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  • "La Rafle" (critique du film et vidéos de la réalisatrice Rose Bosch): au-delà du cinéma...

    Je vous ai déjà parlé de "La Rafle" lors de l'avant-première au siège de Gaumont, il y a quelques semaines, et je vous en parlerai à nouveau d'ici sa sortie, mercredi 10 mars prochain, simplement parce que je pense qu'un film comme celui-là est au-delà du cinéma, au-delà de ses qualités ou défauts (et je n'ai d'ailleurs pas dit qu'il en était dépourvu), qu'il est simplement nécessaire et les révoltants, incultes et odieux commentaires antisémites récemment retrouvés suite à ma critique ne font que me renforcer dans cette idée...

    Retrouvez ci-dessous, ma critique du film, la vidéo de la réalisatrice Rose Bosch avant la projection ainsi que le récit de Joseph Weismann dont l'histoire est retracée dans le film.

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    Il y a une dizaine de jours, un irresponsable politique ou pseudo se gargarisait de ce qu'il considérait être comme une bonne plaisanterie à propos d'une salle trop exigüe pour son meeting : « La prochaine fois, on prendre le Vel d'Hiv » se réjouissait-il béatement. Scandalisée, je me suis dit que des politiques, eux responsables, allaient réagir. Rien. Alors, bien sûr, on peut toujours se dire qu'ils ont préféré ne pas s'abaisser à répondre à la provocation mais quand la provocation méprise l'horreur innommable et la mémoire de ceux qui l'ont vécue,  je pense qu'il est coupable de ne pas réagir et qu'on s'élève au contraire à le faire. Là aussi, là déjà commence peut-être le devoir de mémoire, en ne laissant pas souiller un passé déjà tellement mis à mal, en ne laissant pas passer pour plaisanterie, certes déjà affligeante, pour ce  qui est beaucoup plus : une négation abjecte de l'Histoire comme c'était le cas ici ou une ignorance de l'Histoire, comme cela risque d'être souvent le cas si on ne fait rien pour que cette mémoire demeure vive. C'est pour cette raison qu'un film comme « La Rafle », indépendamment de ses qualités et de ses défauts cinématographiques me semble avant tout nécessaire, même indispensable.

    Rose Bosch, ancienne journaliste d'investigation, a donc décidé de réaliser un film sur la Rafle du Vel d'Hiv, un projet qu'elle porte depuis 5 ans.

    Eté 1942. 16 et 17 juillet. Joseph a 11 ans et, comme  13000 autres juifs, ils sera raflé et emmené au Vélodrome d'Hiver. Entre le Vel d'Hiv et le camp de Beaune-La-Rolande, de Vichy à la terrasse du Berghof, « La Rafle » suit les destins réels des victimes et des bourreaux. Tous les personnages du film ont existé, d'Annette (Mélanie Laurent, meilleure que jamais), l'infirmière dans le film qui, assistante sociale de la Croix rouge dans la réalité, sera reconnue comme Juste, à Jo (Joseph Weismann dans la réalité -voir son témoignage poignant en bas de cet article-), arrêté avec toute sa famille.

     Rose Bosch, avec l'aide de Serge Klarsfeld est entrée en contact avec trois témoins encore vivants : l'un des pompiers du Vel d'Hiv, Joseph Weismann et Anna Traube. Tous les faits et « anecdotes » du film sont véridiques.

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    On se doute de la difficulté, de l'investissement, de l'engagement même quand on décide de traiter un tel sujet qui dépasse largement le cadre cinématographique...  Comment dire l'indicible ? Comment représenter l'inconcevable ? Comment faire comprendre l'incompréhensible ?   Comment représenter ce qui n'est pas envisageable ?

    Malgré tout, cela demeure du cinéma, il fallait donc choisir un point de vue qui revêt ici une importance d'autant plus cruciale qu'il devait être au service de la vérité historique et du devoir de mémoire. Celui de Rose Bosch a été de privilégier le hors-champ et le point de vue des enfants. Un parti pris intéressant pour tenter de nous faire appréhender l'inimaginable. Les personnages disparaissent. Brutalement. Choc fracassant et violent.  On ne sait rien ou presque de ce qu'ils adviennent comme c'était le cas à l'époque pour ces familles et ces pères de familles (très juste Gad Elmaleh) qui ne pouvaient imaginer l'impensable et l'insoutenable. Ils s'évanouissent dans un effroyable silence. Représenter l'horreur aurait de toute façon été en-deçà et infidèle à la réalité.

    L'innocence des enfants, leur ignorance de ce qui se passe renforce encore la brutalité, l'inhumanité mais aussi l'absurdité de cette tragédie d'autant que les jeunes acteurs sont tous remarquables. La promiscuité, la contagion, la terreur, les suicides qui furent la réalité du Vel d'Hiv sont là aussi essentiellement hors-champ. Tout cela est en partie invisible comme cela était incompréhensible pour ceux qui vivaient cette tragédie, a fortiori les enfants.

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    Les scènes de rafle, le déchirement des enfants séparés de leurs parents sont bouleversantes. Cette impression d'urgence, de chaos et de folie est renforcée par la caméra à l'épaule et contraste avec les scènes qui précèdent dans un Montmartre où résonnent des airs joyeux. Ces différences de dispositifs de filmage permettent aussi de bien saisir les contrastes révoltants, entre Hitler qui se goinfrait au Berghof  tandis qu'au Vel d'Hiv on ne mangeait pas à sa faim, entre Bousquet et/ou Pétain et/ou Laval qui discutaient tranquillement de milliers de vies envoyées à la mort comme d'une vulgaire question pratique et ceux qui luttaient pour vivre.

    Mais « La Rafle » c'est aussi le parti pris d'évoquer la collaboration française que l'on a si longtemps minimisé, et en particulier celle qui a conduit au Vel d'Hiv, un Vel d'Hiv méticuleusement préparé et planifié dont la contrepartie pour Vichy était notamment le contrôle de la police française. Une rafle réalisée par des fonctionnaires de police français. 7000 hommes y ont ainsi participé. Mais Rose Bosch a aussi choisi de rendre hommage aux Justes, notamment à travers le personnage de l'infirmière Annette, de montrer que l'humanité et l'inhumanité ont, l'une et l'autre, dévoilé leurs visages extrêmes. S'il ne faut pas oublier la responsabilité de la France, il ne faut pas oublier non plus que sur 25000 juifs qui étaient destinés au Vel d'Hiv et qui figuraient sur les fichiers de la préfecture, 12000 furent sauvés, sans doute avec l'aide d'autres Français.

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    Le seul vrai bémol concerne la musique excessive (en particulier à la fin) et redondante et surtout inutile quand le sujet comme celui-ci se suffit à lui-même, un bémol qui reflète la difficulté des choix quand on décide de traiter des faits réels par la fiction. La musique vient alors ajouter un élément de fiction supplémentaire, presque en contradiction avec le parti pris de la cinéaste (même défaut ou en tout cas même choix que dans « La Môme »- dont Ilan Goldman est aussi scénariste- qui force l'émotion là où elle surgit d'elle-même).  De même, les scènes  de « ceux qui ont orchestré » sont filmées et jouées avec trop d'emphase, le dispositif cinématographique venant s'ajouter à des scènes en elles-mêmes grandiloquentes et démentes de ces destins de milliers d'êtres humains décidés presque avec désinvolture par des criminels autour d'une table.

    Un film qui n'en demeure pas moins indispensable car pédagogique (et qui, je pense, nécessite d'être vu dans les écoles mais avec beaucoup d'explications pour l'accompagner, pour expliquer ce hors-champ invisible et tu), évidemment poignant, notamment grâce à une excellente distribution (même Jean Reno, dans un contre-emploi).

    Un film à l'issue de la projection duquel résonne un assourdissant silence mais qui a le grand mérite de donner de la voix à ceux qui se sont opposés mais aussi à  des responsabilités trop longtemps tues et occultées. La responsabilité de la France dans la Shoah ne fut ainsi officiellement reconnue qu'en 1995, soit 50 ans après la fin de la guerre !

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     Pour que plus personne ne puisse dire ou même laisser dire la moindre « plaisanterie » sur le Vel d'Hiv.  Pour que plus personne n'ignore ce que fut La Rafle du Vel d'Hiv. Pour que plus personne n'ignore ou ne méprise ceux qui l'ont planifié, ceux qui en ont été les victimes et ceux qui s'y sont opposés.

    En complément, je vous conseillerais :

    « Monsieur Klein »  de Joseph Losey, démonstration implacable de l'absurdité effroyable de l'holocauste et en particulier du Vel d'Hiv. Ainsi que « La liste de Schindler », l'incontournable chef d'œuvre  de Spielberg. Evidemment « Le Dictateur » de Chaplin,  « Le Chagrin et La Pitié » de Marcel Ophüls, « Au revoir les enfants » de Louis Malle, « Nuit et brouillard » d'Alain Resnais,  La vie est belle de Roberto Benigni. « Le Pianiste » de Roman Polanski.  Sur la Résistance :  « L'armée des ombres » de Jean-Pierre Melville

     Vidéos de la présentation du film par sa réalisatrice Rose Bosch:

    Sortie en salles : le 10 mars

      J'ai également retrouvé ce texte de Joseph Weismann, un témoignage bouleversant sur la Rafle du Vel d'Hiv. Cliquez sur "lire la suite" pour le lire.

    Lire la suite

    Lien permanent Imprimer Catégories : CRITIQUES DES FILMS A L'AFFICHE EN 2008 Pin it! 6 commentaires
  • Inthemoodforcinema en direct du Festival du Film Asiatique de Deauville 2010

    festivaldeauville2010.jpgAprès avoir un temps hésité entre le Forum International Cinéma et Littérature de Monaco et le Festival du Film Asiatique de Deauville qui, cette année, se déroulent en même temps, j'ai décidé de rester fidèle à Deauville et d'assister, à nouveau, au Festival du Film Asiatique.

     Vous pourrez donc me suivre quotidiennement en direct de Deauville (sur "In the mood for cinema" et sur "In the mood for Deauville") à partir de jeudi prochain et jusqu'à lundi.

    Je suis par ailleurs ravie d'avoir permis à une dizaine d'entre vous de remporter des pass pour ce Festival ainsi qu'à deux heureux élus d'avoir remporté un séjour exceptionnel à l'hôtel du golf.

     Rendez-vous sur mon blog entièrement consacré aux festivals deauvillais "In the mood for Deauville" pour connaître le programme en détails et sur le site officiel du festival.

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  • Vidéos de "French roast" de P.O Joubert et "Logorama" de H5 : les deux courts-métrages français en lice pour les Oscars 2010!

    oscars3.jpgJe vous en parlais hier dans mon article consacré aux Oscars : deux courts-métrages français sont en lice pour le meilleur court-métrage d'animation. Découvrez le premier dans son intégralité et le trailer du second. En leur souhaitant bonne chance! Palmarès à retrouver dimanche sur inthemoodforcinema.com .

     

    Le film"French Roast" de P.O Joubert dans son intégralité:

     

    Trailer de "Logorama" de H5

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  • Concours: gagnez 5x2 places pour "Sans laisser de traces" de Grégoire Vigneron

    sanslaisser.jpgGrâce à Cinéfriends, je peux vous faire gagner 5x2 places pour "Sans laisser de traces" de Grégoire Vigneron. Pour remporter ces places, soyez parmi les 5 premiers à me dire (réponses à envoyer à inthemoodforcinema@gmail.com avec "Concours sans laisser de traces" dans l'intitulé de l'email en n'oubliant pas de me donner vos coordonnées):

    1. Qui interprète Patrick, l'ami de jeunesse d'Etienne (Benoît Magimel)?

    2. De quel film, traitant également du thème de la chance, est extraite l'image suivante?

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  • Avant-première- Critique de « Sans laisser de traces » de Grégoire Vigneron

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    A bientôt 40 ans, Etienne (Benoît Magimel), est sur le point de prendre la présidence de son groupe. Il veut soulager sa conscience d'une injustice qu'il a commise au début de sa carrière et qui, précisément, l'a lancé. Convaincu par un ami de jeunesse qu'il retrouve par hasard, Patrick (François-Xavier Demaison), il se rend chez l'homme qu'il a lésé à l'époque pour le dédommager. L'homme se met en colère et Patrick le tue pour « défendre Etienne ». Etienne tente de reprendre le cours de sa vie mais cette mort l'obsède, sans compter que pendant ce temps, il essaie d'avoir un enfant avec sa femme, qu'un Américain essaie de prendre sa place, et que sa belle-mère est la rigidité incarnée...

    Grégoire Vigneron écrit des scénarii depuis 7 ans avec Laurent Tirard (Molière, Prête-moi ta main, Le Petit Nicolas). Cette fois, ils ont inversé les rôles et Laurent Tirard est devenu coscénariste pour cette première réalisation de Grégoire Vigneron.

    Voilà un film qui présentait tous les ingrédients d'un palpitant thriller : une introduction prometteuse avec voix off de rigueur, un personnage principal enserré dans ses remords, un engrenage inextricable, un ami « qui vous veut du bien » et pas seulement, une quête de rédemption et de bonheur contrariée par le destin... Et, d'ailleurs, au début, cela fonctionne parfaitement. La tension monte. On attend l'inéluctable point de non-retour, que l'étau se resserre irrémédiablement, mais malheureusement Grégoire Vigneron, peut-être par peur d'oser le thriller sans concessions (à la comédie), instille soudain des éléments de comédie qui font brusquement retomber la tension. Alors que le personnage de Patrick révélait un manipulateur derrière son apparente bonhomie, les deux scénaristes ont choisi d'en faire une sorte d'être indéfinissable dont on ne sait jamais s'il agit par inconscience ou machiavélisme. Idée scénaristique intéressante qui, malheureusement, ne fonctionne pas à l'écran, une scène dans une chambre d'hôtel totalement caricaturale cassant définitivement le rythme.

    La relation entre les deux amis promettait pourtant d'être intéressante entre celui qui a réussi son ascension sociale et celui qui l'a connu avant, avant les faux-semblants aussi. Leur rencontre est d'ailleurs très emblématique de ce rapport de force.

     Les failles scénaristiques apparaissent alors d'autant plus flagrantes : Etienne qui va voir juste devant l'inspecteur chargé de l'enquête la fille de la victime le jour de l'enterrement cette dernière, la belle-mère conservatrice et bornée...et stupide, les parents pauvres avec le fils qui prend bien soin de saucer son contenu de son assiette, l'Américain au physique de playboy dont on pense qu'il veut reprendre l'entreprise familiale mais qui est en fait « in love », la velléité d'Etienne en contradiction avec son poste de chef d'entreprise. 

    C'est d'autant plus dommage que la réalisation, plutôt habile pour un premier film, reflétait intelligemment la froideur clinique de l'environnement dans lequel évolue Etienne (même si je n'ai jamais vu un bureau d'entreprise avec aussi peu de papiers et de désordre, mais nous dirons que cela participe de cette volonté de froideur), de son loft glacial avec vue panoramique à son entreprise aux lignes tout aussi géométriques et aussi rigides que sa belle-mère. L'idée de cette équation de la réussite sociale « talent, chance, travail », mais aussi celle de la quête de rédemption, du sentiment d'imposture et du remords obsessionnel était également intéressante malheureusement gâchée par cette peur (ou cette volonté délibérée) de la noirceur et du thriller assumé que le début, si prometteur, nous laissait présager. C'est dommage enfin pour les acteurs : Benoît Magimel tout en retenue voire neutralité mais toujours aussi convaincant, Julie Gayet en épouse  et FLéa Seydoux en fille de victime beaucoup moins fragile et innocente qu'il n'y paraît. Un film qui s'achève sans nous laisser de traces, si ce n'est celle de la déception devant une si belle idée inaboutie.

    Si vous voulez voir un film sur un engrenage implacable et sur les vicissitudes de la chance, je vous recommande plutôt le chef d'œuvre suivant:

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    Sortie en salles de « Sans laisser de traces » : le 10 mars 2010 (le même jour sort en salles "La Rafle" de Rose Bosch dont vous pouvez lire ma critique en cliquant ici).

     

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  • Les Oscars 2010 en direct sur Canal plus

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    Contrairement aux César (retrouvez mon compte rendu de cette soirée très "in the mood for cinema", en cliquant ici ainsi que mes vidéos inédites d'Isabelle Adjani, Harrison Ford, Tahar Rahim, Marion  Cotillard et tous les autres lauréats déjà visionnées par des milliers d'internautes, la plus visionnée étant -curieusement?- celle de Tahar Rahim recevant son premier trophée-), je ne serai  en revanche pas en direct de la cérémonie des Oscars, c'est pourquoi je vous recommande comment la suivre au mieux, ci-dessous.

    C'est Luc Besson qui commentera la cérémonie diffusée en direct et en exclusivité sur Canal plus, à partir de 0H05, ce dimanche 7 mars, une cérémonie présentée par Steve Martin et Alec Baldwin et diffusée en direct sur ABC.

     Luc Besson sera aux côté de Laurent Weil et Didier Allouch. Je vous recommande par ailleurs l'excellent site officiel de l'Académie des Oscars.

     Pour revoir quelques vidéos je vous conseille également la page Youtube des Oscars.

    Je vous recommande également le blog de Canal plus entièrement consacré aux Oscars.

    3-1-2010_005.jpgVous retrouverez, ci-dessous, l'ensemble des nominations. "Un Prophète", grand vainqueur des César 2010 prendra-t-il sa revanche sur "Le ruban blanc" qui lui avait ravi la palme d'or du dernier Festival de Cannes? "Inglourious Basterds" recevra-t-il enfin la consécration méritée?  Fin du suspense dimanche prochain! Vous pourrez bien entendu retrouver tous les résultats commentés dès dimanche, sur inthemoodforcinema.com .

    Rappel des nominations aux Oscars 2010

    "Démineurs" et "Avatar" sont en tête de ces nominations: 9 chacun.

    Je me réjouis des nombreuses nominations d' "Inglourious basterds" (notamment comme meilleur film, meilleur réalisateur et meilleur scénario, catégorie dans laquelle il aurait été assez stupéfiant de retrouver "Avatar") et évidemment de celle d' "Un Prophète" comme meilleur film étranger...une nouvelle fois face à l'indétrônable "Ruban blanc" d'Haneke

    Ce n'est d'ailleurs pas la seule nomination pour le cinéma français puisque, si Marion Cotillard, contrairement aux Golden Globes, n'est pas nommée pour "Nine" on retrouve parmi ces nominations: "Coco avant Chanel" pour les costumes", Alexandre Desplat pour la musique originale de "Fantastic Mr Fox" et "Faubourg 36" pour la meilleure chanson originale "Loin de Paname". A nouveau on retrouve des courts métrages français en lice avec "H5" et "French Roast" et enfin un Français à la photographie avec Bruno Delbonnel pour "Harry Potter et le prince de sang-mêlé".

     A noter aussi: les nombreuses nominations pour "In the air" et notamment comme meilleur film, meilleur réalisateur et meilleur acteur pour George Clooney. Colin Firth est également nommé dans cette catégorie pour l'excellent premier film de Tom Ford "A single man" dont je vous parlais il y a quelques jours. Par ailleurs, on retrouve une habituée des Oscars: Meryl Streep, nommée à nouveau pour "Julie et Julia".

     

    Meilleur film  

    Avatar de James Cameron

    The Blind Side de John Lee Hancock

    District 9 de Neill Blomkamp

    Une éducation de Lone Scherfig

    Démineurs de Kathryn Bigelow

    Inglourious Basterds de Quentin Tarantino

    Precious: Based on the Novel 'Push' by Sapphire de Lee Daniels

    A Serious Man de Joel Coen et Ethan Coen

    Là-haut de Pete Docter

    In the Air de Jason Reitman  

    Meilleur réalisateur

     James Cameron (Avatar)

    Kathryn Bigelow (Démineurs)

    Quentin Tarantino (Inglourious Basterds)

    Lee Daniels (Precious: Based on the Novel 'Push' by Sapphire)

    Jason Reitman (In the Air)  

    Meilleur acteur

    Jeff Bridges - Crazy Heart

    George Clooney - In the Air

    Colin Firth - A Single Man

    Morgan Freeman -Invictus

    Jeremy Renner - Démineurs

    Meilleure actrice  

    Sandra Bullock - The Blind Side

    Helen Mirren - The Last Station

    Carey Mulligan - Une éducation

    Gabourey Sidibe -

    Precious: Based on the Novel 'Push' by Sapphire

    Meryl Streep - Julie et Julia  

    Meilleur acteur dans un second rôle  

    Matt Damon - Invictus

    Woody Harrelson -The Messenger

    Christopher Plummer -The Last Station

    Stanley Tucci -Lovely Bones

    Christoph Walz - Inglourious Basterds  

    Meilleur actrice dans un second rôle  

    Penélope Cruz - Nine

    Vera Farmiga - In the Air

    Maggie Gyllenhaal - Crazy Heart

    Anna Kendrick - In the Air

    Mo'Nique - Precious: Based on the Novel 'Push' by Sapphire  

    Meilleur scénario original

    Mark Boal - Démineurs

    Quentin Tarantino - Inglourious Basterds

    Alessandro Camon et Oren Moverman - The Messenger

    Joel Coen et Ethan Coen - A Serious Man

    Bob Peterson, Pete Docter et Tom McCarthy - Là-haut

    Meilleure adaptation

    Neill Blomkamp et Terri Tatchell - District 9

    Nick Hornby - Une éducation

    Jesse Armstrong, Simon Blackwell, Armando Iannucci et Tony Roche - In the Loop

    Geoffrey Fletcher - Precious

    Jason Reitman et Sheldon Turner - In the Air

     

    Meilleure photographie

    Mauro Fiore - Avatar

    Bruno Delbonnel - Harry Potter et le Prince de sang mêlé

    Barry Ackroyd - Démineurs

    Robert Richardson - Inglourious Basterds

    Christian Berger - Le Ruban blanc  

    Meilleur montage  

    Avatar

    District 9

    Démineurs

    Inglourious Basterds

    Precious  

    Meilleurs décors  

    Avatar - Rick Carter et Robert Stromberg, Kim Sinclair

    L' Imaginarium du Docteur Parnassus - Dave Warren et AAnastasia Masaro, Caroline Smith

    Nine - John Myhre, Gordon Sim

    Sherlock Holmes -Sarah Greenwood, Katie Spencer

    Victoria : les jeunes années d'une reine - Patrice Vermette, Maggie Gray  

    Meilleurs costumes  

    Janet Patterson - Bright Star

    Catherine Leterrier -Coco avant Chanel

    Monique Prudhomme - L' Imaginarium du Docteur Parnassus

    Colleen Atwood - Nine

    Sandy Powell - Victoria : les jeunes années d'une reine

    Meilleur maquillage  

    Aldo Signoretti et Vittorio Sodano -Il Divo

    Barney Burman, Mindy Hall et Joel Harlow - Star Trek

    Jenny Shircore et Jon Henry Gordon - Victoria : les jeunes années d'une reine

    Meilleure musique  

    James Horner - Avatar

    Alexandre Desplat - Fantastic Mr. Fox

    Marco Beltrami et Buck Sanders - Démineurs

    Hans Zimmer - Sherlock Holmes

    Michael Giacchino - Là-haut (Up)

    Meilleure chanson

    "Almost There" - La Princesse et la grenouille

    "Down in New Orleans" - La Princesse et la grenouille

    "Loin de Paname" - Faubourg 36

    "Take it all" - Nine

    "The Weary Kind" - Crazy Heart  

    Meilleur son  

    Avatar - Christopher Boyes, Gary Summers, Andy Nelson et Tony JohnsonDémineurs - Paul N.J. Ottosson et Ray Beckett

    Inglourious Basterds - Michael Minkler, Tony Lamberti et Mark Ulano

    Star Trek - Anna Behlmer, Andy NelsonPeter J. Devlin

    Transformers 2: la Revanche - Greg P. Russell, Gary Summers et Geoffrey Patterson

    Meilleur montage sonore

    Christopher Boyes et Gwendolyn Yates Whittle - Avatar

    Paul N.J. Ottosson - Démineurs

    Wylie Stateman -Inglourious Basterds

    Mark Stoeckinger et Alan Rankin - Star Trek

    Michael Silvers et Tom Myers - Là-haut  

    Meilleurs effets visuels  

    Avatar - Joe Letteri, Stephen Rosenbaum, Richard Baneham et Andrew R. Jones

    District 9 - Dan Kaufman, Peter Muyzers, Robert Habros et Matt Aitken

    Star Trek - Roger Guyett, Russell Earl, Paul Kavanagh et Burt Dalton  

    Meilleur film d'animation  

    Coraline d'Henry Selick

    Fantastic Mr. Fox de Wes Anderson

    Là-haut de Pete Docter

    La Princesse et la grenouille de Ron Clements et John Musker

    The Secret of Kells de Tomm Moore

     

    Meilleur film étranger

    Ajami (Israël)

    El secreto de sus ojos (Argentine)

    Fausta (La Teta Asustada) (pérou)

    Un prophète (France)

    Le Ruban blanc (Allemagne)

    Meilleur film documentaire  

    Lise-Lense Møller (Burma VJ: Reporter i et lukket land) de Anders Ostergaard et Lise Lense-Moller

    The Cove - La Baie de la honte (The Cove) de Louie Psihoyos

    Food, Inc. de Robert Kenner et Elise Pearlstein

    Most dangerous man in America: Daniel Ellsberg and the Pentagon papers de Judith Ehrlich et Rick Goldsmith

    Which way home de Rebecca Cammisa 

    Meilleur court métrage

    The Door de Juanita Wilson

    Instead of Abracadabra de Patrik Eklund

    Kavi de Gregg Helvey

    Miracle Fish de Luke Doolan

    The New Tenants de Joachim Back

    Meilleur court métrage d'animation

    French Roast de Fabrice Joubert

    Granny O'Grimm's Sleeping Beauty de Nicky Phelan

    The Lady and the Reaper de Javier Recio Gracia

    Logorama de H5

    Wallace & Gromit : Sacré pétrin de Steve Pegram, Nick Park et Bob Baker  

    Meilleur court métrage documentaire

    China's Unnatural Disaster: The Tears of Sichuan Province de Jon Alpert et Matthew O'Neill

    The Last Campaign of Governor Booth Gardner de Daniel Junge et Henry Ansbacher

    Closing of a GM plant de Steven Bognar et Julia Reichert

    Music by prudence de Roger Ross Williams et Elinor Burkett

    Rabbit à la berlin de Bartek Konopka et Anna Wydra

    Mes critiques des films en lice pour les Oscars 2010 -cliquez sur le titre pour accéder à la critique qui vous intéresse-:

    "Inglourious basterds

    "In the air"

    "Un Prophète"

    " Le Ruban blanc"

    "A single man"

    "Avatar"

    "Coco avant Chanel"

     "Julie et Julia"

    "Faubourg 36"

    "Harry Potter et le prince de sang-mêlé"

     

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  • Vidéo: Leonardo Di Caprio évoque son rôle dans "Shutter island" de Martin Scorsese

    Une petite vidéo pour achever de vous convaincre d'aller voir "Shutter island" de Martin  Scorsese si ce n'est déjà fait, le meilleur film de ce début d'année 2010. Sous la vidéo, retrouvez ma critique du film.

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    Cela faisait longtemps. Longtemps que j'entendais parler de cette adaptation tant attendue du best seller de 2003 de Dennis Lehane (que je n'ai pas lu et qui est également l'auteur de best-sellers ayant donné lieu à d'excellentes adaptations cinématographiques comme « Mystic river » de Clint Eastwood et, dans une moindre mesure, « Gone baby gone » de Ben Affleck). Longtemps que je n'avais pas ressenti un tel choc cinématographique. Longtemps qu'un film ne m'avait pas autant hantée des heures après l'avoir vu... Un grand film, c'est en effet comme un coup de foudre. Une évidence. Une évidence qui fait que les mots à la fois manquent et se bousculent. Je vais essayer de trouver les plus justes pour vous faire partager mon enthousiasme sans trop en dévoiler.

    Avant toute chose, il faut que je vous présente « Shutter island ». Shutter island est une île au large de Boston sur laquelle se trouve un hôpital psychiatrique où sont internés de dangereux criminels. Une île séparée en trois bâtiments : un pour les femmes, un pour les hommes et un pour les criminels les plus dangereux, enfin quatre si on compte son phare qui détient la clef de l'énigme. En 1954, l'une des patientes, Rachel Solando, a mystérieusement disparu... alors que sa cellule était fermée de l'extérieur, laissant pour seul indice une suite de lettres et de chiffres. Le marshal Teddy Daniels (Leonardo DiCaprio) et son coéquipier Chuck  Aule (Mark Ruffalo) sont envoyés sur place pour résoudre cette énigme... Alors qu'une forte tempête s'abat sur l'île isolée, une plongée dans un univers étrange, sombre, angoissant s'annonce alors pour Teddy qui devra aussi affronter ses propres démons.

    Rarement un film aura autant et si subtilement fait se confondre la fond et la forme, le ressenti du personnage principal et celui du spectateur. Dès le premier plan, lorsque Teddy, malade, rencontre son coéquipier sur un ferry brinquebalant et sous un ciel orageux, Scorsese nous embarque dans l'enfermement, la folie, un monde mental qui tangue constamment, flou, brouillé. Tout est déjà contenu dans cette première scène : cette rencontre qui sonne étrangement, le cadre  qui enferme les deux coéquipiers et ne laisse voir personne d'autre sur le ferry, cette cravate dissonante, le mal de mer d'un Teddy crispé, le ciel menaçant, les paroles tournées  vers un douloureux passé.

    Puis, c'est l'arrivée sur l'île et toute la paranoïa que Scorsese suggère en un plan : un visage informe, un regard insistant... En quelques plans subjectifs, Scorsese nous « met » dans la tête de Teddy, nous incite à épouser son point de vue, à ne voir et croire que ce que lui voit et croit. Nous voilà enfermés dans le cerveau de Teddy lui-même enfermé sur « Shutter island ». Avec lui, nous nous enfonçons dans un univers de plus en plus menaçant, sombre, effrayant, déroutant. L'étrangeté des décors gothiques, l'instabilité du climat coïncident avec cette fragilité psychique. Tout devient imprévisible, instable, fugace, incertain.

    Commence alors la quête de vérité pour Teddy alors que surgissent des images du passé : des images de sa femme défunte et des images de l'horreur du camp de concentration de Dachau dont Teddy est un des "libérateurs", images qui se rejoignent et se confondent parfois. L'hôpital, autre univers concentrationnaire  rappelle alors les camps, avec ses êtres moribonds, décharnés, ses barbelés..., d'autant plus qu'il est dirigé par l'Allemand Dr Naehring. La guerre froide pendant laquelle se déroule l'intrigue, période paranoïaque par excellence, renforce de climat de suspicion. L'action est par ailleurs concentrée sur quatre jours, exacerbant encore l'intensité de chaque seconde, le sentiment d'urgence et de menace.

    Chaque seconde, chaque plan font ainsi sens. Aucun qui ne soit superflu. Même ces images des camps dont l'esthétisation à outrance m'a d'abord choquée mais qui en réalité sont le reflet de l'esprit de Teddy qui enjolive l'intolérable réalité. Même (surtout) cette image envoûtante d'une beauté poétique et morbide qui fait pleuvoir les cendres.

    A travers la perception de la réalité par Teddy, c'est la nôtre qui est mise à mal. Les repères entre la réalité et l'illusion sont brouillées.  A l'image de ce que Teddy voit sur Shutter island où la frontière est si floue entre l'une et l'autre, nous interrogeons et mettons sans cesse en doute ce qui nous est donné à voir, partant nous aussi en quête de vérité. Le monde de Teddy et le nôtre se confondent : un monde de cinéma, d'images trompeuses et troublantes qui ne permet pas de dissocier vérité et mensonge, réalité et illusion, un monde de manipulation mentale et visuelle.

    Pour incarner cet homme complexe que le traumatisme de ses blessures cauchemardesques et indélébiles et surtout la culpabilité étouffent, rongent, ravagent, Leonardo DiCaprio, habité par son rôle qui, en un regard, nous plonge dans un abîme où alternent et se mêlent même parfois angoisse, doutes, suspicion, folie, désarroi (interprétation tellement différente de celle des "Noces rebelles" mais tout aussi magistrale qui témoigne de la diversité de son jeu). La subtilité de son jeu  fait qu'on y croit, qu'on le croit ; il est incontestablement pour beaucoup dans cette réussite. De même que les autres rôles, grâce à la duplicité des interprétations (dans les deux sens du terme): Mark Ruffalo, Ben Kingsley, Michelle Williams, Emily Mortimer, Patricia Clarkson, Max von Sydow... 

    Le maître Scorsese n'a pas son pareil pour créer une atmosphère oppressante, claustrophobique, pour déstabiliser les certitudes. Une œuvre pessimiste d'une maîtrise formelle et scénaristique impressionnante, jalonnée de fulgurances poétiques, dont chaque plan, jusqu'au dernier, joue avec sa et notre perception de la réalité. Un thriller psychologique palpitant et vertigineux. Une réflexion malicieuse sur la culpabilité, le traumatisme (au sens éthymologique, vcous comprendrez en voyant le film)  et la perception de la réalité dont le film tout entier témoigne de l'implacable incertitude. Ne cherchez pas la clef. Laissez-vous entraîner. « Shutter island », je vous le garantis, vous emmènera bien plus loin que dans cette enquête policière, bien plus loin que les apparences.

    Un film multiple à l'image des trois films que Scorsese avait demandé à ses acteurs de voir  avant le tournage: « Laura » d'Otto Preminger, « La griffe du passé » de Jacques Tourneur, « Sueurs froides » d'Alfred Hitchcock.  Un film noir. Un film effrayant. Un thriller. En s'inspirant de plusieurs genres, en empruntant à ces différents genres, Martin Scorsese a créé le sien et une nouvelle fois apposé la marque de son style inimitable.

     Un film dont on ressort avec une seule envie : le revoir aussitôt. Un film brillant. Du très grand Scorsese. Du très grand cinéma. A voir et encore plus à revoir. Immédiatement