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IN THE MOOD FOR CINEMA - Page 256

  • Critique de « Drive » de Nicolas Winding Refn avec Ryan Gosling, ce soir, à 20H55, sur Canal plus

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    « Drive » de Nicolas Winding Refn avait créé l’évènement lorsdu Festival de Cannes 2011 duquel il était d’ailleurs reparti avec un prix de la mise en scène. L’ayant alors manqué, je l’a finalement vu à Deauville où il était présenté en avant-première après la remise des trophées du Nouvel Hollywood (nouveauté de ce Festival du Cinéma Américain 2011) à Jessica Chastain et Ryan Gosling… en leur absence (mais ne manquez pas le discours de ce dernier lu par Nicolas Winding Refn, petit bijou de lucidité et d’humour, cf vidéo ci-dessous).

    "Drive" est l'adaptation du livre éponyme écrit par James Sallis ; c’est le scénariste Hossein Amini qui a transformé le roman en scénario.

    C’est l’histoire d’un jeune homme solitaire, "The Driver" (Ryan Gosling), qui conduit le jour à Hollywood pour le cinéma en tant que cascadeur et la nuit pour des truands. Il a pour « principe » de ne participer aux crimes de ses employeurs qu’en conduisant et de n’être jamais armé. Sa route croise celle d’Irene (Carey Mulligan) et de son jeune fils, ses voisins, et il succombe rapidement au charme de l’un et l’autre, et réciproquement. Lorsque le mari d’Irene sort de prison et se retrouve enrôlé de force dans un braquage pour s’acquitter d’une dette, il décide pourtant de lui venir en aide. L’expédition tourne mal… Doublé par ses commanditaires, et obsédé par les risques qui pèsent sur Irene, il n’a dès lors pas d’autre alternative que de les traquer un à un…

    Cela commence sur les chapeaux de roue : une mise en scène époustouflante, flamboyante et crépusculaire, qui nous fait ressentir les sensations trépidantes, périlleuses et vertigineuses de ce chauffeur hors pair et mutique, au sourire retenu (qui n'est pas sans rappeler "Le Samouraï" de Melville), dans une ville de Los Angeles tentaculaire, éblouissante et menaçante. Mais « The Driver » porte un masque, au propre comme au figuré (symbolisme un peu simpliste pour nous dire de nous méfier des apparences qui ne reflètent pas la réalité et pour symboliser la fragile frontière entre cinéma et réalité) et derrière ce chauffeur mutique d’allure plutôt sympathique va se révéler un vengeur impitoyable, sournois et trompeur comme le scorpion qu'il arbore sur sa veste, prêt à tous les excès pour protéger ceux qu’il « aime ».

    La violence psychologique s’annonce palpitante : pris dans un étau, il n’a d’autre solution que de commettre un méfait pour le mari d’Irène, pour sauver celle-ci … malheureusement ce qui dans la première partie s’annonçait comme un film à suspense se transforme en règlement de compte sanguinolent dans lequel l’intrigue devient inexistante et simple prétexte à une suite de scènes sanglantes, invraisemblables et vaines sans parler du personnage féminin totalement velléitaire.

    Là où un cinéaste comme James Gray -même si la mise en scène de Nicolas Winding Refn lorgne plus du côté de celle de Michael Mann- sublime une ville, en l’occurrence New York, et traite lui aussi de vengeance et d’amour, mais sans jamais mettre le scénario de côté, ou sans qu’un de ces aspects prennent le pas sur les autres, Nicolas Winding Refn se laisse entraîner par une sorte de fascination pour la violence (me rappelant ainsi la phrase de Coppola lors de sa master class dans le cadre du Festival du Cinéma Américain 2011 précité « Montrer la guerre c’est déjà faire l’éloge de la guerre »), montrant pourtant le temps d’un meurtre sur la plage qu’il savait très bien filmer la mort, avec une force prenante, sans que cela tourne à la boucherie ridicule.

    Ryan Gosling est certes époustouflant (et il a confirmé dans "Crazy, stupid love" également présenté à Deauville, en 2011, la large palette de son jeu et sa capacité à tourner son image en dérision, au passage comédie romantique qui détourne puis respecte habilement les codes du genre) et derrière sa gueule d’ange dissimule une violence froide, se transformant en un vengeur impitoyable qu’il est pourtant difficile de prendre en sympathie ou même en empathie alors que tout au début s'y prêtait pourtant.

    Dommage car la première partie était jubilatoire, réellement, de par la mise en scène qui nous fait éprouver ses sensations de vitesse et de mélancolie vertigineuses (sombre et belle alliance) mais aussi de par les contradictions du personnage principal et des conflits que cela annonçait. Dommage encore car la première partie était particulièrement prometteuse avec des scènes plus calmes d’une beauté saisissante comme ce face-à-face entre Irène et The Driver, dans l’appartement d’Irène, scène dans laquelle le temps est suspendu et dans laquelle les échanges évasifs de regards et les silences d’une douce sensualité en disent tellement. Sans parler évidemment d’une bo remarquable qui contribue fortement au caractère jubilatoire de la première partie.

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    Nicolas Winding Refn a ravi le prix de la mise en scène à Pedro Almodovar à Cannes, en 2011. A mon avis, ce dernier l’aurait davantage mérité (pour « La Piel que habito »), ne serait-ce que parce qu’il a brillamment raconté une histoire cruelle, terrible, effroyable dans laquelle toute la finesse de la mise en scène réside justement dans ce qui n’est pas montré et qui n’en a que plus de force…

    A voir néanmoins pour les amateurs de séries B auxquelles le film rend hommage, pour ceux pour qui la virtuosité de la mise en scène prédomine sur un scénario bancal, voire vide (dans la deuxième partie), ce qui n’enlève certes rien à la force de l’univers visuel de Nicolas Winding Refn (absolument indéniable, un univers violemment sensuel et d'une brutalité envoûtante, d'étonnants paradoxes) mais ce qui pour moi a gâché tout le plaisir engendré par la première partie. La violence absurde et les excès du personnage principal (qui promettait là aussi d'être d'une complexité passionnante mais qui n'arrive jamais à atteindre celle d'un Jeff Costello), sans parler des réactions invraisemblablement vélléitaires du personnage féminin, le manichéisme des méchants du film, l’ont emporté ainsi sur une première partie prometteuse comme rarement j'en ai vu au cinéma (d'où la déception) avec des images et une musique qui, encore maintenant, me restent en tête. Un magnifique clip, à défaut du grand film que la première partie, magistrale, annonçait pourtant.

     

     

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  • Critique - « A royal affair » de Nikolaj Arcel avec Mads Mikkelsen

     

    "A royal affair" faisait partie de la sélection du Grand Prix Cinéma du magazine Elle 2012 (dont je faisais partie du jury) dans le cadre duquel je l'ai découvert.

    « A royal affair » est l’histoire vraie d’un homme ordinaire qui gagne le cœur d’une reine et démarre une révolution. Centré sur le triangle amoureux constitué par Christian VII (Mikkel Folsgaard), roi cyclothymique et débauché, l’idéaliste Struensee ( Mads Mikkelsen), médecin imprégné de la pensée des Lumières, et la jeune reine Caroline Mathilde (Alicia Vikander), Royal Affair relate l’épopée d’idéalistes audacieux qui, vingt ans avant la révolution française, risquèrent tout pour imposer des mesures en faveur du peuple. »

     Il faut d’abord souligner qu’il s’agit là d’un première long-métrage, ce dont on ne se douterait pas à première vue tant l’écriture, la photographie, la direction d’acteurs et la réalisation sont maitrisées.

     Ce film sous-titré « Une passion secrète qui changea à jamais l’avenir d’une nation » est passionnant et à plus d’un titre. Il débute comme un conte de fée: une jeune princesse anglaise va épouser le roi du Danemark et devenir reine mais la santé mentale fragile de son époux, sa vie de débauche et les complots de cour vont rapidement le transformer en intrigue politique, historique et amoureuse passionnante et nous plonger dans cet épisode historique bien connu des Danois et méconnu du reste du monde.

     Le réalisateur a eu la bonne idée de traiter de manière contemporaine un fait historique, d’abord parce que Struensee était lui-même avant-gardiste et visionnaire en faisant appliquer les idées des philosophes des Lumières bien avant la Révolution française.

     Le film est porté par une musique inspirée ( comme souvent lorsqu’elle est signée Gabriel Yared), une photographie qui passe rapidement des couleurs lumineuses d’une vie idéalisée à celles plus grisâtres des réalités de la cour, et l’interprétation remarquable du trio –Mikkel Boefolsgaard qui interprète le roi Cristian VIII a obtenu le prix d’interprétation au Festival de Berlin 2012 et il faut dire qu’il est bluffant dans le rôle de ce roi débauché, égocentrique, manipulable et finalement surtout fragile et plus touchant qu’il n’en a l’air- et face à lui, Mads Mikkelsen qui incarne à merveille le charisme et le mystère de cette figure illustre et Alicia Vikander parfaite dans le rôle de cette reine qui gagne peu à peu en autorité, force et détermination.

     Ce sont les relations de ce trio et l’évolution de ces personnages qui rendent ce film passionnant avec quelques scènes magistrales comme celle lors de laquelle l’un d’entre eux monte à l’échafaud.

    Un premier film passionnant, historique et moderne, romanesque et instructif, étonnamment maitrisé.

     

    Sortie en salles : le 21 novembre 2012

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  • Critique - "Mademoiselle Chambon" de Stéphane Brizé , sur Arte, ce dimanche 11 novembre

    Demain, à 20H40, sur Arte, ne manquez sous aucun prétexte le magnifique "Mademoiselle Chambon" de Stéphane Brizé avec Vincent Lindon et Sandrine Kiberlain, un des meilleurs films de l'année 2009. Retrouvez ma critique ci-dessous:

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    Cela pourrait se résumer en une phrase : Jean (Vincent Lindon), maçon, bon mari et père de famille, croise la route de la maîtresse d'école de son fils, Mademoiselle Chambon (Sandrine Kiberlain) ; leurs sentiments réciproques vont s'imposer à eux. Enfin non, justement, cela ne se résume pas en une phrase parce que tout ce qui importe ici réside ailleurs que dans les mots, même si ce film est inspiré de ceux du roman d'Eric Holder.

    Les mots sont impuissants à exprimer cette indicible évidence. Celle d'un regard qui affronte, esquive, tremble, vacille imperceptiblement. Celle d'une lèvre dont un rictus trahit un trouble ou une blessure. Celle d'une rencontre improbable mais impérieuse. Entre un homme qui ne sait pas manier les mots (la preuve, c'est son fils qui lui apprend ce qu'est le complément d'objet direct) et vit du travail de ses mains et une femme dont c'est le métier que de manier les mots, les apprendre. Lui construit des maisons, elle déménage sans cesse. Lui est ancré dans la terre, elle est évanescente. Il a un prénom, elle est avant tout mademoiselle. Lui a un lien douloureux et charnel avec son père, ses parents à elle ne lui parlent que par téléphone interposé et pour lui faire l'éloge de sa sœur. Et pourtant, et justement : l'évidence. La musique va alors devenir le langage qui va cristalliser leurs émotions, et les sanglots longs des violons (pas de l'automne, comme ceux de Verlaine, mais ici du printemps, avec une langueur plus mélancolique que monotone) exprimer la violence de leurs irrépressibles sentiments.

    Comme dans le magnifique « Je ne suis pas là pour être aimé », on retrouve cette tendre cruauté et cette description de la province, glaciale et intemporelle. Ces douloureux silences. Cette sensualité dans les gestes chorégraphiés, déterminés et maladroits. Cette révolte contre la lancinance de l'existence. Et ce choix face au destin. Cruel. Courageux ou lâche. (Magnifique scène de la gare dont la tension exprime le combat entre ces deux notions, la vérité étant finalement, sans doute, au-delà, et par un astucieux montage, Stéphane Brizé en exprime toute l'ambivalence, sans jamais juger ses personnages...). On retrouve aussi cet humour caustique et cette mélancolie grave, notamment dans la scène des pompes funèbres qui résume toute la tendresse et la douleur sourdes d'une existence et qui fait écho à celle de la maison de retraite dans « Je ne suis pas là pour être aimé. »

    Mais ce film ne serait pas ce petit bijou de délicatesse sans l'incroyable présence de ses acteurs principaux, Vincent Lindon ( déjà magistral notamment dans "Welcome, "Pater", "Pour elle" ) d'abord, encore une fois phénoménal, aussi crédible en maçon ici qu'en avocat ailleurs. Son mélange de force et de fragilité, de certitudes et de fêlures, sa façon maladroite et presque animale de marcher, de manier les mots, avec parcimonie, sa manière gauche de tourner les pages ou la manière dont son dos même se courbe et s'impose, dont son regard évite ou affronte : tout en lui nous faisant oublier l'acteur pour nous mettre face à l'évidence de ce personnage. Et puis Sandrine Kiberlain, rayonnante, lumineuse, mais blessée qui parvient à faire passer l'émotion sans jamais la forcer. Aure Atika, qui interprète ici l'épouse de Vincent Lindon, est, quant à elle, absolument méconnaissable, d'une justesse irréprochable et d'une sobriété remarquable. Elle parvient à faire exister son personnage, dans l'ombre pourtant. Sans doute faut-il aussi une direction d'acteurs d'une précision, d'une sensibilité rares pour arriver à une telle impression d'évidence et de perfection ( la preuve, les seconds rôles sont d'ailleurs tout aussi parfaits).

    Une histoire simple sur des gens simples que Stéphane Brizé (avec la complicité de Florence Vignon, déjà co-scénariste du très beau « Le bleu des villes ») compose avec dignité dans un film épuré, sensible qui fait de ses personnages des héros du quotidien emprisonnés dans un fier et douloureux silence (résumé par le dernier plan d'une belle luminosité derrière les barreaux d'une fenêtre ). Un film qui, encore une fois, rappelle le cinéma de Claude Sautet (notamment par l'utilisation du violon et de la musique comme éléments cristallisateurs qui rappellent mon film fétiche « Un cœur en hiver » mais aussi par la sublimation d'une « histoire simple ») qui, tout en « faisant aimer la vie » et la poésie des silences, en souligne toute la quotidienne et silencieuse beauté, cruelle et dévastatrice.

     

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  • Critique – « Argo » de Ben Affleck

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    4 ans après son premier film » Gone baby gone » qu’il avait accessoirement présenté en avant-première au Festival du Cinéma Américain de Deauville, et deux ans après « The Town », Ben Affleck revient dernière la caméra avec « Argo ». Après avoir exploré les bas-fonds,  voire les tréfonds obscurs et secrets de Boston, il nous embarque cette fois en Iran, en 1979.

    Le 4 novembre 1979, en pleine révolution iranienne, des militants envahissent l’ambassade américaine de Téhéran prenant 52 Américains en otage. Au milieu de ce chaos, six Américains réussissent à s’échapper et à se réfugier au domicile de l’ambassadeur canadien. Sachant qu’ils finiront par être découverts et fort probablement tués, un spécialiste de "l’exfiltration" de la CIA du nom de Tony Mendez (Ben Affleck himself)  monte un plan risqué, totalement abracadabrantesque visant à les faire sortir du pays. Un plan tellement incroyable que, s’il n’était inspiré d’une histoire vraie, seuls Hollywood et le cinéma auraient pu l’inventer: faire passer les six américains à exfiltrer pour l'équipe de tournage d'un film, "Argo".

    Ayant particulièrement apprécié les deux premiers films de Ben Affleck cinéaste, j’en attendais beaucoup de ce troisième long-métrage par ailleurs encensé par la critique, et c’est pourtant à mon avis le moins bon des trois, ou en tout cas le plus convenu qui présente les écueils qu’il avait magistralement évités dans ses précédents films : le manichéisme et les facilités scénaristiques.

    Cela commence par un mélange certes habile d’images d’archives et d’images de fiction, une exposition claire mais assez longue pour nous rappeler les circonstances historiques. Puis, Ben Affleck abuse des montages parallèles pour nous faire comprendre de manière appuyée le parallèle entre Hollywood qu’il ne se prive pas d’égratigner (de manière assez drôle, c’est vrai) et la mise en scène de la prise d’otages par ses « acteurs ». Dans les deux cas, il s’agit d’une réalité scénarisée comme le souligne et surligne le montage au cas où nous ne l’aurions pas compris. A partir de ce moment, nous n’attendons plus qu’une chose : l’exfiltration à l’aéroport, le paroxysme, le climax. La scène tant attendue est certes haletante et prenante mais ne nous épargne rien des clichés du genre ( ticket validé à la dernière minute…).

    Lorsqu’il s’agit de courses poursuites ou de susciter le sentiment d’urgence, l’adrénaline, le danger, la maîtrise du réalisateur est flagrante, comme dans « The Town » et la est tension palpable.  Dommage qu’on n’y retrouve pas cette même étanchéité entre le bien et le mal, le crime et l’innocence, et cet aspect sociologique passionnant que dans « Gone baby gone »  et « The Town »  qui leur apportaient leur intérêt et originalité.

    Si la réalisation est totalement maîtrisée, c’est d’ailleurs avant tout le montage et le découpage qui insufflent au film son rythme trépidant même si Ben Affleck recourt, comme dans ses précédents films, à la caméra qui enserre et encercle les visages pour nous faire comprendre l’enfermement, l’étau qui se resserre, la tension.

    « Argo » a tout de la caricature du film d’espionnage américain : le slogan qui claque (le film était faux la mission bien réelle), le héros mélancolique qui  s’oppose à la hiérarchie et en proie à ses démons personnels (le summum est atteint avec le dessin pour le petit garçon, scène encore une fois téléphonée sans oublier le dialogue entre le producteur et l’agent de la CIA sur leurs enfants), la musique (signée Alexandre Desplat) pour accentuer le suspense, et évidemment et surtout pour nous montrer à quel point ces gens de la CIA et d’Hollywood sont virils et n’ont pas leur langue dans leur poche un langage châtié avec « le censé être irrésistible » « Argofuckyourself ! » ou encore cette réplique parmi d’autres qui fait se retourner Prévert dans sa tombe : : «  Le public visé détestera. Quel public ?Celui avec des yeux ! ».

    Tout était là pour faire de ce scénario réel et improbable un vrai, un grand et beau film d’espionnage politique, malheureusement son manque criant de sobriété et de subtilité en font un  divertissement captivant (mais on peut captiver avec des ficelles plus ou moins faciles) au-dessus de la mêlée certes mais sans grande originalité et à la gloire de la bannière étoilée (étonnant qu’elle ne flotte pas insolemment et fièrement à la fin du film). Cela m’aura néanmoins permis de découvrir cette histoire rocambolesque (déclassifiée par Bill Clinton et rendue publique en 1997) qui présente des résonances intéressantes avec la situation politique actuelle (le film a d’ailleurs été tourné en Turquie). Mais si, comme moi, vous aimez les films d’espionnage des années 1970, revoyez plutôt « Les 3 jours du Condor » et non celui qui essaie de les singer… ou allez voir « Skyfall ».

     

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  • Critique de « Biutiful » d’Alejandro Gonzales Inarritu, ce soir sur Ciné + premier

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    Retrouvez ci-dessous ma critique de « Biutiful » d’Alejandro Gonzalez Inarritu, en compétition du 63ème Festival de Cannes et pour lequel Javier Bardem a obtenu le prix d’interprétation ex-aequo. «

    Pendant tout le festival, la rumeur selon laquelle Javier Bardem obtiendrait le prix d’interprétation n’a cessé de courir. C’est le dernier jour, en séance de rattrapage que j’ai pu découvrir ce dernier film du réalisateur de « Babel » primé du prix de la mise en scène pour celui-ci à Cannes en 2006, de retour sur la Croisette en compétition, cette fois sans son scénariste Guillermo Arriaga.

    Premier des films d’Alejandro Gonzales Inarritu écrit sans Guillermo Arriaga, scénariste de ses célèbres films choraux, « Biutiful » n’en était pas moins attendu notamment parce que Javier Bardem, lui aussi habitué de la Croisette (membre du jury d’Emir Kusturica en 2005, en compétition avec « No country for old men » en 2007 et hors compétition pour « Vicky Cristina Barcelona » de Woody Allen l’an passé) en incarne le rôle principal.

    Synopsis de « Biutiful »: Uxbal (Javier Bardem), un homme solitaire, jongle entre la difficulté d’un quotidien en marge de la société et sa détermination à protéger ses enfants, qui devront apprendre à voler de leurs propres ailes, ce dernier venant d’apprendre qu’il est atteint d’un mal incurable…

    Difficile d’imaginer un autre acteur dans le rôle d’Uxbal tant Javier Bardem porte et incarne le film, tant l’intérêt et la complexité de son personnage doivent tout à son jeu à la fois en forces et nuances. Pas de film choral et de multiplicité des lieux cette fois mais une seule ville, Barcelone, et un personnage central que la caméra d’Inarritu encercle, enserre, suit jusqu’à son dernier souffle. Unité de temps, de lieu, d’action pour renforcer l’impression de fatalité inéluctable.

    Ceux qui comme moi connaissent et aiment Barcelone auront sans doute du mal à reconnaître en ces rues pauvres, tristes, sombres, parfois même sordides, la belle et lumineuse ville de Gaudi. Ce pourrait être n’importe où ailleurs, cette histoire, tristement universelle, pourrait se dérouler dans tout autre endroit du monde.

    Epouse bipolaire, trahison du frère, maladie incurable, morts causées par sa faute et par accident, orphelin : rien n’est épargné à Uxbal. Certes, le scénario y va un peu fort dans le drame mais la force du jeu de Javier Bardem est telle que tout passe, et que cet homme qui vit pourtant de trafics peu recommandables, prêt à tout pour assurer un avenir meilleur à ses enfants et en quête de rédemption, finit par être attachant. En arrière plan, l’immigration et l’exploitation des travailleurs clandestins dont la peinture de l’âpre réalité nous fait davantage penser à des cinéastes plus engagés qu’aux précédents films d’Inarritu même si on trouvait déjà ces thématiques dans « Babel ».

    Evidemment « Biutiful » déconcertera comme moi les habitués d’Inarritu, époque Arriaga, non seulement en raison de cette construction plus linéaire mais aussi en raison d’incursions oniriques dans un film par ailleurs extrêmement réaliste comme si le seul espoir possible était dans un ailleurs poétique mais irréel. Certes « Biutiful » désigne les enfants d’Uxbal qui, à l’image de ce mot, égratigné, blessé, représente un avenir bancal, incertain, mais bel et bien là. La vie est là malgré tout même imparfaite.

    « Biutiful » reste un film suffocant ne laissant entrevoir qu’une mince lueur d’espoir, un film dont les excès mélodramatiques au lieu de nous agacer nous touchent grâce au jeu d’un acteur au talent sidérant et grâce à la réalisation qui insuffle un troublant réalisme. Scénaristiquement moins éblouissant que « Babel » ou même « 21 grammes », par le talent de celui qui incarne son personnage principal et par la complexité de ce personnage, condamné et digne, « Biutiful » ne lâche pas notre attention une seule seconde. Un prix d’interprétation d’une incontestable évidence.

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  • Concours - Gagnez 10 affiches et 10x2 places pour voir le film "Rengaine" de Rachid Djaïdani

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    J'ai pour principe de ne vous faire gagner ici des places que pour des films qui m'ont enthousiasmée et c'est le cas de celui pour lequel je vous propose de remporter aujourd'hui 10x2 places et 10 affiches.

    Le film sortira en salles le 14 novembre prochain.

    Synopsis: "Paris, aujourd'hui. Dorcy, jeune noir chrétien veut épouser Sabrina, une jeune maghrébine. Cela serait si simple si Sabrina n'avait pas quarante frères et que ce mariage plein d'insouciance ne venait cristalliser un tabou encore bien ancré dans les mentalités de ces deux communautés: pas de mariage entre Noirs et Arabes. Slimane le grand frère, gardien des traditions, va s'opposer par tous les moyens à cette union..."


    "Rengaine" a remporté le prix Michel d'Ornano (qui récompense un premier film français) du Festival du Cinéma Américain de Deauville 2012, le Prix du Jury au premier Festival du cinéma indépendant de Bordeaux, ainsi que le prix Fipresci au Festival de Cannes. Rachid Djaïdani, réalisateur du film, a tourné plus de 200 heures de rush en 9 ans pour concrétiser ce long métrage.

    il se souvient de ce qui l'a poussé à réaliser ce film, alors qu'il était assistant-régie sur le tournage de "La Haine" : "(...) j’avais découvert Mathieu Kassovitz qui tournait place Saint-Eustache : alors qu’il était recroquevillé comme un fœtus, la tête dans ses mains, tous ses techniciens étaient concentrés autour de lui et il n’y avait de place que pour le silence. Cette image m’a beaucoup marqué et donné envie de faire du cinéma."

    Film atypique, conte moderne, à la fois drôle et coup de poing, un film plein de vie et de frénésie, teinté de gravité légère, et filmé au plus près des visages, "Rengaine" est un "Roméo & Juliette" contemporain.

    Pour en savoir plus, découvrez la page Facebook du film.

    CONCOURS:

    Répondez aux 3 questions suivantes (uniquement si vous résidez en France métropolitaine, un gagnant par foyer), avant le 15 novembre, à minuit. Envoyez vos réponses à inthemoodforcinema@gmail.com avec, pour intitulé de votre email "Concours Rengaine" en n'oubliant pas de joindre vos coordonnées pour l'envoi des places. Les 10 premières bonnes réponses recevront deux places pour découvrir le film en salles ainsi que 10 affiches du film. Seuls les gagnants seront contactés.

    1. De quel film est extraite cette image modifiée? Quel est le rapport avec "Rengaine"?

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    2. De quel film est extraite cette image? Quel est le rapport avec "Rengaine"?

    3. En une phrase, pourquoi souhaitez-vous découvrir ce film?

     

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