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  • Palmarès du 3ème Festival Européen des 4 écrans

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    La troisième édition du Festival Européen des 4 écrans, un festival initié par Hervé Chabalier consacré au cinéma, à la télévision, au web et au téléphone mobile a délivré son palmarès hier soir. 16 pays européens figuraient en compétition.

    Grand Prix des 4 écrans


    Burma VJ: Reporter i et lukket land d'Anders Ostergaard (Danemark)

    Ecran d'Or - Longs métrages


    Me, My Gipsy Family and Woody Allen de Lucile Hadzihalilovic (Italie)

    Ecran d'Argent - Longs métrages


    Coach de Joram Lürsen (Pays-Bas)

    Prix du Jury Jeunes - Longs métrages


    Burma VJ: Reporter i et lukket land d'Anders Ostergaard (Danemark)

    -Prix Phone Reporters

    “Un immigré clandestin expulsé comme un mouton” Lamine Mbegue, Espagne


    -Prix Web-Films: Ecran d’Or:

     “Living with infidels” de Aasaf Aimapore

    Site officiel du festival: www.festival-4ecrans.eu

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  • « Le Professeur » de Valerio Zurlini avec Alain Delon, Sonia Petrova, Lea Massari…

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    Connaissant mon addiction, assumée et revendiquée, aux films avec Alain Delon une amie blogueuse m'a parlé du « Professeur » de Zurlini et apprenant avec stupéfaction que je n'avais jamais vu ce film  elle me l'a gentiment prêté pour que je puisse combler cette impardonnable lacune... Histoire d'aggraver mon cas : j'avoue, légèrement honteuse,  qu'il s'agit également du premier film de Zurlini  que je regarde. Je vais essayer de me faire pardonner tous ces délits en vous parlant de ce film méconnu.

    professeur.jpgNous sommes en 1972, Alain Delon vient de tourner des chefs d'œuvre comme « La Piscine » ou « Le Cercle rouge » (mais également un excellent film comme « Borsalino » dont je vous rappelle qu'il est sorti hier en DVD). Marcello Mastroianni n'étant pas disponible, Zurlini fait appel à Alain Delon qui répond positivement et avec enthousiasme décidant même de coproduire le film. Il  demandera ainsi à Zurlini d'amputer le film de 20 minutes et de changer le titre pour un titre plus « delonien ».  Après Visconti et Antonioni, Zurlini s'ajoute donc à la liste des réalisateurs italiens à faire tourner Delon qui retrouve ici Lea Massari avec qui il avait tourné dans « l'Insoumis » en 1964.

    Delon incarne ici un jeune professeur de littérature nommé Daniel Dominici qui remplace un professeur malade au lycée de Rimini, lycée de riches et oisifs élèves. Il mène une vie d'infidélités assumées avec sa femme (Léa Massari) avec laquelle il vit « par désespoir plus que par habitude »,  qui seule semble comprendre sa blessure secrète, et il passe son temps à jouer et perdre aux cartes, et à boire.  C'est ce même sentiment de blessure qu'il décèle chez une de ses élèves de 19 ans, la mystérieuse et sombre Vanina (Sonia Petrova) dont il tombe amoureux.

    Dès les premiers plans, ce film tranche avec les films habituels dans lesquels joue Alain Delon. D'abord par son atmosphère. Celle de la ville italienne de Rimini hors saison, déserte, brumeuse, maussade, oppressante au bord d'une mer plus glaçante que chaleureuse. Le désespoir se lit sur les visages et s'insinue dans les rues désertes et brumeuses, et la tragédie semble menacer de s'abattre à tout instant, à nouveau, là où chacun semble traîner ses blessures enfouies. Ensuite dans le rythme où se mêlent ennui, langueur, oisiveté, mélancolie. Enfin et surtout dans le personnage incarné par Alain Delon. Mal rasé, ombrageux, usé, vêtu d'un long manteau beige informe et sans âge qu'il traîne nonchalamment et ne quitte jamais comme son mal être, c'est un professeur peu soucieux des convenances qui propose des cigarettes à ses élèves en classe et leur demande de raconter leur vie en dissertation pendant qu'il s'absente de la classe. Et qui surtout leur parle de poésie, de littérature (de Pétrarque, de Goethe, de Manzoni, et de Stendhal auquel le prénom de Vanina fait évidemment penser) qu'il aime plus que son métier, plus que la vie aussi semble-t-il. Amoureux de poésie dans laquelle il noie ses chagrins, ses secrètes fêlures et sa mélancolie et dont le visage d'ange inquiet de Vanina lui semble être le reflet. Elle sera d'ailleurs la seule à traiter le sujet de Manzoni sur le vice et la vertu qu'elle pourrait lui avoir inspiré.

    Dans cette ville grisâtre de Rimini, c'est aussi un portrait sans concession de la société italienne du début des années 1970 dépravée, cruelle, même perverse. Cette froideur et cette obscurité se retrouvent dans la réalisation qui reflète la face sombre et l'accablement des personnages.

    Si cette atmosphère est essentiellement suffocante, (une atmosphère exacerbée par une musique qui résonne comme un cri angoissé) les dernières minutes au cour desquelles la vérité des visages et des sentiments (de ses origines aristocrates aussi qu'il avait dissimulées) de Dominici éclatent , au cour desquelles Daniel trouve dans la mort "La prima notte di quiete" (vers de Goethe qu'il cite et qui fait référence à  la première nuit de quiétude parce qu'elle est sans rêve) sont d'une force poignante

    Avec ce rôle intériorisé, Delon, une nouvelle fois bluffant, joue un personnage désespéré, loin de ses personnages plus habituels à la beauté arrogante et à l'arrogance désinvolte, dans une société elle-même sans espoir, une  prestation saisissante d'une impressionnante justesse et crédibilité qui rend bouleversant ce film aussi douloureux qu'imparfait qui nous accompagne néanmoins longtemps après le générique comme un air pesant et mélancolique.

    Autres articles concernant Alain Delon sur inthemoodforcinema.com:

    La soirée Paramount de lancement du DVD de Borsalino (vidéos et critique du film)

    Documentaire sur Alain Delon

     « Les Montagnes russes », 

     « Sur la route de Madison »,

    « Love letters ».

     « La Piscine » de Jacques Deray

     Le Guépard » de Visconti

  • Gainsbourg censuré...

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    Sans doute cela aurait-il beaucoup amusé et/ou consterné Gainsbourg, génie provocateur, que de voir l'affiche du film "Gainsbourg (vie héroïque)" de Joann Sfar interdite par la régie publicitaire de la RATP en vertu de la loi Evin (et alors même qu'on ne voit que la fumée et pas de mégôt...)
    La même mésaventure était arrivée à l'affiche de "Coco avant Chanel", à la publicité Dior avec Alain Delon (sur laquelle la cigarette a été supprimée) et à celle de l'exposition Tati. L'ARPP (Autorité de Régulation Professionnelle de la Publicité) avait pourtant récemment signifié que "des produits liés au tabac pouvaient désormais être représentés sur des publicités" s'ils étaient "inséparables de l'image et de la personnalité de la personne disparue." Alors, n'est-ce pourtant pas le cas de Gainsbourg? Je vous en laisse juges et pour patienter avant la sortie de ce film qui promet d'être un des grands chocs cinématographiques de l'année 2010, je vous laisse en découvrir la prometteuse bande annonce (sortie en salles: le 20 janvier 2010).

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  • "Personne" de Gwenaëlle Aubry - sélection prix littéraire des lectrices de Elle 2010

    personne.jpgDans le cadre de ma participation au jury des lectrices de Elle 2010, le marathon des lectures se poursuit, même s'il me reste encore 4 livres à lire pour ce mois-ci, ma préférence pour la sélection de ce mois-ci allant toujours vers celui de David Foenkinos « La Délicatesse ».

    « Personne » c'est ainsi que s'intitule le roman dont je vais vous parler aujourd'hui pour lequel Gwenaëlle Aubry vient de recevoir le prix Femina. « Personne » est le second roman de cette sélection du prix littéraire des lectrices de Elle 2010 à être celui d'un auteur consacré à son père disparu « L'Homme qui m'aimait tout bas » d'Eric Fottorino étant le premier. Là s'arrêtera la comparaison, les deux pères et les deux styles des deux auteurs pour les évoquer étant radicalement différents...même s'il s'agit dans les deux cas d'un hommage, d'un moyen de tenter d'exprimer la douleur indicible et suffocante, de s'en décharger, un peu en tout cas...  C'est aussi le deuxième roman à évoquer la folie après  «L'Intranquille » de Gérard Garouste co-écrit avec Judith Perrignon.

    « Personne » est le cinquième roman de Gwenaëlle Aubry, un roman grave et poignant dans lequel elle donne une voix à son père mort récemment, François-Xavier Aubry, juriste, professeur à la Sorbonne, spécialiste de la décentralisation et atteint d'une psychose maniaco-dépressive à laquelle il a finalement succombé.

     Pour dresser le portrait de cet homme dont le cerveau déconstruisait le réel, habité par une foule d'autres et de désordres, Gwenaëlle Aubry a choisi la logique et l'ordre des lettres. C'est en effet sous forme de roman abécédaire, d'Antonin Artaud à Zelig, qu'elle raconte son histoire, sa « personne-alité », ses brisures, ses gouffres. Pour cela elle a choisi deux voix : la sienne et celle de son père par le biais d'un manuscrit retrouvé après sa mort qui portait le titre de « Mouton noir mélancolique » dans lequel il racontait sa maladie.

     Peu à peu le puzzle se reconstitue, les lettres s'assemblent pour que celui qui n'était plus personne à force d'endosser tant de personnalités devienne une personne. Entre exaltation et désespoir, lumière et déchéance, entre son milieu bourgeois conservateur et celui des marginaux, d'une certaine manière Gwenaëlle Aubry épouse cette folie, en tout cas cette double vie dans laquelle rien n'est stable, rien n'est logique, tout est incertain, insaisissable et douloureux. Elle nous parle de l'enfant qu'il était. De l'enfance qu'elle a perdue à ses côté.

    Elle tente ainsi d'établir un portrait « en vingt-six angles et au centre absent », chaque lettre évoquant « une des figures dans lesquelles il se projetait ». Plus qu'un portrait, c'est un hommage, une enquête, un désir de comprendre cette âme chaotique, de reconstituer ces fragments éparpillés d'un être étrange et étranger. Au monde. Aux autres. Et surtout à lui-même.

    Les longues phrases de Gwenaëlle Aubry, parfois sans ponctuation, à bout de souffle essaient de lui faire retrouver une respiration, un second souffle, de combler le vide en même temps qu'elles en expriment la douleur et le délire. Un témoignage et un hommage bouleversants mais surtout suffocants davantage qu'un roman même s'il en porte le titre et en comporte la richesse, la beauté grave et mélancolique  et la complexité.

    "Je reçois ce prix comme une double reconnaissance, à la fois de mon travail d'écrivain et du texte de mon père dont je suis partie", a-t-elle souligné après l'annonce du prix Femina : "Le mouvement d'écriture a été très libérateur et curieusement euphorisant. Je n'ai pas du tout écrit ce livre dans la douleur ou dans le deuil. Il y avait quelque chose de fondamentalement vivant à accompagner, à partir du manuscrit qui m'a été légué par mon père".

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  • Assistez à l'ouverture du 3ème Festival Européen des 4 écrans

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    © Conte de la frustration Droits réservés

    quatreecrans.jpgCe soir  à 18h, au MK2 Bibliothèque débutera le 3ème Festival Européen des 4 écrans avec 3 films  Me, my gipsy family and Woody Allen, The cat, the reverend and the slave et Coach. 

    Ensuite aura lieu la soirée d'ouverture, à 21h, en présence du président des jurys Akhenaton. A cette occasion,  le festival présentera en avant-première le film Conte de la frustration co-signé par Akhenaton et Didier D. Darwin. Si vous souhaitez assister à cette ouverture et à l'avant-première sachez que 30 places seront remises au public à l'entrée... les premiers seront les servis !

    Projections au MK2 Bibliothèque - 5€ (tarif normal), 4€ (tarifs réduits pour les chômeurs et séniors), gratuit pour les étudiants.

    Cliquez ici pour connaître le programme du festival

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  • Soirée Paramount de lancement du DVD de "Borsalino" de Jacques Deray au cinéma Le Balzac

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    Ci-dessus, une partie de l'équipe du film, hier soir, 40 ans après la sortie en salles...

    Je vous disais hier ce que représentait « Borsalino » pour moi. Il fait partie de ces films que je revoyais inlassablement aux prémisses de ma passion pour le cinéma. Ce n'est certes pas le meilleur film de ses deux acteurs principaux. Ni même le meilleur film de Jacques Deray (qui est pour moi « La Piscine »). Même s'il a de nombreuses qualités et même si j'éprouve pour celui-ci une tendresse particulière. Mais, surtout, il a pour moi un parfum de réminiscence,  celle des balbutiements de ma passion pour le cinéma. Un parfum d'enfance même. Le voir en salles (et donc pour moi le voir pour la première fois en salles) 40 ans après sa sortie, dans une salle intime du cinéma Le Balzac  (que je vous recommande au passage, cliquez ici pour visiter leur site officiel et leur blog, un cinéma à la programmation toujours inventive) en présence d'une partie de l'équipe du film était donc un évènement réjouissant pour moi. Je remercie donc au passage la Paramount de m'avoir invitée pour cette soirée exceptionnelle de lancement du DVD (avec lequel j'ai eu la chance de repartir et que vous pourrez acquérir dès ce 19 novembre).

    Malheureusement Jean-Paul Belmondo n'était pas là, et Alain Delon n'a finalement pas pu venir ayant eu un empêchement de dernière minute (vous verrez dans la vidéo ci-dessus Agnès Vincent Deray lire le mot qu'il a laissé)- je n'ai donc pas pu lui transmettre mon scénario mais je n'abandonne pas pour autant...:-)-, ce magnifique générique n'a donc pu être renouvelé ... Etaient néanmoins présents quelques membres de l'équipe du film : Nicole Calfan, Corinne Marchand, Eugène Saccomano, et Claude Bolling qui a rejoué la musique qu'il avait créé pour le film. Cette musique alerte et rapide qui a certainement contribué au succès du film. Après la musique et les frissons suscités par ces notes si reconnaissables jouées par son compositeur, place au cinéma avec d'abord quelques extraits en avant-première des bonus du DVD (qui ont fait réagir la salle, acquise et complice, notamment aux propos d'Alain Delon qui se confie longuement dans le DVD, interviewée par Agnès-Vincent Deray) puis à la projection de « Borsalino »...

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    Claude Bolling, le compositeur de la musique de "Borsalino", hier soir

    Voilà. C'était en 1970. 4, 7 millions de spectateurs avaient alors vu ce film produit par Alain Delon. Un film alors très médiatisé. Et pour cause : deux mythes du cinéma s'y retrouvaient pour la première fois, 28 ans avant que Patrice Leconte les réunisse à nouveau pour « Une chance sur deux ». Belmondo avait d'ailleurs reproché à Delon d'être deux fois sur l'affiche, en tant que producteur et en tant qu'acteur. Ce jeu et cette apparente concurrence entre les deux acteurs avaient même conduit Jacques Deray à s'arranger pour qu'ils aient exactement le même nombre de plans et il est vrai que les deux acteurs y sont autant l'un que l'autre à leur avantage...

    Basé sur le roman « Bandits à Marseille » d'Eugène Saccomano, « Borsalino » est inspiré de l'histoire des bandits Carbone et Spirito   dont les noms avaient finalement été remplacés en raison de leurs rôles pendant l'Occupation. On y retrouve, outre Delon et Belmondo,  Nicole Calfan, Françoise Christophe, Corinne Marchand, Mireille Darc (qui fait une apparition remarquée) mais aussi Michel Bouquet, Julien Guiomar, Mario David, Laura Adani. Les dialogues sont signés Jean-Claude Carrière, co-scénariste avec Claude Sautet, Jacques Deray, Jean Cau. Rien de moins !

    Début des années 30 à Marseille. Roch Siffredi (Alain Delon) sort de prison. Venu retrouver son amie Lola (Catherine Rouvel) il rencontre par la même occasion son nouvel amant François Capella (Jean-Paul Belmondo). S'ensuit une bagarre entre les deux rivaux, elle scellera le début d'une indéfectible amitié.  Capella cherche à se faire une place dans la pègre marseillaise. Les deux truands vont ainsi se trouver et  se respecter. De cette réunion va naître une association de malfaiteurs florissante puis une amitié à la vie, à la mort qui va leur permettre de gravir les échelons de la Pègre marseillaise !

    D'un côté, Capella/Belmondo séducteur, désinvolte, bon vivant,  aux goûts clinquants et aux manières cavalières. De l'autre Siffredi/Belmondo élégant, ambitieux, taciturne, froid, implacable, presque inquiétant. Deux mythes du cinéma face à face, côte à côte qui jouent avec leurs images. Parfois avec dérision (ah la scène de la baignade, ah la bagarre...), démontrant ainsi d'ailleurs l'humour dont ils savaient et savent faire preuve même celui dont ses détracteurs l'accusaient à tort d'en être dépourvu, même si dans le DVD on reconnaît plus volontiers cette qualité à Jean-Paul Belmondo et à Delon... sa générosité. Jouant avec leur image encore lorsqu'ils deviennent des gangsters stars sur le passage desquels on se  détourne, et applaudis par la foule, comme ils le sont en tant qu'acteurs.

    C'est aussi un hommage aux films de gangsters américains, aux films de genre, avec leurs voitures rutilantes,  leurs tenues élégantes parfois aussi clinquantes (dont le fameux Borsalino qui inspira le titre du film), leurs femmes fatales mystérieuses ou provocantes, leurs lieux aussi folkloriques et hauts en couleurs que les personnages qui les occupent. En toile de fond la pittoresque Marseille, Marseille des années 30,  sorte de Chicago française, Marseille luxueusement reconstituée que Deray filme avec minutie, chaleur, avec l'allégresse qui illumine son film influencé par l'atmosphère ensoleillée et chaleureuse de Marseille. Sa caméra est alerte et virevoltante et elle accompagne avec une belle légèreté et application quelques scènes d'anthologie comme celle de la fusillade dans la boucherie. Tout cela donne au film une vraie « gueule d'atmosphère » qui n'appartient qu'à lui. Et s'il n'y a pas réellement de suspense, Deray nous fait suivre et vivre l'action sans penser à la suivante, à l'image de Siffredi et Capella qui vivent au jour le jour;  il  ne nous embarque pas moins avec vivacité dans cette ballade réjouissante, autant teintée d'humour et de second degré (dans de nombreuses scènes mais aussi dans les dialogues, savoureux) que de nostalgie, voire de mélancolie suscitée par la solitude du personnage de Delon dont la majesté de fauve, parfois la violence, semblent être les masques de la fragilité. Et dont la solitude fait écho à celle de l'acteur, auréolé d'un séduisant mystère. Celui d'un fauve blessé.

    Un film que ses deux acteurs principaux font entrer dans la mythologie de l'Histoire  du cinéma, et qui joue intelligemment avec cette mythologie, ce film étant par ailleurs  avant tout un hymne à l'amitié incarnée par deux prétendus rivaux de cinéma.  Ce sont évidemment deux rôles sur mesure pour eux mais c'est aussi toute  une galerie de portraits et de personnages aussi pittoresques que la ville dans laquelle ils évoluent qui constitue d'ailleurs  un véritable personnage (parmi lesquels le personnage de l'avocat magistralement interprété par Michel Bouquet). Un film avec un cadre, une ambiance, un ton, un décor, deux acteurs uniques. Et puis il y a l'inoubliable musique de Claude Bolling avec ses notes métalliques parfois teintées d'humour et de violence, de second degré et de nostalgie, d'allégresse et de mélancolie,  de comédie et de polar entre lesquels alterne ce film inclassable.

    « Borsalino » fut nommé aux Golden Globes et à l'ours d'or. Quatre ans plus tard Jacques Deray réalisera Borsalino and co, de nouveau avec Alain Delon, sans connaître le même succès auprès du public et de la critique. Reste un film qui, 40 ans après, n'a rien perdu de son aspect jubilatoire et semble même aujourd'hui encore, pour son habile mélange des genres, en avoir inspiré beaucoup d'autres. Imité, rarement égalé. En tout cas inimitable pour ses deux personnages principaux que ses deux acteurs mythiques ont rendu à leurs tours mythiques, les faisant entrer dans la légende, et dans nos souvenirs inoubliables, inégalables et attendris de cinéphiles.

    Si vous voulez vous aussi acheter votre ticket pour ce voyage dans la mythologie cinématographique, ce sera dès possible ce 19 novembre avec la sortie de ce DVD que je vous recommande, vous l'aurez compris...

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     DVD 2 : Plus de 2 heures de suppléments inédits - Bonus réalisés par Agnès vincent Deray et Pierre-Henri Gibert : reportage sur le tournage du film en 1969, interviews des acteurs à la sortie du film en 1970, Jean-Paul Belmondo et Alain Delon racontent leurs personnages, les Parisiennes chantent le thème de Borsalino, la Genèse du film (témoignages de Jean-Claude Carrière et Eugène Saccomano), les secrets du tournage (témoignages de Michel Bouquet, Nicole Calfan, Françoise Christophe, Corinne Marchand et Catherine Rouvel), la musique de Claude Bolling: un thème universel (Témoignages de Claude Bolling et Stéphane Lerouge), témoignages de Michel Drucker et Agnès Vincent Deray, avec la participation exceptionnelle d'Alain Delon.

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  • "Entre les murs", ce soir, à 20H45, sur Canal plus

    Entre les mursbis.jpgCe soir, Canal plus diffuse la palme d'or française du Festival de Cannes 2008: "Entre les murs" de Laurent Cantet, une projection cannoise mémorable à laquelle inthemoodforcinema.com était.

    Vous pouvez lire ma critique, mon récit de cette projection et voir mes vidéos cannoises en cliquant ici.

    Et évidemment si vous avez Canal +, ne manquez pas le film ce soir, à 20H45!