Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Critique en avant-première de « Harry Potter et le Prince de sang-mêlé » de David Yates

harrypotter1.jpg

Afin de ne pas heurter la sensibilité des « HarryPottermaniaques » je précise au préalable que je ne suis pas une lectrice de J. Rowling et que je n’ai commencé à suivre l’adaptation cinématographique de la saga qu’à partir de l’opus n°3. Et même si dans le 5 (« Harry Potter et l’ordre du Phénix », déjà réalisé par David Yates) l’ennui l’avait emporté, c’est néanmoins avec plaisir que je me suis rendue à l’unique projection presse organisée par la Warner, hier, avide d’évasion d’un Paris grisâtre et désenchanté, fût-ce pour un Poudlard désormais menacé par des forces démoniaques.  Un opus très attendu par les fans d’autant plus que la sortie a été retardée de six mois, et que le livre dont il est adapté est un des plus riches contenant pas moins de 700 pages.

 

L’étau démoniaque de Voldemort se resserre ainsi sur l’univers des Moldus et le monde de la Sorcellerie. Poudlard a cessé d’être un havre de paix, le danger rode au cœur du château… mais Dumbledore (Michael Gambon) est plus décidé que jamais à préparer Harry  Potter (Daniel Radcliffe) à son combat final, désormais imminent. Ensemble, le vieux maître et le jeune sorcier  vont tenter de percer à jour les défenses de Voldemort. Mais à Poudlard d’autres préoccupations occupent également les esprits : Harry Potter est ainsi de plus en plus attiré par Ginny (Bonnie Wright) qui ne laisse pas indifférent son rival, Dean Thomas tandis que Lavande Brown (Jessie Cave) a jeté son dévolu sur Ron (Rupert Grint) alors que Hermione (Emma Watson) est rongé par la jalousie.

 

harrypotter2.jpg

 

C’est dans un Londres sous un ciel brumeux (qui a dit pléonasme ?) et colérique, sombre et inquiétant, attaqué par les disciples de Voldemort, que débute ce 6ème opus. L’impression est vertigineuse et nous fait immédiatement décoller de la réalité pour nous faire plonger de plein pied (ou balai) dans l’univers ensorcelé et ensorcelant d’Harry Potter qui, s’il nous est devenu familier, n’exerce pas moins une fascination aux réminiscences délicieusement enfantines sur les esprits les plus cartésiens.

 

Quelles que soient mes réserves émises ultérieurement, je confesse une totale immersion (ce qui me concernant est une véritable gageure sachant que je suis notamment réfractaire au cinéma d’animation), un jouissif oubli de la réalité et des 2H32 passées sans que je m’en aperçoive, les trouvant même trop courtes.

 

Ce scénario signé Steve Kloves, également scénariste des 4 premiers (et non du 5ème, ce qui explique peut-être sa qualité moindre) dose astucieusement le passé et le présent, les scènes d’une atmosphère ténébreuse et la comédie et même la comédie romantique pour au final donner cette potion magique malgré une relative vacuité de l’enjeu si ce n’est celui de nous faire patienter avant les ultimes épisodes. (En réalité un  film en 2 parties : « Harry Potter et les reliques de la mort »  dont la première partie sortira en novembre 2010, et la seconde à l’été 2011,  deux parties également réalisées par David Yates).

 

La fin n’est ainsi pas à la hauteur du rythme trépidant et haletant, et n’a finalement  d’autre but que de susciter l’attente avant les deux derniers épisodes, le vrai climax et la réelle confrontation que cet opus nous laissait espérer pour son dénouement, d’où un sentiment d’insatisfaction et d’avoir admirablement été menée en bateau (et à la baguette, au sens concret, cela va de soi) et de nous laisser sur notre faim.

harrypotter3.jpg

 

harrypotter5.jpgEn même temps que Harry Potter, Daniel Radcliffe a grandi et son jeu s’est affiné. Les personnages ont aussi gagné  en ambivalence. La frontière entre le bien et le mal est de plus en plus floue, de même que celle entre l’enfance et l’âge adulte, la fin de l’innocence que vivent les élèves de Poudlard étant aussi celle d’un monde de plus en plus menacé. A l’inverse, Drago ( Tom Felton) , derrière son insolence et son arrogance laisse transparaître sa fragilité et sa vulnérabilité, donnant aussi une impression de manque d’épaisseur à son personnage et accessoirement (et un court instant) aux scènes dans lesquelles il apparaît. Un nouveau personnage, réjouissant, fait également ici son apparition sous les traits du professeur Slunghorn (Jim Broadbent) , dandy excentrique et snob. Le Professeur Rogue (Alan Rickman) , toujours aussi énigmatique, fait planer une menace constante et délectable.

 

 Certaines scènes sont  lyriques, époustouflantes, voire mystiques à souhait, la scène de la grotte (que je vous laisse découvrir)  faisant songer aux « Dix commandements ».

 

 La photographie  joue savamment de l’ombre et la lumière, à l’image de l’ambivalence grandissante des personnages, une photographie signée Bruno Delbonnel (« Le Fabuleux destin d’Amélie Poulain », « Un long dimanche de fiançailles »).

 

Maintenant que vous êtes prévenus de cette (petite) réserve  quant à la fin, je peux vous recommander ce divertissement de très grande qualité pour sa potion magique constituée  d’un savant mélange d’humour et de noirceur qui remplit pleinement son rôle à savoir nous faire oublier la réalité, le temps qui passe,  (et l’enjeu ou son absence mais qu’importe) . Ne vous privez surtout pas de cette délicieuse sensation d’être immergés dans un ailleurs irréel devenu probable par la magie. De Poudlard.  Et surtout… du cinéma.

 

A noter: dès le 15 jullet (date de sortie du film en salles), il sera projeté en IMAX au Gaumont Disney Village, l'unique salle IMAX 3D de France permettant ainsi de profiter de l'incomparable qualité de l'image et du son de l'IMAX Expérience. Les 12 premières minutes bénéficient ainsi de la technologie IMAX 3D.

harrypotter4.jpg

Commentaires

  • Merci pour cette critique !
    J'aimerais juste savoir si le meurtre a la fin de cet opus est bien réalisé et non pas décevant.

    Merci de me répondre.

  • Alan Rickman, je l'aime d'amour...

    Comment ça, on s'en fout ?
    Sois polie.
    Reste aimable !

  • Au sujet de la "vacuité de l'enjeu"...

    ...Certainement palpable dans les films, toujours simplistes, mais nettement moindre dans les LIVRES.

    C'est une erreur de penser que les Harry Potter ne sont que des livres pour enfants, c'est pourquoi je vous engage à les lire et non pas uniquement à les regarder.

    Ceci, pour éviter de penser en termes de lieux communs - les livres sont très généralement plus profonds que leur adaptation cinématographique. C'est le cas des Harry Potter, qui, tout en réussissant à être parfaitement dans leur cible enfants-ados, sont également plus riches, multidimentionnels et touchants qu'il n'y parait à l'écran et ont ainsi bluffé de nombreux adultes.

    La saga est un véritable roman d'apprentissage qui, notamment dans les derniers tomes, a une véritable profondeur psychologique laissée à la trappe à l'écran. Alors...Lisez donc :)

  • Oui Alan un acteur super, la crème des britannique. Pour ma part, j'espère ne pas être déçue par rapport au rôle qu'il joue dans le sixième opus, car souvent les films changent pas mal de chose par rapport au bouquin.

    On verra ça après demain ^^

  • J'ai trouvé que le livre avait un problème de rythme. Si je me souviens bien il ne se passe pas grand chose et on apprend par contre des éléments qui seront utiles pour le dénouement de la série. Mais j'ai quand même très hate d'aller le voir.
    Pour les fans voilà une carte qui rassemble extraits et critiques http://www.pearltrees.com/PED/map/1_55120/

  • @ F-Joris: Je trouve en effet cette séquence un peu ratée, elle manque de lyrisme alors qu'elle s'y prêtait tellement...

    @ Sarah: Je n'ai jamais dit que les Harry Potter n'étaient que des livres pour enfants et quand je parlais de vacuité d'enjeu, j'aurais donc plutôt dû écrire que le scénario et la réalisation, si enjeu il y a (et enjeu il y a) ne savent pas suffisamment le mettre en valeur.

    @ Nani et Pascale: le rôle d'Alan est ici à nouveau un des plus intéressants même s'il aurait mérité d'être encore plus présent, mais c'est mission quasi impossible de résumer 700 pages en 2H30 et de satisfaire tout le monde. Cela demeure un film très recommandable...et un excellent divertissement.

    @ François: le problème de rythme se ressent dans le dernier quart d'heure du film qui en effet sert surtout à maintenir la tension et le suspense et à créer une attente pour les épisodes suivants,... et il faut avouer que de ce point de vue, c'est amplement réussi...

  • Merci pour la réponse :)

    Je voulais ajouter ceci à propos du rythme... Le livre 6 est conçu de la sorte, bel et bien - comme une pause et une mise au point entre la déferlente du tome 5 et le feu d'artifice du 7ème. Tout le livre se construit dans un climat calme mais où la menace et le mystère demeurent suggérés. Jusqu'à la scène finale qui fait fonction de climax assourdissant. C'est pourquoi le rôle d'Alan Rickman (et de Tom Felton), qui incarne l'esprit du livre (il attend son heure dans l'ombre ) est très important.

    Le film n'a pas voulu respecter ce rythme. Ils ont eu besoin de spectaculaire et d'action, alors ils ont ajouté des scènes, des attaques, des Mangemorts, des explosions, là où il n'y en avait pas. Et du coup, le climax final passe à la trappe, en contraste. Une fois de plus, le côté hollywood amoindrit les nuances apportées via la psychologie des personnages, et à la philosophie des livres. C'est d'ailleurs criant dans le cas du rôle en question, celui de Severus Rogue, qui constitue un personnage principal et non secondaire du livre, alors que les films s'obstinent à tourner uniquement autour du trio Harry/Ron/Hermione.

    C'est peut-être mieux pour les non-lecteurs, mais regrettable pour les lecteurs. Quoique...Il faudrait décidément écrire une thèse entière sur la pertinence des changements effectués lors des adaptations à l'écran. :)

  • @ Sarah: merci pour ces précieux éclairages! Il y aurait en effet de quoi écrire une thèse sur le sujet. Comme pour toute adaptation, il faut forcément faire des choix qui ne peuvent satisfaire tous les lecteurs. Je pense que pour les non-lecteurs aussi ce serait plus intéressant de donner une plus large place à Severus Rogue, la noirceur et le mystère qu'il apporte, sont, je trouve, les aspects les plus intéressants du film. En tout cas, ces commentaires me donnent envie de me plonger dans les romans de JK Rowlings... J'attends vos commentaires après le film (si vous allez le voir...).:-)

  • Oui, un film sûrement très bien pour ceux qui ne connaissent l'univers de Harry Potter que par les films! Sinon (et j'en fais partie) on peut dire qu'il est raté. Je ne dis pas qu'il faille reproduire le livre à la virgule près mais delà à inventer des scènes (le Terrier par exemple) qui n'apportent rien juste pour qu'il y ait de l'action. De l'action, on en trouve dans le livre, à la fin il y a une bataille entre les mangemorts et les élèves de Poudlard. Cette tension (dans le livre) qui se termine par la mort de Dumbledore et la fuite de Rogue est complètement baclée dans le film. Sans parler de tous les détails qui donnent une clef pour le dernier livre "les reliques de la mort" et qui ne sont même pas mentionnés dans le film. Franchement, je me demande s'ils ont lu les livres. Et je ne crois pas que cela s'arrangera avec les films 7 et 8. Pas avec cette équipe-là. David Yates n'a rien compris à l'univers HP.

  • @ Galaté: Je ne me permettrai pas de porter de jugement comparatif n'ayant pas lu le livre mais c'est vrai qu'il est de toute façon rare, quand on aime passionnément un livre, qu'on soit satisfait de son adaptation, exercice particulièrement difficile, d'autant plus quand il s'agit d'un tel pavé ayant tant d'inconditionnels de par le monde. Malgré cela, j'ai aussi et quand même trouvé la fin du film décevante et trop expéditive.

Les commentaires sont fermés.