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IN THE MOOD FOR CINEMA - Page 430

  • "Shutter island" de Martin Scorsese disponible demain en DVD et Blu-ray : critique du film

    Parce que "Shutter island" de Scorsese reste pour moi encore le meilleur de 2010 (même si j'attends beaucoup d'"Inception" de Christopher Nolan, j'en profite d'ailleurs pour vous annoncer que je verrai prochainement le film en avant-première et que je serai présente à la conférence de presse de toute l'équipe du film. Compte rendu à suivre donc sur ce blog début juillet), je ne pouvais pas ne pas vous en parler à nouveau à l'occasion de sa sortie en DVD et Blu-ray demain. Si vous ne l'avez pas encore vu, je ne peux que vous le recommander!

    CRITIQUE DU FILM

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    Cela faisait longtemps. Longtemps que j'entendais parler de cette adaptation tant attendue du best seller de 2003 de Dennis Lehane (que je n'ai pas lu et qui est également l'auteur de best-sellers ayant donné lieu à d'excellentes adaptations cinématographiques comme « Mystic river » de Clint Eastwood et, dans une moindre mesure, « Gone baby gone » de Ben Affleck). Longtemps que je n'avais pas ressenti un tel choc cinématographique. Longtemps qu'un film ne m'avait pas autant hantée des heures après l'avoir vu... Un grand film, c'est en effet comme un coup de foudre. Une évidence. Une évidence qui fait que les mots à la fois manquent et se bousculent. Je vais essayer de trouver les plus justes pour vous faire partager mon enthousiasme sans trop en dévoiler.

    Avant toute chose, il faut que je vous présente « Shutter island ». Shutter island est une île au large de Boston sur laquelle se trouve un hôpital psychiatrique où sont internés de dangereux criminels. Une île séparée en trois bâtiments : un pour les femmes, un pour les hommes et un pour les criminels les plus dangereux, enfin quatre si on compte son phare qui détient la clef de l'énigme. En 1954, l'une des patientes, Rachel Solando, a mystérieusement disparu... alors que sa cellule était fermée de l'extérieur, laissant pour seul indice une suite de lettres et de chiffres. Le marshal Teddy Daniels (Leonardo DiCaprio) et son coéquipier Chuck  Aule (Mark Ruffalo) sont envoyés sur place pour résoudre cette énigme... Alors qu'une forte tempête s'abat sur l'île isolée, une plongée dans un univers étrange, sombre, angoissant s'annonce alors pour Teddy qui devra aussi affronter ses propres démons.

    Rarement un film aura autant et si subtilement fait se confondre la fond et la forme, le ressenti du personnage principal et celui du spectateur. Dès le premier plan, lorsque Teddy, malade, rencontre son coéquipier sur un ferry brinquebalant et sous un ciel orageux, Scorsese nous embarque dans l'enfermement, la folie, un monde mental qui tangue constamment, flou, brouillé. Tout est déjà contenu dans cette première scène : cette rencontre qui sonne étrangement, le cadre  qui enferme les deux coéquipiers et ne laisse voir personne d'autre sur le ferry, cette cravate dissonante, le mal de mer d'un Teddy crispé, le ciel menaçant, les paroles tournées  vers un douloureux passé.

    Puis, c'est l'arrivée sur l'île et toute la paranoïa que Scorsese suggère en un plan : un visage informe, un regard insistant... En quelques plans subjectifs, Scorsese nous « met » dans la tête de Teddy, nous incite à épouser son point de vue, à ne voir et croire que ce que lui voit et croit. Nous voilà enfermés dans le cerveau de Teddy lui-même enfermé sur « Shutter island ». Avec lui, nous nous enfonçons dans un univers de plus en plus menaçant, sombre, effrayant, déroutant. L'étrangeté des décors gothiques, l'instabilité du climat coïncident avec cette fragilité psychique. Tout devient imprévisible, instable, fugace, incertain.

    Commence alors la quête de vérité pour Teddy alors que surgissent des images du passé : des images de sa femme défunte et des images de l'horreur du camp de concentration de Dachau dont Teddy est un des "libérateurs", images qui se rejoignent et se confondent parfois. L'hôpital, autre univers concentrationnaire  rappelle alors les camps, avec ses êtres moribonds, décharnés, ses barbelés..., d'autant plus qu'il est dirigé par l'Allemand Dr Naehring. La guerre froide pendant laquelle se déroule l'intrigue, période paranoïaque par excellence, renforce de climat de suspicion. L'action est par ailleurs concentrée sur quatre jours, exacerbant encore l'intensité de chaque seconde, le sentiment d'urgence et de menace.

    Chaque seconde, chaque plan font ainsi sens. Aucun qui ne soit superflu. Même ces images des camps dont l'esthétisation à outrance m'a d'abord choquée mais qui en réalité sont le reflet de l'esprit de Teddy qui enjolive l'intolérable réalité. Même (surtout) cette image envoûtante d'une beauté poétique et morbide qui fait pleuvoir les cendres.

    A travers la perception de la réalité par Teddy, c'est la nôtre qui est mise à mal. Les repères entre la réalité et l'illusion sont brouillées.  A l'image de ce que Teddy voit sur Shutter island où la frontière est si floue entre l'une et l'autre, nous interrogeons et mettons sans cesse en doute ce qui nous est donné à voir, partant nous aussi en quête de vérité. Le monde de Teddy et le nôtre se confondent : un monde de cinéma, d'images trompeuses et troublantes qui ne permet pas de dissocier vérité et mensonge, réalité et illusion, un monde de manipulation mentale et visuelle.

    Pour incarner cet homme complexe que le traumatisme de ses blessures cauchemardesques et indélébiles et surtout la culpabilité étouffent, rongent, ravagent, Leonardo DiCaprio, habité par son rôle qui, en un regard, nous plonge dans un abîme où alternent et se mêlent même parfois angoisse, doutes, suspicion, folie, désarroi (interprétation tellement différente de celle des "Noces rebelles" mais tout aussi magistrale qui témoigne de la diversité de son jeu). La subtilité de son jeu  fait qu'on y croit, qu'on le croit ; il est incontestablement pour beaucoup dans cette réussite. De même que les autres rôles, grâce à la duplicité des interprétations (dans les deux sens du terme): Mark Ruffalo, Ben Kingsley, Michelle Williams, Emily Mortimer, Patricia Clarkson, Max von Sydow... 

    Le maître Scorsese n'a pas son pareil pour créer une atmosphère oppressante, claustrophobique, pour déstabiliser les certitudes. Une œuvre pessimiste d'une maîtrise formelle et scénaristique impressionnante, jalonnée de fulgurances poétiques, dont chaque plan, jusqu'au dernier, joue avec sa et notre perception de la réalité. Un thriller psychologique palpitant et vertigineux. Une réflexion malicieuse sur la culpabilité, le traumatisme (au sens éthymologique, vcous comprendrez en voyant le film)  et la perception de la réalité dont le film tout entier témoigne de l'implacable incertitude. Ne cherchez pas la clef. Laissez-vous entraîner. « Shutter island », je vous le garantis, vous emmènera bien plus loin que dans cette enquête policière, bien plus loin que les apparences.

    Un film multiple à l'image des trois films que Scorsese avait demandé à ses acteurs de voir  avant le tournage: « Laura » d'Otto Preminger, « La griffe du passé » de Jacques Tourneur, « Sueurs froides » d'Alfred Hitchcock.  Un film noir. Un film effrayant. Un thriller. En s'inspirant de plusieurs genres, en empruntant à ces différents genres, Martin Scorsese a créé le sien et une nouvelle fois apposé la marque de son style inimitable.

     Un film dont on ressort avec une seule envie : le revoir aussitôt. Un film brillant. Du très grand Scorsese. Du très grand cinéma. A voir et encore plus à revoir.

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  • Concours: Gagnez de nombreux cadeaux grâce à "Copacabana" de Marc Fitoussi (dvd, coffret smartbox, places...)

    Grâce à Cinéfriends, à l'occasion de la sortie en salles de "Copacabana" de Marc Fitoussi (qui sera également présenté en avant-première au Festival Paris Cinéma, en présence de l'équipe du film), un film projeté en séance spéciale de la Semaine de la Critique du Festival de Cannes 2010 que j'avais vu à cette occasion, vous disant alors tout le bien que j'en pensais (voir ma critique et mes vidéos de l'avant-première cannoise en bas de cet article), j'ai le plaisir de vous permettre de gagner de nombreux lots: dvd du film, places de ciné, coffret smartbox etc. Pour cela il vous suffit de répondre au questionnaire ci-dessous.

    A gagner: 

     un premier tirage au sort parmi les lecteurs d'inthemoodforcinema.com avec 2 DVD et 3x2 places de ciné à gagner et un tirage au sort général avec :

    1er au 3ième lot : 1 coffret smartbox
    Du 4ième au 8ème lot : un DVD
    Du 9ième au 13ième lot : 5x2 places exonérées pour voir le film en salle.


    Concours jusqu'au 7 juillet 2010.

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    Critique du film:
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    Alors que « la ville qui ne dort jamais » ( pour reprendre les termes de Kristin Scott Thomas lors de l'ouverture) commence à m'imprégner délicieusement de ce sentiment étrange que cette vie festivalière entre cinéma et réalité, sous un soleil lui aussi irréel, ne s'achèvera jamais, et que ces journées cette année plus que jamais extraordinaires sont parfaitement normales, hier soir, c'est vers un quartier d'une autre ville qui ne semble jamais dormir, Copacabana, que je me suis dirigée. C'est en tout cas ainsi que se nomme le film de Marc Fitoussi présenté dans le cadre de la 49ème Semaine de la Critique avec notamment dans la distribution : Isabelle Huppert (présidente du jury la 62èmé édition du Festival de Cannes qui revient donc ici dans un tout autre rôle), Lolita Chammah, (et en leur présence) Aure Atika.

     Babou (Isabelle Huppert) y incarne une femme joviale, délurée,  qui ne se soucie pas du lendemain. Ce n'est pourtant pas au Brésil qu'elle vit mais à Tourcoing. Quand elle découvre que sa fille a trop honte d'elle pour l'inviter à son mariage, elle décide pourtant de rentrer dans le droit chemin. En plein hiver, elle trouve ainsi un emploi de vente d'appartements en multipropriété à Ostende.

    Le grand atout de ce film c'est le personnage de Babou et évidemment celle qui l'incarne, Isabelle Huppert, qui lui insuffle une folie inhabituelle, loin des rôles en retenue et en silence auxquels elle nous a habitués. Si besoin était ce rôle confirme qu'elle peut tout jouer, y compris donc un personnage joyeusement désinvolte et iconoclaste. Elle est absolument étonnante dans ce rôle aux antipodes de ceux qu'elle a incarnés jusqu'alors. A l'image du film auquel son personnage apporte son extravagante empreinte malgré le cadre  a priori grisâtre (Ostende) d'ailleurs filmé avec une belle luminosité, elle est à la fois fantasque, drôle et touchante. Un véritable arc-en-ciel (que l'on retrouve aussi dans son apparence vestimentaire) que ne reflète malheureusement pas l'affiche du film, sans doute à dessein mais c'est bien dommage...

    Cinquième film du réalisateur Marc Fitoussi qui avait notamment réalisé « La vie d'artiste » dans lequel on trouvait également ce mélange d'émotion et de drôlerie, c'est ici  à une autre artiste finalement que s'intéresse Marc Fitoussi, quelqu'un qui en tout cas refuse les règle, et vit dans une forme de marginalité. Elle préfère d'ailleurs la compagnie de marginaux à celle de sa fille (incarnée par Lolita Chammah, également sa fille dans la réalité loin de démériter face à elle) qui souhaite une vie à l'opposé de cette de sa mère.

     Moins léger qu'il n'y paraît cette comédie est aussi le moyen de dénoncer une société qui exploite, broie, cherche à formater ceux pour qui  un travail devient une nécessité vitale, peu en importe le prix, parfois même celui de leur dignité et liberté.

     A signaler également Aure Atika une nouvelle fois formidable avec un rôle très différent de celui qu'elle incarnait dans « Melle Chambon » dans lequel elle excellait également.

    La vitalité de l'impétueux personnage d'Isabelle Huppert pour qui la vie est un jeu nous fait oublier les imperfections scénaristiques qui à l'image des défauts de cette dernière rendent ce film ludique, attachant et jubilatoire et font souffler un vent de gaieté brésilienne et de liberté salvateur.

    Présentation du film par ses actrices: (en m'excusant pour les problèmes de visibilité dus à des passages inopinés devant la caméra).

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  • Avant-première au cinéma St Germain-des-Prés : « Tournée » de Mathieu Amalric en sa présence

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    Je vous ai déjà dit tout le bien que je pensais de ce film lors de sa présentation en compétition du Festival de Cannes (voir mon article ci-dessous) où il a d’ailleurs obtenu le prix de la mise. Jeudi 24 juin à 20h,  vous pourrez donc le voir lors d’une avant-première exceptionnelle, suivie d'une rencontre avec Mathieu Amalric
    menée par Elisabeth Quin.  Les réservations sont closes mais un quota de 100 places sera mis en vente à la caisse du cinéma le jour-même à partir de 13h30
    Informations : 01 46 34 82 54. Adresse du cinéma : Place Saint Germain des Prés- Paris 6ème. Projection à 20H.

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    Critique du film (publiée suite à la projection dans le cadre du Festival de Cannes)

    Les choses sérieuses ont débuté hier avec la compétition officielle et la projection du premier film français en lice pour la palme d'or, le quatrième film de Mathieu Amalric réalisateur et le premier sélectionné en compétition, même si ce dernier a souvent présenté des films sur la Croisette en tant que comédien, notamment l'émouvant « Le Scaphandre et le papillon » de Julian Schnabel en 2007 ou encore le juvénile et réjouissant « Les herbes folles » d'Alain Resnais l'an passé. Après une montée des marches haute en couleurs, c'est parti pour une première « tournée » de compétition.

    Dans « Tournée » Amalric incarne Joachim un producteur  de spectacles de retour de son exil américain avec dans ses bagages une revue de strip-tease new burlesque. Loin des canons de beauté, du moins ceux édictés par certains magazines,  ces trip-teaseuses détournent l'image de la femme fatale avec  une grivoise et ludique dérision.

    Tout pourrait être pathétique dans ce film : ces femmes aux visages et aux corps marqués qui incarnent les pin-up kitschissimes, ce producteur véritable loser qui harcèle en vain ses anciens « amis » de la télévision et du spectacle pour obtenir une salle, les hôtels impersonnels...

    Et c'est là tout le talent d'Amalric : nous montrer la fragile frontière entre beau et pathétique (et le film se situe beaucoup plus du côté du premier), la complexité de l'âme humaine derrière l'apparente légèreté, les tourments qui se cachent derrière les corps qui se montrent ostensiblement. C'est d'ailleurs par ces corps autour desquels la caméra virevolte que le film va débuter, finalement un masque qui va peu à peu tomber pour dévoiler les fragilités de chacun( e) pour que deux fières solitudes  finissent par se trouver.

    Amalric fait tomber les masques avec beaucoup de pudeur et de délicatesse malgré l'exhibitionnisme apparent.  Son personnage révèle progressivement sa fragilité et sa mélancolie et sa « politesse du désespoir ». Son âme se déshabille pour dévoiler l'homme mélancolique, le père égaré derrière le producteur passionné, paternaliste avec ses strip-teaseuses. C'est aussi un hommage à ceux (producteurs de spectacles ou de cinéma..., rappelant en cela le très beau « Le Père de mes enfants » de Mia Hansen-Love) pour qui il n'existe pas de séparation entre vie et spectacle qui s'entrechoquent et se confondent.

     Mais n'allez pas croire qu'il s'agit là d'un film présomptueux. Amalric réalisateur a aussi le don de l'humour décalé auquel le jeu d'Amalric acteur se prête si bien. Des scènes très réussies dans lesquelles l'émotion et l'humour affleurent (scène de la station service etc) et la précision du trait avec lequel il esquisse la fausseté ou au contraire la solitude et la fragilité de certains personnages  montrent au contraire un réalisateur plein d'élégance.

    Une « tournée » atypique, bouillonnante, attachante qui a la grâce inattendue d'un Botero et imprégnée de la touchante fantaisie de ses interprètes ...

     Sortie en salles : le 30 juin

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  • Critique- "Je l'aimais" de Zabou Breitman, ce soir, à 20H30, sur Canal +

    Je vous ai déjà parlé de ce film à plusieurs reprises et je continue à vous le recommander malgré la froideur de l'accueil en salles lors de sa sortie. Si vous ne l'avez pas encore vu, vous avez donc une occasion de vous rattraper puisque Canal + le diffuse ce soir à 20H30 (sauf changement  de programmation pour cause de football).  J'espère vous en convaincre par l'article ci-dessous publié lors du Forum International Cinéma et Littérature de Monaco 2009 dans le cadre duquel le film étaot projeté en avant-première.

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    Daniel Auteuil, Marie-Josée Croze, Fabio Conversi, Zabou Breitman (photo: Inthemoodforcinema.com)
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    Dans le cadre du Forum International Cinéma et Littérature de Monaco, le troisième long-métrage (« Se souvenir des belles choses » et « L’homme de sa vie » étaient les deux premiers)  réalisé par Zabou Breitman, « Je l’aimais », était projeté en avant-première, lors de la clôture, et en présence de l’équipe du film. Comme l’a souligné Daniel Auteuil  (suscitant quelques rires gênés dans la salle) lors du débat de l’après-midi consacré au film, il est beaucoup plus facile d’adapter un livre moyen qu’un bon livre. J’avoue que, moi aussi, j’avais trouvé que  le livre éponyme d’Anna Gavalda correspondait davantage au premier adjectif qu’au second, et qu’il me semblait un peu inconsistant pour qu’en soit réalisée une adaptation cinématographique (Ce film m’a néanmoins donné envie de le relire, peut-être le percevrai-je alors différemment). C’était oublier que les histoires a priori les plus simples contribuent souvent aux meilleurs films, et laissent aux réalisateurs le loisir d’imposer leurs univers. Et un univers (et une sensibilité, rare) Zabou Breitman en possède indéniablement. En témoigne ce film qu’elle a adapté du roman d’Anna Gavalda, avec la scénariste Agnès de Sacy…

    Synopsis : En une nuit, dans un chalet, Pierre (Daniel Auteuil) va partager avec sa belle-fille Chloé (Florence Loiret-Caille, que vous avez pu voir dans l’excellent film « J’attends quelqu’un »  de Jérôme Bonnell) , ce grand secret qui le hante depuis vingt ans, celui qui le mit face à lui-même, à ses contradictions et à ses choix, à son rôle d’homme et à ses manques. Le secret de cet amour pour Mathilde (Marie-Josée Croze) pour lequel il n’a pas tout abandonné, choisissant une route plus sûre et plus connue. En une nuit nous saurons la vie d’un homme qui n’osa pas…

    L’histoire pourrait tenir en une ligne : un homme qui, en voyage d’affaires à Hong Kong,  tombe amoureux d’une femme qui devient sa maîtresse et, malgré tout l’amour qu’il porte à cette dernière, reste avec sa femme. Mais c’est là ce qui fait la force de cette adaptation : ni une ligne, ni plusieurs ne peuvent résumer tout ce que Zabou Breitman parvient à faire passer dans un plan, à tout ce que Daniel Auteuil et Marie-Josée Croze parviennent à faire passer dans un geste, un regard, procurant un caractère universel et intemporel à leur histoire, et aux choix auxquels ils sont confrontés.

    Plutôt que d’employer des envolées lyriques, des mouvements de caméra grandiloquents ou fantaisistes, Zabou a choisi la simplicité dans sa réalisation, qui convient  à ces personnages, finalement prisonniers des conventions, malgré cette parenthèse enchantée, mais dont le choix de la narration, la structure en flash-back, et même ce chalet isolé où ce secret est révélé, reflètent judicieusement le caractère secret de leur liaison. Sa caméra est toujours au plus près des regards, souvent troublés, vacillant parfois comme eux, au plus près des battements de cœur, à l’écoute du moindre frémissement, nous faisant trembler à l’unisson.  Grâce à de subtiles transitions parfois saupoudrées de cette fantaisie poétique qui la caractérise aussi, Zabou passe du passé au présent, accentuant notre curiosité et la résonance entre les deux histoires.

    On dit qu’il existe deux sortes de films : ceux qui vous racontent une histoire, ceux qui vous présentent des personnages. Et ici c’est dans le personnage de Daniel Auteuil, mais aussi, dans celui de Marie-Josée Croze que ce film trouve toute sa force et sa singularité. Malgré tous les rôles  marquants qu’il a incarnés, au bout de quelques minutes, nous oublions Daniel Auteuil pour ne plus voir que Pierre, cet homme, comme tant d’autres, qui survit plus qu’il ne vit, dévoué à son travail, cet homme, comme tant d’autres, dont la femme vit avec lui plus par habitude et par confort  que par amour, un amour dont on se demande s’il a un jour existé : les scènes avec son épouse Suzanne (excellente Christiane Millet) sont d’ailleurs particulièrement réussies, révélant toute l’horreur et la médiocrité de l’habitude.  Cet homme qui apparaît froid, conventionnel, enfermé dans ses conventions sociales même, dont le récit de cette passion fugace éclaire la personnalité, révèle progressivement son humanité. Cet homme qui devient vivant, beau, intéressant, sans être spirituel (ne sachant guère lui dire autre chose que « tu es belle »), dans le regard de Mathilde et dans celui que lui porte la caméra de Zabou Breitman, toujours subtilement placée, à la juste distance : comme dans cette scène où ils se retrouvent, pour la première fois, dans un bar d’hôtel, scène où passent toutes les émotions (le malaise, le bonheur, le trouble) d’un amour naissant sous nos yeux. Une scène magique et magistrale. Par la seule force de l’interprétation, l’éloquence des silences. Et de la réalisation qui les met sur un pied d’égalité, pareillement emportés, et nous place comme les témoins involontaires de leur rencontre, nous donnant l’impression d’être nous aussi dans ce bar, n’osant bouger et respirer de peur de briser cet instant fragile et envoûtant.

    Ce rôle d’un homme « lost in translation » (et qui n’est d’ailleurs pas, aussi, sans rappeler le film éponyme de Sofia Coppola) est à mi-chemin entre celui qu’il interprétait dans les deux films de Claude Sautet : « Quelques jours avec moi » et « Un cœur en hiver », dont les deux titres pourraient d’ailleurs également s’appliquer au film de Zabou Breitman dont la sensibilité n’est pas totalement étrangère à cette de Claude Sautet.

    Quant à Marie-Josée Croze elle illumine le film de sa rayonnante présence, incarnant magnifiquement  ce personnage insaisissable et indépendant, cet amour éphémère et fantasmé qui s’écroule lorsqu’il est rattrapé par la réalité.

    Fuir le bonheur de peur qu’il ne se sauve ? Fuir son simulacre de peur que la vie ne se sauve ? Fuir une réalité médiocre et confortable pour un rêve éveillé et incertain ? A-t-on le droit de se tromper ? Ne vaut-il mieux pas faire un choix, même mauvais, plutôt que d’éluder le choix ? Le renoncement, le sacrifice sont-ils des actes de courage ou de lâcheté ? Autant de questions que chacun peut se poser…et qui résonnent bien après le générique de fin.

    Un film empreint de nostalgie qui se termine sur une note d’espoir. Un film lumineux et mélancolique qui nous est narré comme un conte, moderne et intemporel. Un film qui a la force brûlante, douloureusement belle, des souvenirs inaltérables.  Un film qui nous plonge dans le souvenir, amer et poignant, des belles choses.

    « Je l’aimais » a reçu le prix 2009 de la Fondation Diane et Lucien Barrière. A Monaco, son producteur, Fabio Conversi (prix du meilleur producteur d’adaptations littéraires au cinéma) et son acteur principal, Daniel Auteuil ( prix du meilleur acteur d’adaptations littéraires au cinéma) ont également été récompensés.

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  • Palmarès du Festival Pocket Films 2010

    LE PALMARÈS DE LA COMPÉTITION INTERNATIONALE
    LES PRIX DU JURY  

    Dans le cadre de sa compétition internationale de films tournés avec téléphone mobile, le festival a présenté une sélection de 17 films. Sous la présidence de Benoît Jacquot, le jury, composé de Paul Otchakovsky-Laurens, Valérie Mréjen, Jérôme Delormas et Pierre Haski, a décerné trois prix.  

    1er PRIX DU JURY
    Fear Thy Not de Sophie Sherman (France / expérimental 2010 coul. 2min20)
    Au son d’une comptine angoissante, une jeune fille s’approche d’un étrange tunnel…
    La lauréate a reçu 1 500 € et un téléphone mobile vidéo

     
    2e Prix du Jury
    Isratine, Palestël de Naruna Kaplan de Macedo (France / documentaire 2010 coul. 8min)
    Vision intime de l’absurdité d’une guerre permanente.
    La lauréate a reçu 1 000 € et un téléphone mobile vidéo  


    3e Prix du Jury
    Roku Jo No Kotoba de Tubomi Koukou (Japon / expérimental vostf coul. 30sec)
    Un feu vert est-il un signe du destin ?
    Le lauréat a reçu un téléphone mobile vidéo

    LE PRIX DU PUBLIC  

    18h12 de Julien Hérisson (France / fiction 2009 coul. 10min30)
    Chaque jour, à 18h12, Julien envoie une photo à son cousin. Une pétillante comédie pop !
    Le lauréat a reçu un téléphone mobile vidéo  

    CONCOURS SFR JEUNES TALENTS - VIDEO SLAM 

    Partenaire principal du festival, SFR apporte sa contribution à la découverte et à la création des films réalisés avec téléphone mobile en organisant le Prix SFR Jeunes Talents - Pocket Films, avec cette année les cinéastes

     

    Claire Burger et Marie Amachoukeli pour marraines (César 2010 du meilleur court métrage avec C’est gratuit pour les filles).  

    Prix du jury attribué à :
    Bambiland d’Aurélie Durand (France / fiction 2010 coul. 1min12) Un cri qui se transforme en images.
    La lauréate a reçu 1500 € et un téléphone mobile vidéo


    Coup de coeur du jury attribué à :
    Mon quart d’heure de Yohann Delozier (France / fiction 2010 coul. 1min02) Amour, gloire et beauté…et mort. Un destin hors du commun.
    Le lauréat a reçu 500 € et un téléphone mobile vidéo

     

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  • Bertrand Tavernier le 27 juin au Forum des Images

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    © Little Bear

    A l'occasion de cette rencontre intitulée "La Malle aux trésors", forum.jpgle réalisateur Bertrand Tavernier revient sur ces films mythiques qui, lors de sa quinzième année, ont suscité chez lui cet inconditionnel amour du cinéma.Une découverte passionnante de grands metteurs en scène grâce à des oeuvres cinématographiques telles que Les Trois Lanciers du Bengale de Henry Hathaway, Les Aventures du capitaine Wyatt de Raoul Walsh ou encore Aventure dans le Grand Nord de William A. Wellman. Il se  passionne également pour des séries B dont il a le secret : La Sorcière rouge d’Edward Ludwig (1948), La Mission du commandant Lex d’André De Toth (1952)… et deux films avec le cultissime Eddie Constantine : Cet homme est dangereux (1953) et Ça va barder ! (1955). 

    Cliquez ici pour réserver vos places.

    Cliquez pour lire ma critique de "La Princesse de Montpensier", le dernier film de Bertrand Tavernier
    en compétition du dernier Festival de Cannes.
     

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    Filmographie de Bertrand Tavernier

    1964 : Les Baisers (film à sketches : réalisation du Baiser de Judas)

    1964 : La Chance et l'Amour (film à sketches : réalisation d’Une chance explosive)

    1974 : L'Horloger de Saint-Paul

    1975 : Que la fête commence

    1976 : Le Juge et l'Assassin

    1977 : Des enfants gâtés

    1980 : La Mort en direct (Deathwatch)

    1980 : Une semaine de vacances

    1981 : Coup de torchon

    1982 : Philippe Soupault et le Surréalisme (TV)

    1983 : Ciné citron (court métrage)

    1983 : La Huitième Génération (court métrage)

    1983 : Mississippi Blues (coréalisation avec Robert Parrish)

    1984 : Un dimanche à la campagne

    1986 : Autour de minuit (Round Midnight)

    1987 : La Passion Béatrice

    1988 : Lyon, le regard intérieur (TV)

    1989 : La Vie et rien d'autre

    1990 : Daddy nostalgie

    1991 : Contre l'oubli (coréalisation, Pour Aung San Suu Kyi, Myanmar)

    1992 : La Guerre sans nom (coréalisation avec Patrick Rotman)

    1992 : L.627

    1994 : La Fille de d'Artagnan

    1995 : L'Appât

    1996 : Capitaine Conan

    1997 : La Lettre (TV)

    1998 : De l'autre côté du périph (coréalisation avec Nils Tavernier - TV)

    1999 : Ça commence aujourd'hui

    2001 : Les Enfants de Thiès (TV)

    2001 : Histoires de vies brisées : les double-peine de Lyon (Coréalisation avec Nils Tavernier)

    2002 : Laissez-passer

    2004 : Holy Lola

    2009 : Dans la brume électrique (In the Electric Mist)

    2010 : La Princesse de Montpensier

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  • Avant-première - En attendant la critique de "Twilight - Chapitre 3 : Hésitation" ici le 30 juin...

    twilight.jpgComme j'aime bien ne pas me fier aux critiques qu'elles soient positives ou négatives, voire très négatives, et comme les excès des uns et des autres concernant "Twilight" ne m'avaient pas échappé, bien que n'ayant encore vu aucun des deux premiers volets, c'est donc avec curiosité que je suis allée voir le troisième volet cet après-midi en projection presse.

     Alors est- ce que ses détracteurs, virulents, avaient raison? Ou bien était-ce au contraire les fans enamourés ? Ai-je été agacée ou ai-je succombé à la folie "Twilight"?

     Il vous faudra attendre le 30 juin pour avoir les réponses à ces questions puisqu'un embargo m'empêche de vous parler du film avant cette date à laquelle vous pourrez lire la critique ici en avant-première... En attendant, quelques clichés du film et la bande-annonce:

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