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  • Mon bilan de l’année cinéma 2010 et en route pour une année 2011 plus que jamais « in the mood for cinema » !

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    Un bilan plus court (rectification après écriture de cet article, il a été écrit plus -beaucoup trop- rapidement, est beaucoup moins complet et ordonné mais n’en est pas moins long) que ceux que j’avais écrits pour le journal de l’ENA en 2008 et 2009, faute de temps, mais aussi faute de grands chocs cinématographiques en 2010 même si 2010 a été pour moi jalonnée à nouveau de coups de cœur (pas seulement, vous le verrez plus bas) et de très beaux moments liés au cinéma, avec un peu moins de découvertes cinématographiques exaltantes que les années précédentes certes.

     2010 avait bien commencé pourtant avec « Shutter island » de Martin Scorsese. Une œuvre pessimiste d'une maîtrise formelle et scénaristique impressionnante, jalonnée de fulgurances poétiques, dont chaque plan, jusqu'au dernier, joue avec sa et notre perception de la réalité. Un thriller psychologique palpitant et vertigineux. Une réflexion malicieuse sur la culpabilité, le traumatisme (au sens étymologique)  et la perception de la réalité dont le film tout entier témoigne de l'implacable incertitude. C’est d’ailleurs le point commun entre les films qui m’ont emballée et embarquée cette année : la fragilité de la frontière entre fiction, rêve, folie et réalité et par conséquent un jeu réjouissant (et intelligent) avec l’imaginaire du spectateur.

    Des films qui responsabilisent le spectateur : la fragile frontière entre fiction, folie, rêve et cinéma

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    Sans doute parce que le cinéma, le vrai, le grand, pour moi consiste souvent à laisser une place à l’imaginaire du spectateur et non à l’infantiliser,  les films qui m’ont enthousiasmée cette année présentent ce point commun. Je songe à « Copie conforme » de Kiarostami. Aux « Amours imaginaires » de Xavier Dolan. A « Inception » de Christopher Nolan. A « Gainsbourg, vie héroïque » de Joann Sfar.

     Dans le premier, c’est au spectateur de construire son propre film. Les personnages regardent souvent face caméra en guise de miroir, comme s'ils se miraient dans les yeux du spectateur pour connaître leur réelle identité. « Copie conforme » est un film de questionnements plus que de réponses et c'est justement ce qui le rend si ludique, unique, jubilatoire. Un film qui nous déroute, un film de contrastes et contradictions, un film complexe derrière une apparente simplicité. Un dernier plan délicieusement énigmatique et polysémique qui signe le début ou le renouveau ou la fin d'une histoire plurielle le tout grâce à l’interprétation de son actrice principale au jeu si riche et habité, celui de Juliette Binoche, lumineuse et sensuelle qui peut ainsi se prêter à plusieurs interprétations.

     Xavier Dolan, avec « Les amours imaginaires », signe quant à lui une fantasmagorie pop, poétique sur la cristallisation amoureuse, sur ses illusions exaltantes et destructrices, sublimes et pathétiques, un film enivrant et entêtant comme un amour imaginaire… sans les effets secondaires.

    Quant à « Inception », de Christopher Nolan c’est un film inclassable qui ne mêle pas seulement les dimensions mais aussi les genres : film d’amour avec sa femme fatale et ses sentiments éternels et obsédants, thriller, film d’action (bien sûr de spectaculaires explosions mais aussi des prouesses « architecturales »), film de science-fiction, voyage cathartique. Un film gigogne d’une rare ingéniosité, sinueux et étourdissant. Un dédale de rêves : sans doute est-ce la plus belle définition du cinéma auquel il rend hommage et dont il est le miroir. Plus qu’un film, une expérience vertigineuse, dont le dernier plan, même après une seconde projection, m’a laissée en apesanteur, comme grisée par un tour de manège délicieusement enivrant. A l’image des idées toujours fixées sur le subconscient un film qui vous laisse une empreinte inaltérable. Un film qui se vit plus qu’il ne se raconte, qui nous plonge en plein rêve. La quintessence du cinéma : un rêve partagé qui distord le temps, défie la mort.

    Un autre de mes grands coups de cœur de l’année brouille lui aussi les repères entre l’imaginaire et la réalité. Il s’agit du « Gainsbourg, vie héroïque » de Joann Sfar. Un film en apparence désordonné et confus comme émergeant des volutes de fumée et des vapeurs d'alcool indissociables de Gainsbourg. Joann Sfar brûle ainsi les étapes de son film comme Gainsbourg le faisait avec sa vie, ce qui aurait pu apparaître comme une faille scénaristique devient alors une trouvaille. Les scènes phares de son existence amoureuse et artistique deviennent alors autant de tableaux de l'existence de celui qui était d'abord destiné à la peinture. Les décors, de l'appartement de Dali à celui de la rue de Verneuil, sont poétiquement retranscrits, entre la réalité et le conte. « Ce ne sont pas les vérités de Gainsbourg qui m'intéressent mais ses mensonges » précise Joann Sfar. Tant mieux parce que les mensonges en disent finalement certainement davantage sur la vérité de son être.

    La réflexivité et la mise en abyme : signes distinctifs des grands films ?

     

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    Autre point commun de ces quatre films, leur capacité à réfléchir sur l’art et d’ailleurs à réfléchir l’art car tel un effet de miroir et de mise en abyme, le cinéma devient à la fois objet ET sujet.  C’est aussi le cas d’un de mes grands coups de cœur de cette année : « Tournée » de Mathieu Amalric.

    Dans « Shutter island », d’abord, à travers la perception de la réalité par Teddy (Leonardo Di Caprio, magistral), c'est la nôtre qui est mise à mal. Les repères entre la réalité et l'illusion sont brouillées.  A l'image de ce que Teddy voit sur Shutter island où la frontière est si floue entre l'une et l'autre, nous interrogeons et mettons sans cesse en doute ce qui nous est donné à voir, partant nous aussi en quête de vérité. Le monde de Teddy et le nôtre se confondent : un monde de cinéma, d'images trompeuses et troublantes qui ne permet pas de dissocier vérité et mensonge, réalité et illusion, un monde de manipulation mentale et visuelle.

    « Copie conforme », par le fond et la forme illustre tout entier cette réflexion passionnante : comment distinguer l'original de la copie, la réalité de la fiction ? A l'image de l'art évoqué dans le film dont l'interprétation dépend du regard de chacun, le film est l'illustration  pratique de la théorie énoncée par le personnage de James. De magnifiques et longs plans-séquences, des dialogues brillants, une mise en scène d'une redoutable précision achèvent de faire de ce film en apparence si simple une riche réflexion sur l'art et sur l'amour.

    Quant à Xavier Dolan, c’est un vrai cinéphile et son film regorge de références cinématographiques   (entre les ralentis langoureux et poétiques à la Wong Kar Waï, les couleurs chatoyantes et la fantaisie jubilatoire à la Almodovar,  les plans de dos à la Gus Van Sant, les références à la Nouvelle Vague, au « Mépris » de Godard, un trio à la « Jules et Jim » de Truffaut ou encore des confessions face caméra qui rappellent Woody Allen) mais aussi picturales (Botticelli, Michel Ange) ou littéraire (Musset…). Xavier Dolan est un véritable chef d’orchestre qui mêle les couleurs, les références, les arts, un prodige du cinéma (à la fois monteur, scénariste, producteur, acteur, s’occupant aussi des costumes) faisant à la fois preuve de l’inventivité et de l’audace de sa jeunesse mais aussi d’une étonnante maturité. Déclaration de désespoir d’un amoureux désillusionné sous des allures de fable burlesque et hilarante, « Les amours imaginaires » est un film mélancoliquement caustique qui est aussi une sublime déclaration d’amour au cinéma.

    Quant à « Inception », par un astucieux effet de mise en abyme, Christopher Nolan s’y fait l’architecte de notre rêve comme l’équipe de Cobb le fait pour Fischer. Cobb est le réalisateur de cette mission impossible, l’inception. Il est hanté par son passé comme un cinéaste parsème son film de souvenirs plus ou moins conscients. Le spectateur est en totale symbiose avec ce que vivent les personnages jusqu’à cette impression de chute qui les réveille des rêves qu’ils construisent et qu’il nous arrive à nous aussi (à moi en tout cas) d’avoir au réveil. Christopher Nolan nous plonge ainsi dans les méandres fascinants du subconscient mais aussi dans ceux de la réalisation cinématographique dont ils sont la métaphore.

    A cette liste, il faudra d’ailleurs ajouter un cinquième coup de cœur cinématographique de 2010, « Tournée » de Mathieu Amalric, puisque le spectacle du film se confond avec celui qui donne lieu à la fiction, si proche de la réalité. C'est aussi un hommage à ceux (producteurs de spectacles ou de cinéma..., rappelant en cela le très beau « Le Père de mes enfants » de Mia Hansen-Love) pour qui il n'existe pas de séparation entre vie et spectacle qui s'entrechoquent et se confondent.

    L’Histoire rejoint l’histoire : de succès plus ou moins inattendus aux occasions manquées

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    Parmi mon top de cette année 2010 figure également « The Ghost writer » de Roman Polanski  dans lequel il est difficile aussi de dissocier l'Histoire contemporaine de l'histoire de the Ghost-Writer qui évoque les tortures pendant la guerre en Irak et stigmatise le rôle trouble des Etats-Unis (là où justement ne peut retourner Polanski qui d'une certaine manière règle quelques comptes) Harris étant par ailleurs un ancien journaliste proche de Tony Blair à qui Adam Lang fait évidemment penser. Mais ce serait dommage aussi de réduire ce grand film inclassable et passionnant à cela. Une austérité étrangement séduisante, une lenteur savamment captivante, une beauté froide et surtout une atmosphère à la fois inquiétante et envoûtante émanent de ce nouveau Polanski qui nous donne une magnifique leçon de cinéma, jusqu'au dernier plan, effroyablement magnifique. Un film agréablement inclassable quand on essaie de plus en plus de réduire les films à un concept voire à un slogan. Ce « Ghost-Writer » n'est pas sans rappeler un autre film qui lui aussi parle de manipulation ( et nous manipule) et se déroule  en huis-clos sur une île également au large de Boston comme si pour définir un pays aussi gigantesque que les Etats-Unis, la claustrophobie d'une terre insulaire était la plus parlante des métaphores...

    La guerre contemporaine était aussi au centre de « Brothers » de Jim Sheridan, injustement décrié à sa sortie, la guerre contre laquelle ce film est un vibrant plaidoyer. En montrant les plaies béantes d'une guerre qu'on essaie de cacher, le traumatisme de ceux qui en reviennent, l'incompréhension ou l'impuissance des familles qui ne peuvent savoir ce qui s'est réellement passé, Jim Sheridan stigmatise les conséquences tragiques d'une guerre qui accompagnent ceux qui l'ont vécue bien après qu'ils en aient quitté le terrain.

    Dans « Eyes of war », Danis Tanovic rend également hommage aux meurtris de la guerre, à travers le portrait émouvant et lucide des reporters de guerre et de  celles qui partagent leurs vies, un film dont les faiblesses scénaristiques et de mise en scène sont occultées par l’interprétation magistrale de l’acteur principal (Colin Farrell) qui dans son regard si expressif reflète toute l’horreur ineffable d’images ineffaçables.

    Le cinéma s’est aussi penché cette année sur l’Histoire passée (pléonasme ?) et notamment la Rafle du Vel d’Hiv d’abord avec « La Rafle » de Rose Bosch. Malgré les défauts du film (musique excessive, emphase, interprétations aléatoires) quand j’entends un irresponsable politique ou pseudo se gargariser de ce qu'il considérait être comme une bonne plaisanterie à propos d'une salle trop exigüe pour son meeting : « La prochaine fois, on prendre le Vel d'Hiv » et quand je vois que personne ne réagit à ce qui est certes une provocation mais non moins grave et révoltante, je me dis que ces films sont plus que jamais nécessaires. Un film indispensable car pédagogique (et qui, je pense, nécessite d'être vu dans les écoles mais avec beaucoup d'explications pour l'accompagner, pour expliquer ce hors-champ invisible et tu). Un film à l'issue de la projection duquel résonne un assourdissant silence mais qui a le grand mérite de donner de la voix à ceux qui se sont opposés mais aussi à  des responsabilités trop longtemps tues et occultées. La responsabilité de la France dans la Shoah ne fut ainsi officiellement reconnue qu'en 1995, soit 50 ans après la fin de la guerre !

    Je lui préfère néanmoins « Elle s’appelait Sarah » l’adaptation par Gilles Paquet-Brenner du roman de Tatiana de Rosnay. L’intensité du jeu de Kristin Scott-Thomas, encore une fois remarquable, l’intelligence et la sobriété de la réalisation, l’incroyable Mélusine Mayance, bouleversante, qui interprète brillamment la fragilité obstinée de la petite Sarah, les rôles secondaires (Niels Arestrup et Michel Duchaussoy en tête), le scénario efficace et le montage ingénieux en font un film aussi nécessaire que poignant et qui nous rappelle que la mémoire est un devoir et que l’ignorance est aussi la cause des plus grands drames de nos histoires et de l’Histoire, quand ceux de la seconde n’entraînent pas fatalement ceux de la première et que la clé du secret ouvre souvent sur la vérité mais aussi  la paix et  la liberté. Le meilleur film sur ce sujet reste néanmoins pour moi « Monsieur Klein »  de Joseph Losey .

    Je ne peux pas terminer ce paragraphe sur les films historiques sans évoquer « La Princesse de Montpensier » de Bertrand Tavernier, là encore un film injustement méprisé par « la critique ». Les chevauchées fantastiques magnifiquement filmées sur la musique envoûtante d'Alain Sarde, la sublime photographie de Bruno de Keyzer, l'élégance des dialogues et de la mise en scène en font un film d'une âpre beauté dont la fièvre contenue explose au dénouement en un paradoxal et tragique silence. Une adaptation belle, libre et moderne du texte de Mme de Lafayette.

    Les (plus ou moins) belles découvertes et surprises du box office

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    Cette année a aussi réservé son lot de succès inattendus. Des comédies réjouissantes comme « La reine des pommes », « Tout ce qui brille » et  « Les émotifs anonymes », et dans une moindre mesure « In the air », « Potiche"  des films dont les succès sont autant liés à leurs scénarii qu’à leurs acteurs principaux (Ah Poelvoorde et Carré ! Ah Catherine Deneuve !).

     Des premiers films aussi comme « A single man » dans lequel Tom Ford  apporte son style, de la classe, une incontestable élégance  pour nous faire appréhender la beauté du monde, un monde entre la ravageuse sensualité de Gucci et la sobre élégance de Saint-Laurent pour lesquels Tom Ford a travaillé. La sublime photographie  d'Eduard Grau, la musique et les costumes évidemment soignés complètent le tableau et la reconstitution subtile et magnifiée d'une époque. Un (premier) film incontestablement personnel d'une touchante et rare naïveté, un voyage sensoriel et sensuel d'un pessimisme lumineux et d'une beauté sombre, élégante, troublante avec comme guide l'excellent Colin Firth (qui a reçu pour ce film la Coupe Volpi de l'interprétation masculine au dernier Festival de Venise)

     Il y a eu aussi comme chaque année l’incontournable film de Woody Allen, « You will meet a tall dark stranger », moins bons pour certains. Le hasard a voulu que je le voie trois fois puisqu’il a figuré en sélection officielle de trois festivals auxquels j’ai assisté. Quoique certains en disent, une fois de plus, Woody Allen croque ses personnages à la fois avec lucidité et tendresse pour nous donner une sorte de conte sur la manière de s'arranger avec la vanité de l'existence, qu'importe si c'est avec des illusions.  Une fantaisie pétillante beaucoup moins légère qu'elle n'en a l'air mais aussi moins pessimiste puisque chacun trouvera un (certes fragile) nouveau départ, le tout illuminé par une très belle photographie et des acteurs lumineux.

    Le succès de la comédie française cette année a été assez retentissant avec « Les petits mouchoirs » de Guillaume Canet : un film choral qui ne cherche pas à révolutionner le cinéma (et dont je n’ai d’ailleurs cessé de me dire pendant toute la projection qu’il ferait une excellente pièce de théâtre) mais qui vous donne envie de prendre le temps de vivre, de laisser choir le voile du mensonge, de regarder et voir, d’écouter et d’entendre. Et c’est finalement là sans doute la plus discrète des audaces et sa vraie réussite. Malgré quelques longueurs vous ne verrez pas passer les 2H25 de ce troisième long-métrage de Guillaume Canet qui enlace ses personnages avec une tendre lucidité et embrasse la vie et sa cruauté poignante et involontaire avec tendresse et qui, à son image, complexe et paradoxale, s’achève sur une touchante note de tristesse et d’espoir.

    Je passe sur « Camping 2 » (sans commentaires).

    Parmi les succès de l’année également « L’Arnacoeur » qui démontre que le public est toujours avide de comédies romantiques « à l’américaine », aussi (et parce que ) prévisibles soient-elles.

     Plus rassurant sur l’imprévisibilité du public au goût duquel le cinéma souhaite trop souvent répondre et se conformer : le succès de « Des hommes et des dieux » de Xavier Beauvois sans doute couronné par une pluie de récompenses aux César et je l’espère d’un prix d’interprétation pour Lambert Wilson (nommé au prix Lumières pour ce film et pour « La Princesse de Montpensier » où il excelle également). C'est en effet un appel à la tolérance, à l'harmonie entre les peuples et les religions, une dénonciation de l'obscurantisme sous de fallacieux prétexte religieux, une ode au courage qui touche autant les croyants que les athées et les agnostiques.  C'est aussi le portrait magnifique de 8 hommes avec leurs doutes et leurs convictions, qui donnent tout, y compris leur vie, pour les autres (sans que cela soit bien évidemment un appel au martyr, bien au contraire).

     Parmi mes coups de cœur inattendus figurent encore « Amore » de Luca Guadagnino. Un film de sensations (visuelles, sonores -que ce soit dans l’utilisation judicieuse de la musique ou des silences-, et presque gustatives) visuellement magnifique, envoûtant, sensible, sensuel, onirique,  prenant, l’œuvre d’un cinéphile et d’un cinéaste qui nous enserre dans son univers avec une rare maestria.

    Il faudrait encore citer « Lluvia » de Paula Hernandez qui démontre encore une fois que les histoires les plus simples sont souvent les plus belles : ici l’histoire d’une parenthèse magnifiquement filmée qui nous enveloppe, nous ensorcelle et nous conduit vers le soleil, avec pudeur et grâce. L’interprétation délicate d’Ernesto Alterio et Valeria Bertuccelli est aussi pour beaucoup dans cette réussite. De ces films, précieux, qui nous font croire que tout peut arriver et qui savent donner à une histoire intime et singulière un écho universel. Que la pluie ne vous rebute pas, elle vous conduira vers un inestimable rayon de soleil.

    Des films démagogiques ou se réduisant à des arguments marketing 

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    L’année 2010 n’a pas non plus été épargnée en films qui se réduisent à des arguments marketing aux synopsis (in)dignes de slogans publicitaires, à commencer par « A bout portant » (« il a 3 heures pour sauver sa femme »), une injection d’adrénaline pour nous en mettre plein la vue et nous anesthésier, nous garder, nous aussi, artificiellement éveillés. Un écran de fumée pour masquer une absence totale de scénario, de psychologie, de dialogues, d’enjeu.

    Il y aura aussi eu la traditionnelle adaptation d’une série télévisée désastreuse avec « L’agence tous risques » Les scènes d'action y sont certes spectaculaires, bruyantes et nous en mettent là aussi plein la vue mais elles semblent finalement n'être là que pour noyer notre attention dans un flot successif et indigeste et nous faire oublier la vacuité affligeante du scénario.

     Il y aura eu le traditionnel film de l’animateur-trice télé (« Il reste du jambon ») qui croit que faire du cinéma c’est planter une caméra devant des gens qui parlent, un film  qui bat allègrement le record d’alignement de clichés.

    Il y aura eu le film insoutenable qui essaie de combler la vacuité du fond et de justifier la violence par une forme démonstrative et prétentieuse : « White lightnin ». Une plongée dans l'enfer des pensées désordonnées, vengeresses et surtout démentes de Jesco White qui, de séjours en maisons de redressement et en asiles de fous, entrecoupés de leçons de danse sur de la musique country,  forge sa folie meurtrière et sanglante ; un rythme démentiel, névrotique, saccadé et frénétique, qui imprègne la forme de ce film hypnotique, sans concessions au politiquement correct (à moins justement, qu'il ne le soit, à force de ne pas vouloir l'être à tout prix...), à la bande sonore très étudiée et réussie avec une voix off qui se voudrait ironique et décalée, à l'interprétation irréprochable mais dont la maîtrise formelle (oui, d'accord, Dominic Murphy a un univers et sait brillamment le démontrer) ne parvient pas à me faire oublier la vacuité du fond qui pour moi importe, quand même, beaucoup.

     Il y aura eu le film ("Fatal" de Michael Youn) qui tire profit de ce qu'il feint de dénoncer, dans lequel l'autodérision n'est finalement qu'un argument commercial dissimulé. Le comble de la société de consommation et du cynisme. Un film guidé par une lucidité aussi brillante que désolante et surtout opportuniste.

     Il y aura eu aussi un film qui a fait l’éloge de la médiocrité (« Les meilleurs amis du monde »)

    Il y a eu pas mal d’autres déceptions cette année mais je préfère me concentrer sur ce qui a été à l’origine de la création de mes blogs, il y a  7 ans : l’envie de partager mes coups de cœur et découvertes cinématographiques et mes pérégrinations festivalières.

    Combien de ces films laisseront une empreinte dans l’histoire du cinéma ? Un seul d’entre eux peut-il même prétendre au titre de chefs d’œuvre dont certains abusent ? Pour moi, d’ailleurs, le chef d’œuvre de cette année (de tous les temps ?), c’est un film ressortie en version restaurée, un film qui date de et d’ailleurs lié à un de mes meilleurs souvenirs de 2010 : « Le Guépard », la fresque majestueuse de Luchino Visconti.

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     Je n’ai pas parlé de « The social network » de David Fincher qui pour moi ne fait pas partie des meilleurs films de cette année mais restera peut-être comme une parabole ingénieuse d’une génération frénétique et narcissique, un film qui aura même sans doute valeur sociologique mais qui, en revanche, ne mérite pas l’appellation de « film de l’année » qui me laisse perplexe… sans doute l’aspect très narcissique qui flatte l’ego d’une génération qui se reconnait dans cet entrepreneur certes brillant mais effroyablement, cyniquement et sinistrement avide de reconnaissance

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    2011 sur inthemoodforcinema : objectifs, projets, voeux pour 2011…

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    Après une année cinématographique 2010 mitigée, le bilan pour ce blog (et les autres, ainsi que le petit dernier nouveau « In the mood for luxe ») est néanmoins (très) positif (comme vous pourrez le constater dans le best of vidéo en bas de cet article des César à Deauville, en passant par Cannes), il m’a permis de vivre des aventures inattendues, passionnantes, et c’est avec plus de motivation et d’enthousiasme que jamais que je débute cette nouvelle année. Tant que le plaisir d’écrire, de découvrir, de partager sera intact, je continuerai. Même si tout n’est pas parfait, par exemple il m’est compliqué d’écrire sur chaque blog chaque jour, je continuerai à écrire quotidiennement sur inthemoodforcinema et surtout à écrire seule même si je reçois régulièrement de sympathiques offres de collaboration. Je tiens au caractère personnel de ce blog. Je tiens aussi à la longueur des articles, à ne justement pas tomber dans le souci d’immédiateté et la frénésie évoquée précédemment, et tant pis si j’égare quelques lecteurs au passage, des lecteurs qui néanmoins sont de plus en plus nombreux. Je continuerai aussi à ne pas mettre de notes aux films, et j'y tiens.

     Mes projets pour 2011 ne sont pas seulement bloguesques ni même cinématographiques, peut-être cette page-ci vous en donnera-t-elle une idée. 2011 débute comme chaque année avec son lot de projets (ir)réalistes, j’espère bientôt vous en faire partager quelques uns.

    Comme chaque année j’essaierai de m’intéresser à tous les cinémas (bon d’accord, je m’intéresse peut-être un peu moins au cinéma d’horreur et d’animation), à tout ce qui fait l’actualité cinématographique, à vous emmener dans les plus grands évènements cinématographiques. Comme chaque année vous pourrez (probablement) me suivre au Festival du Film Asiatique de Deauville (du 9 au 13 mars), peut-être au Forum International Cinéma et Littérature de Monaco (dont les dates n’ont pas encore été communiquées), bien sûr et certainement pour la 11ème année à Cannes, du 11 au 22 mai (après les partenariats avec Orange et 20 minutes, j’espère pouvoir vous proposer des nouveautés cette année pour un traitement toujours plus « in the mood for Cannes » du festival, j'en profite pour vous signaler la création d'une nouvelle page Facebook sur laquelle vous pourrez tout savoir sur le Festival de Cannes 2011). J’aimerais aussi retourner à Cabourg, aux Journées romantiques  (cette année du 15 au 19 juin). Je serai probablement au Festival Paris Cinéma (du 2 au 13 juillet). Bien sûr, il y aura l’incontournable rendez-vous du Festival du Cinéma Américain de Deauville pour la 18ème année (du 2 au 11 septembre) ! A moins que je ne cède à la tentation de Venise (du 31 août au 10 septembre). En octobre, il y aura bien sûr le Festival du Film Britannique de Dinard, auquel je reste fidèle depuis ma participation à son jury en 1999 et dont inthemoodforcinema était cette année partenaire. Et fin octobre, il y aura un nouveau festival, puisque j’ai été sollicitée pour être partenaire officiel. Ce festival se déroule dans le lieu dont la photo figure ci-dessous.

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     Voilà pour ce qui est prévu mais je ne doute pas que cette année (me et vous) réservera son lot d’heureuses surprises. J'essaierai de faire aussi plus d'interviews et de travailler davantage mes vidéos.

    Je terminerai en vous souhaitant ce que nous rappelle Christopher Nolan dans « Inception », ce que nous ne devrions pas oublier: ne jamais avoir peur de rêver trop grand. Je vous souhaite vous aussi de vous perdre dans un délicieux dédale de rêves. J’essaierai le mieux possible de vous embarquer dans le mien, à nouveau en 2011, et de faire que cette année soit jalonnée de belles surprises cinématographiques. « Faîtes que le rêve dévore votre vie afin que la vie ne dévore pas votre rêve », j’emploie à nouveau cette citation de Saint-Exupéry qui résume ce que je vous souhaite pour 2011 ainsi qu’une année cinématographiquement et personnellement lumineuse et exaltante. Merci à ceux qui me suivent quotidiennement et aussi à ceux qui prennent le temps de commenter.

    Cette année vous pourrez continuer à me suivre sur :

    -Mes 4 blogs :

     http://www.inthemoodforcinema.com (blog quotidien principal) ,

     http://www.inthemoodforcannes.com (blog consacré au Festival de Cannes),

     http://www.inthemoodfordeauville.com (blog consacré aux Festivals du Film Asiatique et du Cinéma Américain de Deauville),

     http://www.inthemoodforluxe.com (blog consacré au luxe essentiellement dans le domaine touristique mais aussi de la mode, de la décoration etc).

    -Facebook

    Ma page Facebook

    La Page Fan Facebook d’inthemoodforcinema

    La nouvelle page Facebook d’Inthemoodforcannes 2011

    Ma page Facebook du Festival du Cinéma Américain de Deauville

    La page Facebook d'Inthemoodforluxe

    -Twitter

    Le compte twitter d’inthemoodforcinema : http://twitter.com/moodforcinema

    Le compte twitter d’inthemoodforcannes : http://twitter.com/moodforcannes

    Le compte twitter d’inthemoodfordeauville : http://twitter.com/moodfdeauville

    Le compte twitter  d’inthemoodforluxe : http://twitter.com/moodforluxe

    -Vous pouvez aussi me retrouver désormais sur linkedin : http://fr.linkedin.com/in/sandrameziere

    -La chaîne youtube d'inthemoodforcinema: http://www.youtube.com/user/Inthemoodforcinema

    Pour tout savoir sur les objectifs de mes blogs, mon parcours, mes blogs dans les médias… : http://www.inthemoodforcinema.com/about.html

     TOP 10 2010- S'il ne fallait garder que 10 films de l'année 2010 (cliquer sur les titres pour accéder à mes critiques de ces films):

          « Shutter island » de Martin Scorsese

         « Les Amours imaginaires » de Xavier Dolan

         « Copie Conforme » d’Abbas Kiarostami

     

        Inception » de Christopher Nolan

     « Tournée » de Mathieu Amalric

       « Des hommes et des dieux » de Xavier Beauvois

         « Gainsbourg »(vie héroïque)de Joann Sfar

         « The Ghost-writer » de Roman Polanski

        « A single man » de Tom Ford

         « Amore » de Luca Guadagnino 

    Quelques uns de mes meilleurs moments de 2010 « bloguesques » et (presque toujours) cinématographiques  en vidéos, vous y verrez (notamment) Leonardo DiCaprio, Isabelle Adjani, Mick Jagger, Charlie Winston, Martin Scorsese, Alain Delon, Marion Cotillard et beaucoup d'autres ( pour voir le reste de ce dont il ne figure que des extraits ci-dessous, rendez-vous sur la chaîne youtube d'inthemoodforcinema: http://www.youtube.com/user/Inthemoodforcinema )

    Isabelle Adjani à la cérémonie des Lumières 2010

    Dans les coulisses du jt de France 2:

    Marion Cotillard (Dans les coulisses des César 2010):

    Tahar Rahim (dans les coulisses des César 2010):

    Isabelle Adjani (coulisses des  César 2010):

    Harrison Ford (dans les coulisses des César 2010):

    JT de M6 du 18 mai (merci Célia): 

    Lien : http://video.fr.msn.com/watch/video/12-45-du-18-mai/13q08krfb

    Interview de Bernard Blancan (merci à touscoprod et à ce dernier ):

    

    "Le Guépard" à Cannes avec Alain Delon, Claudia Cardinale et Martin Scorsese

    

    Mick Jagger au Festival de Cannes:

    Concert  privé de Charlie Winston (vip room Festival de Cannes):

    Dans les coulisses du Grand journal (Festival de Cannes):

    Discours de Woody Allen (festival Paris cinéma):

    Master class Jane Fonda (festival Paris cinéma):

    Interview des acteurs d"Inception de Christopher Nolan:

    

     

     

    Conférence de presse d"Inception:

    Conférence de presse d'Annette Bening à Deauville:

    Clôture du Festival du Cinéma Américian de Deauville

    Master class du Festival de Dinard avec Peter Mullan

    Conférence de presse de Denzel Washington

    Ouverture du cycle Melville à la Cinémathèque

    Master class de Paul Haggis

    Lien permanent Imprimer Catégories : BILAN DE L'ANNEE CINEMA 2010 Pin it! 6 commentaires
  • Bande-annonce "Les Femmes du 6ème étage" de Philippe Le Guay avec Fabrice Luchini, Sandrine Kiberlain

    Comme le blog fonctionne encore au ralenti jusqu'à lundi, j'en profite pour vous faire découvrir des BA de films qui sortiront en salles en 2011, le 16 février, concernant celui-ci:

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  • Première d'Une journée ordinaire avec Anouchka et Alain Delon au théâtre des Bouffes Parisiens, le 21 janvier

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    journée.jpgDans le cadre du cycle consacré à Alain Delon sur ce blog (lequel, au passage, a déclaré récemment dans le Journal du Dimanche qu'il "ne trouve pas de scénario"... encore faudrait-il pouvoir lui envoyer directement, je connais quelqu'une que cela intéresserait, encore et toujours... à bon entendeur... ), voici toutes les informations concernant la pièce qu'il jouera au théâtre dans "Une journée ordinaire" à partir de janvier.

    La première aura lieu le 21, date à laquelle j'y serai. Vous pourrez donc retrouver ma critique, ici, au plus tard, le 22.

     Cette pièce écrite par Eric Assous à la demande d'Alain Delon se jouera donc à partir du 21 janvier au théâtre des Bouffes Parisiens. Alain Delon souhaitait en effet jouer au théâtre avec sa fille Anouchka avec laquelle il avait déjà joué dans le très beau téléfilm "Le lion" réalisé par José Pinheiro, en 2003 et dans lequel le talent de cette dernière était réellement bluffant.

     Eric Assous avait déjà écrit "Les Montagnes russes" qu'Alain Delon avait joué au théâtre Marigny (et dont vous pouvez retrouver ma critique en cliquant ici). En 2007, c'est dans "Sur la route de Madison" qu'il avait à nouveau foulé les planches (voir ma critique ici) puis en 2008 avec Anouk Aimée dans "Love letters" (voir ma critique ici) mais c'est sans aucun doute dans "Variations énigmatiques", une très belle pièce d'Eric Emmanuel Schmitt qu'il avait été le plus bouleversant, face à Francis Huster. Bien entendu, j'essaierai de ne pas manquer cette "journée ordinaire" dont vous pourrez retrouver ma critique ici.

     Eric Assous dit ainsi de cette pièce : "J'espère que la pièce sera à la fois drôle et émouvante. Il y a des passages entiers où le personnage que joue Alain Delon se confond avec ce qu'il est réellement. Dur et fragile, autoritaire et attendrissant, qui collectionne tous les signes de la réussite mais qui reste pourtant profondément ébréché." 

    Résumé officiel de la pièce: "Entre un père et sa fille, la séparation est inéluctable. Un jour, elle part avec un autre, il faut l'accepter, faire bonne figure. Pas facile de donner à un inconnu ce qu'on a de plus précieux. Julie a 20 ans. Elle rêve de liberté et d'émancipation. Et en plus, elle est amoureuse. Seulement voilà, elle vit avec son père. Veuf depuis 12 ans, il n'a pas l'intention de voir Julie quitter la maison. Alors, elle lui propose un marché. Lui présenter son amoureux et faire la connaissance dans la même soirée de la femme que son père voit de temps à autre."

    Location ouverte du 21 janvier au 12 mars 2011. Du mardi au samedi à 20H30. Matinée le samedi à 17H. De 12€ à 70€. Réservations sur le site des Bouffes Parisiens: http://www.bouffesparisiens.com/ .

    Cliquez ici pour lire mes autres articles consacrés à Alain Delon.

     

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  • Concours: gagnez votre place pour l'avant-première de "Black swan" de Darren Aronofsky

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    Toujours dans le cadre du partenariat d'inthemoodforcinema.com avec le Gaumont Parnasse qui se poursuit en 2011, je vous propose aujourd'hui de gagner 2 places (attribuées à 2 gagnants différents) pour l'avant-première de "Black swan" de Darren Aronofsky, au Gaumont Parnasse, le 31 janvier à 20H (le film sort en salles, le 9 février). Le grand choc cinématographique de ce début d'année que j'ai eu le plaisir de découvrir en avant-première et dont vous pouvez retrouver ma critique en bas de cet article.

     Pour remporter une de ces places, il vous faudra répondre à une seule question à inthemoodforcinema@gmail.com avec pour intitulé de l'email "Concours Black Swan". Vous avez jusqu'au 21 janvier pour répondre.

    -Quel est pour vous le plus beau film évoquant la musique classique et/ou l'opéra et pourquoi?

    Peu importe que je sois d'accord avec votre opinion sur le film dont vous parlerez. L'esssentiel est que vous soyez passionné et enthousiaste!

    Je vous rappelle que vous pouvez encore remporter des places pour l'avant-première exceptionnelle de "Poupoupidou" en cliquant ici.

    CRITIQUE DE "BLACK SWAN" De DARREN ARONOFSKY:

    Le 10 décembre, au mk2 Bibliothèque était projeté en avant-première le nouveau film de Darren Aronofsky « Black swan », une projection suivie d’un débat avec le cinéaste. Après une année cinématographique 2010 plutôt tiède (vous pourrez retrouver mon bilan de l’année ces jours prochains), autant le dire tout de suite, l’année cinéma 2011 (« Black swan » sortira en salles le 9 février) débutera par un vrai choc cinématographique, un tourbillon fiévreux dont vous ne ressortirez pas indemnes.

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    Nina (Natalie Portman) est ballerine au sein du très prestigieux New York City Ballet. Elle (dé)voue sa vie à la danse et partage son existence entre la danse et sa vie avec sa mère Erica (Barbara Hershey), une ancienne danseuse. Lorsque Thomas Leroy (Vincent Cassel), le directeur artistique de la troupe, décide de remplacer la danseuse étoile Beth Mcintyre (Winona Ryder) pour leur nouveau spectacle « Le Lac des cygnes », Nina se bat pour obtenir le rôle. Le choix de Thomas s’oriente vers Nina même si une autre danseuse, Lily, l’impressionne également beaucoup, Nina aussi sur qui elle exerce à la fois répulsion et fascination.  Pour « Le Lac des cygnes », il faut  une danseuse qui puisse jouer le Cygne blanc, symbole d’innocence et de grâce, et le Cygne noir, qui symbolise la ruse et la sensualité. Nina en plus de l’incarner EST le cygne blanc mais le cygne noir va peu à peu déteindre sur elle et révéler sa face la plus sombre.

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     « Black swan » n’est pas forcément un film d’emblée aimable (ce qui, pour moi, est une grande qualité quand les synopsis des films ressemblent trop souvent à des arguments marketing) : il se confond ainsi avec son sujet, exerçant tout d’abord sur le spectateur un mélange de répulsion et de fascination, entrelaçant le noir et le blanc, la lumière (de la scène ou de la beauté du spectacle, celle du jour étant quasiment absente) et l’obscurité, le vice et l’innocence mais le talent de cinéaste d’Aronofsky, rusé comme un cygne noir, et de son interprète principale, sont tels que vous êtes peu à peu happés, le souffle suspendu comme devant un pas de danse époustouflant.

    « Black swan » à l’image de l’histoire qu’il conte (le verbe conter n’est d’ailleurs pas ici innocent puisqu’il s’agit ici d’un conte, certes funèbre) est un film gigogne, double et même multiple. Jeu de miroirs entre le ballet que Thomas met en scène et le ballet cinématographique d’Aronofsky. Entre le rôle de Nina dans le lac des cygnes et son existence personnelle. Les personnages sont ainsi à la fois doubles et duals : Nina que sa quête de perfection aliène mais aussi sa mère qui la pousse et la jalouse tout à la fois ou encore Thomas pour qui, tel un Machiavel de l’art, la fin justifie les moyens.

     Aronofsky ne nous « conte » donc pas une seule histoire mais plusieurs histoires dont le but est une quête d’un idéal de beauté et de perfection. La quête de perfection obsessionnelle pour laquelle Nina se donne corps et âme et se consume jusqu’à l’apothéose qui, là encore, se confond avec le film qui s’achève sur un final déchirant de beauté violente et vertigineuse, saisissant d’émotion.

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    Par une sorte de mise en abyme, le combat (qui rappelle celui de « The Wrestler ») de Nina est aussi celui du cinéaste qui nous embarque dans cette danse obscure et majestueuse, dans son art (cinématographique) qui dévore et illumine (certes de sa noirceur) l’écran comme la danse et son rôle dévorent Nina. L’art, du cinéma ou du ballet, qui nécessite l'un et l'autre des sacrifices. Le fond et la forme s’enlacent alors pour donner cette fin enivrante d’une force poignante à l’image du combat que se livrent la maîtrise et l’abandon, l’innocence et le vice.

    Quel talent fallait-il pour se montrer à la hauteur de la musique de Tchaïkovski (qui décidément inspire ces derniers temps les plus belles scènes du cinéma après « Des hommes et des dieux ») pour nous faire oublier que nous sommes au cinéma, dans une sorte de confusion fascinante entre les deux spectacles, entre le ballet cinématographique et celui dans lequel joue Nina. Confusion encore, cette fois d’une ironie cruelle, entre l'actrice Winona Ryder et son rôle de danseuse qui a fait son temps.  Tout comme, aussi, Nina confond sa réalité et la réalité, l’art sur scène et sur l’écran se confondent et brouillent brillamment nos repères. Cinéma et danse perdent leur identité pour en former une nouvelle. Tout comme aussi la musique de Clint Mansell se mêle à celle de Tchaïkovski pour forger une nouvelle identité musicale.

    La caméra à l’épaule nous propulse dans ce voyage intérieur au plus près de Nina et nous emporte dans son tourbillon. L’art va révéler une nouvelle Nina, la faire grandir, mais surtout réveiller ses (res)sentiments et transformer la petite fille vêtue de rose et de blanc en un vrai cygne noir incarné par une Natalie Portman absolument incroyable, successivement touchante et effrayante, innocente et sensuelle, qui réalise là non seulement une véritable prouesse physique (surtout sachant qu’elle a réalisé 90% des scènes dansées !) mais surtout la prouesse d’incarner deux personnes (au moins...) en une seule et qui mérite indéniablement un Oscar.

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     Un film aux multiples reflets et d’une beauté folle, au propre comme au figuré, grâce à la virtuosité de la mise en scène et de l’interprétation et d’un jeu de miroirs et mise(s) en abyme. Une expérience sensorielle, une danse funèbre et lyrique, un conte obscur redoutablement grisant et fascinant, sensuel et oppressant dont la beauté hypnotique nous fait perdre (à nous aussi) un instant le contact avec la réalité pour atteindre la grâce et le vertige.

    Plus qu’un film, une expérience à voir et à vivre impérativement (et qui en cela m’a fait penser à un film certes a priori très différent mais similaire dans ses effets : « L’Enfer » d’Henri-Georges Clouzot) et à côté duquel le « Somewhere » de Sofia Coppola qui lui a ravi le lion d’or à Venise apparaît pourtant bien fade et consensuel...

    Ci-dessous la bande-annonce et tout en haut de cet article, ma vidéo de Darren Aronofsky lors de l'avant-première: il explique la genèse du film.

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    Lien permanent Imprimer Catégories : CONCOURS Pin it! 0 commentaire
  • Concours- Gagnez vos places pour l'avant-première de "Poupoupidou" en présence de l'équipe du film

    Grâce à Cinéfriends, j'ai le plaisir de vous offrir 5x2 places pour l'avant-première de "Poupoupidou" (cf ci-dessus pour tout savoir sur le film) de Gérald Hustache-Mathieu, en présence de ce dernier et des acteurs principaux: Jean-Paul Rouve et Sophie Quinton. La projection aura lieu à 20H, le 10 janvier, dans le 8ème arrondissement de Paris. Pour remporter ces places, répondez correctement aux questions ci-dessous, avec, pour l'occasion, un mini-questionnaire (très facile) spécial Marilyn Monroe. Réponses à envoyer à inthemoodforcinema@gmail.com avec pour intitulé de l'email "concours Poupoupidou", avant le 7 janvier, minuit.

    1. Dans quel film la robe de Marilyn Monroe se soulève-t-elle au-dessus d'une bouche de métro?

    2. Que est le titre de son dernier film?

    3. Quel est ce film?

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    4.Question facultative pour départager les gagnants: pourquoi désirez-vous voir "Poupoupidou"?

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  • Bande-annonce de L'Avocat de Cédric Anger avec Benoît Magimel et Gilbert Melki

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  • Avant-première- "Abel" de Diego Luna: vidéos de la conférence de presse à Deauville

    C'est le 12 janvier que sortira en salles le 1er film de l'acteur Diego Luna en tant que réalisateur. Si je vous en parle dès maintenant, c'est parce que ce film, présenté en compétition du dernier Festival du Cinéma Américain de Deauville, en est malheureusement reparti bredouille et aurait à mon sens, davantage que "Mother and child", mérité de figurer au palmarès.

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     Abel est ainsi un enfant de 9 ans qui ne parle plus depuis que son père a quitté la maison. Un jour il retrouve la parole et se prend pour son père. Tout le monde se plie à ses volontés et joue le jeu jusqu’au jour où le père d’Abel réapparait. (Vous trouverez ci-dessus deux vidéos de la conférence de presse dans laquelle Diego Luna explique la genèse du film).  « Abel » a été présenté hors compétition dans le cadre du dernier Festival de Cannes. Filmé la plupart du temps à hauteur d’Abel, le regard, frondeur, déterminé, si touchant du petit garçon, nous saisit dès le début pour ne plus nous quitter et pour, finalement, arracher au nôtre quelques larmes. Avec beaucoup de pudeur et de drôlerie, parfois pour désamorcer des scènes qui auraient pu se révéler glauques, Diego Luna nous embarque dans son histoire qu’il filme et conte avec beaucoup de tendresse, nous surprend avec ce qu’on attend. Tendresse pour ce petit garçon, un peu celui qu’il a été comme il l’a expliqué en conférence de presse, mais aussi d’une certaine manière pour cette mère, aimante et courageuse, à laquelle son film rend hommage (Diego Luna a perdu sa mère dans sa petite enfance) à travers le personnage de la mère d’Abel. Pour son premier film, Diego Luna a réussi sans doute ce qu’il y a de plus compliqué : donner l’apparence de la simplicité à une histoire qui est loin de l’être et susciter l’émotion, sans jamais la forcer, par le ton du film, burlesque et poignant, par la puissance du sujet et de son (réellement extraordinaire) jeune acteur principal dont, en conférence de presse, Diego Luna a ainsi souligné à quel point (presque effrayant) il avait un comportement adulte, voire paternaliste, à l’image du personnage qu’il a incarné. Pour en savoir plus, retrouvez mon premier bilan de la compétition sur In the mood for Deauville.

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