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Abdellatif Kechiche

  • Palmarès des César 2008 :l’hommage à la diversité culturelle

    8a5f72b996ab9a625e4e51897eb3e09c.jpgAprès un hommage à Michel Serrault (avec un extrait de « Garde à vue » de Claude Miller), à Jean-Claude Brialy (avec un extrait du film  « Les Innocents » de Téchiné), à Jean-Pierre Cassel (avec un extrait des « Jeux de l’amour » de Philippe de Broca), Jean Rochefort, président de cette édition 2008 esquissait quelques pas de danse suivis de son inimitable rire tonitruant, non sans évoquer, au passage, pudiquement et sans les nommer, les trois monstres sacrés précités disparus au cours de l’année passée, mais aussi Ingrid Betancourt, donnant le ton de cette cérémonie, à la fois légère et sérieuse, décalée et élégante, saupoudrée de l’humour caustique  et savoureux d’Antoine de Caunes, de sa dérision et de son auto-dérision ainsi que de celles du président de cérémonie,  qui n’ont malheureusement pas toujours réussi à dérider l’assistance.

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    Cette 33ème cérémonie a été une belle démonstration de la diversité générationnelle mais surtout culturelle française c0c565657842c5385fb8376a25b42a4c.jpgsur laquelle Jeanne Moreau a d’ailleurs insisté (remettant  ainsi comme un flambeau le César d’honneur  que son partenaire du « Temps qui reste » de François Ozon, Melvil Poupaud, lui a remis, à Céline Sciamma, réalisatrice de « Naissance des pieuvres » lui donnant pour mission de le transmettre l’année suivante à un autre réalisateur d’un premier film), récompensant ainsi autant le cinéma plutôt dit d’auteur  avec « La graine et le mulet » d’Abdellatif Kechiche qui a reçu 4 César dits majeurs-un film dont je vous ai longuement parlé, ici - et un cinéma plus "populaire" et académique avec « La Môme » d’Olivier Dahan (qui a reçu 5 César dont surtout des César dits techniques –meilleur son, meilleur costume, meilleur décor, meilleure photo- et, sans surprise, le César d’interprétation féminine pour Marion Cotillard).

    En recevant son César d’honneur des mains de Fanny Ardant, et après l’avoir remerciée avec son enthousiasme et son exubérance habituels, Roberto Benigni rappelait que les Français ont inventé le cinéma, la « parole lumineuse », et rappelait notre devoir de « faire le plus grand cinéma du monde ». Il a dédié son César à Bergman et Antonioni disparus cette année et a réclamé une minute de silence en leur honneur, le silence réclamé par le bavard Roberto Benigni étant d’autant plus précieux…

    Jeanne Moreau a donc souligné la nécessité de la diversité culturelle et son amour du cinéma, « doux et amer, à l’image de la vie », et qui « nous entraîne bien loin de nous », elle a aussi insisté sur la baisse des subventions aux festivals, des aides aux salles de cinéma, et sur leur nécessité.

     L’éclectisme étant un des maîtres mots de cette cérémonie, c’est Michel Houellebecq qui, après quelques propos difficilement audibles et acerbes  sur les adaptations de ses propres romans,  a remis le César de la meilleure adaptation à « Persépolis ».

    L’émotion en retenue et élégance, comme à la cérémonie de clôture du Festival de Cannes 2007, est venue d’Alain Delon, et de son hommage à Romy Schneider, comme à Cannes, aussi,  Alain Delon qui a également remis le César d’interprétation féminine à Marion Cotillard saluant son talent tout en lui disant  malicieusement « s’y connaître en actrices ».

    C’est donc de nouveau Abdellatif Kechiche qui a reçu le César du meilleur film et du meilleur réalisateur et du meilleur scénario original pour « La graine et le mulet », des César qu’il avait déjà obtenus pour « L’esquive » en 2005. Hafsia Herzi a également obtenu le très mérité César du meilleur espoir féminin pour le même film (un César que Sara Forestier avait également obtenu pour « L’Esquive »). Abdellatif Kechiche a souligné le « sentiment de légitimité » que lui procuraient ces César, pour « un cinéma qui se risque à sa propre liberté ». Il a également remercié Claude Berri (tradition des César…), producteur de « La graine et le mulet » selon qui aucun metteur en scène n’a égalé Abdellatif Kechiche depuis Pialat.

     Je regrette que le sublime film de Claude Miller « Un secret » n’ait obtenu qu’un seul César, celui du meilleur second rôle féminin pour Julie Depardieu, laquelle avait déjà été récompensée du César du meilleur espoir et du meilleur second rôle en 2004.

    6d0876d6e1716a87065157f11bf57d3b.jpgSans surprise, Mathieu Amalric a reçu le César d’interprétation masculine face à des acteurs de nombreuses fois nommés et toujours repartis bredouille : Vincent Lindon, Jean-Pierre Marielle notamment. « Le scaphandre et le papillon » de Julian Schnabel a également été récompensé du César du meilleur montage.

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    Le remarquable documentaire de Barbet Schroeder dont je vous avais longuement parlé lors du dernier Festival de Cannes où il était présenté dans la section «Un Certain Regard, « L’avocat de la terreur » a été récompensé du César du meilleur documentaire. Barbet Schroeder a remercié celui qui l’appelle son « cher ennemi », Me Jacques Vergès « acteur et victime » de son film.

    43750051f2c043c29ece6ab11a34d30a.jpgDans un français impeccable, Florian Henckel Von Donnersmarck a remercié l’Académie pour son César du meilleur film étranger pour « La vie des autres » évoquant ses références françaises : Truffaut, Balzac, Racine, Molière, évoquant aussi son acteur principal « Ulrich Mühe » décédé depuis, affirmant que les bonnes critiques françaises l’ont apaisé.

    Le César du meilleur acteur dans un second rôle a été attribué à Sami Bouajila pour son rôle dans « Les Témoins » de Téchiné, Sami Bouajila déjà récompensé du prix d’interprétation à Cannes pour son rôle dans « Indigènes » de Rachid Bouchareb.

    C’est Laurent Stocker qui a obtenu le César du meilleur espoir masculin pour son rôle dans « Ensemble c’est tout » (…de Claude Berri) face aux prometteurs Nicolas Cazalé, Grégoire Leprince-Ringuet, Johan Libéreau et Jocelyn Quivrin.

    Le César du meilleur premier film est revenu  à un film d’animation « Persépolis » et enfin celui  de la meilleure d51affd8492b4f149b62c43f5afbdfe6.jpgmusique aux « Chansons d’amour », seul César obtenu par le film de Christophe Honoré.

    Demain aura lieu la cérémonie des Oscars où le cinéma français pourrait bien de nouveau être à l’honneur non seulement avec les nominations de « La Môme » mais aussi celle du « Mozart des pickpockets» de Philippe Pollet-Villard, César du meilleur court-métrage également nommé aux Oscars. A suivre…

    Récapitulatif :

    Meilleur film : « La graine et le mulet » d’Abdellatif Kechiche

    Meilleur réalisateur : Abdellatif Kechiche

    Meilleure actrice : Marion Cotillard pour « La Môme »

    Meilleur acteur :Mathieu Amalric pour « Le scaphandre et le papillon »

    Meilleur second rôle féminin : « Julie Depardieu » pour « Un secret »

    Meilleure musique : « Les chansons d’amour »

    Meilleur photo : « La Môme »

    Meilleur son : « La Môme »

    Meilleurs costumes : « La Môme »

    Meilleur décor : « La Môme »

    Meilleur premier film : « Persépolis » de Vincent Paronnaud et Marjane Satrapi

    Meilleure adaptation : « Persépolis »

    Meilleur film étranger : « La vie des autres » de Florian Henckel von Donnersmarck

    Meilleur documentaire : « L’avocat de la terreur » de Barbet Schroeder

    Meilleur montage : « Le scaphandre et le papillon »

    Meilleur second rôle masculin : Sami Bouajila (« Les Témoins »)

    Meilleur espoir masculin : Laurent Stocker pour « Ensemble c’est tout »

    Meilleur scénario original : « La graine et le mulet » d’Abdellatif Kechiche

    Meilleur court-métrage : Le Mozart des pickpockets » de Philippe Pollet Villard

    César d’honneur : Jeanne Moreau et Roberto Benigni

    César d’honneur posthume : Romy Schneider

    Sandra.M

  • In the mood for news 19: actualité cinématographique de la semaine du 20 février 2008

    César 2008

    1b0ead199df1ec69c0ebacae4a3141ed.jpgLes César dévoileront leur palmarès ce soir, à 21H, en clair, sur Canal plus, lors d’une cérémonie présidée par Jean Rochefort, présentée par Antoine de Caunes.

    Je vous invite à relire mon article consacré aux César sur lequel figure le détail de toutes les nominations, et à partir duquel vous pourrez accéder à mes critiques des films en sélection, ainsi qu'à mon propre choix quant au palmarès.

     Je vous invite également à consulter le blog de Canal plus entièrement consacré à la cérémonie.

    Demain, vous pourrez lire ici le détail du palmarès. Je vous invite également à faire part de vos pronostics et/ou choix...

    Oscars 2008

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    Le 24 février, ce sont les Oscars qui dévoileront leur palmarès que vous pourrez également retrouver ici. En attendant, je vous invite à lire mon article consacré aux nominations.

    Les 10  films à l’affiche cette semaine

    Je n’ai encore vu aucun de ces films mais vous pourrez très prochainement lire ma critique de « Paris » de Cédric Klapisch.

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      « L'ÉTAT DU MONDE »  -Réalisé par Chantal Akerman  -Avec Jenjira Jansuda, Sakda Kaewbuadee, Babu Santana, José Alberto Silva, Lucinda Tavares, 

    Genre : Programme de courts métrages | Durée : 01h45min 

    « REDACTED »  -Réalisé par Brian De Palma 

    Avec Daniel Stewart Sherman, Kel O'Neill, Rob Devaney, Izzy Diaz, Ty Jones, 

    Genre : Drame, Film de guerre | Durée : 01h30min 

      « LA FAMILLE SAVAGE »  -Réalisé par Tamara Jenkins 

    Avec Philip Bosco, Peter Friedman, Laura Linney, Philip Seymour Hoffman, David Zayas, Gbenga Akinnagbe, 

    Genre : Comédie dramatique | Durée : 01h53min 

    «   LE CAHIER »  Réalisé par Hana Makhmalbaf 

    Avec Nikbakht Noruz, Abdolali Hoseinali, Abbas Alijome, 

    Genre : Drame | Durée : 01h21min 

    «  UN CHÂTEAU EN Espagne »  -Réalisé par Isabelle Doval 

    Avec Angela Molina, Anne Brochet, Lluis Homar, Stéphane Freiss, Jean Senejoux, Martin Jobert, 

    Genre : Comédie dramatique | Durée : 01h33min 

     «  PARIS »  -Réalisé par Cédric Klapisch 

    Avec Fabrice Luchini, Romain Duris, Juliette Binoche, Albert Dupontel, François Cluzet, 

    Genre : Comédie dramatique | Durée : 02h10min 

     « JUMPER »  Réalisé par Doug Liman 

    Avec Diane Lane, Jamie Bell, Hayden Christensen, Rachel Bilson, Samuel L. Jackson, 

    Genre : Action, Science-fiction | Durée : 01h35min 

      « LE VOYAGE À PANAMA » - Réalisé par Martin Otevrel 

    Genre : Animation | Durée : 01h15min 

     «  UNE ÉTOILE EST NÉE » Réalisé par George Cukor 

    Avec Judy Garland, Jack Carson, Amanda Blake, Tommy Noonan, Lucy Marlowe, James Mason, Charles Bickford, 

    Genre : Drame | Durée : 2h49min 

    «  PRINCE VAILLANT »  Réalisé par Henry Hathaway  -Avec Sterling Hayden, Donald Crisp, Janet Leigh, Debra Paget, Robert Wagner, James Mason, 

    Genre : Aventure | Durée : 1h40min 

    Palmarès de la 58ème édition de la Berlinale

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    Our d’Or - Meilleur Film : Tropa de Elite – "The Elite Squad" de José Padilha
    Ours d’Argent - Grand Prix du Jury : "Standard Operating Procedure" de Errol Morris
    Ours d’Argent - Meilleur Réalisateur : Paul Thomas Anderson pour "There Will Be Blood"
    Ours d’Argent – Prix d’Interprétation Féminine: Sally Hawking pour "Happy-Go-Lucky "
    Ours d’Argent – Prix d’Interprétation Masculine : Reza Najie pour "Avaze Gonjeskh-ha" – The Song of Sparrows de Majid Majidi
    Ours d’Argent – Meilleure Contribution Artistique : Jonny Greenwood pour la musique de "There Will Be Blood" de Paul Thomas Anderson
    Ours d’Argent - Meilleur Scénario: Wang Xiaoshuai pour "Zuo You "–" In Love we trust"
    Prix Alfred Bauer – fondateur du festival - pour un film qui ouvre de nouvelles perspectives dans l’art cinématographique: "Lake Tahoe" de Fernando Eimbcke

    Palmarès des étoiles  d'or du cinéma français

    eef3265f2819447b5887274dcefc2d89.jpgPour la 9ème édition la presse française dévoilait son palmarès de l’année cinématographique 2007 avec ses « étoiles d’or ».  (Site officiel : http://www.etoilesducinema.fr )

    Jeanne Moreau qui recevra un César d’honneur ce soir a également reçu une « étoile d’or d’honneur ».

     La presse a largement récompensé « La graine et le mulet » d’Abdellatif Kechiche. En sera-t-il de même pour les professionnels ce soir aux César ? A suivre, ce soir, sur Canal plus, puis à lire sur « In the mood for cinema ».

    Etoile d'Or du Film

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    "La Graine et le mulet" (Abdellatif Kechiche)

    Etoile d'Or du Réalisateur

    Abdellatif Kechiche ("La Graine et le mulet")

    Etoile d'Or du Scénario

    "La Graine et le mulet" (Abdellatif Kechiche)

    Etoile d'Or du Premier Film

    "Persepolis" (Marjane Satrapi)

    "Persepolis" (Vincent Paronnaud)

    Etoile d'Or du Documentaire

    "L'Avocat de la terreur" (Barbet Schroeder)

    Etoile d'Or du 1er Rôle féminin

    Isabelle Carré ("Anna M.")

    Marion Cotillard ("La Môme")

    Etoile d'Or du 1er Rôle masculin

    Mathieu Amalric ("Le Scaphandre et le papillon")

    Etoile d'Or de la Révélation féminine

    Hafsia Herzi ("La Graine et le mulet")

    Etoile d'Or de la Révélation masculine

    Jocelyn Quivrin ("99 F")

    Andy Gillet ("Les Amours d'Astrée et de Céladon")

    Etoile d'Or du Compositeur de musique originale

    "Les Chansons d'amour" (Alex Beaupain)

    Etoile d'Or du Producteur

    Jérôme Seydoux

    Etoile d'Or du Distributeur

    François Ivernel

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    Pendant toute la journée du 17 et du 18 février l’Espace Pierre Cardin, où eut lieu la remise des Etoiles d’or, a également été le théâtre de conférences et notamment d’une instructive Master Class sur la place du lieu dans l’écriture du scénario, avec Olivier Lorelle (président de l’UGS et notamment scénariste d’ « Indigènes » de Rachid Bouchareb), Jérôme Soubeyrand( ancien président de l’UGS et notamment scénariste de « Tout pour plaire ») et Guillaume Laurant (notamment scénariste d’ « Amélie Poulain » de Jean-Pierre Jeunet). Quelle étrange sensation pour moi de me retrouver dans cette salle, et de surcroît pour une master class sur le scénario, 10 ans après, presque jour pour jour,  ma participation au jury jeunes du Festival de Paris dont une partie des projections se déroulaient alors à l’Espace Pierre Cardin. Les yeux toujours remplis d’étoiles. D’or. Du septième art. 10 ans de pérégrinations pour que l’écriture, scénaristique ou autre, passion viscérale et insatiable,  s’assume et même se revendique comme un désir et une nécessité. 10 ans de rencontres cinématographiques, sur l’écran et pas seulement: passionnantes, parfois, improbables, souvent. 10 ans pour se retrouver dans cette même salle rouge, intime, éveilleuse de rêves, écrin de tant de souvenirs insolites, magiques, déterminants.

    57d85e861f51c8ba9ba00e9e5ffa8dbb.jpgLa semaine dernière, à la SACD, avait également lieu une rencontre sur l’adaptation b9aac7192cb9dacd8be0e38cf0ba71f1.jpgcinématographique. ( 4 conférences annuelles destinées aux auteurs sont organisées par le CNC et la SACD, la salle est très petite, il est donc recommandé de s’inscrire très tôt ; la prochaine rencontre aura pour thème « Quels tremplins pour la télévision pour les auteurs débutants », le 1er Avril, à 14H, au CNC). Lors de cette conférence Claude Miller et Philippe Grimbert ont évoqué leurs visions respectives de l’adaptation, Philippe Grimbert a souligné à quel point Claude Miller a « bien trahi » son œuvre pour l’adaptation d’ « Un secret » (dont je ne dirai jamais assez à quel point c’est une œuvre magnifique), tout en révélant qu’un casting de réalisateurs avait précédé ce choix. Il était d’ailleurs amusant de constater que lors de la masterclass à l’Espace Cardin, Guillaume Laurant a « commis » un lapsus révélateur en disant « adoption » et non « adaptation » à propos de « Je m’appelle Elisabeth » de Jean-Pierre Améris qu’il a ada(o)pté, alors que, à la SACD, quelques jours plus tôt Philippe Grimbert (auteur d’ « Un secret » mais aussi psychanalyste)  soulignait la fréquence et l’intérêt de ce lapsus chez les scénaristes.

    Le scénario, objet éphémère, superflu pour certains, nécessaire (pour d’autres, pour moi), ou même indispensable,   avec la grève des scénaristes américains (désormais terminée) et l’actuel combat des scénaristes français (et notamment de l’UGS) pour la reconnaissance d’un statut n’a jamais autant été au centre des débats…et c’est tant mieux ! Nous regarderons donc avec d’autant plus d'attention qui sera récompensé ce soir: qui de "La Môme", "La graine et le mulet" (mon propre choix), "2 days in Paris", "Molière" obtiendra le César du meilleur scénario original et si "Un secret" obtiendra le César de la meilleure adaptation, ce que je lui souhaite…

    Sandra.M

  • César 2008 : nominations

    98cf3280090495860238fc71b4782bb2.jpgLes nominations pour les César 2008 viennent d'être communiquées. Je vous livre  mes premières impressions en vrac :

    -11 nominations pour "La Môme" (sans surprise) et pour "Un secret" (très agréable surprise), les deux films à obtenir le plus de nominations

    -Viennent ensuite "Le scaphandre et le papillon" (pour mon plus grand plaisir, je vous ai également maintes fois parlé de ce film qui a reçu le prix de la mise en scène au dernier Festival de Cannes) avec 7 nominations amplement méritées, Persépolis (que je n'ai pas vu) avec 6 nominations et "La Graine et le mulet" avec 5 nominations également méritées, et 4 nominations pour "Les chansons d'amour" ...

    -Autres agréables surprises: La présence du "Fils de l'épicier", un film que j'avais découvert et particulièrement apprécié au Festival de Cabourg où il a été présenté en avant-première. Espérons que cela lui permettra de connaître une seconde sortie en salles.

    -Espérons que "Le deuxième souffle" (justement pour en retrouver un) et l'excellent documentaire "L'avocat de la terreur" seront également récompensés.

    -Quelques déceptions: L'absence de "Boxes" de Janes Birkin, l'absence de "J'attends quelqu'un" de Jérôme Bonnell, de "La face cachée" de Bernard Campan, de "La vie d'artiste" de Marc Fitoussi et d'"Un baiser s'il vous plaît" d'Emmanuel Mouret, de "Vous êtes de la police" de Romuald Beugnon, l'absence de Chabrol pour "La fille coupée en deux"... et la présence excessive de "Faut que ça danse"...

    -Quant au meilleur film étranger, entre "La vie des autres", "De l'autre côté", "La nuit nous appartient", "Les promesses de l'ombre", "4 mois 3 semaines deux jours", le choix sera cornélien. Signalons la présence de deux films allemands, signe de la bonne santé actuelle du cinéma d'Outre-Rhin

    La 33ème cérémonie des César aura lieu sur Canal plus, en clair, à 20H30, le vendredi 22 février 2008. Elle sera présidée par Jean Rochefort qui succédera ainsi à Claude Brasseur et elle sera présentée par Antoine De Caunes qui succédera à Valérie Lemercier.

    Je vous livre mes préférences ci-dessous, surlignées en rouge (différentes de mes pronostics sur lesquels je reviendrai). Je vous invite également à laisser les vôtres ainsi que vos commentaires.

    Les critiques de presque tous les films nommés figurent sur ce blog. Pour les lire, cliquez sur les titres des films ci-dessus ou sous les affiches des films dans la rubrique "Les films inconcournables de 2007" du blog (colonne de gauche).

    Meilleur film 

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    La Môme 

    Un secret 

    Le Scaphandre et le papillon 

    La Graine et le mulet  

    Persépolis  

     Meilleur réalisateur 

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    Mon coeur balance  entre Miller ("Un secret" est pour moi le film de l'année), Téchiné (un de mes réalisateurs de prédilection), Kechiche (directeur d'acteurs exceptionnel), Schnabel...

     Olivier Dahan (La Môme)  

    Abdellatif Kechiche (La Graine et le mulet) 

    Claude Miller (Un secret) 

    André Téchiné (Les Témoins) 

    Julian Schnabel (Le Scaphandre et le papillon)  

    Meilleure actrice

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    Isabelle Carré (Anna M)

    Marion Cotillard (La Môme)

    Cécile de France (Un secret)

    (Mais Isabelle Carré était également remarquable,  mon enthousiasme pour ne pas dire ma passion pour le film de Claude Miller l'a néanmoins emporté...Patrick Bruel aurait également mérité une nomination pour ledit film.)

    Marina Foïs  (Darling)

    Catherine Frot (Odette Toutlemonde) 

     Meilleur acteur

    Mathieu Amalric (Le Scaphandre et le papillon) 

    Michel Blanc (Les Témoins) 

    Jean-Pierre Darroussin (Dialogue avec mon jardinier)

    Vincent Lindon (Ceux qui restent)

    Jean-Pierre Marielle (Faut que ça danse !) 

     Meilleur second rôle féminin

    Julie Depardieu (Un Secret)

    Noémie Lvovsky (Actrices)

    Bulle ogier (Faut que ça danse !) 

    Ludivine Sagnier (Un Secret)

    Sylvie Testud (La Môme) 

     Meilleur second rôle masculin 

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    Fabrice Luchini (Molière) 

    Laurent Stocker (Ensemble c'est tout) 

    Michael Lonsdale (La Question humaine)

    Pascal Greggory (La Môme)

    Sami Bouajila (Les Témoins) 

     Meilleur espoir masculin

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    (Impossible de choisir: je vote pour les 5! Même si un prix pour Nicolas Cazalé permettrait peut-être au film d'être reconnu à sa juste valeur...contrairement aux autres films qui n'en ont pas -moins- besoin. Johan Libéreau était époustouflant de naturel pour un premier rôle et la grâce de Grégoire Leprince Ringuet le mériterait également,   bon allez, je me lance quand même...)

    Nicolas Cazalé (Le Fils de l'épicier)

    Grégoire Leprince-Ringuet (Les Chansons d'amour)

    Johan Libéreau (Les Témoins)

    Jocelyn Quivrin (99 francs)

    Laurent Stocker (Ensemble c'est tout)

     Meilleur espoir féminin

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    Afin de reconnaître le talent admirable et rare de l'actrice mais aussi de son directeur d'acteurs Abdellatif Kechiche:

    Louise Blachère (Naissance des pieuvres)

    Adèle Henel (Naissance des pieuvres)

    Hafsia Herzi (La Graine et le mulet)

    Clotilde Hesme (Les Chansons d'amour)

    Audrey Dana (Roman de gare)

     Meilleur Scénario original

    La Môme

    Two days in Paris

    La Graine et le mulet

    Ceux qui restent

    Molière 

     Meilleure adaptation 

    Ensemble c'est tout 

    Darling 

    Un secret 

    Le Scaphandre et le papillon

    Persépolis

     Meilleur premier film 

    N'ayant vu aucun des 5, je m'abstiens de voter...

    Ceux qui restent 

    Et toi, t'es sur qui ? 

    Naissance des pieuvres

    Persépolis

    Tout est pardonné 

     Meilleur film étranger

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    4 mois, 3 semaines et 2 jours

    De l'autre côté

    La Nuit nous appartient

    Les Promesses de l'ombre

    La Vie des autres

     Meilleur documentaire

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    Le Premier cri

    L'Avocat de la terreur

    Retour en Normandie

    Les Animaux amoureux

    Les Lip, l'imagination au pouvoir 

    Meilleur Montage 

    Le montage est une des grandes qualités d'"Un secret" mais aussi du "Scaphandre et le papillon"... Simplement parce qu'il fallait choisir...

    La Graine et le mulet 

    Un secret

    La Môme

    Persépolis

    Le Scaphandre et le papillon

     Meilleure Photo 

    (Même si la photo est admirable dans ces 5 films, j'aimerais bien que "Le second souffle" ne reparte pas bredouille donc...)

    Le Deuxième souffle 

    Un secret 

    L'Ennemi intime

    Le Scaphandre et le papillon 

    La Môme  

    Meilleur Son

    (Le son est un des éléments essentiels du film pour lequel j'ai voté même s'il l'est aussi par définition des comédies musicales citées...)

    L'Ennemi intime 

    Les Chansons d'amour 

    Persépolis

    La Môme 

    Le Scaphandre et le papillon

    Meilleurs costumes 

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    Notons que "La Môme" est également nommée dans cette catégorie aux Oscars.

    La Môme 

    Un secret 

    Le Deuxième souffle

    Molière 

    Jacquou le croquant 

     Meilleur décor

    Molière

    Le Deuxième souffle

    Un secret

    Jacquou le croquant

    La Môme 

    Meilleure musique

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    Les Chansons d'amour

    Persépolis

    L'Ennemi intime

    Un secret

    Faut que ça danse !

  • Les films "in the mood" de l'année 2007

    Voici les 40 films que je vous ai recommandés cette année (et je persiste et signe!). Vous pouvez retrouver les critiques de chacun d'entre eux qui figurent toutes sur le blog (dans la rubrique "les films incontournables de 2007", colonne de gauche du blog, cliquez sur le titre du film sous l'affiche, dans la colonne en question, pour lire une critique) .

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    Les 40 films de l'année 2007 recommandés par "In the mood for cinema"

    « L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford » d’Andrew Dominik

    « Un secret » de Claude Miller

    « Le scaphandre et le papillon » de Julian Schnabel

    « Le rêve de Cassandre » de Woody Allen

    « La graine et le mulet » d’Abdellatif Kechiche

    « My blueberrry nights » de Wong Kar Wai

    « De l’autre côté » de Fatih Akin

    « Je suis un cyborg » de Park Whan-Wook

    « La nuit nous appartient » de James Gray

    « Chacun son cinéma », film

    « Once » de John Carney

    « Paranoïd park » de Gus Van Sant

    « Un baiser s’il vous plaît » d’Emmanuel Mouret

    « Après lui » de Gaël Morel

    « 7h58 ce samedi-là » de Sidney Lumet

    « Bobby » de Emilio Estevez

    « Boxes » de Jane Birkin

    « J’attends quelqu’un » de Jérôme Bonnell

    « La face cachée » de Bernard Campan

    « La vengeance dans la peau » de Paul Greengrass

    « La vie des autres » de Florian Henckel von Donnersmarck

    « La vie d’artiste » de Marc Fitoussi

    « Le deuxième souffle «  d’Alain Corneau

    « Le fils de l’épicier »d’Eric Guirrado

    « Le mariage de Tuya » de Wang Quan’an

    « Le rêve de Cassandre de Woody Allen »

    « Les chansons d’amour » de Christophe Honoré

    « L’avocat de la terreur » de Barbet Scrhoeder

    « Michael Clayton » de Tony Gilroy

    « Never forever » de Gina Kim

    « Once » de John Carney

    « Paranoïd park » de Gus Van Sant

    « Roman de gare » de Claude Lelouch

    « Souffle » de Kim Ki-Duk

    « Still life » de Jia Zhang Ke

    « Gone baby gone » de Ben Affleck

    Mes 10 films favoris de l'année 2007

    Et s'il fallait n'en retenir que 10?

    Le choix a été cornélien, bien d'autres ci-dessus auraient mérité d'y figurer. Certains sont fortement liés au moment où je les ai vus, aux souvenirs dont ils sont indissociables. Je les ai choisis pour le caractère exceptionnel de leur mise en scène et/ou interprétation et/ou scénario et/ou émotion et/ou photographie..., et je vous les recommande tous vivement et évidemment d'abord le premier d'entre eux qui réunit toutes ces qualités et bien d'autres encore: un poème, une métaphore, un film qui, je l'espère, entrera dans la légende comme celui dont il nous conte l'assassinat.

    1. Le chef d'oeuvre de l'année: "L'assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford" d'Andrew Dominic

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     (pour lire ma critique, voir la vidéo et les photos de la conférence de presse à Deauville, cliquez ici)

    2. L'adaptation la plus poignante et la passion de l'année: "Un secret" de Claude Miller

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    3. Le "crime et châtiments" de l'année, d'une noirceur savoureuse: "Le rêve de Cassandre" de Woody Allen

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    4. Le film le plus "in the mood" de l'année: "My blueberry nights" de Wong Kar Wai
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    5. La peinture des âmes de l'année, grave et légère : "J'attends quelqu'un" de Jérôme Bonnell
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    6. Le film le plus "costagavrassien" et la révélation de l'année : "La vie des autres" de Florian Henckel von Donnersmarck
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    7. Le documentaire de l'année, plongée passionnante et instructive dans l'Histoire du 20ème siècle à travers son mystérieux protagoniste: "L'avocat de la terreur" de Barbet Schroeder
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    8. La direction d'acteurs la plus époustouflante de l'année: "La graine et le mulet" d'Abdellatif Kechiche
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    9. Le polar lyrique et "parrain" de l'année: "La nuit nous appartient" de James Gray
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    10.  Le poétique hymne à la vie de l'année: "Le scaphandre et le papillon" de Julian Schnabel
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    Et vous? Quels sont vos 10 films favoris de l'année 2007? Ecrivez votre palmarès dans les commentaires ci-dessous.
    Vous pouvez également voter pour LE film de l'année dans le sondage situé au milieu, dans la colonne de droite du blog.
    Sandra.M
  • "La graine et le mulet" ou "Un baiser s'il vous plaît" : d'un Marivaux à l'autre

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    Pour certains, ce week end fut synonyme de frénésie d’achats, pour moi il fut synonyme de frénésie cinématographique. Loin des bousculades, des empoignades, des regards et des pas harassés. On ne va pas impunément dans certains cinémas. Certains sont des lieux de bien être, de recueillement presque. Si le Dieu cinéma existait son lieu de culte s’appellerait Arlequin ou Saint-Germain des Prés, là où les spectateurs ont les yeux qui brillent avant même que la séance ne commence, là on ne monte pas mais où on descend dans la salle , lieux mystérieux, salles obscures qui nous éclairent  sur le monde vers lesquelles on se fraie lentement un chemin en chuchotant respectueusement. C’est donc à l’Arlequin que j’ai vu « Un baiser s’il vous plait » et au Saint-Germain des Prés que j’ai vu «  La graine et le mulet » (ils sont toujours à l’affiche dans ces deux salles.)  Premier point commun : l’un et l’autre sont projetés dans des salles art et essai. Pas le seul d’ailleurs même si au premier abord il semblerait s’agir de films aussi différents que possibles.

    L’un, d’Emmanuel Mouret, « Un baiser s’il vous plait », commence par la rencontre fortuite de Gabriel (Michael Cohen) et Emilie (Julie Gayet). Emilie est parisienne en déplacement à Nantes, ils ne se reverront probablement jamais, tous deux ont des compagnons. Gabriel veut embrasser Emilie. Emilie hésite et pour qu’il comprenne son hésitation, elle lui en raconte la raison, l’histoire d’une femme mariée (Virginie Ledoyen) et du meilleur ami de celle-ci (Emmanuel Mouret) et les conséquences d’un baiser…

    L’autre, d’Abdellatif Kechiche, "La graine et le mulet" qui se déroule sur le port de Sète, nous conte l’histoire de Beiji, soixante et un an, père de cinq enfants, divorcé, licencié d’un chantier naval, qui, avec l’aide de sa belle-fille, Rym, une adolescente, décide de créer sa propre affaire : un restaurant sur un vieux bateau délabré. Le rêve qui va souder une famille. Le rêve d’une vie meilleure. Le rêve qu’il veut laisser à ses enfants.

    Bien sûr ces deux films ont aussi en commun la singularité de leurs titres, dans les deux cas ce autour de quoi tourne tout le film : le baiser d’un côté, la graine et le mulet, de l’autre. Mais pas seulement. Ce titre et ce qu’il désigne sont alors l’objet d’un suspense inattendu et incongru dans les deux cas. Ces deux films ont encore en commun d’avoir été présentés en compétition officielle du dernier Festival de Venise. Celui d’Abdellatif Kechiche est reparti avec trois récompenses : le prix de la critique internationale, le prix Marcello Mastroianni pour Hafsia Herzi (ô combien mérité), prix qui récompense un jeune talent, et le prix spécial du jury ex-aequo avec « I’m not there » de Tod Haynes. « La faute à Voltaire » d’Abdellatif Kechiche avait d’ailleurs déjà obtenu le lion d’or de la meilleure première œuvre au Festival de Venise 2000.

     « Un baiser s’il vous plaît » et « La graine et le mulet » ou plutôt Abdellatif Kechiche et Emmanuel Mouret ont également Marivaux en commun : l’un, l’a brillamment utilisé et remis en scène, dans « l’Esquive », l’autre nous parle de marivaudages, des jeux de l’amour et du hasard, de petits jeux a priori sans conséquences dans « Un baiser s’il vous plaît ». Mais leur principal point commun c’est la façon dont ils nous convainquent, nous envoûtent même, progressivement, (ce ne sont pas des univers dans lesquels on rentre immédiatement mais qui captivent peu à peu et subrepticement notre attention, sans recourir à des méthodes, non, mais avec un univers qui leur est propre) irréversiblement, pour aboutir l’un et l’autre à une fin mémorable. C’est tellement important le dénouement, la dernière note, le goût qui restera sur nos lèvres et dans nos yeux avides de spectateurs parfois exigeants… Que serait « Lost in translation » sans sa fin énigmatique ? Je repense aussi à un téléfilm récent, l’adaptation de « Guerre et paix » de Tolstoï, plutôt réussie d’ailleurs, mais dont les deux dernières minutes gâchaient les heures qui avaient précédées, plutôt réjouissantes, un insert qui indiquait de manière pour le moins déplacée « tout est bien qui finit bien ». Comme si le spectateur n’était pas capable de supporter une fin en demi-teinte, comme si le spectateur ne pouvait survivre sans happy end, comme si les spectateurs étaient des enfants qu’il fallait bercer d’illusions. J’ai rarement vu idée aussi ridicule et surtout aussi insultante pour le spectateur.

    Deux fins mémorables donc, deux fins que je ne vous raconterai donc pas mais qui justifient évidemment à elles seules d’aller voir ces deux films. Deux films à contre-courant du cynisme ambiant, du formatage ambiant, deux films qui donnent le temps au temps, le temps de dire (même très vite, même de manière très différente, très écrite pour l’un, très parlée pour l’autre, mais non moins travaillée et efficace), le temps de les écouter, le temps de laisser l’émotion s’installer, et non de la proclamer, l’ordonner. La semaine dernière, lors d’un séminaire sur le scénario, Olivier Lorelle (scénariste césarisé d’Indigènes) disait « il y a d’un côté les salles vides de sens et de l’autre les salles vides de spectateurs ». Eh bien non, la salle du Saint-Germain était pleine et la séance d’après aussi. Le public a besoin de sens, le public n’a pas toujours envie qu’on lui dicte ses émotions. Et le bouche à oreille ne s’y trompe pas.

    Ces deux films ont aussi en commun une direction d’acteurs remarquable. Et évidemment surtout celle d’Abdellatif Kechiche. Un modèle du genre. Epoustouflant. A tel point qu’on se sent presque gênés, voyeurs, oubliant qu’il ne s’agit pas d’un documentaire mais d’une fiction tant la vérité semble jaillir de chaque scène, de chaque parole, de chaque regard que la caméra semble surprendre et non précéder. Les scènes de repas sont saisissantes, la caméra guette le moindre signe de faiblesse, de doute, de tristesse qui passent, presque invisibles, dans la cohue et dans les mouvements frénétiques, et non moins judicieux, de la caméra qui scrute  et sculpte chaque visage. Tout le talent est dans le presque, dans la nuance, dans le non-dit, dans ce qui est suggéré. Ce brouhaha contraste avec les silences du personnage de Slimane dont le visage buriné, triste et noble trimballe avec lui une vie d’émotions et suscite la nôtre. Ami et collègue de chantier du père du cinéaste, Slimane (Habib Boufares) comme souvent chez Abdellatif Kechiche,  n’est pas un comédien professionnel mais non moins exceptionnel et bouleversant. A l’inverse Emmanuel Mouret a choisi uniquement des comédiens professionnels.

    Tous deux ont cependant encore cela en commun : leur style imprègne le fond et la forme, très rohmerien ou même truffaldien pour Emmanuel Mouret (dont le personnage maladroit est une sorte de mélange d’Antoine Doinel et Pierre Richard), Abdellatif Kechiche,lui, même si son cinéma ne ressemble à aucun autre, lorgne plutôt du côté de Pialat. Forme vivante et frénétique chez Abdellatif Kechiche. Théâtralisée, ludique et burlesque, chez Emmanuel Mouret. Mais au fond, chez l’un comme chez l’autre la preuve d’une grande liberté.  La mise en abyme structurée, les décors aseptisés sur lesquels plane l’ombre de Schubert (je ne résiste jamais à Schubert…) sont aussi éloignés que possible de ceux du film d’Abdellatif Kechiche imprégné de documentaire dans le fond comme dans la forme. Et pourtant dans les deux cas on se laisse embarquer. L’un et l’autre nous parlent du destin. D’actes a priori insignifiants et anodins qui peuvent devenir cruciaux.  L’un et l’autre nous donnent envie de saisir chaque seconde, d’embrasser, de désirer même la vie : un désir de vie dont les deux fins sont emblématiques.

    Abdellatif Kechiche signe un hymne à la solidarité, nous parle du droit à la différence, sans revendiquer (on aurait pu craindre, au regard des premières minutes, d’ailleurs très réussies, un discours militant sur la précarité de l’emploi mais non Abdellatif Kechiche est trop intelligent et doué pour tomber dans la revendication ostentatoire), non, mais comme on nous conterait une comptine sauf que celle-là ne nous endort pas mais nous maintient éveillés, nous réveille aussi, si bien que les 2H30 dont on pense au début qu’elles seront interminables paraissent trop courtes tant nous aurions aimé rester avec ces personnages attachants, palpitants de vie.

    « La graine et le mulet » est un film énergique et fiévreux, solaire et sombre, étourdissant de vie à l’image de sa jeune interprète principale qui, notamment dans un plan séquence où elle tente de convaincre sa mère ( de quoi, je vous laisse découvrir) fait passer une multitude d’émotions avec un brio déconcertant et rarement vu au cinéma. De même que le duo singulier qu’elle forme avec Slimane donne lieu à des scènes toujours bouleversantes, Slimane, tellement touchant, qui se raccroche à son regard notamment lors de leurs démarches administratives face à des banquiers, fonctionnaires…, plus vrais que nature. Il faudrait parler de tant d’autres scènes encore où le rire et les larmes, la lâcheté et le courage se confondent, où la tristesse et la drôlerie affleurent.

    Aucun personnage n’est négligé mais existe. Abdellatif Kechiche n’a pas son pareil pour,  dans un geste esquissé, traduire la vanité ou l’humanité, le ridicule ou le sublime : la comédie humaine.

     Ce n’est pas un film militant mais un film vivant. C’est juste et tellement la vie. Un tourbillon de vie qui m’a bouleversée, qui ne vous laissera pas indemne, qui ne peut vous laisser indemne, qui vous bouscule et vous emmène dans sa danse échevelée.  Et puis cette fin, cette fin, danse de mort et danse de vie qui s’enlacent et se répondent magnifiquement et tragiquement, fin sensuelle et terrible, belle et douloureuse, troublante et poignante, inoubliable : SUBLIME. Le grand film d’un très grand directeur d’acteurs. A ne manquer sous aucun prétexte !

     Et si vous aussi avez envie d’une frénésie de cinéma, plutôt que d’achats, allez voir ensuite « Un baiser s’il vous plait » dont l’exquise fin vous laissera un goût délicieux et vous fera quitter la salle un peu « lost in translation » tant Emmanuel Mouret parle une langue bien à lui, presque étrangère, en tout cas singulière…  Cette semaine vous n’aurez donc aucune excuse pour ne pas plonger « in the mood for cinema » !

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    Sandra.M