Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

IN THE MOOD FOR CINEMA - Page 374

  • Prix Lumière 2011 de la critique internationale : nominations, commentaires et critiques des films nommés

    hommes3.jpg

    ghostwriter.jpg

    gainsbourg.jpg

    Alors que les Golden Globe awards viennent de dévoiler la liste de leurs nommés, c'est au tour de leur équivalent français: les Lumières.  Les Prix Lumières de la critique internationale sont attribués chaque année aux meilleurs films du cinéma français (ou francophone) par l’Académie Lumière qui compte  plus de 200 représentants de la presse internationale en poste à Paris. Egalement à l'image des Golden Globe awards qui préfigurent les Oscars, un prix Lumière est souvent annonciateur d'un César.

    Ces nominations réservent quelques surprises même si les 4 nominations pour "Des hommes et des dieux" de Xavier Beauvois ne sont guère surprenantes, juste devant le "Gainsbourg" de Joann Sfar et "The Ghost-writer" de Roman Polanski qui totalisent chacun 3 nominations. Plus surprenante la nomination du décevant "L'Illusionniste" de Sylvain Chomet comme meilleur film.

    Je me réjouis des nominations de "L'arbre", (un peu ignoré à sa sortie, film de clôture du Festival de Cannes 2010) de "Tout ce qui brille" (une vraie bonne comédie) et de "Hors-la-loi" (injustement malmené par la critique et désservi par une polémique qui n'avait pas lieu d'être) pour le prix Lumière du meilleur scénario (et bien sûr de celle de "The Ghost Writer", néanmoins moins surprenante).

    Pour la meilleure actrice le choix sera difficile même si la performance (mais qui ne donnait pas l'impression d'en être une) de Juliette Binoche dans "Copie conforme" m'a époustouflée. Catherine Deneuve est lumineuse et étincelante dans "Potiche" et j'en attends beaucoup d'Isabelle Carré dans "Les émotifs anonymes" que je n'ai pas encore vu. Quant à Kristin Scott Thomas, dans "Elle s'appelait Sarah", elle est comme toujours très juste et émouvante.

    Pour le meilleur acteur, là aussi je me réjouis de la double nomination de Lambert Wilson, un juste retour des choses alors que Cannes l'avait ignoré alors que ces deux films ("Des hommes et des dieux" et "La Princesse de Montpensier") y étaient présentés en compétition, et qu'il excelle dans les deux. Eric Elmosnino est lui aussi bluffant dans "Gainsbourg (vie héroïque)". Là encore: choix cornélien.

    Enfin, ce n'est que justuce de retrouver le petit génie Xavier Dolan dans la catégorie meilleur film francophone (hors France) pour "Les amours imaginaires".

    Les lauréats avaient la plupart fait le déplacement l'an passé, l'édition 2011 s'annonce donc prestigieuse. J'y serai et vous pourrez en trouver ici mon compte rendu. En attendant retrouvez mon compte rendu de l'édition 2010 en cliquant ici.  Pour lire mes critiques des films nommés, cliquez sur les noms ci-dessus.

    MEILLEUR FILM
    Carlos d’Olivier Assayas
    Des hommes et des dieux de Xavier Beauvois
    Gainsbourg (vie héroïque) de Joann Sfar
    The Ghost Writer de Roman Polanski
    L’Illusionniste de Sylvain Chomet

    MEILLEUR REALISATEUR
    Mathieu Amalric pour Tournée
    Olivier Assayas pour Carlos
    Xavier Beauvois pour Des hommes et des dieux
    Roman Polanski pour The Ghost Writer
    Joann Sfar pour Gainsbourg (vie héroïque)

    MEILLEUR SCENARIO
    Julie Bertuccelli pour L’Arbre
    Olivier Lorelle, Rachid Bouchareb pour Hors-la-loi
    Robert Harris, Roman Polanski pour The Ghost Writer
    Michel Leclerc, Baya Kasmi pour Le Nom des gens
    Géraldine Nakache, Hervé Mimran pour Tout ce qui brille

    MEILLEURE ACTRICE
    Juliette Binoche pour Copie conforme d’Abbas Kiarostami
    Isabelle Carré pour Les Emotifs anonymes de Jean-Pierre Améris
    Catherine Deneuve pour Potiche de François Ozon
    Ludivine Sagnier pour Pieds nus sur les limaces de Fabienne Berthaud
    Kristin Scott Thomas pour Elle s’appelait Sarah de Gilles Paquet-Brenner

    MEILLEUR ACTEUR
    Romain Duris pour L’Arnacoeur de Pascal Chaumeil et L’Homme qui voulait vivre sa vie d’Eric Lartigau
    Eric Elmosnino pour Gainsbourg (vie héroïque) de Joann Sfar
    Michael Lonsdale pour Des hommes et des dieux de Xavier Beauvois
    Édgar Ramírez pour Carlos de Olivier Assayas
    Lambert Wilson pour Des Hommes et des Dieux de Xavier Beauvois et La Princesse de Montpensier de Bertrand Tavernier

    MEILLEUR ESPOIR FEMININ
    Lolita Chammah pour Copacabana de Marc Fitoussi
    Linda Doudaeva pour Les Mains en l’air de Romain Goupil
    Marie Féret pour Nannerl, la soeur de Mozart de René Féret
    Nina Rodriguez pour No et moi de Zabou Breitman
    Yahima Torres pour Vénus Noire d’Abdellatif Kechiche

    MEILLEUR ESPOIR MASCULIN
    Emile Berling pour Le Bruit des glaçons de Bertrand Blier
    Nahuel Perez Biscayart pour Au fond des bois de Benoît Jacquot
    Antonin Chalon pour No et moi de Zabou Breitman
    Jules Pelissier pour Simon Werner a disparu de Fabrice Gobert
    Aymen Saïdi pour Dernier étage, gauche, gauche d’Angelo Clanci

    MEILLEUR FILM FRANCOPHONE (hors France)
    Amer d’Hélène Cattet, Bruno Forzani (Belgique, France)
    Les Amours imaginaires de Xavier Dolan (Québec)
    Un Homme qui crie de Mahamat Saleh Haroun (France, Belgique, Tchad)
    Illégal d’Olivier Masset-Depasse (Belgique, Luxembourg, France)
    Orly d’Angela Schanelec (Allemagne, France)

    Lien permanent Imprimer Catégories : IN THE MOOD FOR NEWS (actualité cinématographique) Pin it! 0 commentaire
  • Bande-annonce d'"Au-delà" (Hereafter) le nouveau film de Clint Eastwood

     

    hereafter.jpg

    J'ai découvert pour la première fois cette bande-annonce hier et j'avoue qu'elle m'a donnée la chair de poule et très envie de découvrir ce nouveau film de ce cinéaste qui ne cesse de me ravir et surprendre. Il sort en salles le 19 janvier 2011, je vous en parlerai bientôt en avant-première. En attendant, retrouvez mes critiques de "Gran Torino", "Sur la route de Madison".

    Après le choc "Black swan" de Darren Aronofsky, une année 2011, qui s'annonce bien moins tiède et plus passionnante, cinématograohiquement, que la précèdente.

    En VF...

    ...et en VO:

    Lien permanent Imprimer Pin it! 0 commentaire
  • Hors-série du magazine Trois couleurs sur Sofia Coppola

    couleurs.jpg

    Il y a plusieurs semaines déjà je vous livrais ici ma critique en avant-première de "Somewhere" de Sofia Coppola qui sortira en salles le 5 janvier 2011. A cette occasion, après deux hors-séries dédiés à la contre-culture américaine et aux Doors,  le mensuel culturel Trois couleurs consacre son troisième hors-série à la réalisatrice. Ce magazine chic ET intéressant est en vente en kiosques partout en France depuis le 15 décembre (et sur Amazon).

    Cette édition collector revient sur la genèse de "Somewhere", ses influences, ses résonances avec d’autres artistes, d’autres disciplines.  À partir d'une longue interview de Sofia Coppola et de ses acteurs, le magazine évoque les obsessions de la réalisatrice, qu’elles soient formelles ou thématiques (miroirs, jeunes filles perdues, enfermement), son utilisation très personnelle de la musique (de Air à Phoenix), son rapport fécond à l’univers de la mode, ou encore sa place au sein du clan Coppola, dont une ample généalogie est proposée au lecteur.  Ce tour d’horizon est complété par une histoire du Château Marmont (l’hôtel mythique où a été tourné Somewhere), mais aussi par un panorama des plus grands acteurs et réalisateurs italo-américains (de Capra à Scorsese, d’Al Pacino à Ferrara), un portrait des soeurs Shannon (stars sulfureuses du pole dance, à l'honneur dans Somewhere), et un port-folio d’images du film commentées par Sofia Coppola et Harris Savides (directeur de la photographie de Somewhere, collaborateur régulier de Gus Van Sant, David Fincher ou James Gray).  Grande amatrice de Sofia Coppola, la jeune dessinatrice Nine Antico, auteur de la BD événement Coney Island Baby (L'Association), se charge d’une partie des illustrations. 

  • Avant-première – Dany Boon présente « Rien à déclarer » au Cinéville de Laval (vidéo et critique)

     

    rien.jpg

    laval.jpgDélaissant pour un (court) temps les avant-premières parisiennes et projections presse, c’est dans mon charmant et malheureusement méconnu palindrome natal que j’ai assisté à l’avant-première du nouveau film de Dany Boon en tant que réalisateur (et interprète d’ailleurs) : « Rien à déclarer ». Ce dernier était accompagné de Bruno Lochet et de Julie Bernard et finalement pas de Benoît Poelvoorde, pourtant annoncé (cf les explications de Dany Boon dans ma vidéo).

    P1030057.JPG

    P1030052.JPG

    P1030062.JPG

    P1030066.JPG

     Dany Boon dégage tellement de gentillesse et humilité rares que j’aurais adoré aimer son film et le défendre ardemment contre les journalistes ou pseudo-journalistes qui, pour la plupart, ne prendront certainement même pas le temps d’aller le voir (comme un détracteur de « Bienvenue chez les chtis » l’a récemment avoué…). Malheureusement, tout comme « Bienvenue chez les chtis » et même a fortiori, « Rien à déclarer » fait preuve d’un humour suranné, enfantin et gentil(let) qui, d’ailleurs,  dans la salle faisait surtout rire les enfants et qui tranche, certes, avec beaucoup de bonne volonté avec le (tout aussi) désolant cynisme à la mode.

    Le synopsis est lui aussi d’une simplicité enfantine. 1er janvier 1993 : passage à l'Europe oblige, deux douaniers, l'un Belge francophobe interprété par Benoît Poelvoorde, l'autre Français, interprété par Dany Boon, apprennent la disparition prochaine de leur petit poste de douane fixe situé dans la commune de Courquain France et Koorkin Belgique. Les deux ennemis d’hier vont devoir cohabiter et vaincre leurs préjugés.

    Même si la réalisation s’améliore, comme « Bienvenue chez les chtis », « Rien à déclarer » nous plonge dans un cinéma et une France anachroniques, voire ici d’un autre temps. « Rien à déclarer » se présente comme une leçon de morale adressée aux enfants, sur les préjugés racistes symbolisés par le francophobe douanier belge. Hier Dany Boon combattait les préjugés sur le Nord, aujourd’hui les préjugés racistes qualifiant son film de « comédie sociale » (Mike Leigh et Ken Loach n’ont qu’à bien se tenir...)

    Dany Boon semble avoir pioché des idées ici et là : dans les « Gendarmes à Saint-Tropez », dans le duo Bourvil / De Funès (il fait un charmant Bourvil et Poelvoorde un De Funès aigri, râleur, raciste plus vrai que nature  et on s’attend à tout instant à ce qu’ils disent « forcément elle va moins bien marcher maintenant» à propos de leur 4L), dans « Taxi »,  dans les comédies américaines avec le chien pataud de rigueur ou encore dans les séries B avec les seconds rôles décalés et surjoués.

    Si cette troisième réalisation de Dany Boon à l’image des deux premières est toujours pleine de naïveté et de bons sentiments, cette fois il a rajouté une couche d’humour vulgaire racoleur assez consternant.

    La tendresse avec laquelle Dany Boon filme ses personnages, et à nouveau l’absence totale de cynisme (qui n’empêche pas la vulgarité, donc) sont certes louables mais même malgré des acteurs convaincants (François Damiens, Karin Viard) qu’il prend visiblement plaisir à filmer autant que ces derniers en prennent à jouer (des rôles très caricaturaux), ni lui ni ces derniers ne sont parvenus à empêcher l’ennui de s’installer.

    Une sortie anticipée est prévue dans le Nord et en Blegique le 26 janvier et dans le reste de la France le 2 février. Sans doute était-il difficile de repasser derrière la caméra après le plus gros carton du cinéma français au succès aussi irrationnel et imprévisible que serait pour moi celui, éventuel, de ce « Rien à déclarer » obsolète. Un conseil : regardez la vidéo où Dany Boon apparaît drôle, tendre et humble, une attitude à l'image de laquelle nous ne pouvons que lui souhaiter de parvenir à faire ressembler son cinéma.

     

  • Avant-première - Critique de "Another year" de Mike Leigh

     

    another7.jpg

    another2.jpg

     « Another year » de Mike Leigh était présenté en compétition du Festival de Cannes 2010 où il figurait parmi les favoris. Un vrai mystère puisque très peu d'informations avaient filtré  sur ce film avant la projection. Onzième film de Mike Leigh qui fait partie du cercle fermé des réalisateurs ayant déjà obtenu la palme d'or (pour « Secrets et mensonges » en 1996 même si je lui préfère largement « All or nothing ») ou encore le prix de la mise en scène pour « Naked » en 1993, « Another year » était ainsi le quatrième film de Mike Leigh en compétition à Cannes. Jim Broadbent, Philip Davis, Imelda Staunton, les acteurs fétiches du réalisateur, sont ainsi de nouveau de la partie.

    Synopsis :L'histoire d'un couple heureux (Tom, géologue, et Gerri, psychologue !) qui va devoir supporter les tracas de son entourage.

    « Another year » est avant tout centré sur ses personnages, à la fois communs et atypiques mais en tout cas dépeints avec beaucoup d'humanité, de sensibilité, d'empathie. La caméra scrute habilement et pudiquement leurs visages et le basculement d'une émotion à son contraire que la première masquait.

     Mike Leigh est particulièrement doué pour capturer les choses de la vie, une mélancolie, une solitude derrière une exubérance. Si son film comme toujours se passe dans un milieu bien particulier (la classe britannique « moyenne », voire pauvre, avec toujours le chômage en arrière-plan) chacun pourra se reconnaître dans l'un de ses personnages vibrants d'humanité, et d'émouvantes contradictions.

    « Another year » est divisé en 4 saisons, (printemps, été, automne, hiver) :  en une année, à la fois comme les autres et différente des autres, alors que les jours et les saisons s'égrènent, le couple de Tom et Gerri reste la stabilité au centre de ce petit monde. En une année, ce sont les tourments et les bonheurs de l'existence qui se déroulent autour d'eux : deuil, séparation, rencontre, naissance, dépression...

    Mike Leigh sait tourner en dérision les situations dramatiques sans que jamais ses personnages soient ridiculisés mais au contraire en    faisant des héros du quotidien ( des « héros cachés ») de ces êtres perdus qui donnent constamment le change comme Mary ( formidable Lesley Manville), l'amie envahissante du couple ou encore comme  Tom le frère qui perd sa femme (très beau personnage digne, tout en silences et pudeur), Ken l'ami qui, comme Mary noie souvent sa solitude dans l'alcool et fait de vaines avances à cette dernière.

    Des tons doux et lumineux du printemps et de l'été, finit par tourner au gris d'un hiver crépusculaire au cours duquel le vrai visage de Mary se révèle dans un dernier plan aussi simple, profond que bouleversant.

      De très bons dialogues et des comédiens excellemment dirigés contribuent enfin à faire de ce film  une saison particulière à la fois drôle et nostalgique, et en tout cas profondément humaine et universelle dont la morale à la Voltaire pourrait être « Il faut cultiver notre jardin » (Tom et Gerri y passent ainsi beaucoup de temps au sens propre comme au figuré... : ils s'appliquent ainsi à changer et améliorer ou du moins aider le monde qui les entoure). Un film qui aurait (au moins) mérité un prix du scénario  pour son apparente simplicité qui met si bien en valeur la complexité  et les tourments cachés de ses personnages. 

    Lien permanent Imprimer Catégories : AVANT-PREMIERES, CRITIQUES DES FILMS A L'AFFICHE EN 2010 Pin it! 0 commentaire
  • Critique – « Femmes du Caire » de Yousry Nasrallah

    femmes.jpg

    En mai dernier sortait « Femmes du Caire » de Yousry Nasrallah. Je l’avais alors manqué. Je viens de me rattraper grâce à sa sortie récente en DVD.

    Embarquement donc pour l’Egypte et  plus précisément Le Caire où vivent Hebba et Karim, couple de journalistes à succès, jeunes, riches et beaux. Hebba anime ainsi un talk-show populaire et insolent. Sous la pression de son mari, dont la carrière est menacée par son émission, elle accepte de délaisser les sujets politiques pour se consacrer aux faits divers féminins…mais elle se retrouve rapidement en terrain miné.

    Dès le premier plan d’une caméra qui s’immisce avec fluidité dans l’appartement d’Hebba et Karim, la réalisation de Yousry Nasrallah capte notre attention par la beauté et la rigueur frappantes de sa composition visuelle et montre aussi toute l’intelligence de cette réalisation « signifiante », la caméra se glissant dans l’intérieur comme le film va le faire dans la vie des femmes du Caire, et comme Hebba va le faire avec ces dernières.

    La construction scénaristique est aussi habile que la réalisation puisque l’émission d’Hebba va nous permettre de voir trois histoires racontées en flashback, illustrant chacune différemment le climat de misogynie et de corruption qui règne au Caire où les femmes subissent un « voile de l’esprit », et sont constamment sous surveillance, privées d’autonomie.

    « Tout est politique » comme le faire dire Nasrallah à un de ses personnages. Et ce film, sans concessions, l’est indéniablement mais sans jamais oublier que le spectateur est là (aussi) pour se distraire, pour qu’on lui raconte une histoire. Le message n’en est que plus efficace lorsqu’il est aussi subtilement délivré, et ne peut que nous frapper en plein cœur.

    Une plongée dans la violence d’une société qui asphyxie celles qui ne souhaitent pas s’y soumettre, et se soumettre à ses règles du jeu traditionnalistes. « Femmes du Caire » est un film politique et populaire, tragique et sensuel, un plaidoyer pour la cause des femmes en quête d’émancipation en Egypte dont chaque histoire trace magnifiquement le portrait, sublimé par une très belle esthétique, dans la droite lignée du cinéma du grand Youssef Chahine. Un hymne féministe à la féminité et  , au-delà, un très beau film servi par un scénario et une mise en abyme ingénieuse et des acteurs intenses! Je vous le recommande vivement.

    "Femmes du Caire" a été sélectionné aux festivals de Toronto et Venise.

     

    Lien permanent Imprimer Pin it! 0 commentaire
  • Le film de la semaine: "Un balcon sur la mer" de Nicole Garcia avec Jean Dujardin et Marie-Josée Croze

    balcon1.jpg

    Quatre ans après « Selon Charlie » (alors injustement malmené par la critique, notamment lors de sa présentation en compétition du Festival de Cannes), Nicole Garcia revient en tant que réalisatrice avec « Un balcon sur la mer » dans lequel Marc (Jean Dujardin), marié à un professeur (Sandrine Kiberlain), et père d’une petite fille, est agent immobilier dans le Sud de la France. Il mène une vie paisible et confortable jusqu’au jour où, lors d’une visite immobilière, il rencontre une femme mystérieuse (Marie-Josée Croze) représentant un acquéreur. Il pense reconnaître en cette femme énigmatique au charme envoûtant Cathy, l’amour de ses 12 ans, alors qu’il vivait en Algérie, à la fin de la guerre d’indépendance. Après une nuit d’amour la jeune femme disparait et le doute s’empare de Marc sur la réelle identité de cette dernière. Va alors débuter pour lui une quête. Amoureuse et identitaire. En partant à se recherche, c’est avant tout son propre passé enfoui qu’il va (re)trouver.

    balcon2.jpg

    Une nouvelle fois, Nicole Garcia se penche sur l’enfance, ce qu’il en reste, et sur les méandres de la mémoire et la complexité de l’identité. Tout en finesse. Avec une lenteur appréciable quand le cinéma vise de plus en plus l’efficacité, oubliant d’ailleurs qu’elle n’est pas forcément synonyme de fracas et de vitesse mais parfois de silences et de lenteur, oubliant que le message ou le sujet qu’il véhicule n’en a que plus de force en s’immisçant plutôt qu’en s’imposant bruyamment.

    Ce « balcon sur la mer » est à l’image de la lumière du sud dont il est baigné, d’abord éblouissante puis laissant entrevoir la mélancolie et la profondeur, plus ombrageuse, derrière cette luminosité éclatante, laissant entrevoir aussi ce qui était injustement resté dans l’ombre, d’une beauté a priori moins étincelante mais plus profonde et poignante.

     A l’image de la mémoire fragmentaire et sélective de Marc, le passé et la vérité apparaissent par petites touches, laissant sur le côté ce qui devient secondaire. Ainsi peut-on d’abord regretter le caractère elliptique du scénario, par exemple concernant la vie conjugale de Marc, mais cette ellipse se révèle avec le recul un judicieux élément dramatique puisque notre point de vue épouse alors celui de Marc. Sa femme est effacée comme son présent s’efface pour laisser place au passé qui ressurgit. Avec lui, on chemine vers ce balcon sur la mer, vers ce lieu de l’enfance perdue.

    Sans doute la présence de Jacques Fieschi, coscénariste (et notamment ancien scénariste de Claude Sautet) n’y est-elle pas étrangère, mais Nicole Garcia est une des rares à savoir raconter des « histoires simples » qui révèlent subtilement la complexité des « choses de la vie ». Des idées simples de mise en scène mais qui ont toutes une réelle signification comme ces souvenirs (re)vus à hauteur d’enfant, laissant les adultes et parfois la violence dans les limbes de la mémoire. Une manière délicate de dire l’indicible. De montrer simplement toute l’ambivalence humaine comme le personnage de Marie-Josée Croze qui multiplie ainsi les identités : celle qu’elle endosse en tant que prête-nom, celle qu’elle endosse pour Marc, jouant donc constamment un rôle dans la vie avant de le faire sur scène débarrassée de ses artifices. C’est paradoxalement en jouant qu’elle se trouvera elle-même. En cela, « Un balcon sur la mer » est aussi une véritable mise en abyme de l’imaginaire et donc du cinéma, un hommage à leur pouvoir salvateur.

    La plus grande réussite du film c’est néanmoins sans aucun doute les choix de Jean Dujardin et Marie-Josée Croze dans les rôles principaux. Le premier incarne Marc à la perfection, traduisant avec beaucoup de justesse et de nuances les doutes de cet homme qui retrouve son passé, son enfance et ainsi un ancrage dans le présent. Il rend son personnage touchant et bouleversant sans jamais forcer le trait et montre une nouvelle fois la large palette de son jeu (ici à mille lieux  de 0SS 117 dans lequel il excellait pourtant également), encore inexplorée. Face à lui, Marie-Josée, Croze est plus mystérieuse et incandescente que jamais après le mésestimé « Je l’aimais » de Zabou Breitman. De leur couple se dégage beaucoup de charme, de mystère, mais aussi une forme d’innocence qui renvoie à l’enfance.

    En toile de fond, l’Algérie, sa violence et la nostalgie qu’elle suscite, et la ville d’Oran où a vécu Nicole Garcia enfant (et d’ailleurs également Jacques Fieschi). Une violente nostalgie qui est aussi celle de ces souvenirs d’enfance et de ces doux regrets qui ressurgissent brutalement et submergent, dans ce sens « Un balcon sur la mer » est un film à la fois très personnel et universel. Le balcon sur la mer :  c’est cet endroit secret de nos mémoires qui donne sur les souvenirs d’enfance enfouis, dont la réminiscence est tantôt douloureusement heureuse ou joyeusement douloureuse mais jamais exempte d’émotion. Un balcon sur la mer dont je vous engage à aller respirer l’air iodé, le 15 décembre. Un subtil thriller sentimental au parfum doux, violent et enivrant des souvenirs d’enfance.

    Lien permanent Imprimer Catégories : CRITIQUES DES FILMS A L'AFFICHE EN 2010 Pin it! 0 commentaire