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  • Palmarès du Festival du Film de Cabourg 2009

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    cabourg20092.jpgInthemoodforcinema.com n'était pas au Festival de Cabourg cette année  (mais sera bel et bien présent au 35ème Festival du Cinéma Américain de Deauville, pour une couverture plus exhaustive que jamais du festival, je vous en reparle bientôt ), mais vous propose trois regards sur ce festival: celui, incisif, des Chevaliers du lustre, avec de nouvelles vidéos que je vous recommande; celui d'une proche d'un des membres du jury, l'incontournable Pascale de Sur la route du cinema qui nous fera donc un récit très "in the mood for Cabourg"; et celui, pétillant, d'une nouvelle venue de la blogosphère , Esprit paillettes.

    Grand Prix du Festival du Film de Cabourg 2009

    Somers Town de Shane Meadows (Royaume Uni)

     

    Ex aequo avec

     

    Sometime in august de Sebastian Schipper (Allemagne)

     

     Prix de la Jeunesse 2009

    Somers Town de Shane Meadows (Royaume Uni)

     

     Prix du Public 2009 (prix créé cette année)

    Tengri, le bleu du ciel de Marie Jaoul de Poncheville (France, Allemagne, Kirghisztan)

     

     Swann d’Or de la meilleure actrice 2009

    Emilie Dequenne dans La Fille de RER de André Téchiné

     

     Swann d’Or du meilleur acteur 2009

    Benoît Poelvoorde dans Coco, avant Chanel de Anne Fontaine

     

     Swann d’Or du meilleur réalisateur 2009

    Stephen Frears pour Chéri (Grande-Bretagne)

     

     Swann d’Or de la révélation féminine 2009

    Anaïs Demoustier dans Les grandes Personnes de Anna Novion

     

     Swann d’Or de la révélation masculine 2009

    Jérémy Kapone dans LOL de LizA Azuelos

     

     Swann d'Or de la section Courts-Métrages 2009

    Meilleur Réalisateur : Runar Runarsson (Islande, Danemark) pour Les Moineaux

     

     Meilleure Actrice : Camille Claris pour En douce  de Vanessa Lépinard

     

     Meilleur Acteur :  Nazmi Kirik pour Phone Story de Binevsa Beriva

     

  • Programme du Festival Paris Cinéma 2009

    pariscinema.jpgAvant de vous parler au moins de l'un des trois magnifiques films vus ces derniers jours ("To be or not to be" de Lubitsch,  "Wall street" d'Olivier Stone", "Raisons d'Etat" de Robert de Niro), je vous rappelle que du 2 au 14 juillet prochain aura lieu la 7ème édition du Festival Paris Cinéma avec, comme chaque année, au programme : une compétition internationale de longs et de courts-métrages,  des avant-premières, des ressorties de l'été, des invités d'honneur (Claudia Cardinale, Jean-Pierre Léaud, Tsai Mong-liang-  je vous parlerai bientôt de son dernier film "Visages" vu au dernier festival de Cannes-, Lluis Minarro/ Les Productions Eddie Saeta, Naomi Kawase).

    La Turquie sera cette année le pays à l'honneur.

     Vous pourrez aussi participer ou assister à de nombreux évènements:  La Nuit du Cinéma - ouverture publique,  Clôture publique : la fête au CENTQUATRE,  Les Films de l'Avenir,  L'Adami fait son cinéma,  La Brocante Cinéma,  Exposition photo : les invités du festival vus par Jérôme Bonnet,  Ciné-concerts Kenji Mizoguchi,  Retour de flamme,  Comédies sexy d'Asie.

    Parmi les Longs métrages,  Courts métrages , films en avant-première et ressorties de l'été on note la palme d'or du Festival de Cannes 2009 "Le ruban blanc" de Michael Haneke, le très beau film de Suleiman "le temps qui reste" (que je vous recommande vivement), le film d'animation "Là-haut" (dont vous pouvez lire ma critique en cliquant ici).

    Comme chaque année, le Festival Paris Cinéma sera ouvert à tous les publics avec des séances à 5€ ou le Paris CinéPass vendu au tarif de 25€ et que vous pouvez obtenir directement sur le site de pariscinema.org .

    Cette année, le festival a eu la bonne idée de ne pas "décentrer" toutes les projections au mk2 bibliothèque. Inthemoodforcinema.com sera présent à quelques projections pour vous en parler sur ce blog. A suivre en juillet donc!

    Site officiel du festival: http://www.pariscinema.org

    Cliquez sur "lire la suite" pour voir la bande-annonce de l'édition 2009 de Paris Cinéma et la liste des avant-premières et des ressorties.

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    Lien permanent Imprimer Catégories : FESTIVAL PARIS CINEMA 2009 Pin it! 2 commentaires
  • Le off du Festival du Film de Cabourg 2009, par les Chevaliers du lustre

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    chevaliers2.jpgSi, comme moi, vous n'assistez pas au Festival du Film de Cabourg 2009 (dont je vous parlais déjà il y a quelques jours, ici) mais souhaitez néanmoins suivre les coulisses du Festival, je vous suggère le site de l'association caeannaise Les Chevaliers du lustre qui, avec le regard décalé et (im)pertinent de ses membres, vous fera vivre le festival à sa manière.

    En voici une idée avec leur première vidéo en direct du Festival (cliquez ici pour accéder à leur site et voir leur première vidéo en direct de Cabourg), hommage au soleil de plomb qui règne à Cabourg mais aussi à la frénésie et à la jeunesse du Festival et de ses spectateurs, ainsi qu'au film d'Amanda Sthers "Je vais te manquer" pour lequel nous partageons un enthousiasme débordant (j'en profite pour leur suggérer un petit tour du côté des files d'attente de la billetterie vers 8 heures du matin -en respectant un seuil de sécurité salutaire- où l'ambiance juvénile, cordiale et débridée bat son plein, où les chaises pliantes et multicolores, les déambulateurs et les cannes alertes fleurissent...).

    Lien permanent Imprimer Catégories : IN THE MOOD FOR NEWS (actualité cinématographique) Pin it! 0 commentaire
  • Membre du jury du Prix littéraire des lectrices de Elle 2010

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    elle3.jpgJe vous annonce d’ores et déjà une petite nouveauté sur Inthemoodforcinema.com à partir d’août prochain : de nombreuses critiques littéraires de romans, documents et policiers à savoir 28 ouvrages.

     

     Je viens en effet d’apprendre que j’avais été sélectionnée pour faire partie du jury des lectrices du prix littéraire de Elle (sélection sur cv, questionnaire, lettre de motivation, critique de roman), l’intérêt principal étant pour moi  de pouvoir recevoir et lire un grand nombre d’ouvrages, découvrir des auteurs et des univers vers lesquels je ne serais pas allée  a priori, enrichir ma culture littéraire, ma soif de lectures étant (presque) aussi insatiable que ma soif de cinéma!

     

    Je vous ferai donc partager ces découvertes mais aussi cette nouvelle expérience de jurée, la deuxième dans le domaine littéraire (j'avais été membre du jury du livre de société en 2005).

     

      J’avais déjà tenté ma chance une fois, en vain,  il y a quelques années et puis j’ai récidivé sur un coup de tête, et je l'avoue, en remplissant mon dossier assez rapidement…  je vous dirai d’ici quelques mois si c’était une bonne idée (les ouvrages devant être lus et commentés dans un court laps de temps) et si c’est aisément conciliable avec le reste, mais j’essaierai en tout cas de remplir mon rôle le plus sérieusement possible…

     

     Je vous promets aussi d’autres surprises à la rentrée. Patience…:-) Et je vous rassure, vous trouverez toujours autant de cinéma sur inthemoodforcinema.com, inthemoodfordeauville.com et inthemoodforcannes.com .

     

    En attendant de connaître les ouvrages que j'aurai le plaisir de commenter pour le prix 2010, voici, ci-dessous, les ouvrages primés par le jury 2009:

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    Lien permanent Imprimer Catégories : CHRONIQUES LITTERAIRES (suite) Pin it! 18 commentaires
  • "Je vais te manquer"d'Amanda Sthers

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    Un aéroport. Là  où tant de destins se frôlent, s’esquivent, fuient, se retrouvent, échouent, s’envolent, se cherchent,  s’égarent. Là où finiront par se croiser six destinées : celles d'Olivier (Patrick Mille) et Lila (Anne Marivin),  Julia (Carole Bouquet) et Marcel (Pierre Arditi), Fanny (Monique Chomette) et Max (Michael Lonsdale). Soit un père célibataire et une jeune femme en quête du prince charmant. Une femme qui part mourir de l’autre côté de l’Atlantique et un écrivain irascible en mal d’inspiration. Et enfin un vieux psy et son amour de jeunesse.

     

     Un aéroport donc.  Là où nous finirons par nous égarer nous aussi… Là où s’achève le film (ou presque) et où il aurait pu commencer. Non, il commence bien avant, avec un enfant qui joue avec un ballon comme dans « M.Le Maudit » mais Amanda Sthers n’est pas Fritz Lang et on ne lui demande pas non plus. J’avais d’ailleurs beaucoup aimé son roman « Chicken street ». Sans doute ma déception est-elle à la hauteur de mon attente même s’il ne faut pas perdre de vue qu’il s’agit d’un premier film avec ses inéluctables maladresses et ses excès ( de sujets qu’on veut brasser à tout prix, de personnages, de bons mots que l’on souhaite placer, d’effets, d’intentions ). La vie, la mort, l’amour, la maladie, les petits plaisirs de l’existence, la maternité, l’immigration, les rêves, les regrets, le destin, la création... Beaucoup trop pour un seul film. Pour un seul film et pour trois tons.

     

    Amanda Sthers oscille ainsi constamment entre comédie outrancière, comédie romantique mièvre et drame. C’est à mon avis dans le troisième qu’elle est la meilleure et dans les deux premiers qu’elle s’est complètement fourvoyée. Comment concilier un film où les commissariats ressemblent à des clubs de vacances avec l’histoire d’une femme qui part  se suicider à l’étranger parce qu’elle ne veut pas affronter son cancer ? Comment concilier l’histoire fleur bleue d’une rencontre improbable dans un aéroport et celle d’un clandestin qui lutte pour sa vie ? C’est quasiment impossible… à moins d’être Woody Allen. C’est en tout cas beaucoup pour un premier film qui frôle malgré lui l’indécence, malgré les bonnes intentions de son auteur que je ne mets pas en cause mais qui clignotent comme les panneaux d’un hall d’aéroport. Ou comment contenir le journal intime de toute une vie dans un mince carnet de quelques pages ? C’est un détail me direz-vous… Mais c’est dans les détails qu’on reconnaît les grands films et que se révèlent les failles dévastratrices des autres.

     

    L’histoire d’Olivier et Lila, sa fraîcheur et sa fantaisie auraient pu la rendre drôle et touchante, elle est malheureusement d’une naïveté confondante. Il faut saisir sa chance, donner une chance à ses rêves nous dit-on.  Certes, encore faut-il qu’ils soient ancrés dans leur époque, dans une réalité et qu’ils ne soient pas portés par des personnages aussi stéréotypés qui édictent des vérités.

     

    Pourquoi ne pas avoir osé le drame ou carrément, à l’inverse, la comédie romantique à la Richard  Curtis ?

     

    Restent les personnages de Julia et Marcel interprétés par Carole Bouquet et Pierre Arditi, sauvés par leurs deux acteurs, et dont l’histoire aurait pu m’emporter si elle n'avait explosé en plein vol. Il faudra m’expliquer pourquoi elle choisit le Québec pour mettre fin à ses jours et malheureusement la musique (signée Sinclair), rend pathétique ce qui aurait permis à l'émotion d'affleurer sans elle.

     

    J’aurais aimé être emballée par ce premier film, j’aurai aimé croire en ces deuxièmes chances, ces rencontres improbables et magiques, mais la magie n’opère pas, entravée de surcroît par de nombreuses invraisemblances (dont on peut s’accommoder dans la comédie mais pas dans le drame, d’où le caractère inconciliable des différents tons). J’étais déjà prête à défendre férocement ce film face aux cyniques habituels qui ne croient ni aux destins ni aux rêves ni que le cinéma peut leur donner  des ailes mais malheureusement je suis constamment restée à distance de ces personnages insaisissables, de leurs trajectoires invraisemblables.

     

    Le film choral est à la mode, mais sa réussite implique un travail d’orfèvre pour que tout s’imbrique. L’été dernier, Rémi Bezançon nous avait touchés avec « Le premier jour du reste de ta vie ». Pour Amanda Sthers qui pourtant manie les mots avec habileté  c’est sans doute le premier jour du reste de sa vie de cinéaste, elle a encore le temps de faire du cinéma et de nous toucher  comme elle l’avait fait  en tant qu’auteur. Au suivant donc.

    Lien permanent Imprimer Catégories : CRITIQUES DES FILMS A L'AFFICHE EN 2008 Pin it! 0 commentaire
  • Festival du Film de Cabourg 2009 : le programme des "Journées romantiques" et "Journées Européennes"

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    cabourg20092.jpgAlors que je n'ai pas encore décidé si j'y assisterai ou non, après avoir fait partie de son jury courts-métrages en 2002, et y avoir assisté notamment en 2005 (cliquez ici pour lire mon compte-rendu de cette édition) et 2007 (cliquez ici pour lire mon compte-rendu de l'édition 2007), je voulais aujourd'hui vous parler du Festival de Cabourg et de ses "Journées Romantiques" et "Journées Européennes". Que les réfractaires au genre se rassurent, il ne s'agit pas là d'un cinéma mièvre ou fleur bleue mais d'un romantisme entendu an sens large comme le démontre le court que nous avions primé en 2002  et que vous pouvez visionner ici ou encore un court comme "Béa" de Romuald Beugnon primé en 2006.

    Cette année, comme tous les ans, vous pourrez voir de nombreux longs-métrages en avant-première en compétition, ou hors compétition dans la section Panorama ou Journées Européennes, mais aussi la compétition de courts-métrages (toujours un grand moment du barragepacifique.jpgfestival) mais aussi des films romantiques déjà sortis en salles dans les sections "Ciné-Swann" et "Premiers rendez-vous" et notamment des films que vous pouvez retrouver sur ce blog et que je vous recommande pour les trois premiers d'entre eux: "La fille du RER " d'André Téchiné, "Un barrage contre le Pacifique" de Rithy Panh, "Welcome" de Philippe Lioret, "Coco avant Chanel" d'Anne Fontaine.

    Parmi les nouveautés notables cette année: un prix du public décerné par les spectateurs qui voteront à l'issue des projections. En 2009 et pour la première fois depuis la création du Festival du Film de Cabourg, les spectateurs qui assisteront aux projections des longs-métrages en compétition auront ainsi la possibilité de voter pour leurs films préférés. Des bulletins à compléter seront distribués dès l'entrée en salle. Chaque spectateur y indiquera son nom et ses coordonnées, afin de participer au tirage au sort d'une invitation pour deux personnes à la soirée de clôture. Sur chaque bulletin, le public devra choisir entre 5 appréciations, indiquant s'il a aimé : Un peu, Beaucoup, Passionnément, A la Folie, ou cabourg1.JPGPas du tout. Le Prix du Public sera remis au long-métrage de la compétition ayant recueilli les meilleures appréciations des spectateurs.

    Parmi les nouveautés, on note également une journée supplémentaire pour le public, le festival se déroulant sur 5 jours contre 4 habituellement.

    Enfin, pour la première année, le Réservoir / Mary De Vivo s'associe au Festival du Film de Cabourg, sur la plage. À découvrir... une nouvelle génération de chanteurs, les espoirs de la chanson française cabourg13.JPGqui se produiront vendredi 12 et samedi 13 juin, face à la mer. Les artistes offriront au public et aux festivaliers le meilleur du Pop-rock, du Funk et du French Groove.

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  • Cycle François Truffaut (suite) : « La Sirène du Mississippi » (1969), entre joie et souffrance

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    Après « Baisers volés » (1969) et « La Femme d’à côté » (1981), je poursuis aujourd’hui le cycle consacré à François Truffaut sur « In the mood for cinema », en remontant un peu dans le temps, avec « La Sirène du Mississippi », un film sorti en 1969. Dédié à Jean Renoir, adapté, scénarisé et dialogué par Truffaut d’après un roman de William Irish intitulé « Waltz into Darkness » (pour acquérir les droits François Truffaut dut emprunter à Jeanne Moreau, Claude Lelouch et Claude Berri), c’est davantage vers le cinéma d’Alfred Hitchcock, que lorgne pourtant ce film-ci, lequel Hitchcock s’était d’ailleurs lui-même inspiré d’une nouvelle de William Irish pour « Fenêtre sur cour ». Truffaut avait lui-même  aussi déjà adapté William Irish pour « La mariée était en noir », en 1968.

     

    Synopsis : Louis Mahé (Jean-Paul Belmondo) est fabriquant de cigarettes à La Réunion.  Il doit épouser Julie Roussel qu’il a rencontrée par petite annonce et dont il doit faire la connaissance le jour du mariage. Lorsqu’elle débarque  à La Réunion, d’une beauté aussi froide que ravageuse, elle ressemble peu à la photo qu’il possédait d’elle. Elle lui affirme ainsi lui avoir envoyé un faux portrait, par méfiance.  Peu de temps après le mariage, l’énigmatique Julie s’enfuit avec la fortune de Louis. Louis engage alors le solitaire et pointilleux détective Comolli (Michel Bouquet) pour la rechercher, et il rentre en France. Après une cure de sommeil à Nice, il retrouve Julie qui se nomme en réalité Marion (Catherine Deneuve) par hasard, elle travaille désormais comme hôtesse dans une discothèque. Il est déterminé à la tuer mais elle l’apitoie en évoquant son enfance malheureuse et ses sentiments pour lui qui l’aime d’ailleurs toujours… Commence alors une vie clandestine pour ce singulier couple.

     

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    Ce film connut un échec public et critique à sa sortie. Truffaut expliqua ainsi cet échec : « Il est aisé d’imaginer ce qui a choqué le monde occidental. La Sirène du Mississippi montre un homme faible (en dépit de son allure), envoûté par une femme forte (en dépit de ses apparences) ». Voir ainsi  Belmondo ravagé par la passion qui lui sacrifie tout explique pour Truffaut l’échec du film. C’est vrai que ce film peut dérouter après « Baisers volés », quintessence du style Nouvelle Vague.  Son romantisme échevelé, sombre, voire désespéré (même si Doinel était déjà un personnage romantique) mais aussi son mélange des genres (comédie, drame, film d’aventures, film noir, policier) ont également pu dérouter ceux qui voyaient avant tout en Truffaut un des éminents représentants de la Nouvelle Vague.

     

     Comme chacun de ses films « La Sirène du Mississippi » n’en révèle pas moins une maîtrise impressionnante de la réalisation et du sens de la narration, des scènes et des dialogues marquants, des références (cinématographiques mais aussi littéraires) intelligemment distillées et le touchant témoignage d’un triple amour fou : de Louis pour Marion, de Truffaut pour Catherine Deneuve, de Truffaut pour le cinéma d’Hitchcock.

                           

     Truffaut traite ainsi de nouveau d’un de ses thèmes de prédilections : l’amour fou, dévastateur, destructeur. Malgré la trahison de la femme qu’il aime, Louis tue pour elle et la suit au péril de sa propre existence… Après les premières scènes, véritable ode à l’île de La Réunion qui nous laisse penser que Truffaut va signer là son premier film d’aventures, exotique, le film se recentre sur leur couple, la troublante et trouble Marion, et l’amour aveugle qu’elle inspire à Louis. Truffaut traitera ce thème de manière plus tragique, plus subtile, plus précise encore dans « L’Histoire d’Adèle.H », dans « La Peau douce » (réalisé avant « La Sirène du Mississippi)  notamment ou, comme nous l’avons vu, dans « La Femme d’à côté », où, là aussi, Bernard (Gérard Depardieu) emporté par la passion perd ses repères sociaux, professionnels, aime à en perdre la raison avec un mélange détonant de douceur et de douleur, de sensualité et de violence, de joie et de souffrance dont « La sirène du Mississippi » porte déjà les prémisses.

     

    Bien qu’imprégné du style inimitable de Truffaut, ce film est donc aussi une déclaration d’amour au cinéma d’Hitchcock, leurs entretiens restant le livre de référence sur le cinéma hitchcockien (si vous ne l’avez pas encore, je vous le conseille vivement, il se lit et relit indéfiniment, et c’est sans doute une des meilleures leçons de cinéma qui soit). « Les Oiseaux », « Pas de printemps pour Marnie », « Sueurs froides», « Psychose », autant de films du maître du suspense auxquels se réfère « La Sirène du Mississippi ». Et puis évidemment le personnage même de Marion interprétée par Catherine Deneuve, femme fatale ambivalente, d’une beauté troublante et mystérieuse, d’une blondeur et d’une froideur implacables, tantôt cruelle, tantôt fragile, empreinte beaucoup aux héroïnes hitchcockiennes, à la fois à Tippie Hedren dans « Pas de printemps pour Marnie » ou à Kim Novak dans « Sueurs froides » notamment pour la double identité du personnage  dont les deux prénoms (Marion et Julie) commencent d’ailleurs comme ceux de Kim Novak dans le film d’Hitchcock- Madeleine et Judy-.

     

     A Deneuve, qui vient d'accepter le film, Truffaut écrivit : « Avec La Sirène, je compte bien montrer un nouveau tandem prestigieux et fort : Jean-Paul, aussi vivant et fragile qu'un héros stendhalien, et vous, la sirène blonde dont le chant aurait inspiré Giraudoux. » Et il est vrai qu’émane de ce couple, une beauté ambivalente et tragique, un charme tantôt léger tantôt empreint de gravité. On retrouve Catherine Deneuve et Jean-Paul Belmondo dans des contre-emplois dans lesquels ils ne sont pas moins remarquables. Elle en femme fatale, vénale, manipulatrice, sirène envoûtante mais néanmoins touchante dont on ne sait jamais vraiment si elle aime ou agit par intérêt. Lui en homme réservé, follement amoureux, prêt à tout par amour, même à tuer.

     

     A l’image de l’Antiquaire qui avait prévenu Raphaël de Valentin dans « La Peau de chagrin » à laquelle Truffaut se réfère d’ailleurs, Louis tombant par hasard sur le roman en question dans une cabane où ils se réfugient ( faisant donc de nouveau référence à Balzac après cette scène mémorable se référant au « Lys dans la vallée » dans « Baisers volés »), et alors que la fortune se réduit comme une peau de chagrin,  Marion aurait pu dire à Louis : «  Si tu me possèdes, tu possèderas tout, mais ta vie m'appartiendra ».

     

    Enfin  ce film est une déclaration d’amour de Louis à Marion mais aussi et surtout, à travers eux, de Truffaut  à Catherine Deneuve comme dans cette scène au coin du feu où Louis décrit son visage comme un paysage, où l’acteur semble alors être le porte-parole du cinéaste. Le personnage insaisissable, mystérieux de Catherine Deneuve contribue largement à l’intérêt du film, si bien qu’on imagine difficilement quelqu’un d’autre interprétant son rôle.

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    Comme souvent, Truffaut manie l’ellipse avec brio, joue de nouveau avec les temporalités pour imposer un rythme soutenu. Il cultive de nouveau le hasard comme dans « Baisers volés » où il était le principal allié de Doinel, pour accélérer l’intrigue.

     

    Alors, même si ce film n’est pas cité comme l’un des meilleurs de Truffaut, il n’en demeure pas moins fiévreux, rythmé, marqué par cette passion, joliment douloureuse, qui fait l’éloge des grands silences et que symbolise si bien le magnifique couple incarné par Deneuve et Belmondo. Avec « La Sirène du Mississippi » qui passe brillamment de la légèreté au drame et qui dissèque cet amour qui fait mal, à la fois joie et souffrance, Truffaut signe le film d’un cinéaste et d’un cinéphile comme récemment Pedro Almodovar avec « Les Etreintes brisées ».

     

     « La Sirène du Mississippi » s’achève par un plan dans la neige immaculée qui laisse ce couple troublant partir vers son destin, un nouveau départ, et nous avec le souvenir ému de cet amour fou dont Truffaut est sans doute le meilleur cinéaste.

     

    Dix ans plus tard, Catherine Deneuve interprétera de nouveau une Marion dans un film de Truffaut « Le dernier métro », et sera de nouveau la destinataire d’ une des plus célèbres et des plus belles répliques de Truffaut, et du cinéma, que Belmondo lui adresse déjà dans « La Sirène du Mississippi »:

     

     « - Quand je te regarde, c'est une souffrance.

    - Pourtant hier, tu disais que c'était une joie.

    - C'est une joie et une souffrance.''

     

    Sans doute une des meilleures définitions de l’amour, en tout cas de l’amour dans le cinéma de Truffaut… que nous continuerons à analyser prochainement avec « L’Histoire d’Adèle.H ». En attendant je vous laisse méditer sur cette citation et sur le chant ensorcelant et parfois déroutant de cette insaisissable « Sirène du Mississippi ». 

     

    Bonus: le trailer de "La Sirène du Mississippi"