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IN THE MOOD FOR CINEMA - Page 429

  • "Gainsbourg (vie héroïque) " de Joann Sfar disponible en dvd/Blu-ray depuis le 1er juin

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    "Gainsbourg (vie héroïque)" est disponible en dvd et Blu-ray depuis le 1er juin, je vous le recommande tout particulièrement... en espérant que la  critique ci-dessous vous convaincra de faire l'acquisition de ce film qui a le mérite de la singularité...
    Encore un biopic !, m'étais-je exclamée en apprenant qu'un film sur Gainsbourg était en préparation après avoir déjà dû subir ceux sur Piaf, Chanel, Sagan, ou d'autres comme celui sur Coluche dans lequel Antoine de Caunes tentait de contourner  le genre avec plus ou moins d'habileté en se concentrant sur une période particulière de l'existence de ce dernier (celle de sa campagne présidentielle). Le fait que ce genre ait été particulièrement en vogue ces dernières années reflète sans doute la frilosité ou  l'opportunisme de certains producteurs qui, en produisant des films retraçant les existences de personnalités appréciées du public, s'assurent d'emblée un nombre d'entrées conséquent. Après l'excellent « This is it », on se demande d'ailleurs quel sera le premier à initier un biopic sur Mickael Jackson...

    Avec Gainsbourg, idole et référence de plusieurs générations mais aussi proche  d'un certain nombre de personnalités encore vivantes, le sujet était a priori aussi opportuniste  que délicat. Joann Sfar a donc eu l'excellente idée (apparemment suggérée par Jane Birkin pour bien signifier que les dialogues et situations ne sont pas authentiques) de donner à son film  l'appellation de « conte », désamorçant d'avance toutes les polémiques et s'autorisant ainsi une composition libre. Une liberté dont était épris celui dont il retrace une partie du parcours artistique et des amours souvent célèbres et tumultueuses. Ou quand le sujet et la forme se confondent subtilement. D'où l'idée aussi judicieuse de cette « gueule » qui accompagne Gainsbourg, un Gainsbarre omniprésent, son double maléfique, sa face obscure, son Mister Hyde.

    Tout commence dans le Paris occupé des années 1940 où Serge Gainsbourg s'appelle encore Lucien Ginsburg, fils d'immigrants russes juifs forcé de porter l'étoile jaune ...

    Difficile d'expliquer pourquoi ce film au scénario pourtant imparfait m'a autant touchée et embarquée, séduite comme tant l'ont été par un Gainsbourg à l'apparence pourtant si fragile. Sans doute cette fameuse magie du cinéma. Certainement aussi l'interprétation incroyable d'Eric Elmosnino qui ne singe pas Gainsbourg mais s'approprie magistralement sa personnalité, sa gestuelle, son mélange d'audace et de fragilité touchantes. Certainement cette photographie d'une beauté redoutable. Ces scènes qui exhalent le charme provocateur de Gainsbourg. L'éclat troublant et sensuel du couple qu'il forme avec Brigitte Bardot (Laetitia Casta qui, pour ceux qui en doutaient encore, montre à quel point elle est une actrice extraordinaire empruntant même les intonations si particulières de Bardot ) ou avec Jane Birkin (Lucy Gordon, lumineuse qui chante « Le Canari est sur le balcon », chanson tristement prémonitoire -l'actrice s'est récemment suicidée- ).  Sans doute encore la force intemporelle de chansons qui ont accompagné des périodes de mon existence comme pour tant d'autres, et la force émotionnelle des réminiscences qu'elles suscitent...

    Un film en apparence désordonné et confus comme émergeant des volutes de fumée et des vapeurs d'alcool indissociables de Gainsbourg. Joann Sfar brûle ainsi les étapes de son film comme Gainsbourg le faisait avec sa vie, ce qui aurait pu apparaître comme une faille scénaristique devient alors une trouvaille. Les scènes phares de son existence amoureuse et artistique deviennent alors autant de tableaux de l'existence de celui qui était d'abord destiné à la peinture. Les décors, de l'appartement de Dali à celui de la rue de Verneuil, sont poétiquement retranscrits, entre la réalité et le conte. « Ce ne sont pas les vérités de Gainsbourg qui m'intéressent mais ses mensonges » précise Joann Sfar. Tant mieux parce que les mensonges en disent finalement certainement davantage sur la vérité de son être.

    Sans tomber dans la psychologie de comptoir, par touches subtiles, Sfar illustre comment ses blessures d'enfant portant l'étoile jaune intériorisées expliquent sa recherche perpétuelle de reconnaissance d'un pays qui l'a parfois mal compris et quand même adopté, qu'il provoquait finalement par amour (notamment avec sa fameuse Marseillaise). Comment Gainsbourg est toujours resté ce Lucien Ginsburg, éternel enfant rebelle.

    Le risque était aussi de faire chanter les comédiens avec leurs propres voix, une réussite et puis évidemment il y a la musique et les textes de Gainsbourg, génie intemporel, poète provocateur d'une sombre élégance. Paris audacieux et gagnés pour ce premier film prometteur.

    Un de mesgrands coups de cœur de cette année. Si comme moi vous aimiez Gainsbourg l'insoumis, ses textes et ses musiques, vous retrouverez avec plaisir son univers musical, et dans le cas contraire nul doute que ce conte vous emportera dans la magie poétique et captivante de cette vie  héroïque.

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  • Les films à l'affiche recommandés par inthemoodforcinema.com

    Après un petit ralentissement sur inthemoodforcinema.com, l'actualité va être de retour cette semaine mais d'abord, petit rappel des films actuellement à l'affiche à ne pas manquer. (Cliquez sur les titres des films cités pour accéder à mes critiques)

    1. Je commence par "Copie conforme" d'Abbas Kiarostami pour lequel Juliette Binoche a reçu le prix d'interprétation féminine à Cannes, un prix amplement mérité pour ce premier film du cinéaste iranien tourné en Europe.

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    5. "Shutter island" de Martin Scorsese (pour moi le chef d'oeuvre de l'année que vous pouvez encore voir dans quelques salles).
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    Autre film à l'affiche dont vous pouvez trouver la critique sur inthemoodforcinema.com:
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  • Un livre, un café : les politiques s'emparent de Saint-Germain-des-Prés

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    Comme cette année, je serai à Paris une partie de l'été, en tout cas jusqu'à la fin du Festival Paris Cinéma dont j'aurai le plaisir de faire partie du jury blogueurs avec 6 autres blogueurs, je vous informerai régulièrement de ce que vous pouvez faire à Paris ici et/ou sur In the mood for luxe . 

    M'intéressant à la fois à la littérature, à la politique et à Saint-Germain-des-Prés je ne pouvais pas ne pas vous parler de l'événement "Un livre un café" à l'occasion duquel le Boulevard Saint-Germain reçoit des auteurs politiques sur le thème "Biographies et Mémoires, ce que les Politiques nous racontent."

    Quartier littéraire par excellence, Saint-Germain-des-Prés accueille ainsi pour la cinquième année consécutive l'opération "Un livre - un café "initiée et organisée par la mairie du 6ème arrondissement depuis 2006.  10 auteurs politiques dédicaceront leurs ouvrages dans les célèbres cafés du boulevard. Cette manifestation littéraire est soutenue par un comité de parrainage composé de : Pierre Arditi, Régine Desforges, Jean-François Derec, Gonzague Saint-Bris, Adrien Goetz, René Guitton, et avec le maire du 6ème JEan-Pierre Lecoq et l'adjoint ç la Culture Olivier Passelecq.

    L"inauguration aura lieu à  16H place Saint-Germain-des-Prés et les rencontres de 16H30 à 18H30.

    Liste des auteurs présents et des lieux où ils seront:

    1. François D'Aubert (ndlr: ancien maire de Laval) pour "Colbert, la vertu usurpée" aux Editions Perrin

    Le Relais Odéon- 132 Boulevard Saint-Germain

    2. Roger Chinaud pour "De Giscard à Sarkozy, dans les coulisses de la Vème", aux éditions de l'Archipel

    Le Relais Odéon- 132 Boulevard Saint-Germain

    3.Jacques Chirac pour "Mémoires. Chaque pas doit être un but" aux éditions Nil

    La Rhumerie - 166 Boulevard Saint-Germain

    4. Christine Clerc pour "Un si déchirant amour. De Gaulle et Malraux, aux éditions Nil

    Le Café de Flor- 172 Boulevard Saint-Germain

    5. François Hollande pour "Droit d'inventaires" aux Editions du Seuil

    Le Mabillon- 164 Boulevard Saint-Germain

    6.Emmanuel Pierrat pour "Maître de soi", aux éditions Fayard

    Le Québec- 45 rue Bonaparte

    7. Lionel Jospin pour "Lionel raconte Jospin" aux éditions du Seuil

    La Brasserie Lipp- 151 Boulevard Saint-Germain

    8. Raphaëlle Bacqué pour "L'enfer de Matignon", aux éditions Albin Michel

    Le Bonaparte- 42 rue Bonaparte

    9. Jean Lassalle pour "La parole donnée" aux Editions Le Cherche-Midi

    Le Café Les Editeurs - 4 Carrefour de l'Odéon

    10. Hubert Védrine pour "Le temps des Chimères (200"-2009)", aux éditions Fayard

    Le Café des Deux Magots- 6 place SAint-Germain-des-Prés

    Liens:

    Site officiel de la Mairie du 6ème

    Page Facebook Mairie du 6ème

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  • Conférence de presse de « La nostra vita » de Daniele Luchetti au Festival de Cannes 2010 : avec Elio Germano …

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    Je n'ai pas (encore) vu « La nostra vita » (le festivalier cannois se retrouve parfois confronté  à des choix cinématographiques cornéliens...), film italien de Daniele Luchetti figurant en compétition du Festival de Cannes 2010, en revanche j'ai assisté à sa conférence de presse animé par Jean Gili, en présence d'Elio Germano, prix d'interprétation masculine pour ce film (ex-aequo avec Javier Bardem qui a également reçu ce même prix pour « Biutiful ») et de toute l'équipe du film. La cérémonie de clôture a été l'occasion pour Elio Germano  de donner une fois de plus une résonance politique à ce palmarès dont le retentissement dépasse bien souvent les frontières cinématographiques, en déclarant ainsi « Je voulais dédier ce prix à l'Italie et aux Italiens qui font tout ce qui est en leur pouvoir pour faire de l'Italie un pays meilleur malgré la classe dirigeante ». En bonus, deux extraits du films.

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     Voici mes photos de cette conférence et quelques extraits des différentes interventions des membres de l'équipe du film.

    Pour Daniele Luchetti, le but initial était de « faire un documentaire sur une ville balnéaire à quelques kilomètres de Rome avec des appartements peuplés de familles simples. » Ce qui l'a frappé c'est la différence entre ce qu'il voyait dans la réalité et ce qu'il voyait dans les films italiens. 

    Pour le scénariste Sandro Petraglia le « milieu est essentiel dans le film italien pour raconter l'Italie. Dans ce film il s'agit d'une famille traditionnelle normale et tout à coup survient la perte de la femme. Le père ne sait plus ce qu'il doit faire. Comment trouver un sens dans cette union familiale ? C'est un sentiment difficile en Italie qui fait que l'argent se substitue aux relations humaines mais aussi aux idéologies. » «  C'est un voyage plein de vitalité qui l'aidera à trouver une autre manière d'être avec l'autre. » « Au début, l'idée était celle de l'espace externe puis de l'espace interne émotionnel des acteurs. Il y a un problème d'identité en Italie. Notre pays en ce moment est déconnecté. »

    Selon Daniele Luchetti, il ne s'agit « pas vraiment d'une critique de la société italienne. Il s'agissait plutôt de la raconter, la regarder en s'abstrayant de tout jugement. C'est un film qui épouse une certaine miséricorde envers l'être humain. »

    Pour Elio Germano c'est l'aspect dramatique du personnage qui a été le plus difficile à affronter.

    Selon le comédien Raoul Bova, son personnage est « ingénu, mélancolique, naïf, il a beaucoup aimé la famille et voulait maintenir les vieilles traditions créées avec ses parents. » C'est un rôle qui lui a beaucoup plu en raison de la sincérité de ses personnages. « La famille est la seule chose qui puisse donner la force de surmonter certaines difficultés. C'est un personnage qui peut sembler faible et qui se dépasse pour l'amour de son frère même s'il a fait des choses qu'il ne partage pas. »

    Pour la comédienne Stefania Montorsi, son personnage est une « sorte de remplacement maternel pour ses frères mais elle n'est pas en mesure de transmettre de l'affection. »

    Pour le comédien Luca Zingaretti il y a « du changement profond dans le pays. La vie des gens s'est profondément modifiée.  L'Italie n'est pas devenue immorale mais amorale  même si la barrière entre l'immoralité et l'amoralité devient de plus en plus fine. » Son personnage, selon lui, est le reflet de ce changement, est le personnage de cette nouvelle classe sociale Il est le « résultat de la désagrégation de la société. »

     

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  • Programme du Festival du Film de Cabourg 2010

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    Il y a quelques jours, je vous annonçais ici le jury et les principaux événements du Festival du Film de Cabourg 2010 qui aura lieu du 9 au 13 juin. Je ne sais pas encore si j'y serai mais quoiqu'il en soit je vous recommande vivement ce festival. Vous trouverez plus bas la programmation détaillée des longs métrages dont les films suivants que je vous recommande et dont vous pouvez retrouver les critiques sur inthemoodforcinema.com en cliquant sur leurs titres :

    "L'Autre monde" de Gilles Marchand

    "L'Arnacoeur" de Pascal Chaumeil

    Gainsbourg (vie héroïque) de Joann Sfar

    L'Homme de chevet d'Alain Monne

    Le père de mes enfants  de Mia Hansen - Løve

    Longs-métrages en compétition :

    « Le premier qui l'a dit » ( Mine Vaganti )  de Ferzan Ozpetek

     « Yo, también »  de Álvaro Pastor et Antonio Naharro

    Espagne / 2009 / 1h43 / Couleur / VOSTF

     « Ce que je veux de plus »  de Silvio Soldini

    Italie, Suisse / 2010 / 2h / Couleur / VOSTF

    « Air Doll"  de Hirokazu Kore-eda

    Japon / 2009 / 2h06 / Couleur / VOSTF

    Un poison violent  de Katell Quillévéré

    France / 2010 / 1h32 / Couleur

    Amore  de Luca Guadagnino

    Italie / 2009 / 2h / Couleur / VOSTF

    Pieds nus sur les limaces  de Fabienne Berthaud

    France / 2010 / 1h48 / Couleur

    Les amours imaginaires  de Xavier Dolan

    Canada / 2010 / 1h42 / Couleur / VO

    Section Panorama

    Insoupçonnable  de Gabriel Le Bomin

    France / 2010 / 1h35 / Couleur

    Je vous aime très beaucoup  de Philippe Locquet

    France / 2009/ 1h35 / Couleur

    La blonde aux seins nus  de Manuel Pradal

    France / 2009 / 1h40 / Couleur

    Petit tailleur  de Louis Garrel

    France / 2010 / 43mn / Noir & Blanc

    Encore un baiser  de Gabriele Muccino

    Italie, France / 2010 / 2h20 / Couleur / VOSTF

    L'autre monde  de Gilles Marchand

    France, Belgique / 2010 / 1h44 / Couleur

    Le nom des gens  de Michel Leclerc

    France / 2010 / 1h35 / Couleur

    Les petits ruisseaux  de Pascal Rabaté

    France / 2009 / 1h36 / Couleur

    D'amour et d'eau fraîche  de Isabelle Czajka

    France / 2010 / 2h / Couleur

    Trop belle !  de Jim Field Smith

    États-Unis / 2010 / 1h44 / Couleur / VOSTF

    Ciné-Swann 2010

    À la nuit tombante, le vendredi et le samedi soir, les grands succès romantiques de l'année écoulée sont diffusés sur un écran géant (18 mètres au sol par 14 mètres de haut). Le public assiste gracieusement à ces projections, installé dans 400 transats sur la plage/

    Vendredi 11 juin

    22 H > L'ARNACOEUR de Pascal Chaumeil

    France / 2009 / 1h45 / Couleur

     00H15 > GAINSBOURG (VIE HÉROIQUE) de Joann Sfar

    France / 2010 / 2h10 / Couleur

     Samedi 12 juin

    22H00 > L'HOMME DE CHEVET de Alain Monne

    France / 2009 / 1h33 / Couleur

     00H00 > ENSEMBLE, NOUS ALLONS VIVRE UNE TRÈS TRÈS GRANDE HISTOIRE D'AMOUR de Pascal Thomas

    France / 2009 / 1h39 / Couleur

    Premiers rendez-vous 2010

     Pour soutenir les jeunes talents cinématographiques, le palmarès s'est ouvert en 2008 à un nouveau prix récompensant la toute première apparition à l'écran d'une actrice et d'un acteur, dans une production française : un "Premier Rendez-vous" à l'écran, fidèle à la tradition romantique du Festival du Film de Cabourg. Le Prix du Premier Rendez-vous est doté d'une aide au perfectionnement dans le métier d'acteur.

    La folle histoire d'amoour de Simon Eskenazy  de Jean-Jacques Zilbermann

    France / 2009 / 1h30 / Couleur

    Le père de mes enfants  de Mia Hansen - Løve

    France / 2009 / 1h50 / Couleur

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  • "Sur la route de Madison" de Clint Eastwood dimanche soir au ciné club des Cinoches

    route3.jpgJ'ai le plaisir de faire la programmation encore pour trois semaines du ciné club du restaurant Les Cinoches avec, au programme, dimanche prochain "Sur la route de Madison" de Clint Eastwood. La critique ci-dessous et pour en savoir plus sur les cinoches, rendez-vous sur leur site officiel.

    L’éphémère peut avoir des accents d’éternité, quatre jours, quelques heures peuvent changer, illuminer et sublimer une vie. Du moins, Francesca Johnson (Meryl Streep)  et Robert Kincaid (Clint Eastwood) le croient-il et le spectateur aussi, forcément, inévitablement, après ce voyage bouleversant sur cette route de Madison qui nous emmène bien plus loin que sur ce chemin poussiéreux de l’Iowa. Caroline et son frère Michael Johnson  reviennent dans la maison où ils ont grandi pour régler la succession de leur mère, Francesca. Mais quelle idée saugrenue a-t-elle donc eu de vouloir être incinérée et d’exiger de faire jeter ses cendres du pont de Roseman, au lieu d’être enterrée auprès de son défunt mari ? Pour qu’ils sachent enfin qui elle était réellement, pour qu’ils comprennent, elle leur a laissé une longue lettre qui les ramène de nombreuses années en arrière, un été de 1965… un matin d’été de 1965, de ces matins où la chaleur engourdit les pensées, et réveille parfois les regrets. Francesca est seule. Ses enfants et son mari sont partis pour un concours agricole, pour quatre jours, quatre jours qui s’écouleront probablement au rythme hypnotique et routinier de la  vie de la ferme sauf qu’un photographe au National Geographic, Robert Kincaid, emprunte la route poussiéreuse pour venir demander son chemin. Sauf que, parfois, quatre jours peuvent devenir éternels.

    Sur la route de Madison aurait alors pu être un mélodrame mièvre et sirupeux, à l’image du best-seller de Robert James Waller dont il est l’adaptation. Sur la route de Madison est tout sauf cela. Chaque plan, chaque mot, chaque geste suggèrent l’évidence de l’amour qui éclôt entre les deux personnages. Ils n’auraient pourtant jamais dû se rencontrer : elle a une quarantaine d’années et, des années auparavant, elle a quitté sa ville italienne de Bari et son métier de professeur pour se marier dans l’Iowa et y élever ses enfants. Elle n’a plus bougé depuis. A 50 ans, solitaire, il n’a jamais suivi que ses désirs, parcourant le monde au gré de ses photographies. Leurs chemins respectifs ne prendront pourtant réellement sens que sur cette route de Madison. Ce jour de 1965, ils n’ont plus d’âge, plus de passé, juste cette évidence qui s’impose à eux et à nous, transparaissant dans chaque seconde du film, par le talent du réalisateur Clint Eastwood. Francesca passe une main dans ses cheveux, jette un regard nostalgico-mélancolique vers la fenêtre alors que son mari et ses enfants mangent, sans lui parler, sans la regarder: on entrevoit déjà ses envies d’ailleurs, d’autre chose. Elle semble attendre Robert Kincaid avant même de savoir qu’il existe et qu’il viendra.

    Chaque geste, simplement et magnifiquement filmé, est empreint de poésie, de langueur mélancolique, des prémisses de leur passion inéluctable : la touchante maladresse avec laquelle Francesca indique son chemin à Robert; la jambe de Francesca frôlée furtivement par le bras de Robert;  la main de Francesca caressant, d'un geste faussement machinal, le col de la chemise de Robert assis, de dos, tandis qu’elle répond au téléphone; la main de Robert qui, sans se retourner, se pose sur la sienne; Francesca qui observe Robert à la dérobée à travers les planches du pont de Roseman, puis quand il se rafraîchit à la fontaine de la cour; et c’est le glissement progressif vers le vertige irrésistible. Les esprits étriqués des habitants renforcent cette impression d’instants volés, sublimés.

    Francesca, pourtant, choisira de rester avec son mari très « correct » à côté duquel son existence sommeillait, plutôt que de partir avec cet homme libre qui « préfère le mystère » qui l’a réveillée, révélée, pour ne pas ternir, souiller, ces 4 jours par le remord d’avoir laissé une famille en proie aux ragots. Aussi parce que « les vieux rêves sont de beaux rêves, même s’ils ne se sont pas réalisés ». 

     Et puis, ils se revoient une dernière fois, un jour de pluie, à travers la vitre embuée de leurs voitures respectives. Francesca attend son mari dans la voiture. Robert est dans la sienne. Il suffirait d’une seconde… Elle hésite. Trop tard, son mari revient dans la voiture et avec lui : la routine, la réalité, la raison.  Puis, la voiture de Francesca et de son mari suit celle de Robert. Quelques secondes encore, le temps suspend son vol à nouveau, instant sublimement douloureux. Puis, la voiture s’éloigne. A jamais. Les souvenirs se cristalliseront au son du blues qu’ils écoutaient ensemble, qu’ils continueront à écouter chacun de leur côté, souvenir de ces instants immortels, d’ailleurs immortalisés des années plus tard par un album de photographies intitulé « Four days ». Avant que leurs cendres ne soient réunies à jamais du pont de Roseman.  Avant que les enfants de Francesca ne réalisent son immense sacrifice. Et  leur passivité. Et la médiocrité de leurs existences. Et leur envie d'exister, à leur tour. Son sacrifice en valait-il la peine ? Son amour aurait-il survécu au remord et au temps ?...

    Sans esbroufe, comme si les images s’étaient imposées à lui avec la même évidence que l’amour s’est imposé à ses protagonistes, Clint Eastwood filme simplement, majestueusement, la fugacité de cette évidence. Sans gros plan, sans insistance, avec simplicité, il nous fait croire aux« certitudes qui n’arrivent qu’une fois dans une vie » ou nous renforce dans notre croyance qu’elles peuvent exister, c'est selon. Peu importe quand. Un bel été de 1965 ou à un autre moment. Peu importe où. Dans un village perdu de l’Iowa ou ailleurs. Une sublime certitude. Une magnifique évidence. Celle d’une rencontre intemporelle et éphémère, fugace et éternelle. Un chef d’œuvre d’une poésie sensuelle et envoûtante. A voir absolument.

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  • Palmarès des Lutins du court-métrage 2010

    Le Lutin du meilleur film  est attribué à :
    ¿ Dónde está Kim Basinger ? de Edouard Deluc
    produit par Bizibi représenté par Emmanuel Agneray, Jérôme Bleitrach et  Campocine représenté par Nicolas Avruj

    Le Lutin des meilleurs costumes est attribué à :
    Györgyi SzakÁcs pour L’histoire de l’aviation

    Le Lutin des meilleurs effets spéciaux est attribué à :
    Bif pour Dix

    Le Lutin des meilleurs décors est attribué à :
    Sidney Dubois pour Les astres noirs

    Le Lutin du meilleur son est attribué à :
    Julien Maisonneuve, Luc de la Selle, Bruno Seznec, Fabien Devillers et Sébastien Marquilly pour L’homme à la gordini

    Le Lutin du meilleur montage est attribué à :
    Frédéric Baillehaiche pour C’est gratuit pour les filles

    Le Lutin de la meilleure photo est attribué à :
    Mátyás Erdély pour L’Histoire de l’aviation

    Le Lutin de la meilleure actrice est attribué à :
    Nanou Garcia pour Annie de Francia

    Le Lutin de la meilleure musique originale est attribué à :
    Baptiste Bouquin pour Un transport en commun

    Le Lutin du meilleur acteur est attribué à :
    Philippe Rebbot pour ¿ Dónde está Kim Basinger ?

    Le Lutin du meilleur scénario est attribué à :
    Edouard Deluc, David Roux et Olivier de Plas pour ¿ Dónde está Kim Basinger ?

    Le Lutin de la meilleure réalisation est attribué à :
    Edouard Deluc pour ¿ Dónde está Kim Basinger ?

    Le Lutin du meilleur film d’animation est attribué à :
    Madagascar, carnet de voyage de Bastien Dubois

    Le Lutin du public est attribué à :
    Annie de Francia de Christophe Le Masne

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