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Matt Damon

  • Ouverture du Festival du Cinéma Américain de Deauville et Première de STILLWATER de Tom Mc Carthy

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    L'ouverture de ce 47ème Festival du Cinéma Américain de Deauville eut lieu sous le signe de l'émotion de cette ouverture du 47ème Festival du Cinéma Américain de Deauville et de "L'affaire Thomas Crown" et des "Moulins de mon coeur" de Michel Legrand (re)interprétés par Steve  Nieve. Après ces mois de vie claquemurée, une musique à l'image de l'affiche de cette édition du festival, qui nous invite à embrasser la vie et à nous laisser embarquer dans ce tourbillon de cinéma et qui nous procure l'envie paradoxalement vorace et douce de dévorer chaque seconde. 

     

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    L’affiche de cette édition rend ainsi hommage à un classique du cinéma « L’Affaire Thomas Crown » de Norman Jewison (1968), célèbre pour l'utilisation du split screen, pour sa si sensuelle et troublante partie d’échecs entre Faye Dunaway et Steve McQueen et pour sa bande originale autour de laquelle s'articule le film et la scène mythique précitée. 


    Après quelques discours fut ensuite projeté en avant-première "Stillwater" de Tom McCarthy.

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    Stillwater, c'est à la fois le nom d'une ville de l'Oklahoma, celle de Bill Baker incarné par Matt Damon. C'est aussi la clef de l'intrigue. C'est enfin ce même Bill Baker qui quitte  son Oklahama qui lui ressemble tant, monotone et tourmenté, pour venir retrouver sa fille emprisonnée à Marseille où elle était venue étudier avant d'y être condamnée pour le meurtre de sa compagne.

    2h20 d'une quête passionnante  au cours de laquelle il rencontre la bienveillante Virginie (Camille Cottin), comédienne de théâtre élevant seule sa fille de 8 ans dont l'univers est aux antipodes du sien. La rencontre de deux personnages en apparence diamétralement opposés. La rencontre de deux mondes, de deux solitudes aussi, de deux êtres dont les certitudes vont s'ébranler.  

    La France n'est pas filmée comme elle l'est souvent dans les films américains dont la vision de l'hexagone est souvent surannée et caricaturale. Ici Tom McCarthy nous fait (re)découvrir Marseille, riche de ses contrastes comme le duo que forment Camille Cottin et Matt Damon. Ce dernier est bluffant et méconnaissable en Américain rustre dont la carapace se fissure peu à peu.


    À la fois polar, drame social, romance c'est avant tout le parcours initiatique d'un homme pétri de foi, religieuse et en l'innocence de sa fille, qui d'Américain trumpiste (même s'il dit n'avoir pas voté pour cause de prison) va peu à peu s'ouvrir à d'autres horizons.


    Un remarquable scénario coécrit par Noé Debré et Thomas Bidegain pour un film poignant et haletant. L'idéal pour une ouverture. Au programme aujourd'hui : "Blue bayou" (compétition), rencontre avec Oliver Stone et "Flag day" de Sean Penn.

  • Critique de MONUMENTS MEN de George Clooney à 20H45 sur Ciné + Premier

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     Vous verrez ci-dessous, en plus de ma critique du film, les meilleurs moments de la conférence de presse parisienne de cette joyeuse équipe (tout juste de retour du Festival de Berlin où le film a été projeté en avant-première et ovationné) aussi complice que dissipée, une conférence à laquelle j’ai donc eu le plaisir d’assister et dont le moment d’émotion fut l’intervention d’un vrai « Monument man » survivant que vous verrez dans la vidéo.

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     J’étais particulièrement impatiente de découvrir ces « Monuments men » après le régal impitoyable qu’avait été « Les Marches du pouvoir » (qui se déroule dans les coulisses des Primaires américaines), la dernière réalisation de George Clooney. Un thriller aussi élégant que le sont en apparence ses protagonistes et qui en révèle d’autant mieux la face obscure grâce à un rythme particulièrement soutenu, un distribution brillamment dirigée (avec des seconds rôles excellents comme Philip Seymour Hoffman ou Paul Giamatti), des dialogues vifs, et surtout une mise en scène métaphorique entre ombre et lumière particulièrement symptomatique du véritable enjeu (être, devenir ou rester dans la lumière) et de la part d’ombre qu’elle dissimule (souvent habilement) et implique.

    Avec ce nouveau sujet  et ce casting en or (George Clooney, Matt Damon, Bill Murray, John Goodman, Cate Blanchett, Bob Balaban, Jean Dujardin -dont on se demande jusqu'où sa brillante carrière le mènera encore-…), je pensais être d’emblée conquise par cette nouvelle réalisation de George Clooney.

    « Monuments men » est ainsi inspiré d’un fait historique réel et méconnu de la Seconde Guerre Mondiale. Sept hommes qui ne sont pas des soldats mais des directeurs et des conservateurs de musées, des artistes, des architectes, et des historiens d’art… se jettent au cœur du conflit pour aller sauver des œuvres d’art volées par les nazis et les restituer à leurs propriétaires légitimes. Ces trésors sont cachés en plein territoire ennemi, et leurs chances de réussir sont infimes. Pour tenter d’empêcher la destruction de mille ans d’art et de culture (les nazis voulaient notamment convaincre les Allemands du déclin de l’Art moderne, quand il était pratiqué par des artistes juifs ou communistes, détruisant ainsi ces œuvres pour « purifier » l’Art quand elles ne venaient pas enrichir leurs collections personnelles), ces Monuments Men vont se lancer dans une incroyable course contre la montre, en risquant leur vie pour protéger et défendre les plus précieux trésors artistiques de l’humanité…

    Dans la réalité, ce fut un programme lancé par le département Fine Arts, and Archives section, de la commission chargée de plaider la cause artistique en temps de guerre aux USA. L'équipe des Monuments Men se composait d'une douzaine d'hommes, trop vieux pour avoir été embrigadés par l'armée à l'aube du conflit. Ils sont plasticiens, historiens d'art, conservateurs de musée et sont envoyés en France dans les six semaines qui suivent le débarquement en Normandie. C'est le président Eisenhower qui lance le programme, après que les troupes Alliées aient gratuitement détruit une abbaye ancienne. C'est finalement Roosevelt qui donne son accord à George Stout, futur chef officieux des Monuments Men, pour former son équipe de choc

    Voilà le prometteur pitch officiel. La mise en scène est indéniablement soignée et d’une rare élégance. Là est sans aucun doute une des singularités du cinéaste George Clooney, avec le caractère engagé de ses films. La musique (signée Alexandre Desplat) est poignante et emphatique à souhait, cristallisant la majesté de l'enjeu. L’enjeu, justement, est universel : sauver des œuvres d’art dont la destruction revient à « nier que les Hommes ont existé ». Sans aucun doute, George Clooney, artiste engagé, était réellement porté par son sujet et avait particulièrement à cœur de rendre hommage à ces héros de l’Histoire et de son histoire qui le méritent incontestablement : les Monuments men qui ont pour noble objectif de retrouver les œuvres d’art volées par les Nazis pendant la Seconde Guerre Mondiale. Parce que tuer les œuvres d’art c’est aussi tuer la mémoire. Notre mémoire.

    Malheureusement, George Clooney, aussi talentueux metteur en scène soit-il semble avoir été paralysé :  par son sujet et l’hommage qu’il souhaitait rendre aux vrais « Monuments men », par les œuvres d’art et leur prestige, par ses influences (les films de son enfance comme « La Grande Evasion » ou « Le Pont de la Rivière Kwaï » ou des cinéastes avec lesquels il a tournés comme Soderbergh -donnant à son film des airs d’ « Ocean »- ou les Coen –pour l’humour décalé aux frontières de l’absurde -) et par son casting. En voulant trop bien faire : satisfaire ses acteurs (tous ses acteurs, en leur donnant à chacun leur moment de gloire et leur numéro) dont la complicité transpire certes, les réalisateurs qui l’ont inspiré et les héros à qui il a voulu rendre hommage, il ne choisit finalement pas avec pour résultat un film hybride qui laisse un goût de regret et d’inachevé. Son film oscille constamment : d’un acteur à l’autre comme s’il voulait que chacun ait une égale partition, et surtout entre la comédie et le drame. En résulte un scénario qui ressemble à une suite de saynètes et qui passe à une autre dès que l’émotion s’apprêtait à éclore.

    C’est d’autant plus dommage que certaines scènes et certains plans nous rappellent qu’il a un vrai sens de la narration et quel cinéaste talentueux il peut être (la mise en scène n’est d’ailleurs jamais en cause, mais uniquement le scénario) notamment lorsque sont retrouvées certaines œuvres comme « La Madone de Bruges » de Michel-Ange ou « L’Autoportrait » de Rembrandt ou les scènes entre Matt Damon et Cate Blanchett. Il aurait d’ailleurs été passionnant de se focaliser sur le personnage interprété par cette dernière, à mon avis le plus intéressant, celui de Claire Simone inspiré de Rose Valland (auteur d’un livre de souvenirs sur le sujet intitulé « Le Front de l’Art") qui travailla au Musée du Jeu de Paume à partir de 1932 et qui participa à l’évacuation des collections publiques parisiennes mises à l’abri sur l’ensemble du territoire.

    Par ailleurs, l’action se déroule après le débarquement du 6 juin 1944 mais deux menaces planent encore : les troupes de libération soviétiques qui saisissaient les œuvres à titre de compensation et certains fonctionnaires nazis qui souhaitaient faire disparaître les œuvres à titre de vengeance. Or, malgré la mort de certains de ces « Monuments men » leur "promenade"  semble souvent tranquille, bucolique et dénuée de tension et de réalisme. Un comble pour un film inspiré de faits réels.

    Malgré tout, malgré cette histoire bancale sans doute en raison de l’énorme enjeu de l’Histoire, cet aspect suranné dans l’écriture, ces  « Monuments men » m’ont inspiré une certaine tendresse. Parce qu’on y sent à quel point son réalisateur avait à cœur de rendre hommage à ces grands hommes mais aussi à ces œuvres d’Art. Ce à quoi il parvient d’ailleurs, comme s’il avait davantage voulu mettre l’accent sur l’Histoire que sur son histoire. Parce que la réalisation et la photographie sont remarquables. Parce que le casting est à leur image : élégant et soigné comme celui des films d’un autre temps. J’ai eu l’impression qu’allaient surgir à tout instant Cary Grant, Clark Gable ou James Stewart. Et parce ce film aura au moins eu le mérite d’immortaliser des héros oubliés, de les célébrer mais aussi de rappeler à quel point l’Art n’est pas un simple ornement mais est une respiration salutaire,  un fondement vital de la société et de l’humanité à tel point que des hommes ont combattu pour lui au péril de leur vie. Et pour ces raisons, cinématographiques mais surtout pédagogiques, ces « Monuments men »méritent que vous alliez à leur rencontre au cinéma le 12 mars…et méritent d’être montrés dans les écoles.

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    En bonus, ci-dessous, ma critique du film « Les Marches du pouvoir » de George Clooney à voir et revoir.

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    « The American » d’Anton Corbijn, le précèdent film avec George Clooney avant "Les Marches du pouvoir" prouvait une nouvelle fois le caractère judicieux de ses choix en tant que comédien et en tant que producteur, ce film allant à l’encontre d’une tendance selon laquelle les films doivent se résumer à des concepts, prouvant qu’un film lent, au style épuré et aux paysages rugueux (ceux des Abruzzes en l’occurrence, d’ailleurs magnifiquement filmés) peut être plus palpitant qu’un film avec une action à la minute.

     Avec « Les Marches du pouvoir », il confirme la clairvoyance de ses choix (film produit par un autre acteur aux choix clairvoyants, Leonardo DiCaprio) avec un film au sujet a priori (et seulement a priori) peu palpitant : la bataille pour les primaires démocrates et, un peu à l’inverse de « The American » qui était un thriller traité comme un film d’auteur intimiste, il nous embarque dans un thriller palpitant avec ce qui aurait pu donner lieu à un film d’auteur lent et rébarbatif. "Les Marches du Pouvoir" est une adaptation de la pièce de théâtre « Farragut North » de Beau Willimon; il a été présenté en compétition officielle de la dernière Mostra de Venise.

    Stephen Meyers (Ryan Gosling) est le jeune, légèrement arrogant, mais déjà très doué et expérimenté conseiller de campagne du gouverneur Morris (George Clooney) candidat aux primaires démocrates pour la présidence américaine. Pour lui, Morris est le meilleur candidat et il s’engage à ses côtés, totalement convaincu de son intégrité et de ses compétences mais peu à peu il va découvrir les compromis qu’impose la quête du pouvoir et perdre quelques illusions en cours de route… Il va découvrir ce qu’il n’aurait jamais dû savoir, commettre l’erreur à ne pas commettre et la campagne va basculer dans un jeu de dupes aussi fascinant que révoltant.

    Le film commence sur le visage de Meyers récitant un discours, du moins le croit-on… La caméra s’éloigne et dévoile une salle vide et que l’homme qui semblait être dans la lumière est en réalité un homme dans et de l’ombre, préparant la salle pour celui qu’il veut mener à la plus grande marche du pouvoir. Ce début fait ironiquement écho au magnifique plan-séquence de la fin où la caméra se rapproche au lieu de s’éloigner (je ne vous en dis pas plus sur cette fin saisissante)…tout un symbole !

    Je ne suis pas à un paradoxe près : alors que je m’insurge constamment contre le poujadiste et simpliste «tous pourris » souvent le credo des films sur la politique, ce film qui dresse un portrait cynique de la politique et de ceux qui briguent les plus hautes marches du pouvoir m’a complètement embarquée… Clooney non plus n’est pas à un paradoxe près puisque lui qui a fermement défendu Obama dans sa campagne présidentielle et dont la sensibilité démocrate n’est pas un mystère a mis en scène un candidat (démocrate) dont l’affiche ressemble à s’y méprendre à celle du candidat Obama lors de son premier mandat. D’ailleurs, ce n’est pas forcément un paradoxe, mais plutôt une manière habile de renforcer son propos.

    A première vue, rien de nouveau : les manigances et les roueries de la presse pour obtenir des informations qui priment sur tout le reste, y compris de fallacieuses amitiés ou loyautés, la proximité intéressée et dangereuse entre le pouvoir politique et cette même presse (tout ce que la très belle affiche résume, avec en plus le double visage du politique), et même les liens inévitables entre désir et pouvoir qui ouvraient récemment un autre film sur la politique, « L’Exercice de l’Etat », dans une scène fantasmagorique mais, malgré cela, George Clooney signe un film remarquable d’intensité, servi par des dialogues précis, vifs et malins et par une mise en scène d’une redoutable élégance, notamment grâce au recours aux ombres et à la lumière pour signifier l’impitoyable ballet qui broie et fait passer de l’un à l’autre mais surtout pour traiter les coulisses obscures du pouvoir comme un thriller et même parfois comme un western (le temps d’un plan magnifique qui annonce le face-à-face dans un bar comme un duel dans un saloon). En fait, « Les marches du pouvoir » porte en lui les prémisses de plusieurs genres de films (thriller, romantique, western) montrant, d’une part, l’habileté de Clooney pour mettre en scène ces différents genres et, d’autre part, les différents tableaux sur lesquels doivent jouer les hommes politiques, entre manipulation, séduction et combat.

    Le temps d’une conversation plongée dans le noir ou d’une conversation devant la bannière étoilée (invisible un temps comme si elle n’était plus l’enjeu véritable mais aussi gigantesque et carnassière), sa mise en scène se fait particulièrement significative. Cette plongée dans les arcanes du pouvoir les décrit comme une tentation perpétuelle de trahir : ses amis politiques mais surtout ses idéaux. L’étau se resserre autour de Stephen comme un piège inextricable et les seuls choix semblent alors être de dévorer ou être dévoré, d’ailleurs peut-être pas tant par soif du pouvoir que par souci de vengeance et par orgueil, amenant ainsi de la nuance dans le cynisme apparent qui consisterait à dépeindre des hommes politiques uniquement guidés par la soif de conquête et de pouvoir. Ryan Gosling est parfait dans ce rôle, finalement pas si éloigné de celui qu’il endosse dans « Drive », incarnant dans les deux cas un homme qui va devoir renier ses idéaux avec brutalité, et qui révèle un visage beaucoup plus sombre que ce qu’il n’y parait. Face à lui, George Clooney en impose avec sa classe inégalée et inégalable qui rend d’autant plus crédible et ambivalent son personnage à la trompeuse apparence, épris de laïcité, de pacifisme et d’écologie... sans doute davantage par opportunisme que par convictions profondes, ses choix privés révélant la démagogie de ses engagements publics.

    Le cinéma américain entre Oliver Stone, Pakula, ou avec des rôles incarnés par Robert Redford comme dans « Votez McKay » de Michael Ritchie (que Redford avait d’ailleurs coproduit) a longtemps considéré et traité la politique comme un sujet à suspense. Tout en s’inscrivant dans la lignée de ces films, Clooney réinvente le genre en écrivant un film aux confluences de différents styles. La politique est décidément à la mode puisque pas moins de trois films français (très différents) sur le sujet étaient sortis l'an passé (« La Conquête », « Pater » et « L’Exercice de l’Etat »). Clooney ne s’intéresse d’ailleurs pas ici uniquement à la politique, le film ne s’intitulant pas « Les marches du pouvoir politique » mais du pouvoir tout court et cette soif d’ascension au mépris de tout pourrait se situer dans d’autres sphères de la société de même que la duplicité de ceux qui cherchent à en gravir les marches, à tout prix, même celui de leurs idéaux.

    Seul regret : que le titre original peut-être pas plus parlant mais plus allégorique n’ait pas été conservé. «The ides of March » correspond ainsi au 15 mars du calendrier romain, une expression popularisée par une des scènes de « Jules César » de William Shakespeare, dans laquelle un oracle prévient le célèbre général de se méfier du 15 mars, date à laquelle il finira par être assassiné.

    Un thriller aussi élégant que le sont en apparence ses protagonistes et qui en révèle d’autant mieux la face obscure grâce à un rythme particulièrement soutenu, un distribution brillamment dirigée (avec des seconds rôles excellents comme Philip Seymour Hoffman ou Paul Giamatti), des dialogues vifs, et surtout une mise en scène métaphorique entre ombre et lumière particulièrement symptomatique du véritable enjeu (être, devenir ou rester dans la lumière) et de la part d’ombre qu’elle dissimule (souvent habilement) et implique. Je vous engage à gravir ces « Marches du pouvoir » quatre-à-quatre. Un régal impitoyable. Vous en ressortirez le souffle coupé !

  • Critique de « True grit » d’Ethan et Joel Coen avec Jeff Bridges, Matt Damon, Hailee Steinfeld

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    Alors que « True Grit » est, injustement, reparti sans aucune récompense des Oscars, dimanche dernier, malgré ses 10 nominations, retour sur un des meilleurs films américains de cette année 2010 (avec « Shutter island », « Black swan », « Inception », « Le discours d’un roi », ce dernier ayant raflé les principales récompenses).

    1870, juste après la guerre de Sécession, sur l'ultime frontière de l'Ouest américain. Mattie Ross (Hailee Steinfeld), 14 ans, réclame justice pour la mort de son père, abattu de sang-froid pour deux pièces d'or par le lâche Tom Chaney (Josh Brolin). L'assassin s'est réfugié en territoire indien. Pour le retrouver, se venger et le faire pendre, Mattie engage Rooster Cogburn (Jeff Bridges), un U.S. Marshal alcoolique. Mais Chaney est déjà recherché par LaBoeuf (Matt Damon), un Texas Ranger qui veut le capturer contre une belle récompense. Ayant la même cible, les voilà rivaux dans la traque. Tenaces et obstinés, chacun des trois protagonistes possède sa propre motivation et n'obéit qu'à son code d'honneur.

    Dès les premiers plans, d’une maîtrise, d’une ingéniosité et d’une beauté à couper le souffle, les Coen font une nouvelle fois preuve de leur malicieux talent de narrateurs et cinéastes. J’ai bien cru qu’il était arrivé, enfin et tardivement, ce film que j’avais attendu toute l’année 2010, enfin un film qui me scotche à mon siège, m’éblouit, me fascine, me donne envie de partager mon enthousiasme débordant, à peine sortie de la salle.

    Le début laisse même présager un très très grand film : richesses des plans et de la narration, beauté de la photographie, et incroyables personnages à commencer par  la jeune Hailee Steinfeld (retenez bien son nom, il ne serait pas étonnant de la retrouver aux Oscars avec la statuette entre les mains) dont chaque apparition est réellement bluffante. J’ignore combien de jeunes filles les Coen ont vues avant de la trouver mais elle est incroyable et stupéfiante de naturel. Son jeu est (à l’image de son personnage) d’une maturité et d’une intelligence époustouflantes transformant chacune de ses apparitions en instants réellement jubilatoires. A l’image de son nom dans le film, elle est tranchante comme une lame de rasoir, pleine d’assurance et de malice.

    J’avoue que j’étais emballée à l’idée de voir un western genre qui m’a fait aimer le cinéma mais que je le redoutais aussi tant ce genre est codifié et peut apparaître aujourd’hui comme suranné mais évidemment c’était compter sans le talent des Coen. « True Grit » est ainsi un remake de “100 dollars pour un sheriff” de Henry Hathaway, un film  de 1969 pour lequel John Wayne a obtenu l’Oscar du meilleur acteur, le seul de sa carrière d’ailleurs.  Les Coen réfutent pourtant l’appellation de remake préférant dire qu’ils se sont basés sur le roman de Charles Portis à l’origine du film.

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     « True Grit » est un magnifique hommage aux westerns (reprenant même la musique du chef d’œuvre « La nuit du chasseur » de Charles Laughton) dont il respecte et détourne les codes non sans uns certaine ironie (comme lorsque Mattie Ross sort après une magistrale traversée de la rivière à cheval, totalement sèche comme pour nous dire que cela n’est que mythe), à ses personnages aux gueules patibulaires mais au cœur d’or, à ses grandes étendues éblouissantes, à ses chevauchées fantastiques dans des plaines majestueuses au soleil levant ou couchant « dans la vallée de l’ombre et de la mort », à la mythologie américaine donc, à ses légendes.

    Et puis un film des Coen ne serait pas un film des Coen sans le second degré, l’humour noir, l’ironie caustique, un ton sarcastique qui n’appartient qu’à eux et qui convient merveilleusement au western (autour duquel ils tournent d’ailleurs depuis un moment,  « No country for old men » en étant déjà une forme) et à ce trio improbable.

    Seul bémol : un rythme qui se ralentit un peu en milieu de film et une confrontation finale (le principe même des westerns qui, souvent, revendiquent leur manichéisme) un peu décevante mais aussitôt un trait d’humour ou une chevauchée nocturne sublimement filmée à donner des frissons vous le font oublier.  Et puis leurs personnages truculents et finalement touchants dépassent le cadre de l’intrigue et ses faiblesses qui finalement importent peu.

    Matt Damon confirme qu’il peut tout interpréter, et il fallait pas mal d’humour pour interpréter ce LaBoeuf, Texas ranger, aussi léger et subtile que son prénom. Quant à Jeff Bridges, il n’aurait pas moins mérité un Oscar que John Wayne pour le rôle de ce Marshall alcoolique, téméraire et bourru.

    Avec « True Grit », les Coen rendent hommage au western en le renouvelant et transformant en  un conte désenchanté aux paysages enchanteurs, une sorte d’Alice au pays des merveilles dans un Ouest Américain aussi hostile que magnifiquement filmée, les mésaventures d’un trio improbable entre courage et désillusions. Un ton qui n’appartient qu’aux Coen et des personnages forts remarquablement interprétés font de ce western un des meilleurs films de l’année 2010…. Le nouveau partenaire des frères Coen, un certain producteur nommé Steven Spielberg, ne s’y est pas trompé.

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    Revoir aussi  « L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford ». chef d’oeuvre récent du genre prouvant là aussi qu’il peut être d’une grande modernité.

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      Et puisqu’il est question de western retrouvez aussi ma critique de « Johnny Guitar »de Nicholas Ray.

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  • Critique - « Au-delà » de Clint Eastwood avec Matt Damon, Cécile de France…

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    Depuis « Million dollar baby », en 2005, Clint Eastwood réalise désormais au rythme woodyallenien d’un film par an. D’ailleurs, là n’est pas le seul point commun entre le cinéma de Woody Allen et ce film de Clint Eastwood. Leurs derniers films sont hantés par la mort (qu’ils la dédramatisent par l’humour ou l’affrontent frontalement), et tout comme dans le dernier Woody Allen, Clint Eastwood a choisi la forme chorale, il a également tourné à Paris (Woody Allen sortira bientôt « Minuit à Paris »), a eu judicieusement recours à l’opéra pour exacerber l’intensité dramatique et cristalliser les sentiments des personnages ( opéra que Woody Allen a sublimement utilisé dans plusieurs films et notamment « Match point »), et traite ici du destin, et de ses méandres que Woody Allen a aussi souvent célébrés. Le destin est en effet ici un thème majeur de ce mélodrame qui s’assume comme tel sans être pour autant larmoyant (une caractéristique que j’avais en revanche trouvée insupportable dans « Million dollar baby » ou « L’échange). Je rapprocherais davantage « Au-delà » de « Sur la route de Madison » (je m’en explique plus bas) qui reste pour moi un des plus beaux films d’amour.

    « Au-delà » nous raconte les histoires  de trois personnages dont les vies sont dévastées à l’image de ce tsunami par lequel débute le film, un tsunami qui ravage tout sur son passage évidemment y compris les existences de ceux qui l’ont croisé. Marie (Cécile de France) est l’une de ces personnes. Emportée par la vague gigantesque, elle connaît une expérience de mort imminente avant de tenter de reprendre son métier de journaliste à Paris. Dans les quartiers pauvres de Londres, Marcus (George McLaren), un jeune garçon dont la mère est alcoolique perd son frère jumeau Jason. Et, à San Francisco,  Georges (Matt Damon) possède un don mais qui est pour lui une malédiction : il est médium et communique avec l’au-delà. C’est cet au-delà qui va les réunir et va leur permettre de retrouver le goût de la vie.

    Hier, je vous parlais de « 127 heures », le dernier film de Danny Boyle dont « Au-delà » est pour moi l’exact et subtil contraire.  Là où Danny Boyle par de vains effets de styles essaie à tout prix de pallier  la moindre seconde potentiellement ennuyeuse, Clint Eastwood prend le temps de tisser les fils de son histoire et des destins de ses personnages, de nous faire éprouver leur parcours vers le retour à la vie et leur voyage intérieur sans que, paradoxalement et au contraire du premier, cela soit ennuyeux.

    Peut-être mais pourquoi comparer ce film au chef d’oeuvre « Sur la route de Madison » me direz-vous ? Parce que « Sur la route de Madison » est (aussi) un hymne à ces instants fugaces et intenses qui modifient le cours du destin. Robert Kincaid dit ainsi que son amour pour la photographie avait sans doute pour but de le conduire jusque là, jusqu’à Francesca Johnson tout comme les drames vécus par les trois personnages principaux d’ « Au-delà » trouvent leur explication et leur résolution dans leur rencontre, cette « certitude qui n’arrive qu’une fois dans une vie » (cf « Sur la route de Madison »). Comme dans « Sur la route de Madison », le bonheur est ici un instant d’éternité fugace qui justifie et éclaire les drames de l’existence. Un message finalement résolument optimiste pour un homme âgé pourtant hanté par la mort comme en témoignait déjà « Gran Torino ».

    Clint Eastwood a par ailleurs eu l’intelligence de ne pas réaliser un film fantastique, de parler de l’au-delà en restant à hauteur d’homme. Sans doute cela en a-t-il dérouté certains qui s’attendaient à des effets spéciaux vertigineux (la bande-annonce très réussi est, à cet égard, assez trompeuse, rappelant celle des blockbusters, ce que « Au-delà » n’est pas). Même sans effets spéciaux la réalisation de Clint Eastwood est d’ailleurs toujours aussi élégante, maîtrisée et ingénieuse que ce soit pour filmer un tsunami dévastateur (là aussi à hauteur d’homme) ou le trouble amoureux. Excellente idée également que de donner des tonalités différentes aux trois lieux dans lesquels se déroule l’histoire. Dommage néanmoins que la partie française soit moins intéressante, un peu datée (le livre sur François Mitterrand sur lequel sans doute il reste beaucoup à dire mais qui n’est pas le sujet le plus novateur qui soit ou encore les décors d’une modernité aseptisée et caricaturale), et que Cécile de France (par ailleurs habituellement excellente actrice) donne l’impression de « jouer à la journaliste » et non de jouer une journaliste. Passionnantes (même si sans doute trop lentes pour certains, sans élans emphatiques) sont en revanche la quête de ce petit garçon pour communiquer avec son frère mort et celle de cet homme lui aussi en quête d’un double. Matt Damon une fois de plus excelle et derrière son apparence robuste laisse entrevoir les fragilités, les doutes, les espoirs de son personnage habité par cette force ou du moins ce pouvoir qui devient une faiblesse pour son existence.

    « Au-delà » n’est certainement pas le film trépidant que certains attendaient mais au contraire un film à hauteur d’hommes qui tisse peu à peu sa toile d’émotions en même temps que les destins de ses personnages et qui laisse une trace d’autant plus profonde et aboutit à un final d’autant plus bouleversant que le cheminement pour l’atteindre a été subtil et délicat et que tout le justifiait. Une réflexion sur la mort mais surtout un hymne à la vie (au-delà de la douleur, au-delà de la perte), à l’espoir retrouvé (qui n’est pas dans l’au-delà mais dans le dépassement de son appréhension et donc bel et bien là), à la beauté troublante et surprenante du destin, une histoire d’amour dont on ressort « en apesanteur » et qui témoigne une nouvelle fois du talent de mise en image  de (belles)histoires de Clint Eastwood (le scénario est ici signé Peter Morgan) et surtout de talentueux homme orchestre (réalisateur, compositeur et producteur avec un certain Spielberg Steven).

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  • Critique de "Raisons d'Etat" de Robert De Niro

    Hier soir, France 2 diffusait "Raisons d'Etat" de Robert de Niro, l'occasion pour moi de vous reparler de ce très beau film d'espionnage.

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    Deuxième réalisation de Robert De Niro ( treize ans après son premier film en tant que réalisateur  « Il était une fois le Bronx ») sortie en juillet 2007, produit par Coppola,  « Raisons d’Etat » ( The Good Sheperd) est un film d’une étonnante maîtrise aussi bien visuelle que scénaristique (pour un second film, certes de quelqu’un qui a tourné sous la direction des plus grands, mais nous en avons vu d’autres passer derrière la caméra qui n’avaient pas pour autant assimilé les leçons de leurs maîtres)   pour lequel je voulais à nouveau vous faire partager mon enthousiasme. Son Ours d’Argent récompensant l’ensemble du casting reçu à la Berlinale 2007 était amplement mérité pour un film dont l’interprétation est une des qualités majeures mais loin d’être la seule...

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    Edward Wilson (Matt Damon), enfant, est le seul témoin du suicide de son père (ceci expliquera un jour cela...). Quelques années plus tard, il devient un étudiant réservé, voire austère,  aussi membre de la Skull and Bones Society à l’Université de Yale, là où l’honneur et la discrétion sont des valeurs primordiales. Ce sont ces qualités qui poussent l’OSS (Office of Strategic Services, une organisation créée par Roosevelt qui coordonne les opérations de guerre secrète durant la seconde guerre mondiale en 1942) devenant la CIA (instaurée par Truman en 1947 avec un objectif plus politique) tout juste créée, à le recruter.

     

    Alors qu’il existe tant de films d’espionnage, pourquoi celui-ci, de presque 3 heures, m’a-t-il tant marquée ? D’abord parce que rarement un film aura su, avec autant de logique et d’intelligence, faire coïncider la forme et le fond. Certains jugeront ainsi sans doute la réalisation académique mais son classicisme (et non son académisme) sobre et austère épouse parfaitement la personnalité de ceux dont ce film dresse le portrait : Edward Wilson et l’organisation à laquelle il appartient. Dès ses premières années, il est confronté au secret et sa vie y sera entièrement dévouée, comme ces bateaux en papier, splendides, qu’il enferme dans des bouteilles, les privant de liberté.

     

    Ensuite les flash backs et les flash forwards, savamment agencés, contribuent à créer un puzzle qui s’aligne sur la complexité de la CIA et de ses ramifications temporelles, et évidemment contemporaines.

     

    Coppola à qui le scénario avait également été soumis (un scénario d’Eric Roth, le brillant scénariste de « L’homme qui murmurait à l’oreille des chevaux », « Révélations », Munich »…) l’avait refusé à cause de la froideur des personnages mais cette froideur est paradoxalement ce qui distingue ce film : froideur de la photographie de Robert Richardson (les visages sont souvent plongés dans une semi-pénombre fascinante), froideur de Wilson qui sacrifie sa vie privée à sa vie professionnelle et s’isole peu à peu pour, finalement, se retrouver entre quatre murs, ceux d’une CIA et d’un univers paranoïaque, impitoyable, dont la raison d’Etat supplante et domine toutes les autres ( que cela soit en URSS  ou aux Etats-Unis, méthodes et membres de la CIA et du KGB étant savamment mis en parallèles).

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     Et c’est justement cette vie privée sacrifiée évoquée par bribes qui lui donne un visage plus humain à travers ses deux amours : une femme fatale digne des films noirs interprétée par Angelina Jolie et une jeune sourde. Il sacrifie son amour au nom de la Raison d’Etat, et bien d’autres choses encore…

     

    Rarement un film aura dépeint un personnage et son univers avec autant de cohérence : le puzzle scénaristique, ciselé, sur plusieurs décennies n’est nullement un gadget mais fait référence aux implications de chacune des périodes et de ce que Wilson y entreprendra, sur les autres : seconde guerre mondiale, guerre froide, échec de la Baie des cochons. Ce n’est pas une vision idéaliste de la politique mais une vision froide, réaliste, documentée, et d’autant plus passionnante : l’homme n’est plus un individu libre mais un instrument au service de la raison d’Etat.

     

    Matt Damon est parfait (encore une fois) dans ce rôle d’homme taciturne qu’il interprète tout en retenue et économie de paroles et d’expressions. Mais il faudrait citer toute l’impressionnante distribution : Angelina Jolie (qui prouve qu’elle sait aussi être sobre), Robert de Niro, John Torturro, William Hurt, Billy Crudup, Alex Baldwin, Joe Pesci…

     

    Robert de Niro égale voire dépasse ses maîtres : Scorsese, Coppola… ou encore d’autres comme Sydney Pollack, qui lui aussi s’était inspiré d’un authentique espion pour « Les Trois Jours du Condor », James Angleton, celui-là même qui a aussi inspiré Eric Roth pour le personnage de Wilson.

     

    Sans renouveler le genre, De Niro l’a porté à sa perfection. Il signe là en effet un  film captivant aussi complexe, sobre, mystérieux, mélancolique que le personnage principal et l’organisation dont il retrace l’histoire avec une minutie, une exigence remarquables. Si vous ne l’avez pas encore vu dépêchez-vous d’acheter le DVD de ce film absolument incontournable, passionnant et particulièrement instructif !

     

  • Concours: Gagnez votre DVD de "Green zone" de Paul Greengrass

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    Grâce à Studio Canal, à l'occasion de la sortie en DVD de "Green zone" de Paul Greengrass, le 31 août prochain, j'ai le plaisir de vous proposer aujourd'hui 5 DVD du film, un film que je vous recommande vivement par ailleurs (voir ma critique ci-dessous).

     Pour remporter l'un de ces 5 DVD soyez parmi les 5 premiers à répondre correctement aux questions suivantes et à envoyer vos réponses à inthemoodforcinema@gmail.com avec pour intitulé de l'email "Concours green zone" en n'oubliant pas de préciser vos coordonnées postales. Seuls les gagnants seront contactés.

    1. Qu'est-ce que la "Green zone"?

    2. Combien de fois et sur quels films Paul Greengrass et Matt Damon ont-ils déjà travaillé ensemble?

    3.Quel est le titre du film dont l'image ci-dessous est extraite?

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    4. Puisque c'est d'actualité, pour quel(s) film(s) Matt Damon est-il déjà venu au Festival du Cinéma Américain de Deauville?

    5.Quel jour la dernière brigade de combat américaine a-t-elle quitté l'Irak?

     

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    Avec ce septième long-métrage, Paul Greengrass retrouve pour la troisième fois Matt Damon et s'attèle également pour la troisième fois au film « historique » après « Bloody Sunday » et « Vol 93 ».  Mais qu'allait donc donner cette collaboration entre le réalisateur et l'acteur qui, sous la direction de Paul Greengrass, pour la première fois n'incarne plus Jason Bourne mais l'adjudant-chef Roy Miller  dans cette adaptation du livre d'enquête de Rajiv Chandrasekaran?

    Pendant l'occupation américaine de Bagdad en 2003, ce dernier et ses hommes ont ainsi pour mission de trouver des armes de destruction massive censées être stockées dans le désert iraquien mais, d'un site à un autre où il ne trouve jamais rien, Roy Miller commence à s'interroger sur le véritable objectif de leur mission. C'est dans la Green zone (quartier fortifié du gouvernement provisoire irakien, des ministères et des ambassades) que se joue le sort du pays entre les mains de ceux pour qui il est un capital enjeu...

    Le premier grand atout de cette nouvelle collaboration Damon/Greengrass (et disons-le tout de suite,  de cette vraie réussite) c'est d'expliquer intelligemment et avec simplicité  tous les ressorts d'une situation aussi explosive que complexe. Ainsi,  chaque personnage incarne un point de vue sur la situation irakienne : le militaire américain qui remet en cause la position du Pentagone, l'Irakien (blessé lors de la guerre Iran/Irak et victime de ce conflit qui à la fois le concerne directement et l'ignore) qui souhaite avant tout que son pays aille de l'avant et le débarrasser des anciens acolytes de Saddam Hussein (les fameuses cartes comme si cette désolante et tragique mascarade n'était qu'un jeu), les militaires qui obéissent aveuglement au mépris des vies sacrifiées et au prétexte de l'objectif fallacieux dicté par la Maison Blanche (et pour couvrir cet objectif fallacieux), les journalistes manipulés et par voie de conséquence manipulateurs de l'opinion, le nouveau gouvernement incompétent choisi par l'administration américaine... et au milieu de tout ça, une population qui subit les conséquences désastreuses qui, aujourd'hui encore, n'a pas trouvé d'heureux dénouement.

     Le film de guerre se transforme alors en explication géopolitique imagée mais n'allez pas croire qu'il s'agit là d'un film soporifique comme son sujet aurait pu laisser le craindre. Caméra à l'épaule, réalisation nerveuse, saccadée, contribuant à renforcer le sentiment d'urgence, immersion dès le premier plan qui nous plonge en plein chaos... Paul Greengrass, avec son style documentaire et réaliste (il a même fait tourner de nombreux vétérans de la guerre en Irak), n'a pas son pareil pour créer une tension qui nous emporte dans le début et ne nous quitte plus jusqu'à la fin.  Côté réalisation le film lorgne donc du côté  des Jason Bourne surtout que Roy Miller, tout comme Jason Bourne est aussi en quête de vérité, pas celle qui le concerne mais qui implique l'Etat dont il est censé défendre les valeurs. Matt Damon avec son physique d'une force déterminée et rassurante  confirme une nouvelle fois la pertinence de ses choix.

    En signant le premier film à aborder frontalement le thème de l'absence des armes de destruction massive, Paul Greengrass n'épargne personne, ni l'administration Bush ( un dernier plan sur des installations pétrolières est particulièrement significatif quant aux vraies et accablantes raisons du conflit) ni certains militaires ni les médias ne sont épargnés.  Enfin des images sur une piètre vérité pour un film aussi explosif que la situation qu'il relate.

    Entre thriller et film de guerre, un film prenant en forme de brûlot politique qui n'oublie jamais, ni de nous distraire, ni de vulgariser une situation complexe, ni son objectif de mettre en lumière la sombre vérité. Courageux et nécessaire. A voir absolument !

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  • Critique de « Green zone » de Paul Greengrass avec Matt Damon…

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    Avec ce septième long-métrage, Paul Greengrass retrouve pour la troisième fois Matt Damon et s'attèle également pour la troisième fois au film « historique » après « Bloody Sunday » et « Vol 93 ».  Mais qu'allait donc donner cette collaboration entre le réalisateur et l'acteur qui, sous la direction de Paul Greengrass, pour la première fois n'incarne plus Jason Bourne mais l'adjudant-chef Roy Miller  dans cette adaptation du livre d'enquête de Rajiv Chandrasekaran?

    Pendant l'occupation américaine de Bagdad en 2003, ce dernier et ses hommes ont ainsi pour mission de trouver des armes de destruction massive censées être stockées dans le désert iraquien mais, d'un site à un autre où il ne trouve jamais rien, Roy Miller commence à s'interroger sur le véritable objectif de leur mission. C'est dans la Green zone (quartier fortifié du gouvernement provisoire irakien, des ministères et des ambassades) que se joue le sort du pays entre les mains de ceux pour qui il est un capital enjeu...

    Le premier grand atout de cette nouvelle collaboration Damon/Greengrass (et disons-le tout de suite,  de cette vraie réussite) c'est d'expliquer intelligemment et avec simplicité  tous les ressorts d'une situation aussi explosive que complexe. Ainsi,  chaque personnage incarne un point de vue sur la situation irakienne : le militaire américain qui remet en cause la position du Pentagone, l'Irakien (blessé lors de la guerre Iran/Irak et victime de ce conflit qui à la fois le concerne directement et l'ignore) qui souhaite avant tout que son pays aille de l'avant et le débarrasser des anciens acolytes de Saddam Hussein (les fameuses cartes comme si cette désolante et tragique mascarade n'était qu'un jeu), les militaires qui obéissent aveuglement au mépris des vies sacrifiées et au prétexte de l'objectif fallacieux dicté par la Maison Blanche (et pour couvrir cet objectif fallacieux), les journalistes manipulés et par voie de conséquence manipulateurs de l'opinion, le nouveau gouvernement incompétent choisi par l'administration américaine... et au milieu de tout ça, une population qui subit les conséquences désastreuses qui, aujourd'hui encore, n'a pas trouvé d'heureux dénouement.

     Le film de guerre se transforme alors en explication géopolitique imagée mais n'allez pas croire qu'il s'agit là d'un film soporifique comme son sujet aurait pu laisser le craindre. Caméra à l'épaule, réalisation nerveuse, saccadée, contribuant à renforcer le sentiment d'urgence, immersion dès le premier plan qui nous plonge en plein chaos... Paul Greengrass, avec son style documentaire et réaliste (il a même fait tourner de nombreux vétérans de la guerre en Irak), n'a pas son pareil pour créer une tension qui nous emporte dans le début et ne nous quitte plus jusqu'à la fin.  Côté réalisation le film lorgne donc du côté  des Jason Bourne surtout que Roy Miller, tout comme Jason Bourne est aussi en quête de vérité, pas celle qui le concerne mais qui implique l'Etat dont il est censé défendre les valeurs. Matt Damon avec son physique d'une force déterminée et rassurante  confirme une nouvelle fois la pertinence de ses choix.

    En signant le premier film à aborder frontalement le thème de l'absence des armes de destruction massive, Paul Greengrass n'épargne personne, ni l'administration Bush ( un dernier plan sur des installations pétrolières est particulièrement significatif quant aux vraies et accablantes raisons du conflit) ni certains militaires ni les médias ne sont épargnés.  Enfin des images sur une piètre vérité pour un film aussi explosif que la situation qu'il relate.

    Entre thriller et film de guerre, un film prenant en forme de brûlot politique qui n'oublie jamais, ni de nous distraire, ni de vulgariser une situation complexe, ni son objectif de mettre en lumière la sombre vérité. Courageux et nécessaire. A voir absolument !

     

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