Festival Paris Cinéma 2010- Compétition : « Alamar » de Pedro Gonzalez-Rubio et « If I want to whistle, I whistle » de Florin Serban (07/07/2010)

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Parmi nos privilèges de jurés blogueurs de ce Festival Paris Cinéma 2010, nous avons celui, inédit, de pouvoir parler des films en compétition avant le palmarès. Voici donc un premier rapide tour d’horizon des quatre premiers films de cette compétition sur lesquels je reviendrai plus en détails ultérieurement.

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La compétition a débuté avec le film mexicain « Alamar » de Pedro Gonzalez-Rubio. « Alamar » raconte la vie d’un père, Jorge, et de son petit garçon, Natan, sur la barrière de corail de Chinchorro. Une parenthèse enchantée pour l’un et l’autre puisque le petit garçon n’est là que pour quelques mois devant ensuite retrouver sa mère, qui vit à Rome, dont Jorge est séparé.  Pedro Gonzalez-Rubio vient du documentaire duquel sa première fiction tire le meilleur : une caméra qui laisse vivre ses personnages et une très petite équipe (le réalisateur et un preneur de son) en harmonie avec le dépouillement du sujet, facilitant la proximité avec le sujet donc mais aussi avec le spectateur, les acteurs et la nature. La beauté, la simplicité, la richesse de la nature font ainsi écho à celles de la relation père/fils qui vivent à son rythme doux, lent, empreint d’une lumineuse nostalgie suscitée par le caractère éphémère de ces quelques mois.  A l’image de la nature qui les environne, ces quelques mois sont pour eux un ilot paradisiaque, ensemble, et loin de la vie urbaine pour Natan. Avec Natan, nous apprivoisons la nature, belle et sauvage, à laquelle le film est un hymne constant. La qualité d’un film se juge souvent à l’empreinte qu’il vous laisse quelques jours après l’avoir vu et « Alamar », quelques jours après, m’accompagne encore, renforçant la douce empreinte laissée lors de la projection.  « Alamar » est une rencontre à la fois simple, universelle et magique entre un père et son fils, entre des Hommes et la nature… une parenthèse enchantée d’une beauté enchanteresse qui vous ensorcelle progressivement bien après la projection comme on imagine que ces quelques mois agiront dans la mémoire du petit garçon passée des bras (dont l’île a la forme circulaire symbolique) de sa mère à ceux de la mer qui l’auront d’une certaine manière l’une et l’autre enfanté et ouvert au monde, à sa fragile beauté que ce film éclaire magnifiquement.

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La compétition s’est poursuivie avec un film roumain : « If I want to whistle, I whistle » de Florin Serban dans lequel Silviu, un jeune délinquant de 18 ans, attend sa libération de la maison de redressement où il termine sa quatrième et dernière année d’emprisonnement.  Seulement, après une longue absence, sa mère est rentrée d’Italie pour emmener son petit frère avec elle. Il la tient pour responsable de sa situation et ne veut pas que son frère vive la même chose. Son enfermement devient insupportable. Pris de panique, il kidnappe Ana la jeune assistance sociale dont il est tombé amoureux.  Il y a des films, comme celui-ci, et plutôt rares, qui captent votre attention pour ne plus la lâcher. La caméra à l’épaule au plus près de Silviu, au plus près de sa fébrilité, de sa rage qui affleure, des tourments qui le hantent, de la déraison qui le menace, nous plonge entre ces quatre murs qui l’oppressent, à cette liberté qu’il enrage de retrouver. Le film doit beaucoup à son acteur principal, George Pistireanu au mélange de force, de fragilité, de tension qui émanent de son regard et de ses gestes. Florin Serban le filme comme un animal sauvage, apeuré, dont la violence est, à ses yeux, une question de survie. La tension culmine lors de la scène de la prise d’otage, lorsque Silviu et Ana se retrouvent seuls. Notre souffle est suspendu à chacun de ses gestes, à ce corps-à-corps presque fiévreux, au souffle saccadé d’Ana, au regard à la fois déterminé et perdu de Silviu. Puis, le cadre, les couleurs, le décor changent. Le décor champêtre procure à cette liberté chèrement payée et éphémère une tension encore plus palpable alors que le calme règne et que pourtant le piège qu’il s’est construit se referme sur lui. Les longs silences et regards entre Ana et Silviu sont alors riches de sens, de douleurs, de regrets, de pardons après ce corps-à-corps intense, d’une violence presque sensuelle.  Un huis-clos haletant et fiévreux, tout en forces et fragilités, sur la fureur de vivre et d’être libre que la caméra de Florin Serban sait si bien débusquer dans le regard de son talentueux acteur principal. Après « Un Prophète » de Jacques Audiard, la prison et le sentiment de révolte qui l’anime n’a visiblement pas fini d’inspirer les cinéastes et de procurer à leurs films une rage fascinante.

Cet article serait complété ultérieurement par les critiques des deux autres films en compétition déjà visionnés.  Mon « devoir » de festivalière m’appelle pour aller voir « Les Félins » de René Clément… Je vous en parlerai évidemment également ainsi que du très beau film de Neil Jordan « Ondine », vu en avant-première hier.

12:16 Écrit par Sandra Mézière | Lien permanent | Commentaires (5) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook | |  Imprimer | | Pin it! | |