexte!

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    Je vous en ai déjà parlé de nombreuses fois, et tout d'abord en Mai dernier, suite à la projection de ce film magnifique dans la section "Un Certain Regard" du  61 ème Festival de Cannes.

    Ce film à ne manquer sous aucun prétexte, tourné seulement en 6 jours (!), qui ne devait être au départ qu'un court-métrage, est probablement un des meilleurs de l'année, voire le meilleur de l'année.

    Il sort en salles demain, mercredi 3 décembre. Je vous encourage vivement à y aller.

    Cliquez ici pour lire ma critique de "Je veux voir" de Joana Hadjithomas et Khalil Joreige intitulée "Je veux voir: un certain regard" et écrite lors du 61ème Festival de Cannes et pour voir ma vidéo de la présentation du film à Cannes.

    Dernière minute: Pour ceux que le sujet intéresse, Catherine Deneuve, très rare à la télévision est ce soir (d'ici 15 minutes) invitée de l'émission "Ce soir (ou jamais!)" sur France 3. (pour un entretien d'environ 1h).

    Suite à mon article précité, vous pourrez également trouver mon récit de la rencontre avec Catherine Deneuve à Sciences Po.

  • Avant-première: "Hunger" de Steve Mc Queen: Caméra d'or du Festival de Cannes 2008

    "Hunger" de Steve Mc Queen a été présenté en ouverture de la section "Un Certain Regard" du 61ème Festival de Cannes. Il a remporté la prestigieuse Caméra d'or qui récompense le meilleur premier film toutes sections confondues.
    Voici ma critique écrite suite à la projection cannoise de ce film lors de l'ouverture et alors publiée sur "In the mood for Cannes". Un film brillant, l'oeuvre d'un cinéaste que je recommande, néanmoins à un public avisé.
    Ce film sort en salles mercredi prochain, 26 novembre.
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    L'équipe de "Hunger" saluée par Thierry Frémaux, sur scène, à l'issue de la projection lors de l'ouverture de "Un Certain Regard"-61ème Festival de Cannes, photos "In the mood for cinema"

    C’est avec des applaudissements d’impatience que la salle a accueilli Thierry Frémaux venu  pour ouvrir cette sélection Un Certain Regard 2008. Le festivalier n’aime pas attendre, toujours affamé de l’instant d’après, du film d’après, de l’émotion d’après qu’il ingurgitera et occultera déjà dans l’espoir de la suivante. Après s’être excusé d’avoir été retardé par un panda (à Cannes, nous avons pour principe de trouver l’incongru normal), un panda donc, après avoir salué la présence de Sergio Casttellito dans la salle (membre du jury longs-métrages), après avoir salué les membres du jury de la caméra d’or, avoir fait un clin d’œil aux Cahiers du Cinéma en évoquant les difficultés que connaît actuellement le journal (en saluant Jean-Michel Frodon, membre du jury de la Caméra d’or), le tout sans vraiment reprendre son souffle, après avoir ironisé sur le fait d’avoir Steve Mc Queen et Fassbinder pour ce 61ème festival (respectivement noms du réalisateur du film et d’un de ses interprètes principaux qui se nomme en réalité Fassbender),Thierry Frémaux a appelé sur scène le Steve Mc Queen en question venu présenter son premier film qui concourt ainsi pour la caméra d’or. A peine ce dernier avait-il eu le temps d’évoquer le "miroir du monde" que représente le cinéma que Thierry Frémaux a lancé la projection interrompant un discours réduit à une phrase.

    Après « Blindness » ce film "Hunger" en ouverture d’un Certain Regard,  en est à la fois l’écho et le contraire, donnant le ton  réaliste et politique, radical et sombre, carcéral même ( dans les deux cas des hommes se retrouvent face à l'inhumanité et dans un univers carcéral) de cette 61ème édition. C’’est en effet un film d’une radicalité éprouvante qui a été choisi pour faire l’ouverture d’Un Certain Regard mais avec aussi peu de didactisme que "Blindness" en faisait preuve avec excès, avec tellement de force de conviction que Blindness en était dépourvu .

    Pitch : Prison de Maze, Irlande du Nord, 1981. Raymond Lohan est surveillant, affecté au sinistre Quartier H où sont incarcérés les prisonniers politiques de l'IRA qui ont entamé le "Blanket and No-Wash Protest"   (une couverture pour seul vêtement et l’abandon de l’hygiène de base) pour témoigner leur colère. Détenus et gardiens y vivent un véritable enfer. Le jeune Davey Gillen vient d'être incarcéré. Il refuse catégoriquement de porter l'uniforme réglementaire car il ne se considère pas comme un criminel de droit commun. Rejoignant le mouvement du Blanket Protest, il partage une cellule répugnante avec Gerry Campbell, autre détenu politique, qui lui montre comment passer des articles en contrebande et communiquer avec le monde extérieur grâce au leader Bobby Sands qu'ils croisent lors de la messe dominicale. Lorsque la direction de la prison propose aux détenus des vêtements civils, une émeute éclate. Au cours des échauffourées, les prisonniers détruisent les cellules neuves où ils avaient été installés. La rébellion est matée dans le sang. La violence fait tache d'huile et plus aucun gardien de prison n 'est désormais en sécurité. Raymond Lohan est abattu d'une balle dans la tête. Bobby Sands s'entretient alors avec le père Dominic Moran. Il lui annonce qu'il s'apprête à entamer une nouvelle grève de la faim afin d'obtenir un statut à part pour les prisonniers politiques de l'IRA. La conversation s'enflamme. Malgré les objections du prêtre, qui s'interroge sur la finalité d'une telle initiative, Bobby est déterminé : la grève de la faim aura lieu ...

    Lors de la conférence de presse du jury Sean Penn a déclaré que « Quel que soit notre choix pour la palme d’or, il y a une chose sur laquelle nous sommes tous d’accord : nous devons être certains que le cinéaste concerné est tout à fait conscient du monde dans lequel il vit ». Si « Hunger » avait été dans la compétition que juge le jury présidé par Sean Penn nul doute qu’il se serait inscrit dans cette catégorie. Si quelques phrases nous présentent le contexte historique en préambule, « Hunger » a en effet une portée universelle et intemporelle, et une résonance tragiquement actuelle.

    C’est d’abord le silence qui nous frappe, la violence latente, contenue, sous-jacente annoncée par des mains blessées jusqu’au sang qu’un gardien lave aussi méthodiquement qu’il enlevait quelques miettes tombées sur ses genoux quelques instants auparavant. Le malaise est d’ores et déjà palpable puis Mc Queen nous plonge progressivement dans l’univers carcéral avec ces hommes au regard  hagard, traqué et fou de détermination.

    La violence est soulignée par des sons stridents qui alternent avec des silences assourdissants, des souffles entrecoupés. Les scènes de violence sur les prisonniers, frénétiques, bruyantes, alternent avec des plans immobiles encore plus violents que les premiers par l’écho cynique qu’ils en donnent alors.

     Si j’ai  aussi comparé "Hunger" avec « Blindness », c’est parce que les silences sont ici plus éloquents que la voix off si tonitruante dans « Blindness », c’est parce que tout est dit tout en ne disant rien, c’est parce que la violence, radicale, n’est jamais gratuite ou autrement là que pour servir le propos, nous montrer ces hommes asservis par leurs bourreaux et par eux-mêmes, guidés par un idéal plus fort que l’emprisonnement et la vie.

     Réaliste et onirique (une plume, un flocon de neige, un insecte témoignent du regard sensible du plasticien que Mc Queen est d’abord).  Bruyant et silencieux. Violent et idéaliste. Silencieux et si parlant. Mc Queen joue des contrastes avec un talent saisissant comme ces longs plans fixes qui augmentent encore l’impact du surgissement de la violence (et la crainte de ce surgissement), et l’impact du propos.

     Le temps me manque pour vous parler de ce film aux accents loachiens dans son propos et sa force de conviction mais singulier dans sa mise en forme, révélant  par le regard pourtant si humain du cinéaste une inhumanité glaciale et glaçante : celle de la répression impitoyable des prisonniers politiques que la froideur de la réalisation parsemée de moments d’onirisme souligne intelligemment.

     Au bout de ce long tunnel se trouve une lueur dans un regard d’enfant, la lumière du jour, un souffle qui s’éteint et un autre qui proclame sa rage de vivre, de se battre, qui valaient la peine d’endurer ce film (pour le spectateur) et ce combat pour ses protagonistes semble nous souffler Mc Queen.

    Il ne serait pas étonnant que la radicalité signifiante et l’âpreté de « Hunger »  plaisent au cinéaste Bruno Dumont, véritable écho à son propre cinéma.  A suivre lors de l'annonce du palmarès Un Certain Regard samedi de la semaine prochaine...

    Au programme aujourd’hui, notamment la projection du très attendu « Un conte de noël » d’Arnaud Desplechin.

    Sandra.M

  • « In the mood for cinema » a 4 ans…

    face18.jpgJuste une rapide  note aujourd’hui pour célébrer ces  4 ans de blog sur Haut et Fort. Sur mes 3 blogs ( « In the mood for cinema », « In the mood for Cannes », «  In the mood for Deauville »), en 4 ans:  555 notes (vous pouvez retrouver toutes les archives d’In the mood for cinema en cliquant ici, toutes celles d’Int the mood for Deauville en cliquant ici et celles d’In the mood for Cannes en cliquant ici), 1530 commentaires,  des dizaines de festivals parcourus, des milliers d’heures de films dégustées, et autant de moments insolites,  magiques, en tout cas toujours singuliers.  Autant de moments que j’ai essayé de vous faire partager.

    Vous êtes chaque jour plus nombreux à lire ce blog, presque 10 fois plus depuis 2 mois (vous pensez bien : à quatre ans on commence à gambader !), et désormais un nombre conséquent. Vous êtes donc très peu par rapport au nombre de lecteurs à laisser vos commentaires mais c’est toujours un plaisir et un enrichissement que de pouvoir débattre avec vous donc n’hésitez pas à laisser vos messages.

    face12.jpgL’objectif de ce blog reste le même qu’au début : partager ma passion dévorante pour le cinéma, vous faire partager mes expériences et mes découvertes dans les festivals,  comme au Festival du Cinéma Américain de Deauville que je fréquente depuis 15 ans ou au Festival de Cannes auquel j’assiste depuis ma participation au prix de la jeunesse il y a 8 ans mais aussi aux festivals de Dinard, Cabourg, Paris..., à la seule différence près que c’est désormais le blog qui me permet aussi de vivre ces festivals différemment notamment le Festival de Cannes puisque j’y assisterai comme chaque année l’an prochain mais cette fois invitée comme lauréate du concours de blogs L’Oréal-Cannes du Festival de Cannes 2008, mais je pense aussi à tous ces films que j’ai désormais le plaisir de voir en avant-première, hors festivals. Le blog s'enrichit aussi désormais régulièrement de vidéos, photos et de comptes rendus de conférences de presse.

    J’essaie, depuis quelques temps, de trouver le temps d’écrire chaque jour (vous aurez sans doute remarqué que le rythme s’est intensifié) sans que la qualité en pâtisse, et de ne surtout pas écrire juste parce qu’il le faut mais simplement pour le plaisir de  vous faire partager une émotion, un enthousiasme, et surtout de ne pas céder à la  facilité de la critique amère (ainsi, je ne vous parlerai pas d’un film vu hier parce que ce serait trop simple d’être désagréable), sous prétexte qu’il faut écrire chaque jour, en espérant évidemment  vous donner envie d’aller au cinéma, au théâtre, à un concert, de lire un livre, de voir un téléfilm, ou simplement de vous apporter un autre regard sur ceux-ci mais aussi à  profiter de l’espace de liberté incroyable qu’est ce blog , une autre manière de satisfaire mon insatiable soif d’écriture, et évidemment de cinéma (d’ailleurs que ce soit des avant-premières ou des classiques du septième art que vous pouvez trouver dans la rubrique « Gros plans sur des classiques du septième art »), et plus largement de culture (puisque ce blog traite aussi pas mal de théâtre, et plus ponctuellement de musique, de littérature, de téléfilms).

    Les marches de Cannes vues de l'intérieur du palais.jpgC’est un euphémisme que de dire que ce blog me permet (et de plus en plus) de vivre de beaux moments, de belles rencontres, pas seulement virtuelles, et le plaisir de savoir que ce blog est lu autant par des cinéphiles, de simples amateurs de cinéma, et parfois les professionnels (c’est parfois étrange de se savoir lue par ceux dont on parle, en tout cas merci à ceux qui ont eu la gentillesse de m’écrire directement) et donc qu’il s’adresse à tous est aussi un motif de satisfaction.

    Tant que ce blog restera un plaisir aussi viscéral que d’inventer et écrire des histoires alors je continuerai, deux choses que je pensais au départ incompatibles et que je crois aujourd’hui indissociables et qui me sont en tout cas pareillement indispensables, et qui répondent différemment à cette envie d’écriture et de partager une passion.

    En espérant que vous continuerez à être aussi (et pourquoi pas encore plus) nombreux à me suivre. Par cette note, je voulais vous en remercier, et vous inciter à commenter encore davantage, et pourquoi pas à profiter de cette note pour vous présenter et dire depuis quand vous lisez ce blog.

    A venir ces prochaines semaines  notamment  l’unique projection presse d’"Australia" de Baz Luhrmann, la critique de « Frost/ Nixon » de Ron Howard en avant-première, le récit de la rencontre avec Christophe Honoré, Louis Garrel, Emma de Caunes à Sciences Po… et évidemment toujours , en 2009, le Festival du Film Asiatique de Deauville, le Festival de Cannes, le Festival du Cinéma Américain de Deauville et peut-être des nouveautés comme le Festival du Film Policier de Beaune, pourquoi pas de Marrakech, et je l’espère autant de surprises  que cette année bloguesque 2008 m’en a réservées, sans compter celles que, moi, je vous réserve ! 

    Vos suggestions, vos idées de rubriques (je cherche toujours à enrichir ce blog, pourquoi pas d’interviews écrites envoyées à des professionnels, qu’en pensez-vous ?),  vos commentaires, pourquoi pas vos propositions de collaboration (j’en ai accepté quelques unes, amusantes et enrichissantes, dont je vous reparlerai bientôt mais tant qu’écrire demeure un plaisir et un enrichissement et un plus par rapport à ce blog, je suis partante) demeurent les bienvenus, directement sur  les commentaires de ce blog ou par email à inthemoodforcinema@gmail.com .

    Pour être informés régulièrement, je vous rappelle que vous pouvez vous inscrire à la Newsletter ou au flux rss de ce blog (colonne de gauche, en haut) et également vous inscrire aux groupes Facebook associés à ce blog  (voir dans colonne de droite, en haut) mais aussi à la page blognetwork sur Facebook dédiée à mes trois blogs.

    En attendant, je vous invite à plonger « in the mood for cinema » et à suivre la devise de ce blog empruntée à Saint-Augustin : « Celui qui se perd dans sa passion est moins perdu que celui qui perd sa passion ».

    Pour en savoir plus sur ce blog et son auteur, vous pouvez consulter la rubrique « A propos » du blog.

    Cinématographiquement vôtre.

    Sandra.M

  • Avant-première- "Two lovers" de James Gray: une poignante histoire simple

    Cette critique (réécrite et complétée depuis) a été publiée lors de la projection de « Two lovers » en compétition du 61ème Festival de Cannes et est extraite de mon autre blog « In the mood for Cannes ».

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    Ci-dessus, l'équipe de "Two lovers" au Festival de Cannes 2008. Photo L'Oréal-Cannes.

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    James Gray, malgré sa jeune carrière, est déjà un habitué de la Croisette puisqu’il y avait déjà présenté « The Yards » il y a 8 ans, et  puisque « La nuit nous appartient », son polar familial, sombrement poétique, était en compétition officielle l’an passé. (Cliquez ici pour lire ma critique de « La Nuit nous appartient » de James Gray.)

    New York. Un homme, Léonard Kraditor (Joaquin Phoenix), hésite entre suivre son destin et épouser la femme que ses parents ont choisie pour lui, Sandra (Vinessa Shaw), ou se rebeller et écouter ses sentiments pour sa nouvelle voisine, belle et volage, Michelle (Gwyneth Paltrow) dont il est tombé éperdument amoureux.

    Ce film aurait pu s’intituler comme un film de Sautet, « Une histoire simple », une histoire simple qui nous parle de raison et de sentiments, d’être forts et fragiles, d’un amour dévastateur et irrépressible, dans une ville que le cinéma a tant de fois arpentée, dépeinte, sublimée, dont on redécouvre ici la bouleversante mélancolie.  Il n’y a finalement rien de plus compliqué que de raconter une histoire simple, de la transcender par la sensibilité et le talent de son auteur…

    L’intérêt du film provient davantage des personnages, de leurs contradictions, de leurs faiblesses, que du scénario relativement prévisible ou de la réalisation qui l’épouse et, ainsi, le sublime…et pourtant, même si James Gray est plus habitué au polar, il règne ici une tension palpable liée au désir qui s’empare du personnage principal magistralement interprété par Joaquin Phoenix (que James Gray a ici choisi pour la troisième fois pour interpréter le personnage principal de son film) avec son regard mélancolique, fiévreux, enfiévré de passion même, ses gestes maladroits, son corps même qui semble  crouler sous le poids de son existence, sa gaucherie adolescente : un sérieux prétendant au prix d’interprétation !

    Ce dernier interprète le personnage attachant et vulnérable de Leonard Kraditor (à travers le regard duquel nous suivons l’histoire : il ne quitte jamais l’écran), un homme, atteint d'un trouble bipolaire (mais ce n'est pas là le sujet du film, juste là pour témoigner de sa fragilité) qui, après une traumatisante déception sentimentale, revient vivre dans sa famille et fait la rencontre de deux femmes : Michelle, sa nouvelle voisine incarnée par Gwyneth Paltrow, et Sandra, la fille d’amis de ses parents campée par l’actrice Vinessa Shaw. Entre ces deux femmes, le cœur de Leonard va balancer…

    Léonard éprouve un amour obsessionnel, irrationnel, passionnel pour Michelle. Ces « Two lovers » comme le titre nous l’annonce et le revendique d’emblée ausculte  la complexité du sentiment amoureux, la difficulté d’aimer et de l’être en retour, mais il ausculte aussi les fragilités de trois êtres qui s’accrochent les uns aux autres, comme des enfants égarés dans un monde d’adultes qui n’accepte pas, broie les écorchés vifs. Michelle et Leonard ont, parfois, « l’impression d’être morts », de vivre sans se sentir exister, de ne pas trouver « la mélodie du bonheur ».

    Par des gestes, des regards, des paroles esquissées ou éludées, James Gray  dépeint de manière subtile la maladresse touchante d’un amour vain mais surtout la cruauté cinglante de l’amour sans retour qui emprisonne (encore un plan derrière des barreaux, en l’occurrence de Gwyneth Paltrow, décidément le cinéma et ceux qu’il dépeint a cette année soif de liberté et d’évasion, décidément le monde n’a jamais été aussi ouvert et carcéral), exalte et détruit.

    James Gray s’est ainsi inspiré d’une nouvelle de Dostoïevski intitulée « Nuits blanches » sur un homme qui développe un amour platonique et une véritable obsession pour une femme qu’il rencontre dans la rue.

    James Gray a délibérément choisi une réalisation élégamment discrète et maîtrisée, et à l’image du scénario : pudique (ou lisse, c’est selon). Même si le dénouement est relativement prévisible, le regard de Joaquin Phoenix est suffisamment intense pour ne pas nous lâcher jusqu’à la dernière seconde, nous  émouvoir même, malgré tout. James Gray n’a pas non plus délaissé son sujet fétiche, à savoir la famille qui symbolise la force et la fragilité de chacun des personnages (Leonard cherche à s’émanciper, Michelle est victime de la folie de son père…).

    Un thriller intime qui exalte et respire la beauté déchirante d'un amour contrarié. Un film d’une tendre cruauté qui dépeint magnifiquement une douloureuse histoire d’amour entre des êtres au bord du gouffre, sur le fil. Un film  poignant d’une vertigineuse sensibilité à l’image des sentiments qui s’emparent des personnages principaux, et de l’émotion qui s’empare du spectateur (de moi en tout cas). Irrépressiblement. Magnifiquement.

    James Gray avec ces « Two lovers » a réinventé la comédie romantique, magnifié une histoire simple, nous donnant presque à ressentir les battements de cœur tourmentés de ses protagonistes, signant un film lumineux et douloureux, intense et inoubliable, profond et mélancolique… comme une nouvelle de Dostoïevski,.

     Sortie en salles : le 19 novembre 2008

     Sandra.M